Chapitre I : Refouler ses sentiments.

-C'est bon Vi, merci de ton aide. Murmura une voix doucereuse.

Encore ensorcelée par le timbre si tendre et autoritaire en même temps de sa shérif préférée, la jeune Piltover gantée ne réagit point à la situation. Caitlyn tourna la tête et haussa les sourcils, surprise de l'inactivité de sa partenaire.

-Vi ? Tenta t-elle une nouvelle fois.

-Ah ! Cait ! Euh, désolée ! Je pensais à quelque chose. Fit la femme, gênée.

La brune soupira allègrement et enfila le reste de sa combinaison. Il lui était quasi impossible d'accrocher cette fichue sangle dans son dos toute seule et à chaque fois, elle devait demander de l'aide à l'autre rigolote. Ce qui ne manquait pas de l'embêter au plus profond d'elle même. Tandis que Vi se relevait déjà, s'époussetant maladroitement, Caitlyn croisa ses bras contre son torse observant la fine bruine qui menaçait d'épouser l'atmosphère d'ici peu.

-Tu pensais à Jinx, c'est ça ?

Surprise, Vi resta sans voix, les yeux bouillant d'une haine nouvelle.

-Je te comprends Vi. Moi aussi je pense à elle...

Soudainement, la voix de la shérif se brisa lentement, comme ci ce qu'elle venait de dire lui brûlait la gorge à un tel point qu'elle ne voulait même pas le prononcer. Caitlyn grogna de rage et abattit son poing contre le mur en bois.

-Je pense à elle nuit et jour cette petite chienne de Zaun !

-Ne t'inquiète pas Shérif, nous l'aurons. Déclara Vi en posant une main réconfortante sur l'épaule de sa préférée.

-Je me sens déjà prête.

-Mais ce n'est pas pour ce soir ! Osa la femme aux cheveux rose avec un large sourire malicieux.

-Je sais. Elle a eut l'audace d'enflammer ma maison et malheureusement, je me retrouve à dormir chez toi.

-Je serai douce comme ton époux !

Les joues rouges, Caitlyn frappa Vi violemment, cette dernière esquivant de justesse le coup. Vi se mit à rire à gorge déployée avant de reculer contre le mur.

-C'est bon, tout doux ma Belle Shérif, je vais castrer du méchant et faire une ronde, tu viens avec moi ?

-Va plutôt récurer le sol de l'atelier que tu as encrassé de suie ! Gronda Caitlyn.

-C'est un bon conseil, mais je n'ai pas très envie. Bye bye !

-Vi !

Trop tard. La porte se ferma dans un bruit étouffé et claqua contre ses gongs. Une minute plus tard, Vi déambulait dans les rues de Piltover, le visage fermé, les yeux rivés vers le ciel tandis qu'au poste, Caitlyn ne cessait de marteler le mur à répétition, des larmes de rage brûlant sa peau. Une seule question parcourait leurs êtres en ce moment et c'était sans aucun doute cette dernière, « Qu'est ce que je ressens exactement pour elle? ».

Après quelques heures à zigzaguer dans les ruelles, Vi n'avait plus l'ambition de trouver quiconque pour aller contre l'ordre. La population était au plus calme, personne ne se plaignait, à vrai dire il y avait aussi ce déluge orageux qui devait y être pour quelque chose. Comme si les brigands avaient eut peur de la pluie comme des animaux effrayés préférant se réfugier dans leurs terriers. Vi n'y était pas pour grand chose et sa ronde ne faisait que l'ennuyer. Après avoir réfléchis pendant ces dernières heures, elle s'était rendue compte d'une chose ; ses sentiments. Plus le temps passait, plus ce qu'elle ressentait pour la belle shérif se renforcait. D'abords, Vi avait cru qu'il s'agissait d'amitié ou même d'admiration.. Mais il n'en était rien. La voix, les gestes, l'odeur et la personnalité de la brune l'emportaient dans des méandres infinis. Dès qu'elle la voyait, elle se sentait transportée, transis dans un monde doux et chaleureux sans aucun microbe a éliminer pour le bien de la population. Car juste elle, aurait comptée dans ce monde, juste la protection de Caitlyn. Pourtant, Vi s'était aussi rendue à l'évidence, elle n'aurait aucune chance. Caitlyn ne la voyait pas comme elle la voyait, ce regard, ces attentions... Non. Elle les gardait pour quelqu'un d'autre, quelqu'un dont Vi ignorait l'identité mais savait qu'il existait. La jeune femme rajusta ses poings mécaniques et soupira, observant l'heure au même moment.

-Il est l'heure de rentrer.

Le chemin du retour fut plus long que prévu, les intempéries, l'eau bloquant les ponts et les ruelles, tout allait contre sa marche. Trempée jusqu'aux os, la jeune femme s'apprêtait à taper contre la porte du poste quand elle vit deux ombres fugaces se déplacer à l'intérieur de façon très... suspectes. Sans hésiter, Vi fracassa la porte et plongea sur la silhouette qui ne lui était pas si inconnue.

-Jinx ! Hurla t-elle.

Elle eut juste le temps d'entendre le rire démoniaque de sa rivale quand celle-ci disparut par une ouverture creusée dans le mur opposé.

-Poursuis la ! Brailla la voix brisée et haletante de Caitlyn.

Pendant une seconde, Vi fut tenter de lui obéir et de se jeter à la poursuite de leur ennemis, cependant, le ton plaintif employé par la shérif fini de la persuader, il c'était passé quelque chose. Vi jura et se rapprocha de l'interrupteur mais elle fut interrompu par le gémissement de sa belle. Elle finit son action et s'empressa de rejoindre la brune, adossée contre le mur. Son visage rougis caractérisait plus la gêne qu'une autre sensation. Quand Vi s'approcha pour observer l'état de Cait, celle-ci la repoussa sans ménagement.

-Laisse moi.

-Mais attend Cait, qu'est ce qui s'est passé ?

-JE T AI DIS DE ME LAISSER ! Hurla t-elle.

C'est alors que Vi remarqua les traces bleutés sur le cou de sa belle. Sans se préoccuper de la surprise de la brune, Vi souleva son menton et son propre visage se décomposa sous la surprise.

-Qu'est ce que...?

Caitlyn s'empressa de poser une main hésitante sur les suçons qu'elle avait au cou. Il n'en fallu pas plus pour mettre hors d'elle l'ancienne délinquante. Vi ferma les poings et serra les dents quand Cait prit la parole.

-Elle... Je me douchais quand elle a surgit et m'a plaqué au mur, le temps que je comprenne qu'il s'agissait de cette Zaun, elle m'a menacée de sa mitraillette et m'a fait me rhabiller pour m'amener ici... Quand j'ai franchis la porte... Elle m'a attrapé et m'a fait ça. Je n'avais jamais vu de regard aussi... Aussi malsain. Je dois la tuer. C'est une humiliation.

Mais alors qu'elle prononçait ces mots, elle ne put empêcher de ressentir son cœur exploser dans sa poitrine. Cette douleur atroce remontait et Jinx avait dut comprendre ce qu'il en était, sinon, elle l'aurait tuée ce soir. Vi attrapa aussitôt ses clés et ouvrit la porte.

-Viens, on va chez moi.

Sa voix était dure et sans sympathie pourtant, cela ne sembla guère gêner la brune. Au contraire, le regard brillant de Caitlyn se fit vorace, elle attrapa son arme préférée et accrocha son étoile de Shérif.

-Si je la croise sur le chemin, je la lapide comme un vulgaire...

Vi n'entendit pas la fin de sa phrase, elle marchait déjà dans la rue, le regard enflammé. Jinx savait pour elle. Jinx savait qu'elle aimait Caitlyn. Voilà pourquoi, avec les suçons, elle avait écrit et marqué sur la peau de sa bien aimée; « Vi ».

-C'est bon Cait, tout est ok ?

-Ne t'inquiète pas, je ne vais pas me faire tuer dans une salle de bain fermée à clé et gardée par ta personne.

-O-On ne sait jamais. Bredouilla Vi.

Un silence gênant s'installa lorsque la voix de la brune brisa le silence.

-Merci Vi, j'étais un peu dans la merde.

-C'est normal... Jinx est notre ennemi après tout.. Et-Woah !

Vi n'eut pas le temps de finir sa phrase et tomba à la renverse. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle croisa le regard perdu de Caitlyn qui tenait d'une main fébrilement la poignée de la porte et montrait de l'autre son cou.

-V-v-v-v-v-v-Vi ? P-p-p-pourquoi elle-elle a écrit ça sur mon cou ? C'est quoi son problème ?

Aussitôt, son acolyte bondit sur ses pieds ne pouvant dissimuler les rougeurs grandissantes.

-C'était sûrement.. Une façon de.. de... De nous provoquer ?!

Caitlyn marqua une pause et observa la jeune femme en face d'elle. Vi était ravissante. Un corps bien formé, un regard pénétrant, même allant jusqu'à la couleur extraordinaire de ses cheveux. Elle avait tout pour etre la plus grande délinquante du monde, pourtant, elle était devenu une héroïne et ça lui avait donné cet air sure d'elle, inflexible. Mais avec le temps, Cait n'avait pu s'empêcher de voir le changement radical de personnalité. Vi n'osait plus la regarder quand elle faisait quelque chose qui allait dans le sens de la nudité. Elle était devenue trop protectrice. Quand Cait recevait des cadeaux d'admirateurs secrets, elle était inapprochable et invivable jusqu'à la fin de la journée. Bref, Vi agissait bizarrement. Pourtant, Cait avait des doutes et il n'y avait qu'une façon de le vérifier. Elle déclara en soupirant.

-Je vais faire comme si je n'avais rien vu, tu viens te doucher avec moi ?

C'était osé. Très. Elle savait qu'elle risquait beaucoup de chose. Pourquoi ne pas demander simplement « Vi, m'aimes-tu ? »? Parce qu'elle savait déjà qu'elle n'aurait aucune réponse concrète mais quelque chose de sarcastique. Vi était comme ça. La femme gantée étrangla un hoquet de surprise et secoua vivement la tête de droite à gauche.

-N-non ! Pourquoi je viendrai avec toi ? Je ne me baigne pas avec les brunes ! Je suis une rose moi !

-Arrête un peu, je suis épuisée, j'ai besoin de dormir et si tu vas te doucher après, tu vas encore prendre des heures a nettoyer tes gants, je ne supporterai pas ce boucan infernal.

Quand Vi se tut, Caitlyn savait qu'elle avait gagné. Elle retourna dans la salle de bain et enleva ce qui lui restait de tissu, à savoir, sa serviette de bain. Vi n'était pas encore entrée, elle se déshabillait lentement dans la cuisine, son cœur explosant sa cage thoracique. Elle posa sa main sur la poignée, souffla doucement pour se calmer et pénétra dans la pièce ou l'atmosphère, brûlante, emprisonnait dans ses bras une brume d'eau chaude s'envolant vers le plafond. Cette dernière ne cachait qu'en partie les formes de la brune et Vi sentit son corps défaillir. Une envie soudaine d'une proximité la força à se rapprocher de Caitlyn mais, au dernier moment elle se retint, se pinçant les lèvres. Caitlyn se tourna alors vers elle et elle sentit l'espace d'un instant cette même envie émaner de son corps. Pourtant, elle ne bougea point, attendant une action. Elle savait déjà ce qu'elle tentait de faire faire Vi, elle voulait la piéger... Comme on piège un malfrat en infraction. La jeune femme ne tint plus très longtemps. Dans un seul élan d'affection, Vi attrapa la taille de Caitlyn et colla son corps à celle de son aimée. Elle se pencha et lui déroba ses lèvres avec amour. Face au baiser, Cait ne put s'empêcher de le lui rendre. Après tout, il était si agréable... Il faisait tant voyager... Vi ne se recula que pour reprendre un peu d'air mais ce fut Caitlyn qui combla le peu d'espace qui les séparait, ce qui manqua de tuer la vigilance de Vi. Alors qu'elle considérait cela comme un feu vert, la Shérif posa lentement ses mains sur les épaules de sa partenaire et la détacha de son étreinte. Confuse, Vi observa Cait et s'apprêta à dire quelque chose lorsqu'elle prit la parole.

-Tu es amoureuse de moi, n'est ce pas ?

-Cait... Tu...

-Es tu amoureuse de moi, Vi ? La coupa t-elle en serrant les dents.

La jeune femme baissa les yeux au sol, l'eau perlant sur son corps, voilant son évidente défaillance.

-Je le suis. Avoua t-elle.

-Je suis désolée de t'avoir fait subir tout ça mais je savais que tu n'allais pas me le dire. Pardon Vi, tu restes tout de même mon acolyte.

Caitlyn passa une main sur la joue de la belle femme et quitta la salle de bain.

Lorsque Vi sortit de la salle de bain, Caitlyn remuait dans le grand lit en osier dans la pièce d'à coté, gênée par les rayons du soleil matinal. La jeune femme avait le visage de la même couleur que ses cheveux et ses yeux étaient cernés d'un noir si obscur qu'on eut cru qu'elle avait prit un bain de charbon. Vi se dirigea mollement vers la cuisine, le pas traînant, nue. Elle attrapa un vieux t-shirt au passage qu'elle revêtit par dessus sa tenue d'Ève et se cloua devant les fourneaux. Un bon petit déjeuner la remettrait d'aplomb. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre les œufs pour son omelette, elle sentit un regard lourd peser sur ses épaules. Elle tenta de l'ignorer mais ce dernier se fit de plus en plus insistant. Elle finit par se retourner, accablée de tristesse vers la jeune shérif qui la fixait, assise en tailleur et pyjama blanc.

-Il est encore tôt, on commence notre journée cet après midi.. Pourquoi n'es tu pas venu dormir ? Tu auras besoin d'être en forme pour coffrer Jinx.

Vi fronça les sourcils et se mit à mordiller sa lèvre, ce qui n'échappa pas à Caitlyn. Elle savait très bien que Vi avait ce nouveau tic de se mordre la lèvre quand elle était nerveuse ou qu'elle bouillait de tristesse... Comme maintenant.

-Allez, viens Vi. Tu as besoin de te reposer.

-Je ne suis donc rien de plus que ton assistante ? Ton vulgaire chien qui obéit à tes ordres ?! Le poste par ci, le poste par la... Si j'avais su je ne serai jamais devenu qui je suis maintenant. J'aurais préféré crever en prison ! Marmonna t-elle.

A ces mots, Caitlyn se leva et se posta devant Vi, soutenant ton regard. Soudainement, elle la gifla et lui attrapa le poignet. Sans un mot, elle jeta Vi sur le lit et se mit à califourchon sur elle. L'ancienne délinquante était totalement perdue. Elle ne ressentait que la morsure de la gifle de Caitlyn.

-Tu n'es pas mon chien. Tu es mon amie. Et si je te donne des ordres, c'est parce que je suis ton supérieur. Arrête un peu de faire une psychose sur le poste, si tu veux partir, et bien part !

-Fallait le dire plus tôt ! Cracha aussitôt Vi en tentant de se relever.

Mais Caitlyn la cloua au lit en maintenant ses poignets. La proximité de leurs visages ne fit qu'empirer une seconde fois la situation et tel une envie incontrôlable, Caitlyn embrassa son assistante. Doucement d'abord, puis, la température grimpa d'un cran et le baiser se fit plus provocateur, charnel, passionnel. Comme si son propre corps la poussait à s'approprier Vi pour la faire sienne mais au fond, Caitlyn ressentait bien autre chose, un manque. Une autre personne lui manquait, cette personne qu'elle aimait et qu'elle haïssait, cette personne si proche de Vi... Quand elle se rendit compte qu'elle agissait par défaut sans prendre en considération les sentiments de sa seconde, Caitlyn se retira et se posa sur le bord du lit.

-Pourquoi fais tu ça Cait... Je ne comprends pas... Tu aimes me faire souffrir ? Demanda Vi, désemparée.

-Non.. Non Vi ! Ne crois pas ça... C'est juste que.. Tu lui ressembles tellement que... Je suis un peu perdue.. J'ai envie de la tuer.. Mais je suis amoureuse.. Et toi tu m'offres tant de choses que j'en viens à te désirer toi et non elle.

Ce fut comme un coup de marteau, Vi piquée au vif se releva, les yeux exorbités.

-A-A-Attend Cait... Tu n'es pas amoureuse de...

-Si, Vi... Je suis amoureuse de cette pute de Zaun... J'aime Jinx.