Bonjour ou bonsoir tout le monde !
Me voilà revenue, et cette fois-ci avec une fanfiction. L'écriture des deux premiers chapitres datent un peu, j'ai tenté de l'améliorer mais c'est dur de changer la trame d'un chapitre quand il a déjà été entièrement écrit. Je suis un peu déçue de mon écriture, mais bon, j'attends votre jugement ! Le chapitre peut paraître long, mais il est assez essentiel...
Bonne lecture !
Rappel: Je ne possède pas les TMNT, malheureusement...
Résumé: " Je ne me souviens de rien, aucun souvenir d'enfance n'emplit ma mémoire. Rien du tout, j'ai tout oublié. Même ma mère, même mon père durant ma petite enfance. Mes souvenirs ne débutent que depuis le jour où j'étais enfermé dans un cachot.
Je m'inquiète. Depuis maintenant des mois, je suis hanté par le même cauchemar effroyable. Je ne vois que des scènes floues où des éclats de rire retentissent, puis des hurlements et des griffes qui m'arrachent le coeur.
Je pensais tout savoir. Je voulais tout comprendre. Je n'aurais jamais dû sortir à la suite de ma soeur. Maintenant, où pourrais-je retrouver la paix ? "
Maitre Shredder restait figé devant la grande fenêtre, regardant fixement au travers tout en serrant et desserrant férocement son poing. Il hésitait, et détestait ce sentiment si peu connu qui enfonçait avec insistance ses racines dans son cœur, telle une mauvaise herbe. Observant le ciel crépusculaire virer au noir d'encre et recouvrir cette ville des lumières d'une chape de plomb liquide, il réfléchissait. Ce qu'il s'apprêtait à faire en valait-il vraiment la peine ? Serait-il perdant au bout du compte ? Il entendit la grande porte derrière lui s'ouvrir, mais il ne se retourna pas et continua à fixer les immeubles avec leurs lumières qui s'éteignaient et s'allumaient en un étrange ballet, l'écho métallique du claquement des portes se répercutant dans ses tympans. Une silhouette se profila derrière lui, avançant d'un pas souple et gracieux, presque élastique. Les pans de sa large ceinture en tissu rouge ondulaient derrière elle, ses longs cheveux noirs luisaient à la lueur des flammes. La jeune femme se savait séduisante et jouait avec sa beauté féline qui semblait lui conférer un éclat sombre et sauvage. Elle en abusait même, ne s'adressant généralement plus que par des provocations fielleuses et par des péroraisons à peine dissimulées, tout cela avec cette insupportable voix mielleuse ; persuadée qu'on lui pardonnait ces petits caprices. Elle s'arrêta à quelque pas de lui, et déclara en dardant sur lui un regard de braise, une main perchée en équilibre sur sa hanche :
- En êtes-vous vraiment sur ? Ne regretterez-vous rien ?
Oroku Saki mit longtemps à se retourner, plissant les yeux face à cette intrusion. Il se garda bien de lui répondre, trop occupé à tourner et retourner toutes les possibilités probables et imaginables qui s'offraient à lui. Mais plus il y pensait, plus il était convaincu qu'il ne pouvait pas attendre, il devait jouer carte sur table avec sa lieutenante horripilante. Un fin sourire étira ses lèvres, chose que la jeune femme se trouvant devant lui ne pouvait voir, son visage étant presque entièrement caché par un casque en métal. Il allait tenter le tout pour le tout; et si l'enfant ne survivait pas, il attendrait et en choisirait un autre. Un plan commença à se dessiner clairement dans sa tête, et c'est avec une voix rauque qu'il annonça:
- Tout se passera comme je l'ai prévu. Mon plan ne peut que réussir. Ce soir marquera le début d'une nouvelle ère.
La jeune femme s'adossa nonchalamment à la vitre, insolente, et fit un petit claquement de langue méprisant qui irrita instantanément Oroku Saki.
- Une fille ne vous suffit pas ? Vous tenez tellement à élever une flopée de gamins ?
Les traits de l'homme se durcirent à ses paroles, et il eut du mal à contrôler la rage qui monta en lui en un instant fulgurant, faisant bouillonner le sang dans ses artères. Il dut se faire violence pour ne pas sauter sur cette femme afin de la faire taire en usant de ses lames dévastatrices.
- Qui es-tu pour me parler ainsi ? Sache que tu es sous mes ordres, et qu'au moindre acte de rébellion tu le payeras de ta vie !
La femme au regard intense, comprenant qu'elle avait été trop loin et que c'était maintenant son existence qui était en jeu, se renfrogna devant les vociférations haineuses de son maître et s'agenouilla devant lui, mimant la docilité.
- Que dois-je faire alors, ôh Grand Maître ?
Il y eut un long silence face à cette question sarcastique sur les bords, et un bruissement de pas métallique: Shredder allait quitter la pièce sans même lui accorder un regard, sans daigner la mettre au parfum de son plan révolutionnaire. La femme s'apprêtait à soupirer de dépit et d'exacerbation, pensant qu'il se moquait d'elle et voulait ainsi lui faire payer son impolitesse ; voir pire : il la destituait de ses fonctions. Mais elle retint son souffle en entendant la voix gutturale de son maître amplifiée par la hauteur de la pièce s'élever laconiquement :
- Dès que tu auras l'enfant, enfuis-toi. Cours, esquive-toi par les toits. Ils ne pourront pas te rattraper. Ne brise pas ma confiance, ne rate pas cette mission. Maintenant va, Aïsha.
Splinter observait ses fils qui se distrayaient insouciamment dans le salon avec un sentiment de fierté bien paternel. Ces petites créatures qui pataugeaient dans un liquide visqueux hier encore étaient devenues de jeunes garçons de 3 ans bien portants et pleins de vie. Un peu trop même. Bien que l'entrée de ces fils dans son existence avait gonflé son cœur de joie, plus jamais il n'y avait eu une once de calme dans sa nouvelle maison. Même à minuit, ils ne pouvaient s'empêcher de gigoter, de glousser, voir même de se disputer, selon les nuits.
Maître Splinter, perdu momentanément dans le flux de ses souvenirs, reporta sa conscience sur le moment présent pour les surveiller. Les enfants avaient délaissé la mouche morte trouvée sous l'arbre, que Mikey avait d'ailleurs disséqué involontairement entre ses doigts, et semblaient s'intéresser davantage au camion en carton que Donnie tentait d'assembler. Splinter plissa les yeux pour enregistrer chacun de leurs gestes, chacune de leurs moues fugaces. Ces séances de jeux quotidiens étaient essentiels pour lui, car c'était durant ceux-ci qu'il discernait déjà leur caractère futur. Le plus petit, par exemple, était l'un des plus joyeux et des plus naïfs de tous, toujours prêt à faire passer les autres avant lui. Grande qualité, mais également grand défaut. Il les observait ainsi depuis maintenant plusieurs jours, et savait désormais ce qu'il devait faire. Il était enfin temps d'accomplir un rituel essentiel à ses yeux, qui montrerait ainsi que ses fils étaient enfin prêts à se confronter au dur apprentissage du noble art qu'est le ninjutsu.
Il se leva et les laissa continuer à brailler allégrement pendant qu'il quittait la pièce d'une démarche lente et sûre. Lorsqu'il revint dans la pièce paisible qui lui servait de dojo pour méditer, une des petites tortues, Léonardo, regardait son petit frère à la dent manquante attaquer Raphaël avec son camion improvisé pour se venger du « il ne ressemble à rien » dont avait gratifié Raphaël son bricolage. Celui-ci, loin de rire, tapa le camion léger comme une plume et se détourna de lui, s'exilant volontairement de ce nouveau jeu en affichant une moue revêche. Donatello haussa les épaules, un sourire contrit sur le visage, et rit joyeusement quand Mickelangelo se mit à monter sur ses genoux pour le garroter. Léonardo se tenait debout en se dandinant, semblant ne pas savoir s'il devait prêter main forte au benjamin pour plaquer Donnie à terre, ou s'il devait rejoindre Raphaël pour lui tenir compagnie et l'inciter à revenir avec eux. Il n'eut jamais à trancher, car il aperçut du coin de l'oeil son père entrer, celui-ci revenant avec une petite boite en ébène, abimée par le temps et imprégnée d'humidité, dans ses mains. Il tapota immédiatement l'épaule de son frère le plus proche en pointant avec excitation la mystérieuse boite du doigt, attirant ainsi l'attention de ses trois cadets sur leur vénéré père. Toutes les tortues accoururent, se poussant gaiement l'une l'autre, curieuses de voir ce qu'y se cachait à l'intérieur. Maitre Splinter prit le temps de s'asseoir et accorda un sourire bienveillant à ses fils. Ceux-ci firent de même et parvinrent à grand-peine à se taire pour écouter le maître ninja. Dès qu'un semblant de calme se fut emparé des tortues, Maître Splinter déposa la boite à sa droite et laissa son regard errer sur eux quatre.
- Léonardo, mon fils. Viens.
Léonardo s'avança timidement vers ce père imposant, et Raphaël se renfrogna. Pourquoi n'était-il pas appelé en premier ? Pourquoi Léonardo était-il toujours celui que Splinter demandait, lui aussi était digne d'intérêt ! Il prenait ses aises, se rengorgeant fièrement comme un paon exécutant sa roue, cet idiot ! Il se permettait de plus en plus de leur donner des ordres et d'être le leader dans leur jeu, distribuant des ordres à tour de bras. Son comportement impérieux commençait vraiment à l'agacer.
Splinter ouvrit la boite qui produisit un grincement sec et prit son fils par le bras pour l'inviter à se rapprocher encore. Celui-ci s'agenouilla et leva ses grands yeux bleus vers son père, des yeux déjà si sérieux pour son jeune âge. Splinter sortit un bandeau bleu qui oscilla entre ses doigts et posa une main bienveillante sur la tête de l'ainé, qui sembla s'enhardir devant cette marque d'affection en s'approchant plus de son respecté père. Splinter leva le bandeau un instant au dessus de la tête de l'enfant, qui ferma respectueusement les yeux, baissant doucement la tête et exposant sa nuque. Ce bout de tissu au bleu délavé sembla accrocher pour un instant fugace la lumière dispensée du plafond, avant que Splinter ne le ramène à lui.
- À compter de ce jour, tu porteras toujours ce bandeau. Considères cela comme un symbole d'honneur.
Léonardo tiqua au mot « honneur » et se mordilla la lèvre, se demandant s'il méritait vraiment ce cadeau. L'enfant doutait tellement de lui… soupira intérieurement Splinter. Il reprit néanmoins :
- Le bleu est signe de sagesse et de sérénité. Il est l'écho de la vie, un symbole de vérité, comme l'eau limpide qui ne peut rien cacher. Calme comme la mer, tu seras loyal et dévoué à tes frères, mon enfant. Mais méfiance ! En trop grande quantité, le bleu devient étouffant. Veille à ne pas imposer tes choix, et tu seras un grand leader.
La petite tortue acquiesça fermement en baissant respectueusement la tête, alors que derrière lui Raphaël faillit s'étrangler. Alors, Maitre Splinter le destinait vraiment à un avenir de chef ? Léonardo, pas lui ?
Splinter noua le bandeau autour de la tête de Léonardo avec des gestes tendres, et le regarda rejoindre ses frères, un grand sourire aux lèvres. Il observa son deuxième fils, le plus solitaire de tous, au caractère fort mais au grand cœur. Celui-ci semblait dépité face à la responsabilité attribuée à son frère. Maitre Splinter l'appela, et Raphaël se leva, s'avançant lentement en tentant de ne pas montrer à quel point il jalousait Léonardo. Tellement enclavé dans son exaspération, il ne remarqua pas que Donatello le couvait du regard. Il s'assit et leva les yeux vers son père en posant ses poignets raides sur ses genoux. Splinter put sentir la tempête des sentiments contradictoires qui se bousculaient dans la poitrine de Raphaël, lui broyant le cœur, pendant qu'il tentait de se tenir aussi droit que possible devant son Sensei en ne laissant rien paraître sur son visage, mais son corps raide et ses muscles contractés le trahissaient. Splinter n'hésita pas un instant et sortit le bandeau rouge de la boîte puis le présenta devant son fils :
- Raphaël. Je vois déjà dans tes yeux le courage et l'ardeur qui gouverneront ta vie. Et malgré ton côté colérique, tu es rempli d'amour, surtout envers tes frères. N'oublie jamais Raphaël, qu'ils seront toujours là pour toi, comme tu l'es déjà pour eux.
Son fils ferma brièvement les yeux, comme s'il s'accordait le temps de laisser son âme s'imprégner des paroles de son père. Splinter continua :
- Le rouge est sûrement la couleur la plus fascinante et ambiguë qui soit. Elle joue sur les paradoxes, anime des sentiments passionnels en complète contradiction : amour et colère, courage ainsi que danger, ardeur et interdiction… Cette couleur remue les sentiments sans aucun doute. Elle s'impose comme une couleur chaleureuse, énergique, et d'une certaine manière rassurante et enveloppante. D'un autre côté, on l'associe au sang et à l'enfer. Cette couleur chaude ne laisse donc pas indifférent et c'est là toute sa force : elle remue les passions, qu'elles soient positives ou négatives. Elle te conviendra à merveille.
Splinter passa le bandeau autour de la tête de Raphaël et fit tendrement le nœud. Une lueur de fierté brillait dans le regard de son fils téméraire, petite lueur fugace mais si plaisante à voir. Maître Splinter posa la main sur l'épaule de Raphaël et la garda un peu plus longtemps que d'habitude, pour lui faire comprendre par ce simple contact physique qu'il croyait en lui, qu'il le considérait à sa juste valeur. Puis il le laissa regagner sa place auprès de ses frères. Donatello avisa son père, sentant que c'était à son tour de se lever. Il mit les mains par terre pour se redresser maladroitement, encore hésitant sur ses jambes peu solides. Mickelangelo lui tira la langue et Donatello l'écarta d'une main en souriant face à ses taquineries. Mickelangelo fut repoussé sur la carapace de Léonardo et loucha pour le faire glousser. Donnie se détourna, un sourire aux lèvres, et courut à son père avant de s'agenouiller, semblant se rappeler au dernier moment les bonnes manières. Maitre Splinter avait déjà remarqué la grande complicité qui s'était noué entre les deux plus jeunes, ce qui le confortait dans ses choix de couleur. Il le jaugea du regard, vit l'étincelle d'intelligence qui brillait en lui et sa soif de connaissance qui ne demandait qu'à être rassasiée. Donatello se tortilla discrètement, mal assis sur ses genoux et l'épia, attendant de voir quelle couleur il allait recevoir. Splinter, avec des gestes lents et précis, sortit le bandeau violet. Il regarda son fils avec compassion et, comme pour ses deux autres frères, lui expliqua la signification de sa couleur.
- Le violet est une couleur à double tranchant : derrière son allure électrique, le violet est la couleur de la douceur et du rêve. C'est pourquoi d'ailleurs on la raccroche à la mélancolie et à la solitude. Le violet est la couleur par excellence des rêveurs, des personnes spirituelles plutôt que matérielles. Elle a des vertus apaisantes sur les esprits ; elle permet de calmer certaines émotions, de réfréner des colères ou des angoisses… Le violet est une couleur qui rassure et rend serein. Cette couleur, mélange du bleu et du rouge, te détermine grandement. Calme comme Léonardo, solitaire comme Raphaël. Tu es celui qui a le plus besoin de tes frères, Donatello. Ne t'enferme jamais dans la solitude et parle avec eux au moindre problème. La mélancolie minera ton esprit et brouillera tes pensées. Aie confiance en tes frères, et ne doute pas de ton jugement, car tu feras souvent de bons choix. N'hésite pas cependant à demander conseil et accepte les échecs. Même la plus brillante des personnes ne peut avancer dans la vie sans erreurs. Va maintenant, mon enfant.
Donatello noua soi-même son bandeau, voulant prouver qu'il savait lui aussi se débrouiller et fit un signe de tête à son maître, les yeux pétillants. Il fourra son nez dans le tissu rugueux du vêtement de son père et lui fit un bref câlin, ne renonçant toutefois pas au plaisir de la chaleur des bras de son père sur sa carapace. Puis il se rassit au côté de Mickelangelo en ne prononçant plus un mot. Le petit dernier était survolté et ne tenait plus en place. Il n'avait pas compris grand chose à ce que Maitre Splinter disait ; mais il voulait, comme ses frères, passer devant lui et recevoir son bandeau. Il courut à lui et se jeta presque à genoux, trépignant, ce qui tira une grimace réprobatrice à Léonardo, si à cheval sur les manières respectueuses que leur père tentait de leur inculquer. Splinter fut amusé devant tant d'empressement et sortit un bandeau orange. La petite tortue sourit encore plus, si cela était encore possible. Visiblement, la couleur lui plaisait.
- Mickelangelo. L'orange est une couleur tonifiante et piquante qui insuffle partout où elle passe une dose de bonne humeur. On l'associe souvent à la créativité et à la communication, car il est vrai qu'elle est porteuse d'optimisme et d'ouverture d'esprit. Rempli de dynamisme et de bonne humeur, tu es celui qui rendra la vie beaucoup plus agréable. Ne perds jamais ton sourire, c'est ce don qui t'apportera la joie que tu parsèmes autour de toi. Cependant, ne t'engage pas dans des aventures sur un coup de tête car trop optimiste, tu déchanterais vite sans la présence de tes frères pour refreiner ta sociabilité. Enfin, l'un de tes plus grands défauts est la naïveté, ne te fie donc pas à toutes les personnes que tu seras amené à croiser, cela t'apportera plus de malheurs que tu ne le penses.
Mickelangelo se jeta sur son père sans autre forme de procès et lui serra le cou, transporté de joie. Splinter, attendri, le serra dans ses bras en lui caressant la tête, puis le re-déposa au sol et lui noua le bandeau avant que celui-ci ne file. Mikey sourit et courut vers les autres, avant de se jeter dans les bras de Léo.
- Ça y est, je suis un ninja !
Léonardo accorda un coup d'œil complice à ses frères en voyant la frimousse du benjamin se lever vers lui, son bandeau déjà de travers. Maitre Splinter se leva sans plus s'occuper de ses fils et ferma la boite, qu'il rangea précautionneusement au côté de la photo de son épouse. Il se tourna finalement vers la petite tortue à la peau verte tendre.
- Pas encore mon cher petit. Il te reste beaucoup à apprendre, et seulement lorsque tu auras fait tes preuves tu mériteras de porter le titre de ninja. Bien… Êtes-vous prêt pour votre première séance d'entrainement, mes fils ?
Les petites tortues poussèrent des cris de joie à cette annonce et hurlèrent à qui mieux mieux pour savoir qui serait le meilleur. Si seulement ils savaient ce dans quoi ils allaient s'embarquer ! sourit intérieurement Maitre Splinter.
Aïsha courrait dans ces rues si similaires, déjà lassée de cette mission. Cela faisait maintenant deux jours qu'elle cherchait sans relâche le repaire de ce maudit rat et de ses bébés tortues. Ces espions idiots, ayant pourtant saisi l'étrange spectacle de leurs mutations, avaient déguerpis avant même d'avoir vu où cette créature allait partir et elle devait maintenant se débrouiller pour ne pas décevoir Shredder le Destructeur. À ce stade, chercher un repaire dans la ville de New-York, c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin !
Elle dépassa un énième building éteint, tourna dans une ruelle toujours aussi sombre et crasseuse, parsemée de poubelles, de détritus et de plaques d'égout. Elle soupira, fatiguée, et s'agenouilla sur le trottoir devant un magasin, ignorant royalement l'eau crasseuse qui s'infiltrait dans sa tenue, auréolant ses genoux. « Chez Mimie ; bijouterie » clamait le néon qui l'aveuglait. Stoppant cette torture rétinienne, elle mit sa tête dans ses genoux, désespérée. Pendant encore combien de temps Maitre Shredder allait-il supporter qu'elle rentre bredouille ? Elle savait pertinemment qu'il détestait attendre, il le lui avait déjà prouvé à mainte reprise. Le temps était à l'orage chez son maître, elle faisait du sur-place et le plan n'avançait pas d'un iota, et aujourd'hui ne ferait pas exception : elle ne manquerait donc pas d'être blâmée et punie à son retour. Elle releva la tête et tenta d'apercevoir les étoiles qui piquetaient la voûte céleste pour tenter d'y trouver du réconfort. Peine perdue, trop de particules provenant de la pollution s'agglutinaient en masses compactes nuageuses, ce qui cachait le ciel à ses yeux. Soupirant, elle baissa la tête d'un geste brusque, mais un éclat lumineux égratigna sa rétine, elle décida donc de relever la tête pour tenter de localiser de quel objet brillant il provenait.
Après de longues minutes, elle finit par se rendre compte que cette agression lumineuse venait d'une maison en face d'elle. Elle plissa les yeux. D'une maison ? Non, c'était plus bas encore. Cela venait… d'une bouche d'égout. Elle s'en approcha lentement et regarda prudemment à l'intérieur, de peur qu'un rat farouche ne lui saute à la figure. Ce ne fut pourtant pas un rat qu'elle eut la chance de voir, mais une petite tortue, munie d'une longue-vue fendue, qui observait l'écran géant dressé sur un immeuble à appartement qui se trouvait 3 rues plus loin, visible d'ici tout de même, avec un sourire ébahi. Pas un instant il ne se doutait qu'on l'observait. Aïsha sourit : elle avait enfin trouvé sa cible. Elle baissa la tête vers la bouche d'égout et se mit à quatre pattes, jubilant intérieurement de cette trouvaille en or.
- Coucou toi ! dit-elle en lui faisant son plus beau sourire pour le mettre en confiance.
La petite tortue recula d'un bond en inspirant de surprise. Il lâcha la longue-vue et fit volte-face. Elle le sentait tendu, prêt à décamper, alors elle s'empressa d'ajouter avant que le petit reptile ne lui file entre les doigts.
- Tu as peur de moi ? Rassure-toi, je ne te veux aucun mal !
Elle le sentit se radoucir, bien qu'il était toujours nerveux et sur ses gardes. Il restait à une distance prudente et l'épiait par en-dessous, analysant son corps d'humaine comme il l'aurait fait d'un animal de laboratoire. Elle devait encore fournir un ou deux efforts, quelques paroles enrobées de sucre et elle se le mettrait dans la poche. Cherchant un sujet de conversation pour le maintenir auprès d'elle, la jeune Kunoïchi promena son regard sur les profondeurs de l'égout, faisant appel à ses sens pour l'explorer à distance. N'ayant trouvé mieux à dire, elle lui demanda :
- Tu habites ici ?
S'enhardissant, la jeune tortue ré-avança d'un pas et hocha la tête, lui souriant timidement, sans pourtant cesser de la dévisager. S'il n'était pas le fils de l'ennemi, et s'il avait été beaucoup plus adulte mais surtout, humain, il aurait peut-être eu une chance de finir dans son lit. Aïsha chassa ses pensées délirantes et se concentra sur les paroles du petit, qui s'était mis à parler.
- Oui. Avec mes frères et mon maitre. D'ailleurs, ils ne vont jamais me croire quand je leur raconterai que j'ai vu une humaine !
Aïsha se mordit la lèvre à ces paroles. S'il parlait, il éveillerait les soupçons auprès de son maitre et le plan entier capoterait ! Shredder ne lui pardonnerait jamais son erreur ! La jeune espionne perdit son sourire et adopta une expression plus grave, tentant d'élaborer un plan le plus vite possible pour sauver la situation qui menaçait de lui échapper et de dégénérer.
- Non, s'il te plait, n'en parle à personne ! Vois-tu je… je suis une ninja et je dois éviter que trop de gens connaissent mon existence.
Elle braqua ses yeux dans les siens, espérant que son argument ferait mouche. Le regard émerveillé, la tortue la dévisageait, la bouche grande ouverte. Elle avait marqué un point, et en fut soulagée. La situation revenait sous son contrôle.
- Vraiment ?! Moi je vais en devenir un !
Il sautait sur place, tellement excité par ce retournement de situation, oubliant complètement sa peur. Aïsha sourit, attendrie. Ce petit lui inspirait de la sympathie par ces mimiques ravies et son excitation puéril, mais surtout par sa réserve qui transparaissait dans chacun de ses gestes. Il se dégageait de lui une sorte d'aura de bonté et de sagesse si forte qu'elle en était déstabilisée. Le petit devait être surdouée, jamais chez la fille de Shredder elle n'avait vu une telle ouverture d'esprit. Soudain il s'arrêta et se rapprocha encore d'elle en souriant franchement, l'air tout fier, la distrayant de ses pensées.
- Je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Donatello, et vous ?
Il lui tendit sa petite main, aussi loin que sa petite taille et les barreaux rongés par la rouille les séparant le lui permettaient. Une lumière s'alluma dans les yeux d'Aïsha devant cette marque d'affection enfantine, qui fit apparaître un franc sourire sur son visage opalescent.
- Aïsha… Oui, moi c'est Aïsha.
Elle avait toujours rêvée d'être mère, mais ses actions périlleuses le lui interdisaient. Enfin, c'était plutôt Shredder qui l'en empêchait. Mais, même si elle ne connaîtrait jamais la joie d'enfanter, son instinct maternel développé à l'adolescence n'avait en rien été étouffé et n'attendait qu'une occasion pour rejaillir dans ses entrailles. Et justement, il s'était tiré de son long sommeil léthargique à la vue de la petite main reptilienne tendue dans sa direction. Sans plus réfléchir, elle allongea le bras, se rapprochant du sol, et plongea sa main à travers la bouche d'égout, jusqu'à sentir le contact chaud et humide de la main trempée de l'enfant. Elle la serra brièvement, juste pour assouvir sa soif d'amour qui l'étouffait de l'intérieur, et la retira. Ses pensées se bousculèrent immédiatement, ouragan démesuré qui prit vie dans son cerveau écartelé face à un nouveau dilemme. Était-elle vraiment prête à exécuter le plan de Shredder, si cruel ? Ne pouvait-elle pas simplement rentrer et dire qu'elle n'avait rien trouvé, comme lors des nuis précédentes ? Elle s'assit sur ses talons, perdue dans ses pensées. Le petit cligna des yeux et recula, s'éloignant d'elle en rentrant dans la profondeur des égouts, rompant le bref moment de complicité qu'il venait de partager.
- Ravi d'avoir fait votre connaissance. Je dois rentrer maintenant. Je garderai votre secret, promis !
Il tourna les talons et s'élança maladroitement dans l'égout, nullement gêné par l'eau charriant des immondices qui coulait doucement à ses pieds. Mais soudain il s'arrêta et se retourna vivement vers elle, la jaugeant de son regard mordoré si perturbant.
- Vous viendrez me revoir ? J'ai tant de questions à vous poser !
Il y avait tant d'espoir vibrant dans sa voix qu'Aïsha hocha instinctivement la tête, sans réfléchir une seconde. Son sourire s'élargit, ses yeux pétillèrent une ultime fois et il disparut dans le tunnel à sa droite, ses pas claquant dans l'eau sombre. Aïsha resta longtemps prostrée devant la bouche d'égout, assise sur ses talons, un goût amer se répandant sur sa langue. Elle allait trahir la confiance de ce petit, et cette pensée lui retournait l'estomac. Elle avala sa salive avant de murmurer.
- Oh oui je reviendrais te voir. Même plus tôt que tu ne le crois.
Elle se releva brusquement en refermant les pans de sa cape sur elle, se fondant ainsi dans la nuit. Elle avait trop tardé ici, elle avait une mission à accomplir, et celle-ci passait avant tout, peu importe le lien fragile qui s'était tissé entre eux le temps d'une conversation, peu importe l'étincelle de bonheur dans les yeux de Donatello, peu importe ses sentiments chaotiques et contradictoires. Elle pressa le pas, rasant les murs, luttant contre le vent qui la fouettait et tentait de lui arracher rageusement sa cape. Elle dépassa des buildings abritant des bureaux déserts, sauta de trottoirs en trottoirs, évitant les trous et les déchets qui voletaient dans l'air, zigzagua entre les voitures stationnées au pied des immeubles et ralentit le pas devant le bâtiment lui rappelant une cathédrale miniature, assez incongru par ces couleurs dans la masse des immeubles gris. Le temps de parvenir devant la porte, tout sentiment avait disparu de son visage, laissant place à un masque impassible et impavide. Elle ouvrit les portes en grand et le bruit se répercuta sur les murs de pierre et les vitres cristallines. Elle s'avança, féline et provocatrice, et s'arrêta au milieu de la pièce. Elle regarda éhontément Shredder en lui crachant hargneusement :
- Cible localisée. Mission Réussie.
Sur ces mots, elle le laissa seul et s'éloigna dans le dédale de couloirs qu'elle connaissait par cœur puisqu'étant son seul chez soi. Elle entra dans ses appartements et retira sa cape, la laissant choir sur un fauteuil avant de s'allonger sur son lit, pressant ses poignets contre ses paupières, l'adrénaline fusant encore dans ses veines et ses tendons. Le piège se refermait inexorablement, la disgrâce du rat dont ils allaient tous se délecter pointait, se faisait ressentir dans leur tripe, saturait l'air. Bientôt, comme le disait Shredder, son existence prendrait un tour irréversible, qu'elle le veuille ou non. Une nouvelle ère débutait, grandiose ou au contraire enténébrée, elle ne pouvait le savoir. Seul le destin le leur révélerait.
Alors alors, qu'en pensez-vous ? Mon type d'écriture n'est pas si déplaisant ? Une faute d'orthographe ou une contradiction ? Une remarque à faire ? Les reviews sont là pour vous exprimer !
En vous remerciant d'avoir pris le temps de lire cette fanfiction qui n'est pas l'une des meilleures, je vous retrouve dans le prochain chapitre. En attendant, portez-vous bien, je vous embrasse fort !
- Shakyla.
PS: Je me suis inspirée du site pour le descriptif des significations des couleurs.
