Bonjour !

Je tiens à préciser quelques petites choses avant que vous ne lisiez ceci.
C'est un OS qui était un petit peu trop long [ presque 27 000 mots...] donc il est coupé en 3 parties.
Il n'est pas rated M pour rien. Je dis juste ça en passant.

Je précise aussi que je suis la seule auteur de cet OS, et que c'était un défi avec Flamyoi entre autres ;)

Je suppose que je n'ai pas à préciser que tout ceci est FICTIF.

Bonne lecture !

Myinahla


Douze.
C'était le nombre de fois que SungYeol avait déménagé depuis sa naissance… Et il avait à présent dix sept ans. Non, il n'avait jamais vraiment eu le temps de se poser quelque part, et de se faire une vie sociale. Il était toujours coincé entre deux déménagements. Evidemment, le métier de son père n'aidait pas à se faire des amis, car il était la principale cause du manque de stabilité dans la vie de SungYeol. Sa mère et son petit frère, DaeYeol, eux, semblaient ne pas être dérangés par ces dépaysements constants. Madame Lee était une femme plutôt jeune et qui voyait le bon côté des choses partout… même quand il n'y en avait pas, comme maintenant.

- Tu verras, mon chéri, tu vas bien t'amuser à Séoul ! Lui avait-elle dit en lui ébouriffant les cheveux au passage.

Et ces paroles suffisaient pour que SungYeol aie envie de disparaitre car il avait encore la sensation d'être un rabat-joie. Tous étaient ravis, évidemment : Monsieur Lee venait d'avoir une promotion, donc toute la famille avait fait ses valises, et à présent, ils étaient en route vers Séoul, la capitale de la Corée du Sud.

Il détestait la ville, et tout ce qui l'entourait : les embouteillages, les grandes surfaces où il était possible de se perdre s'il n'y avait pas des plans un peu partout, le bruit, les gens … SungYeol adorait la petite ville où ils avaient vécus toute l'année passée. Il y'avait à peine trois mille habitants, un paysage à en couper le souffle, et personne pour lui pourrir le moral. Un calme olympien qu'il venait de quitter avec regrets.

Ils n'étaient même pas encore arrivés que SungYeol détestait déjà Séoul. Parce que ça signifiait que sa petite vie bien tranquille, bien calme allait toucher à sa fin. Il allait vivre dans le bruit à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, et avec son sens de l'orientation, il était à parier qu'il allait se perdre dans ses rues gigantesques et que sa mère aurait appelé la police afin de le retrouver avant qu'il ne remette un pied dans la base.

Ils approchaient visiblement de Séoul, puisque la pollution de l'air augmentait, les bruits des klaxons se faisaient entendre même à travers la musique volontairement mise à un volume sonore assez élevé et ça agaçait le jeune homme encore plus que l'ambiance qu'il y'avait dans la voiture : Sa mère et son frère étaient en pleine conversation par rapport à ce qu'ils pourraient faire une fois à Séoul et son père fredonnait l'air qui passait à la radio. Une chanson de trot.

Il reçut un coup dans l'épaule et ôta un écouteur afin d'entendre ce que son frère avait à lui dire.

- Quoi ?

- Tu comptes faire quoi sur Séoul, Hyung ? Y'a beaucoup de choses à visiter !

- La chose que je visiterai le plus, c'est ma chambre… Et mon lit.

Il entendit sa mère soupirer.

- Yeol, vois ce déménagement comme une occasion pour te sociabiliser un peu.

- Non, ça ne m'intéresse pas.

- Mais, tu sais …

- Chérie, laisse tomber pour l'instant. Il changera surement d'avis lorsqu'on sera arrivé.

Monsieur Lee lui sourit et lança un regard sévère à son fils aîné dans le rétroviseur intérieur de sa voiture. SungYeol s'en moquait. Après tout, c'était à cause de lui qu'il était enfermé dans cette voiture depuis facilement neuf heures, à cause de lui et de son fichu travail ! Il détourna le regard et reporta son attention par la vitre. C'était certain, le petit village allait lui manquer. La voiture ralentissait à présent. Génial, il ne manquait plus que çà ! Des embouteillages : des lignées de voitures dont le moteur vrombissait en faisant un boucan du tonnerre et gâchait la partie préférée du morceau que SungYeol écoutait. Il commençait sérieusement à croire qu'il avait la poisse.

- On est presque arrivé ! Annonça Monsieur Lee à sa famille.

Le sourire de sa mère s'agrandit et DaeYeol commençait à chanter plus fort que la radio, ce qui prouvait qu'il était content. SungYeol s'enfonça dans son siège. Encore une heure et demi de torture, et enfin, Monsieur Lee gara la voiture dans une allée. Ils purent enfin sortir de là, et l'adolescent semblait ravi de pouvoir se dégourdir les jambes. La petite maison ne paraissait pas vraiment différente des dix autres dont se souvenait SungYeol. Un point en moins par rapport à la note déjà négative qu'il donnait à sa nouvelle vie.

- Les garçons, prenez vos valises et allez les mettre dans vos chambres, puis revenez nous aider à mettre tous les cartons dans la maison.

- Oui !

Les deux garçons montèrent les escaliers et n'eurent aucun mal à trouver leur propre chambre. SungYeol avait la chambre dont les fenêtres donnaient sur un petit parc et il y'avait un balcon. Enfin un point positif… Malheureusement, l'humeur du jeune homme était vraiment mauvaise et même ça ne parvint pas à enlever de la mémoire de l'adolescent ces heures passées à être enfermé dans une voiture avec des gens bien trop joyeux à son goût. Il déposa ses affaires sur son lit, et redescendit donner un coup de main à son père.
Une heure plus tard, des dizaines et des dizaines de cartons s'empilaient dans ce qui allait être le salon, et tous s'étaient laissés tomber sur le canapé déjà installé sauf Monsieur Lee qui continuait à déplacer des cartons.

- Je crois que pour ce soir, on va commander à manger.

DaeYeol semblait plus que ravi. SungYeol, lui, s'en moquait vraiment.

- Alors, qu'est ce que vous voulez manger ?

- Commande du Kimchi ou une pizza !

- SungYeol, qu'est ce que tu veux ?

- Aller me coucher.

Il se leva du canapé, s'inclina face à ses parents et monta les escaliers pour s'enfermer dans sa toute nouvelle chambre. Il déballa ses affaires sans pouvoir s'empêcher de penser qu'il ne devrait pas les ranger trop loin. Il avait l'espoir que son père leur annonce au plus vite qu'ils partaient à nouveau, loin d'ici.

On frappa à la porte de sa chambre. Il se retourna et vit sa mère dans l'entrée, qui tenait un plateau avec de quoi manger dans les bras.

- Je me suis dit que tu devais avoir faim.

- Maman…

- Je peux entrer ?

Il acquiesça et sa mère s'installa sur le lit.

- Yeol, je sais que tu aurais préféré rester dans notre campagne, loin de toute grande ville… Et il fallait que ton père soit justement muté dans la plus grande ville de toute la Corée du Sud.

Elle posa ses mains sur celles de son fils et le força à s'asseoir à ses côtés.

- Il va falloir que tu t'y fasses, mon chéri. C'est notre nouvelle vie qui commence.

- Elle commence plutôt mal…

- N'en veux pas à ton père. Tu sais qu'il attend cette promotion depuis un long moment et tu sais que ça lui tenait à cœur…

- Maman, va droit au but.

- Arrête de bouder et de lui en vouloir.

- Mais je …

- Arrête, je te connais par cœur ! Et tu ne peux pas mieux nous faire passer le message que par ton attitude.

Il baissa la tête.

- S'il te plait, Yeol, fais un effort pour ton père. Tu sais que ça lui ferait plaisir…

- Oui maman.

Elle déposa un baiser sur son front et elle se leva et se rendit vers la porte.

- Et tu as intérêt à manger ce qu'il y'a sur ce plateau. Tu es déjà trop maigrichon et tu sais très bien ce que tu vas subir un fois que nous serons bien installés.

- Il va pas recommencer ?

- Bon appétit mon chéri !

Et elle quitta la pièce. SungYeol se laissa tomber à la renverse sur son lit.
Son père était un homme accompli. Il travaillait dans l'armée et venait de monter en grade. Alors naturellement, il espérait voir ses fils qui étaient tous les deux maigrichons se muscler un peu et devenir fan de sport, tout comme lui… Mais jusqu'à présent, chacune de ses tentatives avait connu un échec cuisant. Cependant, Monsieur Lee ne se laissait pas démonter et il continuait à essayer. L'alimentation avait énormément d'importance dans leur famille, aussi parce que leur mère était connue pour être une cuisinière hors paire. SungYeol s'attaqua à son plat et ne put s'empêcher de penser que si sa mère l'avait fait, ce serait encore meilleur. Il redescendit son plateau, et se fraya un chemin jusqu'à la salle de bain. Premier point positif, il y'avait plusieurs salles de bain et elle semblait vraiment pratique. Il prit la douche chaude dont il avait tant besoin, et partit se coucher.

Il savait que ses parents auraient besoin de lui pour tout déballer, et il se rendit vite compte qu'il avait raison.

Ils passèrent leur weekend dans les cartons et quand ils eurent enfin tout rangés, Madame Lee put se remettre aux fourneaux pour le plus grand plaisir de tout le monde. Monsieur Lee devait déjà s'éclipser très souvent, car « le travail n'attend pas ». Alors SungYeol restait souvent avec sa mère car DaeYeol était déjà sorti pour se faire des tas de nouveaux amis.

- Pourquoi tu ne prendrais pas exemple sur ton frère ?

- Maman, j'ai déjà dit que j'allais faire des efforts, ne m'en demande pas trop.

Elle lui ébouriffa tendrement les cheveux et ils commencèrent par jouer à un jeu de société tous les deux. C'était ce qu'ils faisaient souvent, tous les deux.

- Au fait, Yeol, tu sais que tu commences les cours demain ?

- Oui, maman.

- Comment tu te sens ?

Il releva la tête et croisa le regard inquiet de sa mère. Il leva les yeux au ciel.

- Maman, c'est pas comme si c'était notre douzième déménagement depuis que je suis né.

- Oh bon sang ! Tu les as comptés ?

- Difficile de faire autrement. Alors tu sais, c'est une rentrée comme une autre pour moi.

- Tu es mon petit génie, après tout.

- J'espère justement que les gens ne me traiteront pas comme tel, une fois encore…

- Ce serait des idiots s'ils se comportaient comme ça…

- Oh tu sais, j'en ai rencontré plus que tu ne le penses.

Ils continuèrent à s'amuser un peu, puis Monsieur Lee rentra à la maison, et Madame Lee fut bien occupée, alors SungYeol put enfin s'éclipser dans sa chambre. Il put enfin se plonger dans la lecture du livre qu'il avait commencé avant le départ. Il sembla oublier tout ce qui l'entourait et entendit à peine sa mère l'appeler pour manger. Il dut le ranger à contrecœur et rejoignit sa famille. Ils dévorèrent le plat préparé par Madame Lee et les garçons durent aller se coucher tôt.
Le lendemain fut une journée bien plus stressante que SungYeol ne le laissa paraître. Madame Lee les déposa devant le grand lycée, et après un baiser sur la joue de chacun que les deux adolescents jugèrent comme déplacés. Ils n'étaient plus des bébés après tout ! Ils se frayèrent un chemin entre les différents groupes d'élèves qui prenaient toute la place, et se retrouvèrent dans un grand bâtiment où un panneau ADMINISTRATION était accroché au dessus de la porte. Ils échangèrent un regard et l'aîné ouvrit la porte et les deux adolescents se présentèrent à la secrétaire qui leur tendit leur emploi du temps, avec un plan et ils la remercièrent tous les deux, puis ils se séparèrent en sortant de la pièce.

- Bon courage, Frérot !

Ils se sourirent et partirent chacun de leur côté, afin de trouver leur salle de classe.
Au bout de dix minutes, SungYeol se rendit compte que même avec un plan, il s'était perdu. Il soupira, et regarda les numéros sur les portes. C'était vraiment pas son étage. Il lui fallut encore dix minutes pour enfin trouver sa salle. Il frappa doucement à la porte et le professeur l'accueillit et le présenta aux élèves. Il lui indiqua un siège à côté d'une fille tellement maquillée qu'un coup de vent en enlèverait une partie. Elle lui fit un sourire, et il se força à en faire un aussi avant de détourner le regard. Il sentait des dizaines d'yeux braqués sur lui. Mais où est ce qu'il était encore tombé ?

Quand la sonnerie le sauva, sa voisine de table allait prendre la parole quand un garçon l'interrompit.

- Je pensais que tu n'arriverais jamais, SungYeol.

Il releva la tête et croisa un regard familier.

- HoYa ?!

Soudain, il se sentit plus heureux d'être là que jamais. Il lui fit une accolade et HoYa le traîna hors de la salle.

- Je ne savais pas que tu étais sur Séoul !

- Mon père a été muté ici, il y'a deux ans maintenant. J'ai entendu parler de la promotion de ton père, félicitations !

- Merci…

Ils arrivèrent à temps pour le début de leur deuxième heure de cours, et à toutes les autres grâce au sens de l'orientation d'HoYa qui était beaucoup plus développé que celui de SungYeol. Ainsi, la journée se passa sans encombre. Son ami écartait chaque fille qui tentait de faire la connaissance du petit nouveau.

- A peine arrivé et tu as déjà des tas de regards sur toi. Je serai presque jaloux.

- Mot clé de ta phrase : Presque. Et elles ne me regardent que parce que je suis nouveau, c'est tout.

- Je ne suis pas convaincu, là, SungYeol… Oh, DaeYeol !

Il lui fit un grand signe et le petit frère de SungYeol s'approcha d'eux et fit une accolade à HoYa.

- Hyung ! Tu es sur Séoul toi aussi ! C'est génial, tu vas pouvoir traîner Yeol-hyung hors de sa chambre !

Il reçut une claque à l'arrière de son crâne.

- Aie !

- Peut-être que tu réfléchiras plus avant de parler, idiot !

- Peu importe, je vais rejoindre les mecs. Je suis un être sociable, MOI.

Et il s'éloigna en grimaçant à son frère.

- Votre relation n'a toujours pas changé… Toi non plus d'ailleurs.

- Surprise…

- Allez, il va falloir te montrer Séoul ! C'est plutôt pas mal, tu sais.

- Mouais, mais tu sais, j'ai encore des tas de trucs à faire et …

- Oh pitié, me sors pas ce couplet là ! Je sais que tu as déjà rangé toutes tes affaires.

SungYeol pâlit. Le voila percé à jour par un ami de longue date. HoYa sourit.

- Tu vois, je te connais que trop bien. Réserve ton weekend, je vais tout te faire découvrir !

Ils se mirent à marcher un peu.

- Tu rentres à la base comment ? Lui demanda HoYa.

- Normalement, ma mère vient nous chercher mais …

- Viens avec moi. Il y'a un bus qui peut nous ramener jusqu'à la base.

- Ah oui ? Mais il faudrait que je …

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il reçut un SMS de sa mère.

« Je ne peux pas venir vous chercher. Je suis bloquée à la base : Rencontre avec les autres femmes de militaires… Désolée. Je t'aime. Maman. »

- Alors ?

- Montre-moi ce bus.

HoYa sourit à nouveau et emmena son ami par le bras vers le bus. Ils montèrent dedans et le bus démarra.

- Il y'a beaucoup de gens qui vont vers la base ?

- Il y'a énormément d'enfants de militaire dans ce lycée.

HoYa lui raconta tout ce qu'il avait vécu, depuis ses deux ans où ils ne s'étaient pas vus. Tant de choses semblaient avoir changé, et pourtant, il était resté le même. Et ça, ça faisait plaisir à SungYeol. Le bus s'arrêta enfin, et tout le monde descendit. Ils marchèrent un peu et HoYa s'arrêta.

- C'est là que je vis. A demain matin ! Oh, et le bus passe à sept heures trente cinq. Ne sois pas en retard, il n'attend pas !

Il salua son ami qui rentra chez lui, et reprit la route vers sa propre maison. Il soupira en s'arrêtant devant et entra. Il entendit plusieurs voix dans le salon et il se douta que les dames étaient toujours là.

- Yeol ? Viens ici, s'il te plait !

Il ôta ses chaussures et rejoignit sa mère dans le salon. Une petite dizaine de femme s'étaient réunies chez eux. Madame Lee fit un énorme sourire.

- Mesdames, je vous présente mon fils aîné, SungYeol.

Il s'inclina bien bas et beaucoup de femmes complimentèrent Madame Lee par rapport à son fils. Il s'inclina à nouveau et s'éclipsa dans sa chambre. La porte d'entrée claqua à nouveau et DaeYeol dut aussi se présenter. Puis il entendit le pas vif de son frère dans les escaliers et la porte de sa chambre s'ouvrit. DaeYeol se laissa tomber sur le lit de son frère.

- Hyung…

- DaeYeol ?

- Tu veux bien venir avec moi ?

- Où ça ?

- Maman m'a glissé une liste de courses à faire.

- Sérieux ?

Il hocha la tête. SungYeol soupira.

- Allez, Hyung ! J'ai pas envie d'y aller tout seul, et tu sais comment est maman ! Tu connais mieux ses marques préférées que moi. S'il te plaiiiiiiiiiit !

- D'accord, D'accord ! Mais arrête ça !

DaeYeol sauta du lit de son frère et descendit les escaliers à vitesse éclair. SungYeol se leva, mit un point final à son devoir et rejoignit son frère. Madame Lee s'approcha de ses fils.

- Merci Yeol d'accompagner ton petit frère. C'est vraiment gentil et au moins, je suis sure qu'il ne se plantera pas dans les marques, bien que je les ai indiqué sur le papier des courses.

Il leva les yeux au ciel. Madame Lee avait déposé un baiser sur la joue de chacun de ses fils, et les laissa partir. Les deux frères allèrent jusqu'à l'entrée de la base où ils attendirent le bus. C'était un point positif de cette base : Elle était hors de la folie Seoulite. Une fois dans le bus, DaeYeol raconta sa journée à son frère qui ne dit pas un mot et qui se contentait d'hocher la tête. Ils entrèrent dans un centre commercial immense et bondé, et à cet instant précis, SungYeol se souvenait de la raison qui le faisait tellement détester la ville : Tout est trop grand et il y'a toujours trop de bruit. DaeYeol le traîna à l'intérieur de ce qui paraissait être le plus grand magasin du centre commercial et ils se mirent à fouiller les rayons à la recherche des produits demandés par leur mère. Leurs parents avaient un point commun évident : Ils étaient tous les deux très exigeants. Les deux fils Lee en avaient déjà fait la triste expérience en ramenant un produit de la mauvaise marque. Elle leur avait fait un monologue d'une demi-heure en leur expliquant pourquoi choisir telle marque au lieu d'une autre, et ils ne pouvaient pas s'échapper. Alors les garçons choisirent les produits avec précaution, car ils voulaient à tout prix éviter que la mésaventure de la dernière fois ne se reproduise pas. Ainsi, ils passèrent facilement une heure et demie dans le magasin et presque une demi-heure à la caisse.

- Ca y est ! On est sorti ! S'exclama DaeYeol, visiblement à bout de nerf.

- Plus qu'à trouver un bus pour rentrer à la maison avant que maman n'appelle papa parce qu'on est parti plus d'une heure et qu'il vienne nous rechercher par la peau du dos.

Ils échangèrent un regard et se frayèrent un chemin vers la sortie du centre commercial. Cependant, SungYeol dut presque traîner son petit frère hors de là.

- DaeYeol, ça te dit de laisser tes charmes ravageurs de côté et de m'aider à porter les sacs ?

Le petit frère se mit à grimacer mais fit ce que lui demandait son Hyung. Ils eurent tout juste le temps de monter dans le bus avant qu'il ne s'en aille et ils étaient épuisés. Quand ils mirent enfin les pieds chez eux, même leur père était rentré.

- On peut savoir ce qui vous a pris tant de temps ?

- Allons, papa, tu sais bien qu'on est à Séoul. Y'a tout ce que je déteste ici.

- Sauf HoYa. Précisa DaeYeol en volant une pomme dans le panier en osier.

- HoYa est ici ? Demanda Madame Lee, visiblement ravie.

SungYeol hocha la tête et sa mère le força à inviter son ami à venir le lendemain soir à la maison.

- D'ailleurs, réservez votre samedi soir. Dit Monsieur Lee.

- Pourquoi ? Demanda SungYeol.

- Il y'aura une réception dans la grande salle de la base.

- Est-on vraiment obligé d'y aller ?

- Oui, SungYeol. Vous viendrez TOUS, SANS EXCEPTION. Tu m'as bien entendu ?

L'adolescent lui lança un regard noir et monta dans sa chambre. Madame Lee posa une main réconfortante sur l'épaule de son mari.

- Il s'y fera. Tu sais très bien qu'il déteste les villes et qu'il était contre le déménagement.

- J'aimerai qu'il finisse sa crise d'adolescence au plus vite, avant que je ne perde patience et qu'il finisse enfermé dans sa chambre jusqu'à la fin des temps.

- Ca ne serait pas vraiment une punition pour lui, papa. En fait, il n'attend que ça.

- DaeYeol, monte.

- Oui, papa.

Et le jeune homme disparut. Il fit une apparition dans la chambre de son frère.

- T'as encore énervé papa.

- C'est bien, je m'en moque.

Il s'allongea sur le lit à côté de son frère.

- J'ai jamais demandé à venir ici. Je déteste les déménagements, je déteste la ville, je déteste le bruit, les filles maquillées comme des voitures volées, et les endives.

DaeYeol éclata de rire.

- C'est toujours la guerre entre papa et toi.

- Parce qu'il ne fait rien pour me comprendre.

- Est-ce que t'as essayé de le comprendre, lui ?

L'aîné tourna la tête vers son petit frère. Il le regardait aussi. Il y'eut un silence entre eux.

- S'il te plait, Hyung…

- On verra.

- LES GARCONS ! A TABLE !

Ils soupirèrent en chœur et descendirent manger. L'ambiance était froide, et elle ne s'améliora pas de la semaine.

Le samedi arriva à grand pas, et HoYa vint frapper à huit heures chez SungYeol qui venait de se réveiller.

- HoYa ? Qu'est ce que tu fais là ?

- T'as quand même pas oublié ?

- Oublié ? … Oooh ! Non, bien sur que non ! Entre !

Il s'écarta et monta les escaliers quatre à quatre pour finir de se préparer alors qu'HoYa se faisait kidnapper par Madame Lee qui l'adorait. Il s'habilla en vitesse et descendit le rejoindre avant que sa mère n'aie le temps de le goinfrer au point qu'il ne puisse plus bouger de sa chaise.

- Alors comme ça, tu embarques mon fils pour la journée ? Je comprends, vous avez du temps à rattraper. Du moment que tu nous le ramènes pour ce soir, ça me va.

Elle lui ébouriffa tendrement les cheveux et laissa les garçons partir.

- Qu'est ce qu'elle t'a fait subir ?

- Rien que je n'ai déjà subi auparavant.

Ils éclatèrent de rire et HoYa fit découvrir Séoul à SungYeol, en lui donnant des conseils sur les lieux à aller ou pas. Ils passèrent dans des parcs, des filles leur faisaient des clins d'œil et les regardaient de façon suggestives en gloussant ou autre.

- Je crois que tu leur plais. Murmura HoYa à l'oreille de SungYeol.

- A qui ?

- Elles !

- Elles ?

- Oui !

Son ami semblait sur le point de se frapper le front.

- Quoi ?

- T'es toujours aussi ignorant de la gente féminine ? Mec, t'as dix sept ans, t'as jamais eu une petite amie et …

- Si, j'en ai eu une !

- Mec, une petite amie en école maternelle, ça ne compte pas !

- Mais on s'est embrassé !

- Waouh, tu veux une médaille pour ça ?

SungYeol lui lança un regard noir. Ils se remirent à marcher un peu, et HoYa le charriait un maximum. Ils s'arrêtèrent pour manger dans une des bonnes adresses que son ami avait en stock. Ils mangèrent à ne plus en pouvoir, puis ils se remirent en marche, parce que non, HoYa n'avait pas fini au grand damn de SungYeol qui voulait juste pouvoir rentrer chez lui et dormir tant ses jambes n'étaient pas habituées à un tel parcours.
Ils en profitèrent pour aller s'acheter les habits classes dont ils auraient besoin le soir venu. Ils y croisèrent même DaeYeol et Madame Lee qui semblaient fouiller les rayons. Elle mit d'ailleurs son grain de sel dans les choix des garçons, même si SungYeol tentait de l'éloigner en vain. HoYa et SungYeol retournèrent avec Madame Lee et DaeYeol à la base et ils se donnèrent rendez vous le soir même avant de partir chacun de leur côté.

Ils se changèrent et attendirent leurs parents en bas, sur le canapé, à regarder un soap ridicule à la télévision. Pas une parole n'était échangée entre les deux frères. C'était inutile.

Quand leurs parents se pointèrent enfin, ils soupirèrent et se rendirent à l'instant de torture organisé. Chaque année, il y'en avait au moins quatre. Ils devaient être bien habillés, et écouter des conversations dont ils n'avaient que faire, être simplement comme des faire-valoir. Du moins, c'était l'impression qu'avait SungYeol, et ça l'agaçait au plus haut point.

- On y va ? Demanda Monsieur Lee.

Les deux adolescents soupirèrent, éteignirent la télévision, et se levèrent. La soirée allait être longue…

Comme ils l'avaient imaginé, la soirée était d'un ennui épouvantable. Il ne manquait qu'une personne au piano, et ils se croyaient dans un lieu assez hautain. Les hommes parlaient entre eux, les femmes parlaient entre elles, et rarement, les hommes et les femmes se parlaient.
SungYeol s'ennuyait vraiment. Aucune trace d'HoYa, et DaeYeol l'avait laissé tomber. Son petit frère étant d'un caractère plus sociable, il avait réussi à se lier d'amitié avec à peu près toutes les personnes de leur âge présentes dans la salle. Alors il laissa rapidement son grand frère tomber. Il soupira et laissa son regard se promener sur la salle. Son père parlait avec un militaire plus gradé que lui. Il avait appris au fil des années à observer son père pour savoir à qui il avait affaire. C'était sa mère qui lui avait appris. Quand SungYeol trouva qu'observer son père était bien trop ennuyeux, il continua à balayer la salle du regard…

Puis ses yeux se plongèrent dans deux orbites noires qui le fixaient aussi.
Ce regard était à la fois dérangeant et profondément hypnotisant. Il ne sait pas combien de temps il resta à l'observer mais il sursauta quand une main se posa sur son épaule, et il crut voir l'ombre d'un sourire sur le visage de l'inconnu. Puis il se tourna vers l'élément perturbateur pour croiser le regard légèrement moqueur d'HoYa.

- Je t'ai fait peur ?

- Je suis obligé de répondre ?

- Non, le bond que tu as fait sur ta chaise parle pour toi. Qu'est ce que tu regardais comme ça, d'ailleurs ?

SungYeol ouvrit la bouche, et la referma. Il s'attendait à replonger dans le regard qui l'avait comme transporter mais il fut déçu. L'inconnu avait disparu. Mais où était-il passé ?

- SungYeol, je te parle !

- Pardon, HoYa.

- Tu comptes vraiment rester assis sur cette chaise, alors qu'il y'a des dizaines de filles qui te dévorent des yeux ?

- Hum… Oui.

HoYa se frappa le front en regardant son ami. Il posa ses mains sur l'épaule du jeune homme et lui parla entre quatre yeux.

- Écoute-moi bien, SungYeol. On est pas venu ici pour que tu fasses la tête tout le temps, d'accord ?

- Non, je suis venu pour faire plaisir à mon père, tu te souviens ?

Il soupira.

- Fais un effort, et viens avec moi.

- Ou pas …

HoYa se retourna et une jeune fille se tenait juste derrière lui. Elle paraissait toute timide, et elle lui demanda de danser avec elle. Evidemment, en bon gentleman, HoYa accepta et fit signe à son ami avant d'aller sur la piste.
SungYeol se dit qu'il allait enfin être tranquille afin de chercher à nouveau ce regard enivrant qu'il avait croisé quelques minutes plus tôt et qu'il ne semblait plus voir. L'avait-il imaginé ?

Sa mère arriva à ses côtés et en bon fils, il la fit danser un peu. Puis il se proposa pour aller lui chercher à boire. Ils restèrent ensemble quelques minutes et SungYeol saisit la première occasion qui vint pour laisser sa mère seule avec ses nouvelles amies. Il se fraya un chemin tant bien que mal à travers la foule dansante, et sortit par la première porte, qu'il espérait être les toilettes…

Mais au lieu de ça, il se retrouva dans une ruelle faiblement éclairée. Il y'avait une silhouette au pied du lampadaire. La personne était en train de fumer tranquillement. Elle suspendit son geste à l'arrivée de SungYeol et tourna la tête vers lui.

- Ooops…

Ce regard. Encore et toujours ce regard. Il se plongea à nouveau dedans, mais il parvint plus facilement à s'extraire de là lorsqu'il remarqua que ce dernier souriait de façon moqueuse.

- Je présume que ce n'est vraiment pas l'endroit où tu voulais te retrouver.

- Comment tu le sais ? Demanda le jeune homme, légèrement paumé.

- Tu n'as pas de veste, et à ce que je sache, les températures ne sont plus très élevées. Et vu la tête que tu fais en me regardant fumer, je présume que tu es une oie blanche qui ne fume pas, ne boit pas et mange tous ses légumes sans broncher.

A la plus grande surprise du deuxième jeune homme, SungYeol se mit à applaudir.

- Comment ? Je suis si transparent ? Maintenant, je te mets au défi de trouver mon prénom.

Ils se fixèrent droit dans les yeux et SungYeol sentit naître un sourire suffisant sur ses lèvres.

- Alors, Monsieur Je-Sais-Tout, on donne sa langue au chat ?

Le jeune homme fit demi-tour et retourna à l'intérieur. Il trouva enfin la porte des toilettes, et fit ce qu'il avait à faire avant de rejoindre HoYa à la table où il l'attendait.

- Mec, tu mettais encore cinq minutes à arriver et je serai venu te chercher par la peau du dos.

- Tu étais tellement occupé que je n'osais te déranger pour te dire ce que je comptais faire !

- Serais-tu en train de te moquer de moi ?

- Un tout petit peu…

Les deux commençaient à se chamailler comme des grands enfants, et Madame Lee revint vers eux avec la mère d'HoYa, et ils parlèrent ensemble pendant un moment. HoYa fut à nouveau invité à danser, et sa mère était trop occupée avec Madame Lee pour se soucier de lui, alors il laissa à nouveau son regard vadrouiller, et recroisa ce regard qui le dévisageait. Il s'amusa à le soutenir avant que son père ne se laisse enfin tomber sur une chaise en lui gâchant la vue.

- Alors fils, qu'est ce que tu fais assis sur cette chaise au lieu d'inviter une de ces charmantes demoiselles à danser ?

- Je suis atteint de flemmardise aigue. Je crois bien que ces demoiselles devront trouver quelqu'un d'autre pour les amuser.

Son père le regarda de façon désapprobatrice.

- Fais un effort.

- Je suis encore là. Crois moi, c'est déjà un effort titanesque, ne m'en demande pas trop.

Et SungYeol se mit à ignorer son géniteur.
Quand la soirée se finit, deux bonnes heures plus tard, il fut surement la personne la plus enchantée de pouvoir retrouver son lit de toute la base. Il se plongea volontiers dans ses draps et ne tarda pas à s'endormir. Même dans ses rêves, ce regard le poursuivait, et il se sentait attiré vers lui, inévitablement.
Quand il se réveilla le lendemain, SungYeol se dit que c'était n'importe quoi d'être attiré par un regard. En plus, c'est un regard de mec ! Le jeune homme pensa que ce n'était qu'une phase, comme ça, et que ça lui passerait comme c'est arrivé : rapidement. D'ailleurs, ce qui le confortait dans son idée, c'était qu'il ne le revit pas lorsqu'il dut faire son jogging avec son père et son petit frère dans l'après-midi. Alors il commençait à penser qu'il l'avait simplement imaginé.

Mais il avait tort.

Quelques jours passèrent. SungYeol avait reprit sa vie comme avant et c'était pas plus mal. Au détour d'un couloir, il revit ces yeux l'espace d'une seconde. Et ça le perturba pendant encore un long moment.

- Je te parle ! T'es encore passé où ?

- Je suis là, je suis là.

- T'es bien distrait, SungYeol.

- Je suis désolé.

- Tu viens, on va être en retard.

Et HoYa le traîna jusqu'à leur salle de classe. Les cours passaient lentement, et SungYeol regardait plus souvent par la fenêtre qu'il ne regardait le tableau. HoYa dormait sur la table. Encore deux heures du même cours qui lui prenait toute son après-midi alors qu'il pourrait être chez lui à lire des livres passionnants… Il n'en pouvait plus. Ce cours l'ennuyait profondément.
La professeur tapa avec sa règle en bois sur le bureau et tous sursautèrent. Même HoYa se réveilla.

- Je pense qu'on a tous besoin d'une pause. Je vous donne un quart d'heure et après, je refais l'appel. S'il manque quelqu'un, vous aurez de sérieux problèmes, je me suis bien faite comprendre ?

Tous acquiescèrent et SungYeol vit son ami se rendormir sur sa table. Il se dit qu'il pourrait lui rapporter quelque chose du distributeur. Avec cet objectif en tête, il sortit de la salle et ignora les dizaines de filles qui tentaient encore d'attirer son attention. Il descendit quelques escaliers et arriva en face du distributeur. Il arrêta son choix sur deux cafés et il introduisit sa monnaie dans la machine.

La sonnerie retentit et le couloir fut rapidement désert. Il ne s'en soucia guère, et se préoccupa des cafés.

- Lee SungYeol. Fils aîné du nouveau gradé sous le commandement de mon père. J'ai tout bon ?

Il se retourna et croisa ce regard moqueur qui le poursuivait jusque dans ses rêves.

- Exact.

- A toi de trouver qui je suis, à présent.

Et il s'éloigna d'un pas assuré. SungYeol était hébété, et mit encore quelques minutes à se ressaisir, à prendre le café qu'il avait commandé et à remonter dans sa salle. Quand il entra dans la salle, la professeur le regarda de travers.

- Monsieur Lee, quelle partie de « Je vous donne dix minutes », vous n'avez pas compris ?

- Je suis désolé.

Il s'inclina bien bas, la professeur soupira et il retourna à sa place.

- Qu'est ce que tu foutais ?

- Je suis allé nous chercher un café.

- Où ça, à l'autre bout de Séoul ?

Il ignora son ami et commença à siroter sa boisson tranquillement en prenant quelques notes. Une fois que le cours fut fini, SungYeol et HoYa se dirigèrent vers le bus qui les attendait pour les ramener à la base. Ils s'installèrent à l'arrière du bus et attendirent qu'il démarre.
Une fois arrivés à la base, ils se séparèrent et SungYeol rentra chez lui. Il vit qu'il était seul, alors il monta directement dans sa chambre pour faire quelques devoirs. Il y passa quelques heures avant de redescendre voler une pomme. Dans la cuisine, il y'avait des discussions animées apparemment. DaeYeol était installé à la table de la cuisine à faire ses devoirs avec un autre garçon qu'il ne connaissait pas mais qui lui était vaguement familier.

- Hey Hyung !

- Vous faîtes vos devoirs ?

- Oui. Au fait, je te présente mon ami, Kim MoonSoo.

Ledit MoonSoo leva la tête vers SungYeol et lui fit un signe de la main. Maintenant qu'il le regardait de plus près, il lui était vraiment familier. Il lui ressemblait presque trait pour trait.

- Hyung, le fixe pas comme ça… Râla DaeYeol.

- Hum… Désolé. C'est juste que tu me rappelles quelqu'un.

MoonSoo se mit à sourire. Un sourire bien différent.

- Peut-être que tu as croisé mon frère, MyungSoo.

- MyungSoo, tu dis ?

- Oui, on nous dit souvent qu'on se ressemble… Mais on est bien différent.

- J'en doute pas.

- SungYeol-Hyung ? Maman a dit qu'elle était pas rentrée avant au moins onze heures ce soir. Et papa est encore dans une de ces réunions…

SungYeol regarda sa montre.

- Je ferai à manger dans … Une demi-heure, ça te va ? MoonSoo, si tu veux, tu peux rester aussi.

- Je ne sais pas … Il faudrait que je joigne mes parents … ou mon frère.

- Tu peux utiliser le fixe de la maison, si tu veux.

- Merci, Hyung. Sourit DaeYeol.

- Je vous laisse, j'ai des devoirs à finir.

Et il remonta dans la chambre avec sa pomme. Il se remit à bosser un peu, puis il redescendit préparer le repas. Les deux garçons s'étaient installés dans le canapé et regardaient la télévision.

- Yeol Hyung ! Ses parents sont d'accord !

- Génial. Je me met au boulot. Je vous appellerai quand il faudra mettre la table.

- D'accord.

Et ils se replongèrent dans la télévision. SungYeol se mit au boulot et ensuite, les garçons l'aidèrent à mettre la table. Ils mangèrent et l'aîné des frères Lee refusa que son frère fasse la vaisselle alors qu'il avait un invité. Alors il s'en chargea avant d'aller de leur dire bonne nuit et de monter se coucher. Ce soir-là, il n'entendit pas ses parents rentrer, ni son frère se glisser dans sa chambre et s'endormir à ses côtés.

Ce n'est que le lendemain, quand il se réveilla qu'il se rendit compte qu'il n'était plus tout seul. Il sourit et ébouriffa les cheveux de son petit frère. Puis il s'extirpa de ses draps et se rendit dans la salle de bain pour se préparer. C'était vendredi et leur dernier jour de cours de la semaine. Quand il revint dans sa chambre, son frère se réveillait doucement.

- Hyung ?

- Debout, DaeYeollie. Il faut que tu te prépares sinon, on va être en retard.

Il se traîna hors du lit de son frère et sortit de la pièce. SungYeol descendit et vit un mot sur la table.

« Yeol chéri,

Nous ne rentrons que ce soir. Prends soin de ton frère, s'il te plait.
Je t'aime.

Maman. »

Il soupira, et vit que le déjeuner était déjà prêt sur la table. DaeYeol dévala les escaliers, prit une pomme en vitesse et ensemble, les frères partirent jusqu'au bus qui allait démarrer au moment où ils ont pu entrer dedans. Ils soupirèrent et s'installèrent là où ils purent.
Puis DaeYeol laissa son frère et se rendit en cours, alors que SungYeol lui-même se pressait pour être à l'heure. Le professeur de mathématique était très pointilleux et tout retard était sévèrement réprimandé. Raison de plus pour qu'il se presse.

Il entra dans la salle au moment où la sonnerie retentit, et le professeur se contenta de lui lancer un regard sévère avant de le laisser aller à sa place aux côtés d'HoYa. Le cours commença et SungYeol s'ennuya déjà. Il regardait encore par la fenêtre, se moquant éperdument de ce que le professeur racontait.

- Lee SungYeol, au tableau.

Il soupira, se leva et résolut l'équation sous le regard ébahi du professeur et de ses camarades.

- Monsieur Lee… Comment …

La sonnerie empêcha l'élève d'entendre ce que le professeur lui disait. Et honnêtement, il s'en moquait. Il retourna à sa chaise, rangea ses affaires et rejoignit HoYa hors de la salle.

- Et voila, tu recommences, Yeol !

- Recommencer quoi ?

- A leur montrer que t'es un petit intello.

- Pourquoi ?

- Parce que ce que tu viens de faire, on ne l'a pas encore fait, ici.

- Ooh … J'aurai qu'à prétendre que je l'ai déjà vu dans mon ancienne école.

Il hocha la tête et partirent à leur prochain cours. Heureusement pour eux, ils n'avaient cours que le matin. HoYa annonça à SungYeol qu'il ne reprendrait pas le bus avec lui, parce qu'il avait quelque chose à faire dans le centre ville. Alors quand l'heure de rentrer chez lui sonna enfin, SungYeol se rendit vers le bus où il y'avait qu'une seule personne dedans.

Leurs regards s'accrochèrent et il leva les yeux au ciel. Il s'installa au premier siège qui venait vers lui, et il ne fut pas seul longtemps.

- Alors comme ça, on kidnappe mon petit frère, maintenant ?

- Kim MyungSoo.

Ce dernier qui s'était installé derrière lui sourit.

- Tu as fait tes recherches.

- Ton frère t'a balancé.

- J'en doute pas.

Il y'eut un court silence puis MyungSoo reprit la parole.

- J'ai fait des petites recherches sur toi.

- Pourquoi ?

- Tu m'intrigues.

SungYeol s'empêcha d'éclater de rire.

- Moi, je t'intrigue ?

- Yep.

- Pourquoi ?

Il haussa les épaules. Le bus s'arrêta. Ils étaient arrivés. SungYeol descendit et MyungSoo le suivait évidemment. Ils marchèrent un peu dans la base, et l'aîné des deux s'arrêta.

- Déjà arrivé... A plus tard, alors.

SungYeol hocha la tête, et rentra chez lui. Tout était très calme. Il monta dans sa chambre, et fit un peu le ménage. Il n'y avait personne, alors il en profita pour mettre de la musique et s'amusa en même temps.

La journée passa à vitesse éclair, et ses parents rentrèrent après DaeYeol qui avait embarqué MoonSoo dans sa chambre.

- Yeol chéri !

Sa mère fondit sur lui en lui faisant un énorme câlin et SungYeol crut qu'il allait mourir tant elle serrait fort.

- Chérie, relâche le, le pauvre devient violet !

- Ooh pardon…

Elle fit ce que son mari lui avait demandé et elle regardait son fils avec des yeux brillants.

- Tu t'es bien occupé de ton frère ?

- Evidemment.

- Bien. Il est où ?

- Dans sa chambre.

D'ailleurs, à ce moment précis, DaeYeol descendit les escaliers avec MoonSoo. Madame Lee sembla ravie de voir que son fils s'était déjà fait un ami. SungYeol en profita pour monter dans sa chambre avant que quelqu'un n'ai l'idée de lui reprocher son manque de sociabilité.
Les deux plus jeunes sortirent et SungYeol resta coincé avec ses parents. Sa mère lui parlait de tout et de rien, mais son père avait le don de mettre les pieds dans le plat. Alors SungYeol monta dans sa chambre et claqua la porte. Il en avait marre, sérieusement.

Alors il mit une veste, prit ses clés et son téléphone, puis il dévala les escaliers.

- SungYeol, tu vas où ?

- Ailleurs.

- Lee SungYeol !

- FICHE MOI LA PAIX ! Hurla le jeune homme à son père.

- TU NE METTRAS PAS UN PIED HORS DE CETTE MAISON !

- BAH TIENS !

Et il sortit de la maison en claquant la porte. Il se mit à marcher au plus vite, sans savoir vraiment où il allait et il arriva à l'entrée de la base. Son téléphone sonnait mais il était décidé à ne pas répondre. Il éteignit son téléphone et continua à marcher.

- Tiens, une brebis égarée.

Il se retourna et croisa le regard de MyungSoo.

- Oh, c'est toi, Kim MyungSoo.

- Où est ce que tu vas, comme ça ?

- J'en sais strictement rien.

Le plus jeune des deux sourit.

- Et toi, tu vas où ? lui demanda SungYeol.

- Ca t'intéresse ?

Il haussa les épaules.

- Allez, tu es surement fâché. Viens avec moi, on va te calmer.

Il passa un bras autour des épaules de SungYeol et l'embarqua avec lui. Ils marchèrent pendant un moment et s'arrêtèrent à un petit bar-restaurant que MyungSoo semblait bien connaître. La dame qui tenait l'endroit fit un grand sourire aux jeunes hommes et leur tendit son menu, puis elle retourna s'occuper d'autres personnes.

- Tu dois avoir l'habitude de venir ici ?

- T'es observateur en plus.

SungYeol leva les yeux au ciel, et MyungSoo sourit.

- En effet. T'es pas le seul à être en crise avec tes parents.

- Qu'est ce que tu en sais que je suis en crise avec eux ?

- Tu ne nies pas en attendant.

Il soupira.

- Bon, qu'est ce que tu prends ?

- Un chocolat chaud.

- Tu plaisantes ?

- J'ai l'air de plaisanter ?

MyungSoo fit son sourire en coin habituel et SungYeol trouvait ça difficile de ne pas le regarder fixement.

- Quand tu ne vas pas bien, tu bois un chocolat chaud ?

- Exactement.

Le jeune homme au regard pénétrant eut un air incrédule.

- Aigoo que tu es sage !

La propriétaire s'approcha du duo.

- Bonsoir, un soju et un chocolat chaud.

Elle releva la tête de son bloc note, sourit et partit après avoir repris les menus. MyungSoo et SungYeol n'échangèrent pas un mot. MyungSoo observait le jeune homme qui regardait autour de lui. La dame revint avec les commandes et chacun sirota sa boisson. Ils ne parlaient presque pas, mais SungYeol se sentait déjà mieux. Son père l'avait mis en pétard, mais avec MyungSoo, il se sentait serein. Et ça, il ne se l'expliquait pas.

Les deux garçons restèrent là pendant environ vingt minutes avant de reprendre la route. Or, MyungSoo ne semblait pas prêt à rentrer chez lui, alors SungYeol lui tint compagnie. Il eut l'idée de rallumer son téléphone, et se rendit compte qu'il n'aurait pas dû. Son téléphone avait des tas de messages non lus de la part de sa mère, de son père, et il apprit qu'ils avaient envoyé DaeYeol à sa recherche. Il leva les yeux au ciel.

- Qu'est ce qui t'arrive ?

- On risque de rencontrer …

- HYUNG !

Ils se retournèrent et virent MoonSoo et DaeYeol qui s'approchaient d'eux en courant.

- … Eux…

- BON SANG ! YEOL HYUNG ! TU SAIS DEPUIS QUAND ON TE CHERCHE ?!

- Hum … Je dirais… Vingt trois minutes.

- Comment tu le sais ?

- Je sais lire.

Ils avaient l'air essouflé.

- T'aurais pu nous dire que tu étais avec MyungSoo-Hyung ! Lui reprocha DaeYeol.

- Je suis parti en claquant les portes, c'est pas pour faire une annonce publique de là où je vais. En plus, j'en savais rien où j'allais !

- DaeYeol, rassure toi, il était avec mon Hyung, il risquait rien.

- Hey ! Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul ! Je sais me battre !

DaeYeol, MyungSoo et MoonSoo échangèrent un regard avant d'éclater de rire. SungYeol se sentit vexé.

- Mais bien sur ! Et tu comptes les assommer comment, Hyung, à coup d'encyclopédie ?

Il assassina son petit frère du regard et se leva du banc où ils étaient assis.

- Rentrons.

- Les parents sont furieux, Yeol-Hyung.

- Je m'en moque.

Les quatre garçons reprirent la route vers la base à pied, puisqu'à cette heure-là, il n'y avait plus de bus. C'était plutôt silencieux, et les garçons se séparèrent une fois devant chez les Lee.

- Brasse-toi, Hyung. Ca va crier…

Ils ouvrirent la porte.

- LEE SUNGYEOL ! AMENE TES FESSES TOUT DE SUITE DANS LE SALON !

DaeYeol posa ses mains sur les épaules de son frère.

- Courage !

Et il monta les escaliers en courant, alors que leur père se remit à crier après SungYeol.
Ce dernier se fit passer un véritable savon. Ainsi, ce weekend là, il fut coincé avec son père dans le gymnase. Il lui fit faire des pompes jusqu'à ce que ses bras ne le soutiennent plus, il lui fit faire facilement une heure de jogging, où il ne devait pas râler une seule seconde au lieu d'être enfermé dans sa chambre à lire. Le samedi soir, quand il rentra chez lui, il fila sous la douche, mangea à peine et partit se coucher directement et cette punition dura jusqu'au dimanche soir et SungYeol n'en pouvait plus.

Le lundi, c'est avec des courbatures qu'il se rendit en cours. Il vit MyungSoo dans le couloir et ce dernier sembla compatir à sa douleur. Rien qu'à le voir, il se sentait mieux, mais il ne savait expliquer pourquoi.
Plus le temps passait et moins il voyait HoYa. Ce dernier dormait en cours, mangeait sur le pouce et ne prenait plus le bus avec lui, le soir. Et SungYeol était puni, alors il ne pouvait pas aller le voir. Une rébellion, deux mots de travers et le voila cloué chez lui jusqu'à la fin des temps. Cependant, il ne pouvait nier s'être rapproché de MyungSoo et plus il tentait de le connaître et plus ce dernier restait un mystère. Souvent, le soir, il restait éveillé et repensait à ses journées et à ses multiples rencontres avec le jeune homme.

Ca faisait à présent deux mois qu'il était arrivé.
Les cours étaient toujours aussi ennuyeux et SungYeol avait trouvé l'excuse qu'il devait aller aux toilettes pour sortir de là. Il errait dans les couloirs, et soudain, il entendit des bruits de pas dans les couloirs. ZUT ! Les surveillants !
SungYeol marcha de la façon la plus posée possible, et se réfugia dans une cage d'escalier.

- On se cache ?

Il sursauta et croisa le regard moqueur de MyungSoo.

- Qu'est ce que tu fais là ?

- Je te retourne la question.

Un grand silence les entoura. Les bruits de pas s'éloignèrent et MyungSoo saisit le poignet de SungYeol.

- Viens avec moi.

Et ils montèrent sur le toit du bâtiment. MyungSoo sortit une cigarette de sa poche et se mit à fumer.

- Tu es en train de tenter de sécher, n'est ce pas ?

SungYeol se contenta d'hocher la tête.

- C'est la première fois, n'est ce pas ?

- On ne peut rien te cacher.

- Aigooo…

- Quoi ?

- Que tu es sage !

Les deux garçons restèrent là et SungYeol, au bout d'un moment, se releva et partit. Il venait de se rendre compte qu'il fixait MyungSoo depuis bien trop longtemps, et ça l'embarrassait au plus haut point. Parce qu'il dégageait quelque chose qu'il n'avait jamais remarqué chez personne d'autre auparavant. Tout ce mystère autour de lui l'intriguait vraiment, et il ne savait pas s'il voulait les percer ou simplement le laisser être aussi … différent. Car c'était évident : Il était différent. Cependant, il ne savait pas vraiment si c'était une bonne chose ou pas. Il retourna en classe et eut la tête dans les nuages toute la matinée. Une chance que ce soit un vendredi. Le weekend était là, et il ne le verrait surement pas du weekend. Ca lui donnera peut-être une chance de ne pas trop penser à lui… Parce que malgré tout, le jeune homme hantait ses pensées.
Il se disait que c'était normal, mais plus le temps passait et moins il en était convaincu. Et pour être honnête, ça l'effrayait un peu.
La sonnerie retentit et le sortit de ses songes. Il se leva, rangea ses affaires, salua HoYa et sortit de la salle pour se rendre au bus. Il monta à bord et s'installa tranquillement. Il n'avait pas aperçu MyungSoo et il se contenta de regarder par la fenêtre tout le temps. Il rentra chez lui, et vit que ses parents n'étaient pas là. Il mangea en vitesse et alla s'enfermer dans sa chambre. Là, il pouvait tenter de régler ses problèmes de conscience sans que personne ne tente de le déranger. Il finit par s'endormir.

Il fut réveillé par un coup sec dans sa fenêtre. Visiblement, quelqu'un venait de lancer un caillou contre sa vitre. Un SungYeol encore hébété s'approcha en titubant presque vers sa fenêtre et l'ouvrit. Il dut s'écarter, car MyungSoo entra dans sa chambre.

- Mais qu'est ce que tu fais là ?

- Tu peux parler à voix haute. Personne n'est chez toi. Ton petit frère est chez moi, tes parents sont à une sorte de réunion avec mes parents dans le centre-ville.

Le plus jeune des deux l'observait.

- Tu dormais ?

- C'est possible.

- Ah la la. Tu as un rythme de grand-père !

MyungSoo se laissa tomber sur le lit de SungYeol.

- Je t'ai ramené quelque chose.

Le plus grand le regarda, visiblement curieux. Son ami sortit un sachet plastique de derrière son dos et en sortit quatre grandes bouteilles de SoJu.

- Où est ce que tu as eu ça ?

- Où est ce que tu crois que j'ai eu ça ?

Son ton était taquin, et son regard pétillait comme jamais. SungYeol se rendit compte qu'il devait encore le fixer, car l'autre faisait pareil.

- C'est vrai, tu ne bois pas. Aigoo, que tu es sage pour une personne en pleine rébellion !

MyungSoo ouvrit la bouteille et commença à en boire un peu. SungYeol se sentit provoqué, et lui prit la bouteille des mains avant de gouter sous le regard surpris mais satisfait du jeune homme.

Alors ils passèrent la soirée à vider les bouteilles tous les deux, en parlant et en rigolant juste tous les deux. Ils étaient allongés sur le lit de SungYeol et ça s'entendait à leurs voix, ils étaient sonnés par l'alcool.

- C'est la première fois que je bois de l'alcooool. Dit SungYeol. Je me sens trop bizaaaarre.

MyungSoo éclata de rire et même dans cet état, son ami trouva que c'était une mélodie magnifique. SungYeol regarda le jeune homme allongé à ses côtés droit dans les yeux, et il semblait à nouveau hypnotisé. Il ne pouvait pas bouger, et il se rendit compte qu'il ne voulait pas cesser de le regarder. Il se passait quelque chose, il le savait, et en temps normal, ça l'aurait effrayé. Mais là, surement à cause du taux d'alcool dans le sang qu'il avait à cet instant, il ne pouvait pas réagir.
La main de MyungSoo sembla trouver la sienne et il trouvait la chaleur réconfortante, et son cœur rata un battement.

- Tu me surprendras toujours. Dit MyungSoo.

Il eut un regard soudain plus intense et il avait définitivement piégé l'aîné des deux dedans. Il l'approcha vers lui, et dans un mouvement doux, il déposa ses lèvres sur les siennes. Les deux fermèrent les yeux et approfondirent le baiser, leurs langues dansaient ensembles et l'alcool donnait un léger goût amer à leur échange, mais ils s'en moquaient. Le cœur de SungYeol semblait sur le point de s'échapper de sa cage thoracique et il aimait ça.

Soudain, ils entendirent des bruits en bas et ils brisèrent le baiser. MyungSoo se leva d'un pas titubant et se dirigea vers la fenêtre.

- A plus tard.

Et il repartit comme il était arrivé. SungYeol cacha les bouteilles sous son lit et retourna s'allonger. Quelques minutes auparavant, ils s'embrassaient. Certes, ce n'était pas son premier baiser, mais il pouvait carrément dire que c'était le meilleur qu'il avait eu de toute sa vie. Son cœur se calmait doucement, et SungYeol finit par s'endormir.

Quand il se réveilla le lendemain, il avait vraiment mal au crâne. Il vérifia que personne n'était en bas, et il alla prendre une aspirine avant de retourner se coucher.

Le lundi, il se souvenait de tout. Chaque mot échangé, et le baiser. Maintenant qu'il était sobre, ça le travaillait. Il avait adoré ça, il ne pouvait pas le nier. Il se savait hypnotisé par MyungSoo, mais est ce qu'il était attiré à ce point par le jeune homme ? Si oui, quels impacts est ce que ça aurait sur son avenir ? Est-ce que ça voulait dire qu'il était plus attiré par les garçons que par les filles ?

Il aurait aimé ne pas être autant dans le flou, mais rien ne l'aidait vraiment. Il était un peu paumé et il n'avait personne à qui en parler. Les deux seules personnes qui auraient pu l'écouter sans jamais le juger se trouvait à des centaines et des centaines de kilomètres de là. Sa grand-mère et son ami SungGyu vivaient à l'autre bout du pays, et il avait passé pas mal d'années chez sa grand-mère lorsque son père devait partir à l'étranger et que leur mère était bien trop occupée par son métier pour s'occuper convenablement de ses enfants. Sa grand-mère était un ange, aux yeux de SungYeol. Il l'adorait plus que tout, et avec ces multiples déménagements, ils avaient perdus contact et ça l'attristait.

SungYeol se traîna hors de son lit et ne savait pas s'il voulait revoir MyungSoo maintenant ou pas. Son esprit était encore trop embrumé. Qu'est ce qu'il lui dirait de toute façon ? Désolé, c'était une erreur, j'étais bourré ? Ou … Il secoua la tête, c'était impossible qu'il pense à autre chose avec lui… Et d'ailleurs, pourquoi s'était-il surpris à penser à l'autre option. Il n'y en aurait pas d'autres. Ils étaient bourrés, et c'était tout. C'était une erreur, évidemment.

Il ne croisa pas MyungSoo de la semaine. Et il se surprit à être déçu. C'était normal qu'il l'évitait. Après tout, lui aussi l'évitait quelque part… Mais une autre partie de lui-même voulait terriblement le revoir. En cours, il n'écoutait pas plus que d'habitude, mais il avait ses pensées complètement occupées. C'était décidé, il fallait qu'il appelle sa grand-mère.

Le mercredi soir, alors qu'il était seul chez lui, il prit son courage à deux mains et appela sa grand-mère. Au bout de trois sonneries, elle répondit.

- Allo ?

- Grand-mère ?

- Yeol ? C'est toi, mon chéri ?

- Oui, grand-mère.

- Comment tu vas mon chéri ?

- Ca va, ça va.

Il entendit la joie dans la voix de sa grand-mère et il se sentit un peu mieux.

- Tu voulais me parler ?

- Tu me manques, grand-mère.

- Toi aussi, mon Yeol.

Il y'eut un bref silence à l'autre bout de la ligne.

- Et si tu me disais ce qui ne va pas ?

- C'est rien, je … Je suis un peu perdu.

- Oh. Quel genre de problème ?

- Et bien, il y'a cette … Cette personne… Elle me perturbe beaucoup et … et je ne sais pas quoi faire …

- Et toi, tu perturbes cette personne ?

- Elle m'a dit que je la surprenais.

- Qu'est ce qui peut bien te gêner dans cette affaire ?

- C'est que … hum… Cette personne… Hé bien, je ne suis pas le genre de personne à l'intéresser, je pense… Et je ne pensais même pas qu'Il... Elle m'intéresserait.

- Attends, Yeol… La raison pour laquelle il est possible qu'elle te trouble... Est-ce parce que c'est un garçon ?

SungYeol se redresse sur son lit.

- Comment tu le sais ?

Il y'eut un éclat de rire à l'autre bout.

- Parce que tu avais toujours l'habitude d'attirer les regards féminins sur toi, partout où tu ailles.

- Oh … Et tu en penses quoi ?

- Ce que j'en pense ? Mon chéri, tu crois que j'en pense quoi ?

- J'en sais rien…

- Je vais te le dire. Je m'en moque vraiment que tu aimes un garçon ou une fille, du moment que tu puisses être heureux au final.

- C'est vrai ?

- Evidemment. Tu es mon petit fils chéri, et je t'aime.

La grand-mère semblait sourire et ce sourire se répercuta sur les lèvres de SungYeol.

- Il y'a juste quelque chose que j'aimerai savoir.

- Quoi ?

- Il est beau ?

- Oui, grand-mère.

Le jeune homme se leva, vérifia que personne ne pouvait écouter la conversation, et reprit en s'allongeant sur le ventre sur son lit.

- Ce qui me perturbe surtout chez lui, c'est son regard.

- Qu'est ce qu'il a, son regard ?

- Il est … hypnotisant. Dès la première fois que je l'ai vu, j'ai pas su m'arrêter de le regarder.

- Il est chanceux.

- Tu crois ?

- Il a attiré ton attention, forcément, il a de la chance.

- Grand-mère…

Il se sentit gêné mais il souriait. Ses joues devaient s'empourprer à cet instant précis.

- Et est ce qu'il s'est passé quelque chose entre vous deux qui te donnerait de l'espoir ?

- Hé bien …

Le jeune homme se mit à bouger de malaise sur son lit, mais il continua. Sa grand-mère ne le jugerait pas.

- L'autre soir, il est venu me voir …

- Chez toi ?

- Oui. Et il a ramené de quoi boire, de l'alcool, et … Je ne sais pas ce qui s'est passé et l'instant d'après, on était en train de s'embrasser.

- Et tu l'as revu, depuis ?

- Non.

La grand-mère sembla mieux se caler dans son fauteuil.

- Donc tu te demandes s'il t'a embrassé parce qu'il en avait envie ou juste parce qu'il était saoul ?

- Oui.

- La seule façon de le savoir, c'est lui demander. Alors arrête de l'éviter, parce que je suis certaine que c'est ce que tu es en train de faire, et confronte-le sur ce sujet.

- Tu crois ?

- J'en suis certaine. Oh, je dois te laisser, SungGyu vient d'arriver. Tu veux lui transmettre un message ?

- SUNGGYU-HYUNG ?

Elle éclata de rire.

- Je te le passe… SUNGGYU, viens mon chou ! J'ai quelqu'un qui voudrait te parler !

Il y'eut un bref silence à l'autre bout de la ligne et une voix masculine prit le relais.

- Allo ?

- Hyung !

- Oh bon sang ! SungYeol ! Comment tu vas ?

Et ils restèrent à parler encore une bonne heure au téléphone. Au final, la facture de téléphone de SungYeol dut exploser à ce moment-là, mais c'était le cadet de ses soucis. Il se sentait bien, et il était déterminé à confronter MyungSoo. Il devait savoir avant de ne tomber encore plus pour lui, ce qu'il était certain de faire.

Mais ça lui prit plus de temps que prévu …

Trois semaines plus tard, un jeudi soir, le père de SungYeol vint le voir directement dans sa chambre. Il s'installa sur le lit de son fils, et sembla observer ses alentours. Surement une habitude qu'il avait eue à l'armée.

- Qu'est ce que tu veux ?

- J'ai reçu un coup de fil de la famille Kim, tu sais, l'homme qui commande la base.

- Et ?

- Demain soir, il nous invite à manger chez lui. DaeYeol est ravi, mais tu dois venir aussi.

- Alors je serai là. D'autres questions ?

- J'aimerai simplement que tu fasses bonne impression, ce soir-là. Tu sais, ils ont un fils qui a juste un an de moins que toi.

Il haussa les épaules en signe de désinvolture. Son père se leva.

- Je t'appellerai pour manger et si tu fais bonne impression à cette soirée, alors je songerai peut-être à oublier ta punition.

Et il sortit de la chambre. SungYeol se laissa tomber sur son lit.

Le lendemain soir, il suivit ses parents et son petit frère chez les Kim et ce fut madame Kim qui leur ouvrit la porte. Elle les fit rentrer et ils durent se rendre dans la salle à manger. D'un côté de la table, les Kim. De l'autre, les Lee. Et SungYeol se retrouva en face de MyungSoo. Ce dernier semblait s'amuser à le fixer, alors que l'aîné des fils Lee, quant à lui, tentait d'éviter de le regarder, de peur de se mettre à rougir comme un idiot.

DaeYeol et MoonSoo étaient en pleine conversation, tout comme les adultes.
Puis Madame Kim prit la parole.

- Vous avez deux charmants fils, Madame Lee.

- Merci Madame Kim. Vos fils sont vraiment bien élevés. Laissez moi vous féliciter.

Elles se sourirent et Monsieur Lee ajouta en plus.

- Vous saviez que notre fils aîné, SungYeol, était très intelligent.

SungYeol se sentit gêné d'avoir toute l'attention sur lui, et il se sentit rougir un peu.

- En effet, continua Madame Lee, partout où que nous allions, il suivait les cours avancés et était premier de sa classe. DaeYeol n'est pas en reste non plus, il faut dire.

Et les parents se mirent à vanter les exploits scolaires de leurs enfants respectifs, et SungYeol était très très mal à l'aise. Le regard de MyungSoo ne le lâchait pas une seule seconde et c'était surement l'une des choses les plus perturbantes qu'il avait vécu de sa vie.

- MoonSoo, MyungSoo, pourquoi ne montreriez vous pas vos chambres aux garçons ? Suggéra Madame Kim.

- C'est une excellente idée. Dit MyungSoo, en se levant.

- Allez-y, les garçons. On vous appellera quand il faudra partir.

Les quatre garçons montèrent et MoonSoo amena DaeYeol dans sa chambre. Une fois que la porte de la chambre de ce dernier fut fermée, MyungSoo saisit le poignet de SungYeol et l'attira dans la sienne.

- M'aurais-tu évité ces derniers temps, Lee SungYeol ?

- Aurais-je une raison de t'éviter ?

- Tu as oublié ?

- Tu aurais aimé que j'oublie ?

- Non.

Il s'approcha de l'aîné des deux et se planta pile devant lui, sans jamais le quitter des yeux.

- Alors pourquoi évites-tu de me regarder ?

Il y'eut un silence et SungYeol prit la parole.

- Tu m'as évité aussi, MyungSoo.

- J'attendais que tu fasses le premier pas.

- Pourquoi moi ?

- Parce que c'est moi qui t'ai embrassé et pas l'inverse.

- Je ne t'ai pas repoussé.

- Je sais.

Ils s'observaient l'un l'autre, comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis au moins six ans.

- Pourquoi tu me fuyais ? Demanda MyungSoo.

- Tout ça, c'est … soudain et très intimidant.

- Je sais ce que tu ressens, SungYeol. Parce que je ressens surement pareil, et ça me rend fou.

SungYeol ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, mais il le prit dans ses bras et MyungSoo plongea sa tête contre l'épaule du jeune homme. Ca lui avait paru être la meilleure chose à faire, et il ne regrettait rien.

Ils s'installèrent sur le lit de MyungSoo, et ils papotèrent pendant un moment, de tout et de rien, comme avant le baiser. Le changement n'était pas forcément visible à ceux qui écoutaient, mais le plus jeune des deux jouait avec les doigts du garçon allongé à ses côtés. Et SungYeol se sentait bien.

- Les garçons ! On rentre, venez dire au revoir !

Les deux fils aînés se redressèrent, et MyungSoo lâcha sa main. Ils descendirent les escaliers, tous se dirent au revoir. Alors que tous se frayaient un chemin dehors, l'aîné des fils Kim saisit le poignet de SungYeol et murmura à son oreille :

- Demain soir, tu viens avec moi. Je passerai te prendre.

Et il n'eut rien le temps d'ajouter qu'il dut suivre ses parents et son frère. SungYeol alla se changer et prit une petite douche. Il fallait qu'il tienne sa grand-mère au courant, il lui avait promis. Cependant, voyant l'heure qu'il était, il se décida à le faire le lendemain. On frappa à sa porte. Puis son père entra dans la chambre.

- Une promesse est une promesse. Je lève ta punition.

- Merci.

- Et évite de rechercher des ennuis. La prochaine fois, ça ne se passera pas si facilement.

Et il sortit de la chambre de son fils. SungYeol se laissa tomber sur son lit, et ne tarda pas à s'endormir.

Le lendemain, MyungSoo tint sa promesse. Il vint le chercher en passant par la porte d'entrée, cette fois. SungYeol le fit monter dans sa chambre.

- Alors, où est ce que tu veux m'emmener ?

- On sort. Tu auras la surprise.

- Bien.

MyungSoo fouilla les affaires de SungYeol et en sortit un jean et un haut assez simple.

- Enfile ça.

- Pourquoi, ma tenue te plait pas ?

- Elle convient pas là où on va.

SungYeol se rendit dans sa salle de bain et se changea.

- On y va ?

Ils sortirent de la chambre, saluèrent les parents de SungYeol et sortirent. Ils marchèrent hors de la base, et se rendirent en ville. MyungSoo ne lâcha pas la moindre indication, et ils se retrouvèrent face à un vigile qui hocha la tête en voyant le jeune homme. Ils entrèrent.

- Sérieux, tu m'as emmené en boite ?

- Oui, tu es trop sage. Il est temps que je change ça.

Ils s'avancèrent vers la piste et dansèrent un peu. Cependant, trop de filles cherchaient à draguer -et plus si affinité- les deux garçons, et MyungSoo en eut rapidement marre. Il tira SungYeol par le poignet et l'embarqua avec lui. Ils sortirent de la boite, et retournèrent à la base. MyungSoo semblait légèrement remonté, mais l'aîné des deux n'osait pas demander quoi que ce soit. Ils s'arrêtèrent chez les Kim et apparemment, il n'y avait personne.

- Qu'est ce que tu fais ?

Ils montèrent dans la chambre de MyungSoo et ce dernier referma la porte à clé derrière eux.

- Ces filles m'énervaient. Et comme j'ai envie de danser sans pour autant me faire attaquer par une invasion de peau de peinture, que MoonSoo dort chez toi tout ce weekend car mes parents sont de sortie, alors je peux faire ce que je veux. Ca te dérange ?

- Absolument pas.

Il mit la musique en aléatoire et se mirent à danser. Au départ, ils dansaient loin l'un de l'autre, puis MyungSoo passa ses bras autour de lui et l'attira tout contre lui. SungYeol passa ses bras autour de sa nuque, et ils dansèrent comme ça, jusqu'à ce que leurs regards s'accrochent.

- Tu es plus jeune que moi.

- Je sais.

- Tu es un mec.

- Je sais.

- Tu es le fils du chef de mon père.

- Je sais.

MyungSoo passa ses lèvres dans le cou de SungYeol et déposa des baisers par endroit. Puis il remonta le long de sa mâchoire, et l'aîné des deux se sentit faible sur ses jambes. Puis le jeune homme arrêta sa douce torture et plongea son regard dans celui de son « ami ». Et ce fut SungYeol qui l'embrassa le premier. Le baiser était long, langoureux, et ils continuaient à danser en même temps. Les baisers ainsi que les danses devinrent plus sulfureux et MyungSoo plaqua le jeune homme comme un mur alors que ce dernier noua ses longues jambes autour de ses hanches.

SungYeol ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. Il s'abandonnait juste dans les bras du garçon qui faisait battre son cœur plus vite que jamais. Mais il savait qu'il adorait ce qu'il faisait. Il laissa ses mains se promener sur la chemise du jeune homme et rendait ses baisers avec passion. MyungSoo brisa le baiser.

- Tu es sur que c'est ce que tu veux ?

SungYeol se contenta d'hocher la tête, et sourit lorsqu'il embrassa doucement les lèvres du jeune homme. Alors MyungSoo laissa aussi glisser ses mains le long du torse de l'aîné des fils Lee, et lui ôta son haut. Rapidement, le sien suivit, et tout devint plus passionné encore. La musique continuait de changer mais les deux suivaient leur propre musique, leur propre rythme, et MyungSoo déposa doucement SungYeol sur son lit. Ils continuèrent à danser à leur façon, en s'embrassant, et le plus jeune des deux fit découvrir une toute nouvelle danse à SungYeol. Leurs corps ne faisaient plus qu'un, et ils s'aimaient passionnément, tout en faisant attention l'un à l'autre, en se découvrant sans oublier la moindre parcelle de peau l'un de l'autre.

Ils allaient à leur propre rythme. Et les murmures, les mots doux que MyungSoo lui murmuraient à l'oreille étaient la plus belle mélodie que SungYeol avait entendu de toute sa vie.
Lorsque la musique s'arrêta, les deux se laissèrent tomber sur le lit, épuisés, mais avec un éclat particulier dans les yeux. Ils échangèrent encore quelques baisers, puis SungYeol chercha ses affaires éparpillées un peu partout sur le sol.

- Qu'est ce que tu fais ?

- Il faut que je rentre, sinon, je serai encore puni…

MyungSoo saisit SungYeol par la taille qui venait tout juste de remettre son jean. Il déposa un doux baiser dans son cou et murmura.

- Attends une seconde.

Il saisit le téléphone du jeune homme dans sa poche arrière et choisit le numéro de Madame Lee dedans.

- Appelle ta mère, et dis lui que je ne me sens pas bien. Demande-lui si tu peux rester pour la nuit.

Il fit ce qui lui était demandé, et Madame Lee accepta volontiers. SungYeol raccrocha ensuite.

- Alors ?

- Elle est d'accord.

MyungSoo sourit et embrassa l'aîné des deux. Ce dernier passa ses bras autour de son cou et approfondit le baiser.

- Une autre danse ? Proposa MyungSoo en glissant ses mains dans les poches arrière du jean du jeune homme.

SungYeol le regarda droit dans les yeux, et se noya dedans tout en hochant la tête.

Ce soir-là, SungYeol trouva le courage de lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Ce soir-là, SungYeol dit « Je T'aime » à MyungSoo qui l'embrassa à lui en faire perdre la tête, et là, il sut qu'il avait fait le bon choix que de laisser son cœur prendre le dessus sur sa raison.

Leur belle idylle était restée un secret. Les deux se rencontraient dans les coins sombres du lycée, sur le toit, dans les chambres fermées à clé des garçons. Partout où ils pouvaient se montrer leur amour sans avoir à se justifier. Aux yeux des autres, ils étaient de simples amis proches.
SungYeol ne s'était jamais senti aussi heureux et épanoui de toute sa vie. Seule sa grand-mère était au courant de ce qui se passait et elle semblait heureuse pour son petit fils.

Ce soir-là, MyungSoo et SungYeol ne pouvait pas se voir, car il y'avait encore une soirée organisée par la base, et les deux y étaient conviés mais ils devaient rester avec leur famille respective.
A cette soirée-là, SungYeol était assis à sa table, son regard accroché à celui de MyungSoo qui se tenait debout à l'autre bout de la salle.

- SungYeol ! JE TE PARLE !

- Pardon, HoYa, tu disais ?

- Je te trouve… Changé.

- Ah oui ?

Il hocha la tête.

- Vendredi prochain, viens avec moi.

- Tu veux aller où ?

- Tu sais que je pars souvent le vendredi et après les cours, dans le centre ville.

- Oui.

- Tu vas enfin découvrir pourquoi.

- D'accord.

Ils se sourirent et une fille vint inviter HoYa à danser. Une autre tenta de faire bouger SungYeol de sa chaise, mais sans succès. Monsieur Lee vint poser une main sur l'épaule de son fils.

- Toujours pas envie de danser ?

- Non. Mais je vais prendre l'air. A plus tard !

Et il s'enfuit de la table aussitôt qu'il eut vu MyungSoo sortir. Il ouvrit la porte et la referma soigneusement derrière lui. Il n'eut pas le temps d'avancer vraiment, lorsque deux bras entourèrent sa taille et qu'il se retrouva doucement plaqué contre le mur. Il croisa un regard taquin et sourit.

- Tu m'as manqué.

Et SungYeol laissa son petit ami l'embrasser et lui rendit bien volontiers.

- Toi aussi, tu m'as manqué, Soo.

Ils restèrent comme ça un moment, à simplement s'embrasser et à parler un peu puis ils retournèrent chacun leur tour à l'intérieur. DaeYeol dansait avec une fille de la salle, et MoonSoo parlait avec une autre. HoYa était assis sur une chaise et SungYeol le rejoignit.

La soirée se finit sans anicroche, et le soir venu, alors que l'aîné des fils Lee venait d'aller se coucher, la porte de sa chambre s'ouvrit et DaeYeol entra. Il se glissa aux côtés de son frère et murmura :

- Hyung ?

- DaeYeollie ?

- J'ai un truc à te demander.

- Dis toujours.

- Hyung, c'est comment être amoureux ?

SungYeol se tourna vers son frère.

- Hé bien… C'est avoir le cœur qui bat à cent à l'heure sans avoir à courir un marathon. C'est toujours penser à la même personne et que rien que le fait de penser à elle, ça te rend joyeux. C'est quand regarder une autre personne ne t'effleurait pas l'esprit.

DaeYeol semblait écouter attentivement son grand frère.

- On se sent bien quand on est amoureux ?

- Oui, on se sent bien. Mais c'est encore mieux quand c'est réciproque, petit frère. Parce que, quand tu as cette personne dans tes bras, t'as la sensation d'être invincible, et ça, c'est plus fort que tout.

- Hyung ?

- Oui ?

- T'as déjà été amoureux ?

- Oui.

Il y'eut un bref silence entre les deux frères.

- Hyung… Je crois que je suis amoureux, moi aussi.

SungYeol sourit.

- C'est très bien. N'oublie pas de me présenter cette personne.

- Promis… Je peux rester avec toi ?

- Bien sûr.

- Bonne nuit, Yeol-Hyung.

- Bonne nuit, DaeYeollie.

Le plus jeune ferma les yeux et le téléphone de SungYeol s'alluma.

« Je t'aime. »

Son cœur se mit à battre plus fort et SungYeol s'endormit avec le sourire aux lèvres après avoir répondu d'un petit cœur à la déclaration de son petit ami. Oui, il pensait chaque mot qu'il avait dit à son frère, tout simplement parce que c'était ce qu'il ressentait du plus profond de son âme pour MyungSoo.