/Note de l'auteur\\\ Alors voilà voilà, ma première fic sur Sherlock, également première fic écrite en prépa ! [Donc j'ai pas le temps mwahaha] Sherlock appartient bien sûr à Sir Arthur Conan Doyle et la BBC. Sherlock et Watson… C'est déjà tout un concept. Aucune yaoïste de ce nom ne peut passer à côté de ce couple parfait ! Allez hop, c'est parti pour…

THE HARDEST OF HEARTS

Chapitre #1 : Time flows, nobody knows…

Oh mon dieu, qu'est-ce que c'est que cette odeur?

John Watson venait de rentrer chez lui, au 221b Baker Street, après quelques courses, et une terrible senteur l'avait accueilli. Il déposa les paquets sur une chaise et s'approcha à grands pas de la table de la salle à manger. Son excentrique colocataire semblait avoir trouvé une nouvelle occupation.

« Une dissection de… de pigeon ? »

« En effet, John. » répondit Sherlock Holmes de son ton détaché, en continuant de découper le pauvre oiseau.

Il y eut un silence, puis Watson s'exclama :

« En effet ? Comment ça, en effet ? Tu trouves ça normal ? »

Sherlock répondit sans le regarder :

« Je m'ennuie. Je m'ennuie terriblement. »

« Eh bien, euh… Lis, écris sur ton blog, fais ce que tu veux, mais ne dissèque pas des oiseaux au milieu de l'appartement ! »

« Je n'aime pas les vacances, ni les activités communes et inutiles que tu me proposes. Sans compter le fait que cette dissection m'intéresse au plus haut point. »

« Alors aère un peu la pièce ! » répliqua Watson en secouant la tête d'incrédulité.

Il se mit à ranger ce qu'il avait acheté dans leur réfrigérateur, espérant que l'odeur infecte du pigeon ouvert ne resterait pas imprégnée dans le canapé et le tapis. Watson soupira en sortant son ordinateur portable, décidé à écrire un peu sur son propre blog, mais il tomba soudain sur une publicité :

_ Love'n'Co : restaurant spécialisé dans le speed-dating à Londres _

_ Venez rencontrer l'âme sœur à Trafalgar Square ! _

Hm, ça pourrait être intéressant …

Watson prit sans doute la décision la plus débile de toute sa vie : il prévit d'emmener Sherlock là-bas le soir-même.

« Voici donc ton fameux restaurant, John. »

« Oui, entre ! »

« Love'n'Co ? Donner un nom sans lien avec la nourriture ne les rendra pas plus respectables. »

« Entre ! » le coupa Watson en le poussant dans le restaurant sans ménagement.

Pourquoi avait-il voulu emmener Sherlock dans un endroit pareil ? Tout simplement pour lui trouver une petite amie ! Peut-être qu'en ouvrant son cœur, il serait moins insupportable… Mais il n'avait aucune connaissance dans ce domaine, et Watson savait que ce ne serait pas une partie de plaisir. Non, en fait, il était parfaitement conscient que caser Sherlock était impossible, mais pourquoi pas, après tout…

« John, je trouve cet endroit très étrange. »

« Ah… pourquoi ? » demanda Watson en se mordant nerveusement la lèvre inférieure.

« Je constate qu'il n'y a que des couples, ou des gens seuls qui ne mangent rien. C'est très… binaire. »

Evidemment, Sherlock ne comprenait pas ce qu'était le speed-dating.

« Bonsoir, messieurs ! leur lança une serveuse en leur présentant deux tables libres. Je vous propose ces deux tables. »

« Pourquoi deux tables ? » répliqua Sherlock en haussant un sourcil.

« Eh bien, peut-être préférez-vous commencer tous les deux… ? Vous ne vous connaissez pas ? J'aurais vraiment cru que… »

« Je reste au bar, la coupa John. Sherlock, va t'asseoir là-bas, je te rejoindrai ! »

Ou pas, mais mieux vaut ne rien dire.

Il regarda Sherlock s'attabler en continuant de le fixer, ce qui rendit Watson un peu coupable. Il aurait dû y réfléchir un peu plus… Ici, le détective consultant était comme un clown dans une morgue : pas vraiment à sa place. Watson se passa une main sur les yeux, puis repéra les tables où se trouvaient des femmes seules. Eventuellement… Non, il n'était pas intéressé, le speed-dating n'était pas son truc. Pendant qu'il pensait à autre chose, une femme en larmes s'agrippa au comptoir du bar et s'écria :

« Je m'en vais tout de suite, au revoir ! »

« Oh ? » fit la serveuse en haussant les sourcils.

« Cet individu est horrible ! » pleurnicha la femme en désignant la table de… Sherlock.

Watson, médusé, jeta un regard vers la table de son colocataire, essayant de jauger la situation. Sherlock avait vraisemblablement fait un speed-dating pendant qu'il pensait à autre chose, et la fille en était partie en pleurant.

« Je…, bafouilla-t-elle, je ne veux pas rester ici une seconde de plus ! Il est horripilant, insupportable ! Je ne veux plus jamais le voir… plus jamais ! » s'écria-t-elle en quittant le restaurant.

Oh non, qu'est-ce qu'il a encore fait ?

Watson alla directement à la table de Sherlock, sans hésitation, car il devait en avoir le cœur net. Son colocataire arborait une expression parfaitement normale (enfin, parfaitement sherlockienne), les mains jointes devant son menton, comme s'il attendait quelque chose ou quelqu'un. Watson soupira et demanda :

« Que s'est-il passé ? »

Même s'il pouvait facilement l'imaginer. Après tout… c'était Sherlock.

Celui-ci s'éclaircit la voix puis dit très calmement :

« J'expliquais simplement à cette jeune femme qu'elle ferait mieux de voir un avocat. »

« Voir un… ? »

« Elle portait une alliance qu'elle a dû retirer ce main, car on voyait une marque de bronzage à la base de son annulaire, et des traces rouges à la jointure du doigt, donc elle a eu du mal à la retirer. J'en déduis un mariage de longue date, car elle n'avait pas l'air d'avoir pris beaucoup de poids en peu de temps. Ensuite… »

« Oh mon dieu. » souffla Watson.

« Comment ? Rien, donc je continue. J'ai remarqué que ses cheveux avaient été coiffés d'une façon inhabituelle, car la marque de sa raie au milieu était encore visible malgré sa grande frange. »

« Et comment peux-tu savoir qu'elle est encore mariée et non divorcée depuis ce matin, par exemple ? »

« Parce qu'elle a fini par me l'avouer. Je lui ai ensuite dit qu'elle ferait mieux de divorcer plutôt que de séduire un homme au hasard tel que moi, car cela ne règlera pas ses problèmes de couple. D'ailleurs, elle n'avait pas à venir me parler alors que j'étais attablé, quelle impolitesse ! Je le lui ai expliqué très clairement. »

Je comprends très bien pourquoi elle pleurait…

« Mais qu'est-ce qui lui a pris de venir me parler ? » se demanda Sherlock à voix haute avant de replonger dans ses réflexions.

C'était le principal problème : il ne comprenait toujours pas le principe du speed-dating. Peut-être devait-il le lui expliquer qu'il y aurait sûrement d'autres femmes qui viendraient le voir…

« Hm, bonsoir ? »

Une jeune fille brune venait d'arriver. C'était reparti pour un tour.

« Bonsoir… » dit Watson, peu souriant.

« Vous… ? » demanda-t-elle en désignant la table de Sherlock.

« Hein ? Ah non, non, allez-y ! » s'exclama Watson en retournant s'installer près du bar.

Sauf que cette fois-ci, il écouta attentivement.

Sherlock avait l'air de ne pas prendre en compte le fait qu'une femme inconnue vienne à sa table, et il écoutait les yeux mi-clos ce qu'elle avait à lui dire.

« Bonsoir, je m'appelle Judith Spencer ! Et vous ? »

Pas de réponse.

Allez, Sherlock, un petit effort…, pensa Watson en serrant les dents.

« Euh… je m'appelle Judith Spencer, répéta la jeune femme. J'ai 25 ans, je suis célibataire et j'habite à Piccadilly Circus. Et vous ? »

Toujours pas de réponse.

Mais qu'est-ce qu'il fiche, à la fin ?

Sherlock sourit puis mit un grand coup de poing à un homme qui se tenait derrière lui. Il tomba contre une table, surpris et sonné.

« Quand on veut voler le portefeuille de quelqu'un, Miss Spencer, on vérifie que cette personne ne se trouve pas face à un miroir. Je voyais distinctement votre complice, car il s'agit bien de votre complice, n'est-ce pas ? »

La jeune femme devint écarlate, se leva et sortit en courant du restaurant en tirant par le bras son complice à moitié assommé. Watson soupira et alla voir Sherlock.

« Ne fais pas fuir toutes les femmes ! »

« Elle voulait voler mon portefeuilles ! se justifia le détective consultant, et Watson dut bien admettre qu'il avait raison. Et puis, de toute façon, j'ai bien le droit de manger seul, non ? »

« Manger ? Tu n'as rien commandé ! »

« Eh bien j'en profite pour réfléchir ! »

Watson savait qu'il ne pourrait jamais le contredire sur son habitude de ne rien commander dans les restaurants, puisqu'en effet il en profitait pour se plonger dans ses réflexions, et bien souvent trouvait les réponses à ses questions attablé devant rien. Watson retourna au bar pour demander une bière, et à la deuxième gorgée une belle jeune femme s'assit en face de Sherlock.

« Je suis Martha Dinde. Et vous ? »

« Sherlock Holmes. » répondit-il, les yeux dans le vague.

Rah, Sherlock, elle est magnifique, bouge-toi un peu !

« Quel est votre métier ? Je suis styliste. »

« A vous de deviner ma profession. »

« Hm… je vous verrais bien avocat. Ou juge. »

« C'est une supposition basée sur mes vêtements noirs ? »

« Je dois avouer que oui, en effet, dit-elle en riant doucement. Votre profession a-t-elle un lien avec la justice ? »

« On peut dire ça. Quant à vous, je pense que vous êtes styliste pour femmes, pour vieilles femmes riches dans le style rococo, et que vous faites leurs vêtements sur mesure en les approchant de près pour prendre leurs mensurations, j'imagine. »

« Comment savez-vous… »

« Les petites plumes sur vos vêtements, ainsi que l'odeur de parfums très chers mélangés, qui doit provenir des vieilles dames que vous habillez. Et qui en mettent vraisemblablement beaucoup. »

« Incroyable ! s'exclama la femme. Pourquoi êtes-vous si doué, et moi incapable de deviner votre métier ? »

« Parce que vous êtes idiote. Vous ne réfléchissez pas. »

Watson posa avec force sa chope de bière sur le comptoir et secoua la tête, refusant de croire ce qu'il avait entendu.

Oh non, il recommence…

Martha était devenue rouge comme une pivoine, et sa bouche semblait prête à cracher des insanités à propos de Sherlock. Ce dernier avait l'air aussi calme que d'habitude, et Watson aurait juré apercevoir un mince sourire se dessiner sur ses lèvres fines. Martha se mit alors à bafouiller, abasourdie :

« Vous… vous êtes… un… »

Un peu trop franc ? eut envie de lui expliquer Watson.

« Vous êtes… comme les autres ! Les hommes sont tous… »

Sherlock la laissa bégayer sans rien dire, ce qui catastrophait Watson. Il avait du mal à comprendre pourquoi son colocataire renvoyait à leur place toutes les femmes possibles et imaginables. A moins que… non, impossible. Certaines hypothèses ne sont pas applicables à Sherlock Holmes.

Martha tenta de dire quelque chose de bien senti, de purement violent et efficace, mais elle éclata en sanglots et sortit à son tour du restaurant.

Non, là, je ne peux pas rester ici à siroter ma bière !

Watson alla s'asseoir en face de Sherlock et prit une grande inspiration avant de lui demander :

« Bon, Sherlock, est-ce que tu as compris où tu te trouves ? »

« Eh bien, d'après mes observations, ceci est un restaurant où chacun peut éprouver ses talents de répartie. »

Mes aïeux.

« Euh, pas vraiment, commença Watson, mais… »

« N'en dis pas plus. Cet endroit me plaît, nous y reviendrons demain midi ! » s'exclama-t-il en se levant de table.

Dans son lit, Watson pensa qu'il aimerait bien ne pas se réveiller le lendemain. Si possible.