Bonjour!
Ceci est ma première «fanfiction». Je lis depuis plusieurs mois des histoires de Twilight (plusieurs!). Je me suis dit que je pourrais bien essayer à mon tour, dans ma langue, le français que j'aime de tout mon coeur. Bella peut bien tomber amoureuse d'Edward et de mon coin de pays en même temps!
Tous les personnages sont reliés avec la série Twilight de Stephenie Meyer mais sont tous humains.
Le vent est frais. Cette fraîcheur qui nous rappelle les dernières journées d'été. De son souffle, la brise me caresse le visage et balaye, de même que les feuilles encores vertes des ormes longeant le chemin menant au St-Ciméon, la masse brune ornant mon visage. Un visage d'une couleur claire, trop claire pour une américaine du sud ayant cotoyé la majorité de sa vie la sécheresse et les cactées des régions désertiques. Je viens de Pheonix dans le sud-ouest des États-Unis. Je vis maintenant depuis un an au Canada «oriental», dans une petite ville du Québec nommée St-Justin, tout près de Trois-Rivières. Oriental n'est l'épithète que pour l'ouest, car de culturel, il n'y a rien d'oriental. Je vis dans un petit coin de pays qui nous rappelle la campagne européenne où on y parle français, comme dans toutes les régions de cette belle province. Les bordures des fenêtres sont colorées de fleurs en abondance. Les enfants dans les parcs s'amusent encore en sachant très bien que les jours de liberté sont comptés. Les gens commencent à afficher un regard désolé d'un été qui finit.
J'aime le mois d'août. Ça me rappelle les premiers jours de mon arrivée chez Charlie. Bien que je laissais derrière moi la personne que j'aimais le plus au monde, ma mère, la chaleur et mes points de repères, je savais que je partais à la découverte d'un nouveau monde. Charlie en premier. Charlie est mon père. Je ne le voyais que deux semaines l'an depuis le divorce de mes parents, soit depuis mes 2 ans. Ma mère et Charlie sont deux mondes. Mariée trop jeune, elle n'a pu se faire à une vie rangée, encabanée pendant les mois d'hiver. Après ma naissance, elle a donc tout quitté, m'emportant avec elle, laissant un homme au coeur brisé, toujours aussi épris d'elle après toutes ces années. Renée ne pouvait se résoudre à me laisser partir au Canada pendant les vacances d'été, trop loin de sa nouvelle contrée, le Texas. La Floride devint un compromis. Le compromis était par contre de trop courte durée pour apprendre à connaître mon géniteur.
Charlie était donc un homme que j'appelais papa sans nécessairement comprendre le rôle qu'il avait dans la scène de ma vie. Mais je l'aimais et m'ennuyais l'année durant où seuls les lettres et appels téléphoniques me rappelaient que j'étais une réelle Swan. Charlie m'avait assurément transmis ses gènes. Bien que peu bavard, il aimait me raconter ses soirées d'hiver au coin du feu, me décrivant ses dernières découvertes littéraires, café en main, musique classique en trame de fond. J'aimais m'imaginer regarder par la fenêtre et voir un paysage tout blanc de neige, où la chaleur de l'intérieur serait un total contraste avec la froidure du dehors. Je partage avec Charlie la passion des livres. Les classiques étant nos préférés. De ma mère, je n'ai que le gabarit. Renée est adolescente dans sa tête et carrément éclatée dans sa vie. Je me devais d'être l'adulte de la maison, lui rappelant de payer ses comptes à chaque mois. Bien qu'elle ne vive pas complètement dans la réalité, ma mère a ce don de rendre la vie plus brillante qu'elle ne l'ait. Elle a ce petit plus qui fait que l'on veut se coller à ses souliers. J'adore ma mère. Je m'ennuie d'elle.
Mais ne connaissant presque pas mon père et mes origines québécoises, j'ai toujours eu un vide. Comme un trou noir dans ma tête. Alors, quand ma mère s'est remariée avec Phil, un joueur de baseball de moyenne catégorie, j'ai immédiatement pensé à changer d'air. Phil devait voyager constamment et je voyais Renée rongée par l'ennuie de laisser son homme sur les routes ensoleillées de la Floride pour rester avec moi. La solution? Partir à la découverte de mes origines, déménager mes pénates au Québec. J'avais 18 ans, je venais de terminer le «high school», prête à commencer le collège. C'était le moment ideal pour venir vivre avec Charlie.
Première découverte, la barrière de la langue. Depuis ma tendre enfance, mon père m'a toujours parlé et écrit en français. Bien que je ne la maîtrisais pas totalement, cette langue m'a toujours semblée intensément poétique et romantique. Je rêvais de devenir écrivaine, où mes livres cotoyant Brontë et Maupassant pourraient se lire aussi bien dans une langue ou une autre. Il me tardait d'apprendre la langue de Molière pour mettre sous ma plume des mots tels qu'amour, romance, beauté et bien sûr, larmes. Comment ne pas aimer les larmes lorsque l'on sait qu'elles seront suivies par un bonheur surpassant toute imagination? N'est-ce pas l'apanage de toutes les grandes histoires d'amour? Enfin… on ne vit pas que dans les bouquins. Ma vie de tous les jours, dans un français balbutié, m'a donné quelques mots de tête, des soupirs d'exaspération, parfois même des regards haineux mais surtout plusieurs situations cocasses. Comme si je n'attirais pas assez l'attention comme ça. Les deux pieds dans la même bottine. Ceci est la première expression québécoise que j'ai apprise. Je suis vraiment maladroite. Je suis une abonnée des urgences et je déteste ça. L'odeur du sang me donne le «tournis» (autre expression que j'ai apprise rapidement, à mes dépends).
Ma deuxième découverte, le froid. La très grand froidure des mois d'hiver. Le silence, la blancheur et la solitude de cette longue saison. Je n'ai connu qu'un hiver mais j'attend avec impatience cette période étrange de l'année. On se cache derrière des foulards et des chapeaux, sans rien laisser paraître de notre superficialité. En hiver, nous sommes plus vrais. Et j'aime la vérité, même au détriment de la paix. Je m'assume, j'aime l'hiver.
Mais l'hiver n'étant pas encore arrivée, je me déplace en ce beau mercredi en robe de cotton sans manche, cheveux au vent vers St-Ciméon, une résidence publique de soins de longue durée. J'y viens à toutes les semaines pour visiter certains résidents auxquels je suis très attachée. J'y ai fait un stage l'an dernier pour mon cour de français. Je venais faire la lecture à mesdames Bertrand, Simard, Cournoyer et monsieur Tremblay. Ils avaient la patience de reprendre mes fautes de prononciation avec, la plupart du temps une touche de moquerie. Ils sont devenus une deuxième famille pour moi. Ils ne parlent pas un mot d'anglais comme à peu près l'ensemble de la population de ma région. On fait donc la conversation en français. En un an, je peux affirmer que je suis devenue «pretty good in French my dear!».
