Bonsoir à tous !

Eh bien, voilà... Ça faisait un moment que l'envie d'écrire sur des personnages de la Terre du Milieu me démangeait. J'ai fini par céder !

J'ai choisi le couple Eomer/Lothiriel, dont finalement, on ne sait pas grand chose. Ce qui me laisse une bonne marge de manœuvre ! :)

J'espère que cette fic sera à votre goût. J'ignore encore combien de combien de chapitres elle sera composée.

Je ne suis pas une encyclopédie vivante de l'univers de Tolkien (bien qu'une fan inconditionnelle), et je sais que beaucoup d'entre vous sont beaucoup plus calés que moi là-dessus. Aussi n'hésitez surtout pas à me faire part de vos remarques si des détails vous apparaissent étonnés ou discordants.

Disclaimer : Tout appartient bien sûr à J.R.R Tolkien.

Bonne lecture !


PROLOGUE

King


L'aube fleurissait à peine. Eclairant progressivement la plaine de ses rayons pâles. Orangés. Rosés. Pourpres. La neige des Montagnes Blanches projetait leurs reflets irisés sur les hautes herbes, semblant se réveiller d'un profond sommeil. Frémissantes sous la brise de ce matin hivernal.

Eomer inspira profondément l'air frais avant de s'asseoir, à même le sol, la rosée du matin mouillant légèrement ses vêtements. Il contempla l'horizon un long moment, observant le soleil se lever. Cette aurore lui en rappela d'autres. Inévitablement. Moins paisibles. Lorsqu'un soleil écarlate se levait sur des armées.

Lorsque l'embrasement du ciel laissa place à un bleu d'azur, à peine entaché de nuages épars, son regard se posa sur les monticules de terre devant lui. La mousse commençait tout juste à recouvrir l'un d'eux, piquetée d'herbe et de symbelmynes. La terre du tombeau à côté était encore fraîchement retournée. Ici reposaient les rois du Rohan, tournés vers la Cité. Veillant sur elle. Sur eux.

Il soupira. Theoden. Theodred. Ils auraient dû être à ses côtés aujourd'hui. Ils auraient dû être à sa place. A la place qu'il occuperait dans quelques heures. Et dont il n'était pas certain qu'elle lui revînt. Il avait longtemps cru que son destin serait de mourir au combat, chanté par des générations. Il en avait même rêvé. La guerre. Il ne connaissait que ça. La violence. Le combat. Le sang. Il ne connaissait pas la paix. Elle n'avait jamais existé. Pas dans son pays. Jusqu'à maintenant. Un guerrier, voilà ce qu'il était. Mais un roi ?

Du bout des doigts, il arracha une symbelmyne, la faisant tourner dans ses doigts, observant les pétales délicats et d'un blanc presque transparent sous les rayons du soleil. Il la porta à son visage et en inspira profondément l'odeur. Agréable. Familière. Apaisante.

Au loin, un tintement retentit dans la Cité encore endormie. La fleur virevolta au sol en de gracieuses arabesques lorsqu'il se leva enfin.

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« Et voilà… », souffla Eowyn en piquant sa cape brodée d'or d'une broche d'argent, en forme de cheval.

Elle recula de quelques pas, afin de l'admirer. Et lui-même croisa son reflet dans le large miroir des appartements de son oncle, désormais les siens. Il avait peine à se reconnaître. Ce n'était guère là son allure habituelle. Très loin de là. Bien que son apparence ait déjà approchée celle-ci lors du couronnement du roi Elessar, quelques semaines plus tôt. Cependant, il n'était alors ni aussi richement, ni aussi élégamment vêtu.

Sa tunique de soie, d'un vert profond était brodée de pierreries, formant en son centre un mearas. Sa ceinture, à laquelle pendait son épée, était cousue de fils d'or, et sa cape sombre, toute aussi richement travaillée. Point d'armure. Point de cotte de mailles. Point d'autres armes que son épée. Ca ne lui était pas arrivé depuis une éternité. Et ça lui manquait. Leur poids et leur protection lui manquaient. Familières, elles étaient rassurantes.

Il continua à détailler son reflet. Sceptique. Sa barbe, taillée de près, dégageait son visage. Son regard franc le fixait, moins sombre qu'à l'accoutumée, tandis que ses cheveux tombaient en mèches dociles sur ses épaules. Il avait peine à se reconnaître.

Il secoua imperceptiblement la tête. La silhouette de sa sœur vint se placer à ses côtés, dans le miroir. Frêle. Aérienne. Le regard empli de fierté et d'émotions qu'elle posa sur lui contint tout commentaire de sa part.

« Tu es magnifique. Une allure de roi ! », assura-t-elle, souriante. Les yeux brillants.

Il acquiesça vaguement et se détourna du miroir. A travers les carreaux sales de la grande fenêtre, il pouvait apercevoir la plaine sauvage, s'étendant à l'infini. Ses herbes hautes s'agitant au gré des vents comme les vagues sur l'océan.

« Tu as l'air soucieux…, murmura Eowyn en s'approchant à nouveau de lui. Pourquoi l'être en ce jour glorieux ? »

Eomer s'écarta de la fenêtre pour aller s'asseoir sur l'un des fauteuils derrière eux.

« C'est au couronnement de Theodred que nous devrions assister… », fit-il en soupirant.

Les mains fraîches d'Eowyn vinrent enlacer les siennes, comme autrefois, tandis qu'elle s'agenouillait près de lui.

« C'est au couronnement d'Eomer que j'assiste aujourd'hui… Theodred n'est plus. Theoden n'est plus. » Sa voix trembla légèrement à ces mots, mais elle se reprit. « Ton couronnement est aussi leur hommage. Le Rohan est toujours en vie. Notre famille est toujours en vie. Tu es en vie. Aurais-tu oublié ? »

Elle avait raison. Il n'y avait pas de pleurs pour les morts en Rohan. Seulement de l'espoir, pour les vivants. Continuer à vivre honorait leurs morts. Theodred. Theoden. Les rohirrims tombés à Fort-le-Cor. Aux champs du Pelennor. A la Porte Noire. Si nombreux. Pourtant, la vie continuait. La vie continuait toujours.

« Je n'aurais jamais cru que ce serait là ma destinée… »

Eowyn sourit doucement.

« Nos destinées semblent bien s'éloigner de celle dont nous rêvions enfants, dans notre plaine d'Aldburg… Je n'aurais pas imaginé non plus la mienne ainsi. »

Du bout des doigts, il caressa une des deux fossettes creusées par son sourire nostalgique. Identique aux siennes. Et à celles d'un de leurs parents. Peut-être. Il ne savait plus. Ne se souvenait plus.

« C'est ta destinée, Eomer. Tu ne peux y échapper. Tu es l'Héritier d'Eorl. »

Il tressaillit à ses mots.

L'héritier d'Eorl.

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Il s'avança dans l'allée de la Grande Salle de Méduseld. Le cœur grondant à ses oreilles. Le regard fier, fixé droit devant lui. De part et d'autre du passage, une foule compacte. Autant que la pièce avait pu contenir. La plupart des visages de ces derniers rangs, invités du Gondor, lui étaient étrangers. Les familiers étaient aux premiers rangs, encore invisibles. Et il savait qu'il y avait dix fois plus de personnes encore au dehors. Ils le regardaient s'avancer vers l'estrade, souriants. Confiants. En lui.

Il pinça les lèvres et continua d'avancer. Il dépassa sa sœur, sublime dans une robe blanche, brodée d'or et d'émeraude, et grimpa d'un pas agile les trois marches qui le séparaient du trône d'or. Son trône. La foule frémit lorsque le magicien blanc s'avança vers lui, souriant. Comme il avait couronné Elessar, il avait été décidé qu'il couronnerait le roi du Rohan.

Eomer croisa le regard d'azur paisible d'Aragorn, au premier rang. Serein. Et l'envia un instant. A ses côtés, les autres membres de la Communauté de l'Anneau. Dissoute. Les quatre hobbits. Legolas. Gimli. Manquait Boromir. Parmi tant d'autres.

Gandalf souleva la couronne brillante, forgée pour l'occasion, son oncle étant enterré avec la sienne. Son cœur se serra à cette pensée. Il croisa le regard d'Eowyn, si fière, si heureuse. Plus qu'elle ne l'avait sans doute jamais été. Et il inspira profondément lorsque Gandalf posa la fine couronne sur sa tête, proclamant :

« Et voici venir les jours du Roi ! Eomer-Roi ! »

Il balaya la foule du regard, qui reprit en chœur l'acclamation.

« Eomer-Roi ! »

Les portes du palais s'ouvrirent, laissant entrer la clameur du dehors, reprise encore et encore. Il ne se força pas à sourire, comme il l'aurait cru, lorsqu'il prit finalement place sur le trône d'or. Eowyn avait raison. C'était là sa place. Ses doutes s'envolèrent partiellement et son regard se posa sur les portes ouvertes, et la foule au-dehors. Et, au loin, les hautes herbes sauvages, et les montagnes immaculées. Et soudain, il se prit à croire en cette paix si nouvelle.

En un avenir lumineux. Tel qu'aucun d'eux n'avait jamais osé en rêver.

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Voilà, voilà...

J'espère que ce prologue vous aura donné envie de lire la suite. Suite que je pense poster dans la soirée.

J'attends vos avis avec impatience !

Biz & à bientôt,

Temperance.