Yellow lecteurs innocents. Préparez-vous à une crack-fic de plus 185.000 mots. Je vous préviens, ce truc me sert de défouloir et correspond à ma conception de l'humour, ce qui n'est sans doute pas au gout de tout le monde. A l'origine, je n'avais pas vraiment prévu de poster cette fic (parce qu'elle est quand même complètement barrée) mais comme j'ai jamais pondu de fic de plus cent mille mots, je me suis dit que ç'aurait quand même été un gâchis monstre de m'asseoir sur sur cette... chose.
Donc voilà, attachez vos ceintures, prenez garde à ne pas vous étouffer avec des cacahuètes, et roulez jeunesse !
Chapitre 1 : Le Périple Quotidien du Sauveur
Les choses n'auraient certainement pas dû se passer de cette façon.
Dérapant avec agilité d'un couloir perpendiculaire, le Sauveur du monde sorcier poursuivit sa course à travers le glorieux château, les quelques élèves présents sur son chemin s'écartant avec l'aisance de l'habitude sans pour autant interrompre leurs discussions.
-Professeur ! le héla un étudiant appuyé contre un mur. N'allez pas dans l'aile B ! essaya-t-il de le prévenir alors qu'il passait en coup de vent devant lui. Les Blaireaux Rebelles ont piégé tous les accès pour en faire leur Q.G. ! continua-t-il alors que l'adulte responsable n'était déjà plus en vue.
À peine quelques secondes après son passage, le couloir fut témoin d'une véritable procession ivre de fureur beuglant le nom du si respecté professeur. Les quelques spectateurs collés aux murs n'étaient nullement décontenancés par la situation. Les résidents de Poudlard avaient connu pire en matière de surréalisme, une horde de personnes hétéroclites courant après une autre étant d'ailleurs étrangement normal ces derniers temps.
Certain que son acte désespéré suffirait à décourager les moins hargneux et déterminés, et n'ayant clairement aucune envie de faire marche vers l'aile B, le professeur prit appui de sa main droite sur une rambarde en marbre et sauta par-dessus le parapet. Il chuta moins d'une seconde dans le vide qu'était ce que les sorciers appelaient "une cage d'escalier" avant de finir environ trois étages plus bas, rattrapé in extremis par le système de sécurité s'incarnant en une volée de marches beaucoup trop dures pour ses pauvres os. Il dévala l'escalier mobile comme une boule-de-neige sur le flanc d'une montagne, incapable de distinguer le haut du bas, et s'étala dans un enchevêtrement de bras et jambes douloureux aux pieds d'élèves nullement perturbés par le spectacle de haute voltige.
-Professeur, le notifia un élève des années supérieures alors qu'il était encore en train d'essayer de se relever maladroitement. Au nom de tous les Serdaigles, je tiens à vous informer officiellement de notre décision unanime de stopper toute activité liée à notre scolarité tant que la Direction n'aura pas prit en compte nos revendications.
-Et quel est le problème cette fois ? leur demanda le professeur consciencieux en remettant ses lunettes droites.
Le préfet de sixième année carra ses épaules, redressa son dos tordu par des heures d'études fastidieuses passées dans la bibliothèque naguère mal éclairée et réajusta à son tour sa paire de lunettes.
-Nous exigeons un droit de regard sur les programmes officiels, une collection fournie de manuels scolaires courants et souvent utilisés par nos étudiants au sein même de notre Salle Commune, des repas d'une qualité et d'une quantité suffisante pour que nos cerveaux puissent mieux retenir nos cours physiquement et mentalement éreintants, un laissez-passer à partir de la cinquième année pour tout élève de notre Maison désirant consulter un manuel scolaire de la Réserve, ainsi que... continua-t-il son monologue sans se rendre compte que l'adulte responsable était parti depuis bien longtemps, fuyant la horde de furies encore à ses trousses.
Alors que le Survivant commençait à voir apparaître la fin de calvaire journalier sous la forme de sa salle de classe, sanctuaire jusqu'à ce jour seulement violé par une poignée d'êtres, un obstacle vint se mettre sur son chemin. Charlus Ignotus Potter était campé devant le malheureux morceau de bois peinturluré et gravé de symboles sinistres, attendant son éternel adversaire de pied ferme, sa baguette en main et pointée dans sa direction relative. La proie de bien des personnes fit un écart pour éviter le sort qu'il imaginait néfaste pour son intégrité physique. Il continua à courir en dansant avec grâce d'un coin à l'autre du couloir, des éclairs tous plus colorés et vicieux les uns que les autres le frôlant sans jamais le toucher. Quand le professeur arriva enfin à une distance raisonnable, son opposant à la figure d'un rouge charmant éructa avec force et vitalité :
-Il ne peut y avoir qu'un seul Potter dans cette école, Potter !
Il eut à peine le temps de finir sa sempiternelle déclaration de guerre avant que son descendant ne le pétrifie avec nonchalance. Ce dernier ouvrit avec précipitation sa porte ayant connu bien des assauts et pénétra enfin dans son antre bardée de protections empêchant les indésirables de le harceler. Comme à chaque fois qu'il entrait dans la salle de classe redécorée par ses soins de runes sanglantes, le Survivant s'adossa contre le mince panneau de bois, ses yeux fermés d'extase et de sérénité. Seulement, il fut cette fois-ci interrompu dans son rituel quotidien de décontraction par un toussotement lui rappelant avec horreur ce damné crapaud aux nœuds rose. Ouvrant ses yeux émeraude, et se préparant à fuir si nécessaire, le Sauveur du monde sorcier fit face à la nouvelle menace.
-Oh, pitié, geignit-il avec désespoir devant le grand et sage Albus Dumbledore. Pas aujourd'hui, le supplia-t-il presque.
Le futur vainqueur de Grindelwald était assis sur un pupitre, ses jambes nues recouvertes d'un délicat duvet auburn battant le vide comme le ferait une écolière de douze ans. Entre ses doigts vernis d'une atroce couleur criarde, il tenait une enveloppe fraîchement ouverte d'où tombaient encore quelques pétales de rose et des petits cœurs en papier ainsi qu'une lettre parfumée réussissant à l'asphyxier malgré la distance. Sa robe aux couleurs de la Gay Pride était négligemment ouverte jusqu'à son nombril, dévoilant un corps plutôt bien conservé pour ses soixante années. Ses lunettes en demi-lune perchées sur son nez aquilin n'arrivaient pas à dissimuler ses yeux rougis et bouffis par des pleurs. Sa tignasse auburn était une atteinte aux lois de la physique et du bon goût, sa chevelure ayant plus de ressemblance avec un buisson de ronces nouée haut sur son crâne, et faisant étrangement penser au résultat d'expérience qu'un troisième année lui avait rendu pour devoir sur les pitiponks.
-Mon brave ami, commença le puissant et respecté sorcier comme si une décision douloureuse et déchirante impliquant le destin de la nation était à prendre. L'heure est grave, continua-t-il avec gravité, nullement gêné par la mèche récalcitrante lui rentrant dans la bouche à chaque fois qu'il prenait la parole.
Le Survivant à toutes les catastrophes, naturelles ou non, soupira avec consternation devant les nouvelles inepties que lui sortaient le directeur de la Maison de Gryffondor. Sentant une vague d'abattement menacer de le submerger, le tout nouveau membre du corps professoral tenta d'endiguer le flot de désespérance en se massant les tempes.
-Quel est problème cette fois ? demanda avec courage le brave Potter, acceptant son destin avec héroïsme.
Les lèvres du vénéré mage se mirent à trembler, le contrôle de ses muscles faciaux mit à dure épreuve par la situation calamiteuse. Ses pieds nus arrêtèrent de se balancer sous le pupitre pour permettre à ses orteils de s'entremêler. Ses mains vernies tendirent vers lui lettre et enveloppe dans une pitoyable tentative de lui transmettre son trouble sans éclater misérablement en sanglots. Résigné, le héros solitaire soupira une nouvelle fois avant d'accepter les odorants morceaux de parchemins, des paillettes tombant sur ses chaussures cirées pendant le transfert. Fataliste, le nouveau professeur en lut le contenu, soupirant à chaque déclaration d'amour éternel trop mielleuse pour sa virilité malmenée et sautant les passages interdits aux mineurs pour le bien-être de sa santé mentale. Une fois la torture psychologique exécutée avec bravoure et abnégation, l'Elu ferma les yeux et prit une grande inspiration, heureux d'avoir résisté avec brio à ce supplice devenu beaucoup trop familier à son goût. Rendant l'instrument diablement efficace à son propriétaire ayant renoncé à toute dignité, le traumatisé entreprit d'expliquer à son collègue que oui, il avait le droit d'être touché par ces écœurantes tournures de phrases glucosées sans pour autant trahir ses principes et la mémoire de sa soeur décédée; que oui, c'était normal d'être toujours amoureux du potentiel meurtrier de sa sœur malgré toutes les horreurs qu'il avait commises ; que oui, un jour il arriverait à étouffer suffisamment ses sentiments pour livrer l'amour de sa vie devant la Justice; que non, il ne trahissait personne tant qu'il ne plaquait pas sa carrière pour aller convoler en justes noces avec un assassin de masse et aller trucider de pauvres innocents ; que non, il n'était pas l'être le plus infâme de toute la Création ; que non, son suicide n'arrangerait rien du tout ; que oui, il existait toujours des solutions, mêmes aux problèmes paraissant encore insolubles ; que non, vraiment, il ne le dérangeait pas un Lundi matin parce qu'il n'avait de toute façon pas de cours à donner avant deux heures; et que oui, bien sûr qu'il acceptait de continuer à lui remonter le moral autour d'une tasse de thé arrosée au Whisky et de bonbons au citron.
Une fois sa bonne action de la journée effectuée, et l'âme en peine raccompagnée à la sortie de secours beaucoup trop utilisée à son goût, le Survivant fit quelques rapides exercices de respiration destinés à renforcer son mental et à lui permettre d'affronter la prochaine épreuve à venir. Rasséréné, il ouvrit la porte de sa salle de cours, laissant les monstres à figures humaines envahir son espace vital et s'installer à leurs pupitres. Comme d'habitude, et à chaque fois qu'il avait les septièmes années de Serpentard, le professeur senti une paire d'yeux fixant chacun de ses mouvements pendant qu'il se dirigeait vers le tableau noir.
Au premier rang, qu'il avait judicieusement aménagé loin de sa zone de confort après l'incident du premier cours, se trouvait une demoiselle de bonne famille, ses mains croisées servant d'appui à un menton honnêtement charmant et le regardant comme s'il était le tout dernier modèle de balais exposé dans une vitrine sans surveillance. Personnellement, il trouvait ces yeux fixes dégoulinant d'envie tout simplement flippants. Cette demoiselle ne bavait pas sur son physique clairement peu avantageux ou sur sa conversation beaucoup trop spirituelle pour sa compréhension. Cette jeune fille ne fantasmait pas sur lui, mais plutôt sur son statut et sa fortune acquis par un concours de circonstances encore plus abracadabrant que le reste de son épopée. Cette adolescente d'une lignée prestigieuse se cherchait un mari parfait, et elle était persuadée qu'elle s'en était trouvé un en sa pauvre personne. Naturellement, il avait essayé de lui faire comprendre qu'il était absolument hors de question qu'il épouse une gamine à peine majeure, mais ses tentatives avaient étrangement eut l'effet inverse à celui escompté. Il était donc coincé avec une sorcière déterminée à lui faire boire un philtre d'amour contre son gré. Une sorcière à qui il devait enseigner trois fois par semaine, pendant deux heures, s'il voulait être débarrassé d'elle l'année prochaine, et accessoirement ne pas se faire truffer de plombs magiques par sa très chère famille de tordus. Parce qu'évidemment, abonné à la loi de Murphy comme il l'était, il avait fallu que la timbrée déterminée à lui mettre le grappin dessus soit la femme siphonnée aux capacités vocales extraordinaires agressant chaque invité commettant l'erreur de la réveiller dans son tableau collé devant l'entrée de la maison que son défunt parrain lui avait offerte en cadeau empoisonné.
Venait avec Walburga Black et ses tentatives de séduction forcée un autre problème. Un problème qui s'appelait Orion Black et qui voulait sa peau pour en faire un tapis ou une descente de lit. Le jeune serpentard de troisième année était fou amoureux de sa cousine et n'admettait pas que quiconque puisse attirer son intérêt. Certes, son hostilité était compréhensible, mais promettre une véritable montagne d'or au premier qui lui ramènerait sa tête était tout simplement inacceptable, pour diverses raisons administratives. Le professeur se retrouvait donc régulièrement dans des situations compliquées avec des personnes ou des créatures en voulant à sa précieuse et inestimable vie. Ce qui expliquait en partie pourquoi ses appartements privés, son bureau et sa salle de classe étaient bardées de protections empêchant quiconque n'étant pas un génie surdoué de pénétrer dans ces lieux de paix. Sa chambre à coucher possédait d'ailleurs une véritable collection de maléfices tous plus malsains les uns que les autres pour empêcher certains de ces surdoués beaucoup trop malins pour son bien de venir faire des choses pas très catholiques avec son corps assoupi.
La jeune demoiselle Black n'était malheureusement pas la seule dans cette école de timbrés à avoir des vues sur sa pauvre personne. Une véritable armée de jeunes filles en chaleur, ayant respectivement des yeux violets, des cheveux verts, des ongles en corne de licorne, des dents si étincelantes qu'elles aveuglaient les non-avertis commettant l'erreur de les regarder trop longtemps, un patrimoine génétique oublié et mystérieux, des bijoux aux pouvoirs divins, des origines extra-terrestre, une connaissance de son passé bien trop détaillée pour ne pas être glauque, une paire d'ailes de libellules à échelle humaine et des envies de sang frais régulières, une véritable armée donc, ne cessait de le harceler sans interruption. Dix jeunes filles dans la fleur de l'âge, belles et intelligentes, soumettant à leurs pieds chaussés d'escarpins colorés et vernis tous les individus mâles de cette école par leur simple présence, ayant toutes une histoire tragique et un destin fabuleux à accomplir, dix héroïnes en devenir désirant ardemment apprendre l'art délicat de la Victoire et des Accomplissements Prophétiques selon le maître en la matière. Et si au passage elles pouvaient tomber enceintes pour mettre un roi-démon sur le trône des glaces volé à leurs ancêtres, elles n'allaient certainement pas cracher dessus.
Le malchanceux voyageur temporel les appelait les Dix Plaies. Parce qu'avec elles, le Pharaon égyptien peu désireux de laisser partir le peuple Hébreux aurait été prêt à abdiquer avec joie pour qu'elles arrêtent de lui pourrir l'existence. Le professeur n'exagérait pas le moins du monde leur potentiel cataclysmique. Elles avaient réussi l'exploit de faire sauter le dragon protecteur de Poudlard avec toute une montagne, parce que, il citait : "Trop de pierres nous cachaient le soleil". À la place, elles avaient rempli le cratère d'eau en affirmant que la décoration était un art de vivre qu'il fallait cultiver le plus souvent possible. De ce que le professeur en avait entendu, un lac était beaucoup plus design qu'une montagne et permettait de réfléchir quelques rayons de soleil pour mieux illuminer la vallée et profiter de la lumière du jour plus longtemps.
Si on lui avait dit la première fois qu'il avait traversé le Lac Noir qu'il avait été créé pour satisfaire les envies de redécoration d'une armée de furies parées des couleurs de l'arc-en-ciel, il n'y aurait tout simplement pas cru. Tout comme il n'avait pas voulu croire qu'un futur Mangemort, assassin de masse, meurtrier condamné à Azkaban, essayait honnêtement de le convertir au Bouddhisme. Surtout quand le camarade de chambre de Voldemort lui avait sorti le premier des cinq préceptes de son tout nouveau choix de vie, à savoir s'abstenir de nuire à la vie d'autrui. L'adversaire de son futur maître avait cru un court instant être plongé dans un délire sous opiacé, tellement le surréalisme de la scène le frappait de toute son improbabilité. Il était resté de longues minutes à écouter le monologue de son élève sur le bien-être et la paix intérieure, pétrifié par l'apparition ne pouvant être qu'onirique, ses yeux myopes s'agrandissant avec horreur à chaque nouvelle phrase, incapable de réfléchir à autre chose qu'à la façon dont Hermione allait le pulvériser pour avoir irrémédiablement chamboulé le cours du temps par malchance et accident.
Le futur cauchemar ambulant s'appelait Avery, était en cinquième année à Serpentard et faisait partie de l'Opposition au Mouvement Anarchique par simple conviction personnelle. D'après son humble avis, la violence ne réglait aucune solution et le mouvement de rébellion fomenté par les blaireaux belliqueux ne pouvait qu'entraîner encore plus de violence inutile. Le mieux était selon lui d'ouvrir le dialogue et de permettre à chacun d'exprimer ses besoins et ses envies comme le faisaient si bien ces rapaces vénaux de Serdaigle. L'O.M.A. était par essence non-violente et ouverte à toute discussion pouvant calmer le feu révolutionnaire grondant chez les poufsouffles. Les preneurs d'otages d'ailes de bâtiments publics s'étaient autoproclamés les Blaireaux Rebelles et étaient formellement contre toute forme de pacifisme. Depuis maintenant plusieurs semaines, les étudiants protestataires à toute autorité organisaient des attaques éclairs contre tout organisme obéissant à une quelconque forme de hiérarchie. Leurs leaders, proclamés par la masse à l'aide d'un vote quelque peu truqué, osaient affirmer que les membres de leur Maison n'avaient cessé à travers les siècles d'être exploités et continuellement rabaissés et que XXème siècle était le siècle du changement. Ils avaient décidé de faire sécession avec le reste de l'école, créant leur propre société égalitaire et sans domination capable de s'auto-gérer avec efficacité.
Les paroles et leurs idées étaient théoriquement moralement justifiées, dans les faits cependant, il en allait autrement. En effet, parmi les réfractaires à l'autorité, se trouvait une catégorie différente des idéalistes et qui était effroyablement majoritaire. Il s'agissait de ce que le corps enseignant appelait les Voyous. Ces braves rebelles n'avaient de cesse de piller, saccager, taguer, dérober, détruire et ruiner tout ce qui leur tombait sous la main. Ils ne ciblaient pas seulement les professeurs, mais aussi les élèves, ce qui leur valait au sein du prestigieux établissement une réputation de loubards antipathiques irrespectueux des biens d'autrui et aux codes moraux fluctuants. Naturellement, les puristes répétaient qu'il ne fallait pas faire l'amalgame entre les profiteurs de la transition sociétaire et les braves Défenseurs de la Liberté Collective ne désirant qu'être reconnus en tant que tels. Mais comme tout être ayant vécu avec ses semblables peut le certifier, le reste de la population poudlarienne ne voyait que des casse-pieds ayant décidé de pourrir leur scolarité déjà rendue difficile par les cas sociaux n'ayant de cesse de se balader dans les couloirs à la recherche de mystères et de problèmes.
Son interminable cours enfin fini, le professeur victime des regards soi-disant langoureux de ses élèves put avec délectation savourer un court instant de paix avant que d'autres fauves à visages humains ne pénètrent dans sa salle de classe. Soupirant une énième fois, et rassemblant tout son courage de gryffondor, l'homme ayant vaincu toutes les épreuves que la Destinée avaient mises sur son chemin fut prêt à affronter la plus difficile : les quatrièmes années de Serdaigles.
Ses réflexes aiguisés d'ancien attrapeur lui permirent avec justesse d'éviter l'Horreur Absolue cherchant une fois encore à lui sauter dans les bras pour lui faire un câlin. Son visage à peine rasé aurait pu être un masque de théâtre grec représentant l'horreur dans toute sa splendeur, ses traits figés et exagérés à l'extrême alors que ses yeux verts fixaient l'origine de son état.
-Professeur, geignit Icarus Prince avec ses grands yeux noirs pleins de larmes, étalé par terre sous le regard condescendant de ses condisciples désormais attablés.
-Quel est le problème cette fois ? demanda ledit professeur avec une petite voix reflétant sa grandissante envie de communication.
-Les sixièmes années refusent de me prêter leurs devoirs d'Arithmancie sur les Lois de Kepler et leur corrélation avec les Lignes Géomagnétiques.
Étant donné le degré de dangerosité de la chose, il était très sage de la part des élèves plus âgés de soustraire à sa vue tout élément pouvant potentiellement causer la fin du monde. Les représentants du mouvement gréviste de la Maison des érudits avaient d'ailleurs accepté sans aucune protestation les clauses stipulant que Prince soit exclu de toute transaction mettant en péril l'état de santé physique et mental des occupants vivants et morts de Poudlard. Et pour que même Jedediah Abbott en ait vu la nécessité, le jeune quatrième année avaient du faire des trucs particulièrement louches. C'était d'ailleurs par cette désignation qu'étaient appelées les expériences foireuses des serdaigles libérés des contraintes de consignes de sécurité. Les Trucs Louches faisaient frémir les plus courageux des gryffondors. Parce qu'ils étaient plus souvent que les autres utilisés comme cobayes désignés volontaires. Les accidents, au sein de la tour maudite, étaient fréquents, mais ceux impliquant le jeune Icarus Prince atteignaient toujours des proportions ahurissantes. Les étudiants des plus jeunes années évitaient avec raison de croiser le regard onyx de la calamité parlante, persuadés qu'ils allaient se retrouver par un curieux concours de circonstances au beau milieu de fumées colorées et de monstres affamés. D'après l'expérience personnelle du Survivant, les rumeurs courant sur le compte du gosse le prenant pour une peluche étaient tout à fait fondées. Il avait arrêté de compter depuis des semaines le nombre d'aventures abracadabrantes qui lui étaient tombées dessus à cause de ce qu'il appelait avec crainte l'Horreur Absolue. Titre obtenu pas uniquement à cause de son effrayante tendance à lui sauter dans les bras pour lui faire un câlin lui fêlant des côtes. Ce qui était certainement le plus effroyable chez ce môme beaucoup trop intelligent pour le bien du Monde Magique, étaient ses cheveux noirs, ses yeux encore plus sombres et son nez proéminent ayant une abominable ressemblance avec un détesté professeur de potion.
Oui. La catastrophe ambulante était la copie miniature de Severus Snape et cherchait désespérément à lui faire des câlins. C'était comme s'il revivait continuellement le même cauchemar sans réveil salvateur possible. Une Horreur Absolue pour tout élève de la chauve-souris des cachots.
Le Survivant réussit à calmer le jeune adolescent sans amorcer de contact physique et à lui expliquer qu'il y avait une raison rationnelle et logique pour que "les Lois de Kepler et leur corrélation avec les Lignes Géomagnétiques" ne soient pas étudiées avant d'avoir obtenu ses BUSES. Une raison qui s'appelait "instinct de survie" et dont le malheureux élève semblait complètement dépourvu, à la plus grande horreur des pauvres habitants de Poudlard.
Alors que le pauvre professeur s'apprêtait à refermer la porte peinte et taillée de runes protectrices et à donner un cours dont il savait d'avance qu'il allait se terminer dans les cris et la panique parce qu'un zèbre fluo et mangeur d'hommes, ou toute autre créature potentiellement mortelle et assurément dangereuse, allait fatalement faire irruption et empêcher les chanceux étudiants de terminer leur interrogation écrite, un pied empêcha cette porte de se refermer. Un pied qu'il ne connaissait que trop bien pour l'avoir de multiples fois écrasé plus ou moins accidentellement. Le propriétaire de ce pied intrusif était l'un de ses harceleurs les plus virulents.
-Quel est le problème cette fois ? grogna avec agacement le professeur en mettant tout son poids sur le mince panneau de bois malmené et grinçant, espérant ne pas avoir de réponse et casser deux ou trois orteils dans le processus de fermeture.
-Je viens vous kidnapper, lui répondit le sixième année entre ses dents serrées par la douleur avant de se faire éjecter de l'entrée par la force de l'adulte qui se dépêcha de fermer enfin sa pauvre porte.
Jones était le capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, et à cause d'une anecdote tout à fait passionnante mettant en scène sa pauvre personne, un muffin, un sombral joueur et un balai, l'adolescent teigneux avait décrété que le virtuose de la haute voltige allait aider son équipe à gagner la coupe. Donner des cours particuliers à la précédente réincarnation d'Oliver Wood et s'exposer en public n'étant pas dans ses projets plus ou moins immédiats, le malchanceux voyageur temporel avait bien entendu refusé. Mais il semblait maintenant de plus en plus certain qu'aucun occupant de ce château, vivant ou non, ne cherchait à avoir son avis concernant son propre emploi du temps. Il avait de plus en plus l'impression d'être un vieux doudou mité que plusieurs bambins mal-élevés tiraient par tous les coins jusqu'à ce que les coutures cèdent, que chacun des sales gosses se retrouvent avec des morceaux de lui-même et qu'ils finissent par pleurer dans les jupes de leur mère que leurs voisins avaient détruit leur jouet adoré. Pour éviter ce destin tragique qu'il sentait venir à la vitesse d'un train à vapeur, le jeune et inexpérimenté professeur avait choisit de se planquer à l'abri de toute convoitise malsaine. Bien malheureusement pour sa pauvre santé malmenée, certains génies beaucoup trop malins arrivaient à traverser ses défenses pour l'importuner. Ce qui était le cas de la créature la plus dangereuse de Poudlard.
Dumbledore et ses problèmes relationnels avec un ex un peu trop collant n'étaient rien comparé à lui. Les serdaigles grévistes et les poufsouflles rebelles étaient des détails superflus. Un ancêtre n'ayant de cesse de l'affronter et un fanatique de Quidditch n'étaient que des désagréments mineurs. Un mangemort bouddhiste et les Dix Plaies réunies atteignaient à peine son niveau. Une aspirante Madame Potter et son soupirant pas vraiment secret paraissaient presque lui rendre la vie agréable. Icarus Prince s'inclinait devant lui.
Face à lui, rien ni personne ne tenait la comparaison. Sans conteste, sur l'échelle des désagréments insurmontables venaient en première position le Roi de Poudlard, la coqueluche des professeurs, le plus populaire des élèves, le plus intelligent des étudiants, le plus séduisant des adolescents, l'un des futurs grands sorciers de ce monde, le préfet plébiscité des serpentards, Tom Marvolo Riddle, son pire cauchemar.
C'était cette dernière catastrophe qui avait fait décrété au futur héros du monde magique qu'il était définitivement et indubitablement maudit.
Le Survivant avait été quelque peu sonné quand il avait reconnu le visage charmant et juvénile du meurtrier de ses parents. Il n'avait pas encore réalisé à l'époque que l'année dans laquelle il avait atterri avait été celle de l'ouverture de la Chambre des secrets. L'année de grâce 1942 ne lui avait évoqué que la Seconde Guerre mondiale et ses travaux d'architecture à base de bombardements réguliers. Ayant pratiquement passé tous ses cours d'Histoire de la Magie à roupiller contre sa table, à papoter avec son meilleur ami tout aussi intéressé ou bien effondré au sol en hurlant à cause d'une vision malvenue, le contemporain du XXI ème siècle n'avait que très peu de culture générale concernant le passé plus ou moins lointain de la Grande-Bretagne Magique. Mis à part le Blitz et Hitler, honnêtement, il ne s'était pas attendu à d'autres catastrophes historiques. Il avait naïvement cru que les sorciers n'avaient pas été au courant de l'existence du Troisième Reich et il n'avait absolument pas fait la connexion avec Grindelwald. Bien entendu, il se souvenait de la date où le grand Dumbledore l'avait défait, soit 1945, mais il n'avait jamais fait le rapprochement avec la fin du conflit armé le plus important de mémoire d'Homme. À chaque fois que le pauvre sorcier élevé par des moldus à la culture beaucoup trop atrophiée avait eut l'une de ces révélations le frappant de toute sa dureté, il s'était immanquablement traité d'idiot après s'être claqué l'une de ses mains contre son front. Ce qu'il avait fait lors de sa rencontre avec l'héritier de Salazar Serpentard.
Le regard du futur Lord Voldemort quand il s'était à moitié éborgné avec ses lunettes lui avait provoqué un courant glacé descendant le long de sa colonne vertébrale, les cheveux de sa nuque se dressant et ses avant-bras nus se couvrant de chair de poule. Il avait su, à l'instant où Tom Riddle avait posé ses yeux aussi sombres qu'un trou noir sur lui, qu'il venait à nouveau de déclencher son obsession pour sa pauvre personne. Il avait vu dans son regard trop noir et calculateur lui provoquant des frissons gelés qu'il était une opportunité inespérée, une proie appétissante sachant qu'il était le prédateur le plus dangereux de cette école, une source de pouvoir et de savoir pour ceux qui sauraient le lui extirper. Il avait vu dans ce regard si jeune et déjà si pernicieux briller un éclair de lubricité.
Et, ce fut à cet instant, à ce moment où il croisa à nouveau la route de sa co-victime prophétique, que la vie déjà bien mouvementée de Harry James Potter avait prit un tournant décisif. Ce fut cette dernière catastrophe qui avait fait décrété au futur héros du monde magique qu'il était définitivement et indubitablement maudit et que les événements pavant sa misérable existence n'auraient certainement pas dû se passer de cette façon.
Et c'est tout pour aujourd'hui. Je vous retrouve la semaine prochaine (ou quelque chose du genre) pour la suite des nouvelles aventures de votre héros préféré !
Puissent les pandas du Liban vous dévorer les orteils dans un rire mégalomaniaque !
SEY
