Cet OS a été écrit dans le cadre de la 67ème Nuit du FOF sur le thème "Poudre". Le FOF, c'est drôle, le FOF, c'est bien, le lien est sur mon profil, vous n'avez qu'à cliquer! Bonne lecture!
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Bière et fond de teint
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Parker s'empara du petit tampon et le renifla.
- Est-ce que tu es en train de me dire que tu ne t'es jamais maquillé ? demanda Sophie, un brin perplexe.
Pourquoi je devrais me maquiller ? Je passe ma vie dans les conduits d'aération.
Sophie jeta un regard navré vers Eliot qui eut un geste d'évidence.
- C'est toi qui as commencé, souffla-t-il avant de prendre une gorgée de bière.
Installé dans le salon, Hardison faisait semblait de se concentrer sur son écran et Nate écrivait une lettre dans la lumière de la fenêtre, le dos désintéressé. Sophie retourna à la tâche qui l'attendait.
- Parker, pourquoi tu penses qu'on se maquille ?
La jeune fille haussa les épaules.
- Pour disparaître ?
- Exactement l'inverse ! On se maquille pour se donner une présence, pour déclarer au monde exactement qui l'on veut être ! C'est l'outil principal de tout arnaqueur qui se respecte. Le maquillage peut te rendre timide ou extravertie, jolie ou dominante !
Parker observa le contenu du vatiny case que Sophie avait posé sur le comptoir quelques minutes plus tôt et grogna :
- C'est beaucoup de travail, on dirait.
- Absolument pas ! Il faut d'abord mettre une crème pour hydrater – Sophie éleva un fin tube de plastique – ça c'est une base pour l'ombre à paupière mais il faut d'abord commencer par le mascara, et n'oublie pas le fond de teint, pour toi, je crois que le Chanel sera parfait, pas trop foncé, pas trop pâle… Pour les yeux, du bleu, ce sera très bien mais je ne vais pas te donner du noir pour le mascara, c'est trop…
Sophie s'interrompit et regarda Parker mimer la corde d'un pendu autour de son cou pour démontrer son ennui. A nouveau, elle se tourna vers Eliot qui se contenta d'observer le goulot de sa bière sans lui apporter plus de soutien.
- Parfait, dit alors Sophie, perdant patience. Va donc jouer le tomboy sans une once de beauté, ça ira sans problème. Tu n'auras qu'à prier pour qu'il y ait des fourchettes à ta portée !
Elle lança ses bras en l'air et s'enfuit presque de la pièce, retrouva l'atmosphère chaleureuse du bar du rez-de-chaussée qui lui correspondait autrement mieux dans l'état d'esprit où elle était. Il y avait sûrement un client dont l'attention pouvait être détournée à son avantage, c'était l'intérêt de ce genre d'établissement.
Parker observa le contenu du vanity case et souleva le pinceau :
- On dirait un instrument de torture.
- Un pinceau ? s'enquit Hardison depuis le canapé.
- Ne ris pas, l'avertit Eliot. La torture par les chatouilles, ça existe.
Hardison haussa un sourcil.
- Mec, si je meurs de rire, c'est plutôt une bonne manière de faire tomber le rideau.
- Ouais, parce que tu n'auras pas mal au abdos, tu ne pleureras pas, te ne seras pas crispé sur la table, à tirer sur tes liens jusqu'à ce qu'ils te coupent les chairs !
Hardison perdit alors son sourire.
- Jesus, mec, faut toujours que tu sois super-intense ! Sois un peu plus cool, parfois, tu vivras plus longtemps.
- Je suis sûr que tu mourras avant moi.
- Moi ? Tu crois que je n'ai rien appris depuis trois ans ? J'ai perfectionné mes techniques de fuite, personne ne pourrait me retrouver !
- Sauf moi…
- Toi… ?
Hardison parut choqué, Parker en profita pour revenir dans la conversation.
- Les gars ! Qu'est-ce que je fais, moi ?
Eliot pivota vers elle.
- Oublie le Chanel, l'odeur est trop forte, tu auras l'air d'une parvenue qui ne sait pas ce qu'elle fait.
Hardison eut une exclamation peu admirative, Eliot se tourna vers lui.
- C'est une odeur très particulière. Et tu peux être sûr que le pigeon la reconnaîtra. Parker doit oublier le fond de teint.
- Qu'est-ce que je mets alors ?
- Ça.
Des doigts, il piocha dans le contenu du vanity case et en sortit un bâton de rouge à lèvres et un tube de mascara gris.
- Sophie a raison, tu ne peux pas mettre du noir. T'as pas besoin de plus.
Parker s'empara des deux tubes et les contempla. Elle éleva ensuite le tube de mascara, le dévissa et observa attentivement la brosse.
- Et je me mets ça sur les lèvres ?
- Quoi ? Non…Parker !
Eliot lui arracha les tubes des mains et souffla par le nez avant d'affirmer :
- Tu m'en devras une.
- Ben en fait, c'est toi qui m'en dois une, donc…on sera quitte.
Eliot eut alors ce bruit de gorge semblable au feulement d'un tigre puis capitula d'un battement d'œil.
- Pose tes fesses là, grogna-t-il en tirant un tabouret.
Tout sourire, Parker sauta à bas de celui qu'elle occupait et vint rejoindre son maquilleur improvisé.
- Hardison, si tu continues à rire, je vais te casser les doigts ! clama ce dernier quelques minutes plus tard tandis que le pirate tentait de masquer son hilarité sous un coussin.
