Disclaimer: On remercie Rowling d'accepter que des lecteurs à l'esprit un peu loufoque s'octroie le plaisir d'écrire sur son univers.


19 juin 2022.

Les arbres de Poudlard. Qui n'apprécie pas les arbres de Poudlard ? Enfin, du parc ? Sincèrement. Pas moi, en tout cas.

J'ai toujours adoré les arbres de Poudlard.

Je les avais adorés lorsque j'avais besoin de solitude, et que je me cachais derrière le plus gros tronc qui soit. Alors, j'étais sûre d'être en paix pour les quelques heures à venir. Je les avais adorés lorsque j'avais cherché un refuge au soleil d'été, et un endroit où lire tranquillement des ouvrages d'Histoire de la Magie.

Et, plus récemment, je les avais adorés lorsqu'ils m'avaient offert la possibilité de passer des moments presque tranquilles avec mon petit ami – il ne fallait pas trop compter sur sa famille pour une vraie tranquillité.

James Sirius Potter.

Qui, à l'heure actuelle, me dédaignait totalement. Il venait de découvrir la présence de champifleurs au pied de l'arbre où nous nous étions installés.

Autant vous dire que dès qu'une plante faisait son apparition dans le champ de vision de James, je passais au second plan. Irrévocablement.

- James ? appelai-je vainement, retenant difficilement un sourire.

S'il se retournait, il ne fallait pas qu'il voie que j'étais amusée. Cela me ferait perdre toute crédibilité – et j'en avais énormément besoin dès qu'il fallait décrocher l'attention de James d'une plante. Mais pour le moment, je pouvais me permettre cette faiblesse. James n'avait aucune considération pour moi.

- James… ? tentai-je à nouveau.

Rien à faire. Je n'égalais pas les champifleurs. Beaucoup moins intéressante qu'eux.

Je soupirai, et répondis mollement au salut de Chuck Barrow, mon ami de Serdaigle, en même année que moi, et qui me supportait – de la même façon que je le supportais – depuis notre première année. Il ne fit pas mine de nous rejoindre, cependant. Depuis que je sortais avec James, il m'avait toujours laissé avoir mes moments avec lui. Jamais il n'avait joué le rôle du meilleur ami collant, incapable de se détacher de moi. Il m'avait toujours laissé respirer, comme je l'avais fait pour lui.

Je me tournai à nouveau vers James, retenant de justesse un petit rire d'amusement.

- James ?

Toujours aucune réaction. Je le savais, de toute façon. Il fallait l'attirer autrement.

Je me résignai finalement à l'ultime solution. Je savais que j'allais le regretter, parce que James n'allait pas se gêner pour se moquer de moi. Mais j'étais bien prête à prendre le risque. Qu'il lâche quelques secondes ses plantes pour s'occuper de moi, par Merlin…

- Potter ?

Et là, évidemment, j'obtins une réaction. Il se tourna rapidement vers moi, emmêlant ses cheveux bruns. Ses yeux rieurs se fixèrent dans les miens. C'était le moment délicat. Surtout, ne pas craquer devant les yeux noisette de James. Surtout pas. C'était extrêmement difficile. Des mois que je m'entraînais et, par moments encore, je flanchais. Mais cette fois, j'allais tenir.

Je réussis, par je ne sais quel miracle, à garder un air plus ou moins nonchalant. Ce n'était pas toujours que j'y arrivais…

- Mon nom de famille te plaît tellement que tu te sens obligée de l'utiliser pour m'appeler ? se moqua-t-il.

Je levai les yeux au ciel.

- Il n'y a que comme ça que j'arrive à avoir ton attention, rétorquai-je.

- Dis plutôt que ton nom de famille est tellement banal que tu adores dire le mien, Smith.

Je souris, plus trop amusée alors qu'il touchait la corde sensible, tandis qu'il continuait son petit monologue.

- On sait tous les deux que tu rêves du jour où tu te marieras et changeras de nom. Potter, je te l'accorde, c'est bien plus sympa que Smith.

Je levai un sourcil, étonnée qu'il fasse allusion à la plaisanterie de Paige. Parce qu'à l'époque, lorsque ma camarade de dortoir souvent dans les nuages nous avait lancés sur le sujet, il avait autant pâli que moi.

D'ailleurs, il parut s'en rappeler aussi bien que moi. Il se leva brusquement, abandonnant finalement ses champifleurs et retrouvant sa place derrière moi, m'offrant ses jambes comme dossier.

Le moment parfait pour m'amuser à ses dépens.

- Tu sais, même si je reconnais volontiers vouloir changer de nom de famille, je n'ai jamais dit que je comptais m'appeler Potter un jour ou l'autre…

Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit de plus. James avait déjà plaqué ses deux mains sur ma bouche, chantant à tue-tête.

- La, la, la, la, je ne t'entends pas, la, la, la, la…

Je ris comme je pus derrière ses deux mains. Il ne tarda pas à me rejoindre.

- Tu es un peu stupide, murmurai-je un sourire aux lèvres.

- Je sais. C'est pour ça qu'on m'aime.

- « Qu'on » ? relevai-je.

- Tu ?

Je reculai vaguement mon coude pour le punir d'hésiter. Il l'arrêta avant que je n'atteigne ma cible.

- Tu es trop lente, Astrid, railla-t-il. Ce n'est pas un bon point, pour une poursuiveuse. Crois-en mes connaissances en Quidditch.

Je ravalai une remarque acerbe, tandis qu'il posait son menton sur mon épaule, évitant de relever ma mauvaise humeur passagère.

- T'es prête pour ton discours ?

- Mon discours ?

- Bah, t'es bien majeure de promotion, non ? demanda-t-il innocemment.

J'éclatai de rire.

- Alors, tout d'abord, on dit major de promotion, James. Il faut vraiment que tu arrêtes de tenter de retenir les définitions de mon cours d'études des Moldus.

Je pouvais sentir qu'il se retenait de faire une quelconque réflexion sur l'inutilité d'apprendre quoi que ce soit concernant les Moldus, puisqu'il lui suffisait de demander à sa tante ou à son père.

- Ensuite, je ne suis pas major de promotion. C'est un concept Moldu, et au cas où tu l'aurais oublié, Poudlard est une école de sorcellerie.

- En attendant, tu as les meilleures notes dans chacun de tes cours.

- Faux, rétorquai-je. Tu veux vraiment que je te rappelle à quel point j'ai été humiliée lors du dernier test de Défense Contre les Forces du Mal ?

Je pouvais voir du coin de l'œil son petit regard satisfait. Il avait réussi à me désarmer, d'une façon à me mortifier jusqu'à la fin de mes jours. Forcément, avec un père s'appelant Harry Potter, on avait l'avantage de connaître quelques sortilèges de plus que nos camarades. Et à connaître quelques petites astuces bien utiles. Forcément.

- Ma plus belle victoire…, murmura-t-il malgré tout.

Je me retins de justesse de lui faire regretter son arrogance.

- En attendant, cela prouve bien que je ne suis pas la meilleure élève, dans toutes les matières, tout le temps, grommelai-je.

Je n'avais vraiment pas aimé être humiliée, en fait. Pas du tout. Ma fierté en avait pris un – léger – coup.

- Tu comptes faire la tête encore longtemps ?

- Je n'ai pas encore décidé.

Il rit doucement contre mon épaule, avant de m'embrasser furtivement dans le cou.

- D'accord. Je t'en veux plus, déclarai-je avec un grand sourire.

- J'en étais sûr, murmura-t-il.

Je levai les yeux au ciel. Décidément, il était bien trop sûr de lui dès qu'il s'agissait de mes humeurs.

Je regardai le parc de Poudlard, et soupirai doucement. Ça allait me manquer. Vraiment. Même le lac, y compris le calmar géant. Et pourtant, j'ai vécu une expérience traumatisante avec le calmar, en quatrième année. Je n'aurais jamais dû m'approcher trop près du lac alors que j'avais à la main un sandwich au bacon. Le calmar avait un faible pour le bacon.

Je poussai à nouveau un soupir lorsque je vis les remous provoqués par le calmar. Oui, définitivement, Poudlard allait me manquer.

Je sentis un petit pincement au niveau de mon coude.

- T'as pas le droit d'être nostalgique dès maintenant, me rappela la voix de James.

- Je suis nostalgique si je veux, enfin ! rétorquai-je doucement.

J'étais prête à parier qu'il levait les yeux au ciel, se moquant certainement de mon côté trop sentimental. Il avait bien raison de se moquer, après tout. Du moment qu'il ne criait pas sur tous les toits que j'étais parfois bien trop sensible, moi, ça m'allait.

- On a encore tout à découvrir, Astrid ! me rappela-t-il avec un soupçon de moquerie dans la voix. Toi plus que d'autres, si je me souviens bien…

Je grognai le plus discrètement que je pouvais. L'imbécile. Il ne manquerait plus qu'il me rappelle que…

- Je te rappelle que tu as accepté de rencontrer mon père la première semaine après les cours, d'ailleurs. Et ma mère, aussi. Tu sais, les Potter… Une famille plutôt connue. Je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler…

Je gémis, et me cachai la tête derrière mes mains.

- Ce n'est pas drôle, James ! me plaignis-je alors qu'il éclatait de rire dans mon dos.

Après plus d'un an de relation avec le garçon légèrement agaçant derrière mon dos, j'avais finalement accepté de rencontrer ses parents. Ce n'était pas tant que je craignais réellement cette rencontre. Au début, j'avais surtout refusé parce que moi, de mon côté, je n'avais pas grand-monde à lui présenter. Une grand-tante seulement, que j'avais perdue au jour d'aujourd'hui. Non, sincèrement, au début, je n'avais pas de grandes craintes à rencontrer ses parents. Je connaissais déjà les trois quarts de sa famille, vu qu'une grande partie était encore en études à Poudlard. C'était depuis peu que j'avais réalisé que les parents de James étaient célèbres. En fait, depuis que les élèves de Durmstrang et Beauxbâtons étaient venus nous voir, avant Noël, j'avais pris pleinement conscience de ce que le nom Potter signifiait. Et c'était légèrement effrayant. Du coup, j'avais repoussé la présentation à ses parents, qui devait avoir lieu pendant les vacances de décembre.

Eh ! Je n'étais pas Gryffondor. Seulement Serdaigle. Le courage et moi n'avons jamais été très proches. Surtout que Chuck n'avait pas hésité à enfoncer le clou, en me rappelant régulièrement la célébrité des Potter. Chuck avait beau être mon meilleur ami, il aimait particulièrement me mettre mal à l'aise. Et il avait expliqué à James comment me mettre dans des situations qui ne me plaisaient pas…

L'imbécile l'avait amèrement regretté lors de notre dernier cours de Potions.

- Courage ! m'encouragea James. Avec un peu de chance, tu auras rencontré mon père un peu avant, lors de ton examen d'entrée en formation d'Auror…

- Tu le fais exprès ? m'exclamai-je en mettant mes ongles à portée de mes dents.

Dommage pour moi, James tentait de me faire perdre cette habitude. Cette mauvaise habitude, selon ses dires…

- Allez, j'arrête de me moquer de toi, promit-il. Peut-être que mon père se présentera de lui-même, finalement…

- Tu plaisantes ?

- Non. Je lui ai dit. Une petite blonde, avec les yeux verts. Qui rougit facilement. Plutôt douée, il faut se méfier de ses sorts de désarmement, et…

Il ne termina pas sa phrase, éclatant de rire alors que je blêmissais.

- C'était la dernière blague que je te faisais, me jura-t-il. Tu ne crois quand même pas que j'allais te faire un coup pareil ?

- On ne sait jamais, sifflai-je entre mes dents. Tu es tout à fait capable de vouloir me mettre mal à l'aise comme ça.

Il ne répondit rien, se contentant de jouer avec une mèche de mes cheveux qui s'était échappée de ma queue de cheval.

Dans moins de deux semaines, beaucoup de choses seraient différentes. Je savais bien que je n'avais pas le droit d'être nostalgique alors que tout allait commencer. Une vie active, enfin libérée des obligations des professeurs.

Le travail ? Oui, évidemment que ça serait aussi difficile que les cours. Quotidiennement, s'entraîner, encore et encore… Non, ça n'allait pas être une partie de plaisir.

Mais plus de professeurs.

Plus d'examens à la fin de l'année.

Plus d'escaliers mouvants, plus d'esprit frappeur vous attendant au coin du couloir.

Poudlard allait me manquer, c'était certain, mais ce qui m'attendait était plein de possibilités qui me faisaient rêver.

Le futur allait être magnifique. J'avais toujours voulu être Auror, et il ne me restait que quelques jours avant de réaliser ce rêve.

Mais j'allais profiter pour encore quelque temps du présent.

- Le projet ultra top secret qui n'est quasiment plus secret avance ? demandai-je innocemment.

- Tu sais que je ne te dirai rien de plus, n'est-ce pas ?

Je pouvais deviner son sourire. Je me retins de le supplier – ma fierté était toujours là, cachée quelque part – et me composai un visage angélique, au cas où il lui prendrait l'envie de me regarder dans les yeux. Il aurait forcément remarqué que mon regard était inquisiteur, et que je voulais savoir ce que lui, Fred et Roxanne avaient prévu.

- Allez, tu peux bien me le dire, tentai-je d'un ton enjôleur. Tu me connais, je ne vais rien dévoiler…

Pendant quelques secondes, je crus que ce que Jill appelait « le ton incitant à parler des Smith » allait fonctionner. Je sentis James hésiter légèrement. C'était diffus, mais c'était là. J'étais certaine d'arriver à mes fins.

Mais une fois de plus, il me surprit. Il se secoua légèrement, et se redressa, me faisant comprendre, bien avant ses mots, que je n'allais rien savoir de plus.

- Heureusement que Lily m'a aidé à m'entraîner à résister à cette petite voix innocente, grogna James.

Je soupirai. Je ne pouvais rien tenter si Lily était passée avant moi. Maintenant que j'y pensais, cette petite était légèrement manipulatrice. Ça ne m'étonnait pas que James ait craqué plus d'une fois alors qu'elle lui demandait un service sur un ton tout mignon.

- Allez, James ! le suppliai-je en espérant que cela fonctionnerait.

Rien à faire. Il se contenta d'éclater de rire, sans aucune honte de me faire bouger, et perdre ainsi la place confortable que j'avais réussi à me trouver.

Je ruminai en silence tandis qu'il continuait de rire. Son rire m'avait toujours amadouée, mais aujourd'hui, il était particulièrement agaçant.

Je savais que Fred, Roxanne et James avaient prévu quelque chose pour nos derniers jours de cours. Je le savais, les trois me l'avaient clairement dit. Mais ce qui m'agaçait, c'est que je n'avais pas la moindre idée de ce que cela pouvait être. Je me demandais si c'était une surprise inoffensive – comme celle pour l'anniversaire du directeur – ou si c'était une farce qui ferait grincer des dents certains élèves – comme celle du premier avril.

Selon James, je devais m'estimer chanceuse parce que j'avais connaissance de l'existence d'une telle farce. Mais c'était tout simplement cruel. Je veux dire, c'est comme si on posait devant moi une carafe de jus de citrouille bien frais, en plein mois de juillet, alors que je suis sous une chaleur accablante, et qu'on me dit que je n'y ai pas droit. C'est cruel, nous sommes d'accord.

Je savais très bien que ça allait être grandiose. Je savais que je ne serais pas déçue. Mais j'étais tout sauf patiente.

- Tu vas voir. Ça va être génial. De quoi terminer Poudlard en beauté.

Je le détestais. Vraiment. Qu'est-ce que je fichais avec lui, déjà ?

- Et promis. Une petite dédicace spéciale pour les Serdaigle qui ont remporté la coupe cette année.

Et voilà. Voilà. Comme toujours, lorsque j'avais décidé de lui en vouloir, même si c'était pour une raison stupide, uniquement motivée par l'envie d'arriver à mes fins, il trouvait la petite phrase qui faisait que j'abandonnais toute volonté.

Et il savait très bien qu'il touchait là où ça faisait particulièrement du bien. L'année dernière, nous avions raté la Coupe de quelques points. C'était réellement frustrant, et j'avais cru que l'équipe n'allait pas s'en remettre. Ça avait été un mauvais concours de circonstances lors de notre second match qui avait fait que nous avions perdu les points d'avance du premier, et nous n'avions jamais pu rattraper l'écart lors du troisième match. Nous avions beaucoup de points d'avance, mais l'attrapeur adverse avait su trouver la faille dans notre stratégie. Nous pouvions déjà nous estimer heureux de ne pas avoir été relégués au dernier rang du classement. Ça avait été un sacré coup dur. Aussi, la victoire de cette année, nous avions fait en sorte de l'arracher à nos adversaires. Ce que nous avions fait. Mais dans les règles de l'art, tout de même.

Et il fallait être honnête. Les Serdaigle avaient hurlé leur joie à la fin de notre match, et ceux qui hurlaient les plus forts n'étaient autres que les sept joueurs de l'équipe en question.

Bref, depuis ce match qui nous avait rendus victorieux, et qui remontait à presque un mois déjà, j'avais adopté un sourire heureux, et le mot était faible, dès lors que je pensais à ce moment. Tout le monde le savait, évidemment, mais celui qui usait à tort et à travers de cet événement pour me changer les idées n'était autre que James.

Ce type était trop fort.

Ne lui répétez surtout pas, il n'arrêterait jamais de s'en vanter. Il a déjà bien assez la grosse tête comme ça.

- Ce n'est pas tout, mais j'étais en pleine contemplation de champifleurs, avant que tu ne m'interrompes, dit-il en se levant. Non pas que tu sois inintéressante, mais, vraiment, leur système de vie est fascinant.

C'est lui, qui est fascinant, sérieusement. Comment fait-il pour se passionner, des heures durant, pour des plantes ? D'accord, j'imagine que je devrais le comprendre. J'ai mes petites passions, moi aussi. Mais je dois reconnaître que je n'ai jamais compris l'intérêt énorme que porte James à la Botanique.

Si encore son parrain avait été le professeur Londubat, j'aurais pu comprendre. Mais même pas. J'étais presque certaine que c'était la plus grande déception des deux frères. Albus aurait voulu Ron pour parrain, et James, le professeur Londubat.

Toujours était-il qu'à l'heure actuelle, James, après un baiser des plus furtifs – il était déjà en train de penser à ses champifleurs, j'imagine –, était en pleine contemplation de sa découverte. Je soupirai, amusée, et me levai.

- Je vais voir le professeur Drew. On se rejoint plus tard, d'accord ?

Il hocha vaguement la tête. J'espérais que lorsqu'il serait apprenti en boutique d'apothicaire, il ferait autre chose que regarder les pots, sinon, les clients allaient fuir le magasin.

Le professeur Drew, qui enseignait la Défense contre les Forces du Mal, et qui m'avait écrit une lettre de recommandation dont je ne pourrais jamais être assez reconnaissante, m'avait dit qu'il avait plusieurs ouvrages en sa possession – et en double – qu'il estimait être susceptibles de m'intéresser. Je ne pouvais le nier, et il le savait tout à fait, mais j'étais particulièrement stressée par mon examen pour entrer en formation d'Auror. C'était un pas en avant, j'aurais aimé le faire avec quelqu'un de ma famille, mais je n'en avais plus. Alors… Je devais faire ça, et seule. Bien sûr, il y avait James, mais ce n'était pas la même chose. C'était loin d'être la même chose. Mais j'en étais capable.

Il suffisait simplement que je prenne un peu plus confiance en moi.

Ce qui était loin d'être gagné.

En arrivant aux portes du château, je m'arrêtai quelques instants, et observai le parc.

Il faisait chaud, aujourd'hui, et tous les élèves étaient dehors. Je vis Albus avec son ami Scorpius, qui évitait soigneusement l'endroit où se trouvait son frère. De ce que j'avais pu comprendre, Albus avait été un peu trop bavard dans une dernière lettre, et il avait parlé de faits concernant James qu'il aurait, selon l'intéressé, mieux fait de taire. Je vis Rose, qui les avait certainement repérés, se lever et tirer son amie Faith Gomenez derrière elle. Cette dernière sortait avec Albus depuis quelques semaines, et j'étais presque sûre que Rose était bien plus intéressée par ce rapprochement que Faith et Albus réunis. Parce que, si Albus et Rose étaient proches, ils avaient aussi leurs amis chacun de leur côté, ce qui dérangeait la petite Weasley – je ne plaisante pas, elle est vraiment petite, surtout lorsqu'on la compare à ses parents ou à son frère – depuis qu'elle regardait sous un autre angle un certain Scorpius Malefoy. James avait éclaté de rire quand je lui avais dit avoir remarqué cela.

Apparemment, toute cette génération de Weasley avait noté l'intérêt de Rose pour Scorpius, mis à part elle.

Mon regard s'attarda sur James une dernière fois, repartit vers le lac où je repérai mon attrapeur fétiche et adoré – je bénis le jour où ce petit a découvert son talent pour le Quidditch – et me décidai enfin à entrer dans le château.

Poudlard était une école magique, sans ironie. Je ne pouvais qu'être heureuse d'être une sorcière, et d'avoir pu y entrer, y étudier et y rencontrer des personnes formidables durant sept ans. Je savais que toutes ces personnes, j'allais continuer à les côtoyer, à les voir évoluer, et tout ce baratin que je trouve niais à souhait dans les livres que lit Roxanne, mais qui semble parfait pour imaginer mon futur.

Si je bénis le jour où mon attrapeur s'est décidé à passer les sélections de Quidditch, je bénis encore plus mes parents de m'avoir donné leur essence magique. J'allais en profiter au maximum durant toutes ces années qui me restaient à vivre.

En commençant par évacuer mon stress pour mon examen d'entrée en formation.

...
...

Il y avait deux hommes dans le bureau aux aspects informels. Deux hommes qui gardaient le silence, lequel était rompu uniquement par le bruit régulier de l'horloge.

Un bureau, une armoire, deux cadres, trois chouettes.

Rien de plus dans ce bureau.

Il n'avait pas vocation à recevoir du monde, et encore moins à être agréable.

C'était un bureau. Ici, on ne joignait pas l'utile à l'agréable. Ça n'avait aucun sens pour les deux hommes qui occupaient à plein temps le bureau.

D'un bref mouvement de poignet, l'homme derrière le bureau scella l'enveloppe qui trônait depuis un moment sous ses yeux. Le sceau s'apposa sur l'encre, donnant une forme particulière à celle-ci. La lettre i, majuscule, se détacha au centre de l'encre violette.

L'homme qui venait de fermer l'enveloppe sourit, et se redressa. Il tint la lettre devant ses yeux, relisant l'adresse. Son sourire satisfait s'étendit sur son visage, étirant sa bouche en une mimique qui aurait certainement effrayé toute personne n'ayant pas l'habitude d'un sourire aussi peu naturel, froid. Puis, il appela une chouette. Alors qu'il s'apprêtait à accrocher la missive à la patte du volatile, le second homme dans le bureau rappela sa présence en toussotant légèrement.

- Un problème, Jones ?

Le dénommé Jones croisa ses jambes, fronçant doucement les sourcils.

- Eh bien… Pour tout vous avouer, Will, oui, j'ai bel et bien un problème.

- Je m'en doutais, soupira Will en se rasseyant. Et quel est-il ?

- Êtes-vous sûr que cette demoiselle est prête à nous rejoindre ?

Will leva les yeux au ciel, ses traits se plissant dans une expression sévère. Il n'aimait pas être contredit. Ni contrarié. Ni subir de contretemps. Or, cette simple question joignait les trois points qu'il abhorrait le plus dans une journée qui ne devait pas être contrariante. Il ne voulait pas de contrariétés. Aussi se prépara-t-il à expliquer pourquoi il savait que la personne qui allait bientôt recevoir une lettre était la plus adaptée à ce qu'ils recherchaient tous les deux, et pourquoi Jones devait arrêter de chercher des motifs stupides pour empêcher Will de faire son travail.

- Vous avez vu le résultat de mes recherches. Elle entre dans nos critères. Cette jeune fille a beaucoup à venger. Elle a perdu ses parents. Sa tante Jill est décédée il y a peu. Elle n'a plus de famille. Elle est extrêmement intelligente, ne supporte pas l'injustice, et estime que parfois, les Aurors n'osent pas assez s'investir dans leurs missions, même si elle a demandé à intégrer cette formation. Pourquoi refuserait-elle notre offre ? Nous lui proposons de se venger, de faire ce que la communauté magique ne veut plus voir dans ses journaux, et qui permet de nettoyer notre société.

Will afficha un air assuré pour ponctuer ses paroles.

- Elle n'est pas aussi seule que vous semblez le croire, rétorqua Jones, sourcils froncés. Elle a des amis. Un petit-ami. Une carrière prometteuse, car nous savons tous les deux qu'elle n'aura aucune difficulté à passer les tests d'entrée pour la formation d'Auror. Et il y a toutes ces personnes qui l'apprécient, qui l'envient. Pourquoi abandonnerait-elle tout, comme ça, du jour au lendemain ?

Will se releva lentement. Il déposa la lettre qu'il tenait encore en main sur son bureau avant d'en faire le tour. Lorsqu'il fut à hauteur de Jones, il s'installa confortablement sur l'accoudoir de son fauteuil, un sourire supérieur étirant ses lèvres vers le haut. Il posa alors une main rassurante sur l'épaule de son collègue.

- Vous ne l'avez pas observée comme je l'ai fait, Jones. Vous ne pouvez pas comprendre. Cette jeune femme déborde d'une énergie qui couve. Une petite allumette, et hop ! elle s'embrasera. Elle laissera l'énergie s'échapper.

Jones esquissa une moue peu convaincue. Il avait de sérieux doutes.

- Mais est-ce la bonne solution pour autant ? Ne pourrait-on pas trouver un candidat plus… sûr ?

Will plissa les sourcils. Il n'aimait pas être contredit, et encore moins par un homme qui était situé plus bas que lui sur l'échelle hiérarchique.

- Ai-je déjà eu tort en sélectionnant des candidats ? demanda Wil. En plus de vingt ans, ai-je déjà essuyé un refus, avons-nous déjà eu des problèmes avec nos candidats ?

- Non, reconnut difficilement Jones.

- Et est-ce que nous avons déjà eu affaire à des cas de démission ? continua le premier.

Cette dernière phrase, l'un comme l'autre le savait, n'avait en réalité pas de sens. Personne ne pouvait, ou ne voulait, démissionner du travail qu'ils proposaient.

- Non plus, répondit Jones. Mais nous n'avons jamais engagé des jeunes filles qui ont un petit ami. Et un avenir. Je… je ne suis pas convaincu, Will.

Jones prit une grande inspiration. Il n'avait pas peur de Will, certainement pas, mais c'était la première fois qu'ils avaient un tel désaccord. Aussi se retourna-t-il légèrement vers son collègue, espérant être assez clair dans ses prochains mots.

- Will, je pense que vous faites une erreur. Vous avez tellement besoin de nouvelles recrues que vous ne recherchez pas de la bonne façon les…

- Elle a demandé à suivre la formation d'Auror, l'interrompit Will. Elle veut défendre les autres. Et là, nous lui proposons de faire ça à plus grande échelle. D'agir en toute liberté. Vous pensez réellement qu'elle va refuser ?

Jones soupira.

Non, il ne pensait pas. Mais il n'était pas d'accord avec les méthodes de son supérieur. Il n'appréciait pas sa façon de recruter de nouveaux employés. Mais jusqu'à présent, Will n'avait jamais eu tort lorsqu'il sélectionnait des candidats, et il n'avait jamais eu droit à un refus, pas plus que ne s'était présenté le cas d'une démission, comme il venait de lui faire remarquer.

Mais tout de même. Jones n'était pas confiant avec cette recrue-ci.

Il était tout sauf rassuré.

Will se leva soudainement de l'accoudoir qu'il avait élu comme siège, et retourna à sa place, de l'autre côté du bureau. Il appela une chouette, caressa le volatile qui attendait patiemment chaque jour qu'on lui demande de porter des lettres, et se décida enfin à nouer la lettre à sa patte.

- Va donc donner cette lettre à Astrid Smith, ma jolie…

Il se retourna vers son coéquipier une fois que l'oiseau eut disparu, et se rassit en douceur dans son fauteuil.

- Je suis sûre que cette petite sera une parfaite recrue, affirma-t-il avec un sourire resplendissant.


Note d'auteur.

Bonne année, bonne santé, et tout ça ! J'espère que vous avez bien fêté votre Nouvel An, peu importe où, avec qui, et que vous êtes en forme pour 2015 ! Au diable les bonnes résolutions, en revanche, parce qu'on ne s'en rappelle jamais, et ça sert juste à se donner bonne conscience. Bref, joyeuse année 2015 les lecteurs !

Me voici, de mon côté, avec une nouvelle histoire (et je me demande encore dans quoi je me suis lancée, voyez-vous.) Invisible, car c'est son titre, va s'étaler sur deux périodes temporelles, avec pour protagoniste James et Astrid Smith, cette charmante demoiselle qui m'a expressément demandé d'écrire à la première personne (sachant que j'ai jamais eu de journal, c'est DIFFICILE pour moi). Que vous dire de plus ? Pas grand-chose, à vrai dire, je crois qu'il vaut mieux pour vous que vous découvriez au fur et à mesure des publications cette histoire. Malheureusement, comme je suis incapable d'écrire des chapitres de taille raisonnable, et que j'ai pris tout sauf de l'avance, je décide, pour l'instant du moins, de publier une fois toutes les deux semaines, avec la possibilité que le rythme s'accélère ensuite.

Et sinon... si tu n'as pas peur d'une surchauffe de cerveau, que tu te sens prêt(e) à me suivre dans ce que mon cerveau me fait écrire, et que les chapitres inégaux ne te font pas peur, je te dis bienvenu(e) par ici !

Enfin, pour terminer cette note d'auteur, on remercie DelfineNotPadfoot qui a la tête plus dure que moi, et qui, du coup, a accepté de repartir à l'aventure des corrections avec moi. Oui, oui. J'imagine que ça ne lui a pas suffi, la dernière fois.

Sur ce, je vous dis à dans 15 jours !