Yo ! Je suis retombée sur ce texte qui date d'il y a une belle plombe et comme il y avait même déjà la note de début, je me suis dit, autant publier ça.

Je suis tombée sur un site sur un article qui disait « Est-ce que la ponctuation fait le style d'un écrivain ? », et ça m'a posé des questions. Alors je me suis dit : Et si j'écrivais un texte avec un seul et unique point, genre, une seule phrase. Alors voici, la plus longue phrase de toute mon existence.

La ponctuation a été écrite avant le texte, j'ai griffonné sur mon cahier des virgules, des points d'interrogation, des parenthèses des tirets, et après j'ai collé du texte dessus.

Ceci est purement un exercice de style.

.

AXEL : On m'a demandé hier comment je résumerais ma vie en une seule phrase et sûrement la personne s'attendait à ce que je lui répond une phrase philosophique du genre :

« Je pense donc je suis », ou encore

« Je suis venu j'ai vu j'ai vaincu »,

et je me dis qu'elle va être bien déçue – fondamentalement déçue – puisqu'ici je coucherai sans le moindre doute la plus longue phrase de toute mon existence, pourtant des phrases j'en ai prononcées et écrites – des dizaines, des centaines, des milliers (note à moi-même : les énumérations sont facilement lourdes) parfois si longues qu'une fois achevées, j'en avais oublié le début – en tout cas cela promet d'être un véritable défi, aussi après ce long préambule (peut-être un peu ennuyeux ?) je commence pour de vrai …

« je suis né un jour d'hiver » serait un bon début, je crois, puisqu'il a toujours plu à ma mère de me raconter ce jour, ainsi je le connais bien : il commence par des fleurs gelées sur le bord de la route et une pelouse bleue, le chant cristallin des oiseaux – ce genre de choses qui donne de faux airs poétiques au fait de simplement se cailler les couilles –, et se poursuit ainsi : ma mère a soudain mal au ventre (et même pas parce que je lui donne un coup), elle appelle mon père – qui coupait du bois pour pas crever de froid comme un crétin – et touche son ventre en gémissant, sourcils froncés : mon père panique, fait tomber sa hache – au cas où vous vous le demanderiez sachez que non, mon père n'est pas très intelligent : plutôt du genre trouillard et musclé et bisounours – et pas grand-chose d'autre alors heureusement que ma mère est elle-même (nan mais imaginez une nana grosse comme un ballon et pleine de convulsions et c'est elle qui appelle les urgences, vous en dites quoi ?) quoique mon père se soit fait passer un sacré savon par Mme-je-suis-en-train-d'accoucher (selon ses propres dires « le personne la plus effrayante au monde après Minnie en colère ») et aie dû supporter ses cris pendant tout le trajet en ambulance – et le trajet en fauteuil roulant jusqu'à la salle – elle a tout de même bien géré, après ça … il faut que je vous dise : on ne me raconta jamais ce qui advint dans la salle stérilisée, et je crois que je ne préfère pas savoir – sachez simplement que c'est plus traumatisant que de voir Saw à cinq ans si on en croit mon père qui a vécu les deux – et en fait, maintenant que j'y pense je crois que cette journée en elle-même résume bien ma vie, et je pourrais simplement dire

« C'était le bordel dès le début vous savez ? »

mais à la vérité, rien ne vaut de tout raconter (sauf de vivre, sûrement) alors la plus longue phrase de ma vie s'achèvera ainsi : je ne me mariai ni n'eus d'enfant mais vécu heureux.

.

Voilà ! C'est vraiment juste un exercice donc je sais pas si ça a tant d'intérêt à lire mais en tout cas je me souviens que l'écriture était chouette.

Tchuss !