-Le problème est que vous répondez de façon excessive aux évènements et à votre environnement ce qu...
-C'est tout?! Vous ne pouvez pas me garder ici juste pour ça!-Étant donné votre… constitution, il est trop dangereux de vous laisser fréquenter les humains. Vous ne devriez même pas être ici.
-Je veux partir!
Une fois de plus, Mel s'était réveillée en sursaut, le souffle court. Elle se leva en jurant, comment pouvait-on passer une bonne journée si elle commençait de cette façon? En grognant, la jeune femme ouvrit ses placards pour déjeuner, histoire de noyer cette sale nuit dans une bonne dose de sucre. Elle n'avait pas fait de cauchemars depuis longtemps et ça ne lui avait pas manqué. Elle avait passé la journée précédente à décoder le journal de son arrière-arrière-arrière…. enfin de Pépé Philémon, car elle avait enfin pu mettre la main sur son système de faut dire, quelle idée de noter son blabla scientifique en windings? Il n'y avait pas d'ordinateur dans cette baraque et elle devait tout faire à la main, ce qui prenait un temps dingue.
Mel pesta encore. Plus de quoi prendre un petit dèj digne de ce nom. Elle aurait largement pu s'en passer mais elle voulait VRAIMENT un truc sucré. Et il ne manquait pas que ça. Ses réserves s'amenuisaient. Il fallait qu'elle retourne en ville, au pied du mont Ebott. Sa colère retomba. Autant faire une liste de courses pour ne rien oublier et ne pas avoir à redescendre avant longtemps.
Elle s'était encore battue. La décision de l'administration de l'école avait été sans appel: dehors. Ses parents se disputaient dans le salon. Mel les entendait parler d'humeur instable, d'hôpital… Elle ne comprenait pas tout. L'autre gosse lui avait envoyé de la peinture dans les yeux pour "les mettre bien ronds et d'une couleur normale". Elle lui avait sauté à la figure. Elle ne voulait pas le faire saigner. C'était ses griffes aussi. Les gens ne semblaient pas comprendre que c'était vraiment dur de les faire rentrer et sortir. Et la maitresse avait crié tellement fort que la petite Mel avait pris peur. Du coup, comme d'habitude, les meubles les plus proches avaient volé. Un drôle de bazar. Elle se reconcentra sur ce que disait ses parents mais elle tombait de sommeil. Elle entendit encore les mots descendance et monstrueuse avant de s'endormir contre la porte.
Mel s'était préparée en trainant les pieds. Pour descendre en ville, elle devait changer son apparence au maximum. Les types de l'hosto la cherchaient toujours et son portrait avait circulé. Les pupilles fendues, les griffes qui lui déformaient les mains et les marques vertes qui apparaissaient sur sa peau pâle (parce qu'en plus elle était blanche comme un cul). La météo était en sa faveur aujourd'hui, le grand soleil lui autorisait les lunettes teintés et un chapeau à bords larges. Il lui suffirait de se tartiner d'auto-bronzant (il fallait aussi qu'elle en rachète d'ailleurs) et de garder les mains dans ses poches.
Mel avait beau connaitre par cœur la marche à suivre, ses mains tremblaient lorsqu'elle ferma sa porte à clef.
Les choses avaient mal tourné à la pharmacie. Purin d'auto-bronzant. Comme elle n'y voyait rien avec ses lunettes de soleil, elle les avait enlevées le temps de compter sa monnaie. Le regard de la pharmacienne passa de ses yeux à ses mains avant de se remplir de frayeur. Mel n'eut pas le temps de réagir que la pharmacienne avait déjà appelé la sécurité. Mel était partie en courant, la panique faisant des nœuds avec ses neurones. Elle s'arrêta pour reprendre son souffle dans une ruelle et essayer de se calmer. Les veinules vertes commençaient à serpenter sur ses bras et ce n'était absolument pas le moment! Un contact sur son épaule la fit glapir et elle envoya aussitôt sa magie à l'encontre de ce qui l'avait touchée. Mel se retourna pour voir un quidam étalé dans les poubelles, son chapeau à la main. Ce dernier était tombé et le gars voulait juste lui rendre! Un rire nerveux la secoua, le pauvre type! Il voulait juste être sympa et elle l'avait envoyé dans les ordures! Une sirène proche commença à se faire entendre, suivie par trois autres, plus éloignées. Mel se remis en route, voulant s'éloigner le plus vite possible.
La poursuite s'était éternisée. La jeune femme avait finalement pu semer ceux qui étaient à ses trousses à mi-chemin avant son refuge. Elle y était restée enfermée tout le reste de la journée, l'angoisse pesant dans sa gorge et sur sa poitrine, l'empêchant presque de respirer. La nuit était tombée sans qu'elle ne s'en rende compte. Mel voulu se lever pour fermer les volets mais sa cheville se déroba lui arrachant un cri de douleur. Elle l'examina, incrédule: sa cheville avait pris un volume inquiétant. Comment s'était-elle fait ça? Un bruit inhabituel à l'extérieur la figea. Un intrus? Les autres ne l'avaient quand-même pas suivie jusque ici? Non? Si?
Dans le doute, elle passa le reste de la nuit les lumières éteintes après avoir bandé sa cheville à tâtons. Une fois le soleil levé, son inquiétude était toujours là. La baraque n'avait qu'une porte. Si les autres arrivaient jusque-là, elle serait piégée. Mel balança quelques affaires dans un sac avant de se glisser hors de la maison.
Elle partit en direction du sommet du mont Ebott. Il y avait une sorte de caverne là-haut. Peut-être qu'y attendre quelques jours serait une bonne idée? Au moment où elle contournait la crevasse qui courrait le long de la montagne quand un bruit sourd la fit sursauter. Tout son poids retomba sur sa cheville abîmée qui se déroba à nouveau et Mel commença à glisser vers le trou. Rien pour se retenir, elle commença à dégringoler. La rage lui fit monter les larmes aux yeux. Elle allait crever à cause d'un foutu bruit qui n'était probablement pas une menace. Encore. Sa tête heurta un rocher saillant et tout s'éteignit.
Quand Mel émergea, elle était en vrac et sa cheville lui faisait un mal de chien. Elle s'était cognée dans sa chute et sa cheville était maintenant ensanglantée. Elle se releva péniblement et mis un peu de poids sur sa jambe. Elle retint un grognement. Ok c'était mort. Sa cheville était hors d'usage pour le moment. Par chance, parmi les débris qui étaient tombés avant elle se trouvait un bâton assez costaud pour lui servir d'appui. Elle s'en empara avant d'examiner le lieu où elle était. L'endroit était vide. C'était une sorte de cour, un peu comme celle d'un vieux château. La seule chose présente était le tapis de fleurs dorées qui avaient amorti sa chute. Elle leur devait la vie apparemment.
-Merci les fleurs.
Elle en ramassa une qu'elle coinça dans une fêlure de son bâton et suivi le chemin qui menait à la seule sortie du coin.
Mel arriva devant un parterre d'herbe éclairé par de la lumière. Si rien ne s'était passé, elle aurait continué son chemin sans s'arrêter mais une fleur avec un VISAGE se matérialisa au milieu de l'herbe accompagnée d'une musique comique. La fleur ouvrit la BOUCHE et s'adressa à elle:
-Salut! C'est moi Flowey! Flowey la fleur
