Chapitre 1
Tout était calme. Trop calme. Je me tenais assis sur le rebord du balcon surplombant Razielhim. La nuit commençait à tomber et les lumières de la cité, peu à peu, s'évanouissaient. Toutes les rues aspiraient à un calme déconcertant. Dans le lointain, on pouvait deviner la cité des humains. J'aurais, sans difficultés, pu asséner un coup destructeur au cœur de ces murs, s'ils n'étaient pas hors d'atteinte, et si mon propre cœur n'était pas aussi troublé. Je cherchais, cherchais et recherchais une réponse à mes questions. Mais rien. Le vide seulement et beaucoup de confusion. Peut être que perdre mon regard dans le ciel et ne plus penser à rien m'aurait aidé, mais la lumière de la lune et des étoiles, depuis des siècles, n'était plus perceptible. Seul restait visible cet immense nuage de fumée qui nous servait de protection contre les rayons solaires. On peut dire que ma tête était semblable à ce nuage.
Je sentis qu'il était derrière moi. Et ce depuis quelques minutes déjà, mais je n'arrivais pas à lui faire face. La peur ? Non. Mon seigneur ne m'effraye pas. Il s'était crée un lien très intime entre lui et moi de puis ma «naissance ». Nous étions plus que commandeur et exécuteur, nous étions des confidents. Il y avait bien des choses que je pouvais lui dire qu'aucun de mes semblables n'oseraient imaginer.
Je comptais sur cette infinité justement car mon esprit ne trouvait plus la paix depuis plusieurs lunes, depuis toujours en fait mais jamais aussi fort qu'à présent. Ce soir peut être tout allait changer. La honte ? Oui, voilà ce qui m'avait retenu durant ces temps. La honte de m'avouer que j'étais faible. Pas en apparence, mais au fond de mon être. Où que je soie, quoi que je fasse, toujours la même question venait me troubler, bien que je ne laissais jamais paraître mon doute.
Mais mon maître n'était pas dupe, trop expérimenté pour qu'on le trompât de cette manière. Je lui en étais à la fois reconnaissant et l'en blâmais. Il avait sentit que quelque chose n'allait pas et en avait fait allusion lors de notre dernière discute. Il avait tout à fait raison, il y avait bel et bien un corps étranger dans les rouages de mon esprit.
Je relevais la tête et mes yeux se perdaient dans l'immensité de l'obscurité de la nuit. Ignorant mon maître, je promenais négligemment une griffe sur le marbre de la balustrade, en restant appuyé sur l'autre coude. Le temps semblait s'éterniser, je n'osais pas faire le premier pas. Je sentis une main se poser sur mon épaule et détournais automatiquement mon regard. La nuit était tombée entièrement maintenant, tout était noir. Je décidais alors de briser ce silence inconfortable mais mon maître me devança. D'un seul frôlement de griffe, il me fis tourner vers lui sans prononcer pour autant une seule parole. Puis, il me fixa du regard. Seule la pression de ce regard me fis ainsi lever la tête et je le fixais également.
« Il y a quelque chose qui ne va pas droit chez toi en ce moment »
Ces simples mots, je les entendais résonner dans ma tête, si secs, si forts, si vrais… Pourtant Kain, mon maître et créateur n'avait qu'à peine entrouvert les lèvres.
« Tu n'as pas à le cacher. Fais seulement attention de ne pas laisser apparaître tes faiblesses.
- Tu avais donc remarqué ?
Tu pensais me le cacher éternellement ?
Je ne sais pas. Je ne veux pas t'ennuyer avec mes histoires.
Tu ne m'ennuies pas, tu m'inquiètes plutôt ! Un vampire se doit d'être fort. Un vampire doit cacher ses faiblesses. Un vampire ne connaît pas la pitié, ni la peur !
Mais le doute ? …
Hum… je l'admets. J'ai du faire de nombreux choix dans le passé et j'avoue avoir souvent douté d'avoir fait les bons. Hésites-tu sur un choix passé ?
Pas vraiment, c'est surtout de moi que je doute.
A ces mots, Kain pris un air désolé et fatigué. Il me dit d'une voix compréhensive que nous avions déjà parlé de cela auparavant, que toutes les questions que je me pose à ce sujet sont inutiles. J'ai déjà entendu ces mots une fois, après ma première mutation. J'avais alors commencé à découvrir mes nouveaux sens, plus fins, plus aiguisés et j'avais alors commencé à me remettre en question.
Etait-ce si dur d'y répondre ? Pourquoi Kain refusait-il toujours d'en parler avec moi ? N'avions nous pas vécu et combattu près d'un millénaire côte à côte ? N'avions nos pas vécu les meilleurs et les pires moments ensemble ? N'étais-je pas son premier né ? Son «confident » ? Malgré tout cela, il persistait dans le mutisme et l'énigme.
Plusieurs heures s'écoulèrent sans qu'aucun de nous deux échangèrent ne serait-ce qu'un son. Nous nous fixions des yeux et parlions par nos expressions. Kain tenait bon, il ne dévoilait pas le moindre indice concernant ma requête, et moi je tâchais de paraître fort, sur de moi. Mais ce « jeu » devînt vite lassant. Et je laissais tomber mon masque. On eut dit que j'étais on ne peut plus égaré car Kain effleura ma joue paternellement bien que nous ne faisions jamais allusion au lien de famille chez les vampires. Mis à part «mes frères », jamais nous ne prononcions «père » en parlant de Kain.
« demain ce sera le jour »
Surpris, je laissais de côtés mes réflexions pour mieux prêter attention à ce que mon seigneur avait à ma dire.
« Demain ? Mais c'est beaucoup plus tôt que prévu !
Nous n'avons pas le choix, c'est le meilleur moyen pour tenter une nouvelle attaque. Ils ne se doutent pas que nous allons les attaquer, nous le ferons de nuit. Mieux vaut profiter de nos atouts ! »
Je ne savais que répondre. Lorsque Kain donnait l'air de plaisanter, de rassurer avec des affirmations aussi inutiles, cela signifiait qu'il avait besoin de moi, qu'il avait prévu de me confier une mission périlleuse et de la première importance.
Te souviens-tu ce à quoi je fis allusion hier ?
Bien sûr.
IL te suffit juste de mettre tout ceci à l'œuvre. Pendant que tes frères se battront sur différents flancs, tu devras faire cette quête dans la plus grande discrétion. Cet objet est très précieux. Protège-le de toute ton âme ! Jamais il ne doit tomber en possession des ces maudits humains.
Qu'est-ce que cet objet a de si important pour toi, Kain ?
Je te le dirais quand le moment sera venu pour toi de savoir, Raziel.
Toujours des énigmes ! Encore et toujours des mystères, répliquais-je sur un ton ironique.
Tu es assez intelligent pour tout comprendre par tes propres moyens. Tu ira ensuite prêter main-forte à Dumah et Zéphon. Tes soldats se battront avec eux sous leurs couleurs afin de ne pas attirer l'attention…
« … pendant que Rahab et Melchiah attaqueront l'endroit où ils nous attendent 'soi-disant' » Nous avons déjà prévu cela il y a bien longtemps.
En effet, ces humains auront probablement laissé sur place quelques soldats pour nous retenir un temps pour permettre au gros de leur armée d'attaquer notre cité qui serais vidée de toute âme…
…et là , ils tomberons nez-à-nez avec le plus gros de nos troupes.
Tu agiras au moment opportun, puis tu ira voir dans quelle état se trouveront leur bataillons. Donne un coup de main a tes frères si besoin est. Je veux que ces charognes soient anéanties. Pas de prisonniers, pas d'esclave. Seulement des morts. Et aucune exception !
Bien Kain.
Kain balaya du regard une dernière fois ma cité et s'en alla sans un mot. Je restais seul à contempler l'horizon. Au loin le soleil commençait à se lever. Dans quelques heures, le moment propice arriverait.
J'étais prêt. Je mis dans un coin de ma tête tous mes doutes et me préparais a ce qui allait suivre. Trouver un objet dont j'ignorais l'utilité me semblait bien futile, quoi qu'il en soit, mon Seigneur me faisait confiance, je n'allait en aucun cas le décevoir…
voilà donc le premier chapitre de la fic principale. Je sais, je commence beaucoup de fics, mais les premiers chapitres sont les plus compliqués à écrire. L'idée de celle là vient d'un rêve que j'ai fait il y a au moins un an et demi, il faut juste que je me remémore toutes les étapes. Elle sera très longue, environ 50 chapitres. Très triste, mais tout le monde connaît déjà la fin…
Le deuxième et le troisième chapitre sont sur papier, il reste à le mettre sur le site mais c'est long…
