Il était là dans sa chambre à attendre. Attendre quoi ? Il n'en savait rien. Il se rappelait que l'année dernière il attendait avec impatience de faire sa rentrée à Poudlar, la fantastique école pour sorciers d'Angleterre. Mais cette année Séverus même s'il voulait partir le plus rapidement possible il savait qu'il ne serait pas pour autant heureux là-bas.
Seize.
Oui, parce que là-bas même si sa vie y était plus simple il était tourné en ridicule par les autres élèves et il était toujours seul. Enfin pas toujours après tout il y avait Lily. Mais Lily n'était pas dans la même maison que lui et puis elle habitait près de chez lui alors même durant les vacances il pouvait la voir.
Dix-neuf.
Alors là, il se demandait si un jour il trouverait sa place. Il espérait juste que les garçons de la maison de Lily se lasseraient cette année. Après tout ils étaient jeunes, ils avaient douze ans et allaient tous rentrer en deuxième année, ils avaient donc le temps de changer de comportement et pourquoi pas de devenir amis.
Vingt-trois.
Il avait mal.
Vingt-quatre.
Il se demandait si sa mère avait trouvé un petit boulot.
Vingt-cinq.
Mais il en doutait énormément après tout sa mère ne possédait aucun diplôme chez les moldus. Et puis de toutes manières il n'y a pas de petits boulots ici. Et avec sa santé fragile elle n'aurait pas pu travailler longtemps.
Trente.
Il avait vraiment mal. La douleur l'empêchait de penser correctement.
Trente-deux.
Il avait faillit perdre le compte mais il ne doit pas perdre le compte. Il avait déjà arrêté de penser. Il ne devait pas arrêter de compter dans sa tête.
Trente-cinq.
Finalement il a perdu le compte lorsque sa conscience s'évanouit en même temps que lui. Pourtant il savait que la douleur serait encore plus grande et durerait plus longtemps si cela arrivait.
Severus se réveilla brutalement quelques secondes après à cause d'une trop grande douleur au niveau de la poitrine. Et les gémissements qu'il essayait jusqu'alors d'étouffer se transformèrent en sanglots et en larmes qui lui bloquaient sa respiration, sous les coups et les insultes répétés qui pleuvaient sur lui.
D'habitude il résistait mieux mais là il s'est évanouit après trente-cinq coups de ceintures. Il le savait que cela énerverait Tobias et que les coups seraient plus douloureux. Tobias. Son père. Mais il ne l'appelait presque jamais comme ça, seulement quand il était gentil, ce qui était rare.
Là il devait être saoul, il puait l'alcool. Et durant ces crises la douleur est bien plus grande. Il ne devait plus avoir d'alcool. C'est certainement pour ça qu'il a reçu ces coups. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir n'est-ce pas ? Après tout c'est son père. Enfin c'est Tobias. Car son père, lui, ne le frappe jamais. Son père, il déteste voir un enfant souffrir. Oui, c'est vrai même que son père il déteste Tobias.
La porte venait de claquer. Laissant Severus seul dans sa chambre le dos douloureux et couvert de sang sur un parquet souillé de sang et de vomis.
Souillé... Je ne suis vraiment que cela une souillure.
Il se traîna comme il put au bout de nombreuses longues minutes à travers la chambre pour accéder à la bouteille d'eau, aux bandages et aux rares potions qu'il possédait dans son armoire, le seul meuble de la pièce qui était dans un état très précaire. Puis se soigna du mieux qu'il pouvait avant de sombrer dans l'inconscience sur son matelas maculé de tâches maronnasses.
