Aventure en U

« Une université simple et branchée, hein ?
- Bah… Tu t'attendais à quoi quand j't'ai dis qu'il n'y aurait pas de gamine de terminale ? »

Shikamaru observa une dernière fois le grand bâtiment qui lui faisait face avant de se tourner vers son ami :
« Quand je te disais que j'avais pas envie de me taper une lycéenne, ça voulait pas dire que je voulais une vieille de l'université.
- Mais... C'est toi qui m'a dit qu'Ino n'était pas suffisamment développée pour ton quotient intellectuel !
- Galère… On s'en fout de ça. Je ne veux Pas d'une fille que je ne verrais qu'une fois et qui me jettera comme une sous-merde dès qu'elle sera lassée de ma tronche d'adolescent.
- Shika… 'Faudrait peut-être que tu saches ce que tu veux, aussi. Je suis pas devin, oh. »

Son acolyte, un jeune blond au regard courroucé, lui lança un coup dans les côtes avant de repartir au quart de tout.

« Soit tu prends une meuf bien roulée et qui te jettera le lendemain, soit tu prends une fille qu'est déjà vachement moins bien foutue et libérée et qui te collera au train pendant toute ton année scolaire !
- J'aurais du venir avec Chôji et Kiba… Eux ils savent s'y prendre avec les filles.
- Oh, allez… Viens ! J'veux pas me retrouver tout seul devant toutes ces superbes filles qui n'attendent que moi pour les chevaucher. Et puis il y a Neji dans les parages, c'est l'occasion d'aller le saluer. Ça te fera pas de mal de sociabiliser un peu. »

Le blondinet sautilla sur place et Shikamaru détourna le regard en voyant arriver quelques filles qui rirent en le voyant les observer, certaines murmurant même des Qu'est-ce qu'il est mignon ! entre elles. Naruto et son visage poupon avaient toujours eu le don de s'attirer les faveurs des femmes, cette fois-ci n'y faisait pas exception.

Le brun, d'un regard circulaire, scruta les alentours avant de poser son regard sur un jeune homme qui les regardait en souriant en coin. Ledit jeune homme les salua de loin et vint les rejoindre en marchant tranquillement, une certaine classe naturelle allégeant sa démarche.

« Salut les boutonneux, je peux savoir ce que vous faites pas ici ?
- Du calme, Hyûga. On parlait justement de toi, répondit Naruto sans se départir de sa joie de vivre.
- Tiens donc… Quelles sont les nouvelles ?
- C'est une bien belle université que voilà, éluda le blond. Des jolis bâtiments, un parc bien entretenu. Y'a pas à dire, tu dois te la donner à fond ici.
- Naruto Uzumaki. Shikamaru Nara. Ce n'est surement pas pour me faire la causette que vous êtes venus vous perdre ici, au lieu d'être en cours. »

On ne pouvait décidément rien lui cacher à ce rabat-joie… D'un soupir à fendre l'âme, le blond prit la parole en fourrant les mains dans ses poches.

« Il parait que les meufs sont bonnes par ici. J'voulais valider la légende.
- Et donc ? »

Neji Hyûga était bien loin du crédule de base. Tant qu'on ne lui cracherait pas le morceau, ça n'avancerait pas.

« Ok. Shikamaru en a marre de se taper des lycéennes, il veut tenter quelque chose de différent. Pas vrai ? »

L'insolence !
Pris de court, le Nara ne riposta pas immédiatement. Alors même qu'il n'avait pas dit un mot après l'arrivé de Neji, on l'accusait déjà de n'être qu'un adolescent en rut. Sa cote de popularité en prenait un sacré coup.

« Ne l'écoute pas. Je ne fais que l'accompagner, souffla-t-il en jetant un regard foudroyant au blond. J'ai pas vraiment envie de me prendre un râteau. Au lycée c'est la honte, mais alors ici…
- Alors voila que le futur grand stratège de Konoha à la trouille ? soupesa Neji Hyûga sans se départir de son sourire en coin. Si je m'attendais à ça… »

Personne ne protesta. Neji jouait sur son terrain, ils n'étaient que des invités gracieusement autorisés.

« Mais arrêtons donc de brasser du vent, ok, reprit-il dans sa belle prestance inaltérable, son sourire disparu aussi vite qu'il lui était venu. Je pensais te l'avoir déjà dit Naruto, mais ici c'est mon territoire. Des gamins dans votre genre n'ont rien à y faire, entendu ? »

Comme pour appuyer ses propos, un groupe de jeunes femmes leur passa devant sans même jeter un regard à qui que ce soit d'autre qu'à Neji. Il n'y avait rien à rajouter, il était la star de l'université. Il leur adressa un signe de tête rigide et elles ne trouvèrent rien de mieux à faire que d'en glousser entre elles.
C'était donc ça la vie après le lycée ? pensa Shikamaru en levant un sourcil. Fallait-il être un homme sans faille ni sentiment pour enfin lever de la meuf ?

« J't'en prie Neji, gronda alors Naruto une fois sa concentration revenue. Y'en a tellement par ici, tu pourrais bien m'en laisser une ou deux. Que je puisse impressionner Sasuke au moins une fois dans ma vie…
- J'ai personne à impressionner, intervint Shikamaru en secouant les mains. J'suis juste là pour mater des culs.
- Ne l'écoute pas ! Regarde-les, glapit le blond en tournant sur lui-même. Elles sont là, belles, adultes, habituées aux débauches de leur âge… J'avais tout prévu. Du moment où elle poserait ses yeux sur moi. Du sourire que je lui jetterai à l'en faire défaillir. Tu vois le genre ? »

Personne ne voyait vraiment le genre. Naruto n'avait toujours été que ce gamin gueulard qui courait après les jolies filles du lycée. L'imaginer en charmeur, c'était pousser l'expérience un peu trop loin. Levant les yeux au ciel, Shikamaru écouta alors le roman de son ami.

« J'aurai mes allures de séducteur, je lui caresserai la joue, les cheveux, le dos de la main. Toutes les phrases à la con apprises en regardant les téléfilms du dimanche après-midi me serviraient alors à lui faire la cour comme jamais. Puis je lui proposerai de venir boire un verre chez moi. Et puis ensuite. »

Le blond n'ajouta plus un mot mais plissa les yeux. Son bassin bougea d'avant en arrière et ses lèvres mimèrent un « Beng » aussi vulgaire que son nez froncé.
Les envolées lyriques de Naruto s'en allèrent alors… Ça n'avait rien d'étonnant aux yeux de Shikamaru : son ami n'avait jamais été ce genre de personnage.

« C'était très instructif, merci, déclara Neji en regardant au loin. J'espère que tu as un mouchoir pour essuyer toute cette bave qui coule au coin de tes lèvres… J'ose espère que tu n'as pas un comportement aussi déplacé à l'égard de ma cousine. Vous êtes dans la même classe il me semble, non ?
- Oh tu sais. Je laisse ça à Kiba. Il doit suffisamment la tringler pour pas que j'aie à m'en préoccuper. »

Hyûga ne bougea pas d'un poil et Shikamaru croisa les doigts pour que personne n'ait une réaction exagérée à la suite de la boutade du blond. Il fallait toujours garder à l'œil qu'il n'avait pas de tact celui-là…

« NEJI, ENFIN ! »

Avant même d'avoir pu répliquer verbalement ou physiquement, on attrapa le bras du jeune homme. Elle était rousse, un bonnet vissé sur le crâne et des vêtements si courts qu'on en voyait presque sa culotte. Qui qu'ait put être cette jeune fille, elle venait de taper dans l'œil de Naruto Uzumaki puisque déjà il s'approchait d'un pas pour écouter leurs messes basses.

« Tu n'aurais pas vu Tenten ? demanda-t-elle en omettant la présence des deux adolescents. Je ne la trouve pas et il n'y a qu'elle pour faire entendre raison à cette abrutie de Temari. Tu connais pas sa dernière lubie ? Bousiller le carrelage des chiottes pour passer le temps. Elle fait partie du bureau des élèves, tu imagines la réputation d- »

Voilà que Neji ne l'écoutait plus. Les épaules raides et la démarche mécanique, le jeune homme s'en allait déjà en direction des toilettes du coin.

La rousse se tourna alors vers les lycéens et prit la peine de les saluer. Puis de sourire à Naruto d'une manière suffisamment provocante pour qu'il se mette à la suivre alors qu'elle prenait elle aussi le chemin des toilettes. Shikamaru soupira, ennuyé par ce qu'il se passait, et regarda l'endroit vers lequel tout le monde semblait se diriger.
Temari… Temari… Ce prénom… Ce n'était pas celui de la sœur de Gaara ? En creusant plus dans ses souvenirs, Shikamaru se rappela finalement de qui elle était et de ce qu'elle représentait. Il y avait bien eu cette histoire de concours de T-shirt mouillé qu'elle avait gagné, non ? Pas que ça l'ait intéressé le moins du monde, voyons… Les quelques photos trouvées lui avait à peine échauffées les joues. À peine… Depuis qu'elle avait commencé l'université, Shikamaru n'avait d'ailleurs plus mit les pieds à l'appartement de Gaara.

Fallait-il y voir-là une étrange corrélation entre son manque d'intérêt pour Gaara no Sabaku et le nombre de fois où Temari avait été présente depuis que ses cours à la faculté avaient commencés ?

« Shikamaru ! Tu te bouges un peu, cria Naruto à quelques pas de là pour le sortir de ses songes. C'est l'occasion de saluer Tem'. Ça fait un bail qu'on la croise plus elle aussi, nan ! »

Et avant que le Nara ait pu protester, Naruto lui tournait le dos et sautillait derrière la rousse. Pas de désistement possible, Shikamaru prit le même chemin.
Quelques mètres plus tard, avant même d'avoir passé le pas de la porte des toilettes d'universitaires, le jeune homme s'arrêta à l'entente de ce qui semblait être une dispute.

« Mais t'as quel âge, putain ?
- Occupe-toi de tes oignons, Hyûga. Je te demande pas des comptes quand tu baises dans la salle d'étude juste à côté de mes cours de lettre.
- Alors c'est ça qui te pousse à défoncer du carrelage ? »

Elle était donc là. Un pas de plus et Shikamaru admirait la scène de ses yeux. Neji Hyûga, le visage rouge de fureur tenait le bras d'une pauvre blonde. Le poing en sang qu'elle semblait avoir fracassé ne lui importait pas le moins du monde et sa seule dispute avec Neji prenait toute son attention. Il n'y avait pas à dire : même après tout ce temps sans même l'apercevoir, elle lui faisait toujours un effet bœuf.

Si la rousse provoquait par sa tenue, Temari, elle, provoquait par ses attributs. Habillée d'une jupe et d'une chemise somme toute classiques, il n'en fallait pas plus à Shikamaru pour observer ce qui lui plaisait tant chez elle.

« Si je te retrouve à jouer à ce jeu à la con, tu peux déjà t'imaginer virée de l'établissement. »

Sur sa dernière menace, Neji Hyûga fila sans même un au revoir.

« C'est ça, casse-toi, espèce de couille molle. »

De son air revêche, la blonde serra son poing contre sa poitrine et détourna les yeux de la porte qu'avait emprunté Neji pour sortir. Malgré toutes ces années, aucun doute n'était possible : Neji Hyûga et Temari no Sabaku ne s'entendraient jamais. Tant que ça ne causait pas du tort à quelqu'un, tout le monde s'en fichait.

« Tem-tem, lança enfin Naruto en comprenant que l'animosité ambiante avait disparue. Un bonjour ça t'arracherait la langue ? »

Sans quitter son attitude boudeuse, la blonde se tourna vers Uzumaki et soupira : « Tu ne devrais pas être en cours à l'heure qu'il est ?
- On ne nous laissera donc jamais tranquille… C'est quasiment l'été, laisse-moi profiter de mes derniers instants de liberté ! »

La jeune femme leva les yeux au ciel et se tourna vers la rousse qui, adossée au mur, se roulait une cigarette : « Tayuya, t'es sûre que t'as le temps pour une clope ? On reprend dans cinq minutes. »

Elle s'appelait donc Tayuya. Si cette information n'importait pas le moins du monde à Shikamaru, Naruto lui, la gardait bien précieusement dans un coin de sa tête en suivant l'échange des deux universitaires.

« Tu voudrais pas plutôt qu'on bouge à la pharmacie ? Avec ton poing en sang, j'vois pas trop comment tu comptes écrire. »

La blonde releva la main à hauteur de ses yeux et la scruta comme si elle ne l'avait jamais vue. La tournant et la retournant, elle suivit le tracé de sang séché qui partait vers sa manche avant de plier les doigts et de vérifier qu'ils étaient toujours en état de marche.

« T'occupe. J'demanderai à Kankurô de s'en occuper ce soir. »

Mais qu'est-ce qu'était cette femme pour supporter si bien la douleur de ses doigts qu'on entendait craquer depuis l'autre bout de la pièce ? Shikamaru déglutit en se rendant compte tout à coup que s'il l'avait toujours trouvée singulièrement chaude et sexy, il découvrait aussi qu'elle était folle à lier. Bizarrement, ça ne changea rien à ses envies de passer chez Gaara à l'improviste dans les prochains jours.

« Alors laisse-moi tirer ma clope et on file, répliqua Tayuya en clippant le briquet avant de se tourner vers les deux adolescents. Ravie de vous avoir rencontré, les lycéens. »

Les lycéens. Merde alors, ils étaient si grillés que ça ? Shikamaru n'en menait pas large mais Naruto devina alors qu'il était temps de miser le tout pour le tout.

« On est en terminal, hein, prévint le blond. Bientôt, tu viendras me saluer entre deux cours. C'est une aubaine pour toi, j'ai une très bonne réputation depuis le collège. »

La rousse pouffa alors en allumant sa cigarette, sans même sortir des toilettes. Apparemment, personne ne se souciait des toilettes pour femme de la cour centrale de l'université… A part Neji.

« Je rectifie. Ravie de t'avoir rencontré, le lycéen comique. »

Voilà qu'il n'y avait plus de Vous mais juste un Tu. Comment Shikamaru réussissait-il le tour de force de n'être qu'un élément du décor après tout ce temps ? Le brun cala les mains dans ses poches et fronça les sourcils en s'en rendant compte, ne prêtant plus attention à la discussion de son ami. C'est sûr qu'avec ça, Temari ne lui prêterait jamais un regard. S'il souhaitait un jour qu'elle ait de l'estime pour lui, il avait intérêt à carburer auprès de Gaara.

Il releva la tête vers elle en se rendant compte que ses pensées la prenaient pour cible et s'immobilisa. Les deux yeux verts de la blonde s'avéraient posés sur lui et il en frissonna. Elle avait ce genre de regard profond et viscéral qui réussissait le tour de force de lui faire perdre tout ses moyens. Bingo, avec sa tête d'ahuri, elle devait bien se moquer de lui…

« -Génial. Pas vrai, Shika ? Oh, Shika, j'te parle, putain. »

D'un coup de coude dans les côtes, Naruto réveilla Nara et lui jeta un regard entendu.

« Tu m'gaves à me foutre des coups. Qu'est-ce qui s'passe ?
- Ce soir c'est la Horny Tape au Concrete. Partant ? »

Mais qu'est-ce qu'il baragouinait le blond ? Vu l'air ravi qu'il avait de collé au visage, ça devait être quelque chose de super. Le Concrete c'était bien la boite de nuit huppée en bordure de la ville, ok. Mais la Horny Tape par contre… Dans tous les cas, c'était très certainement une soirée en ville un vendredi soir et ça ne le tentait pas le moins du monde.

De toute son attitude désabusée, Shikamaru ouvrit la bouche pour répondre à son ami mais on ne lui laissa pas le temps de répliquer.

« C'est sympa comme soirée. Vous devriez vraiment venir. On y sera avec Tayuya, de toute manière. Alors à ce soir, peut-être. »

De son timbre de voix si dur et à la fois si chaud, Temari s'éclipsa en les saluant de la main. La rousse suivit un instant après, posant une œillade pesante à Naruto qui n'en laissa pas une miette.
Mais rien ne semblait faire réagir Shikamaru qui réalisait avec stupeur ce qu'il venait de se passer. Elle les invitait à venir en boite. Elle avait délibérément ancré son regard dans celui de Shikamaru pour le leur dire. Elle avait subtilement sourit à la fin de sa réplique…

Et elle lui avait.
Jeté un clin d'œil en se mordillant la lèvre avant de s'en aller.

« Putain de merde, mec. »
Elle me rend dingue.

-•-

Naruto, une chemise noire sur le dos et les cheveux peignés comme rarement, arrêta sa voiture devant une grande bâtisse en granit et klaxonna. Quelques instants plus tard, un grand brun habillé d'un jean des plus banals et d'une veste épaisse sortit de la bâtisse et se pointa devant la fenêtre conducteur.

« Pas la peine de faire autant de bruit. J'galère déjà assez avec ma mère quand il est question de sortir le soir, tu vas pas lui trouver un prétexte pour me faire rentrer avant minuit. »

Si sa flemme était aussi souvent une raison à son manque de sortie diurne et nocturne, ce n'était pas toujours à cause d'elle qu'il ne venait pas à certains événements. Avoir une mère maniaque et colérique n'aidait pas non plus.

« Mec… grogna Naruto en baissant sa vitre pour le regarder de haut en bas.
- Quoi ?
- T'es habillé comme un bidet et tu porte une veste.
- C'est quoi le souci ? Je viens parce que tu m'as supplié de t'accompagner. Pas pour faire le mannequin. »

Supplier était un bien grand mot. Naruto n'avait eu qu'à le demander pour que Shikamaru abdique. Si le blond n'avait fait aucune réflexion au sujet de Temari, c'était davantage pour ne pas le mettre mal à l'aise que par réelle envie de le laisser en paix. Samedi soir, il y avait fort à parier pour qu'il appelle Shikamaru et lui demande à quel point il était croc de la sœur de Gaara.

« Ok, habille-toi donc comme un bidet. Mais pour la veste… Le Concrete c'est la mort, tu sais. Y'a pas de fenêtre, il fait chaud, les gens passent leurs temps collés les uns aux autres. Tu devrais la laisser dans la voiture. »

Manquerait plus qu'il écoute un conseil de cet abruti de Naruto Uzumaki et sa soirée serait foutue pour de bon. Shikamaru fit le tour du véhicule, s'installa du côté passager et lança un doigt d'honneur à Naruto avant d'ouvrir la portière, signifiant ainsi qu'il se fichait de ses précieux avertissements.

Crever de chaud. La bonne blague. Shikamaru venait peut-être avec l'idée de voir Temari et de serrer une meuf sur le chemin, mais il ne se faisait pas d'idée : il était nul en drague et son unique échappatoire serait le coin fumeur où il passerait sa soirée. Alors Naruto pouvait bien se les mettre au cul ses recommandations.

Le blond redémarra sans oublier de lâcher un soupir de circonstance et alluma la radio. Shikamaru n'était pas ce genre de garçon bavard habituellement, Naruto l'avait compris depuis bien longtemps. Mais il n'avait pas une patience infinie.

« J'ai proposé à Gaara de venir. Et aussi à Sakura et Ino. Et puis du coup elles ont invité Sasuke. Donc Kiba vient aussi. Donc Hinata aussi. Ça veut dire qu'il y aura aussi Neji. »

Voilà que tout ce qu'il avait sur le cœur depuis quelques heures déjà trouvait une échappatoire. Il ne fallait pas compter sur le jeune Uzumaki pour avoir une soirée en petit comité : dès qu'il le pouvait, il s'empressait de proposer. C'était son truc, sa manière d'être et d'exister. Les soupirs de Shikamaru n'y changeaient rien. Et pour soupirer, le brun n'y allait pas de main morte.

Gaara, merde. Il y aurait Gaara. Le si bien nommé Gaara… Ça promettait la soirée la plus molle de son existence. Il était hors de question pour Shikamaru pour songer à draguer la sœur de son ami sous son étroite surveillance. Plus par aspect pratique qu'éthique. Si le petit frère pouvait être un garçon charmant, il ne fallait surtout pas oublier qu'il sortait depuis un an à peine de Psychiatrie en centre spécialisé.

Mais il était déjà trop tard pour changer d'avis : Naruto se garait enfin à proximité du bouge et coupait le moteur.

« T'es sûr et certain pour ta veste, hein ? demanda-t-il une dernière fois. »

De nouveau, Shikamaru exposa son majeur en sortant du véhicule, tachant d'éviter les sourcils froncés d'Uzumaki en entamant sa marche vers le Concrete. Les pas rapides de Naruto lui indiquèrent qu'il le suivait de près et d'une étrange manière, le rassura. Il n'était pas seul, il y aurait toujours son ami dans le cas où il s'ennuierait à en mourir.
Sur cette constatation bien égoïste de sa part, le brun s'avança vers le videur, présenta sa pièce d'identité et passa la lourde porte métallique en compagnie du blond.

Il était bloqué pour la soirée. Plus de marche arrière.

« Naruto ! »

Comme un seul homme, ils se tournèrent vers la voix éteinte de celui qui venait d'interpeler le blond. Il avait des cheveux roux, courts et en bataille, des yeux d'un vert d'eau étrangement familier et des cernes suffisamment grands pour s'en faire la remarque.

« Gaara, mon frère ! »

Comme s'il pouvait s'étonner de voir quelqu'un qu'il avait lui-même invité, Naruto écarta les bras et invita le roux pour une étreinte. Une étreinte qui n'arriva pas quand le blond réalis que l'autre lui tendait une main.

« C'est mort, Uzumaki. Je t'apprécie beaucoup, mais tu m'en demandes trop.
- Gaara, t'es vraiment le pire des frangins. »

On n'expliquerait jamais suffisamment le lien qu'il y avait entre ces deux-là. Shikamaru, intelligent qu'il était, n'avait lui-même pas bien comprit tous les tenants et aboutissants de leur relation. D'autant plus que ce soir-ci, précisément, Gaara ne semblait pas respirer la joie de vivre… Ça n'arrangeait pas ses affaires.

« Ça fait une semaine qu'on te croise plus en cours, tu m'fous les boules, grogna Naruto sans se départir de son sourire.
- Je révise pour le BAC, t'occupe, occulta le rouquin en haussant les épaules. Ça fait plaisir de vous voir ici. Je suis venu avec Temari mais elle m'a lâché pour aller danser avec un mec de prépa. Sam, Sale, un nom à la con dans le genre. »

Super, clamèrent les pensées de Shikamaru à l'entente de cette information. Il n'aurait même pas l'occasion de la dragouiller du coin des lèvres : elle avait déjà sa fanbase sur place…

« Super, clama aussi Naruto en se tournant vers le brun. S'il y a Temari, c'est que sa copine ne doit pas être loin.
- Tu parles de Tayuya ?
- Ouais ! »

A présent il avait le cœur au bord des lèvres… Naruto allait certainement se taper la pote de Temari et lui, pauvre Nara, finirait sa soirée sur un banc à l'extérieur à fumer des clopes…

« À l'étage. Je crois qu'elles sont du côté VIP. Je suis pas sûr que vous puiss- »

Naruto n'écouta pas plus, préférant déguerpir pour monter les escaliers. Il avait une chance de baiser ce soir, il ne passerait pas à côté. Shikamaru haussa les épaules en réponse au regard que lui lançait Gaara et fourra les mains dans ses poches.
Topo : il était vingt-trois heures passées, la chaleur montait progressivement au rythme de la musique, il se faisait bousculer et marcher sur les pieds, et surtout… Surtout. Gaara le regardait dans le blanc des yeux d'une manière suffisamment étrange pour que le brun se demande ce qu'il fichait là.

« Shika, bébé ! »

Bébé. Il n'y en avait qu'une pour se permettre de l'appeler ainsi et ça ne lui plaisait pas beaucoup. Quand il se tourna vers son interlocutrice, une ride barra son front. Ino Yamanaka se trouvait face à lui, avec ses longs cheveux blonds et son regard bleu de poupée, elle avait un sacré talent pour renverser des cœurs.

« Ino… soupira-t-il en la laissant se serrer contre lui. Tout va bien ?
- Plutôt, oui, répondit-elle sans relâcher son emprise du brun. Avec Sakura on se fait servir des verres gratoss. C'est grave l'éclate. »

Le brun haussa un sourcil et observa enfin une fille aux cheveux roses et aux yeux résolument clos qui se tenait tant bien que mal debout. Sakura ne vivait pas aussi bien les verres gratuits qu'Ino… Gaara s'en rendit aussi compte puisqu'il s'approcha de la rose pour lui tenir le bras. Être une adolescente à Konoha un soir de fête ne menait pas qu'à de bonnes décisions, une fois encore Sakura et Ino en devenaient des preuves flagrantes.

« Vous devriez calmer la boisson, les filles, conseilla Shikamaru en repoussant Ino pour la regarder dans les yeux. 'Manquerait plus qu'on essaye de vous violer et je pourrais plus jamais sortir de chez moi avant d'avoir trouvé un job. Et encore, ma mère serait bien capable de m'emprisonner. »

Une fois de plus, la facette egocentrique de Shikamaru se dévoilait et Ino prit la mouche. Elle avait beau le connaitre depuis toute petite, son manque d'intérêt pour elle avait de quoi la frustrer plus que de nécessaire.

« J'ai pas besoin de boire des verres pour faire ça. »

De son air de défi peint sur le visage, la blonde se tourna vers Sakura et accrocha ses mains à sa nuque. Sans même lui laisser le temps de réagir, elle plaqua ses lèvres contre les siennes dans un baiser alcoolisé. Sakura ne bougea pas, gardant des yeux clos et un sourire aux lèvres et Gaara, toujours à tenir la rose, observa la scène avec des allures de voyeurs. Ça promettait un bon gros mélodrame une fois l'alcool retombé. Mais d'ici là…

Sans plus se préoccuper du sort de ses amis, Shikamaru s'en alla. Le Concrete était peut-être une boite de nuit en bordure de ville, mais il en restait tout de même l'endroit le plus huppé. D'une superficie telle que Shikamaru avait toujours rechigné à y aller de peur d'y perdre ses amis et d'y finir sa soirée seul. Hantise de toutes les hantises.
Faisant un tour d'horizon du lieu, Shikamaru traça un chemin mental du coin et tenta d'y repérer des têtes connues. Bar au fond de la salle trop de galère pour l'atteindre. Sasuke Uchiha, la bombe du lycée, entouré d'une légion d'adolescente en manque d'amour bien trop chiant. Les tables de part et d'autre de la piste de danse il n'était quand même pas si fatigué pour aller se poser sans même avoir prit la peine de s'éclater un peu avant… Le fumoir bien trop tôt pour déjà s'ennuyer en fumant des cigarettes.

Et finalement…

L'escalier. Terrain si mystérieux d'où Naruto n'était toujours pas revenu. Ça ne pouvait qu'être un bon présage. Peut-être y trouverait-il le courage nécessaire pour accoster Temari et lui proposer de boire un verre ? Ou peut-être se ferait-il rembarrer avant même d'avoir atteint la blonde ?

Toujours est-il qu'il grimpait les marches métalliques de l'escalier en colimaçon et que le conseil de Naruto sur sa tenue lui revenait en tête. Si Temari le voyait maintenant, en sueur dans sa veste en cuir… Aucun doute qu'elle ravalerait ses mordillements de lèvre et ses regards langoureux.

Lorsqu'il posa finalement un premier pied à l'étage, Shikamaru plissa les yeux : on n'y voyait pas à dix mètres. C'était vraiment ça le coin VIP du Concrete ? Un videur semblait tenir à distance les importuns et une corde en velours signalait la limite entre les manants et les VIP. C'était foutu, jamais plus il ne pourrait approcher des filles aussi canons que Temari et Tayuya… Prêt à s'en retourner au fumoir faute de mieux, une main lui agrippa l'épaule, le forçant à se retourner.

« C'est toi Nara Shikamaru ? »

La main appartenait au videur, son visage dur et ses manières lourdes lui allaient comme un gant. Tellement que le brun hésita à s'en aller en courant, de peur d'avoir fait quelque chose de mal.

« C'est moi, répondit-il pourtant, une goutte de sueur apparaissant le long de sa tempe. Je peux faire quelque chose pour vous ? »

De toute sa hauteur, la baraque à viande se pencha vers Shikamaru et lui pointa du doigt le coin VIP.

« Il y a un blond qui a dit que tu viendrais bientôt. Il traine avec des habitués, j'imagine que tu es avec eux, non ? »

C'était quoi cet étrange plan qui menait au grand néant ? On lui tendait un piège, c'est ça ? Le videur s'écarta alors du passage, invitant Shikamaru à rentrer dans ce qui semblait être le coin le plus convoité au regard des quelques personnes qui faisaient la queue pour y entrer.

« Passe une bonne soirée, vieux. Et décoince-toi un peu, putain. T'es pas ici pour te choper des escarres. »

Il avait un sacré sens de l'humour le gros baraqué, remarqua le lycéen en s'engouffrant dans la foule qu'il ne voyait pas quelques mètres plus tôt. Et quelle foule…
La musique était plus forte, la chaleur plus étouffante, les danseurs plus collants… Le niveau était monté d'un cran, il avait toutes les chances de son côté pour enfin se trouver quelqu'un avec qui passer la soirée. Il n'y avait qu'à faire attention aux jeunes femmes qui se frottaient à lui dans l'espoir qu'il leur réponde.

« Shikamaru ! »

Une main se leva dans la foule et Naruto apparut à son champ de vision. Mais quelque chose avait changé. Ses cheveux qu'il avait mis tant de temps à peigner ne ressemblaient plus à rien, ses joues semblaient rouges comme jamais et, avec sa chemise en moins sur le dos, son torse luisait de sueur. Jamais encore le Nara n'avait vu son ami en pareille situation et il ne s'en remettait pas.

« Merci encore pour le coup de pouce ! répondit Shikamaru en criant pour couvrir le volume de la musique.
- Pas de quoi ! Suis-moi ! »

Sans même attendre de réponse, Naruto fendit la foule et les dirigea jusqu'à un recoin isolé bordé de canapé en similicuir. Sans surprise, il y trouva Tayuya qui fit une place au blond. Neji se trouvait aussi là. Drôle de surprise que de croiser le Hyûga en compagnie d'une belle petite brune à qui il roulait des pelles comme si la fin du monde était proche. Shikamaru devenait-il la cinquième roue du carrosse ?
Naruto ne lui laissa pas le temps d'y penser et lui tendit un verre.

« Ce soir on tourne à la tequila, on trinque ? »

Alcool gratuit. Ça n'irait peut-être pas si mal, en fin de compte… Claquant son verre contre celui de Tayuya et Naruto, Shikamaru exprima toute sa joie et avala d'une traite le contenu de sa coupe. Il n'était pas encore minuit, il aurait bien le temps de profiter de sa soirée une fois qu'il serait désinhibé par l'alcool.

Un quart d'heure plus tard et deux verres de plus dans le nez, Shikamaru ne prêtait plus attention à Naruto qui tripotait la rousse ni à Neji qui commençait de dangereux préliminaires avec la brune. D'accord, ce n'était pas la soirée dont il avait rêvé mais il ferait en sorte de ne se souvenir que des bons côtés.

« Ça alors, le lycéen ! Quelle bonne surprise… »

Levant le nez de son verre, Shikamaru se réveilla instantanément. Ses cheveux blonds lâchés et son visage à quelques pas du sien, Temari éveillait en lui une envie irrépressible.

« Tu danses ? »

Danser ne faisait pas parti de son envie irrépressible mais il la laissa lui attraper la main et les mener au milieu de la piste. Debout et à quelques centimètres d'elle, Shikamaru posa alors un regard complet sur la grande sœur de Gaara. Encore une fois, Tayuya et ses vêtements courts qui se frottaient à un Naruto en ébullition ne se rapprochait en rien de la tenue de Temari. Son jean moulant, son chemisier léger, son crayon noir sur le contour des yeux… Plus les années passaient et moins Shikamaru comprenait ce qui le bloquait avec l'idée de faire du rentre-dedans à la blonde.
Elle était la sœur de Gaara, certes, mais… Mais elle était tellement belle ! Tellement forte, intelligente, surprenante ! Il n'y avait qu'à la voir se déhancher comme une folle sur la piste pour comprendre qu'elle n'en avait pas grand-chose à faire de tout ce qui l'entourait.

Et pourtant…

Il ne trouva pas l'occasion de se trouver plus près qu'elle lui attrapait de nouveau la main pour les mener au comptoir du bar. C'en était presque provoquant que de remarquer sa posture quand elle demanda au barman de leur servir deux verres.

« Tu passes une bonne soirée ? demanda-t-elle en se penchant à son oreille.
- Ça peut aller. Il fait un peu trop chaud, par contre ! »

Se disant, il retira sa veste et respira enfin. Naruto avait eu raison de lui et ça lui brisait les pieds. Tout en espérant qu'il ne sentait pas l'homme des cavernes, Shikamaru se rapprocha de la blonde pour lui parler mais elle le stoppa dans son élan en regardant la montre à son poignet.

« Fait chier, il est déjà deux heures. C'est la merde. »

Son front se plissa et elle héla le barman. Non… Elle n'allait quand même pas lui filer entre les doigts alors qu'il touchait au but ?! Quand elle attrapa le sac à main que lui tendait le barman, la réponse clignota au-dessus de sa tête.

« C'était une super soirée, Nara. J'espère qu'on aura d'autres occasions de se voir… »

Son regard vert pénétra le sien un instant qui parut durer une éternité. Que fallait-il lire dans ce visage ? Était-il le seul à qui elle jetait de pareil regard qui lui donnait des frissons tout le long du dos ?
D'un geste, elle enfila sa veste et disparut.

« Putain. »

Il avait deconné. En long, en large, en travers. Et le regard de jugement du barman se faisait qu'appesantir le tout.

« Tu devrais te dépêcher avant de louper le coche. »

S'il n'avait fait que juger… Mais non, l'employé se permettait aussi de le conseiller en plissant le front. À y regarder de plus près, il n'avait pas tant l'air de le juger mais plutôt de s'inquiéter pour lui. Se voulant rassurant, l'homme s'accouda au comptoir pour être à portée d'oreille de Shikamaru.

« Temari vient souvent au Concrete mais passe rarement du temps avec les mecs qui l'accostent ! jeta-t-il en haussant un sourcil. Dans mon référenciel personnel, ça m'a tout l'air d'être une bonne nouvelle pour toi. Tu ne penses pas ?
- Je. Ne. Pardon ? »

Sèchement, Shikamaru secoua la tête pour se remettre les idées en place : il avait bien trop bu en trop peu de temps et ses réflexions se faisaient éclectiques. Que devait-il faire alors ? Son cerveau était bien trop embrumé pour qu'il ne prenne la moindre décision.

« La rejoindre ça me parait être une bonne idée, proposa alors le barman en souriant. Tu pourrais même la raccompagner. La pauvre : elle a bu comme un trou… »

Sans même attendre de savoir quelle décision prendrait le brun, le barman s'éloigna pour rejoindre deux clients potentiels. Ce n'était pas bête du tout ce qu'il venait de dire… Du moins ça ne le paraissait pas plus que ça et c'était bien suffisant.
Shikamaru se détacha du comptoir, se retourna et fit un pas en avant pour finalement constater qu'elle n'était déjà plus à portée de vue. Il s'approcha alors du recoin où se trouvait Naruto quelques temps plus tôt et remarqua son absence. Neji, qui se trouvait là, les mains derrière la tête sans personne pour lui tenir compagnie, capta le regard de Nara et lui intima de s'approcher.

« Tu n'aurais pas vu Temari ? demanda le brun.
- Elle vient. Tout juste… De me dire qu'elle partait. Tu prendras bien… Un deeeernier verre en ma compagnie ? »

Voir Neji Hyûga qui parlait comme un demeuré devait bien faire parti du top trois des moments gênants de la vie de Shikamaru. Aussi, décida-t-il de s'éclipser sans même répondre à son ami et sépara la foule pour se diriger vers les escaliers. Arrivé au bout de ses peines, le brun scruta la salle en contrebas et vit la blonde de ses pensées saluer Sakura et Ino. Il n'était pas trop tard ! Shikamaru avait encore toutes ses chances.

Durant sa descente laborieusement enivrée des escaliers en colimaçon, Nara Shikamaru hésita terriblement, prit d'un doute qu'il n'avait pas encore envisagé.
Et si toute cette impression d'être désiré par Temari n'avait été que l'effet de son imagination ? Ça n'aurait pas été une première pour lui que de croire qu'il avait une touche pour finalement se rendre compte que c'était tout au plus de l'amitié qu'il pourrait tirer de sa relation. Toute cette histoire prenait décidément de bien trop grandes proportions…

« Shikamaru, Bébé ! »

De nouveau, Ino l'apercevait et l'implorait de s'approcher. Dans d'autres circonstances, il ne l'aurait pas mal prit. Mais elle se tenait à une poignée de main de Temari et se collait à lui toute ivre qu'elle était. Au regard que lui lança la sœur de Gaara, Shikamaru comprit le quiproquo qui s'établissait.

Non, Ino n'était rien. Tout au plus une première fois désastreuse et une amie fidèle. Mais dire à Temari qu'Ino et lui n'étaient qu'ami pouvait bien faire penser à une déclaration. Ça non. Il était peut-être attiré par la belle blonde Sabaku mais jamais il ne se permettrait d'être aussi direct. Il avait un code d'honneur !

C'est alors qu'apparut le sauveur de la situation : Sasuke Uchiha. Présenté précédemment comme l'idole de son lycée, Sasuke n'en était pas moins l'homme le moins agréable à fréquenter de l'univers. Cela n'empêcha pourtant pas Ino de se décoller de Shikamaru pour se jeter sur cet homme au regard impassible : on avait beau dire, il avait un sacré sex-appeal…

Enfin débarrassé de cette alcoolique d'Ino, Nara se retourna vers Temari et lui esquissa un sourire gêné. Jamais plus il n'oserait parler d'Ino devant elle…

« Je comptais partir aussi. Je t'accompagne ? »

Il l'avait dit.
Putain, il lui avait vraiment proposé ! Champion du monde ! Panier sans toucher les bords. Touchdown ! Avant même d'entendre une réponse de la part de Temari, Shikamaru se congratula de ses efforts si persévérants pour enfin avoir une touche avec la sœur de son pote. Que ça marche ou pas n'avait pas d'importance il avait essayé et c'était en soi une belle prouesse.

« Pourquoi pas, c'est sur ton chemin ? »

Ses yeux verts appuyèrent sa question et le brun hocha la tête. On ne le lui demanderait pas deux fois. Tant pis s'il ne disait pas au revoir à Naruto et Gaara. Ça lui était bien égal. Tant pis pour sa belle veste oubliée sur la chaise de bar à l'étage. Tant pis pour les questions que poserait sa mère au sujet d'Ino qu'il n'allait pas raccompagner alors qu'elle était sa voisine.

« Oui. »

Même s'il n'en avait aucune idée. L'appartement des Sabaku aurait-il été à l'opposé de chez lui qu'il l'aurait tout de même accompagnée jusqu'au pas de sa porte.
Afin de parfaire son allure de gentleman, Shikamaru tendit un avant-bras à la blonde et celle-ci s'y accrocha en se retenant de pouffer. Avec ses airs de gentilhomme alcoolique, il n'avait pas fière allure.

Une fois leur sortie faite, Shikamaru comprit avec une étrange précision ce qui lui était arrivé entre le matin-même et le présent immédiat.
Il y avait eu Temari. Son côté marginal, son regard ensorcelant, ses manières brusques, son sourire, son rire… Il n'y avait eu besoin que de ces quelques éléments pour que l'esprit du brun se chamboule au point de le faire évoluer dans la direction qu'il prenait maintenant. S'ajoutait à ça des points communs qu'ils se découvraient en marchant dans le froid du mois de mars. Mais aussi l'odeur qu'elle semblait dégager à chacun de ses mouvements. Il n'en fallait plus que peu pour qu'il lui tombe dans les bras.

Oui, il était un homme. Fort, viril, passionné, valeureux… Devait-il se retenir de tomber sous son charme à cause de ces quelques préceptes ? Oh, il en verrait d'autre. Mais c'est quelques préceptes en faisait la raison principale de son chamboulement psychologique : Temari no Sabaku lui retournait la tête !

Et cette odeur qui lui envahissait l'odorat… Ça n'irait pas en s'arrangeant. Cannelle ? Vanille ? Papaye ? Un truc fruité, complètement exotique, renversant. Quelque chose qui correspondait parfaitement à l'image qu'il se faisait de la blonde. Encore un peu et il plongeait son nez dans le creux du cou de la jeune femme. Ce qu'il était dangereusement en train de faire quand elle les arrêta face à un immeuble à la porte de verre.

« C'est ici. »

C'était une bien jolie porte à double battants…

« Merci encore de m'avoir raccompagné.
- Tout le plaisir est pour moi. »

Elle se détacha alors de son bras et une constatation vit le jour. Du Concrete à son appartement, Temari ne lui avait pas lâché le bras un seul instant. Serrée contre lui, elle avait discuté de banalité sans même prendre en considération le bras qu'elle avait collé contre sa poitrine. Était-ce un message ? Était-ce un malentendu ?

Toujours aussi étrangère au cas de conscience du brun, Temari riva son regard au sien puis ferma les yeux en s'approchant de lui.
Enfin ? Le baiser tant attendu mais aussi tant redouté. Bouche contre bouche et plus si affinité. Il allait en crever de bonheur, c'était pas humain ! Tellement que les yeux de Shikamaru se fermèrent à l'approche de la blonde.

« C'était cool, souffla-t-elle à son oreille avant de lui déposer un baiser sur la joue. »

Shikamaru papillonna des yeux à mesure qu'elle éloignait son visage, tout à coup bien moins assuré. Non ! Non, merde alors… C'était nul. Franchement. Même dans ses rêves les plus banals, il ne se faisait pas avoir à ce point ! Après tout ces regards lancés, ces sourires éperdus, cette chaleur contre son bras…

Ça n'allait quand même pas finir si platement, non ? Si ? Alors là, pas tant qu'il ne se serait pas jeté dans la gueule du loup.

D'un geste qu'il voulut doux, Shikamaru attrapa l'épaule de la jeune femme et la ramena à lui.

« Nara ?
- Juste un instant, s'il-te-plait… »

De ce ton si impérieux, Temari n'osa pas répliquer quand il pencha la tête vers elle et posa ses lèvres sur les siennes.

Plus un bruit, plus un geste. L'espace et le temps n'existaient plus et seuls Shikamaru et sa bouche contre celle de Temari semblaient importer. Il n'y eu aucune réticence. Pas même lorsqu'il posa une main contre les hanches de la no Sabaku pour resserrer leur étreinte.

Encore moins quand il délaissa ses lèvres pour se poser contre la peau de ce cou tant chéri. Elle avait la peau chaude, douce et chaque pulsation qu'il sentait vibrer sur ses lèvres lui rappelait la réalité des choses : il y avait Temari, lui, leur état d'ébriété en baisse et les mains de la blonde qui s'accrochaient à ses hanches. Rien ne pourrait être plus parfait.

« Tu montes ? »

Rien.

-•-

Bip-Bip-Biiiiiiiiiiiiiip

Sortant la main d'un amas de draps, Shikamaru Nara frappa l'appareil au bruit monstrueux posé sur la table de chevet à sa droite. Dire qu'il faisait si bon là-dessous… Tout en rechignant, le brun repoussa les draps à ses pieds et observa une scène qui ne lui paraissait pas familière. Pour cause, la pièce était lumineuse, rangée et sentait bon la lessive. Rien à voir avec l'environnement dans lequel il évoluait habituellement. Mais il manquait tout de même quelque chose de suffisamment conséquent pour qu'il se relève d'un coup pour faire le tour de la chambre.
Temari ne se trouvait plus là. Après une nuit pareille, Shikamaru en revenait presque à trouver cette situation plutôt triste. Il y avait bien ses affaires de la veille mais ni son sac ni sa veste ne se trouvaient dans les parages. Aucun doute, elle ne trouvait ni ici, ni dans le reste de l'appartement.

« F'chier. »

Il se frotta le front, récupéra ses vêtements et les enfila juste avant qu'on ne vienne toquer à la porte. Qui pouvait bien venir toquer à la porte de la chambre de la blonde ? Ça ne sentait franchement pas bon…

« Nara, c'est Kankurô. J'ai entendu le réveil, j'imagine que t'es réveillé. Tem' est partie réviser à la BU mais si t'as le temps, on t'attend dans le salon. »

Shikamaru ne prit pas la peine de répondre. Avait-il réellement entendu le frère de Temari lui dire qu'il l'attendait dans le salon ? Qu'ILS l'attendaient ? S'il y avait Gaara en plus, il y avait fort à parier qu'il s'en prendrait plein les miches. Il était inutile de les faire attendre, alors d'un pas qu'il voulait fier, Nara Shikamaru sortit de la chambre de la blonde sans un regard en arrière
Avec le souvenir d'être déjà passé par ce couloir quand il prenait encore la peine de trainer avec Gaara, le brun passa par la salle de bain pour s'enquérir de sa bonne tenue avant de se tourner vers le salon où étaient installés les deux frères de la blonde.

« Salut… Les gars… »

Les gars. Il n'avait rien de mieux en stock, putain ? Il allait se faire incendier et toute cette situation le dépassait. Tout ça, c'était la faute de ce trou du cul de Naruto ! Sans cet abruti, il n'y aurait jamais eu ce malaise qui semblait appesantir l'air de l'appartement des no Sabaku.

« Bien le bonjour, Nara, déclara le roux d'une voix terriblement glaciale avant de tendre la main vers son camarade. Assied-toi donc. »

La mâchoire serrée de Gaara prouvait bien ses appréhensions le pauvre cœur de Shikamaru battait à présent à tout rompre.
On n'avait pourtant jamais dit à Shikamaru que les deux frangins de la blonde étaient ce genre de frères protecteurs… Sûrement que les fois où ils avaient été tous les trois dans la même pièce n'avaient été que cris et fourberie… Sur ces quelques réflexions, le lycéen prit place sur la chaise en bois face au canapé où étaient assis les deux no Sabaku.

« As-tu quelque chose à dire pour ta défense ? formula Kankurô d'un sourire en biais. »

Cette situation semblait particulièrement amuser ce dernier puisque, contrairement à son frère, sa concentration allait de Shikamaru à son téléphone sans le déranger. Son air goguenard titillant l'amabilité du pauvre Nara. Tout en se grattant la tête, l'invité évita le regard des frères.

Naruto, merde alors… Dès ce soir, il ferait mordre la poussière à ce débile… Mais comment se retrouvait-il dans une situation pareille ? Pourquoi lui ?!
Temari ? Non, ça n'expliquait pas tout. C'était une jolie fille et il avait bien souvent eu en tête qu'elle lui plaisait mais de là à se dire qu'elle était la cause de tous ses tracas… Non, ce n'était décidément qu'une question de besoin, voilà tout. Un vulgaire caprice !

« Pas vraiment non… répondit Nara en se grattant le front.
- Tant mieux, accepta Kankurô en regardant son petit frère.
- Je ne pensais pas un jour avoir à te sortir ce genre de speech, avoua alors Gaara no Sabaku en joignant les mains, le regard tellement sombre que la pièce en perdait de la luminosité. Mais, finalement, tu n'es qu'un mec comme les autres qui m'empêche de dormir un lendemain de soirée en baisant ma sœur. »

C'est donc de là que venaient les affreux cernes du jeune roux…
Ça faisait franchement mal de l'entendre dire ça… Comment pourrait-il recoller les morceaux avec son camarade de classe ? C'était la fin du lycée, bientôt, mais quand même… Gaara pouvait être un chic type.

« Alors dis-nous tout. C'était ta première expérience ? demanda Kankurô de cet atroce sourire qui ne quittait plus ses lèvres. »

Ça devenait gravement malsain par ici… Peut-être aurait-il mieux fait de prendre la poudre d'escampette plutôt que de paresser dans le lit de Temari quand il l'avait entendue partir. Et puis. Et puis non ! Il n'était plus puceau, mais ça ne regardait que lui. D'accord, il n'y en avait eu qu'une avant Temari… Mais il n'avait que dix-sept ans, ça n'avait rien d'anormal !

« N-non, bien sûr que non, bégaya le brun en papillonnant des yeux.
- Top, concéda Kankurô qui avait visiblement la mainmise sur le speech des mecs d'une nuit de la blonde. Et tu avais déjà des vus sur Tem' avant ce soir ou ce n'était qu'un pur concours de circonstance ? »

Rien que d'y penser, Shikamaru s'en baffait mentalement. Qui pourrait croire une seule seconde qu'il n'avait couché avec leur sœur que par simple hasard ? Gaara et lui se connaissaient depuis le collège et tous ceux qui avait été à même de voir Temari et Shikamaru dans la même pièce l'avait crié à qui voulait l'entendre : Shikamaru Nara était fondu d'elle. Au point d'aider Gaara avec ses devoirs quand les no Sabaku étaient arrivés à Konoha. Au point d'organiser une fête chez lui avec l'espoir que Gaara soit accompagné de sa sœur…
Le regard interroga-foutage de gueule de Kankurô ne réclamait presque pas de réponse.

« Eh bien… C'est Temari. Elle est intelligente, jolie… Qui ne voudrait p- »

Il ne prit pas la peine de finir sa tirade les frères comprenaient plutôt bien ce qui venait d'être dit.

« Sérieux, Nara… T'as déjà fantasmé dessus ? »

La posture si flegmatique de Kankurô, qui était jusqu'à présent affalé dans le canapé, se métamorphosa en un instant alors qu'il posait ses avant-bras sur ses cuisses. Shikamaru captivait son auditoire, selon toute vraisemblance. L'œil lubrique, Kankurô no Sabaku attendait sa réponse tandis que le rouquin serrait et desserrait le poing, une veine palpitante sur le front.

« Ça serait vous mentir que de vous dire que non, avoua le brun en s'insultant de tous les noms a mesure que sa langue se déliait. Tu te souviens de cette soirée au bar ? »

Tout le monde s'en souvenait parfaitement. Gaara et Shikamaru avaient alors quinze ans, sortait à peine du collège et appréciaient pour la première fois une soirée en compagnie des grands. Temari, Kankurô, des gens de terminales, des adultes. Il y avait eu ce T-shirt mouillé…. Gaara n'en avait pas été émoustillé pour un sou mais Shikamaru en avait gardé un souvenir mémorable. Principalement parce que la grande Temari, alors âgée de dix-sept ans, lui avait fait comprendre qu'il n'y avait pas besoin de magazine ou de site porno pour avoir le barreau.

« Pas la peine. D'en rajouter. »

C'était un ordre plus qu'une remarque. Gaara ne plaisantait pas du tout. Quand les frères échangèrent un regard, le brun remarqua alors cette retenue qu'ils avaient. Pas de gestes brusques, les lèvres blanches, les mains agitées. Ça n'allait pas du tout pour les deux Sabaku…

« Nara, soupira Gaara en se reposant dos contre le canapé. Tu as couché avec notre sœur. Je t'avais accordé tellement de confiance, tu étais un ami que je pensais loyal. T'en as rien à foutre, c'est ça ? »

Le front du roux se plissa et Shikamaru sembla déceler dans le regard de son vis-à-vis une tristesse sourde qu'il ne trouva pas le courage de calmer.

« Mais bienheureusement pour toi, je suis suivi de près par des médecins et Kankurô ne peut plus se permettre de se battre contre les mecs de Tem' sous peine de finir en taule. Nous ne pouvons donc rien faire contre toi pour le moment. Profites-en. »

Shikamaru souffla intérieurement de la chance qu'il avait d'être tombé sur deux psychopathes et relativisa bien vite : Il avait couché avec une femme qui avait deux frères particulièrement inquiétants. C'était décidé, il allait faire la peau à Naruto avant même de rentre chez lui. Tant pis s'il y avait une chance pour que Tayuya soit là !

Kankurô se leva du canapé alors que Gaara décampait du salon sans lâcher un regard à son ancien ami. Aïe…

« Il est… Onze heures vingt-sept, déclara calmement le no Sabaku restant. Un café, ça te branche ?
- Merci, mais je pense que je vais y aller.
- Non, j'insiste. »

Sans lui laisser l'occasion de protester plus, le brun l'attrapa par l'épaule et l'emmena jusqu'à la cuisine. Tandis qu'il s'affairait à sortir deux tasses et à mettre en marche la cafetière, Shikamaru s'installa sur l'un des chaises de la cuisine et baissa la tête, les idées embrouillées.

« Pas la peine de virer au mélodramatique, jeta Kankurô en lui tapotant les épaules. Tu n'es pas le premier pote de Gaara à passer par le lit de notre sœur. »

C'était censé le rassurer ? Parce que ça avait plutôt le don de le rendre dingue… Temari avait tellement de choix qu'elle piochait dans les amis de ses frères. C'était nul.

« Eh, continua l'autre en le voyant se rabougrir sur sa chaise. C'était une blague, merde. Je savais pas que t'étais du genre premier degré. Gaara dit toujours que t'es une tête… »

Ce Kankurô lui mettait les nerfs en pelote… Vivement qu'il puisse s'enfiler ce café pour enfin déguerpir de cet appartement.

« En vérité, tu dois bien être le premier de nos amis à franchir le cap. Bien joué, le bleu. »

Ça devenait difficile à comprendre… Kankurô voulait lui faire la tête au carrée ou essayait-il de devenir son ami ? Parce qu'apparemment, il le couvait un peu trop. Le no Sabaku dut s'en rendre compte puisqu'il embraya sur le sujet.

« Ça fait bien longtemps que je ne juge plus les hommes avec qui Temari traine. On ne peut pas dire qu'il y en ait tant que ça mais c'est toujours très bruyant. Elle est adulte, c'est elle que ça regarde. Gaara a un peu plus de mal avec ça et c'est tout à fait compréhensible : sa chambre est mitoyenne de celle de Tem'. Ne crois pas qu'il t'en veuille il a juste passé une sale nuit. »

La cafetière bipa pour rappeler à Kankurô que le café était prêt et l'intéressé fila remplir les deux tasses, laissant Shikamaru méditer sur ses dernières paroles. Rien de tout ce qui avait été dit depuis son réveil n'avait le don de rassurer Shikamaru pour de bon.
Temari était une adulte et profitait de cet état de fait pour s'envoyer en l'air. Avec tout un tas d'homme ou en tout cas suffisamment pour que Gaara l'est mauvaise de ne pas profiter de ses nuits. Si Shikamaru Nara avait eu à l'esprit de pouvoir engager une relation avec la blonde, son idée tombait à plat. Ça avait beau le chagriner, une seule envie lui démangeait les entrailles : faire sa fête à Naruto Uzumaki pour l'avoir trainé dans pareille situation.

« Les garçons, je suis passé au traiteur mexicain ! »

Une porte claqua et les deux bruns se tournèrent vers la porte de la cuisine en entendant des bruits de talon s'en rapprocher.

« Eh, vous êtes où ? entendirent-ils avant que la porte de la cuisine ne s'ouvre sur une Temari chargée de sac bariolés. J'ai prit assez de tacos pour se péter l- »

Alors qu'elle posait les sacs à même le sol, la blonde croisa le regard de l'homme avec qui elle avait partagé sa nuit, apparemment étonnée de le voir en compagnie de son petit frère. De ses deux grands yeux ouverts, Temari communiqua avec le frère no Sabaku à qui il ne fallut pas longtemps pour comprendre qu'il était de trop. Tout en attrapant sa tasse de café, Kankurô jeta une œillade qui se voulait réconfortante au brun avant de quitter la pièce.

Tout allait se jouer ici.

« Eh bien, Nara, commença-t-elle, tachant de faire bonne figure malgré la surprise. Si je m'attendais à te trouver encore ici… »

Pour sûr, pensa-t-il. Elle n'avait pas l'air ravie de le voir encore ici passé midi, sûrement que son plat à emporter en était l'indicateur principal.

« Kankurô a insisté, s'excusa le brun en se levant d'un bond.
- C'est cool, tu peux te rassoir. »

Super, elle avait grillé qu'il était sur les nerfs. Se redresser comme ça ne faisait pas bonne impression. Et dire qu'à cette heure-ci il devait être chez lui à roupiller sur l'herbe du jardin. Sa mère allait le réduire en charpie.
Sans se rassoir, Shikamaru se rapprocha de la blonde pour s'appuyer contre le plan de travail derrière lui. S'ils devaient avoir une discussion, autant qu'elle se fasse dans de bonnes conditions. Le regard ennuyé qu'elle lui jeta alors lui fit perdre tous ses moyens jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche.

« Je suis désolée.
- De quoi ? »

Oui, de quoi pouvait-on être désolé après une nuit telle que la leur ? Il n'allait plus tarder à se vexer. Cette matinée craignait un peu trop pour le pauvre Nara qu'il était.

« Eh bien… De t'avoir fait picoler, de t'avoir certainement attiré des ennuis avec Gaara… D'avoir profité de toi. Je ne suis même pas sûre que tu sois majeur. On doit bien avoir trois-quatre piges d'écart. »

Profité. Elle avait profité de lui. Voilà qui était dit ! Les jambes flageolantes et le cœur contrit, Shikamaru tenta de ne pas sourire à la tirade de la blonde.

« Ce n'est pas important, évita de répondre le brun. »

La pression descendait d'un cran et la blonde se frotta la joue en le fixant : « D'habitude, ils s'en vont sans même passer par le salon. Kankurô n'insiste jamais pour prendre un café avec. »

Inutile de se demander de qui elle parlait. Il y avait un certain mérite à se dire qu'il était le premier à montrer autant d'exploit. Sans hésiter, Shikamaru avança d'un pas, ne quittant pas les yeux verts de la blonde. L'espace d'un instant, des souvenirs de leur partie de jambe en l'air lui revinrent en mémoire et il sentit ses joues le bruler. Après de pareils événements, il ne saurait plus jamais comment la regarder… Ni Gaara.

Mais ses pensées ne convergeait que vers elle et Gaara n'aurait plus d'importance jusqu'à ce qu'ils se recroisent en cours. Un pied devant l'autre, le voilà qui se retrouvait à hauteur des lèvres de Temari qui fixait le sol sans qu'un mot n'ait été prononcé.
Il y avait eue toute cette chaleur, la veille. Toute ces sensations, cette odeur, ce sentiment pénétrant à la pensée de n'appartenir qu'à elle après toutes ces années à la mater en coin.

Et puis. Et. Puis…

« Temari.
- Mh ? »

Les mèches sur son front s'écartèrent quand elle releva le nez pour le regarder. Ce qu'elle pouvait être mignonne quand elle quittait ses allures hautaines. Ses yeux troubles qui vrillaient sur lui le questionnaient alors qu'il avançait un peu plus vers elle.

Il n'y avait de doute pour personne de ce que Shikamaru s'apprêtait à faire.

« Nara, s'il-te-plait… »

De cette voix qu'elle voulait penaude, Temari tenta une dernière semonce avant que les lèvres du brun ne se posent sur les siennes.

Il était temps à présent pour Shikamaru de mettre des mots sur ses émotions avant qu'il ne soit trop tard. Que faisait-il maintenant que son cœur s'affolait de peur de se faire repousser d'un coup de coude ? Elle ne s'accrochait pas à son cou, ne se plaquait pas contre lui, complètement apathique. Alors même qu'il se sentait bien comme jamais pendant que sa main se prenait à lui attraper la hanche. Tout cela n'avait rien d'éphémère, ce n'était pas qu'une impression. Ça n'avait rien d'éphémère : il appréciait Temari plus qu'il ne voulait se l'avouer, il n'y avait qu'à entendre son cœur qui tapait contre sa poitrine.

Il glissa son autre main contre le cou de la jeune femme et la sentit ouvrir la bouche pour répondre à son baiser. Elle n'agissait peut-être pas beaucoup mais ça ne faisait rien, ce simple geste avait de quoi le conforter dans ses opinions. Quand il la resserra contre lui, il l'entendit geindre sans protester. Quand il la souleva pour la poser sur la table de la cuisine, leurs lèvres ne se quittèrent pas, allant jusqu'à être plus vives et passionnées.

Qu'est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? C'était donc ça le désir ? L'envie irrépressible de ne plus lâcher l'autre jusqu'à ne plus prêter attention à la tasse de café pleine qui remuait dangereusement au rythme de leur étreinte.
Ce n'était pourtant pas le moment pour remuer autant ses méninges avec des questions aussi niaises ! Il était là ! Avec une Temari belle comme tout qui se prenait à lui caresser les cheveux pendant qu'il prenait appui contre la table pour se presser contre elle.

Mais dès lors que sa main caressa la cuisse de la blonde dans l'idée de faire un tour plus loin, Temari se réveilla de la transe dans laquelle elle se trouvait et ouvrit deux grands yeux en le poussant au torse.

« Nara, merde. C'est pas-
- S'il-te-plait, interrompit-il en posant son front contre le sien. C'est rien d'autre que la faveur d'un lycéen. »

Dérangée par la phrase du brun, elle le poussa un peu plus pour quitter la table de la cuisine mais Shikamaru l'en empêcha.
C'était un fait : il n'avait vraisemblablement pas utilisé les bons mots. Parler de faveur à cette femme qui l'appréciait suffisamment pour un deuxième tour n'était qu'une parole manquée. Il fallait qu'il arrange ça avant de la laisser filer.

Mais il n'était encore qu'un adolescent, tout compte fait.

Sa poigne fermement accrochée à l'épaule de Temari, il se pencha à nouveau vers elle pour l'embrasser plus passionnément que jamais. Si dans un premier temps Temari fit l'effort d'y répondre en fermant les yeux, sa bonne conscience prit rapidement le dessus puisqu'elle poussa son invité si fort qu'il la regarda d'un œil hagard, dos à la porte de la cuisine.

Sans dire un mot, les lèvres de la blonde formèrent un O et ses sourcils se froncèrent. Il venait de dépasser les bornes. Malgré toute l'attirance qu'elle pouvait avoir pour lui, lui forcer la main ne jouerait pas en faveur du brun. Elle quitta alors l'assise de la table de cuisine sans détourner le regard de Shikamaru qui la vit se diriger vers lui.

« T'es vraiment trop con, Nara, lâcha-t-elle alors en enfonçant son doigt dans le sternum de Shikamaru. »

Puis de l'embrasser une dernière fois avant de le pousser pour quitter la pièce.

-•-

« La première version avait une chute presque identique mais je ne la trouvais plus vraiment suffisante avec le recul que j'ai maintenant. »

Sandou-Soudy