Chapitre 1: Enfin libre.
Tout ça n'était qu'un jeu pour lui. Pas de roses, pas de guimauve, pas de sortie romantique dans le parc. Juste du sexe et rien que du sexe. C'était quand et où ça le chantait. C'était parfois tendre, parfois brutal, mais c'était tout sauf de l'amour. C'était de la luxure, de l'égoïsme, de la possessivité. Il jouait avec elle. Il l'embrassait dans le cou en pensant à une autre, il la prenait en murmurant le nom d'une autre et s'effondrait à côté d'elle en rêvant d'une autre. Après l'acte, elle se rhabillait rapidement et quittait la salle avant que quelqu'un les surprenne ensemble. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ce n'était pas lui qui avait instauré cette règle, c'était elle. Elle avait honte de ce qu'elle faisait.
Evelyn ne se souvenait même pas comment cela avait commencé. C'était sans doute lui, qui l'avait abordée en premier, grand séducteur qui l'était. Elle avait été à ses pieds tout de suite. Après tout, personne ne pouvait résister au beau Sirius Black. Ils étaient sortis ensemble pendant deux semaines, jusqu'à ce qu'elle mette fin à leur histoire après l'avoir surpris avec une Poufsouffle dans une salle de classe. Elle en avait pleuré pendant des jours, à l'abri des regards. Lui, cela n'avait même pas eu l'air de l'affecter. Cette réaction fit naître une rage sans nom dans le cœur de la jeune fille.
Sa vengeance vint quelques jours plus tard, lors du premier match de Quidditch opposant Gryffondor à Serdaigle. Black et elle jouaient tous deux au poste de batteur et il était inutile de préciser qu'Evelyn s'en était donné à cœur joie. Elle s'attaqua d'abord à James Potter, le capitaine de l'équipe et meilleur ami de son ex. Ce dernier avait été particulièrement énervé par cette basse vengeance et lui renvoyait chaque cognard avec un peu plus de hargne. Grâce à elle, Potter manqua trois ou quatre buts et ce fut amplement suffisant pour redonner de l'énergie à la jeune batteuse. Sa rage diminua fameusement quand elle failli faire tomber Black de son balai et elle disparu même complètement quand elle frappa un cognard en direction de l'attrapeur de Gryffondor qui dû faire un écart pour l'éviter, laissant ainsi le champ libre à son attrapeur pour attraper le vif d'or. Malgré les réclamations des Gryffondors, Serdaigle l'emporta. Jamais Evelyn n'avait trouvé un match aussi jouissif.
Après le match, les Serdaigles firent la fête dans les vestiaires, se sautant sur le dos et dansant au rythme d'une chanson à la mode. Les filles allèrent se doucher dans leur partie du vestiaire, pendant que les garçons se changèrent vite pour aller préparer la suite de leur petite fête dans la salle commune. Evelyn tarda plus que les autres et, bientôt, elle se retrouva seule avec ses pensées dans le vestiaire. Elle n'avait pas pu s'empêcher de sourire en voyant Black contenir sa aigreur face à cette défaite. Evelyn avait enfilé son pantalon et s'apprêtait à mettre son t-shirt quand quelqu'un franchit la porte du vestiaire.
- "J'arrive, je suis presque..." commença-t-elle, mais elle s'interrompit rapidement en reconnaissant son interlocuteur.
Oh voyez-vous, ça, pensa-t-elle, amère. Maintenant qu'elle lui avait botté le cul, le grand Sirius Black l'honorait de sa présence, alors qu'il n'avait jamais daigné le faire après leur rupture. Elle lui lança une œillade agacée et soupira. Elle se détourna de lui et mit son t-shirt sans lui dire mot. Pendant ce temps, il se rapprocha d'elle. Elle rassembla ses affaires et tenta de le contourner pour s'en aller mais il lui barra la route en s'appuyant nonchalamment sur le mur.
- "Pousse-toi, Black. Je n'aimerais pas que tu te fasses battre par une fille deux fois en une journée."
Il ne répondit rien et se contenta de l'observer. Elle soutint ce regard intense d'une riche couleur grise et lui offrit même un sourire hautain. Elle essaya de la contourner encore une fois, mais il l'attrapa à l'épaule et la ramena à lui, contre le mur. Elle se contenta de rester silencieuse et de fixer, les sourcils froncés. Elle ne lui donnerait pas le plaisir de la voir sortir de ses gonds. Elle resterait calme et...
Coupant cours à son monologue intérieur, il se pencha vers elle, la respiration soudain haletante, et prit possession de ses lèvres. Au début, la surprise la cloua sur place. Il glissa une main séductrice derrière sa nuque et la colla à lui, en profitant pour approfondir le baiser. Il glissa sa langue et vint caresser la sienne, laissant échapper un grognement satisfait. Evelyn ferma lentement les yeux et, sans trop réfléchir, répondit au baiser. Elle noua ses mains autour de son cou. Il posa une main sur sa hanche et puis la passa sous son t-shirt. L'instant suivant, ils faisaient l'amour dans les douches.
Ce fut à ce moment-là que leur pacte commença. Dès qu'il en avait envie, il lui envoyait un petit mot, indiquant juste une heure et un lieu, et ils se retrouvaient au moment convenu. Au début, elle espérait que quelque chose de plus viendrait mais cet espoir se fit vite avaler par cette habitude. Elle avait apprécié chaque rencontre, car il mettait un point d'honneur à la faire jouir en premier, bien que, parfois, il terminait l'acte en prononçant le nom de sa prochaine victime.
Le pire, c'était qu'elle se laissait faire. Elle l'acceptait les bras et les jambes ouvertes. Elle comblait tous ses désirs, puisque, d'une façon assez tordue, il comblait les siens. Elle l'avait pour elle tout de seule, le temps d'une rencontre, et lui faisait l'amour en ne pensant qu'à lui. Jamais elle n'avait refusé un de ces rendez-vous qui lui donnait l'impression de lui être indispensable. En un sens, il devait avoir besoin d'elle, car il ne se passait jamais plus de trois ou quatre jours sans qu'il ne la contacte. Le reste du temps, il lui donnait l'impression qu'elle n'existait pas. Pourtant, elle restait la constante dans sa vie. Il changeait de petite amie comme de chemise mais elle, il la gardait.
Malgré toutes les excuses qu'elle se cherchait, Evelyn se rendit compte qu'elle ne pouvait continuer comme ça. Il n'y avait pas d'avenir pour eux, elle ne comptait pas. Elle était juste un jouet avec lequel il s'amusait. Elle voulait tellement plus que ça. Elle voulait de l'amour, de la tendresse. Elle voulait quelqu'un qui la prendrait dans ses bras après lui avoir fait l'amour. Quelqu'un qui lui parlerait d'enfants et de mariage et lui dirait je t'aime. Il fallait qu'elle arrête tout ça. Elle était en sixième année, elle avait des garçons qui lui couraient après, elle avait droit au bonheur. Elle n'en dormit pas la nuit, à ressasser toutes ces idées, mais au petit matin du 5 décembre, six mois après que le pacte ait commencé, elle était résolue à y mettre fin. Elle reçut justement un petit mot ce jour-là. "Salle des Sortilèges. 21h." Disait-il.
Ce soir-là, elle prit les devants. Elle savait que c'était la dernière fois et, égoïstement, elle voulait en profiter. Il sembla surpris quand elle le plaqua contre la porte pour l'embrasser à pleine bouche mais il la laissa faire, appréciant sans doute ce changement dans leur routine. Ce fut elle qui le déshabilla, qui le monta et qui le fit jouir en premier. Etonnement, il lui rendit au centuple et la couvrit d'attentions. Elle apprécia chaque instant, car jamais, au grand jamais, il ne l'avait fait se sentir aussi désirable et si belle.
Ce qui semblait être des heures plus tard, Evelyn remit calmement son uniforme et, de ses doigts, coiffa sa longue chevelure brune qui témoignait de l'activité peu catholique à laquelle elle venait de s'adonner. Son regard tomba sur le corps nu de son amant qui reprenait sa respiration, les yeux obstinément clos. Elle grava tous ces détails dans sa mémoire, sachant qu'elle ne les reverrait plus jamais: son visage d'ange, ses bras puissants, son torse imberbe, ses fesses galbées... Elle s'assit à côté de lui, mais il ne bougea pas d'un cil. S'était-il endormi? Il avait une respiration lente, sereine. Elle écarta une mèche de ses cheveux mi-longs qui retombait sur son visage parfait. Elle déposa un baiser sur son front en chuchotant qu'elle l'aimait. Ses paupières papillonnèrent un instant, mais elle s'était déjà levée et s'avançait vers la porte qu'elle déverrouilla d'un mouvement fluide de baguette. Quand elle se tourna vers lui, la main sur la poignée, il s'était assis et la regardait, les sourcils froncés. Elle lui dit, d'une voix plus douce qu'elle ne l'aurait voulu.
- "C'est fini, Sirius."
Elle se détourna rapidement de lui et sortit de la pièce sans lui jeter un dernier regard. Dès qu'elle fut assez éloignée, elle se mit à courir. Des larmes coulèrent le long de ses joues, mais un sourire s'étira sur son visage. Elle était enfin libre.
