Cet OS a été écrit dans le cadre de la 18ème nuit du FoF (Forum Francophone), en une heure pour le thème « précision ». Pour en savoir plus sur le FoF ou sur les nuits d'écriture, vous pouvez m'envoyer un MP ou trouver le lien sur mon profil et dans mes auteurs favoris.

Voilà un petit recueil dans lequel je me suis amusée à imaginer ce qu'auraient pu être les profs de DCFM qu'on n'a jamais vu dans la saga de JKR.

Disclaimer (valable pour tous les textes du recueil) : le monde de Harry Potter appartient intégralement à JK Rowling !


Avant d'être professeur de défense contre les forces du mal, Marvin Roberts avait été auror. Marvin Roberts ne rigolait jamais, ne souriait jamais, même. Mais au QG des aurors, il était reconnu pour sa précision, et c'était sa grande fierté.

Ses comptes-rendus de missions étaient irréprochables. Toujours le bon terme au bon moment, pas un mot plus haut que l'autre. Quant à ses sorts, ceux-ci ne manquaient jamais leur cible, et mieux encore, il touchait exactement l'endroit du corps du suspect qu'il avait visé, au centimètre près.

Si ses collègues reconnaissaient volontiers d'immenses qualités à Roberts lorsqu'ils faisaient équipe avec lui pour une arrestation, sa manie de l'exactitude était en revanche exaspérante, lorsqu'ils se trouvaient au bureau. Durant les réunions, il ne manquait jamais de reprendre les phrases des autres : « ce suspect est PROBABLEMENT un adepte de vous-savez-qui, et non PEUT-ETRE. Soyez précis, 'peut-être et 'probablement n'ont pas la même connotation, et il n'y a pas le même degré de suspicion dans ces deux mots ». Evidemment, les autres soupiraient, et le chef passait vite à autre chose pour éviter que les esprits ne s'échauffent.

Roberts savait que les autres se moquaient de lui, derrière son dos. Et en face aussi, d'ailleurs. Mais il n'y prêtait guère attention. La précision était importante pour lui, et tant qu'il ne perdait pas la face, les autres pouvaient bien s'amuser si ça leur faisait plaisir. Lui se contentait de les ignorer, ne desserrant jamais les dents. Un jour, ils paieraient leurs approximations.

Alors, lorsque Dumbledore lui avait proposé de devenir professeur de défense, il avait accepté et s'était promis de ne rien laisser passer à ses élèves, que ce soit dans leurs devoirs ou leurs travaux pratiques.

Et bien sûr, à l'instar de ses anciens collègues, ses élèves ne manquaient jamais de soupirer, lorsqu'il leur serinait encore et encore « la précision, mes chers, vous ne réussirez qu'avec la plus grande précision ».

A plusieurs reprises, il avait entendu, au détour des couloirs, les élèves le chambrer, imitant son ton grave et sérieux, répétant avec du rire dans la voix : « la précision, mes enfants, il n'y a que ça de vrai ! »

Roberts ne se laissa pas démonter, bien sûr. Si ses collègues ne l'avaient jamais fait changer, des enfants ne pouvaient que provoquer en lui l'indifférence la plus totale.

Mais un jour, à la fin de l'année, alors que les élèves étaient plutôt dissipés à l'approche des vacances et que le mot « précision » franchissait ses lèvres pour la cinquantième fois de l'heure environ, un élève de poufsouffle leva sa baguette et prononça une incantation sur un ton ferme et décidé juste au moment où Roberts passait rapidement devant lui.

Celui-ci se retrouva soudain projeté au sol par une force invisible, et il reconnut là les effets du sort qu'il était en train de leur faire travailler depuis quelques temps.

Il se releva, sous les rires contenus de la classe, et foudroya son assaillant du regard.

« Puis-je savoir ce qui vous a pris ? »

« Je voulais juste m'entraîner au sort, professeur. Je suis désolé », lui répondit le gamin. Roberts fut tenté de le croire, tant son air innocent était crédible. Il enquêta néanmoins plus avant, pour en avoir le cœur net.

« Et pour quelle raison, je vous prie, l'avez-vous jeté juste au moment où je passais devant vous ? »

« Je cherchais à appliquer vos conseils, professeur. Toucher une cible en mouvement est d'autant plus difficile, alors, je voulais voir ce qui en était de la précision de mes sorts ».

Et, sous l'hilarité générale, il fut impossible de reprendre le contrôle de sa classe. Marvin Roberts perdit la face pour la première fois de sa vie, et le soir même, il se trouvait dans le bureau de Dumbledore pour donner sa démission. Il quitta le château par une issue dérobée, priant pour que, si un jour il en venait à recroiser l'un de ses anciens élèves, suffisamment de temps se serait écoulé pour qu'ils aient oublié ce fâcheux incident.


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