Blondie et moi étions dans ce hangar. On avait vu son frère finir en flammes et j'avais dit à la poupée Barbie de partir aussi rapidement que possible. De toute façon, j'allais mourir.
C'est là que je me suis caché pour téléphoner avec Elena, un dernier adieu.
Et puis soudain, je me battais avec Alaric. La fille que j'aimais allait retrouver mon frère, et moi… Moi j'étais sur le point de mourir plus tôt que prévu, assassiner, loin de ma ville par mon meilleur ami…
« On est ami » lui dis-je, espérant retrouver celui que j'appréciais.
« Nous étions amis Damon. C'est ce qui me rendait faible ! »
Ce combat était le plus difficile que j'avais eu à mener, mon unique ami… Et puis, il s'effondra dans mes bras.
« Qu'est-ce qu'il m'arrive » demanda-t-il, ne tenant plus sur ses jambes.
« Quoi ? Ric ! » hurlais-je à mon meilleur ami qui s'affaiblissait « Non ! Non ! » Mon visage était tordu par la douleur, et les larmes menaçaient mes yeux. « Tu n'es pas mort ! Non ! Tu n'es pas mort ! » pleurais-je sur le corps à présent sans vie d'Alaric Saltzman.
« Alaric ! » cria-t-il en s'asseyant sur son lit. Les larmes noyaient ses joues. Il regarda autour de lui, sa chambre. Allongée à sa gauche, sa petite amie le regardait tendrement, en posant sa main sur son épaule nue.
« Tout va bien Damon… Ce n'est qu'un mauvais rêve » disait-elle, se voulait rassurante. « Toujours ce même cauchemar ? » lui demanda-t-elle.
Il hocha simplement la tête en guise de réponse.
Depuis le début de l'été, il faisait ce même cauchemar, retraçant sa dernière véritable entrevue avec son ami Ric. Elena ne savait pas quoi faire pour l'aider, bien qu'elle l'aime sincèrement, elle était complètement désemparée faces aux mauvais rêves de Damon.
Le jeune homme se leva et descendit dans le grand salon. Il se servit un whisky et s'installa sur le canapé près de la cheminée dans laquelle aucune flamme ne dansait cette nuit. Il fixa silencieusement le sol, là où il l'avait tué la première fois. Il venait de lui annoncer qu'il avait transformé Isobel, l'ex-épouse d'Alaric. Ce soir-là, Ric voulait le tuer, mais c'est Damon qui l'avait tué le premier, avant que celui-ci ne revienne à la vie.
C'est comme cela qu'ils sont devenus amis… Ironie du sort.
Et c'est aussi dans cette pièce qu'il l'avait vu pour la dernière fois, son plus ou moins fantôme lui disait de ne pas tout foutre en l'air avec Elena, maintenant qu'il avait eu la fille.
Assis sur le fauteuil, il restait immobile, son verre de scotch à la main, comme toutes les nuits depuis cette dernière visite, car c'est le lendemain que ces cauchemars ont commencé.
Cette dernière entrevue avec Alaric l'avait bouleversé plus que de raison et ses émotions étaient des plus intenses depuis, le vampire en lui avait pris le dessus sur son côté humain et toutes ses sensations étaient décuplées.
C'était certain, son unique ami lui manquait… Même Elena ne savait pas quoi faire pour lui, et elle partait bientôt à l'université avec Caroline. Il allait se retrouver seul, une fois de plus.
Il était revenu à Boston depuis deux mois déjà. Il était plutôt étonné de se retrouver chez ses parents, après être partis aussi longtemps, trop longtemps dans son cas précis. Quand il s'était réveillé à Mystic Falls, là où il était devenu un vampire, au cimetière où Damon l'avait accompagné dans son choix de mourir, il n'avait pas compris tout de suite ce qui lui arrivait, la véracité de la chose avait mis un certain temps à s'imposer dans son esprit. Il était vivant. Quand il eut compris cela, il n'avait pas réfléchi bien longtemps, il avait pris le premier bus en direction de Boston, il avait besoin de réfléchir.
Il ne savait pas réellement que faire. Pendant deux mois, il avait cherché comment retourner à Mystic Falls et expliquer son retour… Il était donc tiraillé entre l'envie de retourner dans cette petite ville de Virginie et l'envie de rester ici… Pour autant, depuis deux mois, il passait ses journées assis sur les gradins du stade de football du lycée où il avait étudié jadis. Il se torturait ainsi l'esprit des heures durant chaque jour, sans trouver la bonne solution à son dilemme.
« C'est la pleine Lune… » avais-je dis à mon ami, détachant mes yeux du ciel, en regardant Damon. J'étais prêt à retourner de l'autre côté. Je le regardais nous servir deux verres de bourbon.
« Tu as la fille, mec » lui ai-je annoncé, cachant une certaine tristesse derrière le grand sourire que j'affichais.
« J'ai la fille… » m'a-t-il répondu tout sourire, le visage emplis de la joie de vivre qui faisait qui il était.
« Fais en sorte de ne pas tout foutre en l'air cette fois » dis-je
« Avec toi qui me surveille par-dessus mon épaule, pas de soucis. »
Mais quand il releva la tête pour me tendre mon verre, j'étais redevenu invisible. La douleur que je lisais sur son visage me transperça le cœur. Il ne me voyait plus…
« Je suis là » murmurais-je « Je serai toujours là » continuais-je sachant qu'il ne m'entendrait pas « Damon Salvatore… »
« Hey Saltzman » disait une voix. Instinctivement, en entendant quelqu'un l'appeler, il ouvrit les yeux et regarda autour de lui, sortant de ses pensées. L'entraîneur de l'équipe de football lui faisait un grand signe depuis le terrain, l'incitant à le rejoindre. Il descendit pour discuter un moment. Ils étaient ensemble au lycée et jouaient tous deux dans l'équipe, c'était sympa de se revoir après tout ce temps.
Malgré le plaisir à discuter avec un vieil ami, Alaric ne voyait, pendant toute la discussion que le visage tordu de douleur de Damon Salvatore et sa propre voix répétant le prénom et le nom de son ami lors de cette dernière entrevue.
En rentrant chez ses parents, sur la route qui la ramenait vers la maison de son enfance, il s'était décidé. La solution était de retourner à Mystic Falls, auprès de son ami. Il aurait beau retourner le problème dans tous les sens, il le savait, sa place était là-bas, avec Damon Salvatore. De toute façon, la vie d'un simple professeur d'histoire au lycée serait trop barbante pour lui. Il ne pourrait s'y soustraire, pas après avoir vécu à Mystic Falls, professeur d'histoire la journée, chasseur de vampire la nuit. L'action lui manquerait beaucoup trop.
A présent, ce qu'il devait faire, c'était de trouver une bonne histoire à raconter qui pourrait expliquer la tombe à son nom au cimetière de Mystic Falls. Laquelle était, par chance, totalement vide.
Il sortit son téléphone et composa un numéro qu'il espérait être encore en service.
« Meredith Fell » prononça une voix féminine dans le combiné.
« J'aurais besoin d'aide » dit-il de but en blanc « J'aimerais qu'on se rencontre. »
Après avoir noté le lieu de rendez-vous, il raccrocha sans même qu'elle lui ait demandé son nom.
