Chapitre 1

Comme tous les mois, un jeune homme entra d'un pas tranquille dans le cimetière. Comme tous les mois il tourna à gauche et s'avança dans l'une des allées. Comme tous les mois, il s'arrêta devant deux tombes placées l'une à côté de l'autre sur lesquelles étaient écrits les noms de ses parents. Comme tous les mois, il changea les fleurs et en mit de nouvelles dans le petit vase placé spécialement à cet effet entre les deux tombes. Finalement comme tous les mois, il s'assit devant les tombes et se plongea dans ses pensées.

Au bout d'un petit moment, il finit par se relever, mais cette fois-ci au lieu de directement sortir du cimetière comme il le faisait à chaque fois qu'il venait en ce lieu, il continua à marcher dans l'allée. Perdu dans ses pensées, il bifurqua à droite, puis à gauche, de nouveau à gauche, à droite, à gauche, à droite, à droite… il s'arrêta se rendant compte qu'il était en plein milieu du cimetière et qu'il se trouvait devant la plus étrange des tombes. En fait c'étaient deux tombes, mais chacune avait une pierre tombale de la forme d'une moitié d'un cœur, ce qui faisait que si elles avaient été réunies, elles auraient formé un cœur entier. En s'approchant doucement il remarqua également que les inscriptions aussi étaient scindées en deux. Les phrases commençaient sur la première tombe et continuaient ou finissaient sur la seconde.

Draco Malfoy - Harry Potter

né le 5 juin 1488 - né le 31 juillet 1488

mort le 16 décembre 1514 - mort le 16 décembre 1514

Sans toi, l'amour… - …n'a aucun sens,

Sans toi, le monde… - …est vide de sens,

Sans toi, les gens… - …sont fades de sens,

Sans toi, les mots "Je t'… - …aime" n'ont aucun sens,

Sans toi, je suis… - …vide de sens,

Alors avec toi, je vivrai… - …pour l'éternité,

Avec toi, on s'aimera… - …pour l'éternité,

Et l'éternité elle-même… - …n'en sera pas assez longue.

Le jeune homme était bizarrement très ému par les mots qu'il venait de lire. Il ne put empêcher deux petites larmes de couler sur ses joues.

- Ah je vois que vous avez découvert la tombe des Amoureux Aveugles, dit tout à coup une voix derrière le jeune homme.

Ce dernier sursauta et se tourna vivement vers la personne qui venait de parler. C'était un vieil homme, habillé avec soin et richesse dans un ensemble costume cravate complet. Il le regardait avec un sourire bienveillant et des petites étincelles clignotaient dans ses yeux.

- Les Amoureux Aveugles ? demanda le jeune homme surpris par l'appellation quelque peu bizarre.

- Ah, je vois que vous ne connaissez pas leur histoire. Eh bien, si vous voulez, venez chez moi pour un petit thé et je vous raconterai ce qui fut pendant un temps l'une des plus grandes tragédies que même les tragédiens les plus tragiques n'auraient jamais pu imaginer, fit le vieil homme en gloussant de son jeu de mots.

Etrangement le jeune homme se sentait en confiance, comme si au plus profond de lui-même, il savait que ce vieil homme était inoffensif et qu'il ne lui ferait pas de mal. Alors il accepta et pendant qu'ils marchaient, lui posa timidement une question qui lui brûlait les lèvres.

- Hum excusez-moi, monsieur, mais comment vous appelez-vous ?

- Ah oui pardon, c'était la moindre des politesses de vous le dire. Je me nomme Albus Dumbeldore, je suis historien et j'habite dans le château que vous voyez là, il s'appelle Poudlard.

- Poudlard ? Quel nom étrange ! s'étonna le jeune homme.

- Eh bien, bien vous saurez bientôt pourquoi il s'appelle ainsi car il a un lien direct avec les Amoureux Aveugles, bien qu'il soit beaucoup plus ancien. En fait je crois qu'on pourrait écrire tout un livre sur l'histoire de ce château, vous saviez par exemple qu'au Moyen-Âge, la population s'était révoltée contre le seigneur actuel et avait tenté de brûler le château ? D'où les briques noires…

- Mais pourquoi ? Il était cruel le seigneur ? demanda le jeune homme.

Dumbeldore sourit de tant de naïveté et secoua la tête.

- Non, il était soupçonné de sorcellerie.

Le jeune homme éclata de rire en se disant que les gens de l'époque devaient être bien bêtes pour y croire.

- Ne riez pas jeune homme, les gens de l'époque étaient très crédules, ils craignaient par dessus tout d'aller en enfer et pour eux la sorcellerie était une arme de Satan lui-même.

- Mais enfin la sorcellerie n'existe pas voyons ! s'écria le jeune homme.

- Oui je le sais, vous le savez, tous les gens de notre époque le savent, mais l'atmosphère était toute autre en ces temps anciens.

- Je voudrais que vous me racontiez ça également, dit le jeune homme tout excité comme un gosse ce qui n'était pas très loin de la vérité vu qu'il venait à peine d'avoir 18 ans.

- Je n'y manquerai pas si vous revenez, fit le vieil homme avec malice.

Tout en parlant ils étaient arrivés devant un portail qu'ils avaient franchi et après avoir traversé une longue allée, ils parvinrent devant une grande et lourde porte de chêne qui s'ouvrit sur un majordome. Ce dernier s'adressa respectueusement au vieil homme.

- Monsieur a fait une bonne promenade ?

- Oui, excellente. Je vous remercie, Rusard. Pouvez-vous me dire où se trouve ma femme ?

- Madame se trouve dans son jardin personnel, répondit le majordome toujours de cette voix guindée et respectueuse.

Le jeune homme était impressionné, lui qui habitait dans un bouge, voir ça était quelque chose de nouveau.

- Bien, veuillez la prévenir que je suis rentré et que j'ai amené avec moi un jeune ami. Veuillez aussi nous apporter un plateau de thé au salon bleu, s'il vous plaît.

Le majordome hocha la tête et après s'être incliné disparut dans la maison. Dumbeldore entra à son tour et se dirigea vers l'une des nombreuses portes du Hall.

Le jeune homme quant à lui, était complètement bouche bée. A peine le seuil franchi, il s'était arrêté, stupéfié et les yeux écarquillés devant tant de magnificence.

En se rendant compte qu'il n'était plus suivi, Dumbeldore se retourna et sourit d'un air amusé en voyant l'expression ahurie du jeune homme.

- Hum hum, fit-il au bout d'un moment pour attirer l'attention de ce dernier.

Le concerné d'ailleurs sursauta et un peu honteux et rosissant rejoignit le maître des lieux.

- Excusez-moi, murmura-t-il son visage prenant feu sous les yeux scrutateurs.

- Ce n'est pas grave, cette maison fait toujours le même effet aux gens qui viennent ici pour la première fois.

Tous en parlant, il avait ouvert la porte devant laquelle il se trouvait, et ils entrèrent dans un salon qui comme son nom le disait était bleu. Les murs étaient peints dans un bleu océan et aux portes-fenêtres étaient accrochés des rideaux d'un bleu très pâle et tellement légers qu'ils en paraissaient aériens.

- Asseyez-vous, le pria Dumbeldore et le jeune homme obéit.

Lorsqu'ils furent tous les deux bien installés, le jeune homme demanda avec des étoiles dans les yeux

- Alors quelle est l'histoire des Amoureux Aveugles et d'ailleurs qui sont-ils ?

Le vieil homme sourit devant tant d'impatience.

- Ah la jeunesse…

Le plus jeune rougit légèrement et baissa la tête qu'il releva en entendant l'homme rire. Alors il se permit de se détendre et sourit, amusé lui aussi.

- Ah mon jeune ami, je suis un vieil homme et cette marche m'a en quelque sorte déshydraté, alors je préfère que nous buvions d'abord notre thé. Ensuite nous irons dans la bibliothèque qui est beaucoup plus accueillante que ce salon, et où je me ferai un plaisir de vous narrer cette histoire.

A ce moment-là, la porte s'ouvrit sur une grande femme, à l'apparence sévère et habillée de manière stricte. En apparence seulement ! Car lorsqu'elle s'approcha plus près, le jeune homme put remarquer, épinglée sur sa robe une petite broche en forme de rose, signe de coquetterie. Et dans ses yeux, brillait une étincelle de gentillesse. Elle s'approcha dignement de son mari et s'assit à côté de lui dans le canapé. Tout de suite, le jeune homme sauta sur ses pieds et s'inclina devant elle en se présentant. La femme sembla surprise mais sourit gracieusement.

- Je me nomme Minerva Dumbeldore, née McGonagall et je suis l'épouse de ce vieux croûton assis à côté de moi, ajouta-t-elle avec humour en faisant un clin d'œil au jeune qui semblait surpris tandis que Albus prenait un faux air outré.

- Hé, je croyais que tu m'aimais ! s'écria-t-il.

- Oui, mais cela n'empêche pas le fait que tu sois un vieux croûton.

Le vieil homme se mit à bouder, tandis que le jeune ne put empêcher un petit rire traverser ses lèvres.

- Pour des vieux vous êtes cools, ne put-il s'empêcher de dire entre deux rires.

- Un peu de respect pour tes aînés, jeune homme. Tes parents ne te l'ont jamais appris ? dit sévèrement Minerva.

Le visage du garçon s'assombrit tout d'un coup et plus aucune expression n'y filtra. Ce n'était plus qu'un visage glacial qu'il présentait aux deux personnes, et ce fut d'une voix basse et polaire qu'il répondit.

- Je suis désolé, mes parents sont morts avant d'avoir pu m'apprendre quoi que ce soit.

Un grand silence s'abattit dans la pièce. Le garçon baissa la tête et se leva s'apprêtant à quitter la pièce.

Il était déjà presque arrivé à la porte quand soudain le vieil homme sembla reprendre ses esprits et reprit la parole.

- Peut-on savoir où vas-tu ?

Le garçon s'arrêta, mais ne se retourna pas. Il baissa la tête et ses épaules s'affaissèrent encore plus.

- Où que j'aille c'est la même rengaine. On t'a jamais appris les bonnes manières, jeune homme ? Ou alors : Tes parents sont-ils trop occupés pour t'éduquer un peu plus correctement ? Oui je sais que je n'ai jamais appris les bonnes manières, je n'ai aucune éducation, et je n'ai connu mes parents que pendant sept malheureuses années sur toute ma misérable vie, alors moi je vous dis que j'y peux rien, que ce n'est pas ma faute. S'il y a bien quelqu'un à qui vous en prendre, c'est bien à l'assassin qui a tué mes parents.

A présent les larmes coulaient sur son visage sans même qu'il ne s'en rende compte. Malgé cela, il continua avec la voix un petit peu enrouée.

- Alors vous voyez, ce n'est pas de ma faute. Je suis désolé de vous avoir dérangé. Pardonnez-moi, vous ne me reverrez plus jamais. Adieu.

Le jeune garçon mit sa main sur la poignée de la porte et s'apprêtait à la tourner quand Dumbeldore parla à nouveau.

- Qui a dit que tu nous dérangeais ?

La main se figea sur la poignée.

- Et je pense que c'est plutôt à moi de m'excuser.

Cette fois, c'était Minerva Dumbeldore qui venait de parler. Le jeune homme ne bougea plus. Il était comme paralysé.

- Oui, je te dois mes excuses pour mon manque de tact. Je suis désolée, ma seule excuse est que j'ignorais à propos de ta perte alors que tu étais si jeune et surtout dans des circonstances aussi tragiques. Je te présente mes plus sincères exc-

Le garçon se tourna brusquement et la fixa droit dans les yeux.

- Je ne veux pas que vous vous excusiez. Une femme de votre rang n'a pas à s'abaisser pour faire des excuses à un misérable comme moi. Je ne suis qu'un garçon de rues, orphelin et sans domicile et qui arrive à peine à amasser assez d'argent pour acheter tous les mois un bouquet de fleurs pour le mettre sur la tombe de ses parents. Vous voyez, je ne suis rien, alors pas la peine de me faire des excuses.

- Ne dis pas de bêtises, mon garçon. Tu sais même si tu n'as pas eu d'éducation, je vais te donner une leçon… je pense la plus importante.

Pour seule réponse, le garçon leva un sourcil et attendit patiemment que Dumbledore continue. Mais c'est ça femme qui parla.

- La chose la plus essentielle que tu dois savoir, c'est que ce n'est pas à son rang ou à son statut social que l'on juge un homme, mais sur ce qu'il a à l'intérieur de lui. Plus précisément ici, ajouta Minerva en pointant son cœur, alors ne viens pas me dire que tu ne vaux rien parce que je sais très bien que c'est faux.

- Ah oui ? Qu'est-ce que vous en savez, hein ? Vous me connaissez depuis à peine une heure, de quel droit vous pouvez me dire comme ça que vous me connaissez ? cria le garçon.

Il était passé en mode défensif, car non seulement il se sentait encore avec les émotions à fleur de peau pour avoir récemment pleuré mais par dessus tout, il sentait la peur qui s'insinuait progressivement en lui. Jamais encore il n'avait laissé personne l'approcher de trop près, que cela soit physiquement ou psychologiquement, et là il sentait que cette femme à l'aspect si sévère était sur le point de briser sa carapace. Cette carapace qu'il avait mis tant d'années à construire autour de son cœur et qui était en train de s'effriter sous la compréhension et la chaleur qu'il lisait dans le regard de cette femme. Ça faisait si longtemps qu'il n'avait plus ressenti cette impression de sécurité, si longtemps qu'il n'avait plus vu autre chose que le mépris et le dégoût dans le regard des Hommes, si longtemps que tout. Il était fatigué, il avait déjà 18 ans, ça faisait 11 ans qu'il vivait seul dans la rue, il avait du apprendre rapidement à y survivre et maintenant… maintenant après toutes ces années d'horreur, cette femme lui proposait son soutien. Alors doucement, la tension dans ses épaules se relâcha, il laissa les larmes si longtemps contenues rouler sur ses joues et la carapace autour de son cœur se brisa en mille morceaux à mesure qu'il laissait ses émotions – la douleur ! – l'envahir tout entier.

Il tomba dans les bras de Minerva Dumbeldore en sanglotant comme un petit garçon de cinq ans perdu. Il pleura, il pleura longtemps jusqu'à l'évanouissement.

Minerva regarda pendant un moment le visage paisible et endormi de cet enfant qui avait dû grandir trop vite, puis se tourna vers son mari.

- Je pense Albus qu'on devrait le placer dans une chambre et le laisser dormir. Dieu sait depuis combien de temps ce garçon ne s'est pas reposé correctement.

Le vieil homme, le visage exceptionnellement grave hocha la tête et appela le majordome. Ce dernier apparut tout de suite.

- Monsieur désire ?

- Je voudrais, Rusard, que vous prépariez la chambre du Lotus et que vous y couchiez ce jeune homme. Veillez à ne pas le réveiller, il a besoin de sommeil.

Rusard s'inclina puis appela deux valets pour qu'ils portent le jeune garçon jusqu'à la chambre désignée.

Une fois resté seul avec sa femme, il se tourna vers elle et la regarda avec un je-ne-sais-quoi dans le regard. Minerva comprit tout de suite l'état d'esprit de son mari et soupira.

- Oui je sais, Albus, tu aimes bien ce garçon et tu veux lui venir en aide.

- Aaah ma chérie, tu me connais trop bien pour mon propre bien.

Sa femme eut un petit sourire en coin et secoua la tête.

- Oui c'est vrai qu'après 50 ans de mariage, il aurait été suspect que je ne te connaisse pas, mais cela n'empêche pas le fait que c'est le cinquième enfant que tu ramènes chez nous…

- …et tu penses qu'immanquablement celui-ci aussi nous allons l'adopter ?

- Non je ne le pense pas, j'en suis sûre. A chaque fois c'est le même scénario. Tu ramènes ces gamins parce que tu es attendri par eux, tu les aides à surmonter les épreuves et immanquablement ils deviennent tes enfants en quelque sorte, ce qui fait que tu les adoptes.

Pour faire bonne mesure, Albus secoua la tête.

- Mais non, Minerva, et puis je n'en ai adopté que deux, les trois autres sont libres comme le vent, ce qui ne les empêche pas de venir me rendre visite. C'est tout.

- Albus, arrête de me raconter des sornettes, j'ai bien vu cette lueur dans tes yeux. Ce garçon t'intéresse comme aucun des cinq autres ne l'a fait. Quelque chose dans ce garçon t'attire et tu as envie de percer sa carapace. Tu sens qu'avec celui-là ce sera beaucoup plus difficile qu'avec les autres, tu pressens le drame qu'a vécu ce garçon.

- Oui et c'est pour ça, que je vais lui raconter une certaine histoire…

Minerva sembla ouvrir démesurément les yeux.

- Tu ne parles pas de celle-là ?

- Je pense sincèrement que ça pourrait l'aider, lui répondit le vieil homme.

- Et si c'était le contraire qui se réalisait ?

Dumbeldore sembla plonger dans ses pensées pendant quelques instants, puis il répondit.

- C'est un risque à prendre.

Son épouse ne rajouta plus rien, mais Albus savait qu'elle n'en pensait pas moins.


Dumbeldore toqua doucement à la porte de la chambre où dormait le garçon. Un faible « Entrez » retentit.

Le jeune garçon était couché dans un immense lit et semblait avoir repris des couleurs normales. Sa pâleur avait plus ou moins disparu.

- Comment vas-tu ce matin ? demanda le vieil homme.

Le jeune garçon sourit faiblement.

- Je vais bien merci et… en ce qui concerne hier… je voudrais m'excuser de m'être emporté. Ça ne me ressemble pas, je ne sais pas pourquoi j'ai réagi aussi excessivement.

Le barbu eut un sourire triste.

- Tu n'as pas à t'excuser. Minerva a touché un point sensible, c'est pour ça. Depuis que tu es très jeune, tu as fermé ton cœur derrière une carapace et hier soir tu t'es en quelque sorte senti menacé. Quelque part en toi, inconsciemment, tu refuses de t'ouvrir aux gens parce que tu ne veux plus souffrir. Je suppose que pour avoir cette réaction, il en a dû t'arriver des choses.

Le jeune garçon baissa la tête refusant de dire quoi que ce soit. Ce vieux monsieur le mettait mal à l'aise, il se sentait tout nu, comme décortiqué sous ce regard perçant. Parce que le pire c'est que cet homme si gentil avait tout à fait raison…

Mais Albus continuait à parler.

- Mais mon garçon, tu dois savoir que la souffrance fait partie intégrale de la vie. Si tu n'as pas souffert au moins une fois dans ta vie, c'est que tu ne l'as pas vraiment vécue. Parce que tu sais, pour mieux savourer le bonheur, il faut connaître sa valeur. Et tu ne peux apprécier cette valeur qu'en sachant qu'il faut la mériter. Donc la souffrance n'est qu'un détail dans tout un grand processus.

Intrigué le jeune homme leva les yeux. Dumbeldore lui sourit de l'air bienveillant qui le caractérisait.

- Si je comprends bien, vous dites que la souffrance est une partie primordiale de la vie ? demanda le garçon extrêmement surpris.

- Tout à fait. Bien sûr je ne dis pas que la souffrance est une bonne chose, loin de là, je dis juste qu'il faut en passer par là pour savourer pleinement le bonheur. Si tu as ça en tête, tu as une chance de t'en sortir. Tu ne dois pas avoir peur de souffrir, car en fermant ton cœur tu risques de passer à côté de belles choses comme par exemple…

- …l'amour, compléta le jeune homme dans un souffle.

- Eh oui, l'amour, qui est à la base même de l'humanité. Sans l'amour, les hommes ne sont rien d'autre que des amas de chair et d'os façonnés. Notre richesse vient des sentiments que nous sommes capables d'exprimer.

Un petit silence passa pendant lequel le garçon sembla réfléchir, puis il leva la tête et demanda

- Mais je ne comprends pas, enfin, si j'en crois ce que vous dites la souffrance va de pair avec l'amour ?

- Oui, tu sais l'un ne va jamais sans l'autre. Pour que tu comprennes mieux, je vais te raconter l'histoire de deux jeunes hommes qui se sont aimés passionnément…

- Vous parlez des deux tombes en forme de cœur que j'ai vu hier, les Amoureux Aveugles ? l'interrompit le jeune garçon.

- Oui, en effet.

Puis Dumbeldore se leva du lit où il s'était assis à côté du garçon, prit un fauteuil qu'il traina jusqu'en face de ce dernier et s'y assit confortablement.

- Alors, l'histoire se passe au 16e siècle. C'était sous le règne du roi Henry VIII, connu surtout pour ses mœurs libertines. En ce temps, deux jeunes garçons…


Le bal battait son plein et on était déjà assez avancé dans la nuit. Cependant Draco Malfoy s'ennuyait ferme. Si cela n'avait pas tenu qu'à son éducation, il en aurait presque baillé. Il était plus que las de ses festivités doublées d'hypocrisie. Il en avait marre de ces femmes qui se jetaient sans aucune honte ni vergogne sur lui. Elles avaient plus l'air de courtisanes que de dames de la haute société. Draco avait à peine 21 ans et il avait déjà couché avec la moitié des plus belles femmes de l'aristocratie.

L'autre moitié ayant été passée à la moulinette par son rival, Harry Potter.

D'ailleurs semblant se souvenir de lui, Draco le chercha dédaigneusement des yeux dans la salle. Finalement il le trouva assis sur une chaise en train de regarder d'un œil désabusé le bal qui se déroulait et semblant indifférent à la greluche accrochée à son bras. D'ailleurs cette dernière semblait taper sur les nerfs du brun, qui n'en pouvant plus se leva brusquement et sortit par l'une des portes-fenêtres ouvertes donnant sur le jardin.

Draco y vit une nouvelle occasion pour embêter son rival. Aussitôt pensé, il se leva et slalomant habilement entre les personnes présentes pour les éviter, il sortit par la même porte-fenêtre.

De toute façon si Draco l'avait voulu, il aurait pu s'en aller vu que le roi s'était éclipsé depuis longtemps avec sa maîtresse du moment, laissant le reine Catherine seule en train de médire avec les vieilles de l'aristocratie et cherchant en même temps un amant pour cette nuit.

Après être arrivé dans le jardin, Draco s'arrêta pour chercher des yeux un endroit susceptible où Potter aurait pu se cacher. Finalement il choisit le chemin de gauche et s'enfonça dans les arbres.

Cela faisait déjà une dizaine de minutes qu'il marchait, s'éloignant de plus en plus du château où la fête battait son plein. Soudain il aperçut un tissu blanc accroché à l'un des arbres. Dans la nuit noire, ce tissu donnait l'impression de briller. En s'approchant, le blond tendit la main, mais avant qu'il ait pu attraper le tissu, le sol se déroba sous ses pieds et…

TBC

Et voilà, un premier chapitre de terminé. Je tient d'ores et déjà à préciser que ce sera une mini-fic qui comportera cinq chapitres en tout. En attendant, qu'avez-vous pensé de ce début ?

Bisous bisous et à bientôt,

NdM