... Je n'arrive pas à résister et je poste le début de cette histoire qui me trotte dans la tête depuis quelques temps. (Et il est plus que probable que je commence aussi un crossover Star Trek / The big bang theory relativement bientôt.) Mon but est double ici : premièrement, écrire une histoire "médicale" sans angst, pour changer (qui a dit "ça va être dur ?"), et deuxièmement, essayer de rester dans l'esprit TOS et de respecter le caractère des personnages. Les chapitres seront courts, pour éviter qu'ils ne me prennent trop de temps et n'empiètent trop sur mes autres fics. Cette histoire commence juste après "Bread and circuses" (saison 2 épisode 25, un de mes préférés pour le magnifique dialogue Spock-McCoy) et je ferai probablement référence à plusieurs autres épisodes TOS. L'idée me vient d'une discussion avec une trekkie sur les procédures à respecter sur un vaisseau spatial en cas d'épidémie. Tout ce qui concerne ce point sort donc de ma petite cervelle et n'est absolument pas canon. (Et, d'accord, je plaide coupable, je me suis aussi dit que j'avais bien torturé Spock dans l'univers du reboot, et qu'il ne me restait plus qu'à le placer un peu en situation de faiblesse dans la série originale... Avouez que cela ne vous étonne absolument pas de ma part.)


Prologue

Journal de bord du capitaine, date stellaire 4155,76

Nous sommes depuis deux jours en orbite autour de Gault, planète de classe M où s'est implantée il y a de cela quelques années une petite colonie agricole. Bon nombre de machines nécessitaient une révision, et pour certaines, une réparation, si bien que M. Scott, notre ingénieur en chef, assisté de son équipe, est descendu sur la planète afin d'aider les colons à optimiser leur matériel. En parallèle, un de nos pilotes, M. Sulu, qui a reçu une solide formation de biologiste*, a demandé la permission d'étudier la flore de Gault. M. Fargun, qui dirige la colonie, a gracieusement offert aux scientifiques de son équipe des espèces particulièrement intéressantes. La mission est accomplie, et nous quitterons Gault à la première heure demain matin, pour nous rendre comme prévu dans le secteur L-300**…

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- Avec votre permission, capitaine ?

Kirk interrompit son journal et appuya sur le bouton de communication.

- Qu'y a-t-il, Monsieur Scott ? demanda-t-il, prêt à écouter le rapport de l'ingénieur.

- Capitaine, M. Fargun a demandé une entrevue avec vous demain, en privé, pour des questions d'importance concernant la Fédération.

Le capitaine fronça les sourcils, étonné.

- Mais je lui ai déjà parlé hier, et aujourd'hui même, à deux reprises. Il semblait ravi des progrès accomplis par votre équipe. Y a-t-il eu un problème ?

- Je… ne sais pas, monsieur.

Le ton de Scotty était hésitant, ce qui n'était clairement pas dans ses habitudes. Jim se pencha légèrement vers le panneau de contrôle des communications, comme si ce geste pouvait inciter l'ingénieur à parler. Illogique, bien évidemment, puisque M. Scott ne pouvait pas le voir depuis la salle de téléportation où il devait se trouver.

- Vous ne savez pas ? répéta-t-il, interrogatif.

Scotty se racla la gorge, comme s'il était profondément embarrassé par ce qu'il s'apprêtait à dire.

- M. Fargun semblait penser que… qu'en tant qu'ingénieur en chef, j'étais en mesure de lui fournir un cristal de dilithium en échange de certains métaux précieux extraits sur Gault. Le fait que j'aie refusé catégoriquement lui a probablement déplu, et peut-être voudrait-il… tenter sa chance avec vous.

Kirk demeura un instant stupéfait.

- Vous voulez dire qu'il veut essayer de me soudoyer pour obtenir du dilithium ? finit-il par demander sur un ton dubitatif. N'est-il pas au courant que nos cristaux ne sont pas à vendre, et qu'il est formellement interdit d'en faire commerce, sous peine de violer au moins quinze lois de la Fédération ?

Jim décida d'ignorer la rectification discrète de Spock (« Dix-neuf, capitaine »), et attendit la réponse de son ingénieur.

- C'est exactement ce que je lui ai dit, Monsieur !

Kirk imaginait sans peine l'indignation de l'Ecossais. La seule pensée de priver l'Enterprise ne serait-ce que d'un boulon lui semblait le pire des crimes, passible de peine de mort, alors du dilithium, le cœur du vaisseau, la substance la plus précieuse (et coûteuse) à bord, leur principale source d'énergie… Il devait en ce moment même lutter pour ne pas exploser de fureur à cette idée.

- Entendu, je parlerai à Fargun plus tard. Ne vous inquiétez pas, Scotty, il peut m'offrir la lune – Spock, je sais que Gault n'a pas de satellite –, je la refuserai sans hésitation. Ne vous préoccupez plus de cette affaire, et dites à toute votre équipe que votre mission est terminée pour aujourd'hui. Vous avez accompli un travail remarquable et vous avez bien mérité du repos. Bonne soirée. Kirk, terminé.

Le capitaine releva la tête et son regard croisa celui de son premier officier, qui avait écouté toute la conversation, sans réagir autrement que par l'ajout des points de détail susmentionnés. Comme toujours, ses mains étaient croisés dans son dos, et son visage aussi inexpressif qu'à l'accoutumée.

- Et bien, Monsieur Spock, qu'en pensez-vous ? Ce type a vraiment l'audace de réclamer le dilithium qui appartient à Starfleet ?

- Il semblerait, capitaine, à moins que vous n'insinuiez que M. Scott ment, ce qui me semble peu probable.

Kirk sourit à cette idée, mais la perspective d'une entrevue avec le responsable d'une colonie qui avait essayé de corrompre un de ses hommes lui ôta toute envie de plaisanter.

- Pensez-vous que je doive me rendre sur la planète demain et régler cette affaire personnellement avec Fargun ?

- Oui, capitaine, puisque, en tant que responsable de la colonie, il est dans son droit de vous demander cette entrevue. Cependant, il me semble raisonnable de vous y rendre accompagné d'une escorte d'au moins trois membres de la sécurité. Au moindre problème, nous serons prêts à vous remonter sur le vaisseau.

Le sourire revint sur les lèvres de Kirk. Comptez sur Spock pour respecter le règlement à la lettre tout en assurant efficacement la protection de son supérieur. Il pressa un bouton sur l'accoudoir de son fauteuil pour appeler le laboratoire de botanique, et immédiatement, la voix de Sulu résonna sur la passerelle.

- Oui, capitaine ? Souhaitez-vous que je reprenne mon poste au pilotage ?

- Non, Monsieur Sulu, absolument pas. Je voulais simplement m'assurer que tout allait bien et que vous étiez remonté sur l'Enterprise sans problème.

- Tout va très bien, monsieur. Cependant…

- Cependant ?

- Cependant, M. Fargun m'a placé dans une situation délicate aujourd'hui.

- A-t-il essayé de vous soudoyer de quelque façon que ce soit ? interrompit vivement Kirk, qui commençait à trouver la situation pour le moins déplaisante.

- Oui, capitaine, mais comment savez-vous…

- Cet individu semble croire qu'il peut acheter mon équipage sans problème, siffla le capitaine entre ses dents. Désolé, Sulu, vous n'y êtes pour rien. Je voulais juste vous annoncer que vous et votre équipe avez quartier libre pour toute la soirée. Assurez-vous simplement que les plantes que vous avez récoltées sur la planète reçoivent les soins nécessaires.

- Je m'en suis déjà occupé, capitaine.

- Parfait. A demain. Kirk, terminé.

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Sulu jeta un coup d'œil vers les magnifiques fleurs odorantes aux couleurs vives et les plantes carnivores que Fargun lui avait généreusement offertes avant de lui proposer, sur le mode badin, une orchidée de jade en échange d'un cristal de dilithium. Le pilote s'était senti très mal à l'aise. Demandez-lui de piloter l'Enterprise au milieu d'une tempête magnétique, de reprendre des équations de vol erronées au milieu d'une course-poursuite à travers l'espace, et pourquoi pas de faire rire ses collègues par son humour parfois incisif, pas de problème. Mais il n'était certainement pas diplomate et ne savait comment réagir dans ce genre de situation embarrassante. Hochant la tête, il étouffa un bâillement dans sa manche et quitta le laboratoire. Mieux valait ne plus penser à cette conversation, ni à la façon dont il avait répondu. Il avait poliment décliné l'offre, évidemment, mais l'homme en face de lui avait tellement insisté que Sulu avait failli le planter là, sans mauvais jeu de mots, en laissant sur place tous les spécimens que son équipe avait déjà collectés.

- Que se passe-t-il, Hikaru ? Vous avez l'air complètement dans les nuages. Vous n'avez pas envie de venir vous entraîner au gymnase avec moi ? J'espère battre Kyle à la lutte ce soir.

Sulu rendit à Chekov son sourire. La bonne humeur du jeune Russe, arrivé dans l'équipage quelques temps auparavant***, semblait inébranlable, bien qu'il soit capable de râler pour un oui ou un non sur la passerelle, dans les moments de stress, et, d'une certaine façon, contagieuse.

- Pas aujourd'hui, Pavel, répondit cependant Sulu. Je suis fatigué et je dois être tôt sur la passerelle demain matin.

En fait, se dit-il alors que le jeune pilote s'éloignait vers le gymnase avec un signe amical de la main, il se sentait inhabituellement fatigué. La journée n'avait pourtant pas été épuisante. Le mieux était probablement de retourner immédiatement dans ses quartiers, de prendre une douche et de se reposer un peu avant d'aller manger. L'eau chaude, après le climat rigoureux de Gault, le détendit complètement. Tout en se demandant si il devait écrire un rapport à l'infirmerie à propos des plantes médicinales qu'il avait récupérées, il s'allongea sur son lit et ferma les yeux.

Deux minutes après, il dormait profondément.

Lorsque Sulu se réveilla au son de son réveil, il était 6:30 et il ne se sentait absolument pas reposé. Au contraire, un martèlement discret mais continu résonnait dans son crâne, il avait mal à la gorge lorsqu'il avalait sa salive, et quand il essaya de respirer par le nez, il réalisa que l'opération n'était pas aisée. Avec un reniflement irrépressible, il s'assit et tendit la main vers le verre d'eau posé sur sa petite table de chevet. Puis, sans cesser de renifler, il se dirigea vers la salle de bains. Une nouvelle douche chaude le remettrait peut-être d'aplomb.

Vingt minutes après, il lui fallut malheureusement se rendre à l'évidence : il avait attrapé sur Gault un virus, probablement un rhume (il espérait en tout cas que la grippe, cette fois, lui serait épargnée, car lors de la dernière épidémie, il avait été parmi les plus durement touchés). Son mal de tête restait très léger et il n'avait presque pas de fièvre, mais les éternuements répétés et la nécessité de se moucher à peu près toutes les trente secondes l'empêchaient d'ignorer son indisposition et de se rendre sur la passerelle comme si de rien n'était. Ainsi que l'exigeait la procédure lorsqu'une maladie virale, même aussi inoffensive qu'un simple rhume, était détectée sur un vaisseau de la flotte, le malade devait se rendre à l'infirmerie immédiatement et éviter tout contact avec qui que ce soit afin d'éviter au maximum les risques de contagion.

Avec un nouveau reniflement dépité, il s'empara d'un paquet de mouchoirs et quitta ses quartiers à regret, espérant contre toute logique que McCoy serait du moins en mesure de le débarrasser des symptômes les plus embarrassants de son indisposition, comme par exemple le fait que son nez était en train de se transformer en fontaine. En réalité, il savait très bien que le médecin en chef lui répondrait sarcastiquement qu'aucun traitement n'avait jamais été trouvé contre le virus du rhume, et qu'il lui faudrait le supporter comme tout le monde.****


* Parfaitement canon. Au tout début de la série, Sulu n'est pas pilote, mais fait partie de l'équipe scientifique (en astrophysique). On apprend dans "Charlie X" qu'il est passionné par les plantes et qu'il a de solides connaissances en botanique.

** Le secteur L-300 est le secteur que l'Enterprise doit rejoindre dans l'épisode situé chronologiquement juste après "Bread and circuses" : "The doomsday machine".

*** Chekov n'était pas dans la première saison de Star Trek. Il fait son apparition dans "Amok time" (où, d'ailleurs, il râle parce que Spock et Kirk n'arrêtent pas de changer la direction du vaisseau, ce qui fait rire Sulu), au tout début de la deuxième saison.

**** A plusieurs reprises, dans divers épisodes de Star Trek, McCoy fait remarquer qu'aucun traitement n'a à ce jour été découvert pour le virus du rhume. C'est également un point que Spock reprend, de façon ironique, quand McCoy se la ramène un peu trop, après une intervention particulièrement difficile qu'il a réussie (Spock lui rappelle alors que d'accord, il n'est pas totalement irrécupérable, mais qu'il ne sait toujours pas guérir un simple rhume, alors bon, ce serait pas mal de rester modeste).