A la rencontre de Leela

Auteur : variousflumps

Titre original : Meeting Leela

Traducteur : hotladykisses (avec l'autorisation de l'auteur)

Note de l'auteur : Alicia est plus ou moins celle de Highland Park dans cette histoire pré-scandale, excepté qu'elle travaille déjà dans un cabinet d'avocats. Kalinda… Kalinda est un peu différente, mais avec un peu de chance, toujours reconnaissable.


Chapitre 1

« Bonsoir. »

Elle se retourne pour découvrir une femme en train de l'observer. Zut. Elle croyait avoir trouvé un coin où elle aurait un peu de paix et de tranquillité pendant quelques précieuses minutes, loin de toutes les amabilités forcées de la campagne de Peter. Apparemment non.

« Bonsoir.
- Vous vous cachez ? »

Elle rit d'un air contrit. « C'est si évident ?
- Vous êtes toute seule dehors.
- Vous êtes sortie aussi.
- Je me suis perdue. Vous n'avez pas l'air perdu.
- Je ne le suis pas. »

Elle regarde son invitée avec curiosité. Elle n'a pas l'air tout à fait à sa place à cette réception remplie de quadragénaires en costume sombre et de leurs épouses modèles tout sourire. Elle porte des bottes à talons hauts et une robe de soirée noire qui en montre juste un peu plus que toutes celles qu'Alicia a vues ce soir. Des cheveux très noirs, des yeux brun foncé, un visage sérieux. Un accent qu'elle n'arrive pas tout à fait à identifier.

« Au fait, je m'appelle Alicia. Alicia Florrick.
- Je sais. »

Alicia sourit d'un air penaud. « Bien sûr. Et vous ?
- Kalinda. »

Alicia attend un instant le nom de famille. Il n'arrive pas.

« Enchantée, Kalinda.
- Enchantée. »

Elle se retrouve à lui adresser un grand sourire sans la moindre raison apparente. Kalinda lui retourne son sourire.

« Vous passez une bonne soirée, Kalinda ?
- Non. »

Son franc-parler fait rire Alicia. « Vous êtes censée faire au moins un peu semblant.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Je… Eh bien parce que… par politesse.
- Vraiment ?
- Toute cette soirée est en l'honneur de mon mari. Vous n'avez pas peur de m'offenser ?
- Vous êtes en train de vous planquer, et moi je dois faire semblant ?
- Oui, bon d'accord. Un point pour vous. »

Alicia inspire une bouffée d'air frais dans la nuit. « Alors, vous travaillez pour la campagne ?
- Si on veut. Je suis enquêtrice. Enfin, c'est mon travail officiel.
- Et officieusement ?
- Officieusement, c'est bien plus intéressant. En fait, vous avez peut-être entendu parler de moi. Il y a des gens qui me connaissent sous mon nom de scène.
- Vous êtes actrice ? » Vous êtes assez belle pour être actrice, pense Alicia.

« Non. Mon nom de scène est Leela. Vous avez entendu parler de Leela ? »

Alicia la contemple abasourdie. Si elle a entendu parler de Leela – et comment !

Café et gâteau avec ses amies. Maisons à cinq chambres aux pelouses impeccables. Conversations sur les enfants qui grandissent, les maris accros à leur boulot, leur poids. Et les scandales potentiels. Toutes sortes de liaisons : avec des secrétaires, des collègues, des maîtresses, des prostituées. Des maris complètement dans le placard au travail, qui draguent dans les bars gays le soir. Des hommes qui aiment être attachés, fessés, dominés. Toute une gamme de tentations sexuelles.

Et Leela. Leela dont on parlait rarement, mais néanmoins célèbre. Sulfureusement. Car Leela n'était pas un scandale qui appartenait aux maris, Leela appartenait aux femmes.

La première fois qu'Alicia avait entendu parler de Leela, elle n'avait pas cru à cette histoire et s'était dit qu'il s'agissait d'une ridicule légende urbaine. Les femmes ne paient pas pour coucher, et certainement pas pour coucher avec une autre femme. Mais ensuite les histoires continuèrent d'affluer… Des femmes frustrées, négligées, insatisfaites, toutes succombaient aux charmes de Leela. Payaient des milliers de dollars pour une seule heure et ne le regrettaient pas. La recommandaient même. Disaient qu'elle les avait empêchées de sombrer dans la folie.

Et puis enfin, après des années de rumeurs qui ne pouvaient jamais être corroborées, elle avait rencontré une femme qui avait reconnu avoir elle-même été avec Leela. Une femme dont le mari se tapait sa secrétaire, une femme frustrée au lit depuis des années, qui avait rencontré Leela au cours d'une soirée et qui de manière inattendue s'était retrouvée… éprise. Qui avait couché avec elle une nuit et oublié qu'elle était censée être hétéro. Et s'était réveillée le lendemain matin pour en redemander.

La célèbre Leela.

« Je devine à votre réaction que ça veut dire oui. »

Alicia, stupidement bouche bée, est en train de virer à l'écarlate. Elle détourne le visage. « Il faut que j'aille retrouver mon mari.
Je suppose que vous n'approuvez pas ? »

Quelque chose dans la question, dans le ton désinvolte de sa voix, met Alicia en colère.

« Vous supposez bien. » Ne t'avise pas d'oser me juger, pense-t-elle. C'est toi qui couches avec des inconnues.

« Quel dommage.
- Pourquoi ?
- Je pensais que vous aimeriez peut-être venir chez moi ce soir. »

Alicia essaie d'empêcher le choc de s'afficher sur son visage, mais à voir l'étincelle de triomphe dans l'expression de Kalinda, elle sait qu'elle n'a pas réussi. Elle se sent embarrassée et furieuse, presque humiliée, et commence à s'éloigner.

« Hé, ne partez pas. Désolée, je ne voulais pas… »

Alicia croise son regard et la nouvelle sincérité qu'elle y voit la surprend.

« Vous ne vouliez pas quoi ?
- Vous bouleverser. Désolée.
- Je ne suis pas bouleversée.
- Alors restez discuter un moment avec moi. Vous savez que vous n'êtes pas encore prête à y retourner. »

Alicia soupèse ses options. Elle s'avance de nouveau vers elle avec circonspection.

« Pourquoi vous avez dit ça ? A propos de…
- Parce que vous êtes la plus belle femme de la soirée. »

Alicia hausse les sourcils. « Quelle tirade.
- Ce n'est pas une tirade. C'est la vérité. Je vous ai déjà vue à ces réceptions. J'espérais vous voir ce soir. »

Alicia en reste bouche bée. « Comment pouvez-vous… Vous ne pouvez pas vous contenter de supposer que je… Cette conversation est ridicule.
- Je n'ai pas dit que je supposais, j'ai dit que j'espérais.
- Je suis mariée, hétérosexuelle, et je vous connais depuis cinq minutes en tout. Cette conversation est toujours aussi ridicule.
- Peut-être, peut-être pas. Combien de temps il vous faut d'habitude pour savoir que vous avez envie de quelqu'un ? »

Alicia hoche la tête, incrédule, et tente de retrouver son aplomb.

« Non ? Eh bien il ne me faut pas plus de 30 secondes en général. Et comme je l'ai dit, je vous ai déjà vue.
- Alors vous m'avez vue avec mon mari.
- Je vous ai vue dans les talk-shows. Je vous ai vue en personne. A chaque fois j'ai eu envie de vous. Exactement comme j'ai envie de vous en ce moment. »

Elle n'arrive pas tout à fait à reprendre son souffle. « Vous devez être bien rodée à ce genre de discours.
- Vous croyez que je mens ?
- Je crois que c'est votre boulot de mentir.
- Je ne mens jamais. Je ne couche jamais avec quelqu'un qui ne m'attire pas. Je peux me permettre d'être extrêmement sélective. »

Alicia pense à son amie, celle qui a avoué avoir couché avec Leela. Cette amie mince et superbe, aux grands yeux verts intelligents, dont elle enviait l'épaisse chevelure noire.

« Vous pensez que ça arrange les choses ?
- Bien sûr. Personne n'est perdant.
- Vous vendez votre corps ! C'est… consternant ! »

Kalinda la touche pour la première fois, une petite main chaude à l'intérieur de son coude. « C'est vraiment ce que vous pensez ?
- Oui.
- C'est ce que pensaient vos amies quand elles me suppliaient de les toucher une dernière fois ? »

Le regard de Kalinda la retient prisonnière pendant dix secondes, quinze, vingt… Elle lui caresse légèrement le bras d'un mouvement rythmique, ses doigts lui frôlent à peine la peau. Le monde entier s'est tu, le monde entier s'est arrêté. Lorsqu'à grand peine elle finit par arriver à détourner les yeux, la vue de quelques-uns des invités qui retournent à leur voiture la fait revenir brutalement à la réalité.

« Il faut que j'y aille. » Elle retire son bras et lisse sa robe. Elle est horrifiée de voir que ses mains tremblent.

« J'ai été ravie de finir par vous rencontrer, Alicia. J'espère qu'on se reverra. »

Elle la regarde une dernière fois dans les yeux avant d'aller retrouver Peter. Pendant l'heure qui suit, elle échange des banalités sur la politique, le temps qu'il fait, le cinéma et la campagne. Elle n'en entend pas la moitié. Elle met un point d'honneur à ne pas chercher du regard Kalinda – Leela. A minuit, elle trouve une excuse et demande à Peter s'ils peuvent partir.

Lorsqu'ils arrivent chez eux, elle se met en chemise de nuit, se brosse les dents et étudie son visage empourpré dans le miroir. « Tu as bu beaucoup de vin. C'est l'adrénaline de la soirée. C'était inévitable que tu sois curieuse, rien de plus naturel. » Elle se rince le visage une fois, deux fois.

Elle se met au lit et attend Peter avec impatience. Lorsqu'il la rejoint et lui dit bonne nuit, elle tend le bras et lui prend la main.

« Tu as été génial ce soir » dit-elle. « J'ai besoin… »

Elle glisse sa main plus bas.

« Seigneur », dit-il en lui adressant un grand sourire. « J'ai réellement dû être génial ce soir. »

Elle gémit tandis qu'il la caresse. Pendant les quelques minutes qui suivent, elle lutte de toutes ses forces contre son corps. Elle n'est pas si rapide d'habitude, si prête, mais il n'y a rien qu'elle puisse faire, tandis qu'il passe et repasse le pouce sur son clitoris, et au gémissement tremblant qui lui échappe, un air triomphant s'affiche sur le visage de son mari.

« Waouh. » dit Peter. « Je devrais t'emmener à ces trucs-là plus souvent. »

Elle lui sourit faiblement, écarte les cheveux de ses yeux, essaie de retrouver son souffle. Elle caresse le visage de Peter, et après quelques minutes sa main descend pour le toucher.

« Si tu es fatiguée…
- Je ne suis pas fatiguée. Je te veux en moi. »

Il s'interrompt quelques secondes, peu habitué à une demande si directe, mais ensuite fait exactement ce qu'on lui a dit de faire. Le second orgasme d'Alicia survient aussi vite et aussi fort que le premier. Lorsque c'est fini, elle regarde son mari glisser doucement dans le sommeil. Une heure d'agitation plus tard, elle finit par le suivre.