CREATURE OF HABIT
de
EZRocksAngel
...
Twilight appartient à S. Meyer
Je ne suis que la traductrice...
Romance - surnaturel
Bella commence à travailler pour l'insaisissable et distant Edward Cullen qui, découvre-t-elle, se cache derrière une façade élaborée pour protéger son mode de vie. Elle est déterminée à découvrir ses secrets mais quel sera le résultat?
(31 chapitres)
10 PREMIERS CHAPITRES
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PREMIER CHAPITRE
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=== Bella ===
Je jetai un dernier coup d'œil dans le miroir, arrangeant vite fait mon gros pull et mon jeans avant de prendre mes clés et mon sac. Je courus dans l'escalier vers le parking évitant les flaques qui se formaient sur le trottoir inégal et ne trébuchai qu'une seule fois.
Je ne tombai même pas.
Peut-être que je m'améliorai.
Il y a quatre ans j'avais eu une des places les plus convoitées sur le campus à la bibliothèque. C'était un travail facile et pas ennuyeux. Il me laissait du temps pour étudier et mes collègues étaient gentils et assez aimables. Je n'en connaissais pas beaucoup mais je préférais travailler seule et je n'avais qu'un petit groupe d'amis proches.
Malheureusement dès que j'aurais mon diplôme je ne pourrai plus travailler sur le campus et j'essayais désespérément de trouver un travail à temps complet dans le coin. Je n'avais vraiment aucun intérêt à retourner à Phœnix en ce moment.
Je finissais d'aider un étudiant dans la recherches de références et j'allais commencer à passer au crible les petites annonces quand M. Hudson, mon supérieur, se leva et me demanda de venir dans son bureau.
Je le suivis derrière les rayonnages dans un espace privé qui abritait les bureaux de la bibliothèque, me demandant à quel sujet il voulait me rencontrer.
Il me fit un geste pour que je m'installe sur le siège vide avant de me demander. "Bella, tu n'as pas trouvé de travail pour après la remise des diplômes, si?"
Je secouai la tête et grimaçai. "Non, j'ai envoyé mon CV à des douzaines d'endroits et j'ai eu deux entretiens mais jusqu'à présent je n'ai pas eu beaucoup de chance."
J'avais été complètement frustrée par le manque d'offres d'emplois. J'étais brillante et je travaillais dur. J'avais de l'expérience et de bonnes références mais il semblait que je n'étais pas très douée pour trouver. Et j'en avais besoin rapidement car dans deux semaines ce serait fini ici pour moi et j'avais la location et des factures à payer et plus de travail.
Monsieur Hudson avait été mon supérieur depuis que je travaillais ici et il était vraiment plus qu'un mentor pour moi alors je n'étais pas complètement surprise qu'il ait remarqué ma situation difficile. Il sourit et dit. "Bien je crois que je peux avoir trouvé quelque chose pour toi."
"Vraiment?" dis-je en faisant un immense sourire. Ce serait génial! "Racontez-moi."
Il s'adossa à son siège, se détendit puis dit, "Je ne sais pas si tu en es consciente mais Trust Northwest Pacific est un des donateurs les plus généreux de la bibliothèque et de ses programmes. Ils ont toujours été très généreux et en retour je les aide à trouver une assistante pour leur PDG tous les ans ou presque."
Je réfléchis à ce qu'il disait. Je n'avais jamais pensé à être une assistante personnelle et je n'étais pas bien sûre de savoir en quoi ça consistait mais en ce moment j'étais désespérée et disposée à examiner chaque proposition.
"J'ai entendu parler d'eux, ils sont très impliqués dans des œuvres caritatives n'est-ce pas?" demandai-je essayant de replacer le nom de la société avec les programmes qu'ils avaient financés.
"Oui," répondit-il. "M. Cullen est très impliqué dans le mécénat d'art et autres organisations à but non lucratif. Je crois que tu es la candidate parfaite pour ce travail. Tu es très organisée et fais très attention aux détails et de plus tu es l'employée la plus professionnelle que j'aie eue depuis des années. Monsieur Cullen a des exigences très élevées et a besoin que nous lui donnions le meilleur. Et je crois que cette année... cette personne c'est toi."
Je sentis la chaleur envahir mes joues. "Hou là, merci. Que faut-il que je fasse? Envoyer mon CV ou remplir un questionnaire?" J'étais sérieusement très flattée.
M. Hudson s'avança et saisit le téléphone. "Laisse-moi appeler et prendre les dispositions nécessaires. Bella, je pense que ça pourrait être un premier travail génial et PNT sera une excellente référence pour tes futures recherches."
Je ne pus m'empêcher de penser que ma chance était en train de tourner tandis qu'il appelait le bureau de Monsieur Cullen et m'organisa un entretien pour deux jours plus tard.
Ce soir-là lorsque je rentrai à la maison je fis ce que chaque nouvelle employée qui venait de trouver un nouveau travail ferait.
J'allais chercher des infos sur mon patron sur le net.
J'entrai les infos lorsque ma colocataire Angela arriva à l'appartement, posant ses sacs sur le canapé et s'affalant dans les coussins épais.
"Hey! J'ai des nouvelles géniales..." commençai-je en souriant en la regardant par-dessus l'écran.
"Quelle sorte de nouvelles?" demanda-t-elle en se redressant un peu, intriguée.
"M. Hudson m'a trouvé du travail pour après mon diplôme!" fis-je d'un cri perçant, honnêtement, je n'avais pas pu m'en empêcher.
"Waouh, ça c'est vraiment génial! Raconte-moi," dit-elle vivement.
Angela était une amie géniale. Une véritable amie. Nous étions dans le même dortoir pour notre première année, dans des chambres différentes. Elle était avec une fille qui avait un petit-ami sérieux et c'était vite devenu inconfortable. La mienne mettait son réveil tous les matins à six heures sans tenir compte de l'heure à laquelle il fallait qu'elle se lève et elle avait l'habitude d'appuyer sur le snooze pendant des heures. Après deux mois de cette situation j'avais lancé son réveil dans le couloir dans une crise de rage due au manque de sommeil. Angela et moi avions trouvé refuge près de l'autre et depuis nous étions restées ensemble.
"Bon il s'agit de Trust Northwest Pacific et apparemment leur PDG Monsieur Cullen a besoin d'une assistante personnelle pendant un an. M. Hudson pense que ce serait un grand pas pour moi," expliquai-je.
Je vis un éclair de curiosité dans les yeux d'Angela, "Monsieur Cullen... Je suis allée à l'école à Forks avec des enfants qui s'appelaient Cullen. Ils étaient... comment je pourrais les décrire... différents."
Je la fixai, elle ne pouvait pas être si vague. "Et ça veut dire quoi exactement?"
"Je ne sais pas comment l'expliquer. Il y avait une fille et un gars dans ma classe, Alice Cullen et Jasper Hale. Leurs frères étaient dans une classe au-dessus. Un garçon et une fille," dit-elle en marchant dans la chambre et en prenant un soda dans le frigo avant de revenir et de dire. "Ils étaient très intelligents et très attirants. Je doute d'avoir rencontré quelqu'un d'autre comme eux dans la vraie vie. Oui les deux femmes étaient magnifiques mais..." elle laissa la phrase en suspens.
"Mais quoi?" répondis-je un peu irritée. Angela était une très gentille personne et n'aimait pas être grossière ou dire des choses méchantes sur les gens. J'étais pareille mais c'était important pour moi et il me fallait toutes les informations que je pouvais avoir.
Angela roula des yeux à mon impatience avant de répondre. "Mais ils étaient un peu froids. Ils ne se sont pas fait d'amis tout le temps qu'ils ont été là. Ils restaient ensemble et d'après ce que je peux en dire ils étaient en couple, Alice avec Jasper et Emmett avec Rosalie. Ce qui peut paraitre bizarre mais ils n'étaient pas parents car ils avaient été adoptés par le médecin du coin et sa femme. Ça parait impoli mais il y avait juste quelque chose à leur sujet qui me mettait mal à l'aise."
"Hummmm... je ne sais pas si c'est la même famille ou pas. Tout ce qu'il m'a dit c'est Monsieur Cullen mais je ne peux pas imaginer si c'est le même groupe de gens, qu'en penses-tu?" dis-je en me tournant vers mon ordinateur. "Mais j'étais en train de chercher quand tu es arrivée."
J'entrai Trust Northwest Pacific et un nombre infini de liens apparut sur l'écran. Je cliquai sur le premier et j'en écarquillais les yeux.
Monsieur Cullen était apparemment Edward Cullen... et il était superbe. Je veux dire, vraiment, vraiment superbe.
"Il te dit quelque chose?" dis-je en lui montrant l'écran.
Angela se pencha et dit. "Waouh. Hum... non, non pas vraiment, mais il leur ressemble en quelque sorte. Je ne peux pas expliquer autrement, peut-être quelque chose concernant leur couleur. Waouh il est très beau et sexy."
Je regardai la photo. Je remarquai qu'il était habillé en costume à ce qui devait être une réunion caritative. L'autre chose qui était remarquable, mis à part son apparence, c'est qu'il paraissait fatigué, il avait de grands cernes sous les yeux. Il paraissait jeune, très jeune. Je parcourus les informations et vit qu'il était au début de la vingtaine. Il devait être un prodige ou quelque chose de ce genre.
En lisant les renseignements sur M. Cullen et TNP je constatai que toutes les informations étaient générales, rien de détaillé. Tout cela paraissait identique, toujours la même page de communiqués de presse, toujours les deux ou trois mêmes photos, des descriptions générales de TNP et du magnifique travail qui était accompli pour la communauté.
J'étais intriguée par mon nouveau patron potentiel et ça m'excitait sans nul doute de travailler pour lui. C'était mon état d'esprit lorsque je me présentais pour l'entretien quelques jours plus tard. Je m'étais ressentie un peu rejetée après tous ces échecs. J'étais plus optimiste pour celui-là et essayais de le rester.
J'arrivai à l'adresse qui m'avait été donnée et fus surprise de constater que c'était une maison située dans la partie historique de la ville. L'assistante actuelle de monsieur Cullen vint m'accueillir après que j'eus sonné. Quand elle me fit entrer je compris que je travaillerai chez lui et pas à ses bureaux.
Kim m'accompagna dans le hall et m'offrit un siège. J'étais vraiment étonnée par toutes les belles antiquités dans la pièce. Je n'avais jamais été dans une maison avec un tel décor, cher et élégant... mais bon je ne connaissais personne qui avait une assistante personnelle ou alors c'était le PDG d'une grande société.
Elle était jolie, une grande blonde, dans les 25 ans. Elle s'assit en face de moi et sourit. "Isabella merci d'être venue me rencontrer. M. Hudson m'a dit tout un tas de bonnes choses sur toi. J'ai aussi travaillé pour lui mais dans un autre secteur de la bibliothèque. Je suis d'ailleurs surprise que nous ne nous soyons jamais rencontrées," pensa-t-elle à voix haute. Je réalisai combien elle était jeune, un ou deux ans de plus que moi.
Je lui souris soulagée qu'elle paraisse si gentille et décontractée et dis : "Merci de me recevoir. C'est très agréable de te rencontrer. J'apprécie aussi le fait que tu prennes le temps de discuter avec moi."
"Permets-moi de commencer en disant que ce n'est pas vraiment un entretien, monsieur Cullen pense que tu seras parfaite et il voudrait que tu commences après la remise des diplômes. Je pars dans deux semaines et ce serait bien mieux si tu pouvais passer un peu de temps avec moi la semaine prochaine pour prendre tes marques. Ce n'est pas un travail difficile mais monsieur Cullen est très attentif sur ce qui doit être fait à la maison."
Je hochai la tête avec enthousiasme en réalisant que j'avais ce travail et que j'allais bientôt commencer.
Kim continua. "Honnêtement comme monsieur Cullen n'est pas ici, je ne vais pas hésiter à te dire exactement ce qu'il attend de toi. Si ça ne te convient pas, sens-toi libre de me le dire et nous prendrons d'autres dispositions."
Cette sincérité m'étonna un peu mais j'appréciais qu'elle soit si directe. Travailler pour quelqu'un chez lui était différent de toutes les sortes de travail que j'avais eus avant. A Phœnix j'avais travaillé dans la vente ou comme serveuse pendant les vacances d'été mais jamais rien de comparable à cela.
"D'abord laisse-moi te dire que c'est un homme vraiment magnifique, très tranquille et réservé, certaines semaines je ne l'ai pas du tout vu." Elle s'arrêta pendant une minute et étudia mon expression. Ça ne me posait aucun problème parce que j'aimais bien être seule. Je lui fis un sourire encourageant et lui demandai de continuer. "Il me laisse une liste de choses à faire tous les matins sur mon bureau avant que je n'arrive. Ce ne sont pas des choses difficiles mais il faut faire attention à comment elles doivent être faites. Je te montrerai tout ça plus tard."
"Kim je te promets que tu ne vas pas me faire peur. Je suis très méticuleuse en ce qui concerne mon travail donc il me semble que tout ça me conviendra bien. Monsieur Hudson ne m'aurait pas proposée pour ce travail s'il pensait que je ne pourrai pas le gérer," la rassurai-je.
"Je suis d'accord et heureuse que tu vois les choses comme ça. Maintenant, autre chose à propos de monsieur Cullen c'est une personne extrêmement secrète. Si tu veux garder ce travail, tu dois faire preuve de discrétion tout le temps. Il a une position élevée dans la communauté et sa réputation est très importante. Quand tu sors le vendredi soir, ne bavarde pas sur son compte au milieu d'un bar. Je ne sais pas comment mais il le saura et tu perdras ton travail. En outre il te demandera de signer un accord de confidentialité avant que tu commences, ce qui est complètement normal pour une assistante personnelle." Sa voix était sérieuse quand elle dit cela et de nouveau tout ce que je pus faire c'était un signe de tête pour montrer que j'avais compris.
Ensuite elle m'amena faire le tour de la maison. En bas il y avait un salon, une cuisine, un petit bureau pour moi et une bibliothèque. Je jetai un coup d'œil dans la bibliothèque et fus éblouie par la quantité de livres et de musique qu'elle renfermait. Il y avait des étagères du sol au plafond et au bout de la pièce il y avait une stéréo qui paraissait compliquée. Kim remarqua mon intérêt et dit. "Tu peux regarder ou écouter toute sa musique. Il m'a encouragée à le faire. Fais bien attention de remettre chaque chose à sa place. Une fois j'ai rangé un cd sur la mauvaise étagère et il s'en est aperçu immédiatement. Je jurerai qu'il a des yeux de faucon..."
Nous nous dirigeâmes vers la cuisine et Kim ouvrit quelques placards et le frigo qui contenait vraiment le minimum. Elle rit quand elle vit mon regard interrogatif et dit. "M. Cullen a un régime spécial. Je ne sais pas ce qu'il mange mais c'est très peu et jamais ici. Tu peux garder du café ou du thé pour toi et mettre ton déjeuner dans le frigo si tu veux. Faire les courses n'est pas l'une de nos tâches."
Nous continuâmes par la buanderie, les zones de stockage et le garage qui contenaient plusieurs voitures chères. J'étais complètement ignorante concernant les voitures et avec tout ce qui avait à voir avec ça. Je me demandai si je serai responsable de quoi que ce soit les concernant. Kim rit et dit. "Les voitures c'est une chose pour laquelle il faudra que tu gagnes sa confiance. Mais oui tu devrais avoir à t'en occuper de temps en temps."
Nous retournâmes à l'intérieur et elle m'expliqua que la maison avait deux entrées. Nous prîmes l'escalier de derrière et elle me montra rapidement les zones dans lesquelles je pouvais aller à l'étage.
Kim agita sa main vers le fond du couloir, il y avait deux portes fermées. "Ce sont les pièces privées de monsieur Cullen. N'y va pas du tout. Jamais. Tout le temps que je suis restée là je n'y suis jamais entrée. Il y a une chambre d'amis et une salle de bain au cas où il y aurait un visiteur, ça arrive de temps en temps et bon... suis-moi," dit-elle. Avant d'ouvrir la porte elle me regarda et me dit, "Si tu peux gérer cette pièce tu peux faire ce travail," et elle fit un geste pour que je la suive dans une pièce à gauche. Elle poussa la porte et ma mâchoire se décrocha.
C'était une pièce normale qui avait été transformée en dressing. Il y avait des étagères, des tiroirs, des cintres sur les quatre murs. J'avançai et fis un geste en direction des costumes qui étaient rangés par saison ou par couleur. Je regardai Kim et dit : "C'est incroyable!"
Il y avait des rangées de chaussures, de chemises, de manteaux, chacun dans son tiroir ou son étagère. Il faudrait plusieurs vies pour accumuler cette quantité de vêtements et d'accessoires. Je ne pouvais pas imaginer combien de temps ou d'argent ça avait dû coûter pour acheter une garde-robe comme celle-là.
Quand j'inspectais les articles de plus près je remarquai une tendance. Certains semblaient d'une autre époque. Tous en très bon état mais d'une autre époque. Je montrai du doigt le haut d'une étagère, avec des chapeaux et je me demandais à haute voix s'il était collectionneur.
Kim fut d'accord. "Je me le suis demandée aussi. Tu constateras qu'il est très conservateur. Je ne pense pas qu'il ait jeté quelque chose un jour. Et je ne crois pas l'avoir vu porter deux fois la même chose."
Elle me montra encore deux trois choses puis nous revînmes en bas. Nous nous mîmes d'accord sur notre programme à mi-temps pour la semaine prochaine quand j'en aurai fini avec mes examens.
Kim me raccompagna à la porte et je marchai jusqu'à ma voiture en me sentant un peu dépassée par toutes ces informations. Et je n'étais pas certaine de savoir dans quoi j'étais tombée. De ce que j'en comprenais je venais juste d'être d'accord pour travailler pendant un an pour un patron qui vivait reclus, qui était obsessionnel et compulsif, qui gardait de vieux vêtements et qui mangeait différemment.
Je soupirai en démarrant ma voiture. J'avais probablement fait une énorme erreur à moins que je ne sois devenue folle. Mais à circonstances désespérées, mesures désespérées, j'avais besoin d'un travail et je n'allais pas tourner le dos à un travail parfait juste parce que mon patron avait des habitudes étranges.
=== Edward ===
J'entrai dans l'allée et appuyai sur le bouton pour ouvrir le portail du garage. Il glissa vers en haut et j'entrai la voiture dans sa place de parking facilement.
Il était plus de dix-sept heures mais il pleuvait et il faisait presque nuit dehors.
J'ouvris la porte de la cuisine et écoutai remarquant le silence.
Kim était partie.
Une odeur étrange saturait l'air, on aurait dit des fleurs et je me demandais si Kim avait amené quelqu'un ou si elle avait mis du parfum.
Je marchai dans le hall pour aller à la bibliothèque et je pris deux cd pour ce soir. J'avais du travail à faire, j'avais été pris par une réunion du conseil d'administration toute la journée.
Ma tête bourdonnait constamment. Je cherchai un endroit calme et un peu de paix.
J'allai vers le bureau de Kim et attrapai la feuille de compte-rendu qu'elle me laissait chaque jour, me transmettant les messages et la paperasse ou tout ce qu'elle n'avait pas pu faire.
Je lus rapidement son rapport et notai que la nouvelle assistante était venue et qu'elle reviendrait la semaine prochaine. C'était bien car ça ne perturbait en rien mon emploi du temps ou mes habitudes.
Je poussai la porte de mon dressing pour me changer et je remarquai de nouveau cette odeur de fleurs ici aussi et j'en conclus que c'était son nouveau parfum.
Je l'aimais bien mais bon il me donnait ... faim en quelque sorte.
Je me changeai rapidement, jetai mes vêtements de la journée dans le panier et pris la pile de journaux qu'elle m'avait laissée. J'entrai un cd et cherchai la télécommande sur la table basse près du canapé.
J'appuyai sur 'play' et m'installai sur le doux cuir et commença à feuilleter la pile de journaux.
Je reniflai.
Rien.
Intrigué je me levai et retournai dans le dressing. J'inspirai profondément, remplissant mes poumons.
Des fleurs.
Je réfléchis un moment avant d'ouvrir la porte et de descendre à ma voiture.
Ma recherche devrait attendre contrairement à ma faim soudaine et impérieuse...
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DEUXIEME CHAPITRE
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Bella
La remise des diplômes arriva avec les habituels chapeaux, toges et photos. Ma mère et mon père étaient venus d'Arizona pour la cérémonie ce qui était bien parce que je pensais que je ne les reverrai pas avant longtemps.
Je fus triste de les voir repartir mais excitée en même temps de commencer un nouveau travail. J'avais passé la dernière semaine à apprendre avec Kim et me sentais parfaitement capable de gérer le travail qu'on me confierait une fois que je serai seule.
Durant cette semaine de formation je n'avais toujours pas rencontré monsieur Cullen, il n'était jamais là en même temps que moi... Kim m'avait expliqué qu'il avait beaucoup de réunions et qu'il voyageait aussi pour les projets qu'il supervisait.
Il pleuvait, bien sûr, tandis que je me rendais à la maison Cullen. Malheureusement je ne trouvai pas de place pour me garer et je dus aller dans une rue adjacente.
Je ronchonnai à voix basse en sortant mon parapluie et lançai mon sac sur mon épaule. Je réussis à rejoindre la maison à peu près à l'abri et je courus pour monter l'escalier me servant de la clé que Kim m'avait donnée pour entrer. Je secouai le parapluie et enlevai mon imperméable, marquant une pause pour le ranger derrière la porte dans l'entrée puis allai vers mon bureau.
Mon bureau.
Kim avait enlevé toutes ses affaires personnelles et le bureau était propre et bien rangé.
Je pris un moment pour m'asseoir et savourer le moment. Mon premier vrai travail et premier vrai bureau. C'était plutôt intimidant de devenir adulte.
Je pris la liste établie par M. Cullen qui avait l'écriture la plus raffinée et lisible que j'aie jamais vue. Elle semblait venir d'une autre époque avec une touche de féminité. J'étais jalouse des lignes épurées et des courbes de ses lettres. J'espérai ne jamais à avoir à lui écrire quoi que ce soit avec mon écriture maladroite de fillette.
Je secouai la tête à cette pensée et continuai à lire mes instructions qui incluait m'occuper de son linge, faire quelques courses pour l'entretien courant de la maison. Il avait aussi besoin d'un type de stylo inhabituel qu'on trouvait dans une boutique spécialisée au nord de la ville. Il me disait aussi d'aller à sa boite postale où il recevait son courrier et ses journaux. Apparemment il en recevait une quinzaine tous les jours qu'il consultait la nuit. Je n'avais aucune idée de comment il faisait pour traiter toutes ces informations après une journée complète de travail mais je supposais que ce n'était pas dans mes attributions de me le demander.
Je relus la liste et les instructions, prenant le temps d'appeler pour avoir l'adresse exacte d'une des boutiques. Je remarquai aussi qu'il y avait une carte de crédit argentée, attachée au bloc-notes à l'en-tête de la Pacific Northwest Trust. Un mot séparé me disait que je devais l'utiliser pour les courses de la liste.
Je retournai dans l'entrée, repris mon imperméable et mon sac, ouvris mon parapluie sous le petit auvent en haut des marches.
Je soupirai avant de me précipiter vers ma voiture en évitant les flaques.
Après six heures, huit magasins, un arrêt pour faire le plein et un autre pour déjeuner, un faux pas dans une flaque et une discussion avec l'automate de la laverie, je retournai au bureau. J'étais épuisée et trempée à cause de la pluie et tout ce que je voulais c'était rentrer chez moi et me coucher. Mais il me restait encore deux heures avant de partir, il fallait que je range les courses et que je fasse la petite liste de choses qu'il me restait à faire ici.
Je passai un peu de temps à changer des ampoules dans la bibliothèque et dans le salon. Apparemment monsieur Cullen avait décidé de changer les vieilles ampoules. J'eus l'impression de gaspiller en jetant les ampoules qui fonctionnaient parfaitement bien mais ce n'était pas ma décision.
Dans la bibliothèque je me laissais distraire par les livres qui remplissaient la pièce. Comme dans le reste de la maison c'était un mélange de vieux et de nouveau et il y avait même une grande quantité de livres dans des langues étrangères, allemand, français et italien. Je m'arrêtai pour regarder une collection reliée en cuir de Shakespeare. Ils étaient doux et usés. Il y avait des copies d'Homère et de Steinbeck. Je remarquai aussi une étagère de journaux médicaux épais. Je savais qu'il était censé être un prodige mais je trouvai difficile de croire qu'il ait lu tout ça. Je ricanai pour moi-même en imaginant la prétention et l'ego de mon patron.
Après avoir fini de sauver le monde avec la dernière ampoule, j'allai en haut pour ranger le linge et autres articles personnels dans le dressing. Après avoir posé les vêtements sur le dos d'une chaise et placé les journaux sur le comptoir comme ça m'était demandé, je les décalai pour que le titre soit lisible d'un seul coup d'œil. Ensuite j'arrangeai son courrier dans l'organiseur à onglets, les grandes enveloppes derrière et les petites devant.
Je revins au linge que j'avais déposé sur la chaise, déballai les vêtements de leur housse et les replaçai au bon endroit. Je souris à l'extravagance des cintres en bois épais tous identiques. Je remis tout en place sans me tromper, Kim avait tout photographié et elle m'avait laissé ce document pour m'aider.
Je fis le tour de la pièce vérifiant que tout était bien rangé. Pour une raison quelconque j'aimais être ici. Je devais admettre que c'était un peu long d'être seule toute la journée et venir là était la chose la plus proche d'un contact humain pendant le travail. Le reste de la maison paraissait si impersonnel et ici je pouvais en apprendre un petit peu plus sur l'insaisissable monsieur Cullen.
Pour la première fois je remarquai la collection de t-shirt anciens qui était suspenduE là. Je les fis défiler pour regarder les noms ou lire les logos rapidement : les Beatles, les Rolling Stones, les Who, les Grateful Dead, les Doors, Janis Joplin, les Pink Floyd, Led Zeppelin, David Bowie, Queen et Kiss. Je m'arrêtai sur Kiss et fis courir mes doigts sur le visage de Gene Simmons et sa ridicule longue langue. Il y en avait beaucoup et ils semblaient être rangés par ordre chronologiques, vers la fin j'en vis un de Cher, Elton John, Nirvana et le dernier était celui du Hard Candy tour de Madonna.
C'était une collection très impressionnante, très éclectique. Il devait avoir trouvé une boutique qui lui fournissait tout ça. Je me demandai si c'était Kim qui s'en était occupée.
Ah, la vie de riche!
Je quittai la pièce, éteignis la lumière et fermai la porte derrière moi. Je descendis jusqu'à mon bureau et remplis mon rapport des activités de ce jour. Je le tapai ne voulant pas qu'il voit mon écriture hideuse et laissai la page sur mon bureau comme ça m'était demandé.
En rassemblant mes affaires je notai que ça avait été une bonne journée mais j'étais heureuse de rentrer à la maison pour commander une pizza et puis parler des événements de la journée avec Angela. Je me demandai si un jour je verrai monsieur Cullen puisque mon intérêt envers lui grandissait à chaque jour qui passait.
Vraisemblablement je devrais bien le rencontrer un jour.
Edward
Des fleurs.
L'odeur assaillit mes narines et je pus seulement supposer que c'était ma nouvelle assistante. C'était un de ces parfums qui sent vraiment très bon au premier abord. Puis ça devient entêtant et insupportable.
Je vacillai entre les deux et ça m'ennuyait gravement.
Malgré tout, je mettrai une note pour qu'elle change de parfum prétextant que cette odeur me donnait la migraine.
Ça pouvait paraitre exagéré mais elle provoquait quelque chose en moi et la migraine était aussi plausible qu'autre chose.
J'allai dans mon dressing pour prendre un t-shirt de ma collection, je sortais ce soir. J'en avais besoin. J'avais tendance à me renfermer dans la maison, la nuit, pour décompresser des longues heures de travail. Normalement je n'allais pas trop au bureau mais c'était la fin de l'année fiscale et j'avais de nombreuses réunions avec différentes personnes pour examiner les budgets des organisations que nous financions. Je n'avais pas d'autre choix que de me montrer et remplir mon rôle de PDG.
Je fis passer ma chemise bleu clair par-dessus ma tête et ajustai mon jeans en le boutonnant. Je pris une paire de bottes marron et une veste avant d'aller vers le bureau pour récupérer le courrier d'aujourd'hui. Je portai l'enveloppe à mon nez et grimaçai de douleur.
Fichues fleurs.
Je reniflai l'enveloppe une fois de plus avant de quitter la pièce et rangeai en passant plusieurs autres documents que j'avais sous mon bras et sortis par la porte d'entrée au lieu de par derrière. Il faisait toujours humide et j'allais dans les endroits les plus populaires et branchés de la ville à pied. Je remarquai que l'air frais soulageait ma tête mais je sentais toujours une pointe de douleur. Je me dis que c'était l'effet persistant de ce parfum et ensuite je passais à autre chose.
Il fallait que je traverse la rue pour rejoindre ma destination, je prenais le temps d'observer les groupes de gens et d'écouter leurs bavardages. C'était lundi il y avait peu de monde et les pensées semblaient être tournées vers le travail ou d'autres facteurs de stress de la vie quotidienne.
Insignifiant.
Je me dirigeai vers le café du coin, un qui avait une terrasse à l'extérieur et saluai la serveuse avec un sourire. Elle connaissait mon visage et ma commande car j'étais un habitué. Ici les commerces changent vite mais celui-là était là depuis six mois, c'était parfait pour moi. Assez longtemps pour être vu mais pas assez pour que les gens puissent se faire une impression réelle.
Je retournai sur la terrasse couverte et étalai mes papiers sur la table en bois, je tirai une chaise et m'installai. Je lus le premier document cochant ce qui m'intéressait. Il y avait plusieurs mentions du type d'incident que je recherchais et ils étaient étonnamment proches de la ville, ce qui était préoccupant. Je prendrai les articles que j'avais cochés et je ferai de plus amples recherches à la maison.
En lisant je me rendis compte que la douleur lancinante ne me quitterait pas. Je me demandai si quelqu'un d'autre portait ce maudit parfum. Cela allait être un problème pour moi s'il était devenu populaire si rapidement.
Irrité je reniflai et ne trouvai rien d'intéressant. Je réalisai finalement avec surprise que j'avais cette odeur sur moi.
Je tirai le devant de ma chemise jusqu'à mon nez et inspirai.
Merde.
Une bouffée de cette odeur me mit la tête complètement à l'envers et elle commença à tourner.
Je relâchai ma chemise et aspirai une grande bouffée d'air frais.
Ah! Ça allait mieux. Etant un maitre en matière de discipline je fus intrigué par ma réaction et essayai de me raisonner en me disant que j'allais m'y habituer car pour l'instant elle me dérangeait beaucoup.
Edward Cullen aimait les défis.
Alors je me réinstallai et lus, ignorant la douleur lancinante... parfois je me surpris en train de tirer sur ma chemise et de respirer rapidement l'odeur sous prétexte de vérifier si elle était devenue inoffensive.
Mais ça n'était pas le cas.
Et je n'arrêtai pas non plus.
Comme un drogué avait envie d'une dose d'héroïne, chaque fois que j'aspirai cette odeur je sentais poindre de la douleur puis du dégoût.
Après avoir fait ça pendant une heure, je jetai mon café intact et rassemblai mes journaux. J'étais quelque peu troublé par mon comportement et irrité de mon impuissance.
J'étais au coin de la rue, indécis sur ce que je devais faire. J'avais deux choix. Rentrer à la maison comme prévu ou sortir pour assouvir mes envies.
Pour la deuxième fois elles triomphèrent et je me détournai de la maison, jetai les journaux dans la poubelle et marchai avec détermination vers la seule chose qui pourrait soulager ma faim.
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TROISIEME CHAPITRE
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Bella
Je regardai l'imprimante sortir la feuille qui résumait ce que j'avais fait dans la journée.
Je posai la feuille là où elle devait être et soupirai longuement. J'avais survécu à mon premier jour de travail et maintenant j'allais retrouver Angela pour dîner et pour fêter ça.
Je récupérai mon sac et passai mes bras dans mon manteau, reconnaissante que pour une fois il ne pleuve pas. Mon téléphone sonna alors que j'étais sur le point de verrouiller la porte, je me dépêchai de le trouver dans mon sac. Ce faisant je fis tomber les clés et eus juste le temps de décrocher avant que le répondeur ne prenne le relais.
"Allô," dis-je distraite, en cherchant les clés du regard.
"Isabella?"
"Oui c'est Bella," grommelai-je. Ah! Mes doigts trouvèrent les clés.
"Oh oui, Bella. C'est Edward Cullen." Je me figeai.
Merde.
Je luttai pour retrouver un ton plus professionnel avant de dire. "Oui monsieur, comment allez-vous?"
"Je vais bien. Merci. Je sais qu'il est tard mais j'ai besoin que vous fassiez une chose pour moi avant de partir," m'informa-t-il.
"Oh, bien sûr," répondis-je, en râlant intérieurement. Oui, bien sûr. Il avait choisi ce soir, vendredi soir, le seul soir où j'avais prévu quelque chose, pour me retenir au travail.
Je remis la clé dans la serrure pour rentrer. "Je vais vous envoyer quelque chose par fax. Une fois que ça sera arrivé, faites-en trois copies s'il vous plait et ensuite reliez-les avec des ressorts." Il parlait vite et je courus dans le couloir pour noter ce qu'il me disait. "La couverture peut-être claire mais il faut que celle de derrière soit opaque. Vous pouvez choisir la couleur. Le noir convient très bien. Chaque dossier doit être numéroté, répertorié et enregistré. Quand vous avez fini, laissez-les sur le bureau avec le rapport quotidien."
J'étais toujours en train d'écrire quand je réalisais que c'était à moi de parler alors je lâchai, " Pas de problème, je serai heureuse de le faire."
"Merci Isabella." Et il raccrocha.
Je posai ma tête contre le bureau et ronchonnai. J'avais supposé qu'il avait mon numéro mais je ne m'étais pas attendue à ce qu'il s'en serve avant que je l'ai rencontré. C'était la première chose qu'il me demandait directement. Bon, autre que les notes qu'il m'avait laissées pour me demander de changer de parfum parce qu'il lui donnait des migraines. Je ne mettais pas de parfum alors je ne savais pas comment réagir à sa requête.
J'attrapai le téléphone et envoyai un message à Angela pour m'excuser de la laisser tomber à cause de la vie de mon patron. Je lui dis de me retrouver à notre endroit préféré à vingt et une heures, des margaritas sur la table.
Je refusais de laisser cet incident ruiner ma soirée même si ça m'irritait et je m'apprêtai à accomplir cette tâche. Alors évidemment je fis la seule chose possible quand on est pressés ... attendre. Je vérifiai que tout était bien branché et que la machine était sur 'on'. Quarante-cinq minutes plus tard elle se déclencha.
Je rangeai les papiers au fur et à mesure qu'ils sortaient m'assurant qu'ils restent dans le bon ordre et courut rapidement à ma voiture pour aller faire les photocopies. Heureusement il y avait un magasin qui restait ouvert 24 heures sur 24 pas très loin. Je jetai un coup d'œil à l'heure en sortant de la voiture.
Dix-huit heures trente. Ça allait j'avais tout le temps pour finir, rentrer à la maison, me changer et ensuite aller au bar.
Comme c'était vendredi soir le magasin n'était pas très animé et mes espoirs augmentèrent. Je me mis dans la file derrière un homme âgé avec peu de papiers.
Mes espoirs retombèrent un peu quand je vis que c'était un jeune garçon de seize ans qui était derrière le comptoir. Il avait des écouteurs qui pendaient de ses oreilles et un tee-shirt sale qui dépassait de sa veste trop grande et il était clair qu'il n'allait pas sortir ce soir alors il n'était absolument pas pressé.
Ça dura trente-huit minutes, à ma montre, l'homme devant moi avait expliqué pour la treizième fois qu'il lui fallait un agrandissement mais pas trop grand ni trop petit. Ils avaient dû faire un tas d'essais avant qu'il soit satisfait. Et j'aurais presque applaudi quand, enfin, il quitta le magasin.
Je m'approchai du comptoir faisant un énorme sourire à l'adolescent qui me faisait face.
"Bonsoir," dis-je en espérant que ça accélérerait le mouvement si j'étais agréable.
Il me regarda à peine et répondit, "Bonsoir, qu'est-ce qu'il vous faut?" Ouais je devrais m'entrainer à faire agir mon charme davantage.
"Oh j'ai besoin de photocopies et ensuite de reliure. Ça." Et je lui montrai le tas de papiers devant lui avec les instructions que j'avais rédigées dessus. "Je suis désolée, je sais mais mon patron en a besoin. Arrgh c'est déprimant d'avoir à travailler si tard un vendredi, pas vrai?"
Il prit les instructions en ronchonnant et se tourna vers la photocopieuse derrière lui. Je soupirai avant de regarder l'heure dix-neuf heures quinze. Je n'avais plus le temps de rentrer chez moi pour me changer mais je n'étais pas si mal habillée que ça, enfin je le pensais, même si l'ado ne le pensait pas.
Il pouvait faire cela et je devrais encore aller le faire certifier puis aller le déposer au bureau et me dépêcher d'aller retrouver Angela. Pas de problème.
Je passai vingt-cinq minutes à patienter, en arpentant dans le magasin. Je fis un bracelet de trombones et écrivis mon nom sur du papier brouillon que je trouvais dans la corbeille. Juste au moment où je pensais que j'allais complètement péter les plombs l'ado revint et je le regardais sceptique en voyant qu'il revenait les mains vides.
"C'est fini?" demandai-je.
Il haussa les épaules. "Quelques feuilles sont restées coincées dans la relieuse je dois les refaire."
Vingt minutes plus tard j'avais mes exemplaires reliés, je payai avec la carte de crédit noire et brillante. Je m'installai dans ma voiture et réalisai que j'ignorai complètement où je pouvais aller faire certifier ces documents à une heure si tardive. Je revins en courant à l'intérieur du magasin pour demander à l'ado s'il connaissait un endroit où je pouvais le faire.
Il réfléchit un moment et dit, "Ouais ma patronne Sarah peut le faire."
J'aurai presque sauté par-dessus le comptoir pour l'embrasser. Ça n'aurait été sûrement pas terrible mais je pouvais bien faire ce sacrifice.
"Parfait! Vous pouvez les lui donner pour moi?" demandai-je.
"Eh bien non, elle ne revient pas avant vingt-deux heures. Désolé."
Stupide garçon. Il mourrait vierge, j'en étais sûre.
Enervée je revins à ma voiture. Je n'avais aucune idée de quoi faire. Je tapai ma tête conte le volant de la voiture quand mon téléphone se mit à sonner.
Je répondis avec peu d'enthousiasme," Allô?"
"Bella tu as fini?"
C'était Angela. Je pouvais entendre la musique en fond sonore qui m'indiquait qu'elle était déjà au bar.
"Non, j'ai tout mais je dois faire certifier ces documents. Et je n'ai pas la moindre idée de comment faire. C'est vendredi il est vingt heures quinze. Je ne vais probablement pas pouvoir venir après m'être faite virée parce que je n'aurais pas pu faire ce que mon patron m'a demandé," me plaignis-je.
"D'accord, calme-toi. On doit pouvoir s'en sortir," me rassura-t-elle et je pris une profonde inspiration pour essayer de me concentrer.
"La personne qui peut le faire ne sera pas de retour avant vingt-deux heures aux photocopies. La banque est fermée et tous les endroits officiels le seront aussi à cette heure tardive," dis-je en serrant le téléphone fermement dans ma main.
Il y eut un très long silence au bout du fil avant qu'Angela ne reprenne la parole.
"Et bien qu'aurait fait la précédente assistante?"
"Oui je vais faire ça, je vais appeler Kim et voir ce qu'elle me dit." Je refermai mon téléphone d'un coup sec pour raccrocher.
Je fis défiler mes numéros et trouver celui de Kim que j'avais laissé là en cas d'urgence. Je soupirai de soulagement quand elle répondit à la troisième sonnerie. "Kim c'est Bella. J'ai besoin que tu m'aides..."
Edward
Je réalisai qu'il était presque vingt-deux heures quand je jetais mes affaires sur le siège arrière de la voiture. J'avais passé une partie de la journée à Forks pour m'occuper des affaires de la famille.
Bon on appelait ça comme ça. J'aurais plus appelé ça une intervention.
Pour la vingtième fois.
Evidemment ça m'avait éloigné de mon travail ici et mes nerfs étaient à bout à cause des bavardages et de la culpabilité que j'avais essayé d'éviter pendant toutes ces années.
Mes doigts se figèrent sur la porte.
Boum boum
Il y avait une vibration que je pouvais sentir dans ma poitrine.
Boum boum
Je regardai et sortis pour regarder dans l'allée.
Rien. Le silence. Même pas une voiture en vue.
Je rentrai et appuyai sur le bouton du garage avant d'aller à la cuisine.
Dès que la porte fut fermée je fus assailli par une vague de parfum.
Merde. Mon irritation enflait. Plus tôt dans la semaine je lui avais demandé d'arrêter avec ce parfum. Elle était tombée dedans ou quoi?
Boum boum
Cet odeur me faisait tourner la tête mais c'était la dernière de mes préoccupations, je sentais ma faim augmenter pourtant j'étais rassasié.
Boum boum Boum boum
Je retins ma respiration et allai de la cuisine vers le bureau, pour récupérer le travail que je lui avais demandé, avant d'aller dans ma chambre pour échapper à cette odeur obsédante.
Je m'approchai du bureau lorsque ça arriva.
Mentalement il n'y avait rien mais il y avait là quelqu'un qui se tenait à quelques mètres de moi.
Boum boum
Je ne me doutais de rien.
Je n'entendais rien. Pas un murmure.
Bon ce n'était pas entièrement vrai.
Choqué, j'étais sur la défensive et je grognai.
J'avais oublié un de mes principes fondamentaux. Ne jamais baisser ma garde.
Boum boum Boum boum
Le battement devenait plus fort et plus rapide.
Je pris une profonde inspiration.
Des fleurs.
Boum boum Boum boum boum
Je pouvais goûter sa peur.
Elle avait les cheveux longs et sombres et le teint pâle. Elle se retourna et me regarda, surprise, les yeux écarquillés et sa petite main sur ses lèvres roses.
Je penchai la tête en silence. Je cherchai mais ne trouvais rien d'autre que le battement de son cœur.
"Oh!" s'exclama-t-elle, "Vous m'avez fait peur! Vous devez être monsieur Cullen. Je suis Bella," et elle tendit sa main vers moi.
Boum boum Boum boum boum
Toujours plus vite même si son expression s'était calmée quand elle avait compris qui j'étais.
Je la fixai elle puis sa main.
Elle la laissa là un moment, puis finalement la retira - se rappelant certainement ce que Kim lui avait dit, ne jamais me toucher.
Je dus rester là quelque secondes à essayer de garder mon sang-froid face à cette femme.
Je plissai les yeux essayant de me concentrer sur son visage et son rythme cardiaque et pas son odeur et je la regardai dans les yeux. Aussi calmement que possible je lui dis : "Mademoiselle Swan, je pense que vous devriez y aller."
Elle était complètement perdue et avait certainement peur. Elle resta bouche bée pendant un moment puis elle se recula avant de se précipiter vers la porte d'entrée, je l'entendis prendre quelque chose et claquer la porte.
Son déplacement provoqua une bouffé d'odeur de fleurs qui m'attaqua directement la bouche et je courus littéralement vers la porte, m'écrasant contre elle. Mes paumes étaient posées contre la surface plane et j'étais sur le point de l'ouvrir et de me précipiter dans la nuit.
Je m'appuyai dos à elle et glissai sur mes genoux, tirant sur mes cheveux et je gémis bruyamment.
Que. Venait-il. De. Se. Passer?
Bella
"Mouche-toi," demanda Angela en me tendant un mouchoir.
Je le pris et essuyai mon nez. Après qu'il m'eut dit de partir j'avais couru jusqu'à ma voiture et avais pleuré tout le reste du chemin jusqu'à chez moi. Angela me trouva un moment après, recroquevillée et en pyjama en train de manger du beurre de cacahuète directement dans le pot.
Elle s'assit près de moi, les pieds sous elle avec une cuillère. Elle dit : "Raconte-moi précisément ce qu'il s'est passé après que nous ayons raccroché."
Je reniflai. "Bon j'ai appelé Kim - et merci mon dieu - elle a une amie qui travaille dans un bureau où on certifie les documents qui a été heureuse de m'aider. Il va sans dire que j'ai gardé son numéro en cas d'urgence."
Je plongeai ma cuillère dans le pot et en retirai une grosse quantité. Avant de le mettre dans ma bouche je continuai. "Alors j'y suis allée et ai tout ramené au bureau pour essayer de récupérer un peu de ma soirée. J'étais debout près de mon bureau quand j'ai entendu quelque chose derrière moi."
Je mangeai un peu de pâte et Angela fit de même et je pris une gorgée de lait pour faire passer tout ça.
"Tu sais quand tu as cette impression, comme si tes poils se hérissaient?" lui demandai-je.
Elle opina et dit, "L'intuition, l'instinct."
"Exactement. C'est ce que j'ai ressenti sauf que c'était étrange. C'était juste monsieur Cullen alors j'étais soulagée mais en même temps il n'était pas content de me voir. En fait, il semblait même furieux pour une quelconque raison. Je pouvais presque sentir sa colère rouler sur lui par vagues avant même que je sache qu'il était là, "dis-je.
Angela fronça les sourcils et demanda. "Pourquoi aurait-il été en colère contre toi? Tu ne faisais que le boulot qu'il t'avait dit de faire, pas vrai?"
"Bien sûr. C'est même ce qui m'a le plus énervée, c'est lui qui m'a appelé si tard, c'est lui la raison pour laquelle j'étais encore là à cette heure tardive, alors que ça faisait quatre heures que j'aurais dû être partie, s'il ne voulait pas que j'y sois quand il rentre il aurait mieux fait d'y penser avant!" criai-je.
Mes larmes étaient parties mais maintenant j'étais furieuse. Mon patron était non seulement obsédé, compulsif et prétentieux mais en plus c'était un con. Je n'aurais pas dû en être surprise.
Angela lécha le dos de sa cuillère et dit prudemment. "Peut-être qu'il avait eu une mauvaise journée?"
Je roulai des yeux et elle me tira la langue. "M'en fiche Angela. Ce n'est pas une façon de traiter les gens."
Elle ne dit rien pendant un moment et je pus voir un éclat dans ses yeux lorsqu'elle demanda. "Bon dis-moi. Est-il aussi sexy que sur ses photos?"
Je m'appuyai contre le dossier du canapé et grommelai avant de répondre. "Plus que ça, définitivement plus que ça."
Elle grogna elle aussi et nous commençâmes à rigoler de cette situation. J'avais finalement trouvé un travail avec un très séduisant jeune patron qui était un connard. Ma chance avait tourné.
Edward
Le temps passe différemment selon les périodes de votre vie. Quand j'étais à l'école les jours étaient sans fin. Chaque minute ressemblait à une éternité. Les vacances d'été passaient en un clin d'œil. Depuis que j'avais été transformé, les heures semblent durer des secondes, les jours des heures et les semaines des jours. Avant que je le réalise un mois s'était écoulé. Et bien que je puisse m'en rappeler chaque seconde, le temps passait sans que j'y fasse attention.
Et bien pas ce week-end. Dès qu'Isabella Swan avait passé la porte vendredi soir, ma vie s'était brutalement arrêtée.
Il m'avait fallu plusieurs heures pour arriver à me relever de sur le sol.
Bon ce n'était pas entièrement vrai. J'avais vraiment failli sortir pour la poursuivre. Je m'étais arrêté mais j'avais arraché le système d'interphone du mur tellement j'étais frustré et déçu. Je m'étais forcé à rentrer et à me coucher sur le sol jusqu'à ce que je me calme.
Physiquement j'étais bien. Cette odeur persistante me tracassait encore mais c'était le cadet de mes soucis pour le moment. Cette jeune fille avait changé les choses pour moi. Je réalisai que je vivais témérairement en faisant beaucoup trop confiance à mon don.
Dans ma ligne de travail il n'y avait pas la moindre place pour l'erreur. Un intrus chez moi était inacceptable. Cependant mademoiselle Swan n'était pas un intrus, c'est le fait qu'elle m'ait surpris, que j'ignore sa présence dans ma maison qui était plus préoccupant. C'était grave et quasiment suicidaire.
Après que j'aie tenté de me reprendre et de me convaincre que je ne ferai rien d'irréfléchi, j'errai dans la maison tranquillement.
D'abord j'allai près de son bureau. Je m'installai dans son fauteuil cherchant quelque chose. N'importe quoi.
Contrairement à Kim ou aux assistantes précédentes il n'y avait ni photo ni autres affaires personnelles sur le bureau. J'ouvris le tiroir central et poussai les crayons et stylos. Je trouvai un ticket dans un coin du tiroir. Je le pris et commençai à lire.
Ted's tofu Hut
1 - falafel sans oignon... 5 $ 99
2 - thé vert décaféiné ...1 $ 99
3 - gâteau à la carotte ... 3 $ 99
Je me concentrai, elle était végétarienne. Qui ne mange pas d'oignons ou ne boit pas de caféine? Mais ce n'était pas complètement équilibré.
Je refermai le tiroir et atteignis la tablette près du téléphone avec des gribouillis. Je trouvai drôle de voir son écriture. Ça me rappelait les mots d'amour pathétiques que m'envoyaient les filles quand j'étais à l'école.
Pommes.
Programme télé
Compote de pomme
Chaussettes
Snapple
Coton tiges
Qu'est-ce que c'était snapples? Et pourquoi aimait-elle autant les pommes? Quel genre de magasin vendait de la sauce aux pommes et des chaussettes?
Je remis la liste en place me sentant encore plus troublé par mon assistante. Je réfléchis à ce que je savais d'elle. J'avais lu la recommandation de monsieur Hudson et son CV, elle était chaudement recommandée et bien qu'elle ne soit pas la première de sa classe, elle était intelligente et travailleuse ce qui convenait parfaitement pour ce travail. Kim avait été impressionnée et avait pensé qu'elle irait bien.
C'était bien beau mais ça n'avait rien à voir avec ma situation actuelle.
Je passai le reste du temps à errer dans la maison, suivant ses traces. Dans la cuisine elle s'était servie d'un verre et d'un mug. Et il y avait un sachet de thé dans la poubelle.
Dans le frigo je trouvai des yaourts et du lait de soja.
Ensuite ses pas me conduisirent devant mon Cézanne.
Dans la bibliothèque le gras de ses doigts avait erré sur mon Shakespeare.
Dans la salle de bain je pus sentir les fleurs sur le torchon pour s'essuyer les mains.
Elle avait laissé sa marque partout même si je ne pouvais lire en elle.
Ça ne voulait rien dire, je le savais mais c'était tout ce que je pouvais faire pour l'instant. Je savais ce que je voulais faire. Je voulais la trouver et écouter. La faire asseoir face à moi et écouter ce silence se répercuter dans la pièce.
Etait-ce réel? L'avais-je imaginé? Non. Impossible.
Je passai le week-end enfermé chez moi, me répétant que ça m'était égal que je ne connaisse rien de plus de cette mystérieuse jeune femme que j'avais rencontrée plus tôt et je fis des recherches ou classai des papiers. Pourtant je continuai à me réfugier dans mon dressing pour sentir tout vêtement qu'elle aurait pu toucher. J'ignorai le vibreur de mon téléphone ainsi que le monde extérieur. Je réprimais le désir grandissant de partir à sa recherche.
Quand dimanche toucha à sa fin j'étais littéralement épuisé mais j'avais pris quelques décisions. Je m'allongeai sur le canapé de ma chambre, loin de cet arôme de fleur et élaborai un plan. Isabella Swan était une énigme, ça j'étais tout prêt à le reconnaitre. Mais elle ne me vaincrait pas, ni moi ni ma mission. C'était un défi pour moi. Un test pour améliorer ma discipline et ma concentration. Et si ça ne marchait pas, je pourrai la laisser partir et trouver une nouvelle assistante.
Mais pour l'instant je me plongeai dans son odeur et son silence et luttai pour devenir plus fort que tout ça.
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QUATRIEME CHAPITRE
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Bella
J'étais sur le trottoir en train de parler toute seule.
Si un passant me voyait faire je suis sûre qu'il me prendrait pour une folle et je l'étais probablement. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui auraient souhaité retourner à un endroit aussi hostile pour travailler. Je n'étais pas sûre si j'avais encore ce travail tout ce qu'il avait dit c'était de partir d'un ton calme et doux de la plus douce voix que j'ai jamais entendue. Je n'étais pas quelqu'un qui partirait pour des raisons triviales et monsieur Cullen était un imbécile et ça - je le craignais - était une raison banale.
C'était une belle journée, la première depuis des semaines. Ici quand il fait beau nous voulons profiter du soleil et rester à l'extérieur autant que possible. J'espérai que c'était ce qu'il allait faire et rester loin de moi plus précisément.
Ainsi avec un dernier, "Edward Cullen peut aller se faire voir" marmonné, je montai sur le trottoir et pris la direction de sa maison.
Le menton relevé et les épaules en arrière je marchai vers le bas du perron et montai les marches, m'arrêtant brusquement en voyant un trou béant dans le mur extérieur près de la porte d'entrée et un enchevêtrement de fils et de métal sur les briques. Je poussai du pied ce qui devait rester de l'interphone et entrai la clé dans la serrure. Je n'avais aucune idée de ce qu'il avait pu se passer. On aurait dit que quelqu'un avait arraché tout le système du mur.
Merde. Il ne devait pas savoir ce qui était arrivé de ce côté puisqu'il arrivait par derrière. Je ne voulais pas vraiment discuter de ça avec lui ni en personne ni au téléphone.
Je pris une dernière inspiration avant de tourner la poignée et entrai, fermant la porte derrière moi et écoutant pendant un moment.
Le silence.
Merci mon Dieu. Monsieur Cullen ne semblait ne pas être en bas, peut-être là-haut. Je décidai de passer ma journée comme d'habitude, comme si le vendredi soir n'avait jamais eu lieu.
Je traversai le couloir et allai ranger mon déjeuner au frigo, remarquant qu'il me restait du lait et du yaourt de la semaine dernière. J'avais prévu de les récupérer vendredi soir mais évidemment ça avait été impossible. Je revins à mon bureau et m'assis, soupirant de soulagement quand je vis la liste des instructions qui m'attendait.
Eh bien au moins ça se confirmait, je n'étais pas virée. Pas encore du moins.
Je remarquai que la première chose à faire sur la liste était d'appeler l'électricien pour qu'il arrange l'interphone. Bien il savait alors. Il disait qu'il fallait que je reste avec l'électricien et j'avais du travail à faire sur l'ordinateur en attendant qu'il ait fini sa réparation.
J'allumai l'ordinateur et trouvai le carnet d'adresses avec tous les contacts de monsieur Cullen. J'appelai l'électricien qui hurla presque de joie quand je lui dis qui était mon employeur et il me dit que quelqu'un serait là dans l'heure. Je roulai des yeux en entendant la secrétaire prendre des dispositions pour que quelqu'un vienne aussi vite que possible. C'est exaspérant de voir comment on traite les riches différemment. Je m'imaginais appelant pour moi et devant attendre plusieurs jours. Bien sûr, il devait aussi payer plus pour ce genre de service.
Je m'occupai de la mise à jour de noms et d'adresse dans un dossier récemment installé sur l'ordinateur. Monsieur Cullen voulait que tout soit à jour. Je regardai la liste impressionnante face à moi mais je serrai juste les dents et commençai à travailler. J'avais fait une page et demie lorsqu'on sonna à l'entrée. Je supposai que c'était l'électricien, je me précipitai pour ouvrir et je fus surprise de trouver un livreur qui portait un énorme carton.
Je le saluai et signai pour le colis qui était adressé à monsieur Cullen. Je lui dis de le poser dans le salon en attendant d'autres instructions.
Comme il partit je vis un fourgon avec le logo de l'électricien s'arrêter et je l'attendis.
Deux hommes avaient à peu près mon âge gravirent les escaliers, ils étaient en jeans et portaient le même tee-shirt au logo de l'entreprise. Ils s'arrêtèrent presqu'en haut et restèrent bouche bée en voyant le trou dans le mur et l'interphone.
"Bon je suppose que je n'ai pas besoin de vous dire ce qu'i faire?" ris-je en faisant signe vers le bazar à mes pieds.
Ils rirent tous les deux et secouèrent la tête. L'un d'eux dit. "Non je pense qu'on peut le comprendre. Mais comment est-ce arrivé?" Je vis son nom écrit sur sa poche.
"Je n'en ai aucune idée. Monsieur Cullen m'a juste dit de vous appeler pour réparer," admis-je.
L'autre homme qui s'appelait Eric tenait une boite avec des fils qui dépassaient et dit en secouant la tête, "Peu importe ce qu'il s'est passé je suppose mais je dois vous dire que ça va prendre plus de temps que ce que nous avions prévu."
"Je fronçai les sourcils et demandai: "Vraiment pourquoi?"
"Il va falloir réparer le trou dans la brique et je pense que allons devoir rentrer pour arranger de l'autre côté et nous allons abimer..." répondit Eric en me faisant un léger sourire.
Je gémis ce qui les fit rire un peu et dis, "Génial. Eh bien vous n'avez qu'à commencer et je vais appeler le maçon. Dans combien de temps je lui demande de venir?" Sachant qu'il allait arriver rapidement, tout ça pour plaire au merveilleux M. Cullen.
"Au moins jusqu'à la fin de l'après-midi pur qu'on puisse s'assurer que tout fonctionne correctement vous pouvez donc lui dire de venir après," dit Tyler.
Je hochai la tête et me tournai pour rejoindre mon bureau. J'en entendis un crier : "Hey! Au fait moi c'est Tyler et lui c'est Eric, c'est quoi votre nom? Vous savez au cas où nous aurions besoin de vous appeler pour quelque chose..."
Je me tournai vers lui et remarquai qu'il avait de beaux yeux bruns et un sourire amical, je lui souris en retour. "Je suis Bella. Bella Swan." Et je lui tendis ma main.
Il la serra doucement et me dit. "Ravi de te rencontrer Bella."
Je hochai la tête et allai vers mon bureau. Je pouvais les entendre parler du travail qu'ils avaient devant eux.
J'ouvris le carnet d'adresse pour chercher celui qui allait réparer le mur. Celui qui avait détruit l'interphone n'avait probablement aucune idée du désordre qu'il avait causé et aussi du travail qu'il fallait pour le réparer.
Edward
Je regardai l'aube se lever par la fenêtre de ma chambre, chants des oiseaux et soleil éclatant. Mes plans pour la journée étaient bien établis. Je ne voulais pas admettre que j'étais heureux d'avoir une excuse pour rester ici toute la journée mais je savais que c'était vrai.
Mademoiselle Swan allait être là-bas quelques heures et il me fallait bien ce temps pour réfléchir à ce que je devais faire et partir n'était pas une option. Je descendis et écrivis son travail pour aujourd'hui et le déposai sur son bureau. Je pris aussi le temps de m'immerger dans son odeur une dernière fois avant qu'elle revienne à la maison. J'étais assez confiant, je pourrai rester dans la même pièce qu'elle cette fois-ci. Ça pourrait être douloureux pour moi mais je ne pensais pas que je lui ferai du mal. Le fait que je n'en étais pas sûr à 100 % fut ce qui me décida.
Puisque je ne pouvais pas facilement quitter la maison dans la journée je décidai de travailler dans mon bureau - à côté de ma 'chambre'. C'était une pièce spéciale pour moi car j'y gardai mes collections et mon système très sophistiqué d'ordinateur dernier cri. C'était aussi la pièce où je gardais tous les documents qui concernait la carrière et la personne Edward Cullen.
C'était ma cave de Batman. Ma forteresse de solitude. Choisissez.
C'était une grande pièce, la taille de deux chambres réunies et décorées selon mes instructions. Les murs étaient insonorisés et à l'épreuve du feu mais j'arrivai quand même à entendre les bruits si je me concentrai. Il y avait des fermetures manuelles et électroniques sur les portes et les fenêtres, ce qui incluait des capteurs et des alarmes qui me prévenaient où que je sois si quelqu'un entrait.
Aussi frustré que je sois de ne pas pouvoir entendre les pensées de mademoiselle Swan je pouvais l'observer. J'allumai l'unité centrale et les écrans s'animèrent. L'écran principal me demanda le mot de passe il n'y avait que moi qui y avait accès. L'autre écran me donnait une image d'en bas et je pouvais voir tous les endroits de la maison. Toute la maison était constamment sous surveillance avec des caméras de haute technologie sauf cette pièce et ma chambre. Je permets que des personnes viennent travailler et fassent ce qu'elles ont à faire dedans ou dehors mais pas ici. C'est Jasper et moi qui l'avons mis en place et nous sommes les seuls à savoir qu'il est là. Et bien sûr Alice.
Une caméra filme la porte d'entrée et l'allée, le couloir, le salon, la cuisine, le garage, l'allée de derrière, les deux escaliers à l'étage, les parties communes en haut et mon dressing. Ces caméras sont très sophistiquées - de qualité militaire, pas forcément de notre armée - mais je pouvais parfaitement voir les petits mouvements ou même l'écriture sur un morceau de papier. C'était excessif mais j'aime toujours avoir le meilleur. Je n'utilisais pas ce système tous les jours mais après une tentative d'espionnage concernant mes affaires, je ne pouvais plus uniquement compter sur mes sens. Vendredi soir et Bella Swan me l'avaient confirmé.
J'avais passé le temps en répertoriant les dates, des lieux et des noms de victimes à partir des journaux de la semaine précédente et en recoupant ces données. Bien que parfois ce soit le hasard je pouvais dire qu'il y avait un schéma qui émergeait et il semblait que ça se rapprochait de plus en plus. J'étalai une grande carte sur mon bureau et ouvrit Google/Earth sur mon ordinateur. Ces données plus celles que j'avais recueillies auparavant me permettaient de voir les mouvements de ma cible.
Vers neuf heures je vis mademoiselle Swan arriver puis s'arrêter. Son front était plissé comme si elle parlait à quelqu'un pourtant elle était seule. Je me concentrai et vit les mots, "Edward Cullen ... se faire voir" sur ses lèvres. Ça sembla la soulager et elle se dirigea vers la porte.
Je continuai à la regarder m'appuyant sur le dossier de mon fauteuil, en passant une main dans mes cheveux, perdu par ses mots. Je savais que je lui avais probablement fait peur vendredi mais l'hostilité était inutile. Je lui avais demandé aussi calmement que possible de quitter la maison et c'était pour sa sécurité même si elle ne pouvait pas savoir que toutes les autres options auraient été très désagréables pour elle.
Intrigué je l'observai arriver en haut des marches et regarder prudemment la boite de l'interphone par terre. Je fis la grimace, ce n'était certainement pas un de mes meilleurs moments mais elle allait s'en occuper sans jamais le savoir. C'était ça d'avoir une assistante personnelle, elle pouvait s'occuper de toutes vos demandes sans poser de questions.
Boum boum boum
Je pouvais entendre les battements de son cœur depuis ma forteresse isolée. Je chassai tout ça et dirigeai mon attention sur la vidéo. Ses mouvements étaient toujours déterminés et je la regardais progresser à travers mes différents écrans, dans le couloir puis la cuisine, s'arrêtant au réfrigérateur, puis aller vers le bureau où une expression de soulagement passa sur son visage.
Ses expressions me laissaient perplexes mais je savais que je ne devrais pas être surpris. J'avais compté sur mon don pendant trop longtemps et je ne m'étais pas franchement intéressé aux gens et à leur langage corporel depuis de nombreuses années. C'était tout à fait fascinant de l'entendre parler au téléphone et de regarder ses mouvements et je me demandai si ce qu'elle disait était la même chose que ce qu'elle pensait. Souvent elle fronçait les sourcils ou roulait des yeux ou même commençait à sourire et je n'avais pas la moindre idée de pourquoi.
Je remarquai que le camion de livraison arrivait et que livreur amenait une énorme boite. Elle lui répondit et lui dit de la rentrer. Je pouvais lire et je soupirai réalisant ce qu'il y avait là-dedans.
Un autre véhicule arriva et deux jeunes hommes se dirigèrent vers la porte et commencèrent à discuter avec elle. Je remarquai que je me levai un peu de mon siège tandis que j'essayai d'écouter leur conservation. Ils essayaient de comprendre comment ça c'était produit et discutaient de comment réparer. Je pouvais entendre sa voix quand elle riait et les leurs. Je pouvais entendre leur pensées aussi, comment ils l'appréciaient au vu de son apparence. L'un s'appelait Eric et était moins intéressé il commença immédiatement à se mettre au travail, évaluant les dommages du mur et l'autre, Tyler, ne pouvait pas garder ses yeux ou ses pensées loin de mademoiselle Swan.
Comme ils continuaient à faire leur travail, les hommes à la porte et mademoiselle Swan au bureau je me levai et arpentai la pièce pendant un certain temps réfléchissant à toutes les informations que j'avais recueillies ce matin.
Mon assistante était courageuse même si j'avais été potentiellement dangereux pour elle la fois où nous nous étions vus. Bien sûr cela pouvait aussi être interprété comme un comportement risqué et stupide. Je remarquai qu'elle était diligente, travailleuse et étonnamment professionnelle.
Et apparemment pour les hommes en bas elle était tout à fait attirante.
Pour moi aussi elle l'était mais d'une manière tout à fait différente.
Je fermai les yeux et regardai les pensées de l'homme appelé Tyler. J'essayai de comprendre sa façon de voir les choses. Il trouvait ses yeux bruns intéressants et voulait désespérément toucher ses cheveux. Il se sentait attiré et ses pensées revenaient souvent à ses lèvres roses.
Ce n'était pas ces choses qui m'attiraient en elle. Je pensais à sa peau si pâle, presque translucide. Je pouvais voir les veines bleues s'étaler sur ses poignets et sur son cou. Je pouvais voir, sentir et entendre la pulsation de son sang dans son corps.
Et puis il y avait son odeur.
Je me débarrassai de ces pulsions que je ressentais pour elle et retournai à mon moniteur, regardant la vidéo. Elle était dans la cuisine avec deux verres remplis de glace et d'eau. Je l'observai les prendre et les amener à la porte d'entrée en demandant gentiment aux hommes s'ils avaient soif. Ils lui sourirent et les prirent. Ils parlèrent de la météo, combien il fait chaud et beau aujourd'hui et combien ils étaient chanceux de pouvoir travailler dehors de temps en temps.
J'étais fasciné par leur conversation simple et polie, les regardant parler et rire, communiquer. Je faisais tout pour m'intégrer mais je doutais fort d'être aussi bon qu'eux.
La fille récupéra les verres et je remarquai que le doigt de Tyler s'attardait une fraction de seconde sur sa main, c'était très discret mais je le vis.
Mademoiselle Swan se tourna, repartant à l'intérieur, ses cheveux flottant légèrement, Tyler s'avança et huma l'air.
Il essayait de capter son odeur.
A moi.
Comme un animal voulant marquer son territoire, je quittai mon siège et atteignis la porte en un instant.
Je fermai la bouche avant de pénétrer dans le couloir et bien que je ne sois pas assailli par son odeur je pouvais la sentir dans mes os.
Boum boum boum boum boum
A moi à moi à moi à moi à moi
Ces mots résonnaient encore et encore dans ma tête. Une fois de plus j'avais perdu tout contrôle et toute discipline. Ma résolution de rester enfermé toute la journée n'avait même pas duré le matin tandis que je me précipitai dans l'escalier trop vite et apparus à côté d'elle, la surprenant.
Elle hurla quand elle m'aperçut. Conscient de mon erreur et en essayant de maintenir un semblant de contrôle je m'efforçai de ne pas bouger trop vite et regardai - sans pouvoir rien faire - les verres tomber et se briser.
"Monsieur Cullen! Pas de nouveau! Arrêtez de faire ça!" cria-t-elle, vraiment furieuse. Elle respira profondément pour essayer de se calmer.
Les deux hommes arrivèrent en courant, leurs pensées criant leur préoccupation mais ils s'arrêtèrent net quand ils me virent. Je leur jetai un regard furieux un instant, me mettant entre eux et elle, et je leur fis signe qu'ils pouvaient y aller.
Comme mademoiselle Swan retrouvait ses esprits, je passai mes mains sur mon visage et tirai sur mes cheveux. En quelques secondes j'avais totalement échoué. Je n'avais rien prévu et maintenant j'étais face à un énorme dilemme. J'étais là, face à elle ayant l'air d'apparaitre de nulle part.
Qu'allai-je dire? La vérité? Que je m'étais précipité là, comme un fou, pur marquer mon territoire? Que j'étais prêt à me battre avec ces hommes comme un chien se battrait pour son repas?
Je savais bien que c'était inacceptable.
J'étais coincé là, face à cette fille et je savais qu'à la minute où j'allais ouvrir la bouche je serai emporté par son odeur. J'étais convaincu que je pouvais lui résister mais c'était toujours dangereux. L'autre option c'était de partir et c'est ce qui semblait le mieux.
Je la regardai fixement tandis qu'elle se calmait. Elle m'ignora et se pencha pour commencer à ramasser les débris de verre éparpillés sur le sol.
Une troisième option, horrible, m'apparut, quand je vis ses doigts se rapprocher des morceaux de verre coupants, tandis que mon téléphone se mit à sonner la faisant s'arrêter et m'autorisant à ouvrir la bouche pour dire de la plus charmante voix que je pus. "Je vous en prie laissez-moi faire ça."
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CINQUIEME CHAPITRE
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Bella
"Je vous en prie, laissez-moi faire ça."
Je me figeai. Sa voix était douce et agréable, presque envoûtante. Mes doigts se stoppèrent en l'air.
Pas que ce soit de ma faute, pensai-je, en me relevant et en le regardant surprise d'entendre que sa voix ne contenait pas la moindre hostilité. Ma première réaction fut de croire qu'il serait en colère contre moi d'avoir causé un tel gâchis.
Je retrouvai ma voix - qui paraissait aiguë et grinçante comparée à la sienne. "Oh merci! Je vais chercher le balai."
Il hocha la tête tandis que je me dirigeai vers le placard de la cuisine. Je pouvais de nouveau entendre la sonnerie aiguë de son téléphone.
J'attendis dans le couloir lui donnant de l'espace pour répondre à son appel. Appuyée contre le mur, je ne pus pas m'empêcher d'entendre ce qu'il disait.
"Non, ça va."
"C'est sous contrôle."
"Non."
"Je sais mais... non."
"Je t'en prie... merci."
Sa voix était toujours calme et posée mais je pouvais sentir une pointe de tension sous-jacente - ayant déjà vu ce côté de sa personnalité avant. Je retournai vers lui une fois qu'il eut fini et il me fit un petit sourire quand que je lui tendis le balai.
J'hésitai et dis : "Je pouvais le faire, vraiment."
"S'il vous plait donnez- moi ce balai. Je ne veux pas que vous vous coupiez. Et c'est de ma faute. Je vous ai fait peur," expliqua-t-il en utilisant toujours cette voix agréable.
Je lâchai le balai et il commença à rassembler les tessons éparpillés dans le couloir. Je le regardais vraiment pour la première fois. Je remarquais combien il bougeait élégamment.
Chaque mouvement était rapide et précis. Ses longs doigts étaient enroulés autour du manche du balai et je remarquai qu'ils n'étaient pas habitués au travail manuel. Pourtant il semblait à l'aise en ce moment.
Il portait un pantalon kaki et une chemisette, bien habillé mais pas en costume. Ses cheveux étaient sombres avec des reflets roux quand le soleil tapait directement dessus par la porte ouverte. Ils étaient ébouriffés mais ça semblait être fait exprès. Il était parfait, de ses cheveux en pétard à ses chaussures en cuir de luxe. Je ne pouvais pas voir ses yeux, il regardait par terre cherchant du verre. Je me demandai de quelle couleur étaient-ils. Bleus? Verts?
Il paraissait si jeune mais ses mouvements et ses gestes étaient ceux d'un homme plus âgé. Il était grand mais pas très gros. Non. Il était plutôt long et mince mais sans la maladresse. Je me demandai quel âge il avait vraiment.
Je l'observais tandis qu'il cherchait tous les petits débris. Il en trouva un dans un coin, invisible pour mon œil et le ramena dans le tas. Il se tourna vers moi et me demanda. "Puis-je avoir la pelle, s'il vous plait?"
Nos yeux se croisèrent rapidement et je les vis.
Dorés.
Ni bleus.
Ni verts.
Dorés.
"Hein euh?" demandai-je, immédiatement gênée par mon hésitation, j'étais incapable de parler de façon cohérente.
De l'amusement apparut sur ses lèvres. "La pelle?... Puis-je l'avoir?"
Je me sentis rougir. "Oui désolée. Je pense que je suis encore énervée," expliquai-je et il me fit un rapide signe de compréhension.
Il balaya les débris et me fit un vrai sourire cette fois avant de dire : "Je dois vous présenter mes excuses pour l'autre soir, mon comportement était inacceptable." Il leva les mains en l'air, le balai dans l'une et la pelle pleine dans l'autre et il dit. "On se présente correctement en serrant la main mais malheureusement..."
Sa voix était toujours douce mais il manquait quelque chose. Il avait l'air grave et rigide pour quelqu'un d'aussi jeune. Ses excuses paraissaient sincères mais semblaient un peu forcées, comme s'il avait préparé ce qu'il allait dire.
"Laissez-moi prendre tout ça," dis-je, en les lui prenant. "Je suis Bella. Je suis ravie de vous rencontrer monsieur Cullen et j'accepte vos excuses."
Il me les tendit et j'allais les ranger. Je le retrouvai toujours au même endroit, une expression concentrée sur le visage.
"Avez-vous besoin de quelque chose?" demandai-je et il me regarda confus. Je précisai, "Quand vous êtes descendu? Vous veniez pour quelque chose?"
De la compréhension passa sur son visage. "Oui j'ai vu le livreur et je suis venu chercher le carton et vous demander de le déballer là-haut."
Je hochai la tête et le suivis. Il se pencha et souleva le carton facilement. Il devait être plus lourd que ce que je pensais et je lui fis de la place pour le transporter à l'étage.
Tandis que je le suivais dans l'escalier j'entendis qu'on m'appelait d'en bas. "Bella?" Je me tournai et vis Tyler dans le couloir. Monsieur Cullen était presqu'en haut et je descendis rapidement pour voir ce que Tyler voulait. "Que puis-je faire pour toi? Il faut que j'aille aider monsieur Cullen en haut," expliquai-je rapidement.
Il se renfrogna à la mention de mon patron mais se reprit en disant à voix basse. "Je voulais savoir si je pouvais avoir ton numéro de téléphone? Peut-être que je pourrai t'appeler?"
Je souris, allai à mon bureau et lui tendis une carte. "Tiens voilà," lui dis-je en le lui écrivant.
J'entendis un gros bruit en haut de l'escalier, fis un signe à Tyler et remontai vite retrouver monsieur Cullen. J'arrivai en haut rapidement me retenant à la rampe pour éviter de m'étaler. Il était sur le palier m'attendant, un regard irrité sur le visage.
Rouge et essoufflée j'expliquai. "J'aidai juste Tyler, je suis désolée."
Il se tourna brusquement et alla dans son dressing. J'hésitai un moment mais le suivis, incertaine de ce que je devais faire. Je ne savais pas pourquoi il m'en voulait, ça ne m'avait pris qu'une seconde, parler à Tyler, et ce n'était pas comme s'il savait de quoi nous avions parlé.
En soupirant j'entrai dans le dressing et il regardait le carton qu'il venait de monter. Je pouvais dire que tous les progrès que nous avions faits en bas s'étaient brusquement envolés et il me parla rudement pour me dire quoi faire avec les affaires dans le carton.
"Ce sont des accessoires et des vêtements. Rangez-les à leur place. Ensuite prenez l'appareil photo, celui qui est dans le tiroir du bas, ici..." mes yeux suivirent ses doigts qui me montraient des tiroirs contre un mur "...et photographiez chaque vêtement. Dans le carton il y a une enveloppe avec une liste qui répertorie quel article va où dans le placard." Quand il eut fini il se retourna sans un mot et se dirigea vers son bureau et referma la porte.
Je restai un moment interloquée par son changement soudain de comportement. Certes il n'avait pas été très chaleureux en bas mais au moins il avait semblé sincère. Mes yeux piquaient un peu tandis que j'essayai d'assimiler ce qu'il venait de se passer. Je me sentais comme une enfant qui avait été prise la main dans le sac par sa mère. Je n'avais rien fait de mal à part parler à Tyler et le faire attendre quelques secondes. Mais ça n'avait aucun sens.
Je ravalai mes larmes et trouvai des ciseaux puis commençai à déballer. Il y avait des tas de robes et de chemises de marque, quatre ou cinq beaux pantalons et deux jeans. Il y avait aussi des chaussures, des ceintures et autres accessoires. Je regardai les étiquettes et levai les yeux au nom des créateurs. Ralph Lauren, Gucci, Prada.. J'étais sûre qu'un seul bouton de chemise coûtait bien plus cher que ce que je mettais dans ma garde-robe estivale. Les vêtements de cette boite suffirait à habiller un homme normal pour une année et pas seulement l'été, et honnêtement, la place allait bientôt manquer pour stocker tout cela.
Il me fallut plusieurs heures pour tout ranger et photographier. Plus les minutes passaient plus je regardais sa porte me demandant s'il allait l'ouvrir et revenir. J'eus des visions de moi lui demandant quel était son problème avec moi et pourquoi il pensait qu'il pouvait me traiter aussi mal.
M'appuyant contre la commode je rêvais d'aller vers lui et de taper contre son torse avec mon doigt, bien sûr ce serait difficile, il était tellement grand. Et puis je le forcerai à me regarder dans les yeux pour lui faire reconnaître qu'il était un imbécile et que ses premières excuses ne signifiaient rien. Je voulais lui dire qu'il était un petit garçon gâté et qu'il fallait de traiter les gens avec respect.
C'est ce que je voulais faire.
Mais il ne s'est jamais montré, ça n'avait pas d'importance.
Je soupirai et me levai pour commencer à ranger les ceintures sur une grille accrochée au mur. Si j'avais su que ce serait ça mon travail j'aurais mieux fait de me trouver un emploi dans un grand magasin.
Je finis puis déjeunai à mon bureau tout en travaillant à rentrer le reste des données, ce que j'avais commencé ce matin. Tyler et Eric avaient fini pendant que j'étais à l'étage, puis le maçon était arrivé l'après-midi et je lui montrai simplement ce qu'il y avait à réparer. Monsieur Cullen n'est jamais ressorti, même lorsque le maçon a commencé à taper et à faire énormément de bruit.
A dix-huit heures je rangeai mes affaires et laissai mon rapport quotidien sur le bureau. Je me dirigeai vers la porte d'entrée. Je m'arrêtai un moment en bas du perron, je pouvais entendre de la musique qui provenait d'en haut.
J'étais agacée par le fait qu'il puisse se détendre dans son trou, caché à l'étage, tandis que je faisais tourner sa maison. Je sortis et fermai vivement la porte, la verrouillant derrière moi.
J'entrai dans le soir chaud pensant à la façon dont ce petit travail tranquille d'assistante se transformait en un casse-tête en raison du comportement de mon patron. J'étais inquiète, je ne serai pas capable de continuer ainsi. Je n'allais pas abandonner même si je devrais probablement, je décidai de considérer ce travail indépendamment de son comportement.
Edward
De ma chambre j'entendis la porte se fermer plus fort que nécessaire.
J'étais allongé sur le canapé, les yeux fermés. Si seulement le sommeil pouvait venir et faire disparaitre ce cauchemar. Ou mieux encore si je pouvais me réveiller et que tout n'ait été qu'un cauchemar.
Je n'avais pas la moindre idée de ce que je faisais. La journée avait été un fiasco concernant ma relation avec mon employée. J'avais brisé ma propre règle : rester en haut, loin d'elle. Je n'avais aucune idée de ce qu'il s'était passé en moi pour que je courre en bas.
Mienne?
Elle? A quoi pensai-je? Etais-je vraiment si accablé par son odeur et le battement de son cœur que j'essayais vraiment de la revendiquer face à un autre? Un homme inoffensif qui ne voulait rien d'autre que la connaître parce qu'il pensait qu'elle était attirante.
J'avais observé ça des millions de fois mais ça n'avait jamais retenu mon intérêt. Rien de tout cela n'avait de sens.
C'était ridicule. Impulsif, animal.
Mienne.
Toutes ces choses que j'avais essayé de dépasser pendant des décennies ... et j'y étais arrivé. J'étais le PDG d'une grande fondation, je me mêlais à la société avec grâce et facilité. Je riais aux bonnes blagues qui étaient dites et fronçais les sourcils quand j'entendais des nouvelles qui me chagrinaient. Je commandais des cafés à cinq dollars et écoutais de la musique actuelle. J'allais voir les grands matchs.
Mais une petite fille avait fait ressortir le démon en moi et je n'étais pas sûr de savoir si je pouvais le faire rentrer à l'intérieur.
Bien sûr je tenais toujours les fils de ma santé mentale. Je l'avais regardée se pencher pour ramasser les débris de verre sur le sol et pendant un bref moment je pouvais voir le verre percer sa peau et le sang couler de sa main. Je l'avais vu comme si c'était vrai et dans cette fraction de seconde ... je l'avais voulue.
Une occasion. Je pourrai tout lâcher. La discipline. Le sacrifice. Je pourrai laisser aller et être simplement moi.
De plus grandes forces étaient à l'œuvre et mon téléphone sonna, brisant mon délire momentané. Je déglutis, ravalant le désir et fis la seule chose que je pouvais faire, je la charmais.
Et j'avais pu voir que ça fonctionnait. Je pouvais sentir ses yeux sur moi. Me scrutant. C'est ce que font les humains. Ils vous jugent sur votre apparence ou votre comportement. Mesquin mais c'est tout ce que leurs sens leur permettent. Je lui souris, m'excusai et la regardai dans les yeux essayant de la calmer et de la mettre à l'aise.
Je savais ce que je faisais. Je la fis venir à l'étage pour l'éloigner de l'électricien. Ses pensées étaient toujours sur elle et je ne voulais pas qu'il l'approche. Je l'avais faite monter mais elle ne m'avait pas suivi. Elle s'était arrêtée pour lui parler et lui avait donné son numéro. J'essayai vraiment d'être amusé par ce rituel, cette danse mais je ne pouvais pas. J'étais irrité et agacé mais pas comme ce que je ressens quand Emmett me bat à la chasse. Nous sommes souvent en concurrence, voir qui peut capturer l'animal en premier... Ma nature de battant me laisse un goût amer dans la bouche quand c'est Emmett qui est le meilleur.
L'amertume remplit ma bouche tandis que je me tenais en haut à écouter Tyler lui demander son numéro de téléphone.
Mienne.
Je gardai mon sang-froid en restant à l'étage. Il fallait que je me reprenne. Je laissai tomber le carton avec un bruit sourd dans l'espoir d'attirer son attention à l'étage. J'attendis qu'elle vienne et la regardai trébucher en arrivant.
Elle était si faible et si fragile.
Une fois de plus je ravalais le désir qui parcourut mon corps.
Je la laissai avec les instructions pour le carton qui était arrivé. Bien sûr je savais ce que c'était. C'était le dernier. C'était des vêtements et des accessoires envoyés par ma sœur Alice. Elle détestait cette distance entre nous et c'était un moyen pour elle de se rapprocher de moi. Ça faisait des années que je n'étais pas entré dans une boutique. Alice choisissait pour moi et me les envoyait. Mon assistante les rangeait dans mon absurde dressing, conçu selon les plans d'Alice et je sortais toujours comme des pages d'un magazine de mode.
C'est le moins que je pouvais faire pour elle.
Je quittai mademoiselle Swan, la laissant faire son travail et me réfugiais dans mon isolement, déterminé à rester à l'écart, pour de bon cette fois. J'avoue que j'allais regarder les écrans plusieurs fois mais la plupart du temps je restais concentré sur mon travail pour garder mon esprit occupé. Des heures plus tard, maintenant, j'étais soulagé qu'elle soit partie.
C'était le crépuscule et j'étais dans mon dressing en train de respirer son odeur - pour mon malheur - et le bruit de son cœur me manquait.
"Merde," grognai-je et je pinçai mon nez entre mes doigts tandis que le besoin revenait en force.
Pourquoi? Pourquoi est-ce que ça m'arrivait à moi?
Il fallait que je m'occupe de certaines choses. Je n'avais pas besoin d'être distrait.
Frustré, je mis un jeans et une chemise noire, des bottes. Je sortais pour la nuit, d'abord dans les bois pour retrouver des forces et ensuite pour suivre les pistes que j'avais trouvées aujourd'hui.
X x X
Quand je sortis du parc j'étais satisfait. Plus frais et plus en forme, je me dirigeai vers le dernier endroit que j'avais repéré sur ma carte. En y arrivant je pouvais encore sentir la légère odeur cuivrée dans l'air. Je suivis une tache sur le trottoir.
Il y avait beaucoup d'odeurs contradictoires ici mais je pouvais en reconnaitre deux, en dehors de celle du sang de la victime. Je décidai de me diriger vers l'est suivant l'idée que je m'étais faite et voir si j'étais capable d'avancer.
En y allant j'ouvris mon esprit aux bruits de la nuit. En passant devant les maisons, je pouvais entendre les famille dîner et les enfants jouer à l'extérieur profitant du beau temps. J'entendis une dispute entre deux amants, une trahison.
La plupart du temps c'était banal, des gens qui s'inquiètent pour les factures ou le travail, leurs relations. Après tout ce temps j'étais devenu insensible aux inquiétudes quotidiennes des hommes. J'essayai de respecter leur vie privée lorsque que cela était possible mais ce soir j'écoutais pour autre chose.
Lui.
Je l'avais entendu avant. Plusieurs fois mais j'arrivais toujours trop tard. C'est comme s'il savait que j'allais arriver. Je ne savais pas s'il savait que j'étais à sa recherche mais je me sentais comme ça. Il était insaisissable et avait toujours une longueur d'avance.
Ils étaient plusieurs, j'en étais sûr mais leur voix changeaient en se mêlaient à celle de leurs victimes. J'avais du mal à identifier qui était qui et pour le moment ça m'avait été impossible d'arriver à temps.
Ce soir en marchant j'écoutais leur voix et les indices pour les trouver avant qu'ils fassent une autre victime sur leur passage. J'étais confiant, j'allais pouvoir l'arrêter ce soir. Le modèle et mes recherches étaient impeccables.
Oh vas-y tire ... j'ai brûlé le pain, Jane a fait exprès de me pousser... je suis désolé, vraiment... Oh mon dieu. Tu ne croiras jamais ce que je viens t'entendre.
Mes pensées se tournèrent vers mademoiselle Swan, je me demandai où elle était en ce moment. L'électricien l'avait-il appelée? Avait-elle prévu de le voir? De nouveau j'étais irrité par ma fascination pour elle et déterminé à la dépasser.
As-tu regardé Oprah aujourd'hui? Je vais au magasin tu as besoin de quelque chose... je vous en prie... je vous en prie, ce que vous voulez...
Je me ragaillardis à la dernière et essayai de me concentrer sur la voix affligée et tremblante. Elle était terrifiée.
Vous voulez mon argent? Ma voiture? Ici, voilà mes clés... je vous en prie...
Je regardai ce qu'il se passait dans sa tête, des images d'une zone boisée... un peu comme dans un parc mais pas un parc traditionnel, je n'arrivais pas à le situer. Je pouvais le voir à travers ses yeux. Il était blond et dépenaillé mais son visage n'apparaissait pas clairement dans l'obscurité. Il fallait que je me concentre sur elle, qu'elle me le montre. Mais elle ne le fit pas, ses yeux scrutaient les alentours cherchant un moyen de s'échapper. Il n'était pas seul, elle le savait mais elle ne pouvait pas les voir, ils restaient en arrière dans l'obscurité.
Ses pensées s'estompèrent, moins émotives mais plus hystériques. Je pouvais sentir sa faim, le besoin de prendre sa vie et de se nourrir de son énergie. Jouer ne l'intéressait pas - ce qui était une chance pour la victime mais ça ne le laissait pas beaucoup de temps.
Je vais mourir... merde, merde, merde, merde... oh mon dieu...
Ses pensées résonnaient dans la nuit, des images d'un homme brun souriant et d'un chien flashèrent puis elle se concentra sur son agresseur. Il était face à elle, souriant, lui expliquant que c'était dommage qu'elle ait croisé son chemin en cette douce soirée d'été.
Lullwater park.
Piste de course.
Avec cette indication je m'enfonçai rapidement dans l'obscurité. C'était près proche, si proche que j'allais certainement arriver à faire cesser cette terreur. Elle suppliait pour sa vie mais ne lui parlait même plus, sachant que ces derniers instants étaient arrivés.
Je courais vers eux à présent. Je pouvais même entendre sa voix entre les arbres me conduisant à elle. Il ne pouvait plus être très loin. Je l'entendis parler, lui dire de ne pas s'inquiéter, que ce serait bientôt fini une fois que ses amis et lui seraient satisfaits.
J'étais assailli par des doubles pensées qui ricochaient de l'un à l'autre et me renvoyaient des images de la scène.
Je me concentrai sur lui remarquant que sa voix était grave et rauque. Il n'avait pas d'accent mais son ton était autoritaire. C'était le chef de ce groupe. Je regardai ses compagnons, l'une avec des cheveux longs et rouges et l'autre avec de longues mèches noires, ils la prirent chacun par un bras et la remirent debout. Ils la tenaient comme pour un sacrifice, les bras grand écartés. Il passa derrière elle et toucha son visage doucement avant de s'approcher de son cou dans un mouvement fluide tandis que les autres mordaient dans ses poignets.
J'étais rapide mais ils l'étaient plus. Je débouchais dans les fourrés pour la trouver par terre à côté du chemin, du sang coulait le long de ses bras, mélangé à la poussière. J'essayai de capter leur odeur mais ils s'étaient dispersés, courant dans des directions différentes, se croisant jusqu'à ce que toute trace disparaisse dans la nuit.
Retournant au corps, je sortis mon portable et composai le 911 avant de me cacher dans les bois épais.
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SIXIEME CHAPITRE
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=== Bella
Une fois mon imperméable suspendu je posai le courrier et les journaux sur mon bureau et je m'assis un moment dans mon fauteuil. Je laissai reposer ma tête contre le bureau souhaitant que ce soit l'heure de rentrer chez moi. J'avais passé la matinée à courir pour les courses habituelles de monsieur Cullen et je redoutais à présent le travail ridicule et fastidieux qu'il avait prévu pour moi cet après-midi.
Depuis lundi je ne l'avais pas vu - nous étions jeudi - et il avait de la chance car une confrontation supplémentaire et je quitterai le cauchemar qu'était devenu mon boulot.
J'étais venue le mardi préparée une fois de plus à dépasser nos différents et à profiter de mon travail. Je regarde E! et je sais que les personnes riches sont parfois excentriques dans leurs demandes ou leurs désirs. Je sais qu'Anna Nicole a demandé que toute sa chambre ressemble à celle d'une fée avec des plumes roses partout et qu'elle a insisté pour avoir une certaine marque d'eau dans son frigo. Je n'avais pas dû nettoyer les déjections des petits chiens d'Osbourne ou récurer la baignoire de Brett Michaels...
Les choses pouvaient toujours s'aggraver.
Mis à part ses excès, il était compliqué. J'apprenais que ses habitudes compulsives et obsessionnelles n'étaient pas excentriques mais tendaient à devenir délirantes. Lundi il m'avait laissé l'instruction de réorganiser son énorme collection de Cd par ordre alphabétique puis par sous-groupe par date de parution. Il fallait aussi que je répertorie chaque CD dans l'ordinateur. Ça me prit la journée entière et mon cerveau était complètement en compote une fois que j'eus fini.
Le mercredi il me laissa plusieurs choses à faire dans la maison. Ses instructions étaient de remettre les cadres d'aplomb et de les dépoussiérer. Bien sûr je devais porter des gants en tissu et ne jamais toucher la peinture elle-même. J'avais un chiffon spécial pour les œuvres d'art et autres antiquités de la maison. Après en avoir terminé avec les peintures je devais continuer par les pièces communes en prenant le temps de passer une par une les curiosités ou autres bibelots qu'il avait apparemment acquis ou hérités de partout dans le monde.
Comme je suis une personne maladroite, toucher et nettoyer tous ces objets fit considérablement augmenter mon stress. J'étais sûre qu'à un moment donné je ferai tomber et casserai une pièce inestimable.
En nettoyant attentivement une magnifique lampe Tiffany je commençai à me demander si monsieur Cullen voulait que je parte. Certaines des choses qu'il m'avait données à faire étaient particulièrement farfelues et j'avais l'impression qu'il m'observait et attendait de voir si j'étais assez folle pour faire ce qu'il demandait ou si j'allais refuser. Si je refusais il aurait un motif de me renvoyer.
Bella Swan ne serait pas renvoyée.
Avec cette idée en tête je passai le mercredi après-midi à quatre pattes avec une brosse à arranger les franges des tapis anciens et autres dans toute la maison. Ce qui, soit dit en passant était tout à fait ridicule et me faisait perdre mon temps.
Alors maintenant j'étais assise la tête reposant sur mon bureau essayant de réfléchir à un moyen de m'évader de cette maison de fous. Je gémis et allai vers le grand garde-manger dans la cuisine mais bien sûr, Monsieur suivait un 'régime spécial' et ne conservait pas de nourriture dans la maison et ce garde-manger était devenu un placard.
J'étais allée acheter des boîtes et des paniers pour aménager ce placard plus tôt dans la journée. Visiblement il voulait que ses fournitures de bureau, trombones, punaises et autres rouleaux de scotch, soient rangées dans des boites différentes. J'avais aussi une étiqueteuse dernier cri puisqu'il semblait qu'il ne soit pas capable de voir ce qu'il y avait dans les boites.
Je maugréai dans ma barbe... avoir dépensé 8 000 dollars pour des études supérieures... quand je vis ou plutôt sentis quelque chose derrière moi. Mes poils se hérissèrent et je fis une prière silencieuse en imaginant. J'étais un peu tendue depuis que j'avais entendu parler d'un meurtre dans le parc récemment.
Je me retournai lentement et poussai un soupir de soulagement lorsque je vis au milieu de la cuisine une fille, petite et brune, qui avait un énorme sourire sur le visage.
"Bonjour!" me salua-t-elle en sautillant.
Je reculai d'un pas et fronçai les sourcils en demandant. "Bonjour, euh qui êtes-vous et comment êtes-vous entrée?"
Toujours en souriant elle fit un pas en avant et dit. "Je suis Alice. La sœur d'Edward. Et je suis rentrée toute seule."
Je bredouillai une réponse. "Bien sûr... on devrait vous attacher une cloche autour du cou," puis je la fixai. Ses cheveux bruns partaient en tous sens, elle avait la peau pâle et le les yeux dorés. Elle avait ce même air confiant qu'arborait son frère. "Oh oui, je suis désolée. Il vous attend? Parce qu'il ne m'a pas dit que vous veniez..." divaguai-je.
Je posai les boîtes sur les étagères. "Bon et bien je suis Bella, sa nouvelle assistante."
"Bien sûr, Bella." Mon prénom sortit de ses lèvres et elle acquiesça. Je pouvais sentir ses yeux me suivre tandis que je continuais à ranger des post-it par couleur et par grandeur. Je résistais à l'envie d'écrire sur chacun d'eux 'Je pars'et de les coller partout dans la maison dans un accès de rage.
Je me retournai pour lui faire face à nouveau. "Puis-je vous offrir quelque chose? Du thé du café? Monsieur Cullen n'a pas de nourriture à la maison mais je peux aller vous chercher quelque chose si vous voulez," radotai-je de nouveau. Alice me rendait nerveuse avec ses yeux attentifs et ce sourire qui ne la quittait pas.
"Non merci. Je vais juste l'attendre à côté. Vous venez avec moi? S'il vous plait?" Pendant un instant je perdis le fil de mes idées. Ses yeux étaient envoûtants - comme ceux de son frère.
Je n'étais pas sûre de ce qu'il fallait que je fasse. J'avais le sentiment que monsieur Cullen n'allait pas apprécier cette visite inattendue. Il ne semblait pas du genre à aimer les surprises ou quoi que ce soit d'autre. Alors je n'étais pas du tout sûre de comment il fallait que je m'occupe de ses invités. Je détesterais mal me conduire avec sa famille. Je ne savais pas.
Alice devait avoir vu ma gêne et dit : "Je t'en prie. Ne t'inquiète pour Edward. Il pourra s'en prendre à moi s'il veut." Elle rit et ajouta. "Il le fera, il le fait toujours de toute façon!"
J'hésitai mais suivis Alice dans le salon qui prit un fauteuil, l'un des gros rembourrés. Ses pieds touchaient à peine par terre tellement cet immense fauteuil l'engloutissait.
Elle se pencha et posa sa main sur l'accoudoir de mon fauteuil. "Vraiment Bella, ne le prends pas trop au sérieux. Je sais qu'il peut être bougon mais il a bon cœur. Il oublie juste comment il faut faire pour bien agir avec les gens... parfois," dit-elle en roulant des yeux.
Je lui souris en retour mais ne dis rien ne voulant pas tomber dans le piège de parler de lui. Il y eut un silence gêné mais elle le réalisa et changea de sujet heureusement, elle me posa des questions sur mes études et mes projets.
Je lui dis que je venais d'Arizona et que j'étais restée là pour mes études. Elle écoutait attentivement tandis que je lui parlais de mes différentes options. C'était si facile de lui parler de ma vie que je me demandais si elle savait y faire ou si c'était moi qui étais désespérée de pouvoir parler à quelqu'un. Je me souvins de ma conversation avec Angela et l'interrogeais. "Je me demandais si vous étiez de Forks?"
Elle parut étonnée de cette question et hocha la tête pour m'inciter à poursuivre.
"Ma colocataire, Angela Weber, a grandi à Forks. Elle m'a dit qu'elle avait des Cullen dans son école. Je me demandais si c'était vous," expliquai-je.
"Oh, bien sûr, je connais Angela. Pas bien mais oui nous étions camarades de classe," me répondit-elle, le sourire de retour sur son visage.
Juste à ce moment-là j'entendis la porte de derrière s'ouvrir et se fermer. Je me levai rapidement tandis qu'Alice restait assise. Monsieur Cullen vint directement dans le salon. Il regarda Alice d'un air interrogateur, comme s'il savait qu'elle était là avant même de l'avoir vue. Elle lui sourit et il leva les yeux au ciel avant de se tourner vers moi.
J'attendis sa réaction nerveusement et fus soulagée quand il me dit d'une voix agréable, "je vois que vous avez fait connaissance avec ma sœur." Il sourit chaleureusement dans sa direction," Comme vous pouvez le voir, elle se sent partout comme chez elle..."
"Oui c'est vrai. Mais maintenant que vous êtes arrivé je vais retourner à mon travail. J'ai été ravie de vous rencontrer Mademoiselle Cullen," lui dis-je en commençant à partir, essayant de m'esquiver.
Alice sauta sur ses pieds et me courut après en me disant, "C'est Alice. Et c'était aussi génial de te rencontrer Bella. J'espère te voir à nouveau." Et elle me serra brièvement dans ses bras.
Je repartis vers la cuisine et continuai mon travail dans le placard. Je les entendis monter calmement dans l'escalier et je me dis qu'ils étaient tellement différents. Alice était ouverte et chaleureuse comparée à son frère et à sa nature rigide. Je me demandai comment deux personnes qui avaient grandi dans la même maison pouvaient être aussi différents. Cependant c'était intéressant de le voir dans une nouvelle situation mais il faudrait plus que les belles paroles de sa sœur pour me faire changer d'avis sur lui.
Edward
"Edward, tu ne m'avais pas dit qu'elle était aussi jolie," se moqua Alice en arrivant à l'étage.
Je ne repris pas son commentaire et entrai dans mon dressing pour y ranger ma veste et me changer.
Je dois admettre qu'elle sent vraiment bon.
"Qu'est-ce que tu fais là Alice?" lui demandai-je en passant une chemise propre par-dessus ma tête et ma main dans mes cheveux.
Pas de 'comment vas-tu Alice' ou 'je suis content de te voir'?
Je passai devant elle et allai m'asseoir derrière mon bureau, cherchant autre chose à faire que parler avec ma sœur.
Tu ne peux pas ignorer ça Edward.
Je pouvais toujours l'ignorer elle.
"Arrête de faire ça. Nous devons en parler," dit-elle à voix haute, de la frustration dans la voix.
Elle s'installa dans le fauteuil face à moi, les bras croisés, déterminée à avoir cette discussion.
Je soupirai et la regardai. "Bien Alice. Que veux-tu que je te dise? Est-ce que je la trouve attirante? Oui. Et est-ce que je vais faire quelque chose à ce sujet? Non. Il n'y a rien à discuter."
Tu es sûr de pouvoir gérer cela?
Je la fixai et lui dit "Oui. Tu le sais, je peux, je l'ai déjà fait."
Alice me regarda avec ses grands yeux dorés et tenta. "Tu as presque cédé. Avec le verre. Et l'autre nuit elle est sortie tout juste vivante d'ici."
"Oui mais elle l'a fait. Je te l'ai dit au téléphone, ça va. Tu sais que je suis quelqu'un de discipliné. Je suis sous contrôle," lui dis-je espérant que mon ton mettrait un terme à cette conversation.
Elle est sur le point de s'en aller.
Je soupirai et m'enfonçai dans mon fauteuil. "Je le sais."
C'est ce que j'espérais. Après ma réaction envers elle et l'électricien ce lundi puis ma tentative manquée de sauver cette femme dans le parc, j'avais décidé de pousser Bella Swan hors de ma vie pour de bon. J'avais passé le reste de la semaine à l'ignorer et à lui donner des tâches ingrates qui lui prenaient des heures. Je pensais qu'après plusieurs jours elle en aurait assez et serait frustrée à cause de ces tâches et qu'elle démissionnerait.
C'est ce que tu veux? Pour le moment sa décision est claire mais ça n'a pas besoin d'être comme ça.
"C'est mieux. Je suis sous contrôle mais c'est une distraction dont je n'ai pas besoin. Je veux juste qu'elle parte d'elle-même. Je ne veux pas la virer."
Alice éclata de rire. Je fronçai les sourcils attendant de savoir ce qui était si drôle.
"Pour le moment elle veut rester. Pour te prouver que tu ne peux pas la briser. Mais encore quelques sales boulots et les dés seront jetés," expliqua-t-elle en me montrant exactement quelle serait la goutte d'eau qui ferait déborder le vase pour la pauvre Isabella Swan.
Ça me fit glousser et je secouai la tête, "Toutes ces qualités pour lesquelles je l'ai embauchée finiront par lui rendre tout cela trop difficile."
Le silence tomba entre nous maintenant que la discussion principale pour laquelle elle était venue avait été épuisée. Alice bloquait ses pensées et en fait c'était un soulagement. Mais je la connaissais suffisamment bien pour savoir à quoi elle pensait.
Les gars sont tristes que tu ne sois pas allé avec eux.
J'opinai. Une partie de moi regrettait de ne pas être allé chasser avec eux mais ce n'était pas possible.
Ce n'est pas pareil. Ça ne l'est jamais.
"Alice," l'avertis-je.
Elle soupira mécontente.
Je détestai la décevoir mais cette décision avait déjà été prise.
J'essayai de changer de sujet et demandai. "Quand est-ce que Jasper revient?"
Elle pinça ses lèvres, pas vraiment convaincue que nous en ayons fini avec le sujet précédent.
Je la suppliai silencieusement de laisser tomber.
Elle se détendit et dit," Ce soir. Ils sont partis dans le Montana."
"J'ai vraiment besoin qu'il vienne me voir. Tu pourrais lui dire?" lui dis-je soulagé que nous puissions continuer sur autre chose.
Oui bien sûr.
Je me levai et allai vers elle pour la sortir de son fauteuil. Elle se leva vivement et passa ses bras autour de moi, me serrant fort. Je lui rendis la pareille et inhalai l'odeur de ses cheveux et de ses vêtements. Bien que je résiste il y avait des moments où je regrettais les choix que j'avais faits par le passé. Et là c'était l'un de ces moments.
Plus tard, quand Alice eut quitté la maison, je réalisai que la dernière fois que j'avais touché quelqu'un c'était quand j'étais rentré à la maison. Les contacts étaient chose courante pour les humains ou les miens mais c'était un sacrifice que j'avais dû faire. Et c'était une décision que j'avais été ravi d'avoir prise pendant longtemps. Mais pour la première fois depuis de nombreuses années, je réalisais, maintenant qu'Alice était partie, qu'il me manquait quelque chose.
Bella
"Hey Angie je suis rentrée," appelai-je en passant la porte d'entrée.
Je jetai mes clés dans le vide-poche près de la porte et partis directement dans ma chambre pour me changer de vêtements et mettre quelque chose de plus confortable.
Je relevai mes cheveux en queue de cheval quand Angela fit son apparition avec un verre de vin à la main.
"Merci tu n'as pas la moindre idée de combien j'en ai besoin," lui dis-je en prenant une gorgée et en allant m'asseoir sur le canapé au salon.
Angela rit et dit, "C'est l'impression que j'ai eue quand tu m'as appelée en chemin en me laissant un message qui me chantait 'ne me laisse pas abandonner mon travail' encore et encore."
Je reposai mon verre au bout de la table et mis ma tête entre mes mains en grognant. "Argghh je sais. Ce job est un vrai cauchemar. Veux-tu savoir ce que j'ai eu à faire aujourd'hui?" lui demandai-je.
Elle fit un signe de tête enthousiaste et s'installa confortablement dans son siège en prenant une petite gorgée de vin.
"Après avoir arrangé toutes les fournitures de bureau dans le ... garde-manger," je roulai des yeux, "je devais aller au garage sur l'établi pour trier des vis et des pointes par grandeur. Ensuite je devais les ranger dans des boites étiquetées. Tout dans cette maison doit être étiqueté."
Angela commença à rire plus fort, "Ha! Tu n'as pas vu sa chambre, tu paries qu'il y a des étiquettes sur sa table de chevet avec des choses comme magazines porno, préservatifs, herbe?" Elle ricana ce qui nous fit éclater de rire toutes les deux.
"Sans façon. Ce gars est trop coincé pour regarder du porno et aucune fille ne vient jamais. Il devrait les aseptiser avant et après qu'elles aient quitté la pièce. C'est peut-être pour ça qu'il est si grincheux la plupart du temps," songeai-je. "Et fumer un peu d'herbe ne lui ferait pas de mal, ça l'aiderait à se détendre."
Tout à coup je me souvins d'autre chose. "Oh et devine quoi?"
Angela plissa les yeux attendant la nouvelle.
"J'ai rencontré la sœur de monsieur Cullen aujourd'hui. Alice Cullen de Forks."
Elle se redressa dans son siège et s'exclama, "Je le savais! Est-elle aussi jolie que ce que je t'avais dit? As-tu dit quelque chose?"
"Je t'ai mentionnée et elle m'a dit qu'elle se souvenait de toi. Elle est vraiment très gentille et belle. Elle semble savoir que son frère est un peu con - ce qui est bien mais elle aussi à ce petit quelque chose qui dit 'Je suis une Cullen parfaite."
Nous parlâmes d'Alice pendant un petit moment mais notre conversation fut interrompue par la sonnerie de mon téléphone. Je me levai rapidement et le sortis de mon sac pour répondre. Quand j'entendis la voix à l'autre bout de la ligne je ne pus m'empêcher de sourire.
"Oh Tyler. Comment vas-tu?"
"Demain soir? Oui, je pense que ce serait génial."
"Une amie? Oui bien sûr, elle aimera ça!"
"On se retrouve là-bas à 20 heures."
Je lui dis au revoir et refermai mon téléphone. Angela me regardait avec curiosité et dit, "Bon la bonne nouvelle c'est que j'ai un rendez-vous demain soir. Et la meilleure c'est que toi aussi!" Je lui fis un grand sourire, faux, espérant qu'elle voudrait jouer.
Sa mâchoire s'ouvrit," Bella, non! Tu sais bien ce que je pense de ce genre de rendez-vous."
Je fis la mine boudeuse et gémis, "Angela s'il te plait. Je veux vraiment y aller mais je serai plus à l'aise si je n'y vais pas seule. Spécialement maintenant."
Elle acquiesça en comprenant, ses longs cheveux bruns se balancèrent. "D'accord, mais seulement parce qu'il y a ce maniaque dans le coin et que je veux que tu sois en sécurité. En plus que pourrai-je faire d'autre quand tu n'es pas là?"
J'allai vers elle et la pris dans mes bras avant de me rasseoir et de reprendre mon verre. "En parlant de cela tu as eu d'autres informations concernant le meurtre de cette pauvre fille," demandai-je.
"Et bien j'ai entendu que les policiers étaient un peu perdus. Ils ne savent pas si c'est un meurtre ou une attaque de bête féroce. Apparemment les blessures ressemblent à celles qu'auraient pu causer un animal. Mais le problème c'est que si un animal attaque il n'y a pas de modèle or ici ce sont six corps qui ont été laissés exactement dans le même état," frissonna-t-elle.
Je frissonnai aussi me sentant vulnérable. Ces meurtres étaient horribles. Des femmes seules la nuit. Pour quelques-unes c'était arrivé dehors comme pour celle dans le parc mais les deux autres c'était dans le voisinage, elles allaient à leur voiture et les deux autres étaient chez elles. Angela et moi avions commencé à vérifier que tout soit bien fermé chez nous tout le temps, portes et fenêtres.
Je pensais au fait que j'étais toute seule toute la journée et comment Alice m'avait surprise aujourd'hui. Si elle avait pu rentrer sans que je le remarque je suis sûre que n'importe qui d'autre aurait pu le faire. Je me dis que je ferai attention que les portes soient verrouillées dorénavant et je le ferai savoir à monsieur Cullen.
X x X
Nous étions vendredi et toutes ces pensées que j'avais eues concernant le fait de rester travailler ici disparurent à la minute où je passais la porte d'entrée de la maison de monsieur Cullen.
Je regardai les rangées de tee-shirt essayant de décider lequel j'allais choisir.
Bruce Springsteen?
Nan. Pas besoin de souiller le drapeau américain.
Coldplay?
Trop pleurnichard. J'avais besoin de quelqu'un qui avait des couilles.
Jimi Hendrix?
Je ne pourrai pas supporter de lui faire ça.
Je fis défiler les tee-shirts un par un avant de prendre ma décision et de le sortir.
Il était doux et usé. Mais toujours propre. On l'aimait et il était vraiment unique. Clairement l'un de ses préférés. Je le mis face à moi et sentis l'odeur de la lessive. Ça sentait vraiment très bon.
C'était parfait.
J'entrai dans la salle de bain et le mis. Je me regardai dans le miroir et remarquai qu'il était trop grand pour moi ce n'était pas une surprise monsieur Cullen était vraiment très grand. En fait c'était mieux comme ça il me protégerait mieux.
J'attachai les cheveux au-dessus de ma tête, énervée d'avoir passé autant de temps à me coiffer ce matin - au moins vingt minutes. Je laissai mon chemisier et mes chaussures dans la salle de bain et allai à la cuisine chercher ce dont j'avais besoin.
Un seau, de l'eau de javel et une brosse en chiendent.
Le salaud voulait que je nettoie ses meubles dans le patio.
Je frotterai la saleté de l'hiver avec une petite brosse et du produit, je n'avais pas été prévenue et j'étais venue avec mes vêtements ordinaires. Quand je lus les instructions qu'il m'avait laissées j'étais abasourdie. Et super en colère. Et je détestai l'admettre, proche des larmes parce que personne ne m'avait jamais traitée de la sorte.
C'était dégradant et humiliant. Ce n'était pas tellement ce qu'il me demandait de faire - même si c'était du travail ingrat mais c'était plutôt la façon dont il le faisait avec sa liste stupide, écrite magnifiquement et posée sur le bureau chaque jour. Comme s'il ne supportait pas d'être près de moi ou qu'il s'estimait trop pour me parler directement. J'étais bien élevée. Et intelligente. Et attirante. Franchement quelquefois il me regardait comme si je sentais mauvais et était répugnante. Puis il y avait le fait qu'il soit si mal élevé. Bien sûr il avait particulièrement été agréable lorsqu'Alice était là où les électriciens mais les autres fois il m'ignorait ou me traitait comme de la merde. Chaque jour j'exécutais ses demandes ridicules et épuisantes et je n'avais jamais entendu 's'il vous plait' ou 'merci'. Pourquoi était-ce si difficile de laisser ces mots à la fin de la liste? Pourquoi était-il si difficile de descendre et de venir me saluer de temps à autre?
J'étais au bout du rouleau et je refusai d'être sa domestique un peu plus, je m'étais résolue à finir ma journée en frottant ses fichus meubles et ensuite je démissionnerai... Mais d'abord il allait payer.
Armée de mes ustensiles et habillée dans son tee-shirt, j'ouvris la porte de derrière et allai sur sa terrasse trop parfaite. Les plantes en pot, les fougères et autres arbres ornementaux décoraient le carrelage. Il faisait soleil aujourd'hui et le sol était chaud sous mes pieds nus. Une énorme cheminée trônait dans un coin tandis que des meubles de jardin en fer forgés étaient disposés autour, c'était un coin pour discuter.
J'essayai d'imaginer monsieur Cullen discutant avec des amis ou sa famille un soir, le feu allumé ainsi que des bougies tout autour. Honnêtement c'était impossible à imaginer. Je pouvais voir Alice un verre à la main tandis qu'il se cachait à l'intérieur.
Je posai le seau et y versai du produit ensuite je tirai le tuyau qui pendait à côté. Je mélangeai bien puis je commençai mon travail. A chaque minute je devenais de plus en plus furieuse contre mon patron. J'étais plus convaincue que jamais qu'il essayait de me faire partir et j'avais atteint ce point où j'étais ravie de lui donner satisfaction.
Edward
J'entendis Jasper quand il passa la porte du garage. Alice m'avait appelé pour me dire qu'il venait me voir aujourd'hui malgré le soleil alors j'avais laissé le garage ouvert pour qu'il puisse s'y garer à l'abri.
Mademoiselle Swan était dehors, nettoyant les meubles du patio qui ne servaient jamais, inconsciente de la présence de Jasper à l'intérieur. J'espérai qu'Alice avait raison et que ce sale boulot serait le dernier et qu'elle partirait aujourd'hui pour ne plus jamais revenir. J'avais déjà préparé une lettre de recommandation pour elle que je lui enverrai la semaine prochaine si elle en avait besoin et bien que le temps qu'elle avait passé ici ait été bref j'étais sûr que ce n'était pas la peine de le mentionner.
J'avais passé la matinée à revoir mes cartes et les nouvelles les plus récentes y compris celle du meurtre de lundi soir. Rien de tout cela n'avait été utile c'était pourquoi j'avais demandé à Jasper de venir me voir.
Il arrivait à l'étage et tapa mollement contre la porte de mon bureau.
Edward?
Je marchai et lui ouvris en lui faisant un grand sourire.
"Jasper entre je t'en prie. Comme s'est passé le voyage?" demandai-je réellement intéressé.
Il entra et s'assit à la même place qu'Alice avait occupée un jour avant. Il pensait qu'il lui tardait de revenir à la maison avec elle. Je sentis de la culpabilité en me rendant compte qu'une fois de plus toute ma famille se sacrifiait pour moi et faisait passer mes besoins avant les leurs.
Toujours le fils prodigue.
Jasper étira ses longues jambes et croisa ses chevilles en repoussant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Ses yeux s'illuminèrent en repensant à la chasse. "C'était merveilleux Edward. Tu aurais dû être là. Emmett a eu une empoignade avec deux mères ours. Elles ont complètement déchiqueté ses vêtements et il s'est retrouvé dans le fleuve. Il a ruiné son nouveau téléphone et Rose était très énervée. C'est le troisième ce mois-ci... je n'avais jamais autant ri!"
Je regardai la scène se dérouler dans ses pensées et je me retrouvais en train de rire avec lui. Emmett pouvait être un tel imbécile parfois mais il était coriace et il ne s'arrêtait jamais avant d'avoir réussi.
Tu aurais dû venir. Se moquer d'Emmett est plus drôle quand tu es là.
Le sourire quitta lentement mon visage et je dis : "Je sais. J'aurais souhaité le faire mais Jasper il se passe quelque chose par ici et j'ai besoin de ton avis. Suis-tu les nouvelles?"
Il acquiesça et dit, "Oui Carlisle et moi avons regardé ce matin. La presse nationale s'en est emparée. Qu'en penses-tu?"
Je lui fis signe de me rejoindre près de la carte étalée sur mon bureau. Je lui montrai ce que j'en avais déduit, il l'avait vu aussi. Je lui montrai la description des corps qui avaient été retrouvés et je lui dis ce que j'avais entendu et vu l'autre nuit.
Jasper m'arrêta dans mes explications et résuma. "Alors tu penses qu'ils sont trois, un chef et deux autres?"
Je hochai la tête, "Oui c'est ce que j'ai pu entendre mais leurs odeurs n'étaient pas les mêmes qu'aux autres endroits. Le blond, le chef, son odeur était à tous les endroits, mais les autres étaient différentes."
Jasper revint dans son fauteuil et resta tranquille un moment. Je perçus quelques images flottant dans sa tête, la plupart d'entre elles appartenait à sa vie d'avant, avant qu'il n'intègre notre famille. J'avais déjà vu cela mais j'étais troublé qu'il y repense à présent.
"A quoi penses-tu?" demandai-je.
"Je ne suis pas sûr mais quelque part ça me semble familier. Il y a un sens de la planification et de l'organisation bien qu'il reste des meurtres qui ne suivent pas le même modèle," dit-il.
J'allai à la fenêtre et regardai dehors en repensant aux informations que nous avions et comment les mettre ensemble. "Je ne pense pas que la police ait compris que ces meurtres aient été commis par le même prédateur. Ils disent qu'il y a eu six meurtres alors que c'est plus de dix... d'après ce que je peux dire."
J'entendis Jasper soupirer longuement. "Et tu es bien sûr que les marques qui sont sur les bras correspondent bien à celles que laissent les vampires?"
"J'en suis sûr. J'ai pu les voir déchirer la peau avec leurs dents. Et j'ai pu entendre les pensées du chef, sa soif de sang mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi il laisse les autres boire tandis que lui ne fait que briser les nuques?" me demandai-je.
Jasper secoua la tête toujours pris dans ses pensées anciennes. "Je n'en ai aucune idée, Edward. Mais ça pose la question : s'il ne se nourrit pas sur eux alors de qui se nourrit-il?"
Nous parlâmes stratégie pendant un moment, comment améliorer mes patrouilles pour arriver plus vite à ma cible. Jasper fut d'accord pour dire qu'il devait avoir une capacité spéciale pour s'échapper bien que je sois incroyablement rapide.
Jasper était prêt à partir quand je me souvins de lui poser la question pour mon système informatique.
L'arrêtant au moment où il partait je lui demandais : "Pourrais-tu regarder ceci pour moi? Je voudrai pouvoir accéder à l'ordinateur de mon assistante en bas à partir d'ici mais pas dans l'autre sens. Pourrais-tu m'aider à mettre ça en place?"
"Bien sûr, laisse-moi voir ce qu'on a déjà." Et il passa de l'autre côté du bureau et s'assit dans mon fauteuil.
Tandis qu'il travaillait ses pensées s'agitaient, il se posait beaucoup de questions.
"Je vois que tu as parlé avec Alice," dis-je en grimaçant.
Il continua à travailler sur l'ordinateur, ses doigts se déplaçant doucement sur les touches, il ne releva jamais la tête.
Alors tu veux vraiment qu'elle parte hein?
Je poussai un grognement du fond de ma gorge.
Elle sent si bon que ça?
Il me regarda pour voir mon expression. Ses yeux étaient curieux mais son esprit était ailleurs. Il repensait à son passé - un homme et une femme qu'il avait pris - leurs sangs l'avaient appelé comme celui d'Isabella Swan appelait le mien.
Je roulai des yeux mais hochai la tête.
Il appuya sur les boutons et alluma les moniteurs, agrandissant la vue sur le patio.
Nous regardions mademoiselle Swan accroupie face à une chaise longue en train de frotter les accoudoirs et les pieds du fauteuil avec une petite brosse. Ses cheveux étaient collés sur son visage et je pouvais voir la transpiration couler sur les côtés de son cou. Sa peau était rougie. Rose et invitante. Je la regardai se relever et se frotter les sourcils du revers de la main.
Je ravalai la première bouffée de désir.
J'entendis Jasper étouffer un rire et je le regardai interrogatif.
Mec... ton tee-shirt?
Je regardai plus attentivement et je vis que Bella portait mon t-shirt Let it bleed* des Rolling Stones de 1969. Il était trempé et je pouvais voir des taches d'eau de javel dessus.
"Putain," marmonnai-je.
Jasper se renversa dans mon fauteuil et commença à rire de façon incontrôlable tandis que la rage déferlait sur moi.
"Arrête. C'est trop drôle ... en plus tu me rends furieux et ça me fait rire encore plus," dit-il en haletant les mots. "Ne la laisse pas partir, je l'aime déjà!"
Je retournai au moniteur et la regardai soulever le bas du tee-shirt pour essuyer son menton. Le tout petit éclat de peau blanche que je vis, fit monter le venin dans ma bouche encore plus qu'avant.
Mienne.
A l'arrière-plan j'entendis le rire de Jasper s'éteindre.
"Edward?"
Mon estomac inexistant se contracta.
Edward!
Je me tournai vers lui surpris et énervé par son interruption.
"Qu'est-ce que tu fais?" me demanda-t-il à peine plus fort qu'un murmure. Ses yeux me fusillaient il essayait de lire mes émotions.
Je fus immédiatement submergé par la culpabilité et commençai à m'excuser. "Je suis désolé. Ce doit être accablant pour toi d'être là. Je n'ai jamais ressenti pareille soif auparavant."
Il était complètement perdu et je fouillai dans ses pensées. Je repartis vers l'ordinateur en marchant lentement et furieusement en voyant tout ça.
Je le regardai dans les yeux pour essayer de comprendre. Il avait les sourcils froncés, attendant que je confirme ses soupçons.
"Quoi?" demandai-je incrédule. Je ne comprenais pas.
"Ce n'est pas de la soif. Bon si un tout petit peu mais ce n'est pas la principale émotion que tu ressens..." Ses doigts tambourinaient sur les bras du fauteuil et il se battait pour ne pas me quitter des yeux.
"Sérieusement?"
Oui.
Je m'arrêtai au milieu de la pièce et posai mes mains dans mes cheveux. Je le regardai à nouveau pour m'assurer qu'il ne plaisantait pas ou essayait de m'énerver. Ses yeux jaunes étaient empreints de sincérité et d'un peu de choc. Ça devait être le reflet du mien...
"Du désir?"
Désir.
…
*permis de saigner
.
.
.
SEPTIEME CHAPITRE
.
Edward
Le mot resta suspendu dans l'air épais.
Désir.
Maintenant mêlé à de la confusion, de la répulsion et de la peur.
Je pouvais voir ces mots flotter dans sa tête tandis que Jasper me les prenait. J'étais sûr que l'irritation allait rapidement venir s'ajouter à cette liste.
Jasper et moi étions loin l'un de l'autre. Il était derrière le bureau, jetant occasionnellement un coup d'œil aux moniteurs, mettant le système à jour comme je le lui avais demandé. J'étais de l'autre côté de la pièce aussi loin que possible comme si cela pouvait lui rendre la tache de lire en moi plus difficile.
Les minutes passèrent puis Jasper se mit finalement à parler. "Edward ce n'est pas grand-chose. Bon si en fait mais pas de la façon dont tu penses. Ce que je veux dire c'est qu'elle te plait. Elle est mignonne et en plus il semblerait que tu ne l'effraies pas," dit-il en faisant un énorme sourire, "ce qui fait d'elle la fille la plus cool que tu aies jamais rencontrée à moins que ce ne soit la plus stupide... Je ne suis pas encore sûr." Il regarda de nouveau les moniteurs et je pouvais la voir à travers lui pulvériser le bas des meubles et essuyer le sol de la terrasse qu'elle avait sali en nettoyant.
Mon tee-shirt pendait sur ses épaules et elle avait la mâchoire serrée et une expression, de la détermination... peut-être. Je n'étais pas sûr. Encore une fois le fait que je ne puisse pas entendre ses pensées était pénible. Je veux dire réellement angoissant. Cette découverte soulevait un problème que je n'avais encore jamais eu à résoudre. Du désir? Je commençai à frotter mon pantalon de mes paumes essayant d'étouffer tous ces sentiments qui bouillonnaient en moi.
Je ne comprenais pas mais j'étais tout à fait intrigué. Depuis toutes ces années je n'avais jamais connu de désir.
Pas comme celui-là.
Chaque émotion que je ressentais dans cette deuxième vie était mélangée aux pensées autour de moi. Il n'y avait jamais vraiment d'intimité. Etre en relation avec une femme était difficile mais pas impossible cependant et j'avais déjà essayé par le passé mais sans succès.
Ce que je désire, ce fait merveilleux de tout partager avec l'autre, de se dévoiler petit à petit tout cela est hors d'atteinte. Ce moment où dans la relation deux personnes grandissent et changent ensemble pour ne plus faire qu'un est détruit à l'instant où je lis leurs pensées.
Mon don annihile cet échange, le mystère et la beauté du premier amour. Pour moi cela est impossible. Il n'y a aucun mystère. Même quand je désire quelqu'un, ce désir ou besoin est mélangé à ses pensées, ce qui complique inévitablement la situation. Impossible d'éteindre ses pensées et d'entrer en contact avec les miennes. Le sexe, appréciable physiquement est une torture mentalement.
Mais elle est différente. Elle est silencieuse. Isabella Swan est un mystère.
De nouveau je la regarde rentrer dans la maison et remettre les ustensiles de nettoyage en place, à travers les yeux de Jasper. Elle les replace méticuleusement dans le placard avant de partir vers la salle de bain.
Regardant vers le sol je demande en chuchotant. "Que ressent-elle?" Bien sûr qu'il m'entend.
Il réfléchit et me regarde. Il y a un petit sourire sur son visage et il bloque ses pensées.
"Quoi?" demandai-je, de plus en plus irrité.
Cette dépendance envers les autres devient insupportable.
Il soulève un sourcil et s'étire dans son fauteuil en plaçant ses mains derrière sa tête. Il se régale visiblement de me voir mal à l'aise.
"Alors tu ne peux pas l'entendre?" me demanda-t-il.
"Non. Rien. Dis-moi ce qu'elle ressent," plaidai-je.
"C'est intéressant parce que je peux savoir ce qu'elle ressent et Alice peut la voir. Mais toi tu ne peux pas l'entendre..." réfléchit-il à voix haute en se frottant la mâchoire.
Je le fixai. "Oui. Fascinant. Dis-moi."
Il m'ignora et continua. " Pour compliquer le tout son sang chante pour toi. Et tu la désires physiquement. Donc d'un côté tu la veux. Et de l'autre tu la veux."
Il recommençait à sourire.
"Alors que se passe-t-il vraiment... tu apprécies cette fille." Il railla. "Edward aime une fille..."
En un instant j'étais debout, près du bureau, je l'avais saisi, lui dans son fauteuil, et cloué au mur.
"Dis-moi plutôt idiot. Que. Ressent. Elle?" J'allais le tuer.
Il me repoussa, son pied posé fermement contre mon torse et je traversai la pièce, voltigeant par-dessus le bureau et atterrissant dans le fauteuil qui se brisa sous mon poids.
Je bondis sur mes pieds mais il me faisait déjà face, les mains sur ses hanches et un grand sourire sur le visage.
"Mec, je suis impressionné. Tu as épargné le bureau. J'étais sûr que tu allais faire valser les moniteurs," s'amusa-t-il en ramassant les pieds du fauteuil et en s'en servant pour taper dans sa main.
Je traversai la pièce pour récupérer une poubelle. Nous ramassâmes le bazar, bois et morceaux de cuir qui étaient disséminés partout. "Je sais. Je n'étais pas sûr de pouvoir le faire. J'ai pu changer de trajectoire à la dernière seconde."
Nous mîmes tout cela dans la poubelle. Jasper avait fini de m'agacer apparemment et il me laissa voir ses pensées en me donnant ce que je lui demandai.
Elle est énervée Edward. Comme vraiment mais vraiment énervée. Ça va de l'amertume à la rage. Il y a aussi un peu de suffisance parce qu'elle a bousillé ton tee-shirt et elle sait que ça te rendra fou. Mais elle est bien décidée à démissionner.
Je hochai la tête. Je savais que c'était pour le mieux bien que je ne sois pas sûr que c'était ce que je voulais. Mais je n'avais jamais eu ce que je voulais, jamais, rien de nouveau. Ma vie n'était que sacrifice et discipline, spécialement pendant ces quinze dernières années. Isabella Swan était juste le nouveau sacrifice que je devais faire.
Bella
Je me regardai dans le miroir et pris mon visage rouge dans mes mains crasseuses. Je le frottai avec mon doigt étalant la saleté et faisant une marque encore plus rouge sur ma peau déjà bien chaude.
Je soupirai. J'étais dégoûtante. Mes mains et mes pieds étient noirs de crasse et je transpirais.
Parfait.
Et j'avais ruiné son tee-shirt définitivement. Il était tout taché et décoloré par l'eau de javel.
Bien.
Je ne culpabilisais pas. Il le méritait.
Il me restait deux heures pour finir ma journée mais j'étais fourbue. J'allais laisser ma lettre de démission à monsieur Cullen sur mon bureau il la trouverait là quand il viendrait voir mon rapport quotidien.
Vous l'avez là votre rapport : je démissionne.
La pensée de laisser ce genre de mot et imaginer son regard perdu sur son visage parfait me fit sourire pour la première fois aujourd'hui. Une partie de moi aurait voulu partir dès à présent mais une autre voulait conserver un peu de dignité et il fallait donc que je fasse mon rapport.
Je ramassai mes affaires, toujours pieds nus et j'allai à mon bureau en posant la lettre sur un coin là où il ne pourrait pas la manquer.
J'avais mon sac et mes chaussures, il fallait que j'aille dans la cuisine pour récupérer ma nourriture et autres. Je voulais quitter cette maison et la laisser comme je l'avais trouvée, enlever toute trace de mon passage.
Ce serait comme si je n'avais jamais existé. Un point sur un écran. Deux semaines d'agitation dans son existence routinière et inintéressante.
A ma grande horreur il descendit juste au moment où j'entrais.
Tout ce qu'il me restait de dignité disparut.
Il était debout au bas de l'escalier et je remarquai qu'il portait une poubelle pleine et derrière lui se tenait un homme grand et mince qui portait des morceaux de ce qui semblait être les restes d'un fauteuil. Monsieur Cullen faisait toujours la même tête, celle qu'il faisait quand il me voyait.
Nous restâmes là silencieusement tandis que son regard balayait mon corps et voyait son tee-shirt. Je retins mon souffle pendant un moment attendant de voir ce qu'il allait dire. L'absurdité de ma conduite me submergea.
Mon patron était complètement névrotique et coincé et j'étais face à lui dans son tee-shirt.
Que j'avais complètement détruit.
Et je le portais comme un acte de défiance.
Le fait qu'il soit si beau quand il était fou empirait encore la situation.
Ou la rendait meilleure? Je n'en avais aucune idée. J'avais perdu tout sens de rationalité quand il me regardait.
Je sentis la chaleur envahir mon visage quand je réalisais qu'il pouvait appeler la police, me faire expulser de chez lui et porter plainte contre moi.
Hmmmm... Peut-être que je n'avais pas pensé à tout finalement...
J'entendis un toussotement de derrière lui, il regarda l'autre homme qui le fixait, un éclat amusé dans ses yeux ambrés.
Et qui pourrait l'en blâmer? J'étais debout au milieu de la cuisine, mes bras portant les objets m'appartenant, pieds nus, avec le tee-shirt de mon patron, couverte de saleté et sentant mauvais, face aux deux hommes les plus beaux sur lesquels mes yeux se soient jamais posés.
La meilleure journée de ma vie.
Se décidant à poursuivre son chemin il passa devant moi pour aller vers le garage sans mot dire. L'autre homme le suivit mais il me fit un grand sourire et hocha la tête pour m'encourager, me laissant seule dans la cuisine.
Je regardai le grand homme blond passer devant moi et refermer la porte derrière lui fermement. Je soufflai... réalisant à ce moment-là que j'avais retenu ma respiration pendant un certain temps.
Ceci, j'en avais décidé ainsi, en vidant le frigo et en récupérant mes affaires, était mon signal pour partir.
X x X
Mes pieds glissaient sur la barre du tabouret sur lequel j'étais assise.
Je détestai porter des talons.
La musique tapait et les lumières étaient basses pour l'ambiance ou autre chose. Mais j'oubliais tout ça en buvant. Je regardai attentivement le fond du verre espérant le voir se remplir par magie.
Où était cette serveuse?
Je m'appuyai dans mon siège rêvant de mon canapé et de vêtements confortables. J'avais dû me laver en arrivant du travail pour me débarrasser de la saleté qui me recouvrait toute entière. J'espérai ainsi enlever un peu de l'horreur et de l'humiliation que j'avais ressenties mais le savon n'y pouvait rien.
Ma mauvaise humeur perdurait et quand je m'assis entre Angela et Tyler je fis semblant de m'intéresser à leur conversation. Je n'avais jamais quitté un travail ni n'étais partie en mauvais termes. Je me sentais terrible d'avoir détruit le tee-shirt de monsieur Cullen. Bien sûr c'était un imbécile mais c'était immature et j'étais gênée de m'être comportée de la sorte.
Fichue prise de conscience tardive.
Je jouai avec les dessous de verre en papier sur la table et fis semblant d'écouter Tyler et son ami Ben discuter de quel était le meilleur acteur d'art martial, Jackie Chan ou Bruce Lee.
Je grognai intérieurement et regardai autour de moi espérant trouver une distraction mais je n'en trouvai pas.
Ce que je pouvais voir c'était qu'Angela faisait les yeux doux à Ben, faisant semblant d'être fascinée par la conversation alors que je savais très bien que ça n'était pas le cas. Elle me surprit en train de l'observer, fronça les sourcils et me sourit m'incitant à faire de même. Je roulai des yeux mais affichais ce sourire et tournais mon attention vers Tyler.
Je savais que je n'étais pas juste. Ce n'était pas de sa faute si mon patron était un connard. J'appréciai Tyler, il était beau dans sa chemise bleue assortie à ses yeux sombres. Il était mignon et vraiment agréable. Le seul problème était qu'il était un peu ennuyeux. Là il était en train d'expliquer à Ben les raisons pour lesquelles Bruce Lee dépassait Jackie Chan. "Jackie en fait souvent beaucoup trop. Si tu regardes Jackie se battre ça te divertis quand tu vois Bruce tu apprends des choses. A la fin... la victoire va ... à Bruce Lee!"
Je ne faisais pas très attention alors que Ben prit une profonde inspiration et dit, "Si tu veux voir les choses comme ça, regardons-y de plus près. Dans La fureur de vaincre Bruce Lee a donné un coup de pied à Jackie Chan qui l'a fait valser à six mètres sur le sol en ciment. Pourtant Jackie Chan a survécu. Alors que dans Opération dragon il a été aussi frappé sur la tête d'un coup de nunchakou de M. Lee. Et Jackie Chan a survécu. Alors leur troisième rencontre... bien pas de troisième rencontre. Et il a une bonne raison à cela - Bruce Lee était mort avant. Jackie Chan a continué à devenir une star avec le film d'action suivant. Coïncidence? Non vraiment je ne le pense pas."
Ben se rappuya contre le dossier et prit une grande gorgée de sa bière. Tyler et lui se jaugeaient essayant de déterminer ce que serait la suite. Je dois admettre que j'étais impressionnée. Pas tellement par leur conversation mais par le fait que des personnes sachent ce genre de choses, chose dont je ne me souciais pas vraiment.
La serveuse arriva pour prendre notre commande, une autre tournée de bière, puis Tyler lança un autre sujet de conversation : qui gagnerait le match mortel Webster ou Gary Coleman*. Sur ce je m'excusais et allais aux toilettes.
Devant le lavabo je sortis ma brosse à cheveux et essayai d'apprivoiser ma frange épaisse quand une femme à côté de moi qui se lavait les mains me dit ; " votre parfum est stupéfiant, qu'est-ce que c'est?"
Je ris et dis : "Oh je ne porte jamais de parfum, ce doit être quelqu'un d'autre... ça me donne mal à la tête."
Je la regardai dans le miroir, elle sourit et fit passer ses doigts dans ses longs cheveux frisés et rouges. Sa peau était pâle, parfaite, absolument lisse. Elle avait de grandes lunettes aux verres teintés et portait une robe noire moulante.
En enlevant le bouchon de mon rouge à lèvre je lui dis," j'aime vos lunettes, je ne pourrai jamais en porter de pareilles."
Elle me fit un sourire ultra blanc, celui-là même qu'on me fait quand on veut obtenir quelque chose de moi. "Merci, j'ai les yeux sensibles, je les porte tout le temps. J'ai vu que vous étiez avec ce gars... c'est un rendez-vous?"
Je m'appuyai contre le lavabo. "Ouais, je veux dire il est mignon et tout mais ennuyeux. Vous ne croiriez jamais de quoi ils discutent toute la soirée. Et le pire c'est que mon amie a été invité avec le sien, je suis donc coincée ici pour ce soir."
Elle fit basculer sa tête en arrière et ses boucles rouges rebondirent. Elle était vraiment très belle, agréable à regarder. "Ouais condamnée. Viens me voir si tu as besoin de t'échapper. Mon petit-ami est censé me retrouver ici mais j'ai des doutes."
Je rangeai ma brosse et mon maquillage et la suivis vers la porte. Elle s'arrêta avant de la pousser et que la musique n'arrive jusqu'à nous, elle se retourna vers moi pour dire : "Au fait mon nom est Victoria."
Edward
Avec toutes les recherches que j'avais faites je pouvais surveiller ce secteur bien que ce soit vendredi soir et qu'il y ait beaucoup d'animation en ville.
Cela faisait une heure que j'étais ici, mon café était froid à présent et mon journal lu et annoté avec des post-it de couleur. Tout était comme ça devait être.
Sauf l'odeur persistante sur mes vêtements.
Et le souvenir de sa peau crémeuse et blanche.
Et le fait était que je n'étais pas simplement affamé mais que je me comportais juste comme un ado de dix-sept ans complètement excité.
Cela mis à part c'était un jour comme les autres dans la vie d'un vampire de 111 ans.
Je n'avais pas pu le croire quand j'étais descendu et que j'avais trouvé Bella dans la cuisine. J'avais retenu ma respiration quand j'avais quitté mon bureau et essayé d'ignorer les battements de son cœur. Avec Jasper j'allais bien jusqu'à ce que j'entre dans la pièce et la vois là, rouge et essoufflée. Elle était si petite dans mon tee-shirt ruiné. Je me tins tranquille et luttai contre le désir d'effacer avec mon doigt, les traces de saleté sur son visage.
Jasper sentit le changement en moi et me poussa du coude dans le dos pour me faire revenir à la réalité et je quittai la pièce.
Agacé par ces pensées je sortis la poubelle et la mis dans le containeur sur le trottoir. Je fis un arrêt à ma voiture pour y poser mes journaux puis je décidai de partir patrouiller un peu, avant de rentrer chez moi. Je n'espérai pas trouver de vampire ce soir. J'étais sûr de sa façon de procéder et nous n'étions pas au bon endroit ni au bon moment pour une de ses attaques.
Tandis que je marchais, je vidais mon esprit et écoutais ce qu'il se passait dans le voisinage. C'était un vendredi soir typique et la plupart des gens se détendait. Les humains agissaient sans réfléchir quand il s'agissait de s'amuser. De la boisson en excès, un comportement suggestif ou des actes discutables provoquaient plus de dégâts que prévu. Ça commençait bien dans leur tête de jeunes gens mais ça devenait très vite hors de contrôle.
Dans ce coin de la ville il y a beaucoup de bars populaires et de restaurants. Je fis le tour pendant quelque temps attendant et écoutant.
Tiens je me demande si Amanda a vu Robert, il est vraiment très sexy ce soir... Enfin, Dieu merci c'est vendredi soir! ... Pourquoi ai-je mis ces chaussures qui me tuent... Voyons où ai-je mis mes clés de voiture... ou ma voiture...
Je le trouvai - celui qui avait perdu ses clés - après un moment à chercher et à suivre sa voix. Ses pensées étaient incohérentes, il était ivre. Je le trouvai titubant sur un parking de l'autre côté de la rue et je m'approchai de lui.
"Hey! Je vais vous appeler un taxi," dis-je en le regardant se débattre pour trouver ses clés dans sa poche. Je me tenais assez près pour le voir les sortir et les laisser tomber rapidement. C'était facile d'aider les gens saouls parce que vu leur état ils ne remarquaient ni ma vitesse, ni ma force ou la froideur de mon contact.
Je les ramassai rapidement et les lui tendis. "Putain qui tu es? Rends-moi mes clés," ânonna-t-il en tendant sa main grasse vers moi, ce qui me fit reculer de dégoût en grimaçant. Ce gars m'énervait et je ne voulais pas vraiment qu'il pose ses mains sur moi.
Je le laissai un instant, il titubait et essayait de rester debout sur le trottoir tout en avançant et en faisant signe à un taxi. "Viens là. Monte dans ce taxi," ordonnai-je en roulant des yeux à son comportement. Je le fis entrer à l'intérieur et donnai au conducteur plus d'argent qu'il n'en fallait pour payer la course.
Le chauffeur hocha la tête et démarra. Je regardai les feux s'éloigner sur la route noire. Je pris une profonde inspiration et continuait ma patrouille dans le coin des bars.
Je n'arrive pas à croire qu'il regarde la serveuse de cette façon, l'abruti... renverser sa boisson sur ma robe neuve... je me demande si elle me donnerait son numéro... ces meurtres sont effrayants... stupide patron qui nous fait nous garer au fin fond du parking...
Je me concentrai sur la dernière et regardai une fille habillée dans son uniforme - de restaurant - qui se dirigeait vers sa voiture dans le coin le plus sombre du parking. Il n'y avait pas de vampire ce soir mais je la surveillais pour m'assurer qu'il n'y avait pas de gars mal intentionné ou ivre dans le coin.
Une fois de plus je me demandai pour quoi elle avait choisi de sortir seule. Pourquoi ne partait-elle pas avec un collègue dans la nuit sombre. Les gens se mettent en danger tous seuls. Alors qu'ils pourraient l'éviter.
Mon esprit alla vers mademoiselle Swan et je me demandais si elle prenait ce genre de risques. Tous les humains le font mais certains sont pires que d'autres. Pourquoi mon estomac se retournait-il à la pensée d'elle toute seule dans le noir, sans protection?
La serveuse partit et je retournai à mes affaires dans un passage entre deux vieux bâtiments. Ça puait les poubelles et l'humidité constante donnait à ce endroit une odeur très désagréable, j'étais obligé de retenir ma respiration.
La nuit était assez tranquille comme je m'y étais attendu et je réalisais pour la millionième fois l'absurdité de ce que je faisais là. Pourquoi étais-je là, moi, un monstre, un meurtrier, en train de me promener dans les rues sombres à vouloir aider les gens à rentrer chez eux?
Pourquoi avais-je quitté le confort de ma maison et de ma famille pour sillonner les allées humides d'un quartier déshérité? Je savais pourquoi et la traque du vampire blond renforçait ma détermination.
Pendant de nombreuses années j'avais vécu dans mon monde, concentré sur mes besoins.
Contrôlant tout dans mon mode de vie alternatif.
Etanchant ma soif en allant chasser.
Apprenant dans les livres et passant des diplômes innombrables.
M'intéressant à l'histoire pour me prouver que j'existais.
Vivant avec ma famille et baignant dans leurs pensées et leur amour.
Tout cela me dévorait. C'était simple et ça m'absorbait complètement. J'avais passé plus de cinquante ans comme ça ... à n'être ... rien.
Puis j'avais décidé de continuer par moi-même et je m'étais concentré sur ce que je pourrai bien faire de mes capacités et quand j'ai parcouru la nuit sombre de la ville, seul pour la première fois depuis de nombreuses années j'ai trouvé une personne dans le besoin. Et je l'ai aidée, finalement j'avais trouvé un but.
Puis je remarquai qu'il y avait des vampires dans le coin et je suivis leurs mouvements à proximité de la ville. Leurs meurtres étaient moins évidents à remarquer pour les autorités mais assez faciles à repérer pour moi. Les morts semblaient dues au hasard, le résultat de la vie en ville. Mais j'avais décidé que cette ville serait libérée des vampires. Ainsi chaque nuit je marchais dans les rues de la ville et j'aidais ceux qui en avaient besoin et aussi suivais la piste de ceux qui étaient comme moi mais plus dangereux.
Les années passaient et mon don et mes capacités s'améliorèrent. J'écoutais les pensées des gens au lieu d'écouter leurs voix. J'avais appris à relever les différences subtiles dans leur ton et à reconnaitre s'il s'agissait de peur ou non. Au début j'étais mauvais et incapable de suivre la moindre odeur ou indice laissé par celui qui chassait. Je développai ma propre façon de faire. J'utilisai l'argent que j'avais gagné au fil du temps pour financer ma mission et avec l'aide de ma famille j'aidais plus de personnes et sauvais plus de vies. J'étais plus rapide et mieux préparé que ceux que je cherchais.
Le premier compromis que je fis à ma famille quand je les quittais était de continuer la tradition, m'immerger dans le monde des hommes en agissant comme le PDG de la PNT. C'était la seule chose qui me gardait en contact avec les humains, ce qui me permettait de rester en contact avec la partie humaine que je possédais.
J'étais donc là, en ce chaud vendredi soir, dans une ruelle humide attendant d'aider la pauvre âme suivante qui rencontrerait mon chemin...
…
*Séries télévisées
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HUITIEME CHAPITRE
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Bella
"Bella, tu danses?" demanda Tyler en me tendant sa main.
Mes yeux allèrent à sa main et restèrent fixés dessus un instant tandis que j'essayai de trouver une excuse pour lui répondre non. Trop fatiguée? Ivre? Je préférai ne pas encourager mon rendez-vous ennuyeux pour l'avenir. En évaluant mes options je réalisais que le temps passait et que sa main était toujours tendue, dans l'expectative.
"Tyler s'il y a une chose que du dois savoir c'est que Bella ne danse pas," dit Angela derrière lui. "Des gars plus grands que toi ont déjà succombé aux blessures infligées par ses pieds sur une piste de danse."
Je lui jetai un regard ennuyé, elle me fit un clin d'œil en levant ses deux pouces. Je plissai les yeux ne sachant pas s'il fallait que je la remercie ou que je raconte à tout le monde la fois où sa robe était restée coincée dans sa culotte. En réalité elle m'avait sauvée mais pas en faisant savoir à tous combien danser avec moi était traumatisant. Je ne ruminais pas davantage et décidais de garder ça pour une autre fois.
Je haussai les épaules. "C'est vrai Tyler, ces bébés..." je levai mes pieds," sont des armes mortelles. Mais je t'en prie tu peux aller danser sans moi, je peux rester là, à regarder."
Angela prit ma permission pour elle et attrapa la main de Ben pour l'amener à travers la foule des corps bougeant et transpirant.
Tyler pencha la tête de côté et dit, "Tu es bien sûre? Ça m'est égal de rester assis avec toi. On pourrait parler un peu plus."
Et l'écouter parler du costume pour la convention DragonCon de l'année prochaine? Je répondis trop vite, "Non vraiment! Ça va aller." Et je lui fis un sourire rassurant en lui faisant signe de la main pour qu'il y aille.
Il hocha la tête, me fit un dernier sourire et disparut dans la foule.
Je poussai un soupir de soulagement.
Dix minutes plus tard je sentis une tape sur mon épaule et pensai que c'était Tyler. Je m'étais préparée à bâiller et à m'étirer exagérément pour montrer mon besoin de rentrer à la maison mais à ma grande surprise c'était la tête rouge de Victoria, des toilettes que je vis.
"Salut, j'ai vu que tu étais toute seule alors je viens te tenir compagnie..." dit-elle, en se glissant sur un tabouret de bar à côté de moi, ses bracelets cliquetèrent quand elle posa son bras sur le comptoir.
"Oh Victoria, c'est ça?" Je poussai les verres vides et sourit. "Je suis Bella."
Elle me fit un sourire ultra-blanc et me demanda comment ça se passait. Je fis signe vers les danseurs et Tyler qui draguait une petite blonde au milieu de la piste.
"Mon rendez-vous est bien occupé, ce qui honnêtement est beaucoup mieux pour moi." Je ris. "Il est gentil mais ce n'est simplement pas mon type."
Nous les regardâmes danser pendant un moment. Depuis ici je pouvais voir le grand sourire d'Angela. Ça se passait réellement bien avec Ben et j'en étais vraiment heureuse. Ils avaient le même regard tous les deux alors je compris que la soirée était un succès au moins pour eux.
Je me tournai vers Victoria et lui dis fort par-dessus de la musique. "Je pense que je vais rentrer chez moi. Ça a vraiment été une longue journée."
Elle hocha la tête et dit : "Je t'accompagne. Je suis supposée retrouver mon ami dehors."
Je regardai vers Angela pour lui dire que je partais et pour qu'elle le dise à Tyler. Elle me fit un signe de la main pour me dire que je pouvais partir, trop captivée par Ben pour voir ce qu'il se passait vraiment. Nous savions toutes les deux qu'elle m'en devait une pour lui avoir fait rencontrer Ben donc en échange elle m'excuserait auprès de Tyler.
Je retrouvai Victoria près de la porte et nous sortîmes dans la nuit humide et chaude. Il ne pleuvait pas pourtant mais l'air était très lourd.
Avec les lumières du bar je pouvais mieux voir Victoria et je réalisai qu'elle était vraiment belle. Elle était grande et gracieuse. Elle me rappelait un peu Alice pour son équilibre et sa confiance. A côté d'elle je me sentis maladroite et pas tout à fait à ma place. Elle était ce genre de fille qui conviendrait à Cullen. De longues jambes, un visage parfait, des cheveux parfaits, parfaite jusqu'au bout des ongles. Je me demandai un instant si elle aimait les hommes obsessionnels et compulsifs.
Nous marchâmes dans le parking devant les restaurants et autres commerces.
"Donc... tu attends ton petit-ami?" demandai-je.
"Non il m'a appelé pendant que tu disais au revoir à tes amis et il a dit qu'il ne viendrait pas. Mais je lui ai parlé de toi et il veut vraiment te rencontrer..." dit-elle avec un rire excité.
J'entendis un rire nerveux s'échapper de mes lèvres et je m'arrêtai. "Quoi? Il veut me rencontrer?"
Elle s'arrêta et me regarda, ses lèvres rose, parfaites se serrèrent. "Oui, il veut vraiment."
Soudain je réalisai à quel point c'était gênant de ne pas voir ses yeux. Ses lunettes teintées n'étaient pas totalement opaques mais je ne pouvais pas comprendre son expression. Elle plaisantait ou non? Je n'en avais pas la moindre idée.
Tout ce que je savais c'est que mon système d'alarme commençait à clignoter. Je pris un peu de recul et dis de ma voix la plus calme, "Tu sais, je ne vais pas partir sans Angela. J'ai ses clés et je ne voudrais pas qu'elle soit enfermée dehors..." ma phrase resta inachevée laissant un silence inconfortable entre nous.
Et bien j'étais mal à l'aise. Incroyablement mal à l'aise. Victoria semblait ... très calme. Trop.
Ennuyée?
Je fis un pas en arrière laissant un faux sourire sur mes lèvres. Elle tendit sa main et attrapa mon bras.
Je sursautai à son contact et mes yeux s'écarquillèrent.
Ses mains étaient glacées.
Pas froides. Glacées.
"Bella," dit-elle, elle posa ses lunettes sur sa tête. "Il faut que tu viennes avec moi."
Je réalisai trop tard que j'étais seule au coin de deux immeubles séparés par une petite allée sombre. Je cherchai un moyen de m'échapper quand je vis ses yeux à la lumière d'une voiture qui passait.
Rubis.
Ils étaient rubis.
Je repoussai ma peur et commençai à courir mais elle me coupa la route en marchant devant moi beaucoup plus vite qu'une personne normale pouvait le faire. Elle me poussa fort par les épaules vers l'obscurité des immeubles. Ses longs ongles rouges s'enfoncèrent dans ma chair.
"Oh!" haletai-je surprise par sa force mais pas assez pour perdre la tête. Je me retournai et courus à nouveau, cette fois dans l'allée car elle me bloquait la sortie. Je réalisai que ma situation était désespérée. J'étais seule, dans le noir, coincée par une femme dérangée qui portait des lentilles de contact rouges et qui attaquait les jeunes femmes seules.
Je trébuchai à cause de mes talons et m'égratignai le genou. Stupides chaussures. Je me relevai, je pouvais l'entendre derrière moi me suivre lentement dans l'obscurité.
"Bella je t'en prie, ne fais pas ça. C'est inutile. Une fois que j'ai parlé de toi à James il a insisté pour t'avoir pour lui," appela-t-elle, ses talons claquant sur le trottoir.
Je vis un peu de lumière face à moi et repérai les portes arrière de plusieurs bars. Je devais aller par-là, j'entendis la musique derrière les portes closes, me signalant qu'il y avait des personnes à proximité. Je posai ma main sur la poignée et tirai, la musique filtra ainsi que de la lumière. Un bras fin jaillit et claqua la porte pour la refermer.
Je respirai difficilement et me mis à courir, j'avais peur et un léger cri m'échappa tandis que Victoria s'imposa devant moi.
"Victoria que fais-tu?" murmurai-je entre deux halètements.
Elle saisit mon poignet et me tira à elle. Elle découvrit ses dents et à ma grande horreur elle passa sa langue devant avant de rire comme une folle.
Je frémis sous ses doigts et elle me tordit le bras. Elle tenait bon, resserrant sa prise me faisant ployer sous la pression.
Elle passa un doigt de sa main libre sur ma joue. "Il va t'aimer. Délicieuse et avec du cran. Il aime les filles courageuses, tu sais. Tu seras une parfaite addition." Je n'avais pas la moindre idée de quoi elle parlait. Probablement les divagations d'une folle.
A cet instant précis la porte arrière se rouvrit brutalement et frappa Victoria, m'éloignant d'elle et j'entendis un sifflement quitter ses lèvres. Je titubai plus loin et m'appuyai contre le mur... je massai distraitement la peau de mon poignet.
Mon cœur battait à toute vitesse à mes oreilles et j'essayai de retrouver mes esprits.
Un homme sortit et s'interposa entre Victoria et moi. Il se tourna vers moi et je fus choquée de voir Edward Cullen entre nous deux, imposant et calme.
"Allez Isabella cours!" Sa voix était autoritaire mais douce.
Les yeux écarquillés je les regardai l'un après l'autre. Ses yeux étaient furieux et fendus de frustration. Il me tournait le dos et j'allais lui parler à nouveau quand il me dit plus autoritairement, "Maintenant!"
Je hochai la tête distraitement et passai derrière lui rentrant par la porte. Mes mains tremblaient tandis que je me glissai à l'intérieur loin de l'obscurité et de mon chasseur.
Edward
Je sentis une vibration dans ma poche et sortis mon téléphone.
Alice.
Je le rangeai et me concentrai sur la nuit.
Les endroits où il y avait beaucoup de monde étaient plus difficiles à lire. Il y avait beaucoup de monde et puis leurs pensées étaient sous l'influence de l'alcool ou de la drogue, tout cela rendait les choses incroyablement floues.
Mon téléphone vibra à nouveau.
"Salut. Je bosse. Qu'est-ce que tu veux?" demandai-je à voix basse, pour ne pas attirer l'attention.
La voix d'Alice était précipitée. "Edward, tu dois trouver Bella, maintenant."
J'étais perdu : "Isabella Swan?"
"Elle est vraiment en difficulté, vraiment en difficulté."
Une image de cet après-midi fit son apparition dans ma tête, mademoiselle Swan rouge mais déterminée.
"Bon, où est-elle? Il faut quelque chose pour m'aider Alice," aboyai-je, très agité et en passant une main dans mes cheveux.
Elle parla encore plus vite. "J'ai vu des cheveux rouges et entendu des verres tinter. Bella et elle sont en train de rire, assises dans un restaurant ou un bar mais la vision change et ensuite elle essaie de s'échapper dans l'obscurité."
Mes pensées bouillonnaient et je lui demandai : "Des cheveux rouges?"
"Oui comme des flammes. Trop rouges. Pas naturels."
J'écoutai toujours mais j'avais commencé à avancer vers les façades des immeubles à la recherche de Bella. Je n'avais pas la moindre idée d'où elle pouvait être mais c'était le mieux que je puisse faire.
Une tête rouge. La même que l'autre nuit? Le vampire?
Je repoussai la panique qui se remontait dans ma gorge.
Comme que je ne pouvais pas me concentrer sur l'esprit silencieux de mademoiselle Swan j'étais obligé de chercher les pensées de la tête rouge. Je m'arrêtai près d'un bar, me concentrai sur les bavardages et le tintement des verres sur les tables. Dans le fond j'entendais le bruit du bar, l'eau qui coule, du liquide qu'on verse pour remplir des verres.
Je respirai profondément. Je ne pouvais pas entendre mademoiselle Swan mais je pouvais la sentir. A la première goulée d'air, un léger afflux de venin remplit ma bouche.
Mienne.
Elle avait été ici.
Je poussai la porte entrouverte, bousculant les videurs et j'entrai dans le bar.
Assailli par la musique forte, les vibrations et les corps qui se tordaient j'aspirai plus d'air et fus choqué par son odeur plus forte tandis que le feu se déversait dans ma gorge. Je scannai la pièce incapable de la trouver, elle ou la tête rouge. Je fermai les yeux et essayai d'entendre le vampire malgré le bruit.
"Monsieur Cullen?" entendis-je et je me retournai pour me trouver face à une fille aux cheveux noirs qui me regardait derrière des lunettes Tina Fey.
"Oui?" Qui était-ce? Personne ne me reconnaissait jamais en public.
Putain de salaud... briser ma meilleure amie... Ne te laisse pas distraire par ses yeux...
La jeune fille serra les dents et leva les yeux. "Je suis Angela, la colocataire de Bella."
Ah la colocataire!
Je me penchai légèrement et remarquai qu'elle portait cette odeur de fleurs sur elle.
Je mis mon sourire en place et la regardai dans les yeux espérant que mes capacités allaient l'encourager à me parler. "Ravi de vous rencontrer. En fait je cherchais Mademoiselle Swan, est-elle là?"
Elle leva les yeux au ciel. Connard!
Aïe!
"Non. Elle est partie. Elle a eu une mauvaise journée. Vous savez. Au travail. Son patron la traite comme de la merde alors elle a fini par démissionner et l'a laissé seul pour ranger ses sous-vêtements." Je pouvais entendre la colère et les mots qui flottaient dans sa tête me disaient qu'elle les avait déjà répétés. Je n'allais pas nier que je le méritais mais je n'avais pas le temps.
J'enchainai avant qu'elle ne continue. "Angela vous avez raison. J'ai mal traité mademoiselle Swan. Je suis venu pour m'excuser. Vous m'vez dit qu'elle était partie?" Elle hocha la tête et repassa la conversation sur la piste de danse dans sa tête.
Tyler? Elle était ici avec l'électricien.
Mais elle n'était pas partie avec lui. Mes yeux parcoururent la salle et je le trouvai recroquevillé sur une blonde sur la piste de danse. Une partie de moi se gonfla de bonheur qu'elle soit partie sans lui. L'autre partie était furieuse, comment pouvait-il la laisser partir toute seule, elle si fragile ?
"Angela, quand est-elle partie?"
"Il y a environ cinq minutes. Vous l'avez ratée," dit-elle alors que ses pensées se faisaient légèrement plus aimables à mon encontre à cause de cette hypothèse que j'étais venu pour m'excuser.
Je courus vers la porte mais attrapai quelques pensées de la tête rouge. Je pouvais en voir des morceaux, du trottoir humide et des murs de briques. Elle avançait avec détermination dans une ruelle pour aller quelque part.
Mademoiselle Swan.
Je savais qu'il y avait une allée derrière le bâtiment et je me tournai et courus à travers la foule vers l'arrière du bar. Je passai facilement entre les gens et poussai les portes de la cuisine. Je dérangeai tout le monde mais j'ignorai les cris et les questions des employés. La porte était face à moi et je pouvais maintenant les entendre clairement à travers l'épaisseur du métal.
Le vampire parlait de "lui" et ensuite mademoiselle Swan l'appela Victoria, de la peur dans la voix.
Des images de la main de Victoria sur la peau du bras de mademoiselle Swan envahirent dans ma tête.
Tordant et tirant la chair douce et blanche.
Elle abimait ce qui était à moi.
La rage me consumait, j'essayai d'ouvrir la porte mais rencontrai de la résistance. Je pris du recul et utilisait mon pied pour l'ouvrir dans l'obscurité et je les sentis se faire pousser par la porte.
Mes sens furent aussitôt submergés par son odeur insoutenable qui était amplifiée par la transpiration et la peur. Je m'arrêtai une milliseconde pour me préparer mais curieusement le désir que je pensais ressentir était dépassé par le besoin que j'avais de la protéger.
Je me mis entre elles, évaluant les blessures de mademoiselle Swan et maintins ma position offensive envers Victoria. Je serrais les dents en sentant le sang de son genou écorché et la regardai frotter son poignet endolori.
Il fallait qu'elle parte.
"Allez Isabella cours!" lui dis-je et je me tournai vers le vampire.
Elle était là, derrière moi assimilant mes mots. Il n'y avait plus le temps. Je pouvais voir les plans de fuite dans la tête de Victoria. Elle avait trois pas d'avance et il fallait que je l'arrête.
Sans la regarder je lui dis encore, "Maintenant!" Et cette fois-ci je la sentis passer, une vague de son odeur m'assaillit les narines tandis qu'elle claquait la porte derrière elle.
X x X
A présent Victoria et moi étions seuls.
Elle réfléchissait, imaginant différents scénarios, les rejetant rapidement les uns après les autres.
Je pourrai la tuer. Il le faudrait mais dans un moment, j'avais besoin de quelques informations d'abord.
"Où est-il?" demandai-je.
De la confusion passa sur son visage. Elle ne s'attendait pas à cela.
"Qui?" dit-elle, jouant son rôle protecteur.
Je la fixai un instant voyant les images de son chef blond traverser son esprit. Elle avait peur de lui, ses pensées étaient pleines de respect, d'allégeance.
"Penses-tu qu'il ressente la même chose pour toi?" raillai-je.
Elle pencha la tête de côté essayant de suivre mes questions, ses yeux rouges interrogatifs.
"Ça ne te concerne en rien, vampire," siffla-t-elle.
Je fronçai un sourcil et expliquai. "Si ça me concerne. Vous êtes sur mon territoire, attirant l'attention sur vous et sur moi par voie de conséquence."
Elle rit, ses cheveux bougeaient sur ses épaules. "Je pense qu'il s'agit d'autre chose que de ton territoire. Tu connais cette fille, tu l'as appelée par son nom..." elle inspira profondément, " tu pues l'humain."
J'ignorai son commentaire et commençai à mettre en place un plan pour la détruire dans cet endroit très peuplé.
Sa confiance augmentait à cause de mon silence et je fis un pas vers elle. "Tu ferais mieux de t'habituer à nous. Nous ne partirons pas. Nous avons des projets et ta petite-amie en fait partie. Une fois qu'il a une idée en tête... il ne renonce jamais. Tu ferais mieux de dire adieu à ton animal de compagnie parce qu'il te reste peu de temps."
Je chargeai et la poussai contre le mur, mes mains autour de son cou. Ses yeux étaient écarquillés mais le sourire sur son visage restait en place, me fixant, faisant d'elle un martyr.
Je me penchai près de son oreille et grommelai. "Vous feriez mieux de rester loin d'elle et loin de cette ville. Déguerpis," je la décollai du mur et la jetai en direction de l'allée. "Prends ce message pour lui et prie pour ne jamais croiser mon chemin."
Elle avait l'air d'être prête à bondir mais j'étais décidé et quelques secondes plus tard deux des employés sortirent par la porte trimballant des poubelles.
Elle profita de cette occasion pour disparaitre dans la nuit puis j'ouvris la porte pour commencer ce processus fastidieux qui consistait à minimiser les dégâts.
=== Bella ===
J'étais du côté du bar près de la porte de la cuisine attendant qu'il revienne. Je n'étais pas sûre qu'il le ferait mais je n'avais pas d'autre endroit où aller. J'avais trop peur pour marcher et j'étais trop énervée pour rentrer dans le bar et retrouver mes amis.
Alors j'attendis là, appuyée contre le mur espérant que monsieur Cullen rentrerait et me dirait ce qu'il s'était passé.
Mes mains étaient serrées en poings pour essayer de les arrêter de trembler mais ça ne fonctionnait pas vraiment, mon corps entier tremblait tandis que j'essayais de comprendre ce qu'il s'était passé dehors. Je pouvais sentir mon cœur accélérer en rythme avec la musique à côté.
Que s'était-il passé dehors?
Qui était Victoria et que délirait-elle? Elle avait dit quelque chose à propos de moi, que je serais une 'addition' et plusieurs autres choses concernant 'lui'. Elle paraissait folle avec ses yeux rouges et ses dents effrayantes.
La porte de la cuisine s'ouvrit et je sursautai pour voir si c'était lui mais c'était une jeune fille qui transportait un grand plateau avec des boissons et de la nourriture. Je m'appuyai contre le mur de nouveau et réfléchis à comment monsieur Cullen avait pu me trouver.
De ce que je pouvais en dire il n'était pas du genre à sortir. Et pourquoi lui monsieur Cullen, estimé PDG de PNT, aurait-il été au milieu d'une cuisine d'un bar miteux? Il devait sûrement avoir fait tomber de la nourriture sur ses chaussures de luxe et il avait voulu les nettoyer pour lundi.
Lundi.
Je me donnai une tape sur la joue et je gémis. Pendant un instant j'avais oublié que j'avais démissionné. Eh bien j'étais sûre qu'il pouvait trouver quelqu'un d'autre pour faire le travail, il doit bien y avoir une agence d'intérim pour les riches qui ont besoin de faire faire leur sale boulot...
La porte s'ouvrit à nouveau et je vis sa grande stature dans l'embrasure. Je me redressai pour le suivre mais il se tourna soudain et me fit face.
Son expression était soulagée et il dit, "Je suis heureux que vous m'ayez attendu. Vous allez bien?"
Je hochai la tête doucement, pas vraiment sûre de quoi répondre à cette question.
Il regarda mon genou et fit la grimace. "Pourquoi n'iriez-vous pas laver ça. Je vous attends de l'autre côté," dit-il, et il m'accompagna jusqu'à la salle de bain.
J'y entrai me sentant totalement dépassée. Je venais d'être menacée par une femme et mon ancien patron, qui était désagréable au possible m'avait sauvée et se préoccupait maintenant de mes genoux écorchés. Rien de tout cela n'avait de sens.
Effectivement quand je sortis, il était debout face à la porte. Une fille avec un décolleté lui passa devant et lui fit un sourire affectueux. Je remarquais avec fascination qu'il l'ignora totalement.
Ses yeux étaient fixés sur moi.
Enfin je pensais qu'ils étaient sur moi mais je regardai nerveusement par-dessus mon épaule pour voir s'il y avait autre chose qui l'intéressait plus.
Non, c'était moi.
Il me fit signe de marcher devant lui et nous allâmes vers l'entrée.
Sur le trottoir je me tournais vers lui et le regardais un moment. Il essayait de paraitre décontracté mais quelque chose n'allait pas. Il avait les mains dans les poches et il bougeait sans cesse sur ses pieds. Ses actions paraissaient forcées.
Les néons qui provenaient du bar jetaient une lumière brumeuse sur nous et la peau de monsieur Cullen semblait la refléter. En regardant les ombres jouer dans ses mèches décoiffées je sentis que je devais faire un effort.
Nous nous regardâmes l'un l'autre dans un silence inconfortable.
Je laissai échapper un soupir et dit : "J'ai des questions."
Il plissa les yeux mais hocha la tête comme s'il s'y attendait.
J'ouvris la bouche pour commencer mais mes pieds tanguaient sous moi. Il me tendit la main et me prit par le bras pour me maintenir debout.
Nous ne bougions pas pour le moment. Il était figé, ses mains serrées autour de mon fin chemisier. Encore une fois nous nous fixâmes puis nous détournâmes toujours embarrassés par cette situation.
Je bougeai sous son emprise et il retira rapidement ses mains et les rangea derrière son dos.
Je rougis et dis : "Merci je vais bien."
Une trace de gêne passa sur son visage avant qu'il dise, "Je pense que je vais vous reconduire chez vous."
Argh. Cette situation était vraiment inconfortable. Il n'était clairement pas content de cette situation non plus mais je n'avais pas vraiment le choix alors je hochai la tête et le suivis jusqu'à sa voiture.
Lorsque nous l'atteignîmes il appuya sur la télécommande pour la déverrouiller et je m'installai dans le siège passager.
Il s'installa aussi et démarra la voiture. Il regardait droit devant lui, s'occupant à conduire. Il conduisait élégamment poussant les leviers de sa voiture de luxe. Je respirai le riche parfum du cuir glissant dans le siège moelleux. Les yeux mi-clos j'observai la voiture, elle était impeccable, pas de poubelle ni de cd qui trainaient. Pas de livres, pas de verres vides. Aucun élément qui puisse me fournir d'indices sur la vraie vie d'Edward Cullen.
Je fis courir nerveusement mes doigts sur la planche de bord et touchai le levier de la boite à gants. Je tournai la tête et vis qu'il m'observait, je retirai ma main rapidement et la posai avec l'autre sur mes genoux.
"Je vis sur Third et Main," lui dis-je, rompant le calme de la voiture.
Il me fit un signe de tête mais ne dit rien.
Le ronronnement de la voiture était en train de me bercer mais j'avais des questions et très peu de temps pour obtenir des réponses. Je me raclai la gorge brisant la quiétude de la voiture.
"Répondrez-vous à mes questions maintenant?"
Cette fois-ci il me regarda et répondit. "Oui, si je peux."
"Qui était cette femme?"
"Je ne sais pas."
"Où est-elle allée?"
"Elle s'est enfuie." Il dut voir la panique dans mon regard parce qu'il ajouta rapidement. "Mais je pense qu'elle ne viendra plus vous ennuyer."
Je digérai ça quelques minutes et regardai ses mains sur le volant. Ses doigts étaient longs et minces et tendus sur le volant recouvert de cuir. Nous abordions un virage et il bougea gracieusement sa main pour changer de vitesse.
Je décidai de changer de sujet.
"Comment m'avez-vous trouvée?"
Silence.
"Commentm'avez-vous trouvée?"
Silence encore.
Je bougeai sur mon siège et le regardai même si lui gardait ses yeux fixés sur la route.
"Allez-vous me répondre?" Réponds-moi.
Il gara la voiture sur le parking de mon appartement et s'arrêta. Il se pencha un peu vers moi, les mains toujours sur le volant, les doigts serrés dessus. On aurait dit qu'il s'y agrippait.
"Non," soupira-t-il.
Ma mâchoire allait se décrocher. "Que voulez-vous dire par 'non'?"
Il me regarda dans les yeux et dit : "Pourquoi avez-vous démissionné?"
Bon changement de sujet.
"Je... euh..." bégayai-je, essayant de trouver la bonne réponse.
Il leva sa main parfaite, me demandant de ne pas répondre.
Il prit une profonde inspiration et dit de sa voix apaisante, "Je suis désolé d'être si mal élevé avec vous. Je vous ai traitée injustement et ce n'était pas du tout professionnel. Quelquefois je ne réalise pas que ce que je me demande à mes employés n'est pas approprié."
Il rit un peu et dit : " je suis un peu trop égocentrique parfois."
Je ris doucement à sa prise de conscience. "Je vous remercie. Mais si quelqu'un doit s'excuser ça devrait être moi. J'ai ruiné votre tee-shirt, complètement détruit."
Même dans l'obscurité je pus voir un éclair de colère passer sur son visage à la mention du tee-shirt. Mais ce fut bref.
"Eh bien oui, vous avez massacré mon tee-shirt. Mais je suppose que c'est ce que nous avons fait chacun de notre côté?" dit-il comme si c'était une question et il fit un petit sourire.
Ce sourire adoucit ses traits et je remarquai que ses yeux semblaient plus sombres et que des cernes violacés étaient apparus. Je me demandai s'il était aussi fatigué que moi. Je me penchai en arrière et frottai mon poignet endolori soudainement submergée par l'épuisement.
"Ça fait mal?" demanda-t-il en faisant signe vers mon poignet, la voix douce et inquiète.
Je fermai les yeux un instant et me laissa baigner dans la richesse de sa voix. Mon esprit erra un moment et je me demandais s'il lui arrivait de chanter.
"Isabella..." sa voix me tira de mes pensées.
"Non, ça va aller," dis-je et je lui montrai mon poignet. "J'ai des bleus facilement, je suis certaine que ça parait pire que ça ne l'est en réalité."
Pendant un moment il fixa la peau bleutée. Tout à coup il dit : "Allez-vous revenir travailler? Je crains d'être devenu très dépendant en deux semaines."
Je regardai son expression pour voir s'il était sérieux et à mon grand étonnement son visage était sincère.
Il vit mon hésitation et continua, "Je promets de vous laisser tranquille et le nettoyage est terminé," et ses lèvres se recourbèrent pour former le sourire le plus dangereux que j'aie jamais vu.
"Je vais y réfléchir," dis-je, certaine que s'il continuait à me faire ce sourire je ne pourrai rien refuser de ce qu'il me demanderait.
Il hocha la tête puis passa son doigt sur la poignée pour ouvrir la portière. Je le suivis du regard puis sortis de mon siège.
"Ça va aller," lui dis-je et je lui fis un petit signe de la main.
"Ne soyez pas ridicule, je vais marcher avec vous," dit-il agacé.
"Bien," répondis-je, essayant une fois de plus de déterminer si je voulais revenir avec le très spécial Edward Cullen.
Nous montâmes l'escalier jusqu'à mon appartement au premier étage. Je cherchai mes clés dans mon sac, les sortit et il m'offrit un "permettez-moi" courtois, il les prit rapidement de ma main et déverrouilla la porte et me l'ouvrit.
Nous restâmes là un moment incertains de ce qu'il fallait faire à cause de notre statut patron / employée et je fus presque soulagée lorsqu'il me tendit les clés.
"Bonne nuit Isabella," dit-il, il prononçait mon prénom avec aisance.
"Bonne nuit," répondis-je, "Et merci."
Je le regardai disparaitre au bout du couloir. Epuisée et vidée, je refermai la porte et tombai sur mon lit.
Edward
Des heures plus tard j'étais là tapi dans l'ombre, écoutant les bruits de la nuit tandis que la brise légère me caressait le visage.
Je jouai avec la clé dans ma poche, frottant les rainures à plusieurs reprises pour mémoriser le modèle.
Il était tard, l'appartement était calme. Angela était enfouie dans son lit rêvant du jeune homme qu'elle avait rencontré plus tôt dans la soirée. Elle était contente, inconsciente des horreurs que sa colocataire avait vécues quelques heures plus tôt.
Bien sûr je ne pouvais pas entendre Isabella mais je pouvais entendre sa respiration et le battement tranquille de son cœur.
Une fois de plus j'étais découragé. J'étais dehors, devant chez elle, la clé dans une main, désespéré de la voir. De m'assurer qu'elle aille bien.
Mais je savais qu'elle allait bien je pouvais entendre sa respiration. Sa maison était fermée, elle était en sécurité chez elle. C'était moi qui l'avais ramenée quelques heures auparavant.
J'avais besoin de la voir.
Je mis la clé dans la serrure et déverrouillai silencieusement jusqu'à ce que le click se produise.
J'entrai, fermai la porte et remis la clé d'Isabella sur son porte-clés.
Debout au milieu de la pièce, j'inspirai profondément et laissai le feu attaquer ma gorge. Ce feu faisait mal mais il me signalait que la seule chose que je voulais était à proximité.
Isabella.
Je ravalai le venin et continuai d'aspirer l'odeur fleurie et alléchante en profondes respirations rythmiques.
Je traversai le salon et me rendis directement à sa chambre, m'arrêtant un instant pour évaluer ma détermination.
J'étais sûr de ne pas vouloir lui faire du mal. Je ne pouvais pas. C'était mon devoir de la protéger.
Un mince filet de lumière balaya son visage quand j'ouvris la porte de sa chambre. Elle était dans son lit couchée sur le côté, entortillée dans ses draps. Ses cheveux étaient emmêlés et étalés sur l'oreiller, ses mains sous son menton, serrés en petits poings. Son poignet meurtri était rouge même dans l'obscurité.
Je ramassai le chemisier qu'elle portait ce soir et le pressai contre mon nez, me perdant dans son arôme exquis.
J'en trouvai un autre sur sa commode et le respirai aussi.
Enivrant.
Elle bougea dans le lit, roulant du côté opposé et gémissant légèrement. Je laissai tomber le chemisier et me figeai.
Je regardai ses lèvres et attendis, je pouvais voir leur rose dans l'obscurité. Je retenais mon souffle à présent pour entendre le sien s'échapper de ses lèvres. Après un instant un autre gémissement lui échappa.
Je fus immédiatement inondé par le désir.
Mon corps pas ma bouche.
A présent conscient de la vraie nature de mes sentiments, je me forçai à quitter l'appartement, laissant l'objet de mon désir à ses rêves troublants.
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CHAPITRE 9
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Bella
"Bella, tu as mauvaise mine," m'informa Angla tandis que je sentais mon lit s'affaisser sous son poids.
Ma tête retomba sur l'oreiller et mes yeux se refermèrent. En grommelant je fis passer la couverture par-dessus ma tête et m'enfonçai plus loin dans le lit. Ça faisait un petit moment que j'étais réveillée mais je m'étais dit que si je restais au lit ça ne pourrait être qu'un cauchemar.
Angela faufila sa main sous la couverture et attrapa la mienne. "Est-ce que tu vas bien?"
J'enlevai la couverture de sur mon visage et récupérai ma main. Je pouvais sentir le bout de ses doigts effleurer le bleu sur mon poignet.
Ce n'était définitivement pas un cauchemar.
"Que s'est-il passé?" demanda-t-elle doucement, son inquiétude devenait plus présente à chaque mot qu'elle prononçait. "Tu vas bien?"
Je repoussai la couverture et regardai dans ses yeux inquiets tandis que je sentais les miens commencer à brûler.
Je m'assis et m'appuyai contre la tête du lit. J'essuyai mes yeux et mon nez avec le bas de mon tee-shirt. "Je vais bien. Vraiment. Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé. C'était très étrange."
Nous restâmes assises là pendant une heure pendant que je lui racontais ma confrontation avec Victoria puis avec Edward Cullen. Elle restait bouche bée et j'en vins au point de me dire que j'exagérais sans doute. Tout cela n'avait vraiment aucun sens.
"Pensais-tu qu'elle plaisantait? Ou que c'était une sorte de blague?" demanda Angela essayant de comprendre ce que je lui avais dit.
"Je ne sais pas. Je veux dire. Une partie de moi pense que oui, qui fait ce genre de choses? Mais Angela, tu as vu mon poignet?" Je repoussai la couverture plus loin pour lui montrer mon genou écorché, "... et je suis tombée pendant qu'elle me poursuivait, et puis... " je tirai sur l'encolure de mon tee-shirt pour lui montrer la trace qu'avaient laissée ses doigts et ses ongles sur mes épaules, "... j'ai ça aussi. Ce n'était pas une plaisanterie," dis-je en ressentant un mélange de crainte et de colère qui me revenait tandis que je regardais ma jambe blessée.
"Et monsieur Cullen? Comment t-a-t-il trouvée?" demanda-t-elle en essayant de rassembler les pièces du puzzle.
"Je n'en ai aucune idée. Et il n'a pas voulu me le dire. Un instant j'étais à la merci d'une femme dérangée et la minute suivante, mon patron, enfin, mon ex-patron me sauvait," dis-je ironique.
Nous restâmes tranquilles pendant un moment jusqu'à ce qu'Angela s'éclaircisse la voix et dit, une lueur malicieuse dans les yeux, "Alors il est juste apparut comme ça, comme Superman et il t'a sauvée."
Je grognai, "Ouais si Superman a des troubles obsessionnels compulsifs et est rigide."
Nous nous regardâmes un instant et éclatâmes de rire en nous roulant sur le lit. Angela se rassit, ses épaules bougeaient toujours et elle dit : "Je me demande si Superman range ses chaussettes de la même manière que monsieur Cullen."
J'avais raconté à Angela qu'il avait une commode pleine de chaussettes, des chaussettes de sport et chaussettes de travail, en laine épaisses pour la randonnée, rayées et colorées, chaussettes jacquard et plaid. Chaque style était rangé dans un petit tiroir dans le dressing.
Je levai les yeux et dis entre deux rire, "Angela, Superman porte des collants pas de chaussettes. Je suppose que Clark Kent porte des chaussettes quand il travaille au Daily Planet. Je ne sais pas trop mais je soupçonne Clark Kent d'avoir quelques tocs aussi. Il semble toujours stressé."
Angela hocha la tête : "Je ne sais pas si Superman est un bon exemple cependant. Je pense plutôt à Robin. Tu aurais dû voir sa tête quand je lui ai crié dessus cette nuit!"
Je m'assis brusquement, horrifiée et haletai, "Angela, tu n'as pas fait ça?"
Elle sourit d'un air suffisant. "Si je l'ai fait et je ne m'inquiète pas. Bien sûr il a fallu que je m'efforce de ne pas le regarder dans les yeux. Tu avais raison. Il est bien mieux en vrai." Ses yeux se perdirent dans le vide pendant un moment et je pouvais dire qu'elle pensait à lui. Je ne pouvais pas l'en blâmer. Il avait exactement le même effet sur moi. Elle secoua la tête puis continua. "Il s'est excusé d'accord? Et il a offert de te reprendre? Tu vas y retourner?"
Je poussai l'oreiller sous mon menton m'en servant pour me caler et je me m'assis jambes croisées et réfléchis à sa question. Je n'étais pas sûre de vouloir revenir en arrière et de vouloir retravailler pour lui. Il avait été bien trop grossier mais en même temps il y avait eu de jolis moments où j'avais senti quelle gentille personne il était quand il était venu me sauver, la nuit passée. Il m'avait promis de mieux se comporter, ne devais-je pas lui laisser l'opportunité de me montrer cela?
Bien sûr moi aussi j'avais eu mes mauvais moments et si je regardais vers le tee-shirt des Rolling Stones ... ça ne me ferait pas de mal à moi non plus d'y retourner et de montrer que je valais mieux que ça.
Ensuite il y avait cette partie de moi qui lui était reconnaissante pour la nuit dernière. Comment se détourner de l'homme qui vous avez sauvé d'un psychopathe? C'était sûr je ne pouvais pas le faire. Et même si je faisais ma courageuse devant Angela, Victoria m'avait fait peur avec ses menaces et monsieur Cullen m'avait sauvée.
Je regardai Angela qui attendait que je lui dise quelque chose. "Il faut que j'y réfléchisse mais je devrais. J'éprouve le besoin de faire tout cela comme il faut. S'il faut que je parte de nouveau ce sera en meilleurs termes."
Elle hocha la tête puis se leva. "Allons déjeuner. Il faut que je te parle de ma soirée avec Ben et puis de la copine idiote de Tyler! Je pense qu'avec celui-là tu as évité une balle!" dit-elle en refermant la porte derrière elle.
Je sortis du lit et arrangeai les couvertures et les oreillers. Je mis mon linge au sale lançant mon chemisier fichu au-dessus du tas et commençai à choisir des choses pour après ma douche.
J'entendis un coup à ma porte lorsqu'Angela l'ouvrit une expression pensive sur le visage.
"Tu sais, je ne peux pas m'empêcher de me demander à quoi ressemblerait Robin avec une cape?" demanda-t-elle.
Je lui souris malicieusement. "Oh je l'ai déjà fait... et il drôlement séduisant."
Angela approuva et ferma la porte derrière elle, une fois de plus.
Je me tournai vers ma commode et commençai à fouiller pour trouver des vêtements, quelque chose qui cacherait mes marques et autres bleus. Tout ceci était le rappel horrible que Victoria courait toujours et je frémis à l'idée qu'elle puisse me retrouver. J'avais vraiment été chanceuse que monsieur Cullen m'ait trouvée avant que Victoria puisse poursuivre son jeu parce que penser à ce qui aurait pu arriver était trop dérangeant. Superman ou Robin je n'étais pas sûre. Mais dans l'allée sombre, la nuit dernière c'était certainement mon ange gardien.
X x X
Je montai les marches et restai à l'abri de l'auvent essayant de décider ce que je devais faire. Ceci va être ma façon de retourner au travail, ravaler ma fierté et ignorer mes instincts qui me disent de faire demi-tour et de m'en aller loin et pour toujours. J'avais rendu ma clé avec ma lettre de démission alors il fallait que quelqu'un me fasse entrer. J'allai appuyer sur la sonnette quand, à ma grande surprise, Edward Cullen ouvrit la porte avant que je puisse sonner.
Il était là, les cheveux en bataille, portant une chemise grise et son pantalon noir habituel. Ses yeux dorés semblaient plus brillants qu'avant et ses cernes violets s'étaient atténués. Il avait l'apparence d'un homme qui s'était reposé tout un week-end.
Au moins l'un de nous l'avait fait.
Je savais que j'avais la bouche ouverte, en partie à cause du choc de le voir là, à la porte, et aussi à cause de sa beauté surnaturelle. J'essayai de fermer la bouche discrètement et nonchalamment comme si je m'attendais à son apparition.
Il ouvrit la porte en grand et me fit signe d'entrer. "Bonjour. Entrez, je vous en prie."
"Merci," répondis-je, soulagée qu'il m'accueille et qu'il n'ait pas changé d'avis en me demandant de revenir travailler.
Je me débarrassai de mon imperméable et le suspendit dans l'entrée. Il avait disparu alors j'allai vers mon bureau comme si tout était normal, comme si je n'étais jamais partie après avoir détruit son tee-shirt, laissant compulsivement ma lettre de démission sur le bureau pour me justifier.
Le bureau était vide, la lettre avait disparu mais la clé était là à côté de la carte de crédit que j'avais rendue et il y avait aussi la liste de mes instructions pour la journée.
Je le sentis plus que je ne l'entendis dans l'embrasure de la porte. Sans relever les yeux je le jaugeai. Il était appuyé contre l'encadrement de la porte, les chevilles croisées, les mains enfoncées dans les poches. Il avait l'air à l'aise mais ça ne faisait pas naturel. On aurait dit une personne qui était habituée au Ritz et qui se retrouvait dans un hôtel quelconque, mal à l'aise et qui aurait voulu être n'importe où sauf ici.
Je ne pouvais pas l'en blâmer. Toute cette situation devait être dérangeante pour lui et il devait se demander si j'étais apte à prendre les bonnes décisions. Quel genre de fille se met dans ce genre de problèmes? Il pensait probablement que j'étais stupide de partir avec cette personne étrange qu'est Victoria. Plus j'y repensai plus j'étais en colère contre moi-même.
Ses yeux étaient toujours sur moi attendant que je me tourne vers lui mais je fis comme si je ne l'avais pas remarqué et m'assis derrière le bureau en lisant ma liste de choses à faire.
"Isabella, " dit-il calmement.
Je me tournai légèrement, faisant semblant d'être surprise qu'il soit là, "Oh monsieur Cullen! Puis-je vous aider? J'étais en train de lire la liste." Je remarquai qu'il n'avait pas du tout bougé, pas un seul muscle.
"Oui. Bon j'ai remarqué que vous vous gariez dans la rue. Et après vendredi soir, je me demandai si vous ne préfériez pas rentrer votre voiture au garage," demanda-t-il et je pus voir de l'inquiétude dans ses yeux.
J'étais prise au dépourvu. C'était tout à fait inattendu. Je pensai un moment à ma petite sale voiture garée avec les belles siennes. Et je n'étais pas vraiment à l'aise avec cette idée.
Je lui souris avec reconnaissance. "Merci d'y avoir pensé mais ça va aller. Je ne pense pas que quelqu'un veuille s'attaquer à ma voiture, c'est presque une épave."
Ses yeux s'assombrirent et il ouvrit la bouche légèrement. J'attendis avec espoir qu'il parle mais les mots paraissaient coincés dans sa gorge.
Oh non! Je l'avais contrarié. Il m'avait tendu la main et m'avait proposé quelque chose pour que je sois plus à l'aise mais j'avais refusé. Je me sentis rougir, une fois de plus j'avais merdé avec lui.
Je tentai de garder un sourire poli sur mon visage tout le temps et enfin il marmonna. "Ce n'est pas pour la voiture que je m'inquiète, Isabella," et il tourna brusquement les talons. Etonnée, je remarquai sa rapidité tandis qu'il montait l'escalier et entendis le bruit d'une porte qui se referme.
Il s'inquiétait pour moi.
J'étais définitivement surprise et admettons-le, plus que flattée. Je m'assis un moment ne sachant pas quoi faire. Il avait raison. Ce serait plus sûr pour moi de me garer à l'intérieur plutôt que dans la rue encombrée. Loin des folles têtes rouges et de leurs fantaisies morbides...
Je décidais d'accepter son offre et de rentrer ma voiture mais je ne savais pas comment m'approcher de lui à la maison. Par le passé il n'apparaissait que lorsque j'avais besoin de lui.
Je ne savais pas comment faire. Pouvais-je juste monter et frapper à sa porte? Devais-je l'appeler sur son téléphone? Devais-je lui laisser un mot, aller faire mes courses et espérer qu'il le voie pendant que je serai partie?
Je gémis d'irritation et pris ma tête entre mes mains. Je n'arrivais pas à croire que je ne savais pas résoudre un problème aussi simple, tout avec cet homme était compliqué. Son travail, son mobilier, son dressing, ses chaussettes et maintenant ça. Avec un soupir de résignation je décidai de prendre le taureau par les cornes, j'allais monter là-haut et frapper à sa porte.
En montant les marches je me dis que j'allais encore l'ennuyer et que ça ne ferait aucune différence de toute façon... je le faisais déjà. C'était la bonne chose à faire ou alors nous ferions marche arrière.
Quand j'arrivai j'hésitai, ne sachant pas à quelle porte frapper. Son dressing? Celle du couloir qui donnait aux parties privées?
Une fois de plus je me reprochai de m'arrêter à ce genre de détail, j'étais tout à fait ridicule.
Je serrai les poings et me dirigeai avec détermination vers la porte du dressing puis allai à l'autre porte. Je levai ma main et tapai fort espérant qu'il m'entende.
J'attendis un moment, retenant mon souffle et comptant les secondes me demandant ce que j'allais faire s'il ne me répondait pas. Allai-je taper de nouveau ou faire demi-tour et partir?
Ridicule.
Quinze... vingt... vingt-cinq... mon visage rougissait à cause du manque d'oxygène. Il fallait que je prenne une décision.
Je relevai la main une nouvelle fois, prête à frapper et sans crier gare la porte s'ouvrit et je me retrouvai face à face ou plutôt face à torse avec monsieur Cullen.
Je laissai ma main retomber et regardai l'expression sur son visage. Il ne paraissait pas trop contrarié ou en colère alors je fis ma voix la plus convaincante possible et dit : "Vous avez raison de me proposer une place dans votre garage, ce serait plus sûr." Je lui fis un sourire, celui que j'utilise pour le barman quand je veux de la crème fouettée en plus et je lui demandai : "Est-ce que votre offre tient toujours?"
Après un moment tendu à nous jauger, il hocha la tête et enfonça ses doigts dans sa poche pour en sortir un petit carré noir.
"Laissez-moi vous montrer comment ça fonctionne." Ensuite, si vite que je ne pus pas répondre, il descendit l'escalier me laissant le suivre mais il était rapide et je dévalai sur plusieurs marches. Je restai debout tant bien que mal, m'accrochant à la rampe et sentant une douleur courir le long de mon bras endolori.
"Aïe!" marmonnai-je en frottant mon poignet. Il était encore douloureux. J'avais mis un chemisier à manches longues espérant le cacher et éviter de parler de ce qu'il s'était passé.
Monsieur Cullen devait avoir entendu mon atterrissage en catastrophe car il me faisait face. Il regarda mes doigts frotter la peau rougie, il serra la mâchoire et se tendit.
A ce moment-là, debout dans le couloir au bas de l'escalier, fatiguée par son regard et son attitude froide et bourrue, je craquai.
"Monsieur Cullen," dis-je attirant son attention vers mon visage. "Si je continue à travailler ici il y a des choses me concernant que vous devriez savoir." Je l'avais dit fort et avec amertume alors je le laissai assimiler en attendant une réponse de sa part.
Ses sourcils se froncèrent, il se concentra comme si je parlai une langue étrange mais il répondit calmement. "Continuez."
Je pris une profonde inspiration puis expirai. " Vous devez comprendre que je suis maladroite, je tombe, beaucoup. Je veux dire souvent. Ça..." et je soulevai ma manche en lui montrant mes bleus sur mon bras, "... n'est rien. Alors s'il vous plait je sais que ça va arriver de nouveau et je n'ai pas besoin de vos regards dégoûtés ou amusés quand ça arrivera."
Ses yeux se plissèrent mais je continuai avant qu'il puisse dire quelque chose. "Cette tension entre nous doit cesser. Je suis instruite, intelligente et je travaille dur. Je ne connais pas votre âge, monsieur, mais je doute beaucoup que vous soyez beaucoup plus âgé que moi. Je vous respecte mais je ne veux pas être traitée comme si j'étais moins bien que vous," affirmai-je, bien que ma voix tremble légèrement.
Il fronça un sourcil cette fois-ci et me regarda incrédule tandis qu'il se détendait. Et il s'appuya contre le mur. Je savais que j'étais rouge et que mes yeux brûlaient, les larmes trahissant ma colère. Je les ravalai et l'entendis dire, "Je vous en prie continuez," d'un ton encourageant.
Oh merde! Je commençai à paniquer un peu parce que, là, il était sur le point de me virer ou me rire au nez. Il n'y avait pas moyen que ça se termine bien. Au point où j'en étais je décidai d'aller jusqu'au bout, donnant le coup de grâce.
"Pour finir..." j'entendis ma voix craquer et je me raclai la gorge et continuai. "... si vous voulez que je fasse quelque chose, je le ferai. Si vous voulez que je nettoie vos gouttières ou fasse les carreaux, c'est très bien. Si vous voulez que je trie vos cravates par ordre alphabétique, par couleur, par marque ou par lieu d'achat, aussi..." je levai les yeux avant de continuer : "Je le ferai. Mais avertissez-moi à l'avance que je puisse me préparer." Je roulai des yeux avant de continuer, "... et je m'attends à ce que vous me disiez 's'il vous plait' et 'merci' quand ce sera nécessaire. S'il y a quelque chose que je ne suis pas c'est votre paillasson. Et si vous ne pouvez pas gérer cela alors je vais volontiers remballer mes affaires une fois de plus et partir."
Une fois ma tirade finie, j'eus juste envie de disparaitre, je cherchai une échappatoire et pensa que tout ce que j'avais à faire c'était de prendre mon sac et ma veste et de sortir.
Ou pas.
Monsieur Cullen me regardait intensément mais un petit sourire s'étirait sur ses lèvres. J'étais fasciné par leur teinte rouge, ses lèvres me tentaient dans leur perfection.
J'étais toujours hypnotisée par ses lèvres tandis qu'elles formaient des mots, "Et si je fais toutes ces choses, vous resterez?"
Je quittai sa bouche et bégaya : "Quoi..?"
L'amusement se propagea jusqu'à ses yeux. "Si je me soumets à vos demandes vous resterez." Cette fois-ci c'était une affirmation et non plus une question.
Et il fallait vraiment que je me reprenne, je regardai quelque part à gauche de son œil droit et pas lui directement. "Oui, je resterai."
"Bien," dit-il en prenant une inspiration pour se calmer. "Isabella pouvez-vous, s'il vous plait venir avec moi au garage où je pourrai vous monter comment ouvrir le portail? C'est un peu différent des systèmes habituels parce que relié au système central de sécurité."
Je hochai la tête, choquée par son changement de ton. Il était encore formel mais il avait dit 's'il vous plait' et avait demandé gentiment. Il me fit signe de passer devant, ce que je fis en arrangeant ma queue de cheval et me dirigeais vers la porte de derrière.
Edward
J'étais en haut, dans mon bureau, me cachant d'Isabella. La matinée avait été instructive pour le moins et assez épuisante donc après qu'elle soit partie pour faire quelques courses, je regagnai mon sanctuaire.
J'avais passé le reste du week-end à chasser dans les forêts profondes du Canada. Dans les bois, courant à grandes enjambées sur la terre en décomposition tandis que les rayons du soleil baignaient l'air, j'étais vraiment seul avec mes pensées et mes plus bas instincts. Je passai des heures à l'affût, accroupi, permettant à l'odeur de ma proie de m'atteindre. Les douces brises filtrant dans les sous-bois épais chatouillaient mon nez, me guidant vers l'animal faible jusqu'à ce que notre poursuite nous conduise à la mort.
Sa mort, la mienne avait eu lieu longtemps avant.
Je m'étais gorgé du sang de gros animaux, évitant les plus petits, plus facile à attraper. Je nourrissais ce désir depuis plusieurs jours, je n'étais pas intéressé par une mise à mort rapide. Je voulais un défi. Je voulais sentir mes muscles quand je bondissais sur les berges des rivières et gravissais les parois du canyon. Je voulais sentir les coups de griffes de l'ours sur ma chair impénétrable, souhaitant qu'effectivement il puisse me faire du mal.
Je voulais plus, je voulais me pousser jusqu'à la limite.
Une fois l'animal pris au piège et vidé, je pouvais sentir mes dents me démanger, j'avais envie de plus. J'étais comme un alcoolique tentant de noyer sa douleur ou un toxicomane pensant que sa prochaine dose lui permettrait de vaincre toutes ces émotions qui traversaient son corps.
Ça me prit la plus grande partie de la journée pour accepter le fait que ma soif ne serait plus jamais étanchée.
Sauf pour une chose.
Le désir persistait et quand mes dents pénétrèrent dans la chair d'un ours particulièrement coriace, une vision passa devant mes yeux.
Isabella Swan.
Horrifié d'avoir pensé juste à son nom tandis que je me régalai d'une bête sauvage, je repoussai la carcasse d'humiliation. Je passai le dos de ma main sur ma bouche et regardai autour de moi. Le sol était recouvert par les animaux que j'avais pris, entrainé par une frénésie assoiffée.
Je regardai les trainées de saleté sur ma chemise et les déchirures de mon pantalon. Mes chaussures étaient recouvertes de boue et le sang avait éclaboussé mes orteils. J'étais sale. Terne. Recouvert par la preuve de mes besoins primaires.
C'est à ce moment que je réalisai que je devais me reprendre... pour elle.
Je retournai en ville en courant à travers les forêts, contournant les autoroutes jusqu'à ce que j'arrive aux lumières de ma ville.
Je suivis les ombres, conscient de mon apparence et sachant que si j'étais pris, ce serait la fin de moi et de cette mascarade de vie. Je trouvai le bâtiment et après avoir jeté un coup d'œil à mon environnement je l'escaladai par un côté, grimpant le long des tuyaux, des fils, tout ce à quoi je pouvais m'accrocher.
Je me hissai à l'étage, à sa fenêtre, et y jetai un coup d'œil regardant sa forme étendue sur le lit dans l'obscurité de sa chambre.
Je passai trois heures là, m'accrochant à la façade, la gardant et renfonçant ma détermination à la protéger. Mais je savais que je devais aussi m'interdire de penser à tous ses désirs qui me consumaient. C'était une personne pas un morceau de viande. Pas un objet à la recherche d'un propriétaire.
Elle n'était pas à moi.
Alors maintenant j'étais assis à mon bureau, caché, me souvenant de ses jambes emmêlées dans ses draps de lit et je sus que ça allait être bien plus difficile que ce à quoi je m'attendais.
Je retournai tout ça dans ma tête tout le matin. Je l'avais attendue. Espérant qu'elle revienne. Quand je l'entendis monter les marches, la crainte me traversa tandis que je pensais à elle, seule, dehors, sans aucune protection. Je lui ouvris la porte trop vite pour que ce soit normal.
C'était un problème permanent. Je baissais toujours ma garda avec elle, bougeant trop vite, sortant de nulle part. Je me demandais si elle le voyait. Sa bouche resta légèrement ouverte d'étonnement avant qu'elle se reprenne et entre.
Je la regardai tout le temps, moi en haut, elle au rez-de-chaussée, écoutant ses pas, observant ses petits doigts coincer ses cheveux derrière son oreille. Je ravalais mon venin de nombreuses fois et je me préparais mentalement à endurer ce contact constant. Elle fit semblant de ne pas m'avoir vu à sa porte mais les battements rapides de son cœur la trahirent. Je la rendais nerveuse, comme il se doit, et les battements rythmés étaient une alarme.
Je lui parlais et lui proposais de garer sa voiture dans le garage. Je pensais que c'était un geste amical de bienvenue et de partage de ma maison. Quelque chose que je n'avais jamais offert à quiconque sauf à ma famille avant.
Elle se tourna vers moi et me fit un sourire chaleureux mais les mots qu'elle prononça étaient pour rejeter ma proposition. Elle se mit à radoter pour se justifier, arguant que sa voiture était vieille et ne valait plus rien. C'était vrai, songeai-je, mais le trésor que je voulais protéger n'était pas sa voiture. C'était elle.
Surmontant ma déception je le lui dis et la laissais là, retournant dans ma tanière, mettant de la distance entre nous.
Cela est un mensonge, me dis-je à moi-même. Je retournai dans mon bureau et réglai les moniteurs pour pouvoir la regarder de loin. Elle était toujours un mystère pour moi. Je la vis passer ses mains sur son visage et je me demandai ce que ce geste signifiait exactement. Etait-elle frustrée? Fatiguée? Triste?
Une fois de plus j'étais extrêmement contrarié par ce fait que j'avais toujours compté sur mon don pour lire les pensées des gens et pour tout savoir à leur sujet. J'aurais pu savoir ce que ce geste signifiait mais là ce n'était qu'une supposition.
Je l'observai de là-haut quand elle soupira et que son odeur se répandit autour d'elle. Je me penchai sur les moniteurs, encore une fois, absorbant chaque détail tandis qu'elle prenait l'escalier pour se rendre à l'étage. Ses mains trainaient sur la rampe, laissant leur empreinte et leur odeur. J'avais envie d'être près d'elle et de profiter de son essence.
Elle entra dans mon dressing et je dus lutter contre l'urgence de courir vers la porte et de l'ouvrir pour simplement inhaler son odeur et vérifier qu'elle était absolument parfaite.
C'est irrationnel, je sais. Je ne m'étais éloigné d'elle qu'un instant et je ne l'avais jamais quittée des yeux. Je la regardai à présent tandis qu'elle levait sa main timidement pour frapper à ma porte. Etait-elle effrayée? Connaissait-elle mes désirs? Avait-elle succombé à ses peurs instinctives? Etait-elle consciente que je pouvais ouvrir cette porte, la saisir par le cou avec mes dents et aspirer toute la vie hors d'elle? Que c'était mon désir le plus fort?
Eh bien... non ... peut-être pas le plus fort.
Je voulais qu'elle ait ces pensées, qu'elle sente la peur, qu'elle sache toutes ces choses mais en même temps qu'elle n'en connaisse aucune.
Je me focalisai sur l'écran ne voulant pas la perdre de vue un instant. Je me précipitai à la porte, elle n'avait pas encore frappé et elle était debout très proche de moi. Puis elle regarda mon torse et je tombais dans ses riches yeux bruns.
Ces sentiments nouvellement identifiés parcoururent mon corps tandis qu'elle parlait d'une voix profonde, presque séduisante. Le son de sa voix nourrissait la lutte interne et intense entre mon désir pour elle et elle. C'était le besoin de me nourrir contre la personne elle-même.
Isabella. Elle avait un nom et une âme, me réprimandai-je.
Elle n'était pas à moi.
Pourtant elle était là, face à moi, respirant sur moi, m'attirant rien qu'avec ses yeux. Je sentais la chaleur de son corps près du mien, la course de son sang.
Boum.
Que faisait-elle?
Que faisais-je moi?
Je m'efforçai d'écouter ce qu'elle me disait. Voiture. Garage. Sécurité. Elle était d'accord avec moi et je me concentrais sur ce que j'avais à faire, je passais brusquement devant elle supposant qu'elle allait me suivre.
Je savais que j'étais dur, impoli. J'étais brusque mais c'était la seule façon que j'avais de gérer cette situation pour le moment. J'étais empêtré dans des désirs instinctifs qui couraient à travers mon corps et ma tête et j'essayai de les maitriser. Pour le moment je n'arrivai pas à dépasser ce désir de me nourrir d'elle.
Je tenais bon pour sa vie précieuse. C'était la sienne.
Son manque d'équilibre me sortit de mes pensées tandis que je la retrouvais accrochée à la rampe essayant de s'empêcher de tomber.
Sa manche était remontée et j'étais fasciné par ses doigts qui massaient délicatement les bleus sur son poignet. Je dus me faire violence et serrer les dents pour ne pas quitter la pièce et poursuivre Victoria à cet instant.
Cela arriverait bientôt mais pas aujourd'hui.
"Monsieur Cullen," l'entendis-je dire et je quittai des yeux ses bleus à regret. Son regard était brillant et je le notais, apprenant à reconnaitre certaines de ses expressions puisqu'elle allait rester à mon service.
En effet.
Elle avait raison. Il fallait que j'en sache plus sur elle. J'étais presque sûr que sa vie en dépendait.
Je l'encourageais à me parler et elle le fit. Elle me montra son bras et m'annonça ses faiblesses. Elle savait qu'elle était frêle et fragile et elle l'avait accepté. Puis elle continua d'une voix tremblante et parla de la tension entre nous. Elle exigea que je la respecte et contesta mon autorité, mon âge.
Elle était si forte mais aussi si vulnérable. Des mots puissants quittèrent sa bouche mais ses yeux se remplirent de larmes et ses mains tremblèrent. J'étais captivé par chacun de ses mouvements et chacun de ses mots.
Elle était une énigme.
Une fois de plus je l'incitai à continuer, voulant à présent connaitre ses pensées, ainsi je pourrai les faire correspondre à ses expressions. C'était presqu'un jeu. Sûrement le plus frustrant auquel j'ai jamais joué.
Isabella attaqua son explication finale, bougeant ses bras, les joues en feu et me donna ses exigences pour rester : de la courtoisie et les petites choses qu'une femme comme Isabella pouvait attendre de son patron.
Ce concept alluma une ampoule au-dessus de ma tête. Elle voulait être traitée comme tous les autres humains. Je n'étais plus humain depuis longtemps mais je l'avais été avant. Je savais qu'il restait des traces de cette vie à l'intérieur de moi et que je pouvais m'en servir si je le voulais. Esmée le faisait chaque jour. Et Carlisle aussi. Il portait son humanité à bout de bras dans chaque aspect de sa vie.
J'avais étouffé la mienne et je vivais ma vie selon un scénario bien établi.
Mais quand je regardai Isabella face à moi, bougeant anxieusement sur ses pieds, me regardant, je réalisais que pour la protéger, je devais ramener ce qu'il restait de mon âme à la surface.
La pensée de ce défi était aussi plaisante que ma vision d'elle, debout face à moi en ce moment même, elle mordillait sa lèvre tellement elle était concentrée.
Presque incapable de contenir ma joie je lui demandai : "Et si je fais ces choses vous resterez?"
Elle balbutia "Qu... quoi?
Cette fille était une énigme. Têtue une seconde, distraite la suivante. Je lui dis. "Si je me soumets à vos exigences vous resterez."
"Oui je resterai."
Bien.
Je plongeais dans le puits de mes cent ans passés pour en ressortir les bonnes manières que ma mère m'avait sûrement apprises et je lui demandais de me suivre au garage. Ce n'était pas un ordre, je ne l'obligeais pas, je le lui demandais.
Et elle me suivit.
A présent j'étais seul, Isabella était partie pour faire son travail. J'étais assis derrière mon bureau revoyant en détail les événements de la journée. Le souvenir d'elle près de moi dans le garage, écoutant mes instructions, toute trace de tension disparue, était bouleversant. Il y avait eu un changement subtil dans notre relation. Je réalisai que je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer à cause de ce choix que nous avions fait aujourd'hui mais une chose était claire.
Isabella Swan n'était pas à moi.
Mais la voir se défendre, à la fois forte et timide mettait au moins une chose en évidence.
Je voulais qu'elle le soit.
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DIXIEME CHAPITRE
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Bella
De retour de la poste et en chemin vers le bureau je fis un arrêt dans le petit café que j'avais commencé à fréquenter pour ma pause de midi. Je garai ma voiture dans la rue encombrée, cherchant une place près du bâtiment. J'étais nerveuse depuis l'incident avec Victoria quand j'étais seule et je faisais des efforts supplémentaires pour rester en sécurité. J'aurais préféré marcher vers le quartier des affaires puisque c'était près de chez monsieur Cullen mais je n'étais plus à l'aise à présent.
Les choses allaient mieux au travail même si ce n'était pas encore parfait. Monsieur Cullen avait tenu parole. Il me traitait mieux. Je baignais dans les 's'il vous plait' et les 'merci', il me faisait des compliments sur mon travail et ne me donnait rien de déplaisant à faire.
Le problème ne venait pas des efforts qu'il faisait pour mieux me traiter mais le problème c'était lui tout simplement.
Il me déconcertait. Il était très beau et aimable. Hier je m'étais retrouvée hypnotisée par ses mains élégantes tandis qu'il sortait un disque de son étui, il le tenait délicatement par le bord faisant attention de ne pas toucher les sillons. Je le regardais quand il l'approcha de son visage pour sentir cette odeur de vinyle et un petit sourire de contentement étira ses lèvres.
Ensuite quand je lui demandais quelle était la chanson ou qui était le musicien, son corps se tendit et le sourire naturel sur son visage fut remplacé par un sourire plus superficiel. Il me répondit poliment mais ça semblait être une réponse toute prête et forcée et il quitta la pièce en toute hâte.
Après avoir trouvé une place dans la rue je me dirigeai vers le café. Je restai devant la porte un instant regardant la vitrine, remarquant une affiche posée là. C'était la photo d'une jeune fille, peut-être quinze ou seize ans, cheveux noirs, yeux bleus et rieurs, grand sourire. Elle portait un cœur en argent autour du cou qui pendait au milieu de sa poitrine. Au-dessus de la photo il y avait les mots : Portée disparue - m'avez-vous vue? Je sentis mon estomac se retourner et je revis Victoria. J'étais submergée par la peur pour cette jeune fille et priais qu'elle ne soit pas victime de quelqu'un comme elle. En bas il y avait son nom, Bree, et elle avait disparu depuis le mois d'avril.
Je secouai la tête, poussai la porte et allai vers le comptoir où la serveuse attendait.
"Bonjour," souris-je, "Je voudrai une infusion... quelque chose d'apaisant?" Une vague de nausée me traversa et je m'efforçai de chasser de ma tête l'image de la fille sur l'affiche.
Elle réfléchit un instant et dit, "Nous avons de la très bonne camomille, ça vous conviendrait?"
J'acquiesçai et pianotai sur le comptoir tandis qu'elle préparait ma commande. Je n'arrivai pas à chasser le visage de Bree de ma tête. Je lui dis, "Que savez-vous à propos de cette affiche sur la vitrine? La fille qui a disparu?"
Elle se tourna et je vis de l'inquiétude dans ses yeux. "C'est sa mère qui est venue et qui la mise là. Apparemment elle a disparu une nuit qu'elle était allée au ciné avec des copains. Elle a quitté son siège pour aller acheter quelque chose et elle n'est jamais revenue. La police pense qu'elle a fait une fugue mais sa mère est convaincue que quelque chose lui est arrivé. "
"Oh!" dis-je sans conviction. "C'est vraiment triste. J'espère qu'ils la retrouveront."
La fille fit un signe de tête et poussa ma tasse vers moi. "Vous venez d'emménager par ici, j'ai remarqué que vous veniez assez souvent."
"Non je ne vis pas ici mais j'ai trouvé un travail dans le coin, il y a deux ou trois semaines," lui répondis-je.
"Ah oui? Où?" demanda-t-elle, tandis qu'elle s'occupait de mon ticket.
"Je suis l'assistante personnelle de monsieur Cullen. Je ne sais pas si vous le connaissez. Il ne sort pas beaucoup," lui expliquai-je puis je pris une gorgée de ma tisane.
"Edward Cullen? Cheveux sexy? Mâchoire qui pourrait rayer du verre? Etrangement lointain? Mon utérus a mal chaque fois qu'il fait une apparition," rit-elle et elle poursuivit. "Cet Edward Cullen là?"
Je ris avec elle parce qu'elle avait raison... mais je n'étais pas bien sûre en ce qui concernait l'utérus. "Donc vous le connaissez, je suppose?"
"Il vient deux fois par semaine, commande toujours la même chose, me sourit puis va rejoindre sa table préférée dehors. Je lui ai laissé mon numéro quelques fois pour lui faire savoir que j'étais libre mais..." elle soupira de déception "... ça ne semble pas l'intéresser."
J'étais choquée. Je regardai la fille face à moi. Elle était jolie: des cheveux noirs et longs, une peau douce et bronzée et de longues jambes. Si nous étions à Los Angeles ou à New York j'aurais pu penser qu'elle était actrice ou mannequin. "Vraiment? Il est un peu bizarre... peut-être il n'a même pas remarqué que vous flirtiez," lui expliquai-je.
"Non, c'était plus qu'évident. Pas que je sois trop sûre de moi mais j'en suis venue à une autre théorie," dit-elle, faisant passer ses cheveux derrière ses épaules.
Intriguée par ses pensées, "Une théorie ... dites m'en plus," l'incitai-je.
Elle rit et se pencha vers moi comme pour me confier un secret. "C'est tout à fait simple. Un bel homme, riche et célibataire... qui pourrait résister à ça?" dit-elle en désignant sa poitrine moulée dans un petit tee-shirt noir brodé au nom de la boutique, "Il joue dans l'autre équipe."
"Vous pensez qu'il est gay?" lui demandai-je incrédule.
Elle hocha la tête, sûre d'elle, un petit sourire sur le visage.
L'image de monsieur Cullen portant une poubelle remplie de débris de meubles me revint, ce magnifique grand blond le suivait dans l'escalier, ils venaient de là-haut. Je pouvais bien les imaginer, derrière les portes closes, profitant de la grande beauté de l'autre. Je déglutis difficilement en y pensant.
C'était parfaitement logique.
Tous ces comportements bizarres et ces excentricités pourraient être expliquées par ce simple fait. Il gardait cet énorme secret et cela pouvait rendre n'importe qui tendu et stressé. Ajouté à cela une vie publique et ça compliquait les choses encore plus.
Je lui retournai son sourire et nous rîmes un moment en disant qu'il y avait peu d'hommes attirants et disponibles et nous pensâmes au dicton qui disait que les bons étaient déjà pris ou gays. Je payai pour ma boisson et lui fis un signe de la main en partant.
Edward
"Oui Alice, elle va bien."
Alice. Elle m'appelait deux fois par jour depuis la semaine dernière, me harcelant au sujet de Bella sans rien avoir à m'apprendre.
"Non je ne la vois pas en ce moment mais il fait soleil dehors, j'ai pensé qu'elle était en sécurité, elle est allée à la poste." Je passai ma main sur mon visage pour essayer de me calmer. C'était la raison pour laquelle je ne vivais plus avec eux. J'avais besoin de mon espace, loin d'eux et de leurs pensées, loin de toute prédiction.
Je décidai de la devancer. "Tu as eu une nouvelle vision? C'est de ça dont tu voulais me parler?"
"Non? Alors laisse tomber. Appelle-moi quand tu auras quelque chose d'important à me dire." C'était brutal mais nécessaire.
Je soupirai et dis." Vous me manquez aussi... Oui s'il te plait, dis-leur qu'ils me manquent tous."
Je fermai le téléphone et continuai à regarder les dossiers que j'avais entassés dans le grenier. La seule entrée se situait dans mon bureau. Je gardais de gros classeurs avec de vieux journaux et autres informations sur les 'cas" qui m'intéressaient. C'était là aussi que je gardais mon piano, qui était poussé contre le mur et recouvert d'une lourde housse. C'était simplement un rappel de la vie à laquelle j'avais renoncé.
Je repartis six mois en arrière et recommençai à chercher d'autres incidents que ceux que j'avais sélectionnés la première fois. Tout ce qui pouvait ressembler à l'altercation entre Victoria et Bella. La première fois je n'avais cherché que des meurtres avec un rituel spécial, rien d'autre. J'étalai les journaux sur le sol et commençai le processus fastidieux de mettre de côté tout ce qui pouvait être intéressant.
Avec des post-it de différentes couleurs je marquai chaque événement dans lequel je trouvai des aspects suspects mais j'avais élargi ma recherche au vandalisme, agression ou enlèvement. Quand j'arrivai à la mi- mars je réalisai que j'avais fini mes post-it et je descendis pour en chercher dans le placard de la cuisine.
Je m'approchai me préparant à l'assaut de l'odeur d'Isabella. J'avais entendu la porte du garage s'ouvrir et je savais qu'elle était là. Je pris l'expression adéquate et me dirigeai dans la cuisine.
"Bonjour Isabella," dis-je en la regardant. Elle essayait d'attraper un mug sur la plus haute étagère.
"Bonjour," grommela-t-elle dans son effort pour se hisser sur la pointe des pieds.
J'analysai la situation la regardant lutter et une irritation soudaine et tournée uniquement vers moi-même m'envahit, "laissez-moi attraper ça pour vous," dis-je, et j'attrapai facilement la tasse et la posai sur le comptoir.
C'était ce genre de geste qui me perturbait tout le temps. Des choses simples comme tenir la porte pour laisser passer une personne avant moi, offrir de l'aide pour sortir des cartons ou des sacs de la voiture. Des choses que je n'avais pas faites depuis des années. Ça me faisait me demander comment les humains se sentaient dans ces relations.
J'allai vers le placard et fouillai un peu pour trouver facilement - c'est Isabella qui avait rangé - ce dont j'avais besoin. Je me préparai à partir et à lui dire qu'elle était organisée quand je remarquai du coin de l'œil qu'elle m'observait attentivement.
Ses yeux étaient scrutateurs et plissés et je les sentis s'attarder. Son intérêt m'excita parce que personne ne faisait attention à moi. Et s'ils le faisaient je savais à quoi ils pensaient, bien sûr. Les femmes étaient intéressées par mon apparence et les hommes avaient conscience de ma nature intimidante. A un moment tout de moi les attirait mais aussi vite ces mêmes qualités les mettaient mal à l'aise.
Isabella était près de moi les battements de son cœur et sa respiration étaient normaux, elle me scrutait.
Encore une fois je n'avais pas d'indice sur ses pensées et cela était terrifiant.
Je me tournai et lui fis face, notant un léger rose qui remontait de son cou.
"Merci pour votre organisation dans ce placard. J'ai trouvé facilement ce dont j'avais besoin." J'agitai le paquet de post-it rose.
"Pas de problème," dit-elle avec, toujours, cette expression interrogatrice.
"Je vais remonter et je préférerai ne pas être dérangé. Si vous avez besoin de moi appelez-moi sur le portable, d'accord?" dis-je. Je vacillai sur mes pieds me sentant tout à la fois mal à l'aise mais incapable de partir.
Nous étions là, Isabella et moi dans une atmosphère tendue jusqu'à ce qu'elle me tourne le dos et se penche un peu pour remuer le liquide dans son mug. Je reculai d'un pas, prêt à quitter la pièce quand elle se mit à parler soudainement. Et elle affirma d'une voix un peu tremblante. "Je sais ce que vous êtes."
C'était comme si mon cœur chutait dans ce qui avait été mon estomac de crainte et l'horreur absolue. Elle savait? Ces mots évoquaient ma plus grande peur. Ma bouche s'assécha et je dus me forcer à respirer pour paraitre normal.
Je posai ma voix et demandai, "Et que suis-je?"
Le seul bruit était celui de la cuillère en métal contre le rebord de la tasse, elle dit, "Vous incroyablement net et soigné."
Exact. Mais ce n'était pas vraiment ce qui permettait de reconnaitre un vampire. Je me préparai pour la suite.
Son cœur battait comme les ailes d'un colibri et je pouvais presque sentir la chaleur rayonner de son corps, signalant sa gêne. Il n'y avait que cette idiote pour être gênée de détruire ma vie. Je l'écoutai inspirer longuement et dire. "Vous faites du sport. Beaucoup. Votre corps est incroyable."
Elle trouvait que mon corps était incroyable. Un sourire béat glissa sur mon visage mais je le chassai rapidement me demandant pour la millionième fois à quoi elle pensait. J'étais conscient que les femmes me trouvaient attirant et entendre Isabella me dire ces mots provoqua un afflux de sentiments auxquels je n'étais pas habitué mais était-ce ça qui était important à présent?
"Votre peau est sans défaut, impeccable. Vous faites des soins?" demanda-telle interrompant mes pensées et je la regardai, ses yeux bruns scannaient mon visage.
Je secouai la tête sans rien dire de peur de parler. Je n'avais pas la moindre idée de quoi elle parlait quand elle disait soins mais tout ce que je savais c'est que je n'en faisais pas.
"Euh," fit-elle en se retournant vers le comptoir, ses longs cheveux se balançant un peu tandis qu'elle prenait une gorgée de sa boisson. "Vos cheveux sont parfaits et vous avez plus de vêtements que Paris Hilton."
La gêne dans le creux de mon estomac se transformait en confusion. Paris Hilton? Pensait-elle qu'elle était vampire aussi?
Elle continua en marchant cette fois. "Parfois vous parlez comme si vous ne fréquentiez pas les femmes et vous n'avez jamais de compagnie et la seule fois que j'aie vu quelqu'un c'était un homme. Qui par hasard était incroyable lui aussi."
De quoi parlait-elle? J'étais littéralement incapable de suivre ses pensées. Qui était cet homme? Je cherchai et trouvai le seul visiteur que j'avais eu.
Jasper.
Elle s'arrêta, posa ses mains à plat sur le comptoir. Elle parlait doucement mais avec conviction, "Comme je vous l'ai dit je sais ce que vous êtes."
Ça y était. Des images de ce qui allait se passer flashèrent dans ma tête. Allait-elle partir en courant? Devrai-je la tuer? En quatre-vingts ans je n'avais jamais vécu ce genre de situation.
Je m'efforçai de respirer normalement, comme un humain le ferait et rassemblai tout mon courage pour mettre tout cela à plat, je voulais savoir ce qu'elle savait. "Dites-le," lui ordonnai-je, la panique teintait les mots qui quittaient ma bouche.
Elle hésita.
"Dites-le," lui dis-je, "A voix haute."
Elle se retourna et me regarda dans les yeux. Une drôle d'émotion se répandit sur son visage. Au lieu d'être de la crainte c'était... du soutien? "Vous êtes gay," dit-elle d'une voix assurée.
Je restai là les poings serrés, préparé à être découvert et ses mots résonnaient à mes oreilles.
Gay?
"Je... euh... quoi?" bégayai-je. Je ne bégayai jamais. Tout avec cette femme me perturbait complètement. Elle me rendait idiot.
Et qui plus est, un idiot maladroit.
Elle fit un pas en avant, déplaçant une nouvelle vague de son arôme vers moi, l'odeur pénible des fleurs satura mes sens. Ses joues normalement pâles étaient rosées d'embarras. Ses yeux brillaient et ses lèvres étaient gonflées de satisfaction après m'avoir découvert.
Je ne l'avais jamais trouvée aussi attirante.
"Vous êtes gay," répéta-t-elle encore lentement. "C'est bon. Je vous soutiens totalement vous et vos décisions. Eh bien ce n'est pas vraiment votre décision, nous naissons d'une façon ou d'une autre mais peu importe, je pense que c'est super."
Elle pensait que c'était super que je sois gay. Je préférai cette alternative à celle d'être un monstre buveur de sang.
Elle continuait à parler et je tournai de nouveau mon attention sur ce qu'elle disait au beau milieu d'une phrase, "... et vous savez ce n'est pas une critique ni rien mais vous avez vraiment une énorme quantité de vêtements pour un type ordinaire. Sans oublier la fille du café, elle mignonne non? Elle m'a dit qu'elle ne vous avez jamais vu avec une femme non plus. Et qu'elle vous a laissé son numéro plusieurs fois et elle avait constaté qu'il était resté sur la table. Je veux dire elle est vraiment très jolie. Et vous vous êtes jeune, célibataire, incroyablement magnifique, riche et reconnu. Vous..." Elle se rapprocha et tapa sur mon torse avec son doigt, "êtes gay."
A l'instant où son doigt chaud entra en contact avec ma poitrine, même à travers mes vêtements, les émotions me submergèrent.
J'étais complètement largué. Les gens pensaient que j'étais gay? La fille du café avait donné ses théories à Isabella concernant mes préférences sexuelles? La confusion mise à part, je réalisai que j'étais plus qu'un petit peu amusé, sans mentionner le fait que l'endroit sur mon torse semblait avoir été brûlé par un tisonnier chauffé à blanc. Toute cette situation était absurde au plus haut point et ses hypothèses... je ne savais même pas quoi en penser.
Elle retira son doigt et il me manqua instantanément. Je frottai l'endroit sur mon torse sans vraiment y faire attention, essayant de retrouver cette sensation.
Elle recula et reprit son mug puis dit, "Ne vous inquiétez pas je ne dirai rien. C'est votre décision quand vous voudrez que le monde sache." Elle sourit et me fit un clin d'œil puis repartit vers son bureau dans l'autre pièce.
Je passai mes mains sur mon visage et tirai sur mes cheveux. Je n'étais pas sûr de quand ma vie s'était transformée en film d'horreur mais elle l'avait fait. Oh attends! Je le savais. C'était le jour où Isabella Swan était entrée dans ma vie. C'était le destin qui ajoutait à présent le mot gay à celui de vampire, PDG et combattant contre le crime.
Bien que ça me peine je ne démentirai pas sa théorie, je décidai rapidement de rester évasif. Si être gay pouvait expliquer mes excentricités ou mon apparence physique alors je pourrais vivre avec elle sans qu'elle sache rien. Ça me laisserait un peu de liberté et mettrait un obstacle supplémentaire entre nous. Ça me permettrait de lutter contre ces sentiments et émotions qui avaient surgi depuis le jour où elle était entrée chez moi. C'était tout simplement un mensonge de plus dans la mascarade élaborée que j'avais créée. Si ça signifiait que chez moi Edward Cullen devait être gay... qu'il en soit ainsi.
Je jetai un dernier coup d'œil à Isabella à son bureau, elle entortillait une mèche de cheveux autour de son doigt tout en lisant les mails puis je montai à l'étage. La voir assise là, en sécurité et contente, me fit réaliser que j'avais des choses plus importantes à régler et je m'y mis.
