L'annonce officielle du retour de Lord Voldemort au début de l'été de 1995 assombrit les esprits dans le monde des sorciers. N'ayant plus aucunement besoin de protéger le secret de la résurrection du mage noir, les Mangemorts attaquaient bien plus fréquemment ils abattaient leur sortilèges macabres tant dans le monde moldu que dans l'autre, et rien ne semblait plus pouvoir les arrêter. Le ministère envoyait de plus en plus d'aurors, aux quatres coins du monde, mais ils étaient moins organisés. Cela faisait un an que les Mangemorts se préparaient à cette guerre, et Voldemort avait prévu leurs moindres déplacements. Le ministère n'avait plus eu à s'occuper d'une guerre depuis qu'Harry Potter avait terrassé le mage noir, quinze ans plus tôt, et son organisation laissait fortement à désirer. De plus, le ministre de la magie se défila sitôt la nouvelle du retour de Lord Voldemort annoncée, laissant un certain Scrimgeour prendre sa place. Le changement de main du pouvoir ne rassurait en rien les sorciers, qui n'y voyait que perte de temps et trahison se la part de leur ancien ministre.
Les sombres nouvelles qui défilèrent dans la gazette du mois de juillet arrachèrent nombres soupirs et froncements de sourcils de la part d'Hermione, qui entamait son deuxième mois de vacances avec consternation. Les lettres de ses deux meilleurs amis n'éclaircissaient en rien ses journées. Ron se plaignait sans cesse des corvées que lui infligeait sa mère pour nettoyer le Square Grimmaurd, tandis qu'Harry broyait du noir depuis la mort de son parrain. Bien sûr, Ron et Hermione avait été tout aussi bouleversé par la disparition de Sirius, mais Harry semblait au bord du gouffre, et seul la haine qu'il ressentait envers Bellatrix l'empêchait de sombrer dans le désespoir.
Hermione n'avait pu les rejoindre au quartier général de l'Ordre du Phénix. Elle n'avait pu se résoudre à laisser sa famille seule au cœur de Londres, avec toutes ces attaques du Mangemorts aux quatres coins du pays. Elle avait réussi à convaincre son père de tous les emmener en France, là où on aurait moins de chance de les chercher. Hermione n'était pas stupide. En tant que meilleure amie du survivant, elle savait que les Mangemorts la chercheraient pour faire chanter Harry elle craignait que pour l'atteindre, ils s'en prennent à son père, sa mère, ou même son petit frère. Aussi avait-elle opté pour la dissimulation moldu après le récit du retour du plus grand mage noir de tous les temps à ses parents, elle les avait entrainé pour un départ précipité dans le sud de la France, avec seulement du liquide et le strict nécessaire. C'était bien loin d'être comme des vacances, mais au moins était-elle certaine que sa famille était en sécurité.
Hermione n'arrêtait pas de se poser des questions pour la suite, se demandant tantôt comment elle parviendrait à convaincre sa famille de rester cachée jusqu'à la fin de cette guerre à l'issue incertaine, ou encore comment l'Ordre du Phénix allait arranger les choses. Elle aurait voulu être en âge de rejoindre l'Ordre, en savoir plus sur les agissements de l'ennemi, mais Madame Weasley s'y opposait, tout comme la plupart de ses membres. Ses parents voulaient eux aussi qu'elle reste le plus éloignée du monde de la magie, le temps que les choses se tassent, mais elle n'avait certainement pas pu promettre de ne pas revenir à Poudlard pour sa sixième année. Elle se demandait aussi comment elle pourrait aider Harry, qu'il ne court pas vers le danger dès qu'il le pourrait, comme il savait si bien le faire.
Hermione espérait surtout que Dumbledore avait une solution. Le directeur de Poudlard était bien mystérieux depuis cette soirée au ministère. Dans leurs lettres, les garçons évoquaient sa main noire, certainement blessées par on ne sait quoi. Harry parlait aussi de la soirée où il était venu le chercher au Privet Drive, pour aller chercher un certain professeur Slughorn. Un nouveau professeur de potion, indispensable car il possédait une chose dont Dumbledore avait besoin. Hermione aurait voulu en savoir plus, et son cerveau tournait à plein régime. Il y avait aussi cette histoire de rendez-vous que le directeur voulait avoir avec Harry dès la rentrée. La jeune Gryffondor en était persuadée, Dumbledore avait un plan. Mais elle n'en connaissait pour le moment pas les détails.
- Hermione, Hermione ! Regarde !
Le cri de Peter se répercuta dans tout le salon, et la jeune fille tourna la tête vers son jeune frère tout excité. Lui seul pouvait lui arracher quelques sourires en ces temps sombres. Alors qu'il s'élançait sur le carrelage avec souplesse, il entama quelques figures de gymnastique légèrement maladroite. Hermione l'applaudit en riant sa jeunesse et son innocence faisaient plaisir à voir.
- Tu te débrouilles comme un chef dis-moi !
- C'est Jérémy qui m'a appris, tu sais, le voisin d'en face, répondit Peter en atterrissant sur les genoux. Il m'a invité pour son anniversaire le weekend prochain. Tu crois que papa et maman seront d'accord ? Poursuivit-il encore tout essoufflé.
Elle feint de faire une mine consternée, arrachant une grimace au jeune garçon.
- Je ne sais pas Peter…
Il prit un air déçu et fit des yeux de chien battu qui empêchèrent Hermione d'aller plus loin dans sa plaisanterie.
- Mais bien sûr qu'ils seront d'accord ! Pourquoi refuseraient-ils ? C'est les vacances !
- Super !
Il courut faire la bise à Hermione avant de repartir vers le salon en faisant la roue. Il échoua lamentablement sur le fauteuil de cuir noir et s'empressa de se mettre la tête à l'envers, les pieds nonchalamment posés sur le dossier. Ce gamin était hyperactif, et c'était peu de le dire. Mais il était tellement gentil qu'on ne pouvait lui en vouloir pour les nombreuses bêtises qu'ils faisaient, souvent dues à des accidents maladroits. Il était un miracle pour les parents d'Hermione, qui n'avaient jamais réussi à avoir d'enfants. La jeune fille avait appris très tôt qu'elle n'était pas biologiquement liée à eux, et c'est avec grande sagesse et intelligence qu'elle le leur avait annoncé du haut de ses 8 ans.
- Tu sais maman, c'est pas grave si t'es pas ma vraie maman, moi je t'aime quand même, et papa aussi.
- Mais Hermione, avait balbutié sa mère, comment as-tu su ?
- J'ai lu des choses dans les livres de la bibliothèque de papa. Et puis j'ai vu les papiers dans son bureau.
Puis la petite fille s'était réfugiée dans les bras de sa mère, comme une enfant prise en faute, et lui avait planté un baiser sonore sur la joue avant de partir en courant dans le jardin. Ses parents avaient été fort étonnés de la précocité de leur fille, et surtout de la manière dont elle avait pris la nouvelle. Ils ne l'en avaient aimé que plus encore, et c'est avec un grand bonheur qu'il lui avait annoncé l'arrivé d'un petit frère deux ans plus tard. Peter avait failli ne jamais voir le jour, suite à de nombreux problèmes dans la grossesse de sa mère, mais il avait survécu. Il était le petit miracle des Granger, comme se plaisait à dire leur père, et Hermione l'aimait plus que tout.
- Dis Hermione, fit soudainement le dit miracle qui était à présent grimpé sur l'accoudoir du canapé, dans une tentative de prouesse en équilibre. C'est vrai qu'on est venu en France pour se cacher de méchants sorciers ?
La jeune fille sursauta légèrement à l'entente de ses propos et fixa son frère avec intensité.
- Pourquoi dis-tu une chose pareille Peter ?
- J'ai entendu papa et maman en parler dans la cuisine l'autre jour. Ils avaient l'air inquiet pour toi.
- Ce n'est pas bien d'écouter les discussions des grandes personnes, tu le sais, répondit sa sœur en fronçant les sourcils.
Le garçon baissa la tête, tout penaud.
- Mais quand même, c'est vrai ?
Hermione hésita à répondre à son frère, à qui ils avaient caché les sombres histoires du monde de la magie. Du haut de ses six ans, il serait bien en peine de comprendre la guerre qui s'annonçait dans le monde sorcier. Il était si adorablement innocent qu'Hermione voulait absolument l'en préserver. Aussi lui avait-elle servi de terribles mensonges à l'approche de ses vacances obligatoires dans le sud de la France. Pour lui, il ne s'agissait que d'un voyage de plus, à la découverte d'un nouveau pays, au cœur d'une bien belle villa de Provence. Il savait bien sûr qu'ils y resteraient encore pendant l'année scolaire, mais il avait plutôt bien réagi car il était un petit garçon curieux. Il était heureux d'apprendre une nouvelle langue et s'était rapidement fait un ami chez les voisins.
- Eh bien oui Peter, il y a des gens dans le monde sorcier qui me recherchent, mais je sais qu'ici nous sommes en sécurité. Je ne veux pas que tu penses à tout ça, déclara t-elle finalement.
- Tu as fait quelque chose de mal ?
Le petit garçon s'était rapproché de sa sœur à petits pas, curieux de connaître toute la vérité sur cette histoire. Hermione ébouriffa ses cheveux blonds en bataille et lui sourit gentiment.
- Non Peter, je n'ai rien fait de mal. Ce sont eux qui ont des idées différentes des miennes et de celles de mes amis. Mais ne t'inquiète pas, tout ira bien, pour moi comme pour toute notre famille. Je te le promets.
Peter ne lui posât plus de questions de la journée, rassuré. Il n'en parla pas non plus à ses parents, car il savait qu'ils seraient mécontents d'apprendre qu'il les avait écouté. Hermione fut reconnaissante à son frère de son silence. Ses parents s'inquiétaient déjà beaucoup pour Hermione, qui allait retourner à Poudlard pour sa sixième année, sans en plus se faire du souci pour leur petit garçon qui connaitrait le danger qui les menaçait tous. Au moins, Peter ne connaissait pas l'étendue des dégâts que provoquait le conflit entre ces méchants messieurs et le monde des sorciers. Il ne savait rien de la guerre, ni de la traque des Mangemorts envers les fils et filles de moldus et leur famille.
Le dernier soir du mois de juillet, les parents de Peter et Hermione avaient annoncés à leurs enfants l'installation de leur nouveau cabinet dans la ville où ils habitaient. Ils pourraient ainsi continuer à vivre tranquillement pendant la guerre, sous le faux nom de Grandier. Ils avaient aussi inscrit leur fils à l'école pour la rentrée, et lui finalement parlé de la nécessité de ne pas divulguer leur véritable nom. Peter n'avait pas parlé de sa discussion avec sa sœur, quelques jours plus tôt, et avait joué les innocents alors qu'ils lui expliquaient les grandes lignes du conflit. Ils furent d'ailleurs étonnés de le voir comprendre si vite. A la fin du repas, Paul leva son verre pour toute la famille. Il était plus qu'heureux de les savoir tous en sécurité, bien que nostalgique de son ancienne vie en Angleterre. Il embrassa sa fille et sa femme et son fils voulut absolument lui serrer la main avec virilité et solennité.
Hermione s'en voulait un peu de faire subir tout cela à sa famille, mais c'était le seul moyen pour qu'il ne leur arrive rien. Elle s'était maintes fois excusée de tous les désagréments que sa position entrainait pour eux, mais ses parents ne voulaient rien entendre. Ils aimaient leur fille, et avaient accepté sa condition de sorcière comme ils accepteraient la réalité de cette guerre. Ce n'était tout de même pas sa faute si les gens du monde sorcier étaient parfois aussi racistes que les nazis sous Hitler. Hélène, sa mère, avait en horreur ces mages noirs qui terrifiaient les nés-moldus et inculquaient de grandes règles sur leur condition, comme pour les juifs des années 40. Elle comprenait la nécessité pour Hermione de se battre contre eux, même si cela les mettait dans une position dangereuse. La jeune fille leur avait tout dit sur Voldemort, et sur ses partisans, afin qu'ils saisissent l'urgence qui la pressait de les cacher aux yeux de ces sombres adeptes de la magie noire. Bien sûr, le mari d'Hélène, surprotecteur dès qu'il s'agissait de l'un de ses enfants, avait voulu l'empêcher de retourner à Poudlard. Il voulait la garder près de lui, la préserver de la guerre, mais elle avait maintenu ses arguments fermement il était de son devoir d'aider ses amis.
Au beau milieu du mois d'août, la Gryffondor reçu sa lettre de Poudlard, accompagnée de la liste habituelle des fournitures scolaires. Elle décida de se rendre au Passage, équivalent du chemin de traverse en France. Un portoloin était disponible non loin de sa nouvelle maison, sur le versant d'une colline. Peter trépigna longuement dans le but de l'accompagner, et elle finit par céder à sa demande, après acquiescement de ses parents. Il n'était jamais allé au Chemin de Traverse, car il était bien trop petit les années précédentes. Et Hermione y allait chaque fois avec la famille Weasley. Pour une fois, il avait l'occasion de voir les enchantements dont sa sœur lui parlait le soir à la lueur d'une lampe avant le coucher. Son sourire ne le quitta donc plus jusqu'au weekend. Le samedi donc, Hermione et lui se préparèrent à la marche de quelques heures qui les séparaient du portoloin, et ils partirent assez rapidement. Peter ne cessait de courir pour arriver plus vite, tout excité qu'il était. Il du se rendre compte finalement qu'ils n'arriveraient pas tout de suite, et qu'il avait perdu beaucoup d'énergie pour rien.
- C'est encore loin Hermione ?
- Tu es déjà fatigué ? Se moqua la jeune fille.
Son jeune frère se trainait depuis quelques kilomètres, exténué par ses prouesses de vitesse quelques minutes plus tôt. Lui qui ne tenait pas en place était maintenant sage comme une image, suivant Hermione à petits pas. Il n'eut pas le loisir de répondre à sa sœur, car ils arrivaient à présent en vue de la dite colline, qu'Hermione lui montra du doigt.
- C'est juste là Peter !
Il s'élança alors dans les herbes, suivi d'Hermione. Elle le devança rapidement et l'attendit de pied ferme sur la colline, faisant mine d'être là depuis des heures malgré ses joues rougies par la course. Il ne mit que quelques secondes de plus et la frappa gentiment sur le bras pour se venger.
- Eh bien alors, c'est où ton portopoint ? Demanda Peter en regardant partout.
- Un portoloin Peter. Et il devrait être juste là…
Elle parcourut le sol de ses yeux en fronçant les sourcils, et repéra bientôt une canette de soda écrasée sur le sol.
- C'est ça ! S'écria t-elle joyeusement en désignant le détritus.
- Tu rigoles ?
Peter fronça le nez en fixant le déchet avec dégoût.
- C'est bizarre d'utiliser un déchet pour se déplacer.
- Bizarre mais très efficace lorsqu'on ne veut pas que n'importe qui le trouve, rétorqua t-elle avec un clin d'œil.
La Gryffondor jeta un coup d'œil à sa montre.
- Dépêche toi, il va partir dans quelques secondes !
Elle empoigna l'objet, suivit de son frère. Hermione était étonnée qu'aucun autre sorcier ne soit présent. A croire qu'elle était la seule à plusieurs kilomètres à la ronde. Elle regarda Peter, qui semblait sceptique.
- Fais attention, ça va sec…
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'engin se mit en marche, les entrainant dans un tourbillon de bruits et de couleurs. Peter émit une grimace affreuse, et l'atterrissage brutal le fit vomir dans l'instant. Elle rit légèrement avant de se précipiter vers lui pour l'aider à se nettoyer. Levant la tête, Hermione pu enfin voir où ils avaient atterri.
- Vous n'avez pas de meilleurs moyens de transports chez les sorciers ? Se plaignit Peter d'une petite voix.
- Si, mais je n'ai pas de poudre de cheminette à la maison, et y aller en volant n'est pas très discret.
- C'est joli ici, commenta Peter en regardant lui aussi autour de lui.
Hermione ne pu qu'acquiescer. Les larges maisons qui l'entouraient semblaient sorties d'un autre âge, avec de larges poutres de bois et des toits de chaumes. Les ruelles pavées s'étendaient dans toutes les directions, agrémentées sur les côtés de pots de fleurs et de statuettes de sorciers français certainement connus. Le Passage ressemblait fortement au Chemin de Traverse, sauf qu'il s'étendait sur tout un village. Il y avait beaucoup de sorciers dans les rues. La guerre ne semblait pas avoir de prise par ici, et Hermione en fut soulagée. Un sentiment de sécurité l'envahit tandis qu'elle s'avançait entre les étalages et les maisons. Son frère la rejoignit précipitamment pour lui prendre la main.
- J'ai peur de me perdre, il y a vraiment beaucoup de monde, fit-il en réponse à son regard interrogateur.
