Sweet Sacrifice

- Chapitre 1 -

Un pas. Puis un autre. Quelqu'un qui marche dans la rue. Quelqu'un qui te suit doucement. Quelqu'un qui respire doucement. La nuit ne te permet pas de le voir. Mais l'ombre qui lui appartient suffit pour te glacer dans ta cachette.

Et cette odeur qui te prends au nez. Cette odeur de mort, de sueur, de peur, de saleté, de détritus. Et la tête te tourne, et si tu ne te retenait pas, tu t'enfuirais. Ton seul désir à cet instant : t'enfoncer bien profondément dans le sol. Une envie qui te maintient en vie, mais pour combien de temps?

L'homme, ou la femme, après tout, tu n'en sais rien, et ne te pose pas trop de question, se tient debout, devant toi, loin devant toi. Tu ne te pose pas trop de questions, mais elles se bousculent à ta tête, mais tu refuse de leur donner libre cours. La peur de perdre tes moyens leur ferme la porte. Mais tu ne sais pas que tes moyens, tu les a déjà perdus, lorsque tu t'es enfoui en courant vers cette ruelle. Et dorénavant, tu te maudis pour ta connerie, qui t'a fait te barrer loin des autres, loin d'une vie, loin de la lumière, et loin de tout.

La seule chose qui t'entoure dans ta cachette, ce sont des poubelles, derrière toi. Plusieurs poubelles, imposante, et tu t'appuie sur elles, comme si elle pouvait te retenir, et empêcher ton poursuivant de te voir. A ta droite, un mur. Des pierres, des briques, mais pas d'issues. A ta gauche, la rue. Un petit espace. Et devant toi, d'autres poubelles. Plusieurs la encore. Il y a un petit espace entre les deux juste devant toi. C'est par cet espace, ce petit trou de vide que tu regarde. Que tu fixe. Les poubelles t'entourent. L'odeur de détritus te prends au nez, et te monte à la tête. Elle menace de te faire chavirer, mais tu te retiens aux poubelles derrière toi.

Devant, loin devant, mais tout de même trop proche à tes goûts, l'Autre.

Tu ne connais rien de lui. Rien. Homme ou femme? Jeune ou vieux? Beau ou laid? Intelligent ou stupide? Tu ne connais rien de lui, alors que lui apparemment connaît tout de toi. Et c'est ce qui t'effraie le plus. Que quelqu'un comme lui, aussi effrayant que lui, connaisse tout de toi, de tes amis, ta famille et tes proches. En fait, tout en lui t'effraie. De l'aura spectaculairement lugubre qui s'échappe de sa personne à ses cheveux hirsutes dressés sur sa tête. De sa taille imposante à ses yeux brillants qui te cherchent dans la ruelle.

"Je sais que tu es la Jan Werner. Je le sais... Pas la peine de te cacher.. Je t'aurais.. Oui.. Markus t'aura.."

Quelques mots prononcés suffisent à te foutre la chair de poule. Une voix calme, forte, froide, sifflante. Tu t'imagine d'ors et déjà mort, en sang, et la musique qui l'accompagne. Une musique bien triste. Bien gore. Pour accompagner le tableau. Mais tu secoue la tête. Tu n'es pas encore mort. Pas encore. Profite de chaque instant. Respirer pendant que tu le peux encore. Et repousser au maximum la découverte. Parce que tu sais très bien qu'il te trouvera dans ta cachette. Qu'elle ne peux pas te cacher de son regard éternellement. Et tu sais pertinemment bien ce qu'il te fera une fois en face de toi. Mais tu t'obstine à ne pas y penser, pour ne pas crier.

"Jaaann.. Veux tu jouer à un jeu avec Markus?"

Ne réponds pas. Ne crie pas. Ne respire pas. Ne bouge pas. Ne fait rien. Oublie sa présence. Et cache la tienne. Autant d'ordres que tu gueule intérieurement. Tes yeux se ferme et se rouvre immédiatement. Tu as peur qu'en fermant les yeux, et ne les rouvrant pas, il se rapprochera plus facilement de toi, et que ut ne le remarquera pas.

"Tu ne réponds pas?"

Non tu ne répondra pas. Sa voix te fout des frissons sur tout le corps. La sueur te coule sur le dos, tu la sens bien. Tu te pisserais presque dessus si tu en avais la force. Mais la peur t'enlève petit à petit toute ta vie.

"Je propose le chat et la souris.. Qu'en pense tu petit Jan?"

Le chat et la souris. Tu repense au passé, lorsque tu jouais avec tes cousines à ce jeu. Puérilement réalisé. Tu étais toujours le chat. Désormais, tu crains fortement que les rôles ne soient inversés.

"Bien évidemment, je suis le chat, et tu es la souris. Qu'en pense tu petit Jan?"

Sa voix mielleuse te passe à travers le corps, te fait l'effet d'une douche froide.

"On commence à trois petit Jan."

Tu ne sais pas pourquoi, mais tu repense à toutes ces personnes que tu as rencontré et aimé. Tes parents. Ta famille. Tes amis. Linke. Franky. Juri. David. Timo. Tes managers. Tes fans. Les organisateurs de concerts, festivals, etc. Tu repense à tout ce passé qui t'attire irrémédiablement. Tout serait si facile si tu n'était pas tombé dans la musique. Si tu n'avais pas formé Panik. Puis Nevada Tan, pour revenir à Panik. Si vous n'aviez pas eu de succès. Si vous étiez continuellement surveillés. Si, si.. Si tu avais été différent. Mais tu es ce que tu es, et actuellement, tu le constate bien, tu aurais bien aimé changer cela.

"Un."

Ce décompte te fait penser aux multiples jeux auxquels tu a joué avec tes cousins, cousines, amis. Cache cache. Loup. Un, deux, trois, Soleil. Le Chat et la Souris. Tant de jeu qui te ramènent en enfance.

"Deux."

Tes yeux bleus cherchent un moyens de t'enfuir, même si tu sais que d'une, cela est impossible, et que de deux, même si tu avais une issue, il continuerais de te poursuivre jusqu'a la mort. Au moins.

"Et trois. Je chasse petite souris."

Ton cœur fait un bond. Tu te terre plus près des poubelles de ton dos. Tu essaye de t'enfoncer en elles, malgré l'odeur, qui te rassure en fait. Tu essaye, mais tu sais pertinemment que tu n'y arrive pas. Espoir désespéré d'une âme perdue. Tu refuse de te laisser mourir ainsi. Tu refuse de mourir tout court. Tu espère encore un secours inespéré. Et soudain, alors que tes mains cherchent un semblant d'arme dans les détritus, il apparaît. Regard bestial.

"Je t'ai trouvé petite souris."

Sourire sadique. Mais heureux. Tu ne comprends pas qu'il puisse être heureux en te tuant. Après tout, que lui a tu fais? Ses yeux te dévorent du regard. Il te montre sa main. Elle tient un couteau. Tu te demande s'il est aussi affûté qu'il en a l'air. Mais te refuse d'aller le vérifier. Soudainement, tu te relève, et enjambe allègrement les poubelles. Et te mets a courir. Courir. Lui te suit. Tu sais très bien qu'il est plus athlétique que toi. Tu cours, et entends très bien son souffle saccadé se rapproché de ton dos. Tout d'un coup, tu ressens un gros poids sur ton dos. Tu comprends en un éclair qu'il t'a sauté dessus. Tu tombe au sol, et lui se relève prestement. Armé de ses seules bottes, il t'enfonce ses pieds dans le ventre, et tu recrache un boule de sang. Il frappe tes côtes, et tu sens tes poumon se vider de leur air. Tu essaye de reprendre ton souffle, mais déjà il continue de te taper, les épaules, les tibias, l'aine, le coccyx, tout y passe, avec les pieds ou les mains. Il ne te laisse aucun repos, sauf à un moment, tu commence vaguement à reprendre ton souffle, tu inspire et expire bruyamment et difficilement, pendant que lui sort de son dos une matraque. Avec, il continue ses coups, et tu a d'ors et déjà arrêté de compter les coups et les endroits. Puis soudain, la matraque te tombe à côté de la tête. Plein d'un espoir puéril que tu sais stupide, tu te dis qu'il arrête et te laisse tranquille. Mais cette pause n'est que de courte durée, aussitôt après t'être réjoui de l'arrêt du massacre, une douleur vive te fait trembler. Tu comprends rapidement qu'il a repris son couteau, et que c'est ce dernier qu'il t'a enfoncé dans le dos. Tu pensait qu'aucun son ne pourrait encor sortir de ta bouche après avoir perdu ton souffle comme tu l'avais eu. Mais non. Tu crie. Pour t'empêcher de continuer, il t'enfonce plusieurs fois de suite le couteau dans le dos. Mais tu continue de crier. Alors il te tiens le menton, et pointant le couteau près de ta bouche, en coupe les coins. Allongeant la bouche jusqu'au menton. La douleur te pique, te déchire les entrailles, et le cerveau. Tu aimerais crier, mais ta force se barre. Tu vois ton sang sur le sol, tes vêtements, tes mains. Tu en crache. Il continue de t'enfonce le couteau dans le dos. Il rigole. Ricane serait plus juste. Il rigole, tout en enfonçant le couteau dans tout ton corps. Le dos, les jambes, le cou, tout. Un voile noir s'installe devant tes yeux. Et juste avant qu'il ne devienne noir complet, l'Autre se plante devant toi, te fixe, et avant de t'égorger, te susurre à l'oreille un froid :

"Pour mon doux sacrifice."