Bonjour à tous.
Ci-dessous le début d'une nouvelle fiction ( Ca fait si longtemps, je n'ai plus du tout l'habitude sigh )
Ce n'est pas vraiment le premier chapitre, plus une "scène d'exposition" pour voir si ça plait ou pas; n'hésitez pas à donner votre avis.
Sur ce, bonne lecture.
Je suis une poupée de cire, une poupée de son.
Suis-je meilleure suis-je pire qu'une poupée de salon ?
Je vois la vie en rose bonbon, poupée de cire, poupée de son.
Les feuilles exécutaient leur danse macabre, à peine retenues aux arbres, prêtes à lâcher prise à la première brise. Certaines étaient déjà au sol, d'autres tourbillonnaient dans les airs, attendant leur mort prochaine. Le ciel était gris, cachant le soleil d'après-midi, dont les rayons ne filtraient qu'à peine sous l'épaisse couche cotonneuse et sombre. L'air également était étouffant, chargé d'une pluie prochaine.
Pour Mihael Keehl, tout était déjà figé, en suspens. Son cœur lui-même semblait s'arrêter dans cette ambiance glauque et pathétique. Sa main se resserrait dans son poing malgré lui, enfonçant ses ongles dans sa paume, tandis que son regard vide se perchait sur l'église. C'était elle, c'était de sa faute, le son grave de ses cloches avait attiré son attention, puis la voix du prêtre, et enfin ce mot qui avait fusé dans l'air comme une flèche.
Je suis partout à la fois, brisée en mille éclats de voix.
Autour de moi j'entends rire les poupées de chiffon,
celles qui dansent sur mes chansons, poupée de cire poupée de son.
Un simple mot, un enchaînement de syllabes et de voyelles, un parmi les milliers que l'on entend ou que l'on lit chaque jour passant, oui, un mot. Ou plutôt, un nom, simple, court, qui ne se prononçait que d'un seul bloc. Mello recula d'un pas, toujours fixé sur l'Eglise. Ce qu'elles pouvaient sonner fort tout à coup, ces cloches. Elles effaçaient la voix du prêtre et vrillaient dans l'air à arracher les tympans, peut-être étais-ce elles qui épaississaient l'air à tel point que le blond avait l'impression de respirer du miel au goût de goudron et d'orage.
Son estomac se tordait face à ce contraste indigeste, s'opprimait, se dilatait, se contractait. Mihael recula encore de quelques pas, heurtant la grille qui s'élevait dans son dos. Ses jambes tremblaient, son esprit commençait à hurler. Et ces cloches mon Dieu, ces cloches. Ne s'arrêtaient elles jamais ?
Il n'y avait pas d'échappatoire, regarder en arrière lui ferait plus de mal encore, l'église seule était le salut de son regard. Il ne fallait surtout pas revoir cette longue boite en bois verni et toutes ces personnes vêtues de noir au visage tendu.
Il se plia brusquement en deux et s'agrippa comme il pouvait à la grille, trop malade pour aller rendre tout ce qu'il avait ingurgité dans la journée un peu plus loin. Ses jambes le portaient encore, mais tremblaient légèrement. Sa minceur était peut-être esthétique mais il ne pouvait pas compter sur ses muscles pour le soutenir en cas de besoin. Il était en cas de besoin.
Seule parfois je soupire,
Je me dis a quoi bon ? Chanter ainsi l'amour sans raisons
Sans rien connaître des garçons,
Les larmes ne venaient pas, elles étaient encore bien loin, tout comme la souffrance intérieure. A cet instant précis, c'était la douleur physique qui prenait le dessus, l'épargnant d'une folie certaine. Sa voix était morte, ses mains meurtries, son ventre retourné, même sa tête était trop lourde. On avait coupé quelque chose, on avait arraché un enfant à sa mère, on avait tout détruit. Qui était ce on ? Qui était responsable ? Soudain, quelques bribes parvinrent du cimetierre.
Je ne suis qu'une poupée de cire, poupée de son,
Sous le soleil mes cheveux blonds
poupée de cire poupée de son.
Sans craindre la chaleur des garçons.
« Repose en paix Jessalyn Keehl. »
