Nom du ficlet : Je suis l'ange, citation honteusement pompée n'est ce pas, du chapitre dont l'on va traiter n'est-ce pas.

Auteur : Rain

Disclaimer : Non non non, rien n'est à moi, ce ficlet ne se targue pas d'être la seule interprétation du moment du manga décrit, d'ailleurs je ne cherche pas à ce qu'il le soit… Je ne gagne pas d'argent avec non plus.

Note: Voilà voilà, ceux qui sont passés sur mon profil ont pu profiter de l'annonce de ce cht'it recueil d'one-shots concernant notre grand (il fait partie des plus grands bonshommes -normaux- de Shaman King quand même…) blond… Je ne sais pas vraiment si je vais rester sur le manga, mais j'avais envie de faire du canon – pas que je ne mette pas un peu de MarcoMeene dedans ou autre hein, juste que les os seront sur des moments canon. Pre-, after- (quoique, je vois pas comment rester canon là-dessus) mais surtout pendant-canon manga… Comme va vous le prouver celui-ci… Ah, et le titre est affreusement, stupidement, provocativement (réinventons le français !) décalé, pour la bonne raison qu'au premier regard, il donnerait à rire, Marco, avec ses ordres, ses moments de choc, ses sentences à répétition… Mais bon, cela pourrait aussi être un tour pendable du pyromane qui habite mon esprit %)

A la réflexion, je me demande si la danse classique adopte le même rythme que la modern-jazz / aérobic… Tant pis… Pas de la valse non plus…

Enfin, si le train de pensées de Marco est – non, pas si, il l'est – brouillon, fouillis, c'est voulu (même si je sais pas trop ce que ça donne), parce que pour moi, en ce genre de situations, il est comme ça : quarante pensées à la minute et l'impression d'être au ralenti quand les autres font du trois cents à l'heure…


Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, et un…

L'imagerie populaire dit qu'avant de décéder, le mourant revoit sa vie en accéléré, de sa naissance jusqu'au jour funeste. Ce ne fut pas mon cas, si vous vous posez la question (d'ailleurs, même si vous ne vous la posez pas, ce ne fut pas le cas). Peut-être parce que je n'ai presque pas eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait. Je ne sais pas. Certains vous diraient que j'ai la tête trop dure pour comprendre les choses – et, même si je ne l'admettrai jamais, ils n'ont pas tord. Je ne fais qu'avancer, encore et encore, envers et contre tout – mais, à ce moment-là, j'ai été fauché en pleine course. Je n'ai pas eu le temps d'enregistrer le fait que j'avais un trou béant dans la poitrine, que Jeanne m'appelait d'une façon étrange – plus tard, je finirais par comprendre que c'était à cause de la fragilité, si inhabituelle chez elle, de sa voix – ou que, tout simplement, j'avais mal.

Contrairement à tout ce que les romanciers écrivent, quand c'est arrivé je n'ai vu qu'un instant, dans un éclair de lumière et de souffrance. Presque seulement une impression, une illusion…

J'avais à nouveau onze ans. Mains sur la barre, j'écoutais la voix sèche et maîtrisée de Rackist marquer les temps alors que j'enchainais les pas. Je me rappelle la concentration, la fatigue, la douleur même alors que je restai sur une pointe. Et la chute, la cheville foulée.

Tout s'éteint après cette chute, ironique pied-de-nez que m'envoie le destin. Je suis mort, et pourtant je ne le suis pas. C'était comme si – comme si je flottais dans un entre-deux étrange, encore sous le choc de ne plus être capable de réagir, de protéger les enfants, de tuer ce sous-fifre d'Hao qui s'en prend à nous, plus être capable d'être moi en fait. Non, je ne peux pas – j'ai laissé Jeanne-sama et Lyserg tout seuls. J'ai failli à mon devoir – que dira Meene – et Jeanne-sama, est-ce qu'elle va bien… ?

Mais je n'ai pas eu le temps de continuer. Alors même que je commençais à me sentir aspiré, comme si la fin s'annonçait, tout s'est inversé. Je fus de nouveau dans la voiture, regardant avec impuissance Jeanne-sama – notre seul espoir, notre sainte, notre… non, ma… – laisser filer sa seule chance de survie pour me faire ressusciter. Non ! Il ne faut pas ! Mais que fait-elle ? Mais pourquoi… ? Pourquoi ne pas aider Lyserg à s'enfuir d'ici ? Pourquoi prendre tant de risques… Je n'ai pas le temps de demander que tout explose.

Encore un noir. Fantôme, je ne devrais pas être concerné, mais le processus de résurrection doit être trop avancé. Je reprends conscience, enfin, et je me demande si ce n'est pas uniquement à cause des paroles sur ma gauche. Une sorte d'instinct profond, en sorte, l'impression qu'un nouveau drame m'attend, comme juste avant que Livia et Mari – non, ne pas dériver, je dois rester concentré, capter et comprendre ce qu'il dit…

Non…

Concentration, maîtrise. Inspirer. Expi – non, je n'y arrive pas. L'homme m'apprend tout ce que je voulais savoir. Lyserg est mort, et elle, non, ce n'est pas – si, ça l'est, Jeanne – Jeanne-sama est morte... Elle est morte par ma faute, par mon incompétence, parce que je me suis laissé distraire…

Impossible d'ouvrir les yeux. Je ne peux qu'écouter en silence les pleurs de l'adolescente terrifiée. Tamao – et dire que je me méfiais d'elle l'instant d'avant – est donc vivante, elle nous a même protégés… Pas sauvés, elle n'a pas ce pouvoir, mais elle a sauvegardé nos corps. Alors qu'elle n'était pas sûre de pouvoir survivre – je dois reconnaître ce courage, mais je n'ai pas le temps. Je dois… Je dois… Mais que faire ? Jeanne-sama est morte ! Non, non, il faut réfléchir calmement… Comment se calmer ? Elle est… Sâti. Voilà la réponse – les Gandhara. Ils peuvent ressusciter Jeanne-sama, ainsi que Lyserg, et tout rentrera dans l'ordre. Je dois me lever…

Mais déjà l'homme prend la parole, et confirme ce que je craignais. Il veut la destruction totale, la liquidation dont parlait Rackist… Nous aurions dû nous méfier, comme si Hao allait en rester là… Tamao tente de s'interposer, je l'entends, mais que croit-elle toute seule ? Un arc douloureux accompagne cette pensée. Ca ne va pas… A ce rythme, je n'aurai jamais le temps de me relever et de les emmener tous en sécurité avant qu'il ne… J'entrouvre enfin un œil, et découvre le visage relâché de Lyserg. Lui aussi, je dois le sauver. Tout d'un coup je comprends ce que Meene voulait dire – ce n'est qu'un enfant. Il ne méritait pas ça. Il devait vivre – et elle aussi, elle devait… Sans un bruit, je bouge, et vois Jeanne-sama, si frêle tout d'un coup, abandonnée à sa fin, comme une poupée aux fils tranchés… Mon estomac se retourne dans mon ventre, j'ai envie de vomir maintenant. Vengeance ou pas, comment quelqu'un a pu s'en prendre à – s'en prendre à cette fille sans défense ? Attaquer Jeanne-sa – non, Jeanne maintenant, les morts n'ont pas besoin d'un respect qui m'écœure désormais… Il va payer. Il va…

Un cri m'interrompt. Tamao, encore, mais cette fois c'est un cri de douleur et d'effroi – non, il ne va pas la tuer aussi ? Jeanne ne lui a pas suffi ? Il ne peut pas les prendre toutes les deux – non non non – elles ont le même âge – je ne le laisserai pas toucher cette fille, pauvre fillette encore… Aux sons et images que j'entrevois, je comprends que l'autre, le petit brun, a tenté de protéger son amie et n'y a pas réussi. Tamao étouffe… Comment peut-il ? Je…

Allez, Marco, on recommence…

Le souffle de fouryoku que je sens sur mon visage m'avertit de la présence de son fantôme alors que je tâtonne à la recherche de mon arme médium. Celui qui m'a tué se dresse désormais, prêt à… Non…

Quatre, cinq, six…

J'appelle Michael en un cri silencieux qui résonne en mon esprit, et réussit enfin à saisir correctement mon pistolet. Des éclairs de souffrance me traversent – elle n'a pas eu le temps de refermer totalement cette cicatrice, aucune importance – mais je dois le faire. « Meurs, » j'entends. Comme si j'avais besoin de cela, j'arrive enfin à lancer l'Archangel. La détonation est presque silencieuse. Des exclamations de surprise me parviennent, comme de très loin. Je dois me concentrer, faire les choses dans l'ordre…

Avaler sa salive en silence, ignorer la douleur et ouvrir une bouche sèche, pour lâcher, comme à regret – mais c'est le remord qui menace de me faire vomir, parce que je suis faible et lâche :

« Quand une sainte monte au ciel, un ange est sûr de redescendre sur terre. »

Sept, huit…

Se soulever sur un bras – même si c'est pénible, dur, affreusement compliqué – la main ferme et serrée sur l'arme, suffisamment glacée pour atteindre mes doigts gourds au travers des gants déchirés. Ignorer le sang qui coule de ma bouche – même si cela prouve que, justement, je suis trop mal pour faire ce que je fais, que je ne vais pas tenir, non –. Je dois protéger ces deux innocents – tout n'est pas encore perdu – je peux encore sauver les enfants. Pas seulement les vivants, non, pas juste elle non plus – tous les enfants.

« Je suis l'ange. »

Et un…


Jeanne&Lyserg: *morts*

Hao: Ahah, enfin libre ~

Rain: *ressuscite Jeanne* Tu croyais pas que ce serait aussi facile?

Hao: ... ... ... *va chercher une corde pour suicider Rain*