La sonnerie retentit enfin. Libération. Une nouvelle journée de finie. Je range mes affaires à la va-vite dans mon sac et sors de la classe. Je sors bien vite de cet Enfer qu'on nomme le lycée. Ça fait cliché de dire que le lycée c'est l'Enfer, n'est-ce pas ? D'un côté, je suis une adolescente de seize ans. D'ailleurs, je manque à tous mes devoirs, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Bella, j'ai seize ans . Je me demande souvent ce qu'il a bien pu se passer dans la tête de mes parents pour m'appeler ainsi. Avaient-ils fumé des substances illicites le jour de ma naissance ? Ou voulaient-ils tellement une fille qui soit belle qu'ils m'ont donne ce nom ? Certes, je ne le sais pas mais ce que je sais, c'est que tous les jours on se moque de moi en raison de ça. Des "Mais, Bella, c'est un nom pour une fille jolie, avec des belle forme, en gros, tout ce que tu n'as pas". Sympa n'est-ce pas ? Et encore ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. De plus, cette fille-là devrait porter des lunettes parce que j'ai quand même des formes. Elle essaie de me faire complexer mais ce n'est pas comme ça qu'elle y arrivera. C'est plutôt elle qui n'a pas de forme et qui est jalouse des miennes. Seulement, elle n'est pas la seule à se comporter comme ça. De plus, la jalousie n'est jamais pour la même raison. Même si la principale reste le fait que je sois une jeune fille qui réussit bien en cours sans avoir vraiment besoin d'apprendre. Ce n'est pas de ma faute si j'ai des facilités. Bien sûr, je ne m'en vante pas et ne me crois pas supérieure aux autres. Loin de là, de toute façon, on m'évite comme la peste. D'un côté, quand une certaine personne passe son temps à vous faire une mauvaise réputation, on a pas vraiment d'ami(e)s. Bon, où en étais-je avant de vous raconter ma vie totalement inintéressante ? Comme souvent, je prends mon temps pour aller à la gare routière où je prends mon car. J'ai le temps, il faut se l'avouer. Je finis toujours à 16h15 et mon car n'arrive pas avant 16h45. En plus, la gare n'est qu'à cinq minutes du lycée. Je viens de mettre en route mon mp3. Une chanson d'un groupe de rock que j'aime beaucoup se fait entendre. Je commence à chanter les paroles à voix basse. Je ne fais pas vraiment attention à ce qu'il se passe autour de moi et surtout à qui il y a autour de moi.
Pourtant, je devrais faire un peu plus attention à ce qu'il se passe tout autour de moi. Je suis un peu trop renfermée sur moi-même et dans ma bulle. Dans ma bulle, dans mon monde, c'est là que je me sens le mieux. Quand je peux laisser mon imagination vagabonder au loin avec de la musique en bruit de fond. C'est exactement à l'endroit où je me trouve en ce moment, bien au chaud dans ma bulle, bien loin de ce qu'il se passe dans cette rue. Je pile net quand un garçon se plante face à moi. Il est bien plus grand que moi. De deux têtes voire trois. Il semble musclé, il a les épaules un peu carrées, comme s'il était rugbyman. Il me fixe, je n'aime pas ça. Généralement, les gens ne font pas attention à moi. Je suis banale, il faut bien se l'avouer. De taille moyenne, cheveux longs, ondulée et bruns. Des yeux marrons avec des reflets vert qui ressortent, c'est d'ailleurs la seule et unique chose que l'on voit de bien chez moi. Je ne fais pas plus attention que ça à ce garçon étrange et commence à le contourner quand il m'attrape par le bras et me retourne vers lui. Qu'est-ce qu'il me veut ? Je le connais pas. J'enlève ma musique et range mon mp3 dans ma poche tandis que je lève mon regard vers lui. Il est vraiment grand. Je l'interroge du regard. Il n'ose même pas me regarder dans les yeux. Je n'ai pas le temps de faire un seul geste qu'il lève son bras et abat sa main sur mon visage. Mais il est fou ? Pourquoi m'a-t-il mis une claque ? Je lui ai rien fait moi. Je le connais pas. Il a un problème dans sa tête, faut qu'il se fasse suivre par des professionnels. Bon, c'est pas tout mais ma joue commence à me brûler, il tape fort. Faut que je trouve un moyen d'arriver à la gare avant qu'il ne me frappe encore. Seulement, il s'approche à nouveau de moi. Ça sent le roussi là, faut que je file en vitesse. Malheureusement pour moi, il m'attrape le poignet et me balance contre le mur face à lui. Le choc est tellement fort que j'en tombe par terre. Il me relève en agrippant les cheveux et me pousse a nouveau contre le mur. Il s'éloigne un peu et me met un premier coup de poing au niveau de mon œil droit, il m'en met un ensuite à la lèvre. D'ailleurs, celle-ci ne met que quelques secondes avant de s'ouvrir. Le sang commence à couler. Je sens son goût dans ma bouche. Je déteste ça. Une autre série de coups de poing s'abat sur moi. Ma tête cogne a plusieurs reprises contre le mur. Je suis par terre, j'ai l'impression de mourir. J'ai mal de partout, je saigne. Il commence à me trainer par terre. Il me déplace, je suis a demi-consciente. Je sens que des éraflures se forment sur mes bras. Il m'a à nouveau relevée et j'entends des voix. Ma vue est trouble. Je ne sais pas si les voix proviennent de mon imagination ou pas. Si ce n'est pas le cas, que quelqu'un vienne m'aider ! Je le sens qui me pousse à nouveau, je tombe par terre. Ma main atterrit sur une chaussure. Il y a donc quelqu'un qui pourrait m'aider. Le garçon qui me frappe depuis quelques minutes me donne quelques coups de pied au niveau de mes côtes. En ce moment, je n'ai qu'une envie : mourir. J'ai tellement mal. J'entends un grand "Oh" général. S'il y a plusieurs personnes présentes, pourquoi ne vient-on pas m'aider ? Ils vont me laisser mourir seule, sur place, sous leurs yeux ?
Je crois que je me suis assoupie quelque secondes. J'ouvre les yeux et tente de bouger, j'ai mal de partout. Je suis à la gare et plein de gens me regardent. De loin bien sûr, ils n'osent pas m'approcher. J'entends des bruits de voix qui s'élèvent de l'autre côté. Je tourne la tête et aperçois mon agresseur avec... Edward ? Edward, c'est un garçon de mon lycée. Il est plus âgé que moi. Pourquoi parle-t-il avec lui ? Ou plutôt, on dirait qui lui crie dessus. Edward est encore plus grand que mon agresseur. D'ailleurs, celui-ci semble avoir peur de Edward et part en courant. Edward s'approche de moi et me regarde. Je ne lis même pas de la pitié dans ses yeux. Pourtant, c'est ce que je devrais y voir non ? Une pauvre fille comme moi qui se fait frapper comme ça ne devrait pas susciter d'autres réactions que la pitié. Edward s'abaisse à mon niveau et me prend dans ses bras. Ses gestes sont lents et il fait attention à ce qu'il fait. Il évite de toucher les endroits où j'ai des blessures pour ne pas me faire encore plus mal. Pourquoi est-il si attentionné envers moi ? Il m'emmène à l'intérieur et me pose sur un banc. Je le vois ensuite sortir son portable et passer un coup de fil. Il s'est un peu éloigné de moi mais il me regarde toujours. Je vois ses lèvres remuer mais je ne comprends pas du tout de quoi il parle. Je ne comprends que quelques minutes plus tard qu'il a téléphoné aux pompiers. Ceux-ci viennent d'arriver à la gare. Il me regarde, très étonnés. C'est vrai que c'est pas tous les jours qu'on voit une jeune fille dans un état aussi lamentable. Je les vois sortir un brancard de leur camion. Ils m'installent dessus et commencent à me diriger vers leur camion. Edward est juste à côté de moi et je m'agrippe à sa veste. Je lui lance un regard suppliant. Je ne veux pas y aller toute seule. Je ne veux plus être toute seule. Edward enlève ma main qui tient toujours sa veste. Il va vraiment me laisser y aller seule ? Il s'approche d'un pompier et lui dit quelque chose. Une fois encore je n'entends pas. Je vois juste le pompier hocher la tête d'un signe affirmatif. Je suis maintenant dans le camion, entourée de plusieurs pompiers. L'un d'eux ferme une porte, c'est à ce moment-là que Edward monte dans le camion. Il s'approche de moi et me prend la main. Et c'est également à ce moment la que mes yeux se ferment.
