Voilà un court texte, que l'on peut lire aussi bien isolé qu'en lien avec ma fiction La tueuse. Je n'en dis pas plus pour ceux qui lisent cette fic, vous le saurez plus tard. Bonne lecture.
Malédiction
Je vacille sous le poids de cette odieuse révélation et la haine me submerge. La honte vient. Je n'en peux plus. Il faut effacer ma vie, cette souillure qui salit le monde, mais cela attendra. Ma rage est trop grande pour être contenue et je hurle.
Maudit sois-tu Húrin, mon père ! Toi qui attiras sur tes propres enfants la malédiction de Morgoth !
Maudit sois-tu Morgoth, toi qui as détruit ma famille !
Maudits soyez-vous, Valar, et toi aussi Eru ! Vous auriez pu intervenir, me rendre mes souvenirs, m'empêcher de devenir l'amante du fils de mon père. Vous n'avez rien fait. Soyez maudits ! Après tout, vous êtes des dieux, pourquoi aideriez-vous de simples mortels ?
Maudit soyez-vous Sindar ! Toi, Thingol et ton épouse Melian, cette Immortelle, et vos sujets. Que ne m'avez-vous retenu captive dans Doriath avec ma mère, et bien avant notre arrivée, pourquoi avez-vous laissé Túrin partir ! Et maudit soit Mablung, ce si grand guerrier incapable de protéger celles qu'on lui avait confiées.
Maudit soit Glaurung ! Je te hais, serpent de Melkor. Tu m'as privée de ma mémoire, et par ta faute je me suis unie à mon frère !
Je n'en peux plus. Je regarde les flots bouillonnants de la rivière qui se jettent avec fracas sur les rochers. Je dois mourir. Mais quelque chose me retient. Mon enfant, qui n'es pas encore né, mourra avec moi. Mais que lui arrivera-t-il s'il reste ici ? Un bâtard, sans père ni mère, fruit d'une union incestueuse, descendant d'êtres maudits. Le laisser naître et vivre serait trop cruel. Il serait destiné à une existence de souffrance. Je ferme les yeux et me jette du haut des falaises. Tandis que le courant m'emporte avec lui, j'émets un dernier souhait. Puisse le destin empêcher mon corps d'être retrouvé.
Alors ? Qu'en pensez-vous ?
