1. Prologue
-« You listen up here's story,
About a little guy that lives in a blue world,
And all day and all night and every think
Is just blue like him inside and outisde,
Blue is his house with a blue window
And a blue Corvette
And every thing is blue for him and himself
And every body around
'Cause he ain't got nobody to listen… »
-J'en ai marre ! Pesta il.
Balançant à travers la pièce un pauvre carnet à spirale, dont les pages cornées et couverts de calculs semblaient fatiguées par de longues nuits de veilles, le génie en profita pour envoyer un tourne vis effectuer un vole plané lui aussi. Lorsque les objets heurtèrent avec un bruit certain le mur opposé, se fracassant les vagues sur la grève qui rugissaient non loin, il sentit immédiatement sa frustration retomber.
Son cerveau n'était plus qu'un mélange complexe de chiffre, de taille de boulon, de mesure de pression et de rapport de gravitation, le tout mélangé avec un amas informe de formule qui n'avaient rien à faire avec son invention. Abatant avec colère ses poings sur la table en métal qui lui servait de bureau, il prit une grande inspiration sensée le calmer- qui ne parvint qu'à l'énerver-.
JARVIS, percevant le trouble de son concepteur, demanda :
-Tout va bien monsieur ?
-Tout va à ravir JARVIS, merci.
-Voulez vous que je baisse la musi…
-Ne touche pas à ma musique !
Il prit à nouveau une grande inspiration, mais cela ne l'aida en rien. Bien au contraire. Depuis maintenant trois jours qu'il travaillait sur ce projet, sans dormir ni se reposer un seul instant, pour ne pas perdre sa concentration, à se droguer au café, à ne plus penser, respirer et imaginer que des chiffres, il n'était parvenu à rien. A rien.
Il promena son regard bleu sur le sous sol, dans l'espoir d'y trouver la paix. Le côté circulaire de cette salle l'avait toujours apaisé, ainsi que ses immenses vitres qui s'ouvraient sur la mer et le ciel, comme un paradoxe ultime, un défit lancer à Dieu. Et il se savait capable de défier Dieu, en cet instant, pourvu que son travail avance. Sur le mur du fond, les armures MARK1, MARK2 et quelques autres le fixaient, le narguant avec une certaine ironie. Très drôle, songea il. Rirait bien qui rirait le dernier. Il se jura que, une fois son invention achevée, il réserverait un traitement de faveur à ses armures.
Réalisant à quel point il était énervé, il tenta de se reprendre. Il fallait qu'il pense à quelque chose de clame, de serein, où il n'y aurait ni chiffre, ni armure, ni Atelier. Fermant les yeux, il se figura une immense plage de sable blanc, bordée par quelques palmiers un peu trop grands. Il se força à écouter quelques mouettes piaffer, et le clapotis paisible de l'eau. Il sentit doucement sa colère se muer en une fatigue profonde, et un maigre sourire éclaira ses lèvres. Apaiser. Il était apaisé.
Ouvrant les yeux, il ne fallut qu'un card de seconde à son calme pour s'envoler, redevenant une boule de nerf chauffée à blanc. Dardant son regard sur le bureau, une irrésistible envie de hurler le saisit.
Combien de pages avaient ils noircis, à la lumière du plafonnier, lorsque la lune prenait la place du soleil ? Combien de crayon avait il jeté, ayant été trop taillés ? Et depuis combien de temps n'avait il pas vu autre chose que des pièces de métal ? Trop longtemps, songea il. Beaucoup trop longtemps.
Saisissant un pot à crayon, il le balança vers le mur, lui faisant rejoindre le cahier et le tourne vis qui gisaient sur le sol, occis. JARVIS déclara :
-Si vous comptez détruire la maison à coup d'objet ménager, monsieur, laissez moi vous dire que vous en avez pour un moment…
-JARVIS : la ferme !
-Monsieur, tenta l'intelligence artificielle, j'essaye juste de vous aider.
-Et bien tu ne m'aides pas ! Alors tais toi ! Et peut être que là, tu serviras à quelque chose !
Sans rien ajouter, il se laissa tomber sur sa chaise de bureau, et enfouit sa tête dans ses bras. Chacun de ses muscles lui faisaient mal, comme si on l'avait transpercé avec un million d'aiguille, et son corps entier était courbaturé. Le café ne pouvait pas tout résoudre, apparemment. Il n'aimait pas le dire, et encore moins le penser, mais c'était là une réalité : Anthony Stark, le plus grand inventeur de tous les temps, était à bout de nerf. Tant physiquement que mentalement.
Poussant un soupir, il se fit la réflexion que, si il avait put fabriquer un réacteur en métal dans une grotte Afghane, alors il était capable de construire un assembleur moléculaire de poche dans son Atelier. Ici, tout lui était possible. C'était là qu'il avait construit Iron man, et il comptait bien inventer d'autre chose.
Amenant un cahier à lui, il saisit un crayon, et commença à griffonner. Les équations s'étalaient sur sa feuille, en compagnie de schémas indicatifs. Combien de fois les avait il déjà dessiner ? Des dizaines de fois. Des centaines peut être. Il en pouvait plus les voir. Plus du tout.
Soudain, des pas résonnèrent dans son dos, mais il n'y prit pas attention. Il fallait qu'il réussisse, il en était capable. Il ne lui manquait que cette étincelle, qui mettrait le feu à la poudrière qu'était son cerveau. Seulement, il n'avait pas encore de feu. Et sans flamme, une barrique de poudre ne servait pas à grand-chose.
Sans qu'il sache pourquoi, le volume de la musique s'atténua, permettant aux équations de prendre une place plus importante encore dans sa tête. Jamais il n'aurait crus autant haïr les mathématiques. Sans lever les yeux de son travail, il grommela :
-JARVIS, remet la musique.
-Négatif, Monsieur.
-Comment ça « Négatif » ? Il me semble que c'est moi qui commande !
-En effet monsieur.
-Dans ce cas, quand je te dis de remettre cette musique, tu ne discutes pas. Est-ce que c'est clair ?
-Oui, monsieur.
-Tu n'as pas le droit d'arrêter ma musique par ce que ça te chante !
-Mais moi, fit une voix féminine dans son dos, J'ai le droit.
Le génie resta un instant en suspend, incertain. Est-ce qu'une femme était bien derrière lui, ou bien hallucinait-il ? Les deux réponses étaient possibles, bien que la seconde lui aurait parut plus vraisemblable. Sentant deux bras le prendre par les épaules, il comprit que c'était pourtant la première option qui était à retenir. Inspirant doucement l'air autour de lui, il en put ignorer le parfum à la fois doux et tendre de la jeune femme. Aussitôt, il sentit son cerveau ralentir.
Comme frappé par un événement divin, un miracle notable survenu par hasard, il se laissa aller dans ces bras si doux, et ferma les yeux. Les chiffres dansaient toujours derrière ses paupières, mais sa simple présence semblait les repousser. Il espéra que, bientôt, ils ne seraient plus qu'un mauvais souvenir.
-Bonsoir quand même, le salua elle.
-Hum… Bonsoir.
-La journée a été bonne ?
-Abominable.
-Encore cet assembleur moléculaire de poche ?
-Oui.
-Tu sais que ce n'est pas en te tuant à la tâche que tu vas réussir.
-Je sais.
-Et tu t'en fiches complétement, n'est ce pas ?
-Ça fait plaisir de voir que tu me connais à ce point.
Il l'entendit rire, avant qu'elle ne pose un baiser sur sa joue. Soudain, son problème d'équation sembla s'éloigner de quelques mètres, permettant à son esprit de respirer plus librement. Il réalisa seulement qu'elle avait raison fourbu et tendu comme il était, il était totalement impossible qu'il trouva la solution.
-Il faut que tu te changes les idées, déclara elle faisant courir ses doigts sur sa nuque.
-Hum, peut être que je le ferai… demain, ou après demain. Ça dépendra de comment avancera mon pro…
-Stop !
Elle avait posé un doigt sur ses lèvres, ce qui l'amusa plus qu'autre chose. Il la sentit passer son bras sur le réacteur, et le presser contre elle avec douceur. Il réalisa qu'il ne l'avait toujours pas regardé. Si il le faisait, peut être que ses soucis d'équation s'envoleraient. Ou peut être pas, mais il aurait tout essayer.
Elle reprit :
-Je déteste te voir dans un état pareil ! A un mois de Noël, c'est presque indécent.
-Noël… A oui…
-Tu avais oublié, hein ?
Oublier était un doux euphémisme. Il avait plutôt complétement érasé l'information, rangeant dans un coin de sa tête que quelque part, sur cette planète, cette fête existait encore. Depuis la mort de ses parents, il ne l'avait plus jamais aimé.
-Complétement, avoua il.
-Bon, ça prouve ce que je pensais.
-Je ne vois pas en quoi.
-Tu es à bout de nerf, Tony. Alors sois gentil et, pour une fois, écoute ce que je te dis. Tu as de la chance, je suis plutôt de bonne humeur ce soir, donc je suis disposé à te faire couler un bain.
-C'est gentil, mais j'ai du travail.
-Je peux venir avec toi dans la baignoire, bien sure.
A cette simple idée, le génie leva les yeux. Il trouva le visage harmonieux de Pepper, magnifique, lumineux, ses yeux luisant tel des étoiles. Ses cheveux roux étaient ramenés en une queue de cheval au sommet de son crâne, et elle avait mit un rouge un lèvre un peu trop voyant. Son corps magnifique était emprisonné dans un ensemble noir, et il se fit la réflexion qu'elle pourrait mettre des couleurs, de temps à autre. Il savait d'expérience que le bleu lui allait à merveille.
Mais peu importait. Laissant s'envoler les différentes pensées accompagnant sa proposition, il murmura :
-Je suis désolé, mais je ne peux pas quitter l'Atelier avant d'avoir fini. Question de principe.
-Les principes… Les principes ! Comme si tu en avais quoi que ce soit à faire, des principes ! Allez, abandonne ta mécanique au moins ce soir. Je t'assure que, d'ici demain, elle ne se sera pas envolée.
-Qu'est ce que tu en sais ?
Poussant un soupir, la jeune femme dénoua ses cheveux, les laissant tomber sur ses épaules avec une grâce certaine. Avec un sourire, elle posa un léger baiser sur ses lèvres. Cela lui fit l'effet d'une douche fraiche durant un été caniculaire, et les chiffres s'éloignèrent un peu plus de sa tête.
-Ne me force pas à te supplier, l'implora elle ironiquement.
-Il faut vraiment que je travail.
-Tony, lâche ces feuilles.
-Non.
-J'ai dis : lâche ces feuilles.
-Et moi je te dis que non.
-Ne me force pas à employer les grands moyens.
-Mais… De quoi tu parles ?
Au lieu de répondre, la jeune femme passa ses mains sur son ventre, et se mit à le chatouiller sans états d'âmes. L'homme, hilare, s'exclamait de grands « Arrêtes ! » sans qu'elle n'en fasse rien, et il ne s'étonna pas de basculer de sa chaise, pour atterrir sur le dos.
Pepper, loin d'en avoir fini, se jeta sur lui, et le chatouilla à nouveau. Le génie avait beau supplié qu'elle cesse, rien ne semblait pouvoir la calmer. Vaincue, il implora :
-C'est bon, tu as gagné ! Je n'en peux plus !
-Tu vois, fit la rousse. Tu as besoin de te détendre.
-Pepper, je ne peux pas quitter l'Atelier.
Il remarqua qu'elle avait retiré ses chaussures, et que sa veste de blaser gisait à quelques mètres de là, flaque noire près du rouge des armures. Un sourire ornait ses lèvres lorsqu'elle passa une main sur son visage. Elle se pencha en avant, et déposa un nouveau baiser sur ses lèvres, avant de faire la moue.
Elle sembla réfléchir un instant, avant de poser un nouveau baiser sur ses lèvres, et d'avouer :
-Tu n'es pas obligé de quitter l'Atelier.
-Comment ça ?
Il ne mit qu'un instant à comprendre. Posant ses mains sur ses hanches, un sourire orna ses lèvres. Elle glissa ses mains sous son tee-shirt, et le lui retira, alors qu'il passait ses mains sous son chemisier. Il la sentit frémir lorsqu'il déboutonna son chemisier, avec une seule main. Elle se repencha sur son visage, et retrouva sa bouche, avant de passer ses mains dans son dos, et de le laisser la retourner.
Il mit un moment à lui retirer sa jupe, gêner par la fermeture éclair. Elle nota de ne pas en mettre, la prochaine fois qu'elle descendrait dans l'Atelier. La musique ne s'était pas tout à fait tut, mais aucun ne s'en rendit compte. Les nerfs à fleurs de peau, unis dans une étreinte brulante, qui ne leur laissa même pas le loisir de réaliser que la nuit tombait.
Tony posa un baiser sur le front de Pepper qui, endormie dans ses bras, respirait doucement. Il aimait beaucoup la regarder, lorsqu'elle dormait. Ainsi, si paisible, si belle, il lui semblait qu'il existait encore quelque chose de bon sur ses planète. Un petit sourire ornait ses lèvres. Attrapant son tee-shirt qui se trouait non loin, il en fit une boule, la posa au sol puis y appliqua la tête de la jeune femme.
Il remonta sur son corps nu la couverture qu'il avait tirée sur eux –qui provenait d'un canapé qu'il utilisait parfois lors de ses siestes-, et enfila son pantalon. Sans qu'il puisse expliquer pourquoi, ni comment, le brouhaha incessant de son cerveau s'était tu. Les chiffres n'y dansaient plus, les formules n'étaient que de vague souvenirs grimaçant telles des monstres antiques, et il ne restait plus du tohubohu qu'un chaos calme, de ces instants où, après la tempête, l'océan reprend son souffle.
Et elle était là. Attrayante, charmante, et d'une simplicité peu commune. Il l'avait cherché pendant des heures, des jours, et des instants éternels, où il avait crut perdre la tête. Finalement, c'était elle qui était venu à lui. La formule, ou Pepper, c'était à voir.
Se levant, il marcha jusqu'à son bureau, où il saisit une feuille de papier et un crayon, il mit exactement trente seconde à y jeter une suite de chiffre, avant de la contempler, souriant. Il avait réussi. Et c'était grâce à elle. Pepper, cette fois. Il se leva, et marcha jusqu'à elle avec autant de bruit qu'une ombre. Pour rien au monde il ne l'aurait réveillé.
Se baissant jusqu'à terre, il l'enroula dans la couverture, avant de la saisir entre ses bras, et de la contempler, un sourire aux lèvres. Il remarquait encore, comme toutes ces fois où il la voyait, qu'elle était parfaite. Ses trais étaient fins, sa peau douce, son odeur unique, et même si il lui arrivait de la haïr lorsqu'ils se disputaient, il savait que c'était pour mieux l'aimer ensuite. Depuis un moment, il avait réaliser être jaloux. Jaloux que la chose la plus exceptionnelle au monde ne soit pas une de ses inventions.
Posant un baiser sur son front, il s'en fut vers l'escalier, refusant qu'elle passe la nuit à même le sol.
