Bonjour tous !
Bienvenue sur l'aboutissement d'un projet d'écriture qui a pris la poussière pendant plus d'un an. À la base, ça devait être un OS, un PWP pour être plus précise, et puis l'imagination, les insomnies, tout ça, ça s'est transformé en fic à chapitres avec un peu de cul, mais surtout du fond :3 Après un changement de temps des verbes, puis un renversement de toute la narration, puis un second, j'en suis enfin rendue au bout ! J'espère que ça vous plaira :)
MERCIS à vous tous qui me lisez assidûment, à ceux qui font des passages ponctuels, et à tous ceux qui viennent sur une de mes histoires/traduction pour la première fois. Cadeau !
Et un très grand merci à Flo'w Tralala adorée pour sa bêta !
On est dans un univers mi-canon, mi-naussien, où les saison 1 et 2 existent globalement, mais pas la suite. Pas de Mary, pas de déménagement, je ne suis pas sûre non plus que l'ep3s02 ait débouché sur une chute et une disparition de deux ans.
Bonne lecture !
5 times Sherlock got (un)dressed like a woman + 1 he didn't
1. Introduction
(nom féminin
- Action d'introduire
- Action de faire adopter (une mode, un produit…))
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Quitter la clinique bien plus tôt que prévu, ça n'a pas de prix.
On pourra dire ce qu'on veut sur l'importance du travail et combien ça nous représente et on doit s'y épanouir et blablabla, je n'en ai présentement rien à carrer de convertir mes six patients absents en autant d'entrées monétaires. Surtout quand tous ceux qui se sont décommandés ont eu l'élégance d'être mes derniers rendez-vous de la journée, d'où une satisfaction assez totale à cette heure-ci.
Alors ce n'est pas la raideur dans ton cou, quand j'entre dans notre salon avec deux heures d'avance, qui va entacher mon humeur. Oui, cette raideur, et ce regard qui ne se pose résolument pas sur moi, et puis cette attitude figée et ton visage trop minutieusement neutre pour ne pas cacher une appréhension palpable. Tous ces fragments d'attitude ajoutés les uns aux autres signifient sans doute aucun que je vais découvrir dans les dix prochaines secondes quelque chose que tu n'aurais pas dû faire. Quelque chose que tu n'aurais pas dû faire tout en en ayant conscience.
Je fouille donc la pièce des yeux, à la recherche d'une expérience ratée qui aurait fait exploser le micro-ondes (c'est du vécu, tu le sais bien), laissé un trou de trente centimètres de diamètre dans la table (re-vécu) et/ou déposé une couche d'épaisse substance gluante et nauséabonde sur toutes les surfaces à peu près planes du salon-cuisine (re-re-vécu, et on en trouve encore régulièrement des plaques séchées à des endroits très inattendus, merci pour ça d'ailleurs). Et, comme je ne vois rien de suspect, je me tourne à nouveau vers ta silhouette tout enrobedechambrée de soie bleue en t'adressant un sourcil levé. Le vêtement est étroitement serré autour de ta taille. Le nœud a été fait de façon hâtive, la ceinture résolument tirée alors que tu laisses d'habitude les pans bâiller naturellement sur ton tee-shirt et ton caleçon. Je continue de jouer à toi, et je détaille tes bras étroitement croisés sur ton ventre, comme pour t'assurer que le tissu ne glisserait pas.
Ton regard est baissé et cette information est en soi absolument perturbante, alors additionnée à l'absence criante du défi automatique dans ton attitude, l'inexistence de ton regard je-sais-que-tu-considères-que-j'ai-fait-une-bêtise-mais-la-Science-John, et, à la place, la… gêne... C'est presque effrayant.
J'approche lentement avant même d'en avoir vraiment décidé ainsi. Par instinct, plus que parce que j'ai une idée précise de ce qu'il se passe. Mes yeux courent le long de ton corps drapé de soie, me nourrissent de détails que je vois sans les voir, d'innombrables choses trop petites pour que je les identifie réellement, mais qui soufflent le mot Différent à mon oreille.
J'arrive devant toi, cette fois, juste devant toi. Plus près de toi que je ne le ferais naturellement mais c'est en regardant de près qu'on comprend ce qui se cache à la vue, non ?
Oui.
Je suis bouche un peu bée, je le sens, mais je suis bien trop concentré sur ma main qui se lève d'elle-même et s'approche de ta joue pour y remédier. Parce que ce que j'avais pris pour un rougissement tout à l'heure est en réalité du maquillage. Fond de teint, ou ce truc qui donne une subtile couleur rosée à tes pommettes ; et du noir discret autour des yeux, mascara ou eye-liner ou khôl, je n'ai jamais été un expert dans ce domaine.
Je baisse le regard, quand tu frémis parce que mes doigts touchent ta peau et que tu détournes légèrement le visage comme si tu ne supportais pas le contact. Une ligne de reliefs subtils atteste que tu portes un semblant de vêtement sous les pans de ta robe de chambre, et c'est le genre de forme qui devrait soutenir une poitrine, même si ce n'est évidemment pas le cas quand c'est toi qui le porte. Je découvre, un peu surpris, combien il est difficile de ne pas essayer de deviner quel genre de sous-vêtements féminins tu as enfilés. Aux reliefs qui marquent la soie bleue, mon cerveau vote pour la dentelle avant que ma conscience ait le temps de poser son véto à de telles considérations.
Et c'est en détournant légèrement le regard de toi – parce que, bordel – que j'aperçois les chaussures à talons qui ont manifestement été éjectées à la va-vite sous le canapé, sûrement quand tu m'as entendu monter les escaliers.
Bon. On arrive au moment où je suis censé faire quelques pas en arrière, froncer les sourcils, afficher un sourire gêné et m'excuser de quelque chose, quoi que ça puisse être, hein ? Dire un truc comme « C'est pas grave, » « C'est ta vie, » ou « On va faire comme si je n'étais pas rentré en avance pour te trouver (dés)habillé en femme au milieu de notre salon, ok ? » C'est ce que je dois faire. C'est ce que j'aurais naturellement fait encore quelques semaines après m'être installé au 221B. Mais, à ce moment-là, ma bouche n'aurait pas été si sèche face à cette situation.
Alors ce que je fais plutôt, avec une infinie lenteur et autant de douceur que je peux en trouver en cet instant, c'est lever les deux mains jusqu'au col de ta robe de chambre et l'entrouvrir délicatement. Le geste révèle ton cou, tes clavicules saillantes, et tes trapèzes d'un blanc hypnotique, dont l'immaculé est bientôt brisé par, et mon souffle se coupe, une bordure de dentelle noire annonçant un bustier bordeaux dont je n'entrevois pour l'instant que quelques centimètres.
Pour l'instant…
Je ne bouge plus, les mains immobiles sur ton col, perdu dans la contemplation du haut d'un corsage qui plonge sous la robe de chambre, maintenu serré par un lacet de cuir noir dont le nœud sobre sertit le léger creux entre tes pectoraux quasiment imberbes.
Une inspiration qui n'est pas la mienne, trop forte, brise le silence absolu de l'appartement. Alors je réalise que tu as retenu ton souffle. Je relève rapidement les yeux vers ton visage, beaucoup trop conscient de mon excitation – et de cette pensée qui m'avait étrangement épargné jusque-là mais qui hurle dans mon esprit « Tu n'es pas gay. » Ton expression est presque craintive. Je ne l'ai jamais vue chez toi. Alors je sens un paradoxe très, très désagréable me déchirer, entre ce que je veux, là, tout de suite, de façon assez primaire et bestiale, et la vulnérabilité incarnée par tous tes traits et tes attitudes.
« Est-ce que ça te gêne ? je demande stupidement.
– Oui. »
Ton souffle est si faible que je l'aurais manqué, si je n'avais pas été assez proche pour le sentir sur ma peau – quand est-ce que j'ai comblé tant de centimètres ?
Mais je t'ai entendu. Alors je ferme brièvement les yeux, j'invoque toute ma volonté et mon contrôle, et puis, en fait, l'idée de te blesser m'est si révoltante qu'il est finalement très facile de m'éloigner de ta perfection sur laquelle j'ai été à rien de poser la main.
Et pourtant, tu l'agrippes soudain de tes longs doigts tremblants, cette main que j'éloigne. Ton regard me lit avec une intensité qui semble presque douloureuse. Le temps et l'espace sont comme mis sur pause alors que notre immobilité est totale. Je crois qu'on parle, dans ce regard, mais je ne sais pas ce qu'on se dit. J'ai seulement conscience d'y être honnête – crûment honnête. Et quand les secondes redeviennent des secondes et que l'un de nous semble de nouveau apte à se mouvoir, c'est toi qui amènes lentement ma main jusqu'à ton torse.
Je m'abîme dans la contemplation de ma peau brute sur cette base si raffinée, le talon de ma main effleurant les pans de soie bleue qui me paraissent soudain beaucoup trop fermés. Ma paume sur le corsage, chatouillée par la dentelle noire. Mes doigts qui reposent sur ta peau laiteuse juste au-dessus du bustier. Je peux sentir tes os, sternum et côtes tout en angles ; rien de la rondeur et de la chair tendre que je caresse d'habitude de mes phalanges sur l'anatomie de mes rares conquêtes.
Tes yeux qui me fouillent toujours profondément semblent vouloir dire cela exactement. Il n'y a rien de féminin à explorer ici. Pas comme un repoussoir, puisque tes doigts blancs maintiennent toujours mon poignet. Plutôt comme un rappel.
Je déglutis.
– Tu m'as dit que ça te gênait.
– Tu en as envie, me réponds-tu à mi-voix, comme si cette réponse était adéquate.
– Ce n'est pas ce que je veux qui compte, là, Sherlock. C'est ce que, toi, tu…
– Continue.
J'avale à nouveau ma salive, réflexe, et je ne sais même pas comment je fais, alors que ma bouche est atrocement sèche.
Mes yeux restent farouchement dans les tiens quand j'amène mes deux mains au nœud de soie toujours serré autour de ta taille, puis aux pans de la robe de chambre en-dessous desquels se glissent mes doigts. Le vêtement ample s'ouvre, suivant mes caresses sur tes pectoraux, tes biceps, tes bras, toute cette étendue de peau à la douceur de pêche.
La soie est absolument silencieuse quand elle choit de tes épaules et je l'imagine déployée autour de ton corps comme une fleur qui viendrait d'éclore. Je me sens insecte minime et vain alors que mon regard reste fermement arrimé à celui que tu me renvoies, mi-vulnérable-mi-confiant, et j'essaie de toutes mes forces de ne pas me souvenir de ce documentaire entre-entendu à la radio dans un taxi, qui rappelait que les fleurs sont les organes sexuels déployés du monde végétal.
À la place, je ressens ce quelque chose d'incroyablement exaltant au fait de déshabiller Sherlock Holmes. Et plus encore en sachant que c'est pour te dévoiler dans des sous-vêtements féminins. Cela revêt un goût d'interdit, de si nombreuses limites franchies… le parfum capiteux du danger, et un cri peut-être pas totalement nouveau pour moi tente de me le rappeler, au plus profond de mon âme, et m'enjoint de ne surtout pas explorer ce que j'ai sous les doigts, de reculer d'un pas, d'oublier que j'en ai eu envie.
Mais si je brise finalement le contact oculaire c'est parce que mes mains se sont posées sur ta taille sculptée par le bustier. J'en frôle le bord inférieur pour m'échouer plus bas sur un mince rai de peau puis, plus bas encore, dans une nouvelle sensation de tissu doux après l'irrégularité d'un autre rai de dentelle.
Pour autant que je me souvienne, je n'ai jamais vraiment fantasmé sur un ensemble de lingerie. Mais quand c'est toi qui en porte un, cela devient… dangereusement sexy. Je laisse mes mains glisser du tissu robuste du bustier jusqu'à celui beaucoup plus fin de la culotte assortie dentelée de noir. J'effleure tes porte-jarretelles du bout des doigts, pour caresser le nylon qui décore tes jambes interminables et musclées et – bordel – ce genre d'artefacts est censé mettre en valeur des rondeurs qui ne sont définitivement pas là, mais voir ton long corps fin dans ces accessoires vole mon souffle bien mieux que n'importe quel vêtement porté par n'importe quelle autre personne ne pourrait le faire.
« Tu es beau.
Ça m'échappe dans un murmure ébahi. Mes yeux remontent ta silhouette jusqu'à rencontrer ton regard, parce que j'ai besoin de savoir ce que tu en penses. Ça ressemble à de l'incertitude, en cet instant.
– Tu es tellement beau.
Je le répète sans pouvoir m'empêcher. Je veux purement et simplement te le dire. Et quand ton expression se fait presque douloureuse, je corrige rapidement :
– Belle ? Beau ? Qu'est-ce que je dois dire ?
Magnifique. Je voudrais utiliser un adjectif épicène qui ne m'oblige pas à choisir un genre. Ça serait plus facile. Mais tu détournes les yeux et ton expression se fait encore plus vulnérable, alors je sais que c'est important pour toi. Beaucoup trop pour l'écarter d'un revers de langage. J'en ai d'ailleurs la conviction quand tu murmures, plutôt que de répondre franchement :
– Comme tu veux.
– Non. C'est comme tu veux, toi. Comme tu te sens, toi.
Tes yeux sont brillants quand ils plongent à nouveau dans les miens et, cette fois, j'y pose le mot gratitude.
– Je suis un homme, affirmes-tu, doucement et fort tout à la fois.
Combien de personnes ont mis ce fait en doute pour que tu aies besoin d'insuffler tant d'intensité dans ton affirmation, aujourd'hui ? Combien ont voulu penser le contraire, et à combien n'as-tu pas osé répondre comme tu viens de le faire avec moi ?
– Je suis un homme, répètes-tu encore dans un souffle avec quelque chose de plus désespéré.
– Je sais, je réponds en acquiesçant avec un sourire que je veux doux pour taire ma colère contre tous ceux qui, par leurs paroles ou leurs actions passées, t'obligent aujourd'hui à l'affirmer de cette façon.
Je répète à mi-voix « Beau » en même temps que ma main glisse de ton cou blanc au corsage que j'effleure jusqu'à en trouver le nœud de cuir.
– Il y a des agrafes, dans le dos, pour l'enlever, susurres-tu, toujours aussi incertain.
– Je m'en doute, je réponds en continuant de travailler les lanières, et j'ajoute quand je sens que tu te raidis : je t'aiderai à les remettre en place, tout à l'heure.
Je n'enlève pas les lacets, je me contente de les desserrer juste assez pour que le bustier tombe sur tes hanches et révèle plus de cette peau qu'il cachait jusque-là. J'amène mes mains à tes tétons, je les effleure et tu te recroquevilles en soufflant. Tu ne te dérobes pas pour autant. Alors je roule les boutons de chair sous mes paumes puis sous mes doigts, et je ressens tes yeux que tu fermes et le contrôle que tu imposes à ton souffle comme autant de stimuli qui me donnent envie de manger ton cou. Merde, cette urgence de découvrir plus de ton corps alors que je sais pertinemment que c'est celui d'un homme… Autant pour mon Je ne suis pas gay et le cri d'alerte qui continue de vainement s'égosiller dans un coin étouffé de mon esprit.
Alors j'explore ta gorge blanche offerte, et quand tu laisses ta tête partir en arrière pour en étendre la longueur, j'y dépose mes lèvres. Je suis contre toi, cette fois, et tu grognes, et la culotte déjà serrée à la base, forcément, ne parvient plus à te contenir. Je peux le sentir contre mon pull – bordel, tu es si grand. J'aime absolument cette dureté contre ma peau, et son potentiel. C'est une découverte.
Mes mains glissent sur ton ventre, sous le bustier desserré, et tes abdos se contractent compulsivement sous la caresse de mes pouces. C'est doux, c'est ferme, c'est chaud, et, oui, je m'émerveille assez pour m'en faire la remarque. J'explore tout en même temps que j'embrasse ton cou, ton épaule, ta clavicule ; que je lèche ton téton droit, avec un peu d'hésitation, puis avec plus d'assurance quand tu frémis sous mes doigts et qu'un soupir discret t'échappe.
Tes mains tremblantes se posent enfin sur moi – sur mes épaules. Incertaines, comme si tu avais peur que je te repousse. Alors je mordille un téton, pour te rassurer – parce que j'en ai très envie, aussi – puis vrombis autour de ma prise quand tes doigts glissent dans mes cheveux et les agrippent.
– John, tu souffles, et je ne sais pas vraiment si c'est pour me signifier d'arrêter, de continuer, si c'est pour me dire quoi que ce soit ou si mon nom t'a juste échappé.
Quoi qu'il en soit, je mets plus de dynamisme dans mes suçotements, et ton gémissement qui me répond a l'air douloureux mais tu maintiens fermement mon crâne en place. Tu es dur contre moi, bordel, et ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de mesurer l'accroissement de ma propre excitation tant celle-ci est ridiculement haute.
Alors je mène ma main à ton aine, j'entends ton inspiration bruyante avant que tu ne retiennes ton souffle. Je couvre ton membre de ma paume, à travers le tissu doux de la culotte malmenée, et c'est chaud, et moite aussi, alors mes doigts glissent de leur volonté propre sous l'élasthanne.
Tu grognes à nouveau et fais deux pas en arrière pour t'appuyer d'une main à la table dans ton dos, en même temps que tu fermes l'autre sur la mienne et l'empêche de te quitter. Comme si j'avais besoin de ça pour t'acculer contre le meuble derrière toi. Tu es tellement sensible sous le bout de mes doigts, sous mes caresses superficielles qui te font siffler… Tu finis par prendre mon poignet pour plaquer franchement ma main sur toi. Je me lèche les lèvres, quand je lève les yeux. Je ne pense pas avoir vu un visage plus sexuel de ma vie, le maquillage qui souligne le rose de tes joues, ta lèvre inférieure coincée entre tes dents et ton regard… ton regard planté dans le mien, iris presque entièrement mangés par la pupille, qui m'épingle de toute l'acuité de ton intelligence. Tes paupières tressautent quand je ferme mes doigts autour de ta longueur pour te sortir du sous-vêtement. J'y applique une lente caresse en aller-retour, et tes yeux se voilent quelques secondes, et j'ai envie de les voir flous et perdus, ces yeux – qu'ils me regardent sans me voir, sans leur argutie habituelle, parce que tu serais en train de ressentir. Alors je me laisse glisser sur mes genoux et je lèche le gland sur lequel perle une goutte de précome. Ton long corps que je tiens par les hanches perd quelques centimètres quand tu te retiens un peu plus à la table de tes deux mains arrimées au rebord, cette fois, à t'en rendre les articulations blanches.
C'est ma première fellation, je n'ai jamais même seulement pensé à en faire une avant aujourd'hui. Mais le sexe a toujours été un domaine dans lequel j'ai laissé ma curiosité s'exprimer – du côté hétéro de la barrière, du moins. Alors je ferme les yeux et je me concentre. Chaleur, sur ma langue, d'abord, puis dans toute ma bouche, quand je te prends lentement entre mes lèvres. Je goûte la texture autant que la saveur ; j'inspire aussi, pour me familiariser avec l'odeur que je connais sans la connaître ; puis, tout aussi doucement, je relâche le membre.
Coup d'œil vers le haut, au-delà du bustier à moitié ouvert sur une étendue de peau blanche et je me repais du fait que c'est ton visage qui le surmonte. Tu sembles être parti si loin… Alors je réitère mon mouvement, peut-être un peu plus vite, peut-être un peu plus profondément, et ton gémissement me répond, un son qui se répercute dans tout mon corps, jusqu'à mes extrémités, jusqu'à ma propre érection.
Sans abandonner mon activité sur ton membre, j'effleure du bout des doigts le tissu de ton bas droit, une sensation que j'adore sous ma peau, et ma main passe derrière ta cuisse gauche pour la tirer et la placer sur mon épaule, le tissage de nylon caressant ma joue à chaque aller-retour que j'effectue de plus en plus vite.
C'est pour maintenir un équilibre fébrile que tu t'appuies à la table, et tu frémis, halètes, gémis. Tu tentes une main vers mon crâne et manques de perdre l'équilibre, alors je maintiens tes hanches, tandis que tu te rattrapes in extremis et ça t'enfonce plus profondément dans ma bouche. J'essaie de réprimer mon réflexe nauséeux d'un mouvement de gorge, et ça, plus que tout le reste, t'arrache un gémissement rauque. Alors je recommence, même profondeur, même réflexe, même contraction qui appelle le même son absolument affolant de ta part. Encore une fois, et encore, et à la troisième, tu m'appelles dans un souffle :
– John… J… Je vais…
Je déglutis, puis me retire lentement sur un dernier coup de langue qui te laisse tremblant. Mes lèvres humides de ma salive se posent sur ta cuisse, je niche ma joue dans ton bas, et je respire l'odeur de ton sexe en même temps que je te finis en quelques coups de poignet.
Je t'entends essoufflé, au-dessus de moi. Tes joues sont rouges, tes yeux fermés alors que tu reprends ta respiration. J'aime te regarder comme ça, pendant que mon nez câline l'intérieur de ta cuisse ferme, laquelle pèse toujours sur mon épaule.
Puis tu dégages doucement ta jambe. Je me relève, grimace quand mon genou me rappelle son existence. Tes yeux vigilants suivent mes mouvements alors que j'essuie minutieusement ma main avec un mouchoir qui traînait dans ma poche, puis que je m'emploie à resserrer le bustier pour remettre en place le lacet noir. Tu t'interposes au moment de faire le nœud, et j'observe tes longs doigts agiles le refaire mieux que ce que les miens, trop malhabiles, auraient pu faire.
– Le violet t'irait bien, » je murmure avec un sourire, et j'espère brièvement ne pas avoir l'air d'un rapace.
Tu te contentes de me fixer quelques secondes, avant de détourner les yeux sans un mot. Je tends une main vers ta joue, hésitant, avec l'impression que quelque chose dans ma poitrine pourrait bien être sur le point de s'écraser. Mais je respire à nouveau quand tu acceptes ma caresse, inclinant même légèrement la tête pour l'approfondir tout en fermant les paupières.
Puis tu t'écartes, sans un mot, et tu sors de la pièce.
Nous n'en reparlons pas, ce soir-là. Et, quand je descends de ma chambre le lendemain matin, les talons aiguilles ont disparu de leur dessous de canapé où tu les avais abandonnés hier. Toi, tu es penché sur une expérience, en pantalon et chemise, et tu me reproches vivement de ne pas t'avoir donné le stylo que tu m'aurais exigé il y a une heure et qui se trouve à moins d'un mètre de toi. Je souris.
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À suivre
Merci d'avoir lu ! Si ça vous a plu, n'hésitez pas à laisser une review :)
Des bises à tous, de l'amour aussi, et à bientôt !
Nauss
