Chapitre I : Nouvel acquéreur
J'ai très soif, mon ventre hurle à la mort et le froid me transperce la peau. Et puis j'ai peur. Je tremble appréhension, d'angoisse…
Je pose ma tête sur mes genoux, replié contre ma poitrine et tente vainement de canaliser mes tremblements. Je viens d'être acheté. On me détache les bras du poteau, on me rattache les bras, je suis désespérée.
"Viens là, esclave ! Ton Maître t'attend."
Je m'exécute aussitôt, habitué à obéir aux ordres mais mes jambes ne veulent pas. Je tombe à genoux devant l'homme, les yeux fermés. Il faut que je me lève, vite ! Je ne veux pas subir les foudres de mon Maître dès le premier soir. J'essaie à nouveau de me mettre sur pied mais je retombe inexorablement.
J'entendis mon ancien geôlier saluer une fois encore mon incompétence.
Je frissonne en l'entendant, prête à subir ses coups. Mais rien ne vient, et à la place de sentir le fouet sur mon dos, je me sens soulevée de terre et jetée dans le vide comme une vulgaire poupée de chiffon.
J'atterris plus loin, juste au pied de mon nouveau Maître. Je déglutis avec peine et garde les yeux baissés, effrayé. Je fixe le sol comme si j'allais m'enfoncer dedans, tombé pour ne plus jamais avoir à me relever.
À l'aide des mains, je me relève doucement. J'ai peur qu'il s'impatiente, mais il me laisse faire.
Mes yeux s'attardent sur sa silhouette, grand, bien habillé face à moi et mes guenilles ne couvrant que peu de mon corps dénudé mais je ne regarde pas son visage, je baisse les yeux, je sais que croiser son regard me risquerait au fouet.
Il me fait monter dans la voiture puis frappe trois coups sur le toit annonçant le départ au cocher.
« Quel est ton nom ?
- Je n'en ai pas. »
Il rit
"- Il faudrait y remédie, appelle-moi Maître.
- Oui Maître."
C'est là que je vis son visage, c'était un homme très beau, il y avait quelque chose de touchant dans ses yeux, ses traits étaient à la fois fins et torturé, sa bouche ressemblait au fruit défendu et dès lors je sus que j'aimerais croquer dedans, non mais quelle idiote tu peux être ma pauv' fille… D'un coup, j'aperçus son regard, noir… Il me fixe. Je le fixe. Il me gifle. Je baisse les yeux.
ォ Suis-moi, maintenant. サ M'ordonne-t-il en sans un regard.
Je trébuche en descendant de la voiture et tombe maladroitement dans la neige, je sens un bras me rattraper et me relever il me fixe, plisse les yeux, j'ai l'impression que je vais pleurer.
Je marche avec difficulté à ses côtés. Il est grand, baraquer et moi… Je tiens à peine sur mes deux jambes. Nous entrons dans une auberge, il m'indique une chaise sur laquelle je m'assieds aussitôt puis regarde le sol.
Il émane d'ici une bonne odeur de viande cuite. Mon ventre gargouille, je grimace.
Il s'assoit en face, je suis particulièrement mal a l'aise, peu nombreux sont les serviteurs qui ont le droit de manger a la table de leur maître.
"Tu vas pouvoir manger et boire à ta fin, me dit-il en s'asseyant en face de moi. Âpres quoi, tu iras te coucher. Un long chemin nous attend demain."
" Me… Merci. "
Il se racla la gorge.
"Merci maître."
Un bruit de chaîne me rappelle soudain mon état, le collier qui me liait au poteau est toujours suspendu à mon cou. Je grimace de douleur et tire dessus mais mon maître retient mes mains et attache l'autre bout de la chaîne à sa chaise.
L'aubergiste pose devant mon nez le plat que mon maître à commander pour moi. Il fume, m'enivre d'une succulente odeur de viande, mais je ne bouge pas. Je ne peux tout de même pas manger alors qu'il n'est pas encore servi. Je risque encore de me prendre des coups. Alors, j'attends.
" Mange. Je n'ai pas que ça a faire."
Son ton est glacial, j'obéis, j'ai tellement faim, je ne prends ni le temps de déguster, ni le temps de me nourrir proprement, je ne regarde même pas ce que je mange, cela fait bien longtemps que j'ai arrêté de faire la difficile. Après seulement dix minutes, mon assiette se retrouve vide et j'essuie ma bouche avec mes bras nus.
Il prend alors l'autre bout de la chaîne et me tire vers lui, je le suis, docile.
Il m'emmène dans une chambre, pousse la porte de son pied, et s'assoit sur le lit.
Je reste à l'entrée de la chambre, mais il m'attire et retire le collier qui m'enserre le cou.
Elle n'est pas très spacieuse, mais tout de même assez grande pour nous deux. Le blanc des murs est jauni depuis longtemps, les marques sur le sol me font pensée à tous les gens qui sont passés ici. Les meubles sont peu nombreux Un lit simple, d'un bois sombre et brut, au fond de la pièce, une table, lampe et une petite armoire.
Mon maître s'abaisse devant le lit et soulève un sac que je n'ai encore vu. Il l'ouvre et en sort une grosse chaîne de fer. Bien plus grosse que celle que j'avais avant… Mon maître se retourne vers moi. Il croise mon regard, aucune émotion n'est trahie à travers ses prunelles. Cela me trouble et, gêné, je détourne les yeux.
" Approche, aboyât-il."
J'obéis immédiatement. La chaîne teinte entre ses doigts et je me raidis aussitôt, il s'incline alors devant moi et, emprisonne ma cheville. Il accroche l'autre bout au pied du lit puis me lance une couverture.
"Je vous hais. Dis-je alors."
Il se lève et s'approche de moi d'un grand pas, il me regarde de haut et sourit.
« Que crois-tu que cela peut me faire petite chose ? Je veux seulement que tu obéisses »
Je tremble encore de mes mots, il ne me frappa pas, pourtant pour moins que ça, j'avais souvent été frappée, il souffla la bougie et s'endormit presque de suite, pas moi, le sol est dur, la couverture trop fine, je veux le tuer durant son sommeil, mais la chaîne m'empêche de me tenir debout, attachée à ses pieds tel un animal, j'étais un animal, sauvage même, mais les coups m'avaient domptée. J'ai si froid, je crains de me briser les dents si je ne réchauffe pas mon corps très bientôt. Je regarde passer la nuit tremblante. Les premiers rayons du soleil pointe enfin à la fenêtre et enfin, mon Maître se réveille.
Il se dégage des épaisses couvertures et se jette littéralement hors du lit, visiblement revigoré par sa longue et bonne nuit de sommeil. Je ne peux en dire autant pour moi.
Il s'avance dans la chambre et attrape ses habits de la veille, il s'approche de moi et sans vérifier si je dors détache la chaîne et me soulève. Je vacille mais il me tient.
"En route." annonce-t-il simplement.
Nous repartons alors dans la voiture. Et fouette cocher, j'ai chaud, je sens que je m'évade, le trottinement de l'animal m'endort.
Quand je me réveille j'aperçois à la fenêtre une grande prairie, puis des champs, je me retourne vers mon Maître, j'hésite, apeurée, je ne sais si j'ai le droit de lui parler, si j'ai même l'autorisation d'ouvrir la bouche que ce soit par respirer ou parler alors je baisse les yeux, je sens son regard sur moi, je sens un pincement au cœur, j'ai envie de pleurer.
« Shuday, ce sera ton nom désormais. »
Je ne réagis pas. Il racla la gorge et je me retournais vers lui, c'était je crois mon troisième nom mais j'oublie instantanément les autres pour ne retenir que celui-là.
« Lorsque nous sommes tout les deux, et uniquement à cette condition, tu as la permission de l'exprimer plus ou moins librement. »
Oui Maître, répondis-je avant même d'avoir compris le sens de ses mots.
De plus arrivé au château je te ferais visiter les lieux, mais tu n'auras pas la permission de te déplacer sans moi, je n'ai pas confiance en toi esclave.
Donc je vais devoir rester collé a-vous tout le temps ?
Il me fit aussitôt regretter mon ton, il me prit la mâchoire de sa main et força assez pour me faire mal.
"Très bien tu as gagner, je ne veux plus t'entendre, dit-il en relâchant son étreinte"
En même temps pourquoi voudrait je parle avec un idiot comme toi hurla une voix dans ma tête, je sentais la bile dans ma bouche, je ne l'aimais pas. Je regardais de nouveau la fenêtre pour me calmer et je vis au loin un château, je ne crois pas avoir vu une telle grandeur de ma vie, je suis bouche bée, j'entends mon Maître rire, je me tourne furieusement vers lui.
« C'est ma modeste demeure me dit-il. »
J'ouvre, ferme, rouvre et referme ma bouche en un instant. Mon Maître rit, je le fais rire ?
« Parle ! »
Je… C'est tellement grand… Pour de vrai ?
Oui, dans ce grand château, il y a Mon père et ma mère quelques fois ainsi que mon frère, Aniel, Je me prénomme Assura. Il y aura plusieurs règles dont il faudra que je te parle quand nous serons arrivés, mais pour le moment profite du paysage.
