Chapitre 1 : Il avait peur

Il avait peur. Peur de ne pas réussir. Peur de voir ses proches mourir. Il connaissait le marché : il le faisait où il tuait ses parents. Alors il essayait, il y passait toutes ses heures de libre – toutes les nuits, il allait dans la Salle sur Demande et essayait de faire marcher cette fichue armoire. Il se rappelait de se stupide dicton moldu qui disait « Quand on veut, on peut ». C'était faux, complètement faux. Il le voulait, il le voulait plus que tout. Il n'avait jamais voulu quelque chose plus fort que ça. Et pourtant, il ne réussissait pas. Et il avait peur.

Il avait peur que quelqu'un ne découvre son secret. Potter, par exemple, avait l'air très intéressé par les activités de Drago. Il vérifiait constamment qu'il était seul, que personne ne pouvait le voir. Et alors, là, il entrait dans la Salle, essayait le sort, le faisait, le refaisait, sans résultat. Il avait envie de crier, de hurler. Mais on lui avait toujours dit qu'un garçon ne pleure pas. On l'avait toujours obligé à refouler ses émotions. Alors, c'était ce qu'il faisait. Il se cachait, il s'obligeait à ne rien montrer. Pour que son père soit fier de lui. Pour qu'il soit fier de lui. Et qu'il ne tue personne. Mais lui, Drago, devait tuer quelqu'un. Et il avait peur.

Il avait pur de ne pas réussir. Il avait peur d'échouer et de voir toute sa vie réduite à néant. Mais il avait également peur de si il réussissait. Il ne voulait pas devenir un meurtrier, qu'on croit qu'il le voulait. Non, il ne voulait pas ça. C'était bien la dernière chose qu'il voulait. Bien il devait le faire. Il n'avait aucun choix. On avait fait les choix pour lui. Il n'avait pas eu son mot à dire. Et il se retrouvait piégé, emporté dans un jeu dont il ne connaissait pas les règles mais que trop bien les enjeux. Il était fatigué. Il n'avait pas dormi depuis cinq jours et il sentait qu'il allait s'écrouler bientôt. Mais ce n'était pas le moment. Il devait mener à bien sa mission. Et il avait peur.

Il entra dans la salle et se dirigea vers l'armoire. Il récita le sortilège, encore et encore, jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'énergie. Il but un peu d'eau et recommença. Il devait faire avec sa peur, l'accepter. Il cria le sortilège, comme un fou, ressentant toutes ces émotions contradictoires et complémentaires en lui. « Ne pleures pas, ne pleures pas. » continuait-il de se répéter. «Ne pleures pas ». Il hurla, cette fois, à plusieurs reprises, à se casser la voix. Mais rien à faire, l'armoire était butée. Comment pourrais-t-il faire pour y transporter des humains si un oiseau ne survivais pas au voyage ? Et il avait peur.

Il avait peur. Mais il devait rester droit, stoïque, ne rien laisser paraître. Et il décida de dormir. Alors il sortit de la salle et fit signe à ses deux acolytes Crabbe et Goyle que sa « séance » était terminée. Quand il passa devant les escaliers d'une des ailes (son sens de l'orientation n'était pas très développé), il vit Hermione Granger pleurer. Et il se dit qu'elle avait de la chance de pouvoir pleurer. Car il était le chef, le préfet, celui qui donnait les ordres. Il ne devait pas monter de signes de faiblesse.

Alors qu'il avait peur.

Tellement peur.