Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada

Rating M en prévision de certains chapitres.

Bon... Voici mon dernier projet... J'espère qu'il vous plaira. Avant toute chose et même si j'ai globalement horreur des OC, il y en a. Attendez ! Ne cliquez pas sur la croix rouge tout de suite, laissez moi une petite chance de vous les présenter tous les deux. Et puis vous vous en doutez, ou vous en douterez, ils ne seront pas là durant toute l'histoire. Ça n'était pas prévu, mais je me suis attachée à eux, alors voilà.

Vous constaterez également que j'ai quelque peu modifié la date des événements et que j'ai également fait un petit sort à la chronologie. Alors non, nos petits ors n'auront pas leurs armures à huit ans. Je retarde également l'épisode G et la prise de pouvoir par Saga. Tout cela a bien eu lieu certes, mais un peu plus tard. Désolée pour les puristes.

Vous l'aurez donc compris, l'action se déroule, de l'enfance à l'âge adulte, bien que l'âge adulte va arriver très très vite (si tant est qu'ils aient eu une enfance d'ailleurs...).

Bonne lecture !


Chapitre I

Sanctuaire d'Athéna – 7 février 1984

Quatre heures du matin. La nuit est encore sombre sur le sanctuaire, alors qu'une ombre humaine se presse hors du temple du scorpion, traînant derrière elle un enfant par la main, avec une rapidité inadaptée dans les marches taillées à même la pierre qui grimpent vers le temple du verseau.

- Elouan !

Sans réellement tenir compte de l'heure matinale à laquelle il pénètre sans ménagement dans les appartements privés du propriétaire, le huitième gardien lâche enfin la main d'un petit blond âgé de cinq à six ans.

- Elouan !

Impassible, le onzième gardien arrive, refermant sur lui un peignoir sombre avant d'adresser à son visiteur un regard contrit mais sans surprise.

- Bonjour Elios et... bonjour Milo.

- Je dois partir en mission dans moins d'une heure, j'ai besoin que tu me le gardes.

Sans vraiment réagir à la question masquée, Elouan s'installe dans un fauteuil en l'invitant à faire de même. Elios a ce caractère empressé qui parvenait encore à le faire sourire, il y a de cela quelques années seulement. Aujourd'hui, le verseau s'est armé de sagesse pour lutter contre cet attendrissement qu'il suscitait chez lui jadis. Car les deux hommes se connaissent de longue date, usant leurs semelles depuis de nombreux hivers sur le dallage du sanctuaire, au service exclusif et illimité de leur divinité. Et pour cause, ils fêteront cette année, leurs trente-trois années. Calmement, et sans quitter le regard azur de son frère d'arme, le onzième gardien poursuit.

- Et pourquoi ne rejoindrait-il pas le dortoir des apprentis pendant ton absence ?

- Parce qu'il me faut toujours des semaines après ça, pour le détoxiquer de leur influence ! Il passe bien trop de temps à pleurnicher dans les bras de Saga. Avec toi au moins je sais qu'il ne régressera pas.

- Je vois...

Lentement le verseau tourne son regard vers la tête blonde qui n'a pas pipé mot.

- Le problème vois tu, c'est que je pars également en mission ce matin.

- Une mission pour laquelle tu peux peut-être l'emmener ? La mienne est trop dangereuse.

- Effectivement, le mienne ne l'est pas... Le jour est arrivé d'aller chercher mon apprenti. Je pars pour Paris aujourd'hui.

- Parfait, toi, ton apprenti et le gamin ! Avec vous deux, il évoluera vers ce que je m' atèle à le faire devenir. Accepte. Et puis il n'est pas compliqué à surveiller, il n'a même pas encore trouvé le moyen d'éveiller son cosmos.

Honteux, l'enfant baisse les yeux, ne parvenant pas à soutenir le regard du verseau, d'un vert si pâle qu'il semble translucide et impressionnant de pureté.

- Il a cinq ans et demi, Elios...

- Et alors ? Bon... Tu me le gardes ou pas ?

- D'accord...

Quelques heures après, le chevalier du verseau embarque à bord d'un vol en direction de Paris, accompagné d'un petit arachnide bavard, tout à fait satisfait de ses vacances et de l'absence de son tuteur.

Se trémoussant sur son siège, l'enfant ne cesse d'admirer ce que le hublot de la cabine lui permet d'apercevoir, non sans attirer l'attention d'Elouan à chaque nuage de forme un peu spéciale. Il reste à espérer que son apprenti, à lui, sera tout son opposé, calme et silencieux, pour contrebalancer le ton des jours qui s'annoncent.

- Milo ? Peux tu te tenir tranquille jusque la fin du vol s'il te plaît ? Nous n'allons pas tarder à atterrir.

Immédiatement l'enfant se calme, reportant son attention vers le verseau.

Cet homme l'a toujours fasciné et l'amitié qu'il entretient avec son propre maître lui permet de le côtoyer régulièrement. TSes cheveux sont d'un blond presque blanc, longs et lisses, tout comme cette pureté et cette droiture dont chacun le sait investi. Sa beauté froide fascine, autant que la profondeur de son esprit.

- Il ressemble à quoi votre apprenti ?

- Je l'ignore. Je sais simplement qu'il a quelques mois de plus que toi.

- Lui aussi il n'a plus de parents ?

- C'est compliqué... Il lui reste sa mère, mais elle ne demande qu'à nous le confier...

Horrifié le petit scorpion cligne deux fois des yeux.

- Sa maman ne veut plus de lui ?

- Je n'en sais pas encore assez pour te répondre Milo. Nous verrons sur place.

Et jusqu'à atterrissage, l'enfant garde le silence, ne reprenant pas même la parole dans le taxi qui les dépose tous les deux devant l'imposante grille de fer forgé ouvrant sur une large allée desservant un manoir.

Quelques minutes plus tard, assis devant un thé pour l'un et un chocolat chaud pour l'autre, une femme leur présente un enfant de tout juste six ans, la peau diaphane et le regard mutin caché par de nombreuse mèches sanguines retombant sur son front. Seul ombre au tableau, même sur l'invitation de sa mère, l'enfant ne dit pas un mot. Milo s'amuse à l'observer, curieusement attiré par le physique déconcertant de son futur frère d'arme. Et heureusement d'ailleurs, car la conversation des adultes, dans une langue incompréhensible, n'a pour résultat que de le faire soupirer.

- Vous m'avez parlé d'un problème avec cet enfant... Dites m'en plus.

- Et bien cela remonte à quelques mois. Mon défunt mari a trouvé la mort dans un accident routier. Notre fils était avec lui et le choc fut terrible. Mon époux est mort sur le coup et Camus a été projeté hors du véhicule, plusieurs mètres plus loin. Les secours l'ont retrouvé dans un champ, conscient et pourtant gravement blessé. Pour les médecins, qu'il se soit remis relève du miracle. Depuis ce jour là, son comportement a changé. Bien entendu j'ai mis ça sur le compte du choc... La perte de son père et l'accident... Je l'ai emmené consulter des médecins... Mais rien n'y fait, il est devenu violent.

- Oh vraiment ? Violent ?

- Jusque présent, tout se passait merveilleusement bien. A l'école, il était en rythme anticipé, et bien qu'il n'ait jamais eu beaucoup de facilités à aller vers les autres, il savait s'imposer par son comportement toujours sage et appliqué. Mais désormais... J'ai dû avoir recours aux services d'un précepteur après que son établissement n'ait plus voulu de lui. Nous ignorons comment il s'y est pris, mais l'un de ses camarades a failli en perdre son bras. Il était tout bleu ! La pauvre victime n'a jamais réussi à expliquer ce qui est arrivé, et Camus n'a jamais accepté de dire un seul mot. Et puis... Il fait d'autres choses étranges...

- Comme quoi ?

Elouan baisse quelques instants son regard vers l'enfant dont les mains se sont crispées autour de son mug fumant dans une attitude douloureuse, sans pour autant qu'il ne tourne les yeux vers les adultes.

- Et bien j'ai encore failli le perdre il y a quelques jours à peine. Je l'ai retrouvé inconscient dans son lit, totalement frigorifié, les bras et les jambes souffrants d'engelures et je le soupçonne fortement d'être sorti durant la nuit et d'être tombé dans l'étang pour revenir dans cet état. Le psychiatre de l'hôpital m'a demandé si mon fils était suicidaire, à six ans, rendez-vous compte ! Ils s'accordent désormais à dire qu'il n'a plus toute sa tête...

Elouan repose sa tasse sans ciller. Que de simples humains ne puissent comprendre celui qui lui revient de droit, son diamant de glace, ne l'étonne guère. Lui même est passé par là. Camus se débat seul et en silence contre un phénomène qu'il ignore et qui doit le terrifier. Quant aux histoires inventées de lac et de suicide, elle ne peuvent que lui faire ressentir plus encore le rejet de sa propre famille.

- Je vois...

- Vous ne semblez pas vraiment inquiété par la situation.

- Pour être tout à fait honnête, non. J'ai la certitude de posséder la solution à son problème. Mais pour cela, il faut effectivement que vous me confiiez cet enfant, comme je vous l'ai expliqué dans nos lettres.

- C'est quand même miraculeux que vous m'ayez contactée alors même que je ne savais plus quoi faire de lui. Enfin... Pour lui.

- Croyez bien que j'en prendrai le plus grand soin.

Calmement le verseau se lève en ramassant le sac rapidement concocté pour l'enfant. Nul doute que le petit ressent avec angoisse les sentiments d'une mère partagée entre l'effroi qu'il représente, la honte qu'il suscite par son comportement, et sa totale incompétence face à son propre fils. D'ailleurs, la porte est très vite refermée derrière eux. Après avoir aidé Milo, toujours étrangement silencieux, à s'installer dans le taxi, Elouan s'accroupit face à son nouvel apprenti, essuyant rapidement une larme cristallisée au coin de son œil gauche. Avec un sourire, le Verseau observe la larme fondre sur le bout de son doigt avant de relever les yeux vers l'enfant.

- Alors. Déjà, laisse moi te dire, que pleurer ne résout rien. De plus... C'est très mauvais pour la peau. Les larmes ont ce coté salin très irritant.

Mais même si le regard sanguin de l'enfant a accroché le sien, aucun sourire ne se dessine sur son visage.

- Comprends bien, Camus, que je sais ce qui t'arrive. Je sais aussi, que même si tu risques de t'en défendre, tu dois avoir très peur de ce que tu ressens et de ce que tu fais, car je sais que tu as blessé ton camarade sans le vouloir... Je suppose que le comportement de ta mère n'arrange rien et que son incompétence à t'aider n'a pu aboutir qu'à lui faire perdre ta confiance. Tu te retrouves seul à subir ce que tu ne comprends pas. Mais c'est terminé. Parce que moi, je sais. Dis toi pour commencer que ce que tu vis n'a rien d'anormal. Je vais t'apprendre tout ce que tu dois savoir et après cela, tu seras, j'en suis certain et t'en fais la promesse, l'un des plus puissants chevaliers du verseau que les rangs d'Athéna ont comptés.

- Un chevalier ?

Elouan esquisse un sourire satisfait.

- Et bien voilà, tu m'as parlé. Oui... Un chevalier.

Et sans attendre l'enfant enroule ses deux bras autour de son cou pour le serrer dans ses bras, trouvant enfin en ce monde, quelqu'un capable de comprendre sa peur et la souffrance que son propre cosmos lui inflige, à défaut d'être canalisé.

Dans la voiture les deux enfants s'observent à nouveau, en silence.

- Tu n'as plus l'air ravi Milo...

- Je ne peux pas parler avec lui...

Amusé, l'adulte s'efforce de prendre malgré tout, un air réprobateur devant la moue contrariée de l'enfant.

- Comprends bien qu'apprendre notre langue ne se fera pas en un jour, mais je compte sur toi pour l'y aider...

Soudain investi d'une mission qui lui semble capitale par l'ami de son propre maître, Milo retrouve le sourire et la fierté de pouvoir venir en aide à un autre enfant un peu plus âgé que lui. Et dans l'avion, tout semble se dérouler à merveille, même si Camus ne semble pas très loquace, malgré le moulin à paroles grec assis près de lui. Milo lui a laissé le coté hublot, lui expliquant à l'avance toutes les merveilles qu'il a vu lors du premier voyage, même si le petit français n'en comprend pas un traître mot. Elouan les observe, satisfait, non sans remarquer que Camus s'efforce de ne pas le toucher.

Le retour au sanctuaire se passe sous le meilleur augure. Milo sourit, fier d'être le premier à l'avoir vu, ce spécimen étrange d'apprenti verseau, déjà froid comme la glace, qui suit fièrement son maître avec une allure altière qu'aucun d'eux ne peut se targuer d'avoir eu, alors qu'à peine déracinés de leur famille, ils franchissaient les portes du sanctuaire.

C'est bien. Oui. Très bien. Elouan, satisfait, prend le temps d'installer confortablement son disciple dans le onzième temple, souriant de n'avoir pas décelé chez lui la moindre appréhension face à la découverte pourtant perturbante que représente ce sanctuaire.

Dans la soirée, Elios fait son retour avec le même vacarme que celui de son départ quelques jours plus tôt. A cela près qu'en entrant dans les appartement privés, il reste en arrêt face à la crinière flamboyante installée près de son maître et de Milo.

- Ma parole Elouan, tu n'as pas eu de chance toi non plus... Il a l'air pire que le mien...

- Oh... Et puis-je savoir pourquoi tu dis ça ?

- Et bien regarde le ! Il est maigrelet ! Et puis c'est presque au point de l'apprenti poissons, dont je ne sais toujours pas s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon...

- Il a six ans.

- Mouai... Pour le coup, je préfère quand même le mien.

- C'est bien la première fois.

Et pour cause... Elouan se souviendra longtemps de la réaction de son ami, lorsqu'il lui a ramené, lui même – le scorpion ayant refusé d'aller le chercher – la petite tête blonde de cinq ans.

- Mais il est minuscule !

- C'est un enfant et c'est ton disciple désormais.

- Non mais tu plaisantes ! Que veux tu que je fasse avec « ça » ! Il n'y a pas l'ombre d'un cosmos chez lui !

Le petit scorpion fraîchement orphelin et livré à lui même dans les bas quartiers d'Athènes, s'était mis à pleurer, accroissant encore le rejet de son maître.

Depuis ce jour là, le gamin supportait les brimades et les tentatives toutes plus dangereuses les unes que les autres, que lui faisait subir Elios pour obliger son cosmos à s'éveiller. En vain, jusqu'à aujourd'hui.

- Je te présente Elios, Camus, le chevalier du scorpion et maître de Milo.

- Tu lui parles en français ?

- Il vient d'arriver, laisse lui le temps...

- Il ne m'a même pas salué...

- Il ne sait pas qu'il doit le faire.

- Et dire bonjour, il sait ?

Elouan laisse échapper de ses lèvres l'un des rares, vraiment très rares soupirs que sa constance l'aide habituellement à retenir.

- Là c'est clair qu'il ne doit pas en avoir envie... Je ne me mêle pas de la façon dont tu élèves Milo, fais en de même pour Camus.

- Oui, et bien avec ça, je plains Athéna... Je ne sais pas comment sera, à terme, la future génération, mais s'ils doivent livrer une guerre sainte, nous n'avons plus qu'à prier pour qu'ils évoluent radicalement ! Ma foi, j'aurais largement préféré avoir un disciple comme ceux du capricorne ou du cancer !

Imperturbable, Elouan leur sert du café.

- Ils sont plus âgés.

- Le poisson aussi, il n'empêche que je n'en voudrais pas un comme ça !

Le verseau émet un léger claquement de langue, agacé.

- Tu m'exaspères quand tu t'y mets.

Elios fronce les sourcils, observant avec stupeur l'humidité ambiante se cristalliser finement autour de l'enfant dont les yeux sanguins ne l'ont pas quitté. Du moins jusqu'à ce que cette nouvelle manifestation de cosmos ne le fatigue et ne menace de geler ses propres doigts. Elouan s'empresse de saisir ses mains et les cristaux disparaissent de suite. Il faut calmer Camus et lui prouver qu'il peut maîtriser ce qui lui arrive.

- Tu vois, je sais comment faire pour t'aider... Et puisque je viens d'avoir un petit aperçu de ce que tu es capable de faire sans le vouloir, il me semble important que tu apprennes rapidement à contenir tes émotions Camus. Ce cosmos n'en est que la simple expression. Tu dois apprendre à le contrôler lui aussi afin de ne l'utiliser que de la façon la plus adaptée. Je te montrerai.

- Alors comme ça, son cosmos est éveillé... Déjà...

Sans se retourner, Elouan répond au scorpion visiblement très intéressé.

- D'abord, qui te dit que ce sont ses émotions, il ne comprend pas un traître mot de ce que je dis...

- Certes, mais il ressent parfaitement que ça ne plaît pas à Milo, ni même à moi.

- Et comment se fait-il qu'il soit déjà en mesure de s'exprimer, ce mini cosmos ridiculement froid ?

- Camus a survécu à un grave accident. Pour lui épargner la mort son cosmos a dû s'év...

Brusquement Elouan se tourne vers Elios en se redressant. Le scorpion se pare d'un sourire énigmatique.

- Elios...

- Ah ça, ça me regarde, mon ami !


Maison des gémeaux - 28 octobre 1984

Dans les bras de Saga, le petit scorpion est en sueur, commençant à délirer, malgré les soins prodigués par son aîné. Autour d'eux, tous les apprentis or, désormais arrivés au sanctuaire, attendent en silence, l'issue de la situation.

Il y a quelques minutes à peine, Aioros est revenu du treizième temple, bredouille, le Pope refusant de se mêler de la situation. Aucun de leurs maîtres n'a bougé le moindre doigt. Saga redresse les yeux vers Camus, qui semble étrangement serein, malgré son attention toute tournée vers le futur huitième gardien.

En quelques mois, Camus a appris leur langue, sachant désormais s'exprimer en grec comme n'importe quel natif du pays ayant son âge. Et parfois même mieux. Cette capacité fait partie de ses nombreuses fiertés puisqu' Elouan l'encourage vivement à se montrer digne de ses capacités. Fier, noble et altier. C'est ainsi que le verseau résume avec un plaisir écrasant, son apprenti. Hautain, méprisant et prétentieux, c'est ainsi que le qualifient la plupart des apprentis du sanctuaire, tous rangs confondus. Et Camus ne semble absolument pas y prêter attention, se contentant très largement de l'amitié sans limite que lui voue désormais le petit scorpion et du regard bienveillant des plus grands tels que Saga, Shura et Aphrodite.

- Camus, peux tu me réexpliquer ce qui s'est passé ?

- Et bien Elios était en colère, il a envoyé l'aiguillon du scorpion qui l'a touché au mollet. Ensuite, il l'a jeté dehors, vers le temple de la balance, en criant qu'il avait bien mieux à faire que de s'occuper d'un bébé et qu'il ne voulait le revoir que lorsqu'il aurait un cosmos à lui présenter. Après quoi je suis allé te chercher, pour que tu viennes l'aider Saga...

Le gémeau tourne les yeux vers le talon de l'enfant au dessus duquel apparaît une fine piqûre entourée d'un large cercle bleuté.

- Tu ne parais pas spécialement inquiet pour ton ami...

- Non. Maintenant qu'il est avec toi, je sais que tu l'aides à moins souffrir et à faire baisser sa fièvre. Et puis je suis heureux, parce qu'il est vivant et cela veut dire que son cosmos s'est éveillé. Mon maître dit que son cosmos l'immunise contre le dard du scorpion... Maintenant, son maître va commencer à l'aimer et Milo pourra enfin être heureux.

Saga l'observe un moment. Nul doute que le futur chevalier du verseau sera doté d'une force de caractère qui ne manquera pas de leur être profitable.

Et effectivement, quelques heures plus tard, l'enfant est paisiblement endormi dans les bras de son aîné, la fièvre étant tombée. C'est également le moment que choisit Elouan pour faire son entrée dans le temple gemini.

- Ne bouge pas Saga, je comprends que tu ne viennes pas me saluer dans ces conditions et je te prie de ne pas prendre le risque de le réveiller. Milo en a besoin. Je te félicite une fois de plus de l'attention dont tu fais preuve envers eux. Kerios serait probablement fier de voir ce que tu deviens.

Saga le remercie humblement d'un geste de tête, avant qu'Elouan ne se tourne vers son disciple.

- Camus ? Il va être l'heure de ta leçon...

En silence l'enfant se lève, s'assure avec discrétion que Milo est toujours assoupi, dit au revoir à Saga et suit sagement son maître en direction du onzième temple.


Temple du verseau – Plus tard dans la soirée

Une leçon de piano. Voilà ce qu'interrompent Elios et Milo, lorsqu'ils pénètrent, juste avant l'heure du dîner, dans les appartements privés du onzième temple.

Dubitatif, le scorpion soupire en se laissant tomber dans un fauteuil, tandis que son élève admire en silence la dextérité du maître et de son apprenti en se laissant porter par la musique.

- Elouan, Elouan, Elouan... Puisque tu te permets si souvent de critiquer ma façon de m'y prendre avec celui qui vient enfin de devenir mon élève maintenant qu'il a un peu d'intérêt, je vais faire de même... Laisse moi te dire que ça n'est pas une leçon de piano qui va faire de lui un guerrier sans compromis. Et puis, tu ne devrais pas l'élever comme un fils, mais comme un apprenti. Comment veux tu qu'il ne croule pas sous les sentiments parasites de cette façon !

- Je ne l'élève pas comme un guerrier mais comme un chevalier. Et tu ne t'es pas toujours plaint toi, de mon talent pour la musique... Quant à ses sentiments, rassure toi, je sais parfaitement ce que je fais.

Sur ce le verseau se lève, imité par son élève, et les invite à passer à table. Ce soir, comme beaucoup d'autres soirs, ils dîneront tous les quatre. Mais pour la première fois Milo semble particulièrement touché d'avoir enfin quelques attentions de la part de celui qui manquait encore de le tuer, quelques heures auparavant.

- Je vais enfin pouvoir en faire quelque chose. Demain, nous irons à l'arène. Ils vont voir, que mon apprenti sera le meilleur d'entre tous...

Camus et Eoulan échangent un regard satisfait. Nul doute que l'ambiance sera désormais plus supportable. Quoique...

- J'espère Petite Flamme, que tu me donneras vite toutes les raisons d'être fier de toi. Et puis mange, tu es encore pâle. Ce que ça peut être fragile à cet âge !

Et les deux adultes discutent, longuement, ce soir là, bien après le dîner d'ailleurs, de leurs craintes pour l'avenir et de ce passé qui les a faits tels qu'ils sont devenus. Assis dans un canapé, Camus et Milo se sont endormis l'un contre l'autre, et le livre qu'ils tenaient dans leurs mains s'échoue sur le sol dans un bruit bref, attirant l'attention des deux maîtres. Rapidement, Elouan lève un doigt vers son ami afin qu'il retienne le commentaire acerbe qui menaçait de sortir de sa bouche.

- Ils ont six ans, alors laisse les donc dormir ainsi. Ça n'a pas d'importance.

Elios finit par l'admettre et se tait, regardant son pair les couvrir d'une chaude couverture pour palier au froid régnant dans le onzième temple.

- D'ailleurs, tu peux rester ici toi aussi...

Le regard gris du scorpion s'assombrit quelque peu.

- Je te ferai préparer la chambre d'amis.

- Très bien... Puisqu'il ne faut pas réveiller les gamins...

Satisfait, Elouan le laisse regagner sa chambre. De beaux jours s'annoncent, probablement les meilleurs de leurs quatre existences.