"Et je gagne quoi déjà ?
- Le droit de te moquer de moi jusqu'à la fin de ta vie.
- Je t'avoue que c'est terriblement tentant. Mais Malefoy, plus sérieusement, on est collègues depuis dix ans maintenant, comment veux-tu que qui que ce soit avale ça
- Je suis près à me mettre à genoux là. On se débrouillera bien non ?"

Harry soupira. Sa relation avec Malefoy s'était bien améliorée depuis Poudlard. Maintenant tous deux aurors, ils s'entendaient suffisamment pour faire de courtes missions ensemble.

Mais ce que Malefoy lui demandait semblait inconcevable.

"Combien de temps ?
- Une, deux semaines maximum. Juste le temps qu'elle y croit, qu'elle me lâche et qu'on fasse semblant de se séparer.
- Et pourquoi moi?
- Parce que j'ai, éventuellement, dit à Pansy que c'était toi, grimaça Malefoy.
- Pardon ?"

Harry s'étouffa. Après quelques secondes, il réussit à récupérer sa respiration normale.

"Crois-moi j'aurais dit n'importe qui d'autre si tu n'étais pas la seul personne qui me parlait sur cette terre à part Pansy et Blaise.

- Et pourquoi pas Blaise alors ?
- Pansy et Blaise se retrouvent tous les weekends pour parler pendant des heures, ce ne serait pas crédible du tout.
- Mais avec moi oui ?
- Oui. Bien plus. Tout le monde sait que tu es bi, tu n'as pas eu de copain ni de copine depuis une éternité, tu es la seule personne avec qui je passe suffisamment de temps pour que quelque chose se passe. Tu étais mon choix le plus viable.
- Mais bon t'as pas beaucoup réfléchi non plus.
- J'ai pas trop eu le temps de réfléchir surtout. Alors ?
- Laisse moi un peu de temps. Il faut que je réfléchisse. Tu t'es mis dans la merde tout seul Malefoy, je suis pas sûr de voir pourquoi je m'y roulerais volontairement avec toi.
- Pour un ami ?"

Harry leva les yeux au ciel sans un mot. "Ami" était un mot un peu fort pour décrire leur relation. Le brun aurait plutôt dit quelque chose du genre "On se supporte mutuellement". Mais oui, il était vrai qu'ils ne se détestaient plus comme avant. Le temps efface les ardoises de comptes.

Drago finit par serrer la main de Harry et lui demanda d'y penser sérieusement. Harry lui promit, à demi mot. Harry se retrouva ainsi seul dans son bureau d'auror.

Il ramassa quelques papiers qui trainaient et se lança dans son rangement du vendredi soir. Cette habitude prise depuis ses années de formation lui avait de nombreuses fois permis de ne pas perdre la raison. La quantité de paperasse dans ce métier était aussi impressionnante qu'accablante pour l'homme de terrain qu'était Harry. Il se mit à classer en repensant à la proposition de Malefoy.

Harry devait faire semblant d'être en couple avec le blond durant deux semaines : rien de personnel, juste une ou deux apparences publiques, peut-être un baiser devant Pansy, deux trois remarques niaises. Tout ça parce que Malefoy était incapable de dire à sa meilleure amie que OUI il était célibataire et que NON il n'était pas un homme désespéré et déprimant. Pourquoi avait-il à embarquer Harry là dedans ?

Drago se débrouillerait seul et il le saurait à le première heure lundi ! Harry claqua le tiroir de son bureau avec une toute nouvelle détermination et attrapa sa cape sur le porte manteau. Après l'avoir jeté sur ses épaules, il ferma sa porte d'un coup de baguette.

"Bonjour Monsieur Potter.
- Bonjour Mathilda"

Mathilda était une mère de famille bedonnante, pleine d'entrain mais aussi la plus grande commère que le monde sorcier avait pu connaître.

"Vous avez vu monsieur Malefoy aujourd'hui ?

- Oui effectivement.
- Vous avez une mission de prévu c'est ça ? Oh comme j'aimerais avoir votre métier Monsieur Potter ! Cela doit être tellement compliqué et dangereux… Je ne sais pas ce que le monde magique ferait sans vous. Ah ça oui ! J'en ai parlé à Madame Jones, vous savez, la secrétaire du service des créatures magiques ? Et bien elle est d'accord avec moi. Surtout n'arrêtez pas ce que vous faîtes.
- Ce n'était pas prévu, s'amusa Harry.
- Je ne vous retiens pas plus longtemps ! Bonne journée Monsieur Potter.
- A vous aussi."

Harry rit doucement quand la femme s'éloigna enfin. Malgré les apparences, cette scène avait lieu tous les jours, comme si Mathilda l'attendait devant sa porte. Chaque jour, elle avait une question, chaque jour elle le remerciait de faire son métier et elle parlait de madame Jones, précisant à chaque fois son métier.

Harry franchit les couloirs jusqu'à atteindre l'ascenseur. Là, il croisa ladite Madame Jones, occurence journalière. Son discours ressemblait à celui de Mathilda. Merci de faire votre travail, Mathilda est d'accord.

Aillant enfin réussi à s'échapper et à mettre un pied hors du ministère, il transplana.

Il arriva immédiatement au bar où l'attendait Ron, Dean et Seamus.

Il ne se souvenait plus exactement comment cette sortie était devenue hebdomadaire mais cette tradition devait avoir trois ans maintenant. Tous les vendredi soir ils buvaient un verre dans une rue moldue, racontaient leur semaine, parlaient de Quidditch et du bon vieux temps.

Il les repéra rapidement et enleva son vêtement, avant de s'écrouler sur la banquette du bar irlandais.

"Ah bah c'est pas trop tôt ! On a commencé sans toi. Reprocha Ron.
- C'est juste …"

Harry se reprit à temps, "C'est juste Malefoy" n'était pas la chose à dire durant ces soirées. Ron n'arrivait pas à se départir de son agacement envers l'ancien Serpentard. Il allait partir sur un monologue d'une heure à propos du dégoût que lui inspirait l'homme.

"C'était juste Mathilda..
- Encore ! Mais elle te lâche pas celle là ! Rit Dean.
- Je sais pas comment m'en débarrasser, mentit Harry qui aurait simplement pu lui dire d'arrêter de lui parler. C'est une sangsue !
- Ha la la, ta gentillesse de perdra mec, se moqua Ron. "

La remarque lança un petit rire général. Ron poussa vers Harry la bière qu'il avait commandé pour lui. Le roux s'adressa à Dean et Seamus :

"Et sinon les gars, il me semble que vous réserviez quelque chose à nous dire pour ce soir ? Ça fait une semaine que j'attends, alors ça a intérêt de valoir le coup.
- Oui, en fait, vas-y Seamus, se désista Dean.
- Ben…
- Vous allez vous mariez ! Le coupa Harry. J'suis sûr que c'est ça.
- Non ! S'exclama Seamus. On vous a déjà dit cent fois qu'on veut pas de mariage.
- Laisse un pauvre célibataire espérer, soupira Harry pour rigoler.
- Harry, chut, je veux savoir.
- On va adopter une petite fille ! Lança finalement Dean."

L'annonce déclencha un vif mouvement d'allégresse. Les hommes trinquèrent pour la nouvelle famille, heureux d'être présent. La petite arriverait à la maison dans deux semaines. Elle s'appelait Mona.

"Et sinon toi Harry, tu amènes quelqu'un au mariage de Ginny ? Demanda Dean quand le calme était enfin revenu.
- Non, terriblement et définitivement célibataire, ironisa-t-il.
- Harrryyyy… grogna Ron.
- Quoi ? Depuis quand es-tu si déçu par ma vie sentimentale ? C'est pas différent de d'habitude pourtant.
- En fait .. J'ai parié vingts gallions avec les frères que tu ramènerais quelqu'un.
- Vingts gallions ? Mais t'es débile, se moqua Dean. Tu sais pertinemment qu'il est célibataire. Tu voulais juste perdre une fortune ?
- Je vois que ça, renchérit le quatrième homme.
- Je l'ai fait il y a sept mois ce pari, je pensais que ça évoluerait d'ici là ! T'es sûr que t'as personne en vue ?
- Personne, insista Harry. Je peux pas croire que t'as parié de l'argent là dessus.
- Et même si je te passe cinq gallions sur les vingts tu as personne ?"

Harry pensa à Malefoy puis à Ginny. Il avait promis de réfléchir à la proposition du premier. Il n'avait pas spécialement envie d'aller au mariage de son ex-copine en étant célibataire. Peut-être pouvait-il faire d'une pierre deux coup. Enfin d'une pierre trois coup s'il pouvait gagner des gallions.

"Pour dix gallions j'ai quelqu'un."

Dean siffla. Seamus tapa sur la table en bois, hilare de la tournure que prenait la discussion.

"Mais tu es déjà hyper riche Harry ! C'est pas juste.
- Je vais devoir me coltiner quelqu'un pendant une soirée pour toi je pense que c'est plus que mérité. Alors, adjugé ?"

Ron serra la main tendue d'Harry, murmurant un "adjugé".

"Tu penses à quelqu'un Harry ? Demanda Dean.
- Oui, mais ce sera une surprise. Par contre il faudra dire à personne que c'est pour de faux. Sinon pas de gallions.
- Oui monsieur !
- Très drôle.
- Et c'est qui ? Le relança Dean.
- Ah ça c'est une surprise, sourit Harry"

Harry ne tenait pas beaucoup à dire que c'était Malefoy. Le choc serait suffisamment grand au mariage et il n'avait pas envie de gâcher la bonne ambiance en parlant de l'ancien prince des Serpentard.

"Ok, j'ai hâte d'être dimanche prochain pour voir qui c'est."

" J'y ai réfléchi Malefoy et du coup je suis d'accord je veux bien faire ça.
- Tu veux bien faire quoi ? Demanda Malefoy, comme déstabilisé.
- A ton avis ? Prétendre être ton copain pour Parkinson. Mais par contre j'ai besoin d'un service en retour.
- C'était trop beau, railla le blond.
- Ha mais si tu veux je te rends pas service et tu te débrouilles, dit Harry en espérant que le Serpentard ne se désiste pas vraiment.
- Je retire ce que je viens de dire, s'excusa Malefoy à demi-mot. Qu'est ce que tu veux en échange ?
- Ginny se marie samedi.
- Et ? Je fais pas le service Potter, dit Malefoy en levant un sourcil.
- Hilarant, j'ai besoin de quelqu'un pour m'accompagner.
- Trop honte d'être célibataire au mariage de son ex ? C'est mignon, sourit Malefoy.
- Moque toi ! Mais c'est exactement ça. J'ai pas envie savoir l'air pathétique. Alors tu acceptes ?
- Marché conclu."

Harry soupira. Une bonne chose de faite.

"J'ai un repas dimanche soir avec Mère et Pansy. Tu y sera ?
- J'imagine oui.
- Formidable, alors rendez-vous à dix-sept heures pour aller t'acheter un costume.
- C'est quoi ça Malefoy ? J'ai déjà des costumes.
- J'ai déjà vu toutes tes robes de soirées et crois-moi, rien ne conviendra. Le noir, il est beaucoup trop simple. Le bleu nuit est trop classique et le gris fait homme de quarante ans.
- J'hésite entre être vexé et surpris que tu connaisses toutes mes affaires. De toute façon il me faut un costume pour le mariage.
- Tu vas pas mettre le même deux jours de suite ?
- Et pourquoi pas ?"

Harry se passa la main sur le visage, caressant sa barbe de trois jours : la semaine allait être longue.

"Je t'excuse cette question et on va acheter deux costumes ce soir.
- Tu me payes le second si tu veux que j'en ai un autre. J'ai pas que ça à faire de dépenser de l'argent pour te faire plaisir, grogna Harry.
- Evidemment je te le paye. Je te force à venir, je suis pas un connard non plus.
- Bizarrement j'en doutais."

Drago ne prit pas la peine de relever et s'en alla en le saluant brièvement. Harry s'affala à la chaise de son bureau. La paperasse n'allait pas se faire seule.

Deux heures plus tard, Harry avait presque réussi à oublier Malefoy quand ce dernier frappa à la porte de son bureau.

"Tu ne peux plus te passer de moi décidément, se moqua Harry.
- Quel humour ! On a une mission, tu viens ?
- J'arrive."

Harry se leva, ferma sur ce que il travaillait puis releva la tête en arrivant au niveau de Malefoy qui lui tendait sa cape. Harry le remercia d'un hochement de tête et les deux hommes marchèrent sans un mot. Ils arrivèrent rapidement au bureau du chef des aurors.

"Harry, Drago ! Je suis content de vous voir. On a eu une agression au Manoir Greyhound. Il me semble que vous connaissez les lieux Drago, vous guiderez donc Harry là bas et vous l'aiderez bien évidemment. Je veux un rapport complet."

Harry hocha la tête en même temps que son collègue.

Ils ne leur suffirent que de quelques minutes pour se rendre sur place.

"Ce sont des amis de la famille" se contenta de répondre Malefoy quand Harry lui demanda comment il connaissait les Greyhound. Ils transplanèrent directement devant la porte du manoir : autorisation exceptionnelle de monsieur.

La porte s'ouvrit presque immédiatement :

"Ah Monsieur Malefoy! Je suis content de vous voir, c'est terrible, terrible ce qu'il se passe. La pauvresse, elle devient folle. Rentrez, rentrez !"

Harry fut surpris d'être ignorer de la sorte, bien que pas mécontent que l'attention ne soit pas une fois de plus portée sur lui. Il passa la porte après Malefoy, essuyant comme le premier ses pieds sur le paillasson. Harry n'était plus surpris devant le faste de ces maisons de riches sorciers mais toujours énervé qu'on puisse investir tant d'argent dans d'inutiles parures d'or. Il ne fit cependant aucun commentaire, laissant Malefoy faire.

Cela lui était dure à admettre mais Drago gérait bien mieux la haute société qu'Harry pouvait le faire.

"Bonjour Monsieur Greyhound, comment allez vous ? Nous avons été envoyé ici sans aucune information, pouvez-vous nous éclairer sur les faits ?
- Ma domestique a appelé le bureau des aurors. Elle est persuadée qu'elle est mal traitée ici. Je ne comprends pas ! C'était une si bonne domestique. La meilleure que j'ai eu depuis que les elfes ont été interdits dans nos maisons. Obéissante, silencieuse, parfaite pour ce travail. Je ne comprends vraiment pas, dit Mr Greyhound avec un ton si plein de condescendance que Harry en aurait vomit.
- Je vous entends. S'est-il déroulé quelque événement différent de l'ordinaire ? Demanda Malefoy, très professionnel.
- Non, bien entendu, c'est ce pour quoi j'ai peur que l'enfant ait perdu la raison.
- Que faisiez vous avant que la jeune femme appelle le bureau ?
- Rien de bien différent de d'habitude, croyez-moi, insista l'homme, de ce même ton si insupportable."

Si Harry avait été seul, il aurait demandé à voir immédiatement la victime. Mais apparemment, dans ces milieux, on ne parlait pas aux domestiques avant le maître de maison : Harry l'avait appris à ses dépends. (Il avait été jeté dehors à coups de sortilèges).

Il patienta alors bien silencieusement, le temps que Drago négocie pour voir la domestique.

"Agit-elle différemment depuis longtemps ou est-ce juste récent ?
- Je l'ignore, je pensais que tout allait bien. Mais maintenant que vous poser la question, il est vrai qu'elle était assez peu concentrée ces derniers jours, j'ai du la reprendre plusieurs fois sur du travail mal fait."

Harry avait aussi appris ce que cela voulait dire. La servante était certainement battue et maintenue au silence au bon vouloir du maître de maison. L'auror sentit le sang bouillir dans ses veines. Comment, dans ce monde civilisé, cela pouvait-il encore arriver ? Il garda son calme. Malefoy savait ce qu'il faisait.

"Je suis persuadé que vous l'avez fait comme vous pensiez qu'il était bon de le faire. Est -elle restée après avoir appelé le bureau des aurors ?
- Et bien oui, elle refuse de sortir de la salle de bain bleue. J'ai bien essayé de lui faire entendre raison mais elle crie sans cesse dès que je m'approche ; c'est insupportable. J'espérais que vous réussissiez à lui rendre raison.
- Puis-je envoyer mon collègue ?
- Je ne le connais pas, mentit le maître de maison, après tout qui ne connaissait pas Harry. Je préfère que vous y alliez avec lui. Je serais entrain de prendre un verre au petit salon.
- Bien. Mr Potter suivez moi."

Quand les hommes s'éloignèrent suffisamment pour ne pas être à distance d'écoute, Harry demanda :

"Il ne risque pas de s'enfuir ?
- Il me fait bien trop confiance pour ça. J'ai un peu peur de l'état dans lequel on va la retrouver.
- Toi aussi tu penses qu'elle n'a pas perdu la raison ?
- Greyhound est un homme violent, un père tyrannique et un mari intransigeant. Il pense que je ne vais rien dire, que j'ai eu l'habitude de tels traitements. Mais je sais qu'elle est probablement entrain de trembler de peur là haut.
- La pauvre, soupira Harry en montant les marches.

- Comment a-t-elle pu se retrouver obligée à faire le ménage pour un tel homme ?"

Ils montèrent les marches sans un mot et ne reprirent leur discussion que devant la salle de bain.

"Elle a sûrement besoin de cet argent. Elle a fait tout ce qu'elle a pu pour rester, supposa Harry.

- A toi de jouer."

Harry respira à fond et toqua doucement à la porte.

"Ne rentrez pas ! Ne rentrez pas ! Vous aviez promis."

La voix était pleine de sanglots, apeurée.

"Je ne suis pas monsieur Greyhound. Je m'appelle Harry, je travaille au bureau des aurors. On m'a dit que vous aviez appelé parce que vous êtes maltraitée.
- Vous .. vous êtes venus ?
- Oui. Je vous assure, je ne vous veux aucun mal.
- Est ce que … vous êtes Harry Potter ?
- Oui."

La porte de la salle de bain s'ouvrit, Harry s'y faufila. La porte se referma derrière lui.

Harry vit une jeune femme à terre, les bras entourant ses jambes. Elle portait un uniforme de bonne, un habit noir et blanc en dentelle, tel un soubrette datant d'il y a quarante ans. Mais ce qui choqua le plus Harry étaient les marques de doigts sur sa peau. Il y en avait partout, quatre empreintes allant du bleu au jaune passant par le violet, témoignant de la fréquences des violences. Elle portait un mouchoir plein de sang dans la main, et son visage rouge témoignait qu'un coup au visage l'avait sûrement fait saigné de la lèvre.

"Comment allez vous ?
- J'ai peur.
- Je vous comprends, Ne craignez rien en ma présence, je ne ferais rien pour vous rendre inconfortable, d'accord ? Quel est votre prénom ?
- Mona."

"Ironie du sort" pensa Harry.

"C'est un très joli prénom.
- Merci. Vous savez, je ne voulais pas vous déranger.
- Vous ne me déranger pas le moins du monde, je suis là pour ça. Est ce que vous saignez encore ? J'ai besoin de savoir si je dois vous emmenez à St Mangouste tout de suite.
- Non ça c'est arrêté. Je ne voulais pas embêter Mr Greyhound. Il m'a donné un travail mais je n'en pouvais plus.
- Il vous frappe souvent ?
- Oh non, assura Mona. Il me prend le bras de temps en temps, parfois il me ramène à l'ordre mais il ne me frappe presque jamais. Ce n'est que la troisième fois. Mais j'ai eu très peur, il a hurlé comme jamais il n'avait hurlé auparavant. Il m'a menacé de mort. Je n'aime pas quand les hommes lèvent la voix sur moi, ça me terrifie.
- Vous savez, ce qu'il vous fait vivre n'est pas normal, vous êtes tout à fait dans votre droit en nous appellant.
- Je vais perdre mon travail n'est ce pas ? Demanda la jeune femme.
- C'est probable, mais nous nous assurerons que vous soyez aidée le temps de retrouvez un travail. Quel âge avez vous ?
- Dix-sept ans."

Harry se retint de crier. Il avait imaginé la jeune femme avoir un peu plus de vingt ans. Dix-sept ans ? Quel genre de monstre pouvait embaucher une adolescente et la traiter comme tel sans le moindre remords ? Elle devait être fraichement sortie de l'école ou peut-être même déscolarisée.

"Mona, ce qui arrive est grave. Mr Greyhound n'a pas le droit de vous employer. Mais surtout, il lui est interdit de vous toucher de la sorte, et ceci par la loi. Vous n'êtes pas en tord.
- Et maintenant qu'est ce qu'il va se passer ?"

Harry s'accroupit à côté de l'enfant, suffisamment loin pour ne pas l'effrayer plus qu'elle ne l'était déjà.

"Je vais devoir vous emmener à Sainte Mangouste. Mais d'abord mon collègue et moi allons arrêter Monsieur Greyhound.
- Mais, il a une femme et des enfants !
- Ne vous inquiétez pas pour eux Mona : nous les aiderons comme nous allons vous aider. Pour l'instant nous devons veiller à votre sécurité. Cela vous va ?
- Oui."

Mona semblait moins crispée, elle avait relâché son mouchoir et elle ne pleurait plus, se contentant de renifler ça et là.

"Je vais vous demander de vous mettre debout. Vous voulez une main ?"

Mona se leva sans l'aide de Harry. Il se retint de hurler une fois de plus face à la courbure inhabituelle du nez de la jeune femme.

Faire ce travail le rendait fou. L'homme en bas des escaliers se sentait tellement dans son bon droit qu'il ne pensait même pas que montrer sa servante pleine de trace de coups le mettrait à mal. Il pensait sûrement éduquer la jeune femme, comme un homme de son âge se doit de le faire.

Harry ouvrit la porte de la salle de bain.

"Je préfère l'accompagner jusqu'à Sainte Mangouste Malefoy, je reviens dans très peu de temps."

A peine eut-il fini de prononcer ces mots qu'il transplana avec l'adolescente. Sainte Mangouste avait été alerté : il eut juste à assurer à la jeune femme qu'on prendrait soin d'elle avant qu'elle ne fut prise en charge par un infirmier.

Il transplana de nouveau dans l'autre sens.

"Tu n'as pas fait ton speech de "moi aussi j'ai été un enfant battu" aujourd'hui ? Sourit Malefoy.
- Contrairement à ce que tu sembles croire, je ne raconte jamais cette histoire de gaieté de coeur. Cette fois ci, elle n'était pas nécessaire. Alors tais-toi et aide moi à arrêter cet enfoiré. La gamine a dix-sept ans.
- Pardon ? (La voix de Malefoy était partie dans les aigus)
- Heureux que je ne sois pas le seul choqué, parce que devant le Greyhound, t'avais pas l'air retourné.
- Tu sais ce que j'en pense Potter, et tu sais que j'agis dans le but des victimes. Alors arrête de me reprocher des trucs qui n'existent pas."

Le deux hommes descendirent les marches vers le petit salon.

"Monsieur Greyhound, en raison de votre apparente violation d'une bonne petite dizaine de lois, nous sommes dans l'obligation de vous amener au bureau des aurors pour un interrogatoire plus complet.
- Allons Monsieur Malefoy, vous plaisantez j'espère. Cette femme a perdu la raison, et j'ai autre chose à faire qu'écouter ses jérémiades.
- Cette jeune femme a dix-sept ans et elle porte plus de bleus et de marques sur le corps que je n'en portais après la bataille finale. Vous allez donc nous suivre sans histoire et répondre de vos actes.
- Il est intolérable que vous veniez m'accusez sous mon propre toit de tel inepties !"

L'homme eut à peine le temps de brandir sa baguette que Harry le désarma et que Malefoy l'immobilisa.

"Il ne me semble pas que c'était une suggestion Monsieur Greyhoud, lâcha Malefoy, sarcastique"

"Il était presque trop facile à arrêter, c'est frustrant," grogna Harry après l'avoir délivré à la station de garde du bureau des aurors.
- C'est un vieux badaud, il n'a jamais rien fait de sa vie. Ça doit être la première fois que quelqu'un lui tient tête.
- Ton monde m'étonnera toujours…
- Ce n'est pas "mon monde". Je ne suis pas et ne serai jamais comme ça, Malefoy répondit avec dédain."

Harry se souvenait de leur première mission ensemble, près de dix ans auparavant. Ils étaient en pleine formation pour le métier d'auror. L'affaire avait été chaotique : ils ne s'écoutaient pas, se hurlaient dessus même, sans parler de l'absence totale de confiance entre les deux hommes. Il y avait de ça dix ans, Malefoy aurait répondu qu'Harry n'avait pas à critiquer "son monde" ; que les choses étaient telles qu'elles étaient. Malefoy d'il y a dix ans n'aurait pas été si répressif face aux actions de cet homme.

Harry attrapa un formulaire sur le bureau.

"Bon, sur ce, j'ai du travail inutile à faire. Salut Malefoy.
- Potter."

Malefoy claqua ses talons et s'en alla sans plus de discours. Harry fit de même après avoir levé les yeux au ciel. Malefoy lui inspirait toujours cette envie.

Harry claqua la porte de son bureau et se mit à travailler. Il avait une bonne dizaine de cas comme celui-ci à devoir commenter. Son retard s'expliquait par la longueur des cas comme celui de la matinée. Mais certain prenait des heures.

A midi il mangea à son bureau. Il ne sortit pas de l'après-midi.

Quand dix-sept heures arriva, il s'attendait à voir Malefoy arriver, mais l'homme semblait avoir du retard, ce qui ne lui ressemblait pas. A dix-sept heures vingt, il finit par envoyer un de ces avions en papier à son collègue.

Harry hésita à partir quand il vit que la réponse continuait à se laisser désirer quelques dix minutes plus tard. Mais il se sentait obliger de rester au cas où une réponse de l'homme arriverait. Il reçut une réponse pas moins de quarante minutes après son premier message.

"Je n'avais pas vu l'heure, nous irons demain."

Harry grogna, dire qu'il était resté pour rien. Il attrapa sa cape sans plus de préambule, dit bonjour à Mathilda, remercia madame Jones, puis transplana au chemin de traverse.

Comme à son habitude, il choisit le magasin de Madame Guipure. Une vendeuse, cousine de la gérante, vint à sa rencontre.

"Monsieur Potter ! Quelle joie de vous voir ! Vous venez pour le mariage j'imagine !
- Oui, comment ?
- Mais tout le monde en parle monsieur Potter ! La jeune Weasley qui se marie avec quelqu'un d'autre que vous. Les rumeurs allaient de bon train lors de votre séparation, mais là, cela dépasse tout entendement. Vous faîtes des heureuses monsieur Potter, les dames pensaient tout espoir perdu car on pensait que vous retournerez avec la jeune Weasley. Mais maintenant, beaucoup sont rassurées. D'autres sont tristes de voir que votre couple n'a pas fleurit.
- Elle se marie avec Neville, je ne peux pas être plus heureux pour elle.
- Allons, allons, ne parlons pas de sujets qui fâchent, coupa Madame Guipure.
- Ils ne me fâchent pas. Je ne suis pas le moins du monde embêté. Ma relation avec Ginny est arrivée et elle est terminée.
- Peu importe, rejeta la vendeuse du revers de la main. Quel type de robe de sorcier cherchez-vous ?
- Moins "classique" , demanda Harry, vexé que la vendeuse puisse penser qu'Harry était accroché à la jeune Weasley."

Si la résolution de l'homme en demandant quelque chose de moins conventionnel était de surprendre Malefoy, il échoua lamentablement. Il quitta le magasin avec un costume sombre au veston rayé.

Harry avait pourtant regardé les propositions de la jeune femme mais tout lui semblait trop osé, sinon dans les couleurs ou dans la coupe.

Il finit par rentrer chez lui, épuiser par la séance et énervé contre Malefoy de l'avoir fait attendre une heure.


Une romance bien clichée en perspective je crois. Je m'étais toujours interdite de tomber dans les clichés habituels de la fanfiction. Mais je me suis dit "tant pis", je vois pas pourquoi ce serait quelque chose de mal ^^

En espérant que ce début vous plaise.

Cordialement,

Moi.