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Je la tiens d'une main tremblante, la fixant d'un air envieux et hésitant. Elle paraissait bien lourde dans ma petite main de porcelaine, elle qui était dur et douce au touché. Je croise ton regard en me mordant les lèvres, incertain de la suite du programme : cela fait tellement longtemps que je n'en ai pas fait, j'ai du mal à déglutir. Pourtant tu restes sûr de toi et, me caressant tendrement la nuque, tu me pousses gentiment à aller jusqu'au bout de mon action, l'amour et le plaisir futur faisant briller tes beaux yeux. Je me pose doucement contre toi, m'entourant de tes bras et de ta chaleur, et la regarde d'un air bien décidé, la prenant entre mes doigts tremblants avec une délicate fermeté, respirant à fond, me lançant. Lentement je fais courir la plume sur le parchemin, traçant les lettres pour former mes phrases dans le but d'écrire un poème, le premier depuis des années. Je sais que tu l'attends avec impatience, seulement : et si je le ratais ? Et s'il ne te plaisait tout simplement pas ? Je suis anxieux et tu le sens parfaitement puisque tes mains se baladent sur mon dos et mes épaules, jouant avec mes muscles pour les détendre, tes lèvres fredonnant notre berceuse. Lentement mais sûrement, je me laisse aller et les mots se mettent à couler hors de la plume. Peu à peu, mon premier poème prend forme : chétif, maladif, un peu abîmé et triste, mais c'est mon premier depuis si longtemps alors il est spéciale, spéciale pour toi, spéciale pour moi, spéciale pour nous. Il est la preuve de ma force, de mon renouveau, de l'oublie de ce passé qui m'oppresse au point de me sentir complet et vivant à tes côtés, l'écrit étant le soulagement de mon être, un déversoir aux sentiments qui m'enivrent et menacent de me noyer à chaque instant, les acides, les amers et les sucrés. Mais maintenant, je suis moi et je suis nous, grâce à toi, mon tendre amour, mon ange, ma vie.