Bonjour à tous.
Voilà une petite histoire qui me trotte dans la tête depuis un moment. Ce sera une histoire assez courte, pas plus de quatre où cinq chapitres, je pense.
J'espère qu'elle vous plaira.

Evidemment, BLEACH ne m'appartient pas sinon Gin ne serait jamais parti avec Aizen. ^^'

Bonne lecture.

CHAPITRE 1.

Tôshirô Hitsugaya se hâtait pour se rendre à la réunion des capitaines qui allait commencer. Il était déjà en retard mais malgré sa hâte, il ne parvenait pas à aller plus vite. La neige tombée dans la nuit entravait ses déplacements et gênait ses mouvements. Il devait faire très attention où il posait ses béquilles pour ne pas tomber. La dernière chose qu'il voulait c'était s'humilier devant le reste du Gotei et aggraver ses blessures. C'était déjà assez chiant comme ça de devoir se traîner comme une limace avec ces béquilles. Il était pressé de s'en débarrasser. Mais à en croire Unohana c'était pas demain la veille. Sa jambe était trop abîmée pour qu'il puisse remarcher normalement un jour.

Ca le mettait en colère... ça et l'autre aussi...

Tôshirô soupira, formant un nuage de vapeur devant son visage, puis il essaya de marcher plus rapidement. Il savait que Yamamoto l'attendrait pour débuter la réunion, mais il ne voulait pas se faire encore remarquer en arrivant en retard. Sasakibe l'accueillit lorsqu'il entra dans la caserne de la première division.

- Capitaine Hitsugaya, bienvenue. Veuillez rejoindre la salle de réunion s'il vous plaît. Ils n'attendent plus que vous.
Tôshirô ne répondit pas, il se contenta de lancer un regard glacial vers le vice-capitaine et de passer devant lui en clopinant. Il se rendit à la salle de réunion dont la porte était encore grande ouverte, lui permettant de se rendre compte qu'il était effectivement le dernier. Les autres capitaines attendaient à leurs places, bavardant entre eux à vois basse. Yamamoto, lui, attendait assis sur son siège. Quand Tôshirô entra dans la salle, Sasakibe referma la porte derrière lui. Les conversations cessèrent aussitôt et des regards se tournèrent vers Tôshirô.

- Prenez place, capitaine Hitsugaya, fit Yamamoto en levant la tête vers lui.
Tôshirô se traîna vers sa place entre Kyoraku et Kurotsuchi sans accorder de regard aux autres. Il savait que tout le monde l'observait. Il savait ce que tout le monde disait au Seireitei. Même s'il faisait comme s'il ne voyait rien, il voyait bien les regards apitoyés qu'on lui lançait. Le jeune prodigue du Gotei brisé avant même d'avoir eu le temps de s'affirmer. Leurs réactions devant son état le rendait fou de colère. Il n'avait pas besoin de leur pitié.

Yamamoto commença à parler. Tôshirô écouta un moment, mais bientôt son esprit divagua. La douleur dans sa jambe l'empêchait de se concentrer sur quoi que ce soit. Il serrait les dents pour ne rien laisser paraître et s'appuyait plus lourdement sur ses béquilles. La sueur perlait sur son front. Tout en coinçant la béquille sous son aisselle, il leva la main gauche et essuya son front humide de la manche de son kimono. C'est à ce moment que son regard croisa celui de son sauveur, cet homme qu'il avait pourtant juré de tuer de ses propres mains, celui qu'il avait accusé à tort d'être un assassin et un traître. L'homme qui avait pourtant fait échouer sa mission pour le sauver. Celui qui était devenu sans le savoir son tourment.

Ichimaru Gin.

L'ancien traître, qui ne l'était pas, lui lança un sourire et Tôshirô détourna brusquement la tête en espérant qu'il ne rougissait pas. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine et il prit une grande inspiration pour essayer de le calmer. Il ne savait pas comment c'était arrivé. Tout ce qu'il savait c'était que c'était là. Il avait passé la majeur partie de son hospitalisation à essayer de comprendre. Mais qui pouvait comprendre les élans de son coeur? Tôshirô avait bien dû se rendre à une évidence surprenante: il aimait cet homme. Mais Ichimaru n'avait aucun intérêt pour lui. Il passait tout son temps libre avec la vice-capitaine du jeune génie qui commençait à en éprouver une jalousie qu'il avait du mal à contenir. Il ne supportait plus de voir Matsumoto face à lui, elle qui avait pourtant toujours été la plus loyale des vice-capitaine.

Cependant, dans sa hâte de se détourner de l'homme qui le hantait jours et nuits, il ne remarqua pas que le sourire de Gin était plus doux et plus sincère que ceux qu'il lançait habituellement, pas plus qu'il ne remarqua son froncement de sourcil un peu peiné lorsqu'il tourna la tête d'un air hargneux. Gin soupira doucement en baissant la tête ce qui lui valut un regard en bais de son voisin, Komomura Saijin.

La réunion continua tranquillement. Yamamoto donna les dernières nouvelles des préparatifs avant de passer aux différents mouvements de l'ennemi. Aizen avait certes perdu plusieurs espada mais il n'avait pas encore perdu la guerre. Les nouvelles n'étaient pas bonnes et il fut bientôt question de rapatrier au Seireitei le rouquin Kurosaki Ichigo et toute sa bande d'amis afin de les protéger d'Aizen et d'obtenir leur aide dans les batailles qui s'annonçaient.

Tôshirô écouta en se concentrant sur les paroles du vieux autant qu'il pouvait, mais son regard revenait sans cesse sur Gin qui ne lui prêtait plus la moindre attention. Son coeur se serra. Il serra les poings sur ses béquilles tandis qu'une colère sourde montait en lui. Il était déçu du comportement de Gin mais à quoi s'attendait-il vraiment. Que ce serpent devienne un agneau et qu'il soit aux petits soins pour lui? Ce n'était pas son genre. Il ne s'occupait de personne. Il préférait blesser et faire mal plutôt que de perdre son temps avec les autres.

La réunion suivit son cours normalement sans interruption ni incident. Yamamoto parla longuement des opérations qu'il prévoyait lancer pour regagner l'avantage sur les troupes d'Aizen. Tôshirô ne l'écouta que d'une oreille. Il n'était pas concerné, ayant une jambe dans cet état il n'avait plus sa place sur un champ de bataille, comme le lui avait si aimablement fait remarquer Byakuya Kuchiki. Sa carrière se déroulerait à l'arrière dorénavant et il s'attendait à ce qu'on lui retire à tout moment son grade de capitaine pour incapacité physique. Ces menaces, réelles ou non, n'étaient pas pour améliorer sa déprime.

Lorsque la réunion fut ajournée, Tôshirô se dirigea vers la porte pour sortir. Au moment de franchir la cloison coulissante, il fut bousculé par Kurotsuchi qui donna, intentionnellement ou non, un coup de pied dans l'une de ses béquilles. Tôshirô poussa un cri de surprise mais au moment où il allait tomber, il fut saisit à la taille par des bras puissants et plaqué contre un torse solide. Il fut enveloppé d'un puissant réiatsu et d'un parfum de menthe et de miel qu'il connaissait bien.

- Eh bien, Hitsu-chan, tu ne tiens plus debout, fit la voix douce de Gin à son oreille.

- Ichimaru!
Le gamin frissonna en sentant le souffle chaud du plus grand sur sa nuque.

- C'est cet abruti de Kurotsuchi, grogna Tôshirô.
Gin le remit doucement sur ses pieds et s'écarta du gamin.

- Fais attention maintenant, conseilla-t-il en ébouriffant les cheveux de Tôshirô.
Hitsugaya n'eut pas le temps de râler, Gin s'en allait déjà dans le couloir.

- Attend, Ichimaru, ordonna-t-il.
Il allait se lancer à la poursuite de son tourment pour avoir des réponses mais celui-ci ne se retourna pas. Tôshirô fit deux ou trois pas sur ses béquilles mais à ce moment, Ukitake se planta devant lui, l'obligeant à s'arrêter.

- Tu devrais être plus prudent, Hitsugaya-kun, fit-il avec un sourire bienveillant. Si tu continues à t'agiter comme ça, tu risques de te faire mal et d'aggraver ta blessure.
Il posa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule de Tôshirô l'empêchant de bouger.

- Laisse moi passer, Ukitake, ordonna le gamin.

- Allons ne sois pas aussi pressé, Hitsugaya-kun, tu auras tout le temps de travailler plus tard, répondit l'autre se méprenant sur la raison de l'empressement du plus jeune à sortir.
Tôshirô vit Gin disparaître au bout du couloir et tourna un regard noir vers Ukitake qui fouillait dans sa veste de kimono. Il en tira un sac de papier qu'il fourra sans complexe dans la veste du plus jeune, profitant qu'il avait les deux mains prises et ne pouvait protester.

- Je te raccompagne chez toi, annonça Ukitake.
Tôshirô sentait monter en lui l'envie de battre l'autre avec ses béquilles mais il ne put pas résister quand Ukitake l'entraîna vers la sortie de la caserne en le tenant par l'épaule.

Tôshirô effectua tout le long chemin vers la dixième caserne en maudissant Ukitake qui ne voulait pas le lâcher. Il n'avait pas pu voir Ichimaru et il se retrouvait protégé comme un enfant sans défense. Ça l'agaçait, mais il ne parvenait pas à se débarrasser de l'autre capitaine. Ukitake ne s'en alla qu'une fois que Tôshirô fut assis derrière sa table de travail dans son bureau. Furieux, le gamin envoya balader ses béquilles à travers la pièce. Pourquoi tout semblait se liguer contre lui comme ça? Il détestait Ukitake et sa manière de le materner depuis qu'il était revenu de Las Noches. Agacé, Tôshirô tira le paquet de bonbons que l'autre capitaine avait fourré dans sa veste et le jeta dans sans même l'ouvrir pour voir ce qu'il contenait.

Il observa un instant la pile de papier qu'il avait à remplir et à signer. Il n'avait pas envie de travailler et c'est avec un dégoût inhabituel qu'il posa devant lui la première feuille. Il prit un pinceau et lança un regard autour de lui avant de se mettre au travail. Evidemment, Matsumoto n'était pas revenue de la réunion des vice-capitaines. Elle devait probablement traîner quelque part avec Ichimaru. Cette seule pensée fit monter une bouffée de jalousie et de colère dans le coeur du jeune capitaine et il serra les poings si fort qu'il en brisa son pinceau entre ses doigts. Il jeta les morceaux et en prit un autre avant de se mettre au travail avec une rage mal contenue.

Matsumoto ne revint que plusieurs heures plus tard au milieu de l'après midi. Tôshirô était toujours derrière son bureau occupé à finir ses papiers. Il ne leva pas la tête quand elle entra dans le bureau. Il garda le regard rivé sur sa paperasserie tandis que la jeune femme le regardait depuis la porte du bureau.

- Vous êtes là, capitaine. Je ne pensais pas vous voir encore ici.

- C'est certainement pour ça que tu rentres à cette heure, répliqua-t-il de sa voix glaciale. Où étais-tu?
Il ne lui laissa pas le temps de répondre avant de reprendre:

- Non, je ne veux même pas le savoir. Assied toi et travaille.
La blonde lui lança un regard étonné avant d'obéir. Elle s'assit derrière son bureau et s'attela à la tâche sans protester. Depuis qu'il était sorti de l'hôpital, Hitsugaya était vraiment de très mauvaise humeur. Il semblait toujours furieux contre elle, même quand elle ne faisait rien pour l'agacer. Elle se demandait pourquoi il semblait lui en vouloir. A chaque fois qu'elle lui posait des questions à ce sujet, il l'envoyait balader sans ménagement. Elle commençait vraiment à se demander ce qu'elle avait fait de mal. Elle l'observa un instant mais il semblait décidé à l'ignorer.

- Capitaine, commença-t-elle au risque de se faire rabrouer. Vous avez oublié votre rendez-vous avec le capitaine Unohana.
Tôshirô leva enfin les yeux de son travail.

- Tu ne pouvais pas me le dire plus tôt, gronda-t-il, furieux.
Rangiku préféra ne rien répondre.

- Qu'est-ce que tu attends, apporte moi mes béquilles, idiote.
La jeune femme regarda autour d'elle et découvrit les béquilles gisant au sol à l'autre bout de la pièce. Hitsugaya étant incapable de se déplacer sans elles, la blonde se demanda comment il comptait rentrer chez lui si elle n'était pas revenu au bureau. Elle se leva en retenant un soupire d'agacement et de lassitude et lui amena ses béquilles. Il les prit sans la remercier et se leva difficilement avant de claudiquer hors du bureau sans même un regard pour elle. Rangiku le regarda sortir un air alarmé sur le visage.

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Tôshirô claudiqua en direction de la quatrième division en empruntant les rues les plus praticables afin de faciliter sa progression. Il avait horreur de ces rendez-vous avec Unohana qui ne cessait de le couver d'un regard désolée. Tôshirô en avait assez de l'entendre lui parler comme s'il était responsable de l'aggravation de sa blessure. C'était de sa faute à elle si elle était incapable de le soigner, si elle était plus compétente, il n'aurait pas besoin de se traîner comme ça avec ces maudites béquilles. Si elle était plus compétente, il serait à nouveau le jeune capitaine qu'il était auparavant et il n'aurait plus à supporter tous ces regards de pitié qu'il sentait braqués sur lui. Et Gin ne pourrait plus lui échapper aussi facilement.

C'est un Hitsugaya furieux qui arriva finalement à la quatrième division après près d'une heure de marche. Il se dirigea directement vers le bureau de Unohana en la maudissant d'avance pour ce qu'elle allait lui dire et qu'il devinait parfaitement. Il frappa contre la porte avec l'une de ses béquilles et Isane ne tarda pas à venir lui ouvrir.

- Bonjour capitaine Hitsugaya, fit-elle avec un sourire.
Au moins, elle, elle ne le regardait pas comme s'il était mourant. Il y eut un mouvement derrière elle et elle s'écarta pour laisser passer sa supérieur.

- Suivez-moi, Hitsugaya-kun, fit simplement Unohana en passant devant lui.
Le jeune shinigami se détourna de Isane sans un mot et suivit Unohana jusque dans la salle de soin qu'elle utilisait toujours pour l'ausculter.

- Asseyez-vous, ordonna-t-elle de sa voix douce.
Tandis que Tôshirô posait ses béquilles contre une chaise pour monter sur la table d'auscultation, Unohana referma doucement la porte derrière elle. Elle s'approcha de lui et lui sourit.

- Comment vous sentez-vous?

- Très bien mentit-il.
"Mais ça irait beaucoup mieux si cet imbécile de Ichimaru me regardait" pensa-t-il en boudant.

- Nous allons voir ça, fit la femme capitaine, une note de scepticisme raisonnant clairement dans sa voix. Allongez-vous.
Avec un soupir agacé, Tôshirô obéit. Unohana s'approcha et releva doucement son hakama pour examiner sa jambe droite. Les cicatrices rougeâtres dues à sa blessure se découpaient vivement sur la pâleur de sa peau. Il manquait une bonne partie du muscle de sa cuisse et son mollet semblait avoir été déchiqueté par des crocs puissants. Son tibia formait comme une bosse à l'endroit où il avait été fracturé. Son genou aussi avait été touché et en portait les marques.

Tôshirô tourna la tête vers l'un des mur. Il ne voulait pas voir l'état de sa jambe, il la voyait déjà suffisamment comme ça tous les jours, quand il se lavait et se changeait. Il entendit Unohana pousser un soupir avant de commencer à ausculter sa jambe.

- Vous n'avez pas mal? Demanda-t-elle.
Une main posée sous le genou de Tôshirô et l'autre le tenant par la cheville, elle obligeait la jambe blessée à effectuer des mouvements de flexion et d'extension.

- Non, grogna-t-il en serrant les dents.
Mais la grimace sur son visage disait bien autre chose. Unohana continua son examen durant de longue minutes. Tôshirô continuait à serrer les dents pour ne pousser aucun cri et s'obstinait à regarder ailleurs. La dernière fois que Unohana avait vu pareil comportement, c'était en examinant une jeune fille de la neuvième division après qu'elle ait été violé par deux brutes de la onzième division. La seule différence c'était que la jeune fille laissait librement couler ses larmes, elle.

- Retirez votre hakama, ordonna-t-elle soudain en s'écartant de la table.
Tôshirô la regarda avec des yeux ronds.

- Allez, retirez votre hakama, je voudrais vous voir marcher.
Le jeune capitaine poussa un soupire ouvertement agacé avant de se redresser et de dénouer son obi et les lanières qui retenait sa culotte sur ses hanches. Après ça, il se laissa glisser de la table et laissa son vêtement tomber au sol. Il tendit la main vers ses béquilles lorsque Unohana l'interrompit:

- Non, non! Je veux vous voir marcher sans ça.
Tôshirô lui lança un regard hargneux avant de prendre une grande inspiration.

Il fit un pas. Sa jambe gauche lui obéissait parfaitement mais il eut du mal à plier sa jambe droite suffisamment pour sortir son pied du tas de tissus que formait son hakama sur le sol. Il serra les dents avant de poser le pied sur les tatami et essaya de faire un pas. Sa jambe blessée se déroba sous lui et il se retrouva au sol avant même de sentir la douleur qui remonta le long du membre. Cette fois, il ne put retenir un cri. Unohana se précipita vers lui et l'aida à se relever. Elle le porta jusqu'à la table où elle l'installa.

- C'est bien ce que je pensais, fit-elle. Votre jambe ne guérit absolument pas. Au contraire, il semblerait que la douleur soit de plus en plus insupportable. N'est-ce pas, Hitsugaya-kun?
Le gamin ne répondit pas. Il se contenta de lancer un regard noir vers la femme médecin.

- Hitsugaya-kun, quand cesserez vous de vous obstiner. Votre jambe ne guérira jamais, elle vous fait souffrir inutilement. Vous devriez accepter de me laisser l'amputer.

- Sûrement pas, rugit Tôshirô, la colère flamboyant dans ses yeux.
Ce n'était pas la première fois qu'elle lui faisait cette proposition, mais elle se heurtait à chaque fois au même refus furieux. Elle comprenait parfaitement que cette solution était vu comme une mutilation par le jeune homme et qu'elle lui coûterait son poste de capitaine, mais elle mettrait un terme définitif à ses souffrances.

- Hitsugaya ...

- Je ne veux plus en entendre parler, gronda Tôshirô.
Il sauta de la table d'examen et remit rapidement son hakama avant d'attraper ses béquilles. Il quitta la salle sans un regard pour Unohana.

Non, il ne laisserait jamais personne lui couper la jambe, plutôt mourir.

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Rangiku poussa un soupir dépité. Bien qu'il sembla toujours en colère contre elle, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour Hitsugaya. Le jeune capitaine était vraiment étrange depuis son retour du Hueco Mundo. Il était aigri et sans cesse de mauvaise humeur. Elle avait l'impression qu'il lui reprochait quelque chose mais il ne lui disait jamais la cause de sa colère contre elle. A chaque fois qu'elle abordait le sujet, elle se faisait rabrouer sans aucun ménagement. Hitsugaya avait toujours eu un sale caractère mais il ne s'était jamais montré injuste ni insultant envers elle. Son comportement commençait à l'inquiéter sérieusement. Que s'était-il passé pendant qu'il était prisonnier de la forteresse d'Aizen?

Déterminé à le découvrir, la jeune femme se leva et quitta le bureau à toute vitesse. Une seule personne pouvait répondre à ses questions.

Gin.

Quand elle arriva dans le bureau du capitaine de la troisième division, elle ne trouva que Kira, le nez penché sur son travail. Gin n'était pas présent. Le blondinet sembla surpris de la voir à cette heure là.

- Rangiku-san? ... Je peux faire quelque chose pour toi?

- Où est Gin? Je dois le voir, c'est urgent.
Le jeune homme ne posa pas de questions. Il savait être discret avec les affaires ne le regardant pas.

- Il est monté se reposer chez lui, après être rentré tout à l'heure, répondit-elle. Il a dit souffrir d'une migraine et avoir besoin de calme.
Rangiku hocha la tête et remercia Kira avant de quitter le bureau et de prendre la direction des appartements privés de Gin au sein de la caserne.

L'attitude de son ami aussi était étrange depuis son retour du Hueco Mundo. Il avait l'air déprimé, bien qu'il essaya de le cacher. Même quand il essayait de s'amuser avec elle en l'emmenant boire un verre, le soir, il avait l'air de penser à autre chose et ne prêtait aucun intérêt à ce qui se passait autour de lui. Même son sourire paraissait forcé. Quelque chose semblait le ronger. Que c'était-il donc passé là-bas, dans cette forteresse maudite?

Rangiku entra dans les appartements après avoir frappé plusieurs fois sans obtenir de réponse. Gin n'était pas dans la salle principale où elle pensait le trouver, ainsi la blonde se permit de se diriger vers sa chambre. Elle frappa doucement à la cloison avant de faire doucement coulisser la porte et de jeter un oeil à l'intérieur de la pièce. Gin reposait sur son futon, tout habillé, étendu sur le dos tandis que sa main droite était posée sur son front. Rangiku entra et s'agenouilla près du futon.

- Ça ne va pas Gin?

- C'est rien, juste une migraine.
Il retira la main de son front et la fixa de ses paupières mi-closes.

- Que viens-tu faire ici en pleine journée?
La blonde resta muette quelques secondes avant de se jeter à l'eau:

- Je veux savoir ce qui c'est passé avec Hitsugaya pendant qu'il était au Hueco Mundo.
Gin ne répondit pas tout de suite. A la place, il poussa un profond soupir et détourna la tête. Il ne semblait pas avoir envie de lui répondre

- Je vais te préparer un thé, annonça Rangiku.
Elle quitta alors la chambre pour lui permettre de réfléchir tranquillement. Gin savait cependant qu'il n'y échapperait pas. Quand Rangiku voulait quelque chose, elle l'obtenait toujours, quitte à rendre les autres complètement fou. Il n'était pas certain de vouloir lui raconter ça, mais s'il ne le faisait pas, elle le poursuivrait jusqu'à ce qu'il cède. Autant se rendre les choses plus faciles.

Avec un soupir, il s'assit sur son futon et tendit la mains vers le flacon de cachets qui reposait près de son oreiller. Rangiku revint à ce moment, deux tasse fumantes sur un plateau. Elle le posa près de Gin et le regarda prendre deux cachets en silence.

- Assieds-toi, fit-il en lui montra de la main le bout de son futon.
La blonde s'exécuta et s'assit en tailleurs, face à lui.

- Ce qui s'est passé au Hueco Mundo, commença-t-il, visiblement incertain. Je ne pense pas que Hitsugaya veuille que l'entende mais tu t'en fiche n'est-ce pas. Tu vas continuer à me harceler jusqu'à ce que tu saches tout?

- Tout à fais, approuva-t-elle avec un sourire en coin.
Gin soupira et se passa doucement la main sur le font.

- Je vais te raconter alors, mais n'ébruite pas cette histoire s'il te plaît, je ne pense pas que Hitsugaya soit content que tout le Seireitei sache ce qui s'est passé là bas. Et je ne veux pas qu'il m'en veuille plus qu'il ne m'en veut déjà.
Rangiku le regarda en fronçant les sourcils.

- Pourquoi t'en voudrait-il, Gin, voyons?
Sans répondre, Gin commença son récit.