La guerre est terminée


Chapitre 1 : Bienvenue en Russie


La deuxième guerre mondiale était terminée, mon frère et moi avions perdu et l'Allemagne était désormais découpée en deux par le rideau de fer. Lors de notre séparation j'avais conclu avec les Alliés que Ludwig irait avec America. Il était hors de question que mon petit frère aille avec ce malade communiste. Je m'étais donc désigné sous le regard affligé de Ludwig et sous les pleurs de Feliciano.

Le voyage avait duré longtemps et mon dos me faisait horriblement souffrir. Les dégâts de la guerre avaient eu d'énormes répercussions sur mon physique mais je ne laissais rien paraître de peur que le russe profite de ma faiblesse.

Nous avions passé le portail de la demeure Braginsky avec Lithuania. Toris était quelqu'un de très aimable et c'est avec de grands sourires qu'il m'expliquait l'histoire de la famille de Russia. Malheureusement même ses attentions, si douce en ces temps de post-guerre, me laissèrent indifférent. La perte de mon armée, mes villes dévastées et la séparation de mon frère m'avait enlevé toute combativité. J'étais las de tout ça et j'aspirais juste à quelques moments de tranquillité. Mais je savais que le pire restait à venir, j'étais coincé avec la nation la plus sadique de tous les temps dans un pays inconnu et horriblement froid.

Toris et moi parcourions les immenses jardins dans une des voitures de Russia pour se rendre chez ce dernier.

-Tu sais Gilbert, ça va bien se passer… Russia traite toujours ses invités avec le plus grands respect et même si vous étiez ennemis dans le passé…

-Non Lithuania… Je ne suis pas un invité. Je suis un prisonnier. Dis-je fatigué.

Il se contenta de m'envoyer un regard triste puis se détourna pour regarder le paysage défiler à travers la vitre. Il savait que j'avais raison et c'est bien pour cela qu'il n'ajoutait rien. Cependant je trouvais ses tentatives de réconforts intéressantes, je pourrais peut-être apprendre quelque chose d'utile sur Russia ? Je pourrais me servir de ces informations contre lui et…

Non… Je ne veux plus me battre... Je veux qu'on me laisse tranquille.

Il fallait que j'arrête de toujours vouloir tout contrôler.

En lâchant un soupir je vis au loin un grand champ de tournesol qui s'étalait sur toute la partie droite du jardin. En voyant mon intérêt Toris m'expliqua que Russia l'avait fait planter avant la guerre pour que les fleurs de tournesols fleurissent lorsqu'il reviendrait victorieux.

-Comment savait-il qu'il gagnerait la guerre ?

-Je ne sais pas. Il s'est levé un matin et a ordonné qu'on engage les meilleurs jardiniers et paysagistes pour avoir le plus beau champ de tournesols du pays. Et le lendemain il partait pour aider le front de l'Est en Europe. Me répondit-il le regard vague. Ah ! Nous sommes arrivés.

En descendant de la voiture je découvris une énorme bâtisse avec une porte qui faisait au moins trois mètres de hauteur. Un escalier en marbre blanc permettait d'accéder à l'entrée et plusieurs piliers nous entouraient. Sous mon regard surprit, Lithuania m'avertis que ce n'était rien par rapport au reste de la maison et m'invita à le suivre. L'intérieur était encore plus luxueux, de nombreux tableaux jonchaient les murs et je n'avais jamais vu un plafond aussi haut.

-Je vais te montrer ta chambre, elle est au premier étage. Tu as une salle de bains à disposition et tu as vu sur le champ de tournesol. Me dit-il en me souriant. Russia a insisté pour que ta chambre se trouve à côté de la sienne.

-Super… Au moins je ne suis pas dans un cachot… Dis-je en grognant.

Lithuania ne souleva pas mon ton ironique et pris la tête de la marche. L'escalier comportait des centaines de marches dont la montée me fatiguait. Arrivé au bout, Toris continua la visite sans remarquer ma légère faiblesse. J'étais horriblement essoufflé et j'avais l'impression que ma poitrine allait exploser mais, reprenant lentement ma respiration, je continuais tout de même et le suivi. Après un petit moment où nous parcourions les couloirs, il s'arrêta devant une porte.

-Voilà ta chambre. Je te laisse tranquillement t'installer et te reposer.

-Comment ça m'installer ? Je n'ai aucune affaire, vous m'avez même pas laissé le temps de prendre quelque chose ! Lui répondais-je en colère.

-Il y a tous le nécessaire dans les armoires et dans la salle de bain…

Toris paraissait assez gêné et fuyait mon regard en se mordant la lèvre inférieur. Il m'ouvrit la porte et me pria silencieusement d'entrer. Je le regardais encore quelques secondes puis m'exécuta, je passai le seuil de la porte en soupirant pour découvrir mon nouveau chez moi. La chambre était grande et lumineuse, d'immenses rideaux rouges encadraient les fenêtres ce qui donnait à la pièce un côté luxueux. Un énorme lit était placé à gauche, lui aussi rouge, et quelques fauteuils trônaient au fond de la pièce près d'une cheminée qui paraissait très vieille. Tout d'un coup, j'entendis quelques bruits métalliques et, en effet, lorsque je me retournais Toris avait disparu. La porte était fermée à clef. Avec colère je courus vers celle-ci et essaya de l'ouvrir sans succès.

-Excuse-moi Gilbert mais Russia veux absolument que je t'enferme à clef. Je suis désolé…

-Comment ose tu enfermer mon awesome moi ! Criais-je.

-Je reviendrais pour le dîner…

-Non attend ! Reviens !

J'étais fou de rage, je détestais être enfermé comme un oiseau en cage ! J'avais raison, je n'étais peut-être pas dans une cellule mais ça restait une prison dorée.

-Toris ! Reviens ! TORIS !

Je ne recevais aucune réponse, je restais seul entouré dans le silence le plus complet. Je commençais même à regretter le bruit de la guerre, avec ses canons et ses tirs. Ici le silence m'étouffait, j'avais comme un poids sur les épaules et alors que quelques vertiges me prenaient je me mis à penser à mon frère. J'espérais juste que l'américain le traitait bien, il ne méritait pas d'être punit… Alors que moi j'avais collaboré, j'avais tué des milliers d'innocents. Je devrais être dans une prison, et non dans une luxueuse chambre à me plaindre de mes états d'âmes…

Épuisé je m'assis sur le lit, il était encore tôt, je devrais me reposer pour ce soir. Peut-être que je verrais ce demeuré de communiste au dîner… J'enlevais donc mes chaussures et ma chemise pour être torse nu et m'allongea sur le lit. Les draps étaient doux et en quelques minutes je m'endormis d'un sommeil sans rêves.


Je me réveillais trois heures plus tard avec la tête dans le sac et le dos en miette, les siestes ne me réussissent pas... En me mettant en position assise j'essayais de me détendre pour le dîner de ce soir mais mon corps refusait catégoriquement de se relâcher. Mes muscles étaient tendus et mon estomac noué, à croire que j'appréhendais mon face à face avec le russe. Comme si j'avais peur ! Moi ! L'awesome Gilbert ! Et puis, peut-être qu'il ne sera même pas là.

Cependant un détail me perturbait… J'examinais la pièce un peu plus précisément mais je ne trouvais pas pourquoi j'étais autant dérangé. Je me levais en quête de cette chose, de ce détail qui avait changé. Debout au milieu de la pièce, je regardais partout. Tout d'un coup, quelqu'un toqua à la porte.

-C'est Toris. Je peux entrer ?

-Je n'ai pas le choix… Lui répondis-je.

Il entra lentement, presque avec méfiance, et se planta devant moi avec un air surpris.

-Quoi ?

Le rouge lui monta aux joues et il détourna le regard, gêné. Je compris rapidement. J'avais juste oublié de me rhabiller. En allant vers mon lit pour remettre ma chemise je lui dit d'un ton condescendent:

-Oh c'est bon. Je sais que je suis awesome et que je suis le mec le plus sexy que t'es jamais vu... Mais quand même! Pas la peine de rougir comme une fillette.

Il ne me répondit pas et resta le regard braqué sur le mur d'en face avec le visage fermé. Au moment où je remis ma chemise je compris le détaille qui m'échappait de tout à l'heure. Je restais quelques minutes interdit devant mon lit. On pouvait voir la trace qu'avait laissé mon corps sur les draps à l'exact même position où je m'étais allongé mais le problème n'était pas là. A côté, sur la deuxième place du lit double, il y avait aussi une trace. Une plus grande, plus prononcée. Le tissu était froissé et on pouvait facilement deviner la forme d'une personne. Je pâlis en allant de l'autre côté du lit. En effet, en touchant, on sentait le renfoncement léger du matelas. Quelqu'un avait dormit ici.

-Gilbert ?

Reprenant mes esprits, je me tournais rapidement vers Lithuania et le regarda dans les yeux.

-Nous sommes seuls ici ? Demandais-je un peu trop fort.

-Euh… Oui… Pourquoi?

-Je… Non rien.

Très vite, je réajustais mes vêtement et alla faire quelques pas un peu plus loin dans la pièce. Comment une personne aurait pu dormir avec moi. C'est impossible, je l'aurais entendu et puis la porte était fermée à clef. Je divaguais c'est tout… J'avais dû changer de position pendant mon sommeil et dormir pendant quelques temps de l'autre côté du lit. Toris repris comme si de rien n'était d'un ton neutre.

-Je viens te chercher. Tu vas manger avec Russia ce soir.

-Bien. Lui dis-je d'un ton sec.

Il me regarda hésitant puis fit un pas vers moi. Plusieurs fois il ouvrit la bouche pour dire quelques chose mais rien ne sortait. Je continuais ma marche à travers la pièce, cela me déstressait et me permettait de mieux réfléchir. Toris s'approcha de moi et mit sa main sur mon épaule.

-Ecoute, je suis désolé pour ce qui t'arrives à toi et à ton frère. Mais je peux t'aider. Je connais Russia, je connais ses réactions et ce qu'il faut faire pour lui plaire. Ne t'attires pas d'ennuis Gilbert...

-Qui te dit que je veux lui plaire ?

Je lui lançais un de mes plus beaux regards noirs puis enleva la main qu'il avait mit sur mon épaule.

-Je suis l'awesome Gilbert Beilschmidt. Je suis la Prusse et si les autres ne m'aiment pas, c'est leurs problèmes.

Toris soupira puis me pria de le suivre. Je quittais la chambre et lui emboîta le pas d'une démarche assurée. Ce que je venais de dire m'avais remonté le morale, j'avais peut-être été vaincu mais je restais le même, et ce n'était pas un russe qui allait me dicter ce que je devais faire.

Lithuania me conduisait dans une grande salle au rez-de-chaussée. Dehors il faisait déjà nuit, de nombreuses lumières étaient alors allumées et rendaient les pièces chaleureuses. Toris me laissa devant une gigantesque porte et me pria d'entrer. C'est donc seul que je découvris la salle. Comme le reste du bâtiment le plafond était très haut et des dizaines de portes fenêtres étaient placées un peu partout. Une table trônait au milieu de la pièce, les couverts étaient déjà mit. J'aperçus vite qu'il n'y en avait que deux. Génial… J'allais manger en tête à tête avec l'autre taré…

Alors que je m'approchais de la table j'entendis une porte grincer à ma gauche.

-Bonsoir mon ami ! Alors ma maison te plaît ?

Rapidement, je fis volte-face et planta mon regard dans les yeux de l'homme qui me retenait prisonnier. Il était beaucoup plus grand que moi et même si j'avais du mal à l'admettre il était aussi beaucoup plus costaud. Il s'approcha lentement de moi jusqu'à ce que nous soyons séparés de justes quelques centimètres. Son sourire me narguait et le voir aussi joyeux me mettait de plus en plus en colère. En me regardant de haut en bas il haussa les sourcils et repris la parole.

-Eh bien ? Tu as perdu ta langue ? Ce serait bien dommage… Me dit-il avec un sourire innocent.

Je remarquai subitement qu'il ne portait pas son manteau d'ordinaire. Il avait un simple pull noir et le fait de le voir aussi décontracté me mettait mal à l'aise. Son attitude était bien trop familière à mon goût, je préférais la relation officielle et militaire que nous nous étions créés. Je ne répliquais pas à sa pique, préférant rester neutre.

-Je dois avouer que ma toute nouvelle prison est impressionnante, je ne pensais pas que tu avais autant de goût.

Il me sourit et passa à côté de moi. Bien que la colère montait peu à peu, j'essayais de rester le plus calme possible. Je le sentais me frôler le dos ce qui me donna une bonne chair de poule et quelques frissons dans la colonne vertébrale. Il me répondit, toujours avec sa voix joueuse.

-Allons Gilbert, ne sois pas aussi antipathique ! Je fais tout pour te mettre à l'aise, tu devrais me remercier.

-Je t'offre mon hospitalité et les services de Toris. Estime-toi heureux petit prussien. Je pourrais te mettre dans une cage sordide et te torturer pendant des heures ! Ria-t-il.

Sa voix me mettait hors de moi, comment pouvait il me dire ça ? Ma passivité et ma lassitude d'après-guerre s'étaient dissipées, je voulais combattre, je voulais le combattre. Jamais je ne me soumettrais à ce type. Toujours derrière moi, je lui répondis sans prendre la peine de me retourner.

-Te remercier de quoi espèce de connard communiste ? D'être devenu ton esclave ? De m'avoir offert une superbe chambre ? Je ne suis pas une putain ! On ne m'achète pas avec…

Russia se colla subitement à mon dos et mis ses main sur mes épaules. Plus aucuns mots ne sortaient de ma bouche, j'étais comme bloqué. Mon rythme cardiaque avait doublé et je sentais mon visage surchauffer. Il plaça sa bouche à quelques millimètres de mon oreille et me murmura d'une voix tout à fait différente de tout à l'heure :

- Ecoute-moi bien petit… Ici tu es dans ma maison. Si tu m'insulte encore une fois je me ferais la joie de t'utiliser comme la ''putain'' que je viens, je te le rappelle, d'acquérir de droit. Souffla-t-il d'une voix froide.

Son ton avait changé tellement vite. Dans un frisson réprimé je me rendais vite compte à quel point le russe était lunatique. Pour la première fois depuis la fin de la guerre j'avais peur pour ma sécurité. La décoration de la pièce que je trouvais, il y a quelques minutes, majestueuse me semblait désormais sordide. Un silence se fit dans la pièce, je n'entendais que le vent qui soufflait fort dehors et les battements de mon cœur.

Étant à quelques millimètres de moi je sentais son horrible odeur, une odeur de vodka. Face à mon silence, il resserra ses mains sur mes épaules. En commençant à sentir la douleur se rependre dans mes muscles je fermais les yeux dans l'espoir de penser à autre chose.

-Tu as compris ?

Je ne voulais pas parler de peur qu'il entende ma voix trembler. Mais lorsque je sentis ses mains descendre petit à petit pour se rendre sur ma taille je lui répondis le plus vite possible.

-Oui oui! J'ai compris…

Il me lâcha tellement subitement que je perdis l'équilibre quelques instants. Lorsque je me retournai pour lui faire face, son sourire innocent avait refait surface et le russe d'il y a quelques secondes avait disparu.

-Bien ! Maintenant que les choses sont claires nous pouvons manger ! Me dit-il tout joyeux. J'ai fais en sorte que le dîner ne soit que des spécialités de chez moi. Comme ça tu pourras goûter ma merveilleuse cuisine !

Son naturel me décontenançait. Comment pouvait-il changer de personnalité en si peu de temps ? C'est ainsi que nous nous installâmes à table, lui de très bonne humeur et moi avec la peur au ventre. Les plats se succédaient les uns après les autres, je prenais de tout pour ne pas le mettre en colère. Pendant ce temps il n'arrêtait pas de me parler. Je ne lui répondais que par ''Oui'' ou par ''Non'' mais cela le satisfaisait et c'était l'essentiel. J'appris alors que le monde était en reconstruction. Quand je voulais prendre des nouvelles des autres nations il ne me répondait simplement pas.

La fin du dîner approchait et lorsqu'il me demanda si j'avais apprécié les plats de son pays, j'hésitais quelques secondes. Alors que j'allais répondre sincèrement, je vis son regard de fou. Ses yeux appartenaient à l'autre russe et il me défiait de le désobéir. J'avalais ma salive difficilement puis lui répondis par l'affirmative. Son regard s'éclaira et il se leva pour prendre congé en souriant. Il appela Toris et au moment d'ouvrir la porte pour partir il me regarda une dernière fois en me souhaitant un ''bonne nuit'' des plus effrayants.

Je restais seul quelques instants jusqu'à ce que Lithuania arrive et me reconduise à ma chambre en silence. Pendant tout le trajet il garda son regard braqué au sol et ne m'adressa pas la parole. Une fois arrivé il m'enferma à clef comme précédemment et partit sans rien dire.

Il faisait nuit et lorsque je regardais par la fenêtre je ne voyais presque rien, juste vaguement le champ de tournesol. Fébrilement, il me semblais voir quelques mouvements au loin. Sûrement le vent.

Il était assez tard et je me demandais avec curiosité si Russia dormait déjà. D'après Toris sa chambre se trouvait à côté de la mienne... J'essayais de coller l'oreille aux murs qui m'entouraient mais je n'entendais absolument rien.

Quoi qu'il en soit, il fallait absolument que je parte d'ici. Même si je devrais braver l'hiver, je m'échapperai coûte que coûte. Je ne pouvais pas rester enfermer avec ce psychopathe et t'en pis si je me faisais choper. Au souvenir du russe, de ses mains posées sur mes épaules, je frémis.

Non. Je ne devais absolument pas me faire choper.

Je pris une douche bien chaude puis m'habilla de tous les vêtements que je trouvais dans l'armoire. S'il fallait affronter le froid autant être préparé au maximum. C'est ainsi que je portais deux pantalons, deux chemise sous un gros pull rouge. Lorsque j'entendis le vent souffler je repris même une deuxième écharpe. Il fallait maintenant que je crochète la serrure, malheureusement je n'avais rien sur moi pour m'aider.

Je fis le tour de la pièce plusieurs fois pour trouver quelque chose, n'importe quoi qui ferait l'affaire. Au bout de quelques minutes je trouvais mon bonheur dans une lime à ongle. Elle entrait parfaitement dans la serrure et, avec toute l'expérience acquise pendant les guerres de mon enfance, la porte n'allait pas me résister longtemps.

Discrètement, j'ouvris celle-ci et fis passer ma tête dans l'encadrement pour vérifier qu'il n'y avait personne. J'avais la boule au ventre, je n'imaginais même pas mon châtiment si le communiste m'attrapait. Le couloir était vide mais je remarquais très vite que c'était bien trop sombre pour que je m'aventure sans lumière. Rapidement, je retournais vers mon lit pour prendre dans la table de chevet la lampe de poche que j'avais remarqué tout à l'heure. Après une dernière vérification dans le couloir, je me lançais, torche en main, dans ma tentative d'évasion.

Je transpirais beaucoup à cause de la couche de vêtement que j'avais sur le dos ainsi que le stress qui montait peu à peu. A chaque détour de couloir je m'apprêtais à voir surgir le russe. Je fus très heureux d'avoir ma petite lampe de poche car l'obscurité était totale et l'angoisse qui en découlait me faisait imaginer des ombres là où ils n'y en n'avaient pas.

Arrivant à l'escalier je descendis sur la pointe des pieds chaque marche. Une à une et le plus discrètement possible je descendais comme si j'étais inexorablement attiré vers le bas. Mais j'avais l'effroyable impression que cet escalier n'en finissait pas. J'essayais de retenir ma respiration trop bruyante à mon goût mais mon cœur battait bien trop vite pour pouvoir me calmer.

J'étais arrivé au milieu de l'escalier quand tout d'un coup ma lampe se coupa. Je commençais à paniquer. Mort de trouille je frappais de plus en plus fort sur cette satanée torche mais rien à faire, elle restait éteinte. Précipitamment j'allais vers le bord de l'escalier pour me tenir à la rambarde et continuer mon chemin.

Mais à peine quelques marches descendu j'entendis un craquement derrière moi. Je fis volte-face et essaya de distinguer quelque chose. L'obscurité rendait toutes mes tentatives impossible. Je me sentais de plus en plus mal et je commençais amèrement à regretter ma fuite nocturne. Le silence était revenu mais mon calme, lui, m'avait abandonné. Lentement, comme si chacun de mes mouvements faisaient un bruit monstrueux, je me retournais pour poursuivre ma descente.

Dans un soupir j'arrivais enfin en bas de l'escalier mais je n'osais pas me retourner de peur d'apercevoir Russia. Chaque ombres faisaient battre mon cœur à cent à l'heure, j'avais l'horrible sensation de voir le russe partout.

Je me rendis vite à la porte d'entrée et essaya de l'ouvrir mais elle était aussi fermée à clef. Il fallait s'y attendre. Quel idiot ! J'avais oublié ma lime à ongle dans la chambre… Et pas question de repartir la chercher ! J'avais eu déjà assez de mal à descendre ce putain d'escalier.

Je devais essayer de trouver une autre porte, il y en a sûrement une qui mène vers l'extérieur. Et puis en dernier recours je pourrais toujours la défoncer d'un coup de pied, celle de l'entrée était bien trop imposante pour moi. Je risquais de me briser quelque chose et d'alerter les autres.

C'est dans le noir la plus total que je partis en quête d'une autre sortie. J'essayais une dernière fois de refaire marcher ma lampe mais pas moyen, elle restait éteinte. Je ne voyais pratiquement rien, juste quelques contours de portes ou de fenêtres.

M'engageant dans un long couloir, et n'ayant aucun visuel, je longeais les murs pour ne pas être trop désorienté. Même si je marchais le plus discrètement possible j'avais l'impression que chacun de mes pas résonnaient à travers toute la demeure. Mon cœur battait toujours aussi fort. Ma situation actuelle me fit penser dans une ironie certaine que cela faisait un certain temps que je n'avais pas ressentis toute ces sensations, cette adrénaline. En fait, depuis la fin de la guerre. Eh bien je devais bien avouer que cela me manquait un petit peu... Je me comprenait pas moi même...

Alors que je continuais à marcher dans l'obscurité une question qui me taraudait l'esprit revint me hanter. Est-ce que la Prusse se relèvera-t-elle un jour des ces jours sombres ?

-Arrête de penser à ça... Chuchotais-je en secouant la tête.

Tout en essayant de chasser mes doutes je sentis une odeur étrange. Je m'arrêtais un instant pour déterminer quel était ce parfum, il était bien trop fort et très vite je le trouvait écœurant. C'était une odeur familière, je l'avais déjà sentie dans cette maison… Mais où ?

Tout d'un coup, la réponse me vint brutalement. Je restais paralysé par la peur. La respiration bloquait, je n'osais pas respirer. J'avais l'impression que l'odeur était partout, elle m'enivrait si bien que j'en perdis l'équilibre. Je réussis tant bien que mal à me rattraper au mur avant de tomber. Je ne pouvais plus faire un geste car mes muscles étaient trop figés. Ce parfum si fort venait de la personne que je détestais le plus au monde. C'était une odeur de vodka.

Après quelques minutes de silence, j'entendis au loin des bruits de pas qui se rapprochaient de plus en plus. Tout de suite, je sus à qui cette démarche appartenait. Les bruits venaient de derrière moi mais je n'osais pas me retourner. Je devais partir d'ici et vite.

Cours… Aller COURS !

Je me mis subitement à courir. Mes jambes ne m'appartenaient plus, elles semblaient prise de légères convulsions qui me faisaient quelque peu chavirer. Dans ma fuite, j'avais laissé tomber ma lampe de poche. Je ne savais même pas ou j'allais, ne mettant jamais aventuré dans cette partie de la maison. Presque aveugle, je continuais à courir dans ce long corridor. L'horreur de la situation semblait couler le long de mes os. Jamais je ressentis une adrénaline pareille. Je m'arrêtais brutalement, souhaitant entendre si quelqu'un me suivait. Reprenant lentement ma respiration, je n'entendais plus rien. Les battements de mon cœur se répercutaient dans mes oreilles. Au loin, j'entendis un long grincement de porte. Terrifié, mes yeux ne se fermaient plus, mes pieds ne voulaient plus m'obéir. J'étais pétrifié. Encore une fois, mon instinct reprit le dessus. Je repartis vite dans une course effréné, forçant mon corps à m'obéir. La seule chose qui m'importais en ce moment était d'échapper à ce monstre. Je sentis à l'aide de ma main que le couloir bifurquait. Rapidement, je suivis la nouvelle direction.

Alors que je courrais depuis plusieurs minutes à travers différents corridors, je percutais brutalement quelques chose. Tombant par terre avec violence, je ne pus réprimer une petite plainte. Mon dos semblait être en mils morceaux.

Me mettant en position assise je reprenais peu à peu ma respiration. Lorsque je regardais devant moi il n'y avait rien. Pas de murs, juste du vide. Lentement, je vis ma lampe torche rouler lentement vers moi, atterrissant entre mes jambes. Ma respiration se bloqua tandis que mon cœur battait douloureusement fort. Je n'y comprenait rien. Je relevais avec difficulté ma tête pour que mon regard se perde dans l'obscurité en face de moi, de là où la lampe venait. Mais je ne voyais toujours rien. En tremblant, je ramassais la torche puis essaya de l'allumer. Je fermais les yeux un court instant, la lumière m'ayant prit par surprise. Je pointa la lampe devant moi pour enfin éclairer ce long couloir. Je n'y vis d'ailleurs pas le fond. Mon sang se glaça pendant que je réalisais ce qui ce trouvait devant moi. Un long manteau beige et une écharpe blanche. Lentement, je fis monter le faisceau lumineux et découvris le visage souriant de Russia. Ma peur transpirante ne me laisser par articuler quelque chose.

Un énorme poids tomba dans mon estomac.

Je n'arrivais pas à raisonner.

Tout était foutu.

Le russe se baissa vers moi et se mit à ma hauteur. Même accroupi il me surplombait.

-J'ai remis des piles dans la lampe. Me dit-il en me souriant gentiment. Mais tu devrais l'éteindre pour l'économiser.

Doucement, il entama un mouvement vers la torche que je tenais dans ma main tremblante. Comme si mes réflexes se réveillaient, je reculais brutalement d'au moins un mètre.

-Tu ressembles à la petite proie voulant s'échapper des griffes du prédateur. Chuchota-t-il. Mais tu sais... La proie ne s'échappe jamais.

Mon corps ne ressentait plus rien. Seule la peur glaciale qui s'était logée dans mes entrailles continuait à me torturer. Il me sourit d'avantage et fit un pas en avant. Il mit sa main sur la mienne, celle qui tenait la lampe, et dans un dernier regard, il l'éteint. Je restais figé sur place, mort de peur, attendant la suite des événements. J'entendis un frottement de tissu puis Russia me pris par la taille et me mis sur son épaule. Reprenant le contrôle de mon corps, j'essayais de me débattre en lui donnant des coups de poing dans son dos mais c'était comme s'il ne ressentait rien. A chaque coup je me heurtais à une barrière de muscles, bien trop épaisse pour moi. Il se mit en route d'un pas assuré.

Même si j'étais dans l'obscurité la plus totale je pouvais sentir son sourire victorieux.


Eh bien voilà pour ce premier chapitre ! J'espère que vous avez aimé malgré les fautes d'orthographes :')

Une Review, un ptit com' please :D