Chapitre 1 : Une journée banale
Un jour comme un autre avait débuté pour l'inspecteur Utsumi. Cat's semblait s'être assagi ces derniers temps. Les affaires plus 'classiques' étaient redevenues le courant de la brigade spéciale. Toshio posa le rapport qu'il venait de finir et son regard s'arrêta sur le portrait de la voleuse blonde. Un long soupir d'admiration s'échappa de sa gorge. Le tic-tac résonnait dans la pièce où tout semblait suspendu.
Entendant le soupir de son subordonné, le chef releva la tête et l'observa un instant.
— Pas de nouvelles de Cat's Hitomi et ses sœurs qui prennent deux semaines de congés et qui partent en fin de matinée. Quelle idée de partir un mercredi aussi. Et pour couronner le tout, pas de cas intéressant… Une longue journée s'annonce, soupira-t-il de nouveau.
— UTSUMI, hurla le chef. Cesse donc de marmonner dans ta barbe et occupe toi de ton prochain dossier à la place de rêvasser devant le portrait de Cat's.
Toshio sursauta, sortant de son hypnose, et manqua faire tomber la pile de dossier qui se trouvait devant lui. Seul le dossier du dessus tomba à terre. Toshio le ramassa et en commença la lecture.
Des cambriolages de banques se faisaient de plus en plus fréquent dans le secteur et ce, toujours à la même heure et les mêmes jours. Les policiers, pourtant présents à chaque fois avant les attaques, semblaient inexistants, voir dépassés par les événements. Le modus operandi était le même. Les malfrats, au nombre de quatre, arrivaient sur les lieux cinq minutes avant midi, les mercredis uniquement et vidaient les coffres à peine remplis le matin même. Les butins n'étaient pas forcément conséquents, mais le cumul des larcins commençaient à représenter une coquette somme. Les clients présents étaient eux aussi dépossédés de leur argent et de leurs bijoux lorsque le cas se présentait. Jusqu'à présent aucun blessé n'avait été à déplorer néanmoins quelques clients avaient été molestés assez durement. Une fois leur opération terminée, ils repartaient toujours avec un véhicule différent, véhicule signalé volé la veille aux alentours des sites cambriolés.
Intrigué à la lecture de ce fait, Toshio alla fouiller la liste des véhicules signalés volés la veille. Après tout, nous étions un mercredi et les malfrats n'opéraient que ce jour là jusqu'à présent. Malheureusement pour lui, la liste n'était pas si courte qu'il l'aurait espéré. Coupant ses recherches avec l'emplacement des banques, il parvint à la conclusion que le prochain méfait allait avoir lieu à deux pas du Cat's Eyes.
Prise d'une soudaine impulsion après avoir regardé l'heure, il se leva et courut hors du bureau.
— Inspecteur Utsumi ? Questionna Asatani.
— Pas le temps, le prochain cambriolage est pour bientôt, dit-il sans autres explications.
— De quoi parle-t-il ? demanda le chef.
Asatani posa son regard sur le bureau de son collègue. Outre le portrait d'Hitomi, très ressemblante à la Cat's blonde, si ce n'était la couleur de ses cheveux, se trouvait un dossier grand ouvert qu'elle referma pour en avoir un résumé d'informations.
— Je pense que l'inspecteur Utsumi sait où et quand vont frapper les malfrats du dossier N°08072018, dit-elle simplement.
— Nous ferions mieux de le suivre, lança le chef en se levant d'un bond.
En moins de temps qu'il ne faut pour dire ouf, Asatani et le chef retrouvèrent Toshio à l'entrée du commissariat.
— Inspecteur, attendez-nous ?
— Que faites-vous ici ? S'étonna-t-il.
— Nous n'allons pas vous laisser seul face à ces hommes.
— Bien, appelez des renforts, ils ne seront pas de trop.
— Où allons-nous exactement ? Demanda Mitsuko.
— Nous allons à la banque située près du Cat's Eyes, répondit-il avec assurance.
Asatani ouvrit grand ses yeux. Comment en était-il arrivé à cette conclusion ?
Ils furent rapidement sur place et l'inspecteur Utsumi se mit à inspecter chaque véhicule sous les regards intrigués de ses collègues.
— Chercher un coupé sport dont la plaque d'immatriculation est 17.01. Ils auront sans doute modifié la peinture de la carrosserie.
Non loin de la banque, une personne assise au volant d'un cabriolet remarqua le manège des policiers.
'Toshi ?' S'étonna le chauffeur.
— Elle en met du temps Hitomi, dit sa passagère assise à l'arrière du véhicule.
— Il y a sans doute un peu de monde avant elle, fit remarquer sa grande sœur.
— Je vais aller la chercher.
— Non, Aï. Reste là. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ça va se gâter, dit Rui intrigant sa petite sœur.
Á ce moment là, un coupé sport blanc démarra en trombe. Il avait lui aussi remarqué le manège des policiers. Son démarrage sur les chapeaux de roues eut plusieurs conséquences.
— Arrêtez cette voiture ! Ordonna Toshio identifiant rapidement le véhicule.
Á l'intérieur de la banque le crissement des pneus n'avait pas échappé à certains clients qui conclurent qu'ils étaient grillés.
'Que se passe-t-il dehors ?' se demanda Hitomi en détournant brièvement le regard vers l'extérieur.
Son attention se posa sur les trois hommes derrière elle. Ils portaient tous trois des lunettes de soleil et semblaient comme agités.
— Tant pis pour lui, on y va quand même, fit l'un des trois gaillards alertant Hitomi.
— Mademoiselle Kisugi, j'aurai besoin de votre signature pour finaliser la transaction, lui dit l'homme face à elle qui n'était autre que le directeur de l'agence.
Et là tout s'accéléra.
— Faites sonner l'alarme, tenta-t-elle.
— Comment ça ? S'étonna le directeur.
— Vous allez être cambriolé, enchérit-elle. Faites ce que je vous dis, dépêchez-vous.
Le directeur fut hésitant. Si sa cliente voulait faire de l'humour, sa plaisanterie était de très mauvais goût. Néanmoins sa mine déconfite se fit blême lorsque l'homme derrière sa cliente l'attrapa fermement et posa le canon de son arme sur sa tempe gauche en hurlant :
— Les mains en l'air et tout le monde à terre sur le champ.
— Mademoiselle Kisugi ! S'alarma le banquier en la voyant en si mauvaise posture.
— Toi ! Va vider le coffre si tu ne veux pas que je décore la banque avec sa cervelle.
— Mademoiselle Kisugi ? répéta le banquier d'autant plus inquiet.
— Faites ce que je vous ai dit, sourit-elle avant de se dégager aisément de l'étreinte de ce type et de le désarmer dans un même mouvement.
Le directeur ne se le fit pas répéter et appuya sur l'alarme qui résonna bruyamment à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement.
— Hitomi ! S'écria Aï en voulant ouvrir la portière.
— Ne t'inquiète pas pour ta sœur, les renforts sont déjà là, fit remarquer Rui en lui signalant la présence des policiers.
— Ils sont rapides, nota la jeune sœur.
— Ils étaient déjà là lorsque la voiture des complices, je pense, est partie rapidement.
— Celle qui s'est fait arrêter grâce au camion de monsieur Nagaishi qui arrivait alors et qui lui a involontairement bloqué la route.
— Celle-là même, sourit Rui.
Les policiers se pressèrent devant les portes de la banque. Á l'intérieur, le type qui avait voulu s'en prendre à Hitomi se releva bringuebalant.
— Sale garce, persiffla-t-il encore sonnée avant de se faire un croc en jambe et de tomber lourdement sur le sol.
Ses deux compères délaissèrent la porte d'entrée et se précipitèrent vers lui pour l'aider.
'Peuh… Des vrais amateurs.' Songea Hitomi ébahi par tant de bêtises.
Profitant de la situation, les policiers investirent le bâtiment et firent sortir les clients les plus proches.
— Vous êtes cernés ! Rendez-vous sans faire d'histoire, lança Toshio.
— Vous, la femme aux cheveux longs, lâchez votre arme, ordonna Asatani.
'Non mais je rêve.' Ricana Hitomi lâchant aussitôt l'arme à feu et la faisant glisser derrière elle vers les policiers sans que ceux-ci ne demandent quoi que ce soit.
'Tant d'obtempération c'est bizarre.' Songea Asatani. 'Cette femme est-elle avec eux ?'
— Mademoiselle Kisugi, murmura le directeur.
— Restez à l'abri. Les policiers sont ici, tout est fini pour les malfrats, répondit-elle en un murmure. Je connais les inspecteurs, mais ils ne m'ont pas reconnu, sourit-elle.
— SALE GARCE ! Tout ça c'est de ta faute, râla un des hommes en se précipitant vers elle sous le regard interloqué de la police.
— Cette femme doit être une cliente de la banque, souligna Asatani.
Au profit de son profil, Mitsuko et Toshio la reconnurent.
— HITOMI !? S'exclamèrent-ils tous deux surpris.
'Ha ! Ca y est, je suis démasquée.' Songea Hitomi espiègle en continuant d'éviter les coups.
— Votre fiancée se défend plutôt bien, affirma Mitsuko en l'observant.
D'une prise de judo, Hitomi renvoya l'homme à son point de départ sonné.
Haletante, elle s'essuya le front du revers de la main. Son geste s'arrêta brusquement lorsqu'elle ressentit de nouveau le contact glacial du canon d'une arme à feu contre sa tempe gauche.
— Je vous déconseille de recommencer votre bêtise, jeune fille. Vous ne m'aurez pas une deuxième fois. Et vous, messieurs les policiers, ressortez bien sagement si vous ne voulez pas de victimes.
Hitomi demeura froidement imperturbable face à cette nouvelle menace. Son attitude n'échappa pas à Mitsuko. Sa rivale avait du cran et il en fallait pour jouer le rôle de Cat's. Sans réfléchir plus, elle braqua son arme de service vers le malfrat.
— Asatani, qu'est-ce que vous faites ? Questionna Toshio inquiet pour sa fiancée.
Hitomi et Mitsuko s'échangèrent plus qu'un simple regard. Le message bien que silencieux, fut clair pour Hitomi. L'inspectrice allait tirer qu'elle se trouve ou non dans sa ligne de mire. Elle sentit une goutte de sueur couler le long de son visage. Tout allait se jouer dans la fraction de seconde qui allait suivre.
