Chapitre 1: L'évasion

La tête appuyée contre la vitre, elle voyait défiler des arbres dans un jour brumeux qui s'installait. Mais son esprit n'était occupé que par des images qui revenaient sans cesse comme les vagues qui creusent inlassablement la falaise jusqu'à sa chute.

La voix du chauffeur retentit à travers un haut-parleur grésillant, « Mesdames et Messieurs voici la Caroline du Nord. Go, Panthers, Go. »

Une voix du fond du bus lui répondit, « Les Falcons vous entuberont toujours »

Carter s'enfonça dans son siège. La nausée était toujours là. Elle ne disparaîtra peut-être jamais.

Il y a des décisions que l'on prend et qui vous brûlent. Surtout celles qui s'imposent à vous, que vous prenez sans réfléchir car vous ne pouvez pas y échapper. Elles vous déchirent et pourtant elles sont la seule issue.

Elle serre son sac à dos contre elle. Finalement, elle l'aura utilisé, ce sac. Elle l'avait rangé au fond du placard de sa chambre comme on enfouit un mauvais souvenir dans sa mémoire. Elle l'a ressorti et rapidement mit quelques affaires, plus pour se rassurer que par besoins. Elle n'avait plus de besoins. Elle voulait surtout partir vite et loin. Elle ne pouvait plus respirer, partir c'était comme remonter à la surface de l'eau. Il lui fallait retrouver de l'air libre.

La lettre qu'elle avait laissée sur la table de la cuisine, elle l'avait griffonnée, juste pour qu'ils aient un signe, pour ne pas qu'ils croient qu'elle était partie pour toujours. Elle espérait qu'ils comprendraient que rester c'était mourir.

La nuit qui la prenait, qui l'emportait, devenait une amie. Surtout ne pas se retourner. « Un ticket, s'il vous plait, le premier bus, la plus grande ville possible. » Elle rajouta doucement, « pour se perdre. »

Les heures s'égrènent. De toute façon, le temps n'a plus d'importance. Elle aurait voulu dormir, se perdre dans l'inconscient mais elle avait peur. Peur de revivre cette salle de tribunal d'où il lui semblait qu'elle n'était toujours pas sortie. Peur du regard de Lori qui s'imposait. Peur de ses sentiments confus pour ce garçon qui disait être son frère. Peur de voir sa famille à nouveau détruite par la douleur, à cause d'elle. Car tout, tout était arrivé parce qu'elle existait. Disparaître. Sans elle, plus de procès, plus de folie malsaine. Peut-être avec le temps un équilibre reviendra et elle pourra reprendre sa vie.

Le haut-parleur grésilla à nouveau, « Charlotte, gare routière. Dernier arrêt avant le terminus. Profitez-en pour vous dégourdir les jambes.»

Elle n'avait pas envie de sortir. Elle n'avait envie de rien. Elle s'assura que la puce de son téléphone était toujours dans sa poche. Un léger sourire étira ses lèvres, « ça sert d'avoir une mère flic. » Ça donne des réflexes. Elle savait que la première réaction d'Elisabeth serait d'essayer de la localiser. Elle avait déjà tenté de le faire lors de sa fuite avec Crash. Donc exit la puce de son phone.

Non ! Ne pas penser à Crash, ne penser à personne. Des larmes lui montèrent aux yeux.

La vieille dame se leva de son siège de l'autre côté du couloir. Carter ne l'avait pas remarquée depuis le départ. Mais avait-elle remarqué quelque chose depuis ces dernières douze heures ?

Elle n'était pas très grande avec des cheveux blancs bien rangés dans un chignon impeccable. Elle essayait d'attraper une valise située dans un compartiment au-dessus d'elle mais visiblement elle n'y arrivait pas.

Elle jeta un regard dans le bus. Carter spontanément se mit debout, « attendez, je vais vous aider.»

« Merci, vous êtes très gentille, mademoiselle. » Son sourire était léger et frais comme celui d'une jeune fille que pourtant elle n'était plus. Carter ne put s'empêcher de lui répondre par un autre, certainement plus crispé.

Elle s'empara de la valise. Celle-ci était petite mais pas aussi légère qu'elle le pensait. Elle plia sous le poids. Elle arriva malgré tout à la poser sur le fauteuil.

« Excusez-moi, j'aurais dû vous dire qu'elle était un peu lourde.»

« Ce n'est pas grave. C'est avec plaisir. »

Carter retourna sur son siège, prête à replonger dans ses pensées.

La petite dame la regarda, « Vous ne sortez pas ? Vous savez, après il n'y a plus d'arrêt jusqu'à Atlanta.»

Carter se sentit obligée de lui répondre toujours avec le sourire. « Non, je ne me sens pas très bien. Je préfère rester à l'intérieur. »

La petite dame n'insistât pas et ouvrit sa valise. Carter plus par réflexe que par curiosité y jeta un œil. Elle vit qu'elle était remplit de bibelot, de papier mais également de photos.

La petite dame fouilla à l'intérieur, prit une enveloppe et referma la valise.

« Voulez-vous que je la remette à sa place ?» Carter se dit qu'elle ne se referait pas, sa bonté avait encore parlé.

« Je ne veux pas vous déranger, je peux demander au chauffeur. »

« Ce n'est pas la peine, je vais le faire. » Elle souleva la valise et en tendant fermement ses muscles elle arriva à la remettre dans son casier.

Elle allait s'asseoir quand elle entendit une voix légère lui dire, « vous ne devriez pas. »

Elle se retourna, « Pardon, je ne devrais pas quoi ? »

La petite dame était devant elle, « Rester seule comme cela. Venez avec moi, je vous offre un café pour vous remercier. »

« Non, vous n'avez pas à le faire, c'est ok. »

« S'il vous plait, j'ai besoin ... » elle hésita, « besoin d'être avec quelqu'un. »

Carter allait refuser à nouveau mais elle sentit un regard chaleureux l'envelopper. Après tout parler lui permettrait de penser, peut-être, à autre chose.

« Merci, j'accepte.»

Carter lui proposa sa main pour l'aider à descendre les marches du bus. Mais la petite dame sauta au sol avec une agilité qui la surprit. Elle dut s'en apercevoir car elle se mit à rire.

« Je ne suis pas encore totalement rouillée pour mes 77 ans. Allez donnez-moi votre bras quand même.»

Carter détailla ses vêtements, elle était entièrement vêtue de blanc.

Elles entrèrent dans le « diner » et prirent la première table près d'une fenêtre juste derrière la porte battante.

Les banquettes avaient cette couleur rouge sombre un peu passée par le nombre de fesses qu'elles avaient supporté. Finement craquelées, certaines laissaient voir la mousse qui les garnissait.

Les tables en formica racontaient l'histoire de milliers de repas partagés. Les cigarettes négligemment posées, avaient noirci par petites touches le beige du revêtement qui faisait si classe quand il était neuf. Les coups de couteaux et de fourchettes avaient formé des cicatrices sur ce plateau qui avait trop vécu.

Carter, assise, tête baissée, se dit que même si elle était plus jeune que toutes ces tables, à 17 ans elle leur ressemblait. Elle était tout autant cabossée, meurtrie, à la différence que ses cicatrices continuaient à saigner.

Elle sentit à nouveau que la petite dame la regardait. Elle leva la tête, elle avait toujours son expression chaleureuse.

La serveuse arriva. Sous son sourire et son maquillage un peu trop accentué, la fatigue était bien là.

Elle tenait une cafetière fumante à la main.

La petite dame fit un geste de refus, « Je préfèrerai un thé », elle s'adressa à Carter « et vous, jeune fille ? »

« Heu, oui, moi aussi, un thé, merci. »

« Et bien deux thés alors. »

« Voulez-vous manger quelque chose ? Nous avons une tarte aux pommes faite maison toute chaude.» La serveuse rajouta très vite, « vous avez le temps le bus ne repart pas tout de suite.»

« Pourquoi pas, donnez-nous deux parts. »

Carter réagit, « non, merci, je n'ai pas faim. Un thé sera suffisant.»

« Laissez-vous faire. Croyez-moi, il y a des moments dans la vie où il faut se laisser faire. » Elle lui tapota la main

Elle fit un mouvement de tête vers la serveuse pour confirmer la commande.

« Et si vous avez un peu de crème, pouvez-vous en mettre à côté ? Merci.»

La serveuse acquiesça et repartie.

« Je suis gourmande, » dit-elle avec un petit rire. « Bien, il est temps de se présenter, je m'appelle Barbara Scot.»

Elle lui tendit une main ferme que Carter saisit un peu hésitante.

« Heu, enchantée, Carter, Carter Wilson. » Elle se mordit les lèvres immédiatement. Pour une fugitive, elle n'était pas douée.

« Et bien, Carter qu'est qui t'amène à Atlanta ? »

« Le travail, je vais travailler. » Pourquoi diable avait-elle accepté de l'accompagner?

« Le travail ! Tu as raison, c'est une grande ville. Il y a certainement beaucoup d'opportunités pour une jeune femme intelligente qui a de l'ambition. » Son regard devint perçant.

« Oui, je crois. » Carter était gênée. Les personnes âgées veulent toujours tout savoir, exactement comme sa grand-mère.

La serveuse déposa une grande théière, deux tasses et deux assiettes où deux parts de tarte côtoyaient deux nuages de crème sucrées.

Tout en servant le thé, Barbara lui dit, « Mange Carter, n'hésite pas. Je t'assure que les gâteaux ont un pouvoir divin. »

Carter du bout de la cuillère pris un petit morceaux de tarte et le porta à sa bouche. Elle croyait qu'elle ne pourrait jamais plus avaler quoi que ce soit.

La tarte était chaude et fondante. Après avoir prit la première bouchée, elle s'aperçut que sa gorge n'était pas totalement obstruée par son angoisse. Elle essaya de se détendre et se laissa aller à prendre une deuxième cuillère.

« Dis-moi Carter, tu as de la famille à Atlanta ? »

« Toujours des questions », pensa Carter, elle m'agace.

Barbara vit que la jeune fille s'énervait, cela lui confirma ce qu'elle pensait.

« Excuse-moi, je suis une incorrigible bavarde. Je ne voulais pas t'ennuyer. »

Carter s'aperçut alors, que Barbara avait un visage très doux. Elle se dit pour elle-même qu'elle devait être très jolie jeune. Elle l'était encore.

« Non, ce n'est rien. Je suis un peu fatiguée, c'est tout.»

Elles finirent leur tarte en silence. Carter remarqua les yeux malicieux et scrutateurs qui parfois se posaient sur elle.

Les yeux ! Elle se perdit vers une maison où elle imaginait d'autres yeux qui, inquiets certainement, la cherchaient en ce moment même.

Elle sursauta, une voix hurlait dans son oreille. Elle commença à paniquer. Une main se posa sur la sienne. « Ce n'est rien, ne t'inquiète pas.» Elle se mit enfin à pleurer. Elle aurait voulu crier mais aucun son ne put sortir. Sa bouche se tordit. Elle se sentait si seule, si désemparée.

Barbara s'assit près de cette enfant qu'elle savait désespérée. Elle la prit dans ses bras.

« Pleure, n'hésite pas, fais sortir ta douleur. Exprime-la. Cela ira mieux après. Je suis là, ma puce. »

Carter s'abandonna dans cette chaleur dont elle avait tant besoin.

Les mains de Barbara caressaient le dos de Carter comme on le fait pour rassurer une enfant. Une enfant que Carter était encore malgré toutes ses épreuves.

Les sanglots qui montaient de sa poitrine, expulsaient sa détresse. Elle s'accrochait à cette inconnue comme si elle était l'unique chose qui avait encore une consistance. Sa figure enfouie dans le châle de la vieille dame, un parfum de lavande enveloppa ses sens. Comment une simple odeur peut-elle atténuer une douleur ? Elle se sentit protégée comme si cette lavande voulait lui dire qu'un autre monde était possible.

Carter se calma peu à peu. Elle sortit son nez du châle blanc et regarda Barbara. Celle-ci lui sourit et lui caressa les cheveux. Sans pouvoir l'expliquer, elle était rassurée.

« Excusez-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce cri m'a affolée. »

« C'est le chauffeur qui nous demande d'embarquer. Viens avec moi. » Barbara posa deux billets sur la table.

Elle lui reprit la main. Elles sortirent du restaurant et Carter eut l'impression que la dame âgée, c'était elle.

Le chauffeur tout penaud, l'aida à monter. « Je suis désolé de vous avoir fait peur. »

Elles retournèrent à leurs places. Carter s'agitât à nouveau. Son sac ! « Où est mon sac ? »

Barbara le tenait dans son autre main avec son propre sac à main. « Il est là. Ne t'inquiète pas.»

Carter s'en empara, il était le seul lien.

Elle s'écroule sur le fauteuil. Elle se sent ridicule. Elle a l'impression que tout le monde la fixe. Elle pose à nouveau la tête contre la vitre. Elle retrouve sa position de voyageuse sans destination. Pour ne pas voir qu'un nouveau jour se lève, elle ferme ses yeux mais elle ne pourra plus rêver. Elle est partie, il faut assumer.

Barbara s'est assise à la place qu'elle occupait auparavant. Elle tient une enveloppe jaunie à la main. Elle n'ose pas l'ouvrir. Elle la pose sur ses genoux.

Elle aussi ferme ses yeux.

Carter aurait juré qu'une larme coulait sur la joue de Barbara.

Leurs regards se croisèrent. Carter glissa sur le siège à côté d'elle.

« Barbara, je suis désolé. Je n'ai pas été très polie. Merci de vous être occupée de moi. »

Barbara ouvrit son sac et en sortit une petite boite de bonbon. « Ils sont à la violette, tu en veux un ? »

Carter sourit et tendit la main.

« Carter, je peux te demander une faveur ? »

« Oui, bien sûr.»

« S'il te plait, tutoie moi, je suis trop vieille pour que tu me dises vous. »

« D'accord Barbara, alors encore merci de t'être occupée de moi.»

Barbara la regarda intensément, « c'est moi qui doit te remercier. Tu m'as laissée prendre soin de toi et j'avais besoin de cela. » Elle lui souriait toujours.

« Je suis une vieille dame Carter, et toute les vieilles dames sont un peu folles, ne fait pas attention. »

Il y a des rencontres dans la vie qui sont improbables. Des personnes que tout devraient opposer et pourtant, que tout rapproche. Ces moments où l'on est persuadé que la route face à soi est sans issue et c'est alors qu'un chemin s'ouvre sur un côté de votre vie.

Barbara fit un mouvement, l'enveloppe glissa au sol.

Carter se baissa pour la ramasser. Elle sentit sous ses doigts l'épaisseur du papier.

Elle regarda Barbara, celle-ci ne bougeait pas. Elle ne fit aucun geste pour la lui prendre.

« Vous ne voulez pas la récupérer ? Enfin, je veux dire tu ne la veux pas ? »

Les yeux de Barbara avaient changé d'expression, ils n'étaient plus que tristesse.

« Elle me fait peur Carter ! Tellement peur.»

« Pourquoi ? » Carter se tourna vers elle et replia une jambe sous ses fesses. Elle voulait comprendre.

« Pourquoi, as-tu peur ? Tu peux me parler. Raconte-moi. »

Le bus filait sur la highway. La radio passait une chanson country de Sara Evans.

« Parce que lorsque nous sommes déchirés, brisés, et balafrés. L'amour à la grâce de nous sauver. Nous somme seulement deux cœurs abîmés. Quand nous sommes dans les bras l'un de l'autre, nous devenons des saints et des anges. » Chantait-elle.

Carter se saisit de la main ridée de Barbara. Elle éprouvait de l'empathie pour cette femme. Elle comprit que lorsqu'elle lui avait dit qu'elle ne voulait pas rester seule, elle n'avait pas menti.

Barbara plissa ses lèvres, arrangea sa jupe et se lança, « Je viens de perdre ma sœur. »

Carter spontanément serra un peu plus sa main, « mon Dieu, je suis désolé. C'est terrible. Perdre sa sœur, ...» Elle n'arriva pas à poursuivre. L'image de Taylor lui vint immédiatement à l'esprit. Ainsi Barbara, elle aussi avait perdu sa sœur.

Barbara perçut le trouble de Carter, « Non, ne soit pas triste pour moi. C'est une histoire difficile mais nous étions restées 50 ans sans nous revoir. »

« 50 ans ! Mais comment avez-vous pu ? » Carter eut peur pour elle-même.

« La vie, ma puce. Parfois, il y a des blessures qui t'éloignent, elles t'emmènent trop loin pour que tu puisses revenir facilement. Elles sont trop fortes, encore trop fraîches. Et puis le temps passe et tu n'oses plus faire le pas qui te ramène. Au fond de toi, tu crains toujours que la cicatrice ne soit pas refermée. Et c'est une erreur. »

« Mais vous vous êtes revues avant qu'elle ne ... soit plus là. »

Barbara sourit, c'est toujours difficile d'utiliser le mot « Mort ». Cette jeune fille lui apparaissait sensible et extraordinairement ouverte aux autres.

« Oui, nous nous sommes retrouvées, il a quelques années mais déjà la maladie l'avait diminuée. Peu à peu sa mémoire s'est enfuie. Je suis heureuse d'avoir pu l'accompagner. »

Carter tenait toujours l'enveloppe dans sa main. Barbara la regarda. Elle soupira.

« La valise, c'est sa fille qui me la donnée après les obsèques. Lucy, c'était son prénom, l'avait préparée il y a longtemps mais n'avait pas eu le courage de me la donner tout de suite et puis après, elle l'a oubliée. »

Carter ne savait que penser. Elle comprenait qu'un secret était enfoui dans cette valise et que l'ouvrir était pour Barbara une réelle souffrance.

Barbara avança la main, pris délicatement l'enveloppe, ouvrit son sac et l'enfouie dedans.

« Je ne suis pas encore prête, je crois. Et puis, pas dans ce bus. »

Elle fixa Carter, « tu sais, c'est à cause de ce qu'elle contient que je suis montée dans un autre bus, il y a 60 ans. J'ai quitté ma famille, ma vie, pour vivre ou plutôt survivre.» A nouveau son visage reflétait la chaleur, la compréhension.

Carter tourna ses yeux vers la vitre de l'autre côté de l'allée. « Oui, vous avez raison et permettre aux autres de vivre. »

« Oui, permettre aux autres de poursuivre leur chemin et nous permettre de suivre le nôtre. »

Barbara passa son bras dans le dos de Carter et l'attira contre son épaule. Elles restèrent ainsi un long moment en essayant de chasser de leur esprit toutes les images qui venaient frapper à la porte de leur tristesse.

Barbara dit à l'oreille de Carter, « si tu veux, tu peux vivre chez moi. Le temps de trouver un travail puis un appartement. »

Carter eu un mouvement de surprise, cette femme avait compris. «Non, je vais me débrouiller.» Carter avait fait un choix, elle voulait l'assumer.

« Bien sûr que tu vas te débrouiller mais se débrouiller c'est aussi accepter l'aide que l'on te propose. Combien d'argent as-tu sur toi ? »

Carter grimaça, elle avait compté, exactement 267 $. Elle avait fait un dernier retrait en passant devant un distributeur puis avait détruit sa CB, plus question de l'utiliser.

« Mais, je ne veux pas vous déranger. »

« Me déranger ? » Barbara se mit à rire. « Les seuls que tu pourrais déranger sont les propriétaires de ma maison. »

Carter ne comprenait pas, « vous vivez avec d'autres personnes ? Ce sont eux les propriétaires ? »

« Tout à fait, ils s'appellent, Tigrette pour elle et Roméo pour lui. Aimes-tu les chats ? Car il faudra qu'ils donnent leur avis. Mais je suis sure qu'ils seront ravis de t'accueillir. »

Elle plongea dans les yeux de Carter, « alors, c'est d'accord ? Mais à une seule condition »

Carter écarta ses yeux, « laquelle ? »

« Arrête de me vouvoyer. »