Spoil pour ceux qui n'ont pas joué à la dernière affaire du Ace attorney, Trials and tribulations (le 3ème Phoenix Wright)

Pour les autres, enjoy! ^^


Je cours, je cours tellement que mon cœur bat à m'en faire mal. Mais ça ne s'arrange pas.

« Le pont… ! »

Les flammes finissaient de le dévorer. Vision cauchemardesque s'ajoutant à celle du cadavre qui s'est imprimée depuis longtemps déjà dans ma rétine. Le froid de la nuit, l'éclat des flammes et des braises, les craquements sinistres du bois et le rugissement étouffé du torrent. Le souvenir du corps sans vie, de l'odeur du sang imbibant la neige... Et l'autre rive, perdue dans les ténèbres, mangée par l'obscurité de la nuit…

« Maya ! »

C'est impossible... Comment une telle chose a pu arriver ?! Ce tueur… !

« Non, Nick ! Attends ! »

C'est Paul qui me retient. Je ne l'avais même pas vu.

« N'avance pas, le pont va s'écrouler !

-Mais Maya est de l'autre côté ! Paul… Appelle les flics !

-Nick, arrête ! N'y vas pas ! Qu'est-ce que tu fous enfin ?! »

Je lui hurle dessus, même s'il n'y est pour rien :

« Il y a eu un meurtre, Paul ! Et l'assassin est sûrement là-bas, de l'autre côté ! Avec Maya ! »

A ces mots, je sens mon cœur repartir de plus belle. Il faut absolument que je traverse !

« Nick, non ! Nick ! »

Je l'ai poussé sauvagement. Paul a perdu l'équilibre, il n'a aucune chance de me retenir. Il faut que j'y aille. Il faut que je ramène Maya ! Il ne faut pas que ça recommence comme les autres fois !

« NICK ! »

J'ai fait la moitié du chemin en quelques bonds quand j'entends soudain un horriblement craquement. Le bois calciné ne supporte pas mon poids. La surprise me prend, m'arrête. La peur me serre le ventre. Je perds l'équilibre un instant. La fumée, l'odeur de brûlé me font tousser. Je suis resté une seconde de trop au mauvais endroit.

Maudit pont. Je le hais.

J'ai regardé en bas. Le torrent n'attend que moi. Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

« NIIIIICK ! »

J'entends Paul m'appeler de nouveau. Il doit voir encore mieux que moi le pont se fracasser, et moi qui tente de reprendre ma course, rejoindre Maya… Maya !

Putain de merde !

Je me maudis, je jure entre mes dents, j'essaye de courir mais la simple vue du torrent douze mètres plus bas m'a comme enrayé. Mes jambes répondent moitié moins vite. Je sens le goût de la fumée dans ma gorge et je suis ébloui par intermittence par ces flammes qui refusent de s'éteindre.

Kraaaak !

Ma tête tourne, je perds l'équilibre. Il ne faut pas que je tombe, non, surtout pas ! Maya ! Elle est toujours là-bas ! C'est pas le moment de penser à la chute ! C'est pas le moment de tomber ! Je… Non !

« NIIIICK !»

Krrraak !

L'espace se déchire, l'air résonne, hurle.

Mon pied s'enfonce… dans le vide…

Je bascule en arrière…

C'est fini. Dès lors que je ressens cette sensation de froid, comme si un courant d'air me traversait de part en part : c'est terminé.

Je tombe…

Je ne peux pas supporter cette sensation... Je n'ai jamais pu. Tout ce que je peux faire, depuis toujours, quand je me sens tomber, c'est fermer les yeux et attendre.

Attendre que ça passe, attendre que cette sensation glacée s'en aille.

Attendre désespérément l'impact.

J'ai les yeux fermés, les membres raides, les doigts engourdis et cette sensation de froid m'emplit, depuis le nombril jusqu'à la gorge, comme si la mort m'empoignait déjà.

Tout ce que je demande, c'est que ça finisse…

« NICK ! »

Je n'ai pas le temps d'ouvrir les yeux que je sens déjà ses bras autour de moi. Quand je regarde, ses longs cheveux d'ébène, ondulant comme de grandes vagues nocturnes, masquent la vue apocalyptique du pont qui se disloque au-dessus de nous…

Maya…

Je vois comme si des larmes perlaient dans les airs ; elles se reflètent dans les flammes, si hautes dans le ciel… ses mains sont si chaudes, derrière mes épaules…

Je ne peux pas bouger, je ne m'en sens pas la force, mais je ne sens plus cette sensation de froid.

Maya…

Je voulais venir te chercher pour te protéger, te sauver, pourtant c'est moi qui me sens en sécurité, dans tes bras, maintenant… si tu savais comme je suis soulagé que tu sois là…

La chute est si longue que j'ai l'impression que le temps s'est arrêté… Il n'y a plus qu'elle et moi, dans l'espace, l'air froid, entre l'eau glacée, les flammes dansantes de la nuit étoilée et les flocons hagards…

Sers-moi fort dans tes bras, Maya.

Je n'ai plus peur.

~~~~~ O ~~~~~

« ...Nick ?... »

Une petite voix m'appelle non loin de là. J'ai du mal à sortir de ma torpeur. Comme si la nuit m'avait englouti dans son manteau tiède et apaisant.

En vérité ce n'est pas un manteau, c'est une couverture d'hôpital. Je le devine rapidement.

« ...Niiick ! » m'appelle doucement la petite voix amusée. Je force mes yeux à s'ouvrir. J'attends que les formes se précisent autour de moi. J'ai vu juste, je suis alité. Il fait nuit, la lumière est éteinte dans la pièce mais la porte est ouverte. Elle laisse entrer la lumière du couloir. Je tourne la tête.

« Maya !...

-Ah, ça y est ! »

Elle me sourit. Elle est radieuse.

« Maya, tu n'as rien ?

-Tu rigoles ?! Regarde ! »

Elle se lève et, tout en gloussant ; soulève des pans de ses vêtements pour lever son genou et me montrer sa cheville. Un petit pansement adhère à sa peau blanche.

« Tu t'es écorchée ?

-Oui, j'ai trébuché dans le couloir ! »

Je pouffe avec elle. C'est pas possible, on est tombé dans un torrent meurtrier et elle s'en sort avec ça…

« Comment tu te sens ? » Elle me demande plus doucement.

-Pas au mieux, mais c'est curieusement familier…

-Ah bon ?

-La migraine, entre autres… Je suis grippé ?

-Ouiii » ! S'exclame Maya, comme si j'avais deviné une surprise. Pourtant aujourd'hui elle ne crie pas. Comme si elle avait peur de me réveiller complètement. « Tu as aussi quelques bleus mais les médecins ont dit que tu te portais très bien ! Tu t'en es sorti comme un vrai Samouraï blindé ! » (tiens, ils en ont encore inventé un autre ou c'est juste Maya?)

« Je… j'ai fait quoi ?

-Comment ça, quoi ? Tu ne te rappelles pas ?

-A vrai dire, je me souviens de la chute dans la rivière… Tu m'as rattrapée au vol mais après c'est le trou noir.

-Ah oui, qu'est-ce que j'ai couru quand je t'ai vu arriver ! J'ai eu la trouille alors j'étais contente de te voir revenir ! J'ai piqué un sprint et quand j'ai vu que le pont allait céder, ben je suis allée encore plus vite. Je me suis dit que quitte à tomber, il valait mieux que je prenne de l'élan. Oui parce que tu sais, si je n'avais pas été assez rapide tout le pont se serait effondré et je n'aurai jamais eu assez de vitesse pour sauter jusqu'à ton niveau, et je me serais retrouvée encastrée dans les rochers ! »

A cette idée sordide, elle rigole.

« Et après ?

-Après que je t'aie rattrapé, ben… tu ne te rappelles vraiment pas ?

-Non.

-Tu m'as serré tout fort contre toi, la tête et les épaules, pour me protéger du plongeon. J'ai même pas eu mal du coup ! Par contre je crois que tu t'es cogné contre quelques rochers avant de réussir à en agripper un. Et encore : à ce moment-là tu avais l'air déjà à moitié inconscient ! Je sais vraiment pas comment t'as fait !

-J'ai fait ça, vraiment ?

-Mhm ! » Elle opine. « Encore heureux, je sais pas nager !

-Tu ne sais pas nager ? Mais alors pourquoi tu as sauté ? »

A cette question innocente, elle soupire et s'affale contre moi.

« J't'en pose, moi, des questions ! »

Je la regarde un moment avant de soupirer.

Maya va bien… tout va bien…

Maya sourit. Elle est radieuse.

Épilogue.

« Ben alors, tu viens ? »

Maya attend, mais Phoenix ne vient pas tout de suite. Il approche prudemment, l'air d'inspecter le sol. Ou plutôt le vide entre lui et le sol. Il regarde et semble estimer calmement la distance qui les sépare.

Maya et lui faisaient une balade à pied. L'incident était clôt, le procès qui avait suivi était terminé depuis une semaine. Ils prennent un peu de bon temps, Maya, lui et Pearls qui les a momentanément distancés. Une petite randonnée tranquille en forêt, pas plus de deux heures, que du plat et de beaux paysages, du calme, un retour aux sources. Et un pont qui enjambe un large mais peu profond ruisseau, presque à gué. Cependant le ruisseau a creusé son lit très profond avec les années. Cela devait faire sept mètres, à peu près…

« Niiiick ! Ohé ! Faut qu'on se dépêche ou Pearly va nous semer ! »

Maya trottine jusqu'à lui. Étrangement; Phoenix n'a pas l'air effrayé. Ou l'air malade. Non, il a gardé la même couleur de peau et semble simplement méditatif. Il fixe résolument le cour d'eau.

« Bon, Nick, si je te donne la main, tu viens ? »

A ces mots Phoenix lève la tête, regarde Maya et se met à sourire. Il prend la petite main qu'elle lui tend et avance.

A son contact, il sent comme une légère brise tiède le réchauffer doucement. Il marche tout en regardant le ruisseau clair en dessous d'eux tandis que Maya sautille devant lui.

Maintenant, j'ai mon talisman. Pensa-t-il à l'adresse du ruisseau.

En lui tirant la langue.


Voilà, je me sentais tout bonnement obligée d'écrire un truc quand j'ai vu l'image qui m'a inspirée: tout simplement trop belle (mais on dirait qu'elle n'est plus sur le site où je l'ai trouvé: Zero-chan... c'est triste sinon je vous aurai donné le lien!

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