Bonjour tout le monde!

Pas besoin de vous dire que c'est la première fanfiction que je publie sur ce site. Sinon en disclaimer, je n'ai malheureusement pas la licence Naruto et je n'ai inventé que quelques OC. Voilà, n'hésitez pas à poster des commentaires, que vous ayez aimé ou pas. L'important c'est que vos critiques soient constructives et m'aident à m'améliorer.

Voilou, voilà bonne lecture ;)


Ce n'était pas normal. En tout cas il y avait quelque chose qui clochait. Danzô n'avait peut-être pas mis la main sur la cache des Uchiha, mais il n'avait pas ordonné à la Racine de la rechercher. C'était étrange pour un homme qui était prêt à tout pour posséder l'ultime pouvoir. L'Agent Shinetsumi Nagara de l'Agence des Renseignements Généraux de Konoha était préoccupée depuis quelques temps du calme des agissements de la Racine. Shinetsumi s'essuya le front d'un revers de main, avant de finir le fond de sa tasse de thé, et de saisir un autre dossier posé de manière désordonnée sur son bureau. Elle passa une main dans ses cheveux rougeâtres, sans quitter des yeux les informations qui étaient inscrites en petits caractères sur la feuille de papier. Il s'agissait encore d'une manœuvre de la racine, mais toujours rien d'inquiétant : il y était seulement stipulé que le groupe avait demandé il y a une semaine, l'autorisation d'utiliser le terrain d'entraînement numéro 10. Une réunion ? Non, l'endroit était trop exposé aux oreilles indiscrètes, et Danzô était beaucoup trop paranoïaque pour tenter quelque chose de suicidaire. La jeune femme soupira. Cela allait faire deux jours qu'elle se droguait aux pilules rouges et autres substances destinées à la garder debout, apte à réfléchir et à agir sans que la fatigue ne prenne le dessus. Et elle avait été censée faire tout ça pour coincer Danzô la main dans la patte. Il fallait vraiment qu'elle prenne des congés. Sauf que les ninjas n'avaient pas de répit en ce moment. Avec l'Akatsuki qui faisaient quelques menues apparitions, laissant quelques morts au passage, et Danzô qui préparait un sale coup dans l'ombre, chaque Shinobi de Konoha devait rester à son poste, prêt à recevoir les ordres émanant du haut conseil. Mais le conseil n'était évidemment pas très net.

Malgré les apparences, les conseillers Koharu et Homura avaient des opinions qui ne divergeaient pas vraiment de celles de Danzô. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils appuyèrent le fait que Naruto Uzumaki sorte du village en bonne compagnie.Ca avait été d'ailleurs une bonne source de scandale pour les anti-conseils, et les pro-Sarutobi. Mais aucun évènement majeur destiné à faire bouger les choses. Autrement dit, même si certaines lois du monde ninja avaient changées, les shinobis ne restaient guère que des pantins au service de généraux qui n'hésitaient pas à les envoyer au casse-pipe quand bon leur chantait. Shinetsumi avait peur en cette face cachée de ce monde, et se demandait comment elle réagirait le jour où on lui ordonnerait ouvertement d'aller se faire trouer le cul sur un champ de bataille. Comme quoi beaucoup de monde, elle y comprit, avaient tord de critiquer alors qu'ils faisaient plus ou moins tous partis du lot.

Elle jeta un regard en biais à un de ses « coéquipiers de bureau » qui rédigeait minutieusement le rapport d'une enquête qu'ils avaient récemment menés tous les deux. Karuya avait quitté l'ANBU il y a maintenant un peu plus de deux ans. Il faisait partit de la même équipe que Kakashi quand celui-ci était Capitaine de la section 4. Elle aussi avait été dans le lot, et c'est d'ailleurs pour cela que Karuya et elle étaient de nouveau redevenus coéquipiers. C'était quelqu'un de sympa si on apprenait à lui parler, mais de loin il pouvait paraître assez froid et tendu.

- Tsu' ?

Shinetsumi secoua légèrement la tête pour se sortir de ses rêveries. Il s'était apparemment aperçut qu'elle l'observait. Elle esquissa un sourire et fit mine de reprendre ses activités pour ne pas perdre la face devant un ami de longue date.

- Je voulais juste m'assurer que tu n'avais pas attrapé le mal du bureau. C'est mauvais pour le moral.

- Ne t'en fais pas pour moi, ma santé physique va aussi bien que mon moral.

- Je suis ravie de te l'entendre dire.

Karuya feinta un léger sourire, faisant de son mieux pour garder une attitude sérieuse et concentrée. La jeune femme se remit à ses tâches, toutes aussi ennuyantes que celles de son comparse. Elle allait presque en avoir mal au dos, même si elle devait admettre que son environnement était bien plus confortable que celui dont elle devait se contenter en mission.

Ce fut de manière soudaine que la porte fut ouverte pour laisser entrer un jeune homme d'une vingtaine d'années, précédé par le Jounin en chef de l'Agence des Renseignement, Rô Otome, un homme grand et âgé, aux traits fixes et fermés. Le genre de type qui ne plaisante jamais. D'ailleurs, il n'avait pas l'air d'être heureux d'accompagner le jeune homme qui semblait désarçonné et un peu « coincé » sur les bords. Karuya et « Tsu » se levèrent pour saluer leur supérieur hiérarchique.

- Je vous laisse le gamin. Faites-y attention, c'est le petit-fils du doyen du village.

Ce fut tout ce qu'il sembla trouver de mieux à dire, à part à faire sous-entendre que les deux ninjas risqueraient gros s'il arrivait malheur au garçon. C'est d'un pas pressé et sec qu'il quitta le bureau, sans fournir d'explication supplémentaire. Karuya jeta un rapide coup d'œil à sa coéquipière chose qu'elle remarqua aussi aisément qu'un oiseau dans le ciel. Ils n'étaient pas censés recevoir de stagiaires, ou même de nouvelles recrues. A moins qu'Otome ait changé l'ordre du jour, ou quelqu'un de plus gradé. Nagara s'avança vers le jeune homme qui semblait rester figé sur place. Elle tâcha de lui sourire.

- J'imagine qu'Otome t'as fourré ici, non ? Quel est ton nom ?

- Joshi Aniki.

Bien sûr, petit-fils de Benkuro Aniki, âgé maintenant d'environ 105 ans.

- Je suis Shinetsumi Nagara et voici Karuya Tsumetai, mon coéquipier. Je suppose que tu fais parti de l'équipe, non ?

Joshi hocha la tête d'une manière presque imperceptible. Tsu jugea qu'il devait être un grand timide, mais elle comprit vite ce qui se passait quand elle tourna la tête vers Karuya : celui-ci le dévisageait d'une froideur qui n'était pas la sienne. Déjà à l'ANBU, il n'appréciait pas les nouvelles recrues, et mettait un certain temps avant de les considérer comme des membres à part entière de l'équipe. Mais de-là à le dévisager comme ça, ce n'était pas de lui. Mais que cherchait-il exactement, bon sang ?! Elle le regarda de façon à lui faire comprendre qu'il allait trop loin, avant de tourner la tête vers Joshi qui ne savait évidemment pas où se placer.

- Donnes-nous deux minutes, tu veux ?

Elle fit sortir Karuya de la pièce en le traînant par le bras. Une fois dehors, elle ferma la porte.

- A quoi tu joues ?

- Tu le sais très bien. Je ne suis pas très friand des bleus.

Elle soupira. Elle savait qu'il lui cachait quelque chose sans savoir quoi exactement. Mais cela restait néanmoins une affaire personnelle, et elle n'était pas en droit de fouiller dans les petites affaires de ses coéquipiers.

- Ok, on va dire que je comprends. Mais que tu le veuilles ou non, il va bien falloir s'adapter, tu ne crois pas ? On ne va pas se taper dessus juste à cause d'une nouvelle paire de mains supplémentaire.

Bien que Karuya se calma légèrement, son visage demeura toujours aussi fermé et contrarié.

- Tu sais que j'ai mes raisons. J'ai toujours de bonnes raisons.

- Certes, mais tu n'as pas toujours raison.

Si elle ne réussit pas à éteindre la flamme qui brulait en lui, elle parvint néanmoins à le faire sourire, même si ce sourire fut bref.

- Oui, mais ça ne changera rien. N'oublies pas ce qui est arrivé par la faute d'un novice.

Shinetsumi Nagara était appuyée contre un rocher assez résistant pour la protéger contre une éventuelle attaque ennemie. Sa tenue d'ANBU était maculée de boue, tout comme sa peau, ses bottes et même ses cheveux. Il faudrait qu'elle pense à se prendre un bon bain quand elle rentrerait avant qu'une autre mission ne lui retombe sur la tête, à elle et ses coéquipiers, elle puait la mort. Si elle ne pouvait pas discerner Kakashi, Karuya se trouvait juste à côté d'elle, en train de resserrer le bandage noyé de sang autours de son torse. Un peu plus en arrière se trouvait Aibo Michino, un nouveau et Korei, le frère de Karuya. Ses épaules tressautaient légèrement sous l'effet du froid qui devait être en train de lui dévorer la peau jusqu'aux os. La voix du capitaine Kakashi Hatake résonna dans l'oreillette de la radio.

- Tout va bien ici ?

- Rien à signaler, capitaine, parvint à articuler Nagara.

- Très bien. Comment vont les autres ?

De toute l'équipe, elle seule était en possession d'un récepteur et d'un émetteur radio, mis à part « Loup », c'est-à-dire Kakashi.

- Aibo et Korei sont ok. Karuya l'est moins, la première salve ne l'a pas épargnée.

Il y eut un grand silence, et la jeune femme en fut inquiète. Il était rare que Kakashi ne trouve pas de réponses dans l'immédiat et elle craignait qu'il soit maintenant à court de solutions. Ils étaient postés là depuis un peu plus de quatre jours à attendre le signal de Loup qui était posté à quelques mètres plus haut. Quand ce signal viendrait, ils pourraient attaquer le campement des mercenaires, mais pour l'instant il fallait agir le plus discrètement possible. Ce qui les maintenait à l'abri, c'était le fait que l'ennemi les pensait morts.

- Très bien Aigle, je te recontacte dès que possible. Loup terminé.

La communication fut subitement coupée et Karuya poussa un juron. Il pissait de plus en plus le sang, et la neige qui l'entourait commençait à se tacher de rouge. A cette allure, il n'en avait plus pour longtemps. Korei lançait des regards inquiets à son frère.

- Karuya !

Ce dernier ne répondit pas, la main toujours aussi crispée sur son bandage qui ne retenait à présent plus l'hémorragie. Elle n'en était pas certaine vu qu'il portait toujours son masque, mais il devait aussi baver tout son sang. Korei avait perdu son masque, et Nagara pouvait lire une expression paniquée sur son visage, d'ordinaire si calme et serein.

- Mais merde !

Défiant les ordres et la peur de se faire repérer, Korei rampa jusqu'à son frère et s'adossa à côté de lui, tentant de lui administrer les premiers soins.

- Cougar, bordel ! Tu vas nous faire repérer !

Tsu savait qu'elle se haïrait longtemps d'avoir prononcé ces mots-là si Karuya venait à y rester, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à la mission : s'ils se faisaient repérer, celle-ci serait foutue et Konoha serait dans une situation diplomatique très délicate avec son voisin Kusa. Korei enleva le masque de son frère, et apporta aux lèvres de Karuya une pilule du soldat qu'il mâcha avec difficulté.

- Le capitaine à trois heures ! souffla Aibo.

La jeune ANBU tourna les yeux vers la colline pour voir dévaler à pleine vitesse Kakashi, qui courrait trop rapidement et trop à découvert pour que ce soit une approche dite « furtive ». Il se positionna juste à côté de Tsu, qui lui lança un regard qui exprimait toute son inquiétude. Comme s'il avait compris ce qu'elle avait voulu dire, il posa une main gantée sur l'épaule nue de sa coéquipière en signe d'assentiment.

- Je sais, Tsu. Je m'occupe de ça.

Puis, d'une vitesse et d'une maîtrise hors-normes, il vint se placer juste à droite du blessé, guettant toujours la moindre trace d'activité ennemie.

- Il ne va pas s'en tirer s'il ne voit pas un médecin, Kakashi.

- Je sais, Korei.

- Laisse-moi l'emmener voir un toubib ou au moins lui administrer les premiers soins, à trois, vous arriverez.

- Négatif, la mission avant tout Cougar.

- Tu ne peux pas faire ça !

- Je suis désolé, je n'ai pas le choix.

- Putain, tu le sais bien non ? Karuya est le seul du groupe capable de produire des explosions en chaine et de faire péter ce maudit campement !

- On se débrouillera, je n'abandonnerais pas la mission.

Shinetsume perçut quelque chose d'anormal dans la voix de Kakashi : celle-ci tremblait imperceptiblement. Elle savait qu'il n'abandonnerait pas la mission, mais elle était consciente aussi que Kakashi détestait à avoir à faire ce type de choix. Kakashi était quelqu'un de bien, et c'est pour cela qu'elle aurait tout fait pour le décharger de ce poids.

- Il a raison, capitaine, se manifesta Aibo. Les autres équipes ont disparu et on aura plus leur appui. C'est fichu.

La main de Kakashi qui était agrippé à la surface rocailleuse du rocher, se crispa. Il n'avait jamais aimé ce genre de remarque. De plus, Aibo commençait à devenir irritant à force de faire valoir son pessimisme.

- Soyez-réalistes, à cette allure là, il va forcément crever, comme nous tous d'ailleurs. Vous ne voyez pas qu'on nous envoie nous faire tuer ?

- Ferme la, Corbeau. On a d'autres préoccupations que ton joli p'tit cul à sauver de ce merdier, lâcha Aigle d'un ton acide qui ne lui correspondait pas.

- Ouais, sauf que je n'ai pas signé pour qu'on me gaspille m…

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Kakashi s'était déjà levé, bravant sa propre interdiction, et l'avait empoigné par le col.

- Écoutes-moi bien, cracha-t-il, tu as deux options. Soit tu fais en sorte à gaspiller ta vie pour la cause du village, soit je ferais en sorte à ce que ta vie soit gaspillée en pâtée pour chiens, vu ?

Aibo déglutit sous le poids du regard glacial que lui imposait ce face-à-face avec son capitaine. Shimetsu resta bouche-bée tout comme Korei. Aucun d'entre eux n'avaient encore vu Kakashi se mettre dans un tel état, ni parler à un de ses subalternes de cette façon. D'habitude, il réglait ses différents de manière calme mais ferme, et non de cette colère froide. Aibo était un couard qui ne pensait qu'à ses fesses. Il pensait aussi qu'amasser la gloire serait sans danger, ni peine. Tsu se demandait comment une telle organisation comme l'ANBU avait pu laisser Aibo dans ses rangs. Lorsque Kakashi lâcha « Corbeau », ce dernier se massa vigoureusement la gorge, comme si son capitaine avait tenté de l'étrangler, ce qui aurait déjà été fait si Kakashi avait été vraiment mis en colère. Loup enleva son masque pour essuyer la sueur qui perlait sur son front, et regarda Karuya qui luttait toujours contre la douleur.

- Korei, Aibo (il avait apparemment repris son sang-froid), vous emmenez Karuya loin d'ici et vous lui administrez les premiers soins.

Korei détourna la tête de son frère. Il se releva, et s'inclina légèrement devant son capitaine en signe de profond respect.

- Merci, Kakashi.

Puis il passa le bras de Karuya derrière son coup et le souleva. Aibo disparut avec eux dans la toundra. Le capitaine remit son masque d'aplomb et réajusta l'étui de son ninjato accroché dans son dos. Nagara lui fit un signe affirmatif de la tête pour lui faire comprendre qu'elle avait compris ce qu'il comptait faire : ils allaient tenter leur chance à deux, ils pouvaient le faire. Ensemble, rien ne pourrait les arrêter.


Haletants, ils gravirent rapidement la pente, évitant miraculeusement les kunai qui fusaient dans toutes les directions. C'était une chance qu'ils étaient toujours en vie. Nagara regarda Kakashi qui parait les salves de kunai à l'aide de son sabre. Il était derrière elle, il la couvrait. Le campement était loin derrière eux, mais pas assez pour empêcher les mercenaires de les poursuivre. Ils avaient réussit à infiltrer le camp et à y placer les parchemins explosifs, mais quelqu'un avait très vite donné l'alerte. Korei, Karuya et Aibo se seraient-ils fait prendre ? Un kunai érafla son biceps droit. Le sang gicla sur la neige qui s'étalait sous les pieds de la jeune femme. Elle serra les dents pour retenir un gémissement de douleur. Il fallait qu'elle fasse sauter ces fichus parchemins ! Kakashi ne la couvrirait pas éternellement. C'est une fois en haut de la colline qui avait servit de perchoir à Kakashi quelques heures auparavant, qu'elle composa les signes et pria pour qu'on n'eut pas désactivé les parchemins entre temps. Un bruit sourd et strident soulagea ses inquiétudes, signe qu'ils avaient tous deux fait du bon boulot. Kakashi la rejoignit après avoir fait le nécessaire pour que personne ne les suive. Il s'installa à côté d'elle et enleva son masque de loup qui était à présent imbibé de sang, reprenant progressivement son souffle.

- C'était moins une, constata Shinetsumi d'une voix saccadée par une respiration trop irrégulière.

- Tu as raison.

Elle vit avec étonnement que son capitaine n'était pas satisfait. Non, il était même contrarié.

- Kakashi ?

- Quelque chose ne va pas.

La kunoichi haussa les sourcils, incertaine de comprendre son chef de section.

- Je te demande pardon ? demanda-t-elle.

Ils n'auraient pas dû nous repérer. Pas de cette manière là.

- N'en sois pas aussi sûr, nous n'avons pas été irréprochable dans cette opération. Et puis, ils devaient bien se douter que nous étions toujours vivants, non ?

- Je ne parle pas de ça, lâcha-t-il. Il y a autre chose. L'alerte n'est pas venue de l'intérieur du camp.

Elle ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Kakashi n'avait pas tord, on était déjà en train de les rechercher avant même qu'ils n'aient franchis pour la première fois les limites du campement.

- J'ai vérifié, et personne ne nous a repéré en dehors de tout ça, continua-t-il sur un ton formel. Le problème ne vient pas de nous, Shinetsumi.

Ses yeux rencontrèrent les siens, et la jeune femme put y lire l'appréhension et l'assurance des hypothèses qu'il avait énoncées. Korei et les autres étaient en danger. Il leur était arrivé quelque chose. C'est d'un même mouvement qu'ils se levèrent et s'enfoncèrent dans la toundra. Ils sautèrent d'arbres en arbres et Kakashi trouva rapidement la piste des ANBU. Loup était un ninja doué pour la filature et savait très bien repérer des traces de pas et les identifier. Il savait aussi les faire disparaître si besoin. C'est après quelques minutes qui leur parurent des heures qu'ils purent enfin s'arrêter. Et c'est là, qu'ils virent ce qu'ils n'auraient pas voulu voir. Si Shinetsume avait pu fermer les yeux sur ça, elle l'aurait fait. Mais sa raison l'en a tout simplement empêché, et lui a rappelé bien des choses désagréables. Elle aurait tout donné pour être morte à cet instant-là. Karuya était étendu au sol, inconscient, baignant dans une marre de sang. Korei était un peu plus loin, étendu contre un arbre. Kakashi parut hésiter, perdu, avant de se précipiter vers Karuya. Tsu s'occupa de Korei. Il n'y avait aucune trace d'Aibo, mis à part les traces de lutte évidente qui avait amoché une bonne partie des arbres de la zone. Le torse de Korei était parsemé de brulures, et de sang séché. Des traces de kunai semblaient avoir sectionné sa gorge et entaillé ses veines. La kunoichi posa son index et son majeur sur son pou. Il n'y avait rien, plus aucune trace de vie. Juste ce froid qui lui disait à quel point la vie était mal fichue.

Merde !

Du sang avait coulé de sa bouche entrouverte, et séché ses commissures. Cougar ne ferait plus de mauvaises blagues à Aigle, ne commenterait plus avec légèreté et détachement les ordres de Loup, ne sourirait plus de la manière si complice qui lui était propre, ne parlerait plus jamais à son frère. Korei était mort.

Shinetsumi se souvenait très bien de ce jour de malheur, celui qui avait rendu Karuya aussi méfiant des nouvelles recrues. Ce dernier l'observait de ce regard qui vous disait que vous avez eu tout faux, ce regard qui vous accusait d'avoir déjà tout oublié.

Lorsque les forces ennemies nous ont encerclés, reprit Karuya dont le visage et la voix s'étaient durcis même si son ton était contrôlé, ils nous ont proposé un marché : trahir nos coéquipiers ou mourir. Korei n'a rien dit, même si ces connards l'ont forcé à avouer. Il ne vous a jamais vendu, Kakashi et toi. Aibo n'a pas hésité un seul instant à déshonorer son propre capitaine et sa coéquipière ! Et ces salauds l'ont laissé filer avant d'achever Korei. J'ai eu certes beaucoup de chance ce jour-là. Néanmoins la douleur est toujours là. Je ne compte pas que tout ceci recommence un jour, c'est pour ça que je vais garder le gamin à l'œil. Et s'il fait ses preuves, peut-être qu'un jour je lui accorderai ma confiance, mais pas avant. Je ne veux pas commettre les mêmes erreurs, et tu devrais faire la même chose !

La jeune femme lâcha un soupir tout en continuant de soutenir le regard de son ami.

- Je comprends ta réaction, mais ne mets pas tout le monde dans le même sac. Tout le monde n'est pas Aibo, Karuya. Lui, était juste un sale couard qui ne pensait qu'à ses fesses. Peut-être que Joshi n'est pas comme ça, mais pour l'instant nous devons rester concentrés sur notre boulot. C'est l'essentiel, non ?

La mâchoire de Karuya sembla se décontracter légèrement pour lui permettre d'esquisser un sourire.

- Tu as raison, on verra bien. Néanmoins ton discours n'affecte pas mon jugement. C'est l'un de mes défauts et je l'assume.

Ce pourquoi Shinetsumi appréciait tant Karuya, c'était bien sa franchise envers lui-même. Il savait très bien vanter ses mérites et dénigrer ses défauts. Il savait qu'il n'était pas parfait, mais cela ne l'empêchait pas pour autant d'être sûr de lui.