Note :
Cher tous,
Voici ma première « vraie » fic, j'entends par là un récit de plus de un chapitre et demi. Pour l'occasion, j'ai choisi de réécrire une nouvelle d'Arthur Conan Doyle (Les Propriétaires de Reigate) , mais en utilisant les personnages et l'univers moderne de la BBC. De ce fait, j'ai donc dû modifier l'intrigue originale pour qu'elle corresponde mieux à nos standards actuels…
Vous me pardonnerez de n'avoir ni le talent du créateur original, ni de Moffat. Je fais de mon mieux, cependant, et prends ceci comme un exercice de style. Toutes vos remarques sont donc les bienvenues.
Je précise évidement que je ne fais qu'emprunter ces différents univers, et qu'ils ne m'appartiennent pas (Ça vous surprend, avouez…)
Les cambriolages de Fulham
Chapitre 1.
L'aventure que je m'apprête à relater se déroula peu après l'affaire de la compagnie de Hollande, qui laissa mon ami épuisé, tant moralement que physiquement. Sherlock et moi rentrions tout juste de St Thomas' Hospital, où il était resté près d'une semaine en convalescence forcée.
Il faut dire que l'empoisonnement au gaz qui l'avait touché était sévère, et avait inquiété l'ensemble de son entourage. Par l'ensemble de son entourage, j'entends bien évidemment Mrs Hudson et moi. Je mentionnerais tout de même Molly Hooper et Gregory Lestrade, qui eurent la courtoisie de venir lui rendre visite. Sherlock supportait très mal cet immobilisme forcé, et autant dire qu'après six jours à supporter sa mauvaise humeur, j'avais tout autant besoin de repos que lui. Aussi, à peine rentrés à Baker Street, je m'emparais du téléphone pour faire jouer mes relations. Nos relations, en fait.
- Mycroft, vous êtes un frère indigne.
- Je croyais que c'était lui, le pire des deux, grommela la voix de l'aîné Holmes à l'autre bout de l'appareil.
- En une semaine, vous n'avez pas trouvé une heure pour venir voir votre frère. Le même sang coule dans vos veines, vous êtes une machine !
J'insistais tant et si bien qu'il finit par me donner l'adresse d'une de ses connaissances. Mr Hayter, propriétaire d'une magnifique demeure dans le non moins charmant quartier de Fulham, vue sur la tamise, piscine, domestiques et jardin paradisiaque. Il me fallait au moins ça pour me remettre de l'enfer que m'avait fait vivre Sherlock. Sans compter qu'un peu de calme lui ferait le plus grand bien. Je préparais rapidement ma valise et celle de mon ami, malgré un concert de protestations. Je le menaçais plusieurs fois de l'assommer et de l'emmener de force, sans effet. Il me fallut en appeler à la plus haute autorité pour lui intimer le silence :
- Je suis plus vieux, plus sain d'esprit, je suis ton médecin traitant et ceci est donc un ordre : nous partons! Je te prescris quatre jours de changement d'air, non négociables. Et maintenant, fermes-la !
Il bouda jusqu'à ce que je le jette de force dans un taxi, chargeant nos deux valises dans le coffre. Comme un animal sauvage, je dus l'apprivoiser pour qu'il daigne m'adresser la parole de nouveau. Finalement, je l'amadouais assez facilement, utilisant une ruse classique : le faire parler de ses talents. Après dix minutes seulement de route, il m'avait confié tous les détails qui me maquaient pour rédiger un article sur les projets fantastiques du Baron Maupertuis, et nos différends étaient oubliés.
Vingt-huit minutes plus tard, nous débouchions dans le quartier de Fulham. Nous longeâmes la Tamise, en admiration devant les magnifiques demeures victoriennes de part et d'autre du fleuve placide. À défaut de bonne humeur, Sherlock montrait une placidité inhabituelle. Son caractère changeant, tantôt calme et réfléchi, tantôt emporté et exubérant, ne cessait de me surprendre. Finalement, nous descendîmes à l'adresse indiquée par Mycroft, pour y trouver une splendide demeure.
La grille de fer forgée semblait nous attendre, ouverte, et gardait l'accès à un jardin d'époque : allées de graviers, fleurs multicolores, fontaine à l'italienne… Le tout de bon goût et remarquablement entretenu. Sur les quelques marches qui menaient au perron, Mycroft nous attendait. Les retrouvailles entre frères furent plutôt fraîches, comme à leur habitude, et l'ainé semblait fournir un effort surhumain pour rester avec nous.
- Tu n'as pas un monde à sauver, Mycroft ? Une petite cellule terroriste quelque-part ? Un gouvernement à manipuler ?
J'empêchais l'interrogé de répliquer :
- J'ai insisté pour que ton frère nous tienne compagnie au moins une demi-journée.
- Je croyais que tu voulais m'emmener au calme, afin que j'achève ma guérison en toute tranquillité, maugréa Sherlock, contrit.
- En fait, je comptais sur lui pour te surveiller pendant que JE me repose, et que JE profite de la piscine et du soleil.
- Tu m'as trahi… Oh bien sûr, je savais que tu voulais cette pause pour ton propre bien être, - c'est l'unique raison pour laquelle j'ai accepté de venir- mais de là à penser que tu mandaterais cet imbécile pour me surveiller ! Ça m'apprendra à vouloir être charitable !
- Tu as fini ta comédie ? soufflais-je, exaspéré.
Mycroft nous regardait, un sourire moqueur plaqué sur les lèvres.
- Et vous, ça suffit ! Tenez-vous correctement un peu tous les deux, vous êtes…
Un majordome vint ouvrir la porte, interrompant brusquement notre discussion. L'homme nous introduisit au cœur de la demeure, et le silence retomba sur notre drôle de trio. Dans le salon, aux hauts plafonds et parquets de bois décorés, un homme nous attendait, confortablement installé dans un fauteuil d'époque. Il avait l'allure et le port particulier des militaires, mais un léger embonpoint, ses cheveux gris et son sourire franc dénotaient un arrêt de l'activité depuis quelques années.
- Ah, Messieurs ! Je vous attendais, prenez place, je vous prie !
Il se leva, puis nous invita à le rejoindre d'un geste de la main. Il salua respectueusement Mycroft, et offrit une poignée de main chaleureuse à Sherlock avant de se tourner vers moi.
- Mycroft parle souvent de vous, messieurs. Je suis ravi d'avoir enfin le privilège de vous rencontrer en chair et en os. Je suis le colonel Hayter. Bienvenue chez moi.
L'après-midi s'écoula tranquillement, et après nous avoir fait visiter sa splendide demeure, le colonel fit servir le thé dans un salon lumineux, doté d'une vue incroyable sur les jardins. Sherlock s'était endormi au milieu de notre conversation, et somnolait dans son fauteuil. Malgré toutes ses jérémiades et tentatives pour faire bonne figure, je voyais à ses traits pâles et tirés que l'épreuve l'avait fatigué. Je me félicitais alors de l'avoir traîné jusqu'ici.
Mycroft nous quitta un moment, avec comme prétexte un coup de téléphone urgent. Je demeurais ainsi seul en compagnie du colonel, qui se révéla un compagnon agréable. Nous échangions nos souvenirs respectifs d'anciens soldats depuis plus d'une heure, lorsque mon compagnon s'éveilla.
- Je crois que je me suis assoupi… Il faut dire que le quartier est bien calme, remarqua Sherlock, avant d'aviser, un brin déçu, la tasse de thé froid qui gisait encore entre ses mains.
- Calme, calme, pas vraiment, ces derniers temps, commenta notre hôte dans un haussement d'épaules. Ces dernières semaines, les cambriolages redoublent ! Il faut dire que le quartier attire la convoitise… Tenez, pas plus tard qu'hier, ils s'en sont pris à la maison Acton ! Mais les objets disparus sont assez surprenants dans ce cas particulier.
Sherlock reposa la tasse sur la table basse en pin, sa curiosité visiblement éveillée.
- Oui ?
- Attendez, que je me souvienne… Il y avait un vase en cristal, l'Homère de Pope, une station météo et une pelote de ficelle. Cela m'apparaît un choix bien étrange !
- En effet, murmura mon ami, déjà perdu dans ses pensées.
Il allait poser une question à ce sujet, mais je l'interrompis :
- Sherlock, tu te souviens de la raison pour laquelle je t'ai emmené ici ?
Il m'observa un instant sans répondre, comme s'il essayait de scruter le fond de mon âme via ses prunelles grises.
- Oui. Promis, je ne m'intéresserais pas à une affaire aussi anodine.
Il se frappa les cuisses avant de se redresser.
- Bien ! Je vous ai entendu prononcer le mot billard tout à l'heure ?
L'arrivée fracassante du majordome dans la pièce empêcha le colonel de répondre. Le domestique ruisselait de sueur, comme s'il avait couru un semi-marathon.
- Colonel Hayter !
Le vieux soldat se redressa promptement, alors que Mycroft débouchait dans le salon, alerté par le vacarme.
- Mon brave, serait-ce un nouveau cambriolage ?
L'homme peinait à reprendre son souffle, et expira d'une traite :
- Oui monsieur, mais cette fois, l'affaire a mal tourné. William Kirwan, le chauffeur des Cunnigham, est mort en protégeant les biens de son employeur.
Aussitôt, je croisais le regard de Sherlock. Conscient que je l'observais, il ne dit rien, mais je devinais à ses pupilles dilatées qu'il mourrait d'envie d'en savoir plus, et de participer à cette enquête.
- Monsieur, poursuivit le majordome. La police vient d'arriver sur les lieux. Un inspecteur ayant eu vent de la présence de Mr Holmes en ces lieux m'a mandaté pour venir quérir son aide.
Le regard de Sherlock s'affuta.
- Son nom ?
- Inspecteur Lestrade, monsieur Holmes.
Sherlock me sourit, haussant les épaules dans un geste fataliste.
- Mon cher John, il semblerait que le destin soit contre toi…
Voilà pour cette première partie, très courte. Le format initial des aventures de Sherlock Holmes n'est pas ainsi séparé en chapitres, mais c'était une question de facilité d'écriture et de mise en ligne. Je vous prie donc de considérer les chapitres comme liés fortement les uns aux autres, et non pas comme des blocs séparés !
Laukaz, The Lab.
