Disclamer : FullMetal Alchemist, ainsi que ses personnages, ne m'appartiennent malheureusement pas.


- T'AS L'INTENTION DE LA DÉMOLIR, C'EST ÇA ?!

- Effrayant... Heureusement que c'est pas elle qui nous a fichu dehors !

Ling Yao se trouvait au-dessus de l'hôtel et observait discrètement ce qu'il se passait dans la chambre des frères Elric. Edward, l'aîné, s'était mis en colère et l'avait viré de la pièce car lui et Lan Fan avaient quelque peu abusés du room-service. Mais le Prince ne regrettait rien. Qui sait s'ils auraient encore de quoi manger dans les jours avenirs.

En tant que fils de l'Empereur et héritier d'un clan plutôt favorisé, il n'avait jamais connu la faim avant de quitter Xing. Le problème était que cette existence faite de désirs immédiatement satisfaits, en plus de le pousser à vouloir toujours davantage ; l'avait rendu particulièrement vulnérable face à cette nouvelle sensation. Demain, ils allaient sûrement devoir affronter les Homunculi alors s'évanouir en plein combat lui était inadmissible.

- Hum...Pardonnez-moi de vous interrompre, jeune maître ; dit timidement Lan Fan, le faisant sursauter au passage. Il faudrait que nous songions à trouver un endroit où passer la nuit.

- Ah... Euh oui. Tu as raison.

Après avoir eu droit à un festin de roi, il serait vraiment dommage de devoir dormir à la belle étoile. Mais ils ne connaissaient personne ici hormis les Elric et après le coup de la note d'hôtel, il était sûr qu'ils leur refuseraient l'hospitalité. Cependant, Ling n'était pas du genre à se décourager pour un simple non. Par le passé, il avait été rare que quelqu'un lui refuse quelque chose et lorsque cela se produisait, le Prince avait toujours su utilisé la ruse pour arriver à ses fins.

- Suis-moi, Lan Fan.

Le jeune homme se laissa glisser du toit puis pénétra dans la pièce par la fenêtre, suivi par sa servante qui l'imita. Edward avait fini de se faire massacrer et désormais lui, Alphonse et la mécanicienne discutaient de choses sans importance. Tous les trois se tournèrent alors vers eux sans réelle surprise. À force, leurs apparitions inattendues avaient finis par ne plus être si inattendues.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi vous êtes encore là ; grogna l'alchimiste en les voyant.

Ling prit avec un air idiot et dit :

- Et bien, comment dire... On a nulle part où aller !

Les trois Amestrians restèrent silencieux et comme prévu, on pouvait facilement voir sur leurs visages qu'ils n'avaient cure de ce qu'il pouvait leur arriver.

- Bien... On a plus qu'à aller dormir dehors, répliqua Ling en faisant mine de partir. Même si les rues de Centrale sont dangereuses avec toutes ces créatures...

Il commença à escalader le rebord de la fenêtre et comme personne ne semblait vouloir réagir à son départ, il décida donc d'en rajouter une couche :

- Dire que nous sommes si loin de chez nous...

- Notre clan doit être inquiet, répliqua à sa surprise Lan Fan avec le même ton larmoyant.

Décidément, elle comprenait vite les choses.

- Et voilà que nos seuls amis dans ce pays nous jette dehors comme de vulgaires déchets. En plus, il commence à faire froid, tu ne trouves pas ?

- L'hiver semble terrible ici comparé à celui de Xing.

- Allez viens, Lan Fan ; peut-être allons-nous trouver un carton dans lequel nous abritez pour la nuit...

- Oui, jeune maître.

- C'est ça, déga—

- Edward !

Si Winry se montrait inflexible face à la flatterie et n'était pas facilement achetable, elle s'avérait visiblement sensible au mélodrame. Il y a peu encore, il en aurait prit note afin d'essayer de la séduire. Mais finalement après avoir goûté à sa clef à molette, il s'était vite sorti cette idée de la tête.

- Tu n'as pas coeur !

- Mais tu—

- On ne peut pas les laisser passer la nuit dehors, le coupa la jeune fille.

- Elle a raison, grand-frère ! Ils vont nous aider demain ! Tu peux pas leur faire ça !

- Al !

- Mais oui, Ed ; répliqua le Xinois qui affichait de nouveau son habituel sourire. Fais pas ton radin. On est amis après tout.

Ed semblait lutter contre une grosse envie de le frapper. Toutefois après avoir jeté un coup d'œil en direction de Winry et son petit frère, il retrouva vite son calme.

- Très bien, soupira le blond. Je vais aller voir si je peux t'avoir une chambre. Mais n'utilises plus le room-service ! Et tu me rembourseras la totalité de ce que tu me dois ! Avec les intérêts !

- Mais oui, mais oui...


- La chambre de sa Majesté lui convient-elle ; demanda Edward, en lui ouvrant la porte.

C'était une pièce toute simple, peinte en couleurs pastels. Il n'y avait que peu de meubles : deux lits séparés par une table de nuit et dans un coin de la pièce, un fauteuil en osier. Près de celui-ci se trouvait un guéridon sur lequel était posée une radio et sur la droite, une porte donnait sur une petite salle de bain.

Après des semaines passées à dormir à même le sol, même le palais de son père ne lui avait paru aussi beau.

- Mh, j'ai connu mieux.

Ed commença à l'attraper par le col, sous le regard paniqué de son petit frère.

- Je plaisantais, je plaisantais ! C'est formidable !

- Bon, c'est pas, tout mais il est temps d'aller se coucher.

Ed, Al et lui avait commencé à se diriger vers leur chambre respective, lorsque soudain le blond s'arrêta et se retourna dans sa direction avec une expression étrange.

- Attends Ling...

- Quoi ?

- Vous allez dormir dans la même chambre, Lan Fan et toi ?

- Oui, pourquoi ?

- NAN MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ?!

- Hein ? Pourquoi tu dis ça ? Lan Fan est ma servante, c'est son devoir.

Cette réponse était sortie sa bouche comme s'il s'agissait d'une évidence. Edward devînt rouge vif et Alphonse, quant à lui, prit une pose d'intense réflexion.

- C'est donc comme ça que ça se passe à Xing...

- On ne peut pas laisser faire ça, lança l'aîné désormais sorti de sa torpeur.

- Tu ne peux pas aller contre plusieurs siècles de traditions, frangin.

- Comment tu peux prendre ça aussi bien ?!

- Euh, qu'est-ce que vous êtes en train d'imaginer tous les deux là ?

Ils ne l'écoutaient plus. Ling les regardait débattre, sans vraiment comprendre. Il ne voyait pas pourquoi ils réagissaient ainsi. Aussi loin que sa mémoire puisse remonter, il y avait toujours eu des serviteurs auprès de lui, y compris dans sa chambre. Alors, pourquoi toutes ses histoires juste parce qu'il allait dormir seul dans la même pièce que cette... Fille ?

- Oh.

C'était donc à "ça" qu'ils pensaient.

À ce moment même, Winry arriva :

- Nous sommes de retour ! On a trouvé des couvertures et de quoi vous changer.

Ses bras étaient chargés et à côté d'elle, se trouvait Lan Fan, toujours égale à elle-même ; solennelle même lorsqu'il s'agissait simplement de porter du linge. Son uniforme ne laissait pas entrevoir chez elle une once de féminité et s'il le lui demandait, il savait qu'elle les réduirait probablement tous en charpies. Lan Fan était sa servante, son garde du corps, son arme secrète. Rien ne changerait ça. Pas même le fait qu'elle soit une fille. Pourtant, sans savoir pourquoi, cette pensée le troublait. Ling réalisa alors qu'il s'était tourné mécaniquement vers elle et que depuis son arrivée avec Winry, il n'avait fait que de l'observer. Elle aussi s'en était aperçu et à travers les fentes de son masque, ses grands yeux noirs regardaient désormais dans sa direction. Son regard croisa un instant le sien puis la jeune fille se hâta de détourner les yeux. Lui aussi en avait de même par réflexe.

- Mais ce type est un pervers !

- Perv— Hein ! Quoi ?!

Il n'avait pas du tout suivi la conversation. Alphonse essayait d'apaiser son frère, toujours aussi excité, tandis que leur amie d'enfance les écoutait, indécise.

- Winry ira dormir ici avec Lan Fan ! Toi, Ling, tu iras dans sa chambre, continua Edward en brandissant vers lui un doigt accusateur. La mécanicienne approuva de la tête et alla déposer ce qu'elle tenait dans la salle de bain. C'est alors la voix de Lan Fan se fit entendre :

- Mon devoir est de rester auprès du Prince et de le protéger 24h/24h !

Elle était énervée. Sûrement parce qu'Ed l'avait traité de pervers et qu'il avait osé lui donner un ordre. Ce dernier ne semblait plus savoir quoi répondre. Quoiqu'il dise, il savait qu'il n'arriverait pas à la faire changer d'avis. Alors que Ling, lui, aurait surement fini par accepter la proposition de l'alchimiste ; du moment que cela lui permette de se glisser sous les draps au plus vite. Edward, qui luttait contre ses principes, finit donc par céder.

- Enfin ! Je commençais à fatiguer. Allons dor—

Lorsqu'il tourna la tête, il vit que Winry tenait sa servante par les épaules et lui disait droit dans les yeux :

- Ce n'est pas parce que c'est un prince que ça t'oblige à quoi que ce soit, tu sais.

L'orgueil du jeune homme en fut sévèrement touché. Voilà qu'elle aussi pensait qu'il n'était qu'un obsédé. De là, il n'arrivait pas à voir quelle expression faisait Lan Fan et combien même avec son masque, il aurait été difficile de le savoir. Il se demandait ce à quoi elle pouvait bien penser. Le pensait-elle aussi ? Certainement pas.

- Je suis un gentleman, je sais me tenir !

Tous en paraissaient peu convaincus et qui sait, peut-être avaient-ils raison.