Prologue :

Le chaos. Seul ce mot pouvait résumer l'ampleur du désastre qui régnait aux alentours. Et pourtant, il ne risqua pas un seul regard en arrière – non seulement car la main de son père lui effleurant le dos l'encourageait à poursuivre sa route et car celle de sa mère, moite et tremblante dans la sienne, alimentait la panique déjà considérable qui ne cessait de le tourmenter depuis quelques jours.

Lorsqu'ils furent presque arrivés au portail désormais brinquebalant et dont plusieurs morceaux avaient étés arrachés, un cri de pure haine s'éleva, transperçant l'atmosphère lourde et menaçante comme un couteau et les clouant sur place. Des dizaines d'exclamations suivirent : « Il est vivant ! Harry est vivant ! » puis des chocs sourds, presque simultanément. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : les sortilèges ainsi que le combat avait repris.

« Harry Potter est vivant ! » Tout en reprenant sa marche plus rapidement, ses parents à ses côtés, Drago Malefoy se repassait cette phrase en boucle dans sa tête. Bien sûr que Potter était vivant il n'en avait jamais douté ! Même pas lorsque cet ours nommé Hagrid l'avait exhibé à chacun sous l'ordre de Voldemort, soutenant le corps de l'Elu maladroitement, de grosses larmes tombant sur le visage du « cadavre ». Ses amis, en revanche, avait tout gobés c'était tout à l'honneur de Potter de ne pas avoir clamé haut et fort son futur sacrifice lorsqu'il était encore en vie car il comptait sur le manque de réflexion de ses amis lionceaux afin qu'ils acceptent sa prétendue mort sans penser un seul instant à une mascarade. Quels idiots !

Les bruits lointains de sortilèges lancés résonnaient, déchirant le silence de mort qui s'était installé à mesure que la famille Malefoy s'éloignait du château désormais détruit de Poudlard. Arrivés au-delà de la limite du vaste domaine, Lucius tendit une main réconfortante à sa femme et son fils. Narcissa, dont les yeux rougis par les pleurs et cernés par la fatigue témoignaient des heures éprouvantes qu'elle avait passée à la recherche de son fils durant la bataille, la serra sans hésiter. Il ne restait plus que Drago qui lança un dernier regard mélancolique vers les vestiges du château autrefois si majestueux avant de saisir, à son tour, la main de son géniteur.

Quelques mots prononcés, un tourbillon de couleurs et de formes, et ils arrivèrent en plein centre de Londres.

Personne ne s'étonna des robes et capes noires pourtant peu ordinaires que portaient les trois Malefoy ces derniers temps, les apparitions soudaines et fréquentes d'étranges personnages bizarrement vêtus les laissaient presque indifférents.

Soudain, un cri retentit puis un autre, une dizaine. Chaque personne présente dans le centre de Londres se tourna vers les quelques doigts levés qui montraient, dans le ciel, une gigantesque tête de mort verdâtre dotée d'une langue de serpent qui, en ce moment même, se faisait dévorer par un colossal lion d'argent.

Lucius Malefoy écarquilla les yeux, se tourna vers sa femme et son fils et, d'une voix dénuée d'intonation, déclara :

« Potter a gagné. Le Seigneur des Ténèbres est tombé. »

Drago était abasourdi mais, comme à son habitude, garda une expression neutre. Narcissa contemplait le ciel à l'endroit où la Marque des Ténèbres était apparue pour la dernière fois, un pâle sourire aux lèvres et les yeux embués.

« Enfin tombé. »

De nombreux murmures s'élevaient autour d'eux, mais Drago n'y fit pas attention. Au lieu de ça, il fixait la marque sur son avant-bras gauche qui, lentement mais progressivement, s'estompait jusqu'à finalement disparaître. En tournant la tête, il constata que son père faisait de-même. Alors il ne prononçât qu'un seul mot, celui qu'il désespérait d'entendre ou de simplement en envisager la possibilité depuis que la Marque lui avait été apposée :

« Libre. »