Black Alice pour changer :)

J'espère que vous aimerez

Bisous

Votre bien dévoué,


Je repassais la scène dans mon esprit, encore et encore. Cherchant une faille, une erreur, cherchant un échappatoire, espérant qu'il s'agissait là d'une plaisanterie, un tour que mon esprit me jouait. Mais rien... rien d'autre que la vérité cruelle et douloureuse.

Lorsque la vision s'acheva, je tombais pitoyablement au sol, les mains plaqués sur mon visage, les sanglots secouant mon corps devenu brusquement fragile, j'avais la sensation que mon esprit tentait de s'échapper de mon corps.

Pour la première fois de mon existence, mes visions m'avaient trompés. Elles m'avaient induit en erreur sur ce qui importait le plus pour moi, sur la seule chose que je n'aurais jamais voulu perdre, la seule évidence me maintenant sur cette terre.

Je sentis soudainement deux bras m'entourer fermement pour me soulever. Je savais qu'il s'agissait de Jasper, il me parlait, tentait de comprendre ce qui m'arrivait, je ressentais sa panique, son inquiétude et même son amour. Mais comment pourrais-je lui dire ?

- Fais-moi l'amour, le suppliais-je en me collant contre son torse

Je ne pouvais rien dire d'autre, je ne voulais rien d'autre. J'avais besoin de lui une dernière fois et j'avais mis toute la supplication dont je disposais dans cette demande, alors sans me poser plus de question, il accéda à ma requête, en poussant tout son amour et toute sa tendresse. Tout ce qu'il ressentait pour moi gravitait autour de nous, comme des milliers de petites connexion électriques caressant chaque centimètre carré de ma peau, perçant ma carapace jusqu'à pénétrer mon âme.

J'ai tenté de cacher au mieux mon désespoir et ma peine, mais j'étais tellement anéantis que je savais que cela serait tout simplement impossible, surtout pas avec un époux empathe. J'occupais donc sa bouche avec la mienne pour l'empêcher de céder à sa curiosité.

Après m'avoir adoré des heures, il me demanda à nouveau ce qui n'allait pas. Le silence fut ma seule réponse, cela semblait égoïste de ma part, mais à la vérité, je faisais ça pour lui.

Je m'étais simplement levé après l'avoir embrassé une dernière fois en y mettant tout mon amour, puis je lui avais expliqué que je devais aller chasser. Bien sur, il avait voulu m'accompagner, bien sur, je m'étais contenté de refuser.

Je fus particulièrement heureuse de savoir Edward au loin, sa visite chez les Denali était bien tombé, il n'avait pas besoin de savoir, personne ne devait savoir, même moi j'aurais voulu ne pas savoir.

Je n'étais pas parti bien loin, j'avais besoin de réfléchir seule à la situation, à mes options. Au début, j'ai réagis comme n'importe qu'elle femme humaine, mais je m'étais vite reprise, je n'étais pas humaine et je ne voulais pas être égoïste, peu importe à quel point je souffrais.

Ma première idée fut d'emmener Jasper au loin, loin de ce qui allait me détruire, loin de celle qui le pousserait à me quitter, ensuite, j'ai pensé me contenter de la tuer, cela aurait été si simple, éradiqué le danger avant même que celui-ci n'apparaisse dans sa vie, dans la mienne.

Mais la seule chose qui était réellement menacé était moi, mon bonheur, certainement pas le sien, alors de quel droit pouvais-je faire une telle chose ?

Je le voulais si mal. Pourtant, je ne pouvais pas. J'avais été mise sur cette terre pour rendre Jasper heureux, c'était une certitude que j'avais eu à la seconde ou je l'avais vu dans mon esprit, juste après mon réveil. C'était quelque chose que je voulais plus que tout, telle une mission éternelle, ma mission.

Personne ne savait, pas même lui. Tout ce que j'avais fait jusqu'ici, le choix de mon régime, mon respect pour la vie humaine, tout avait été pour Jasper, pour l'aider parce que je savais qu'il souffrait à chaque fois qu'il tuait l'une de ses victimes. Ressentir les émotions de la personne que tu tue n'est pas la chose la plus agréable qui soit et je voulais arrêter sa torture.

Je n'avais donc pas choisi ce régime pour suivre l'exemple de Carlisle ou par réelle bonté d'âme, je l'avais fait pour soutenir mon amour et uniquement pour ça. Non pas que je n'avais pas de respect pour les humains, mais la chaîne alimentaire nous avait choisi en nous positionnant juste au dessus d'eux, c'était notre nature comme c'était la leur de se tenir au dessus des animaux.

Durant nos soixante années de vie commune, j'avais bêtement imaginé l'avoir rendu heureux, j'en avais été si sur que je n'avais jamais pris la peine de remettre notre amour en question. Dans mes visions, il était à moi comme j'étais à lui et j'avais confiance en mon don à un tel point que je ne m'étais jamais posé plus de question, nous nous appartenions éternellement. C'était une telle évidence pour moi.

Et pourtant.

Pourtant cette vision venait de me prouver que j'avais eu tord, je n'étais apparemment pas la compagne de Jasper, pas la vrai du moins. J'étais celle qui l'avais aidé, celle qui l'avais ramené à la famille, celle qui avait fait en sorte que la torture cesse, celle qui lui avait prouvé qu'il existait autre chose que la guerre et la violence. Mais certainement pas celle à qui il appartenait.

Après m'être soulagé des heures en imaginant tout ce que je pourrais faire pour me débarrasser de cette fille, je relevais la tête pour mirer le ciel obscurcie en lui demandant ce que j'avais bien pu faire pour qu'il m'arrache à ma raison de vivre. Je n'ai trouvé aucune réponse, je n'étais sans doute pas assez bien pour ce guerrier, je n'étais pas ce qu'il lui fallait et durant toutes ces années, je m'étais trompé. Honteusement trompé.

Quoi que mon esprit en arrive à calculer, j'en revenais toujours à la même chose. Il n'y avait rien à faire. Rien.

Alors j'ai commencé à penser à mon suicide, une façon de soulager ma peine, mais encore une fois je ne pouvais pas. Même si son bonheur était avec une autre, il pourrait un jour avoir besoin de moi ou plutôt de mon pouvoir. Peut-être qu'un jour, il aurait besoin que j'intervienne d'une manière ou d'une autre pour m'assurer que son bonheur soit préservé. Même en étant en dehors de sa vie, je devais m'assurer qu'il serait heureux. Je devais continuer ma mission.

Et par la même, trouver une solution pour me maintenir en vie.

Ma décision était donc prise. Je devais partir, je devais le laisser. Évidemment, au début, il souffrirait, il ne comprendrait pas. Mais très vite, elle apparaîtrait dans sa vie et il oublierait tout de moi, il oublierait jusqu'à mon nom.

Jamais je n'avais eu à ce point le désir de pouvoir pleurer, jamais je n'avais ressentis une douleur pareille, jamais je n'avais voulu mourir.

Je devais me l'avouer, cette fille était superbe, une jolie blonde aux yeux bleue, avec des cheveux longs. Comment pourrais-je tenir la comparaison ? J'étais petite avec des cheveux courts. J'en arrivais à me demander comment cet homme avait pu supporter de m'avoir dans son lit durant toutes ces années et s'il n'avait pas usé de son pouvoir pour me faire croire qu'il m'aimait de peur d'être à nouveau seul. Je n'avais rien de la femme fatale, je n'avais rien d'une beauté. J'étais tout simplement fade et elle était si belle.

Il me fallut presque une heure pour rentrer à la maison, j'avais dû attendre d'être certaine que Jasper en était sortit. Il s'était inquiété de mon absence prolongé et était donc partit à ma recherche. J'avais pris soin de l'éviter sur le chemin du retour afin de pouvoir partir sans que personne ne s'en rende compte.

Carlisle était à l'hôpital, Esmée en ville, Emmet et Rosalie avaient accompagnés Edward chez les Denali. Je pouvais donc faire ma valise sans être interrompue et partir sans être arrêté.

Une question me fit brusquement sourire alors que je refermais l'unique valise que j'emmènerais avec moi.

Comment pouvait-on à ce point souffrir alors que nous étions techniquement mort ? Ce n'était tout simplement pas juste. Comment un cœur qui ne battait plus pouvait être si douloureux ?

Rapidement, j'écrivais une lettre pour la famille et une pour Jasper. Je m'étais contenté de faire court, je ne voulais pas entrer dans les détails, de toute façon, mon futur ex mari allait bientôt comprendre mon départ et ma famille... et bien, même si je les adorais, encore une fois, ils étaient devenu ma famille pour Jasper et s'il ne faisait plus partit de l'équation, alors il n'y avait plus aucune raison de continuer à les appeler ainsi.

Je déposais la lettre pour la famille sur la table du salon et celle de Jasper sur notre lit, celui-là même où j'avais cru être aimé, celui-là même où j'avais été assez naïve pour croire que je lui suffisais.

Je m'en voulais terriblement de m'être à ce point trompé sur notre avenir. Je ne comprenais pas comment mon don avait pu me tromper de la sorte. Mais je devais me rendre à l'évidence. Le voir lui chanter qu'il était son compagnon en lui faisant l'amour dans cette horrible vision m'avait semblé suffisamment clair. Après tout, je n'étais pas l'empathe.

Je me demandais cependant pourquoi il m'avait assuré la même chose. S'il savait que ce n'était pas moi, pourquoi me l'avoir chanté ? Était-ce par désespoir de cause ? Était-ce pour me faire plaisir ? Pour me conforter ? Par peur de la solitude ? Par peur de perdre la famille ?

Autant de questions qui resteraient sans doute sans réponse.

Avec un dernier regard sur la maison, je montais dans la voiture après avoir balancé ma valise dans le coffre. J'étais prête à partir, du moins, mon corps l'était, parce que mon cœur menaçait d'exploser à chaque seconde, d'ailleurs, je me demandais comment il n'avait pas déjà disparut.

C'est donc en sanglotant que je conduisais jusqu'à l'aéroport, laissant tout ce qui avait compté pour moi durant toute une vie. Bizarrement, le jour de notre rencontre se rejouait dans mon esprit. Je m'en souvenais si clairement, chacune de ses expressions, chacune de ses paroles, chaque geste, tout. Cela me fit sangloter plus fort. Je l'avais cherché durant plus de vingt ans en étant si sur qu'il était mon avenir et que j'étais le sien. Pendant plus de soixante ans, je l'avais aimé comme au premier jour et j'avais été certaine qu'il en était de même pour lui. A chaque fois qu'il levait la main vers moi, à chaque fois qu'il m'embrassait, qu'il roucoulait son amour, que son corps ne faisait plus qu'un avec le mien, c'était comme au premier jour. Les papillons dansaient toujours dans mon estomac, ma poitrine vibrait de la même manière, rien n'avait changé pour moi et c'était en grande partie pour ça que j'avais été si sur qu'il était mon compagnon, la lassitude ne viendrait jamais ni dans mes visions, et encore moins dans la réalité.

Pourtant, elle était apparut. Pour lui.

J'ai commencé à chercher dans mon avenir afin de savoir quoi faire, mais chaque destination, chacune de mes idées me conduisait irrémédiablement vers la mort. Si je restais seule, je finirais par me suicider, comment le protéger dans ce cas ?

Et puis la solution m'apparut, pas celle que je préférais, mais la seule qui me permettrait de pouvoir continuer à veiller sur lui à distance. Peut-être n'avais-je jamais été l'amour de sa vie, mais pour une raison obscure, j'étais certaine qu'il resterait l'amour de la mienne. Le seul.

Imaginer même les mains d'un autre sur moi m'était insupportable, je ne pouvais pas, je ne voulais pas. Même s'il paraissait évidemment que si je n'étais pas sa compagne, il n'était donc pas mon compagnon. Je ne voulais personne d'autre que lui et je savais même sans ces visions qui me semblaient à présent beaucoup moins sur, qu'il n'y aurait jamais personne d'autre.

La solitude de mon cœur serait donc ma seule compagnie et m'assurer de son bonheur resterait ma seule raison de vivre. En fin de compte, certaines choses ne changeraient jamais.

Je ne pensais pas cela possible, mais mon estomac me faisait mal, j'avais la sensation qu'il voulait me faire régurgiter mon dernier repas, je ne m'étais jamais sentis si humaine.

La douleur semblait être la réponse pour nous garder près de notre humanité.

J'avais vu, je savais que le clan allait m'accueillir à bras ouverts, après tout, j'étais un trésor que les rois avaient toujours convoités, à tel point qu'ils allaient même accepter mes conditions.

Mon nouvel avenir était donc tout tracé.