Disclaimer : Severus Snape et tous les lieux et personnages inhérents à l'univers d'Harry Potter n'appartiennent qu'à J.K. Rowling, auteur émérite de la saga. Je n'ai fait que m'appuyer dessus pour donner naissance à ma fanfiction. Je ne tire également aucun profit pécuniaire de la publication de mon texte sur ce site.
Certains ingrédients apparaissant également dans la fic appartiennent au jeu World of Warcraft de Blizzard (notamment les herbes).
Ma vie, mon œuvre : lorsque j'ai commencé cette fic en 2003, j'étais loin de me douter des évènements qui surviendraient dans les livres. J'ai donc créé un environnement post-Hogwarts très différent de ce que cela aurait donné si j'avais suivi la trame du tome 7, fait que je ne souhaitais pas dès le départ. Le récit tient plus ou moins compte du Prince de Sang Mêlé et des Reliques de la Mort, concernant certaines situations (notamment l'utilisation de souvenirs ou de sortilèges), j'ai tâché de respecter le plus possible l'univers et ses dérivés.
En 2007, le dernier chapitre de la fic mis en ligne par mes soins était le 32. Suite à la refonte des chapitres, ce 32 est devenu 28. Les anciennes reviews ne correspondent donc plus aux chapitres cités. De plus, je supprime systématiquement les reviews contenant des spoilers, pour des raisons évidentes.
En 2016, j'ai décidé de m'y remettre, malheureusement un peu avant la disparition d'Alan Rickman, qui m'a énormément touchée. Voici donc une version corrigée, améliorée et étoffée de La Voie des Ténèbres. J'espère que cela vous plaira. Je précise quand même que les débuts sont un peu légers, enfantins, peut-être est-ce mal écrit, on voit toutefois l'évolution tout au long des chapitres donc je suis désolée si parfois ça peut paraitre un peu "gamin" dans le style.
Je vais essayer d'être aussi régulière que possible au niveau de la parution des chapitres, histoire de ne pas mettre huit ans et demi à chaque fois que j'ai une panne de feuille blanche ^^°. N'hésitez donc pas à laisser une review, positive comme négative, c'est toujours utile de savoir ce qui va et ce qui ne va pas, ce qui vous plait ou pas. :)
J'en profite donc pour remercier mon beta-reader, sans lequel cette fanfiction serait restée en suspens, oubliée et en friche. Merci mille fois, Starlord ! ^_^
Et merci à vous tous et toutes !
Nightwyn, anciennement Alowyn (ou Asphodèle, pour les fans de la toute première heure) ~ 21/02/2016.
Il poussa un soupir tout en regardant les élèves de son cours avec lassitude.
Cette nouvelle année s'annonçait comme les autres, exactement comme les autres.
Cela faisait déjà une semaine que la rentrée des classes était passée, et pour lui, l'ennui était déjà bien installé. La routine incessante de la cérémonie de Répartition, les emplois du temps à mettre en place, les sorties à Pré-au-Lard - perte de temps - les réunions en salle des professeurs…
Même après toutes ces années, et surtout après la deuxième guerre contre le Seigneur des Ténèbres, il avait l'impression que rien n'avait changé et que tout se complaisait dans une mortelle passivité. Les élèves étaient tous les mêmes, aucun ne semblait plus éveillé qu'un autre, il n'avait toujours aucune affinité avec aucun d'eux, ni même avec un professeur - les seules personnes trouvant grâce à ses yeux étant le doyen de l'école et le professeur Minerva McGonagall.
Oui, il savait qu'il était le professeur le plus redouté, le plus détesté, il n'aimait pas la compagnie, personne n'aimait sa compagnie, c'était bien mieux ainsi. Après tout, qu'aurait pu lui apporter ce que les autres appelaient amitié ? Cela ne lui avait rien amené de bon. Jamais. Lui, il n'était bien que seul, caché dans son bureau sombre et froid, au milieu de ses étagères couvertes de fioles, de pots et de livres, éclairé par la lumière infime des bougies. La solitude le protégeait depuis toujours.
Les potions… C'était son quotidien depuis tant de temps qu'il ne se souvenait plus quand il avait commencé, comme s'il l'avait toujours fait. Des potions, donner des cours de potion, essayer des potions, détruire des potions, des potions, des potions, des potions.
Lui, ce qu'il aurait voulu - et ce n'était pas grand chose - ce qu'il convoitait avec tant d'assiduité, c'était le poste de professeur de Défense contre les forces du mal. C'était rageant d'y avoir vu passer tous ces incapables ! Ces Quirell, Lockhart, Lupin, Moody, Umbridge et compagnie – il préférait oublier les autres - tous plus maléfiques ou incompétents les uns que les autres. Et lui, après toutes ces années de bons et loyaux services rendus à l'école, pendant lesquelles il avait fait amende honorable en silence, il devait se contenter des potions et garder la science des arts noirs pour lui.
Pourtant, bon sang, la magie noire, c'était sa partie. Oui, c'était. Il n'était plus qu'un professeur, il avait renié son appartenance au règne démoniaque de Voldemort. Il s'était racheté en sauvant la vie de ce petit imbécile de Potter, combien de fois déjà ? Ah, oui, jusqu'à la fois ultime qui avait plongé le monde de la magie dans le deuil.
Mais la magie noire… Si seulement il pouvait en faire le legs à quelques esprits intelligents...
Il fut tiré de ses rêveries sombres et reposantes par un éternuement. Maudit cornichon… Dehors, il faisait un temps magnifique mais lui et ses élèves de sixième année, ces Serdaigle et ces Poufsouffle insipides, étaient enfermés dans sa salle de classe à cause d'un contrôle de potions, idée qu'il avait eu parce qu'il était de bonne humeur.
Il se moquait bien du temps radieux, lui. Toutes les choses jolies ou synonymes de bonheur ne l'intéressaient pas le moins du monde. Son lot, c'était noirceur, sarcasme, fiel. Tout en lui n'était que noirceur : ses cheveux d'ébène, son regard, ses vêtements. Son cœur. Son âme. Ses sentiments. Il avait même entendu dire, dans son dos, dans les couloirs, qu'il était un vampire. Pourquoi pas ? Il savait qu'il faisait peur et il s'en moquait comme il se moquait du temps radieux, car il n'avait plus d'âme ni de cœur depuis longtemps.
« Professeur ? »
Il leva la tête vers l'élève qui l'avait sorti de ses joyeuses réflexions et le regarda avec indifférence.
« - Nous avons fini.
- Oui ? grogna-t-il.
- L'heure s'est écoulée, professeur, reprit l'élève, intimidé.
- Alors déguerpissez, puisque l'heure s'est écoulée. Laissez vos chaudrons. Résultats demain. »
Ils sortirent tous dans un silence grandissant, au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient du cachot.
Il remarqua alors qu'il restait une élève, penchée sur son chaudron, l'air affolé et les mains tremblantes ; elle continuait sa potion, apparemment loin d'avoir entendu l'ordre de s'en aller.
« Qu'êtes-vous en train de faire ? »
Elle sursauta et rougit immédiatement. Elle alla même jusqu'à tomber sur son tabouret, les jambes comme coupées.
Le professeur Snape fondit sur elle comme une ombre. Il se planta devant sa table et se pencha au-dessus de son chaudron, la fumée douceâtre qui montait vers le plafond lui conférant un air de créature mystique sortie de nulle part. Il avait quelque chose d'effrayant.
Elle le regardait avec incompréhension, manifestement mal à l'aise. C'était plaisant de le constater.
« - Êtes-vous sourde ? demanda-t-il, posément.
- Non, professeur, mais… mais… Elles ont renversé mes ingrédients, j'ai dû tout recommencer, et…
- Vous vous moquez de moi ? Qui a renversé vos ingrédients ? Votre maladresse… »
Le regard qu'elle lui lança lui coupa la parole, l'espace d'un instant – un très court instant. Dans les yeux de la fille, soudain, de la colère, de la fierté, des larmes contenues. Et cette lueur de défi…
« Allez vous-en, avant que je vous flanque une retenue. »
Elle regarda le contenu de son chaudron avec doute. Elle n'avait pas fini, elle allait récolter une mauvaise note, elle serait la risée de tous, « elles » lui feraient encore des sales tours. Mais elle préférait éviter le courroux du noiraud, comme tous les nouveaux élèves l'appelaient, alors elle se leva, prit ses affaires et s'en alla sans demander son reste.
Il resta planté devant le chaudron de cette élève pendant un moment. Même chez les Serdaigle, il y avait des souffre-douleur ? D'habitude, c'était la maison Serpentard – la sienne – qui persécutait les autres, mais là, au sein d'une même maison… Curieux. Il ignorait jusqu'au nom de cette gamine larmoyante et il s'en moquait comme de son premier livre de magie. C'était amusant de constater que finalement, il y aurait peut-être de l'animation.
Il n'y avait rien eu depuis le petit trio Potter-Granger-Weasley. Les héros de Poudlard.
Il esquissa une grimace de dégoût en pensant à eux. A lui, surtout. Harry. Il n'avait pas su le préserver.
Il effaça cette pensée d'un geste et se pencha à nouveau sur le chaudron de cette stupide élève, pour y jeter un coup d'œil. Apparemment, elle avait tiré un sujet assez simple, mais la réalisation de la potion était fastidieuse. Si elle avait vraiment dû tout recommencer, elle s'en était plutôt bien sortie. Intéressant. Il y avait de la volonté, dans cette petite idiote, force était de l'admettre.
Comme il commençait à vérifier la formule, délaissant le reste, il fut interrompu par Minerva McGonagall, le professeur de métamorphose, qui tapa discrètement à la porte. Il ne leva même pas la tête, il n'aimait pas du tout être dérangé. Il fit toutefois l'effort de ne pas être désagréable. Il était naturellement méfiant, même avec les gens qu'il connaissait depuis des lustres, pourtant Minerva était quelqu'un qui forçait le respect, et il la respectait. Malgré cela, il restait réticent. Il avait toujours l'impression qu'ils parlaient dans son dos, méfiants eux aussi. Sauf Dumbledore. La paranoïa aussi le protégeait.
« Severus ? »
Il dut faire preuve de bonne grâce et daigna enfin lever la tête vers elle. Il se doutait de la raison de sa présence dans son cachot.
« Avez-vous oublié que c'est aujourd'hui, que nous accueillons le nouveau professeur ? »
Il avait vu juste et non, il n'avait pas oublié. Il avait omis. Il avait autre chose à faire que perdre son temps à accueillir la personne qui s'octroyait la place qui lui revenait de droit.
Minerva lui fit un de ses sourires aimables, qui ne le toucha pas plus qu'un autre. Il n'avait rien contre elle, mais les relations humains l'indifféraient, elles n'apportaient qu'embarras et il refusait que sa vie soit parasitée par ce genre de détails.
« Et ? J'ai encore du travail, » soupira-t-il, égal à lui-même.
Sa consœur soupira elle aussi. Il ne changerait jamais.
« Tout le monde vous attend. »
De guerre lasse, il s'éloigna de son chaudron. Dommage, il devrait y revenir plus tard. Il était déçu. Il tenait enfin quelque chose, et il lui fallait l'abandonner pour aller jouer la comédie avec les autres.
« Je vous en prie, Severus, épargnez-nous vos sarcasmes, cette fois… »
Minerva avait dit cela sur un ton presque joyeux. Mais qu'est-ce qu'elle avait, aujourd'hui ? Elle essayait de noyer le poisson ? Enfin, elle aurait toujours pu essayer. Ils auraient tous pu essayer.
Lorsqu'ils entrèrent dans la salle des professeurs où tout le monde était déjà réuni, Snape ne parvint pas à s'empêcher de faire la grimace. Leur épargner ses sarcasmes ? Mais comment aurait-il pu leur faire cette faveur ?! Oui, il grimaça en découvrant la personne qui était là. Tout le monde s'en aperçut, sauf… sauf cette chose !
Mais d'où sortait cet être-là ? Cette femme ! Encore une femme, la deuxième depuis qu'il enseignait. Et lui, on lui refusait ce poste. Enfin, c'était insensé. Il ne la salua même pas – aucun intérêt – et alla s'appuyer un peu plus loin contre une colonne, bras croisés, écœuré. Il n'écouta pas plus le discours du directeur, Albus Dumbledore, trop occupé qu'il était à étudier scrupuleusement cette usurpatrice.
Le teint pâle, une peau parfaite, la taille corsetée de velours rouge foncé, des cheveux blonds serrés dans un lourd chignon, d'où s'échappaient quelques mèches folles, et des yeux d'un bleu incroyablement irréel. Irréel ? Oui, c'était bien le mot approprié pour cette fille, debout devant eux, devant lui, ulcéré. Et puis, ce sourire, si léger, comme insouciant… Ce que cela pouvait l'énerver, ce sourire ! Elle était indéniablement belle, c'était d'autant plus agaçant.
En y réfléchissant bien, les autres avaient tous eu, eux aussi, des têtes avenantes comme celle-là – sauf ce vieux fou de Moody, dont Barty Crouch Jr avait pris l'apparence, et la psychopathe de la vérité, Dolores Umbridge. Ils avaient su manier le mensonge et la fourberie avec de beaux sourires hypocrites. De belles têtes de vainqueurs, oui. Il admit toutefois que le seul qui aurait pu convenir avait été Remus Lupin, qui avait dû démissionner à cause de lui - il avait malencontreusement éventé le secret de sa condition de loup-garou, aigri par la jalousie et la rancune. Maintenant, Lupin était mort et il s'en voulait un peu.
« Cela vous convient, Severus ? »
En entendant son nom, il leva la tête vers celui qui l'avait prononcé : Albus. Ce dernier avait bien sûr remarqué qu'il n'avait rien écouté de la conversation.
« Quoi donc ? » demanda Snape sans se départir de son assurance, bien que pris sur le fait.
Albus sourit, et il détesta cela.
«- Mademoiselle Bathory souhaiterait assister à l'un de vos cours, renchérit Minerva, un brin amusée par la déconvenue de son confrère.
- Mon cours n'est pas un festival, répliqua ce dernier en se redressant, raide comme une branche au dégel.
- Oh, ce serait juste pour une heure, intervint la principale intéressée, dont la voix sensuelle avait quelque chose d'énervant pour Snape, pire que son sourire.
- Mais… »
Dumbledore eut un de ses regards par dessus ses lunettes qui savaient se faire très convaincants.
« J'ai un cours demain à dix heures, je rendrai les notes d'un devoir, vous verrez comme c'est intéressant, » fit Snape, vaincu.
Eswann Bathory le remercia en souriant, puis quitta les lieux à la suite de Minerva, bientôt suivies par les autres professeurs.
Snape se laissa retomber contre sa colonne, bras croisés et le regard lançant des éclairs. Non mais pour qui se prenait-elle, cette... bonne femme ?
Albus se planta devant lui, avec un autre de ses sourires, un sourire moqueur mais empreint de quelque chose d'amical qu'il n'adressait pas à tout le monde.
« Elle s'intéresse au travail de chacun de nous, dit-il. Les autres aussi seront visités. »
Snape regardait obstinément le sol, les mâchoires contractées, comme un gosse qui boude, vexé. Il eut toutefois un geste vague de la main, qui signifiait qu'il se moquait bien de ce que voulait cette fille.
Dumbledore posa alors une main amicale sur son épaule, un peu comme ferait un bon ami. Il se faisait tellement de soucis pour lui, depuis si longtemps…
« Vous êtes si impétueux ! »
A ce mot, Snape leva les yeux et le regarda franchement de travers.
« Impétueux ? Si vous le dites. Qu'est-ce qu'elle vient faire ici, cette fille ? Ce… Cette… Ah ! Je suis sûr qu'elle ne supporte pas l'ail. »
Devant le sérieux de sa réplique, Albus partit d'un grand éclat de rire, un de ceux qui vous font presque pleurer et mal aux côtes. Quelle imagination animait le cerveau de ce sorcier ! Malgré son hilarité, il comprenait pourquoi Snape était si méfiant. Il savait qu'il serait de toute façon toujours jaloux de ceux qui occupaient le poste de professeur de Défense contre les forces du mal. Albus savait aussi pour quelle raison jamais il ne le lui octroierait. Certes, il avait renié son appartenance aux Mangemorts du seigneur des ténèbres, et il l'avait assez payé. Il aurait pu y laisser la vie moult fois et cela lui aurait sans doute été bien égal, puisqu'il estimait que plus rien ne le retenait. Mais Albus n'aurait jamais pu se permettre de perdre un sorcier tel que lui. Alors, à chaque fois, il lui refusait le poste et y mettait de parfaits inconnus – indifféremment depuis des années, c'étaient des incapables particulièrement interchangeables.
Depuis la mort de cette pauvre Lily Potter, il le surveillait de près et ce, depuis des années. Il aurait été trop dangereux de le laisser à nouveau être tenté. Le côté obscur de la magie était trop imprévisible. Bien qu'il n'arrivait pas à se rendre à l'évidence, même s'il savait très bien pourquoi, jamais Snape n'aurait le poste.
« Allons, ne soyez pas si acerbe, dit Albus en s'essuyant les yeux. Pourquoi dites-vous cela ? »
Snape haussa les épaules ; il n'avait pas envie d'en parler. Il savait pourquoi il se ferait toujours couper l'herbe sous le pied.
« Vous m'excuserez, Albus, j'ai encore du travail pour demain. »
D'un signe de la main, le vieil homme lui signifia qu'il pouvait disposer. Il le regarda s'en aller avec tristesse et soupira ; il se devait de préserver ce sorcier de l'attraction maléfique de la magie noire. Il avait réussi à le reprendre à Voldemort – et à quel prix ! - il ne le rendrait jamais à quelconque puissance maléfique. Il resterait professeur de potions aussi longtemps qu'il le faudrait.
