Chapitre 1

J'entendis des voix assez lointaines alors que j'ouvrais les yeux sur une lune assez basse dans le ciel, m'indiquant que le soleil venait de se coucher et je les refermais. Je sentis mon lit (qui soit dit en passant n'était vraiment pas confortable) monter et descendre, comme si je flottait sur l'eau. J'ouvris mes yeux instantanément, ne me rappelant pas avoir dormi à la belle étoile dernièrement. J'essayais de me relever, mais je tombai à l'eau, celle-ci glaciale alors que je m'attendais à un plancher de bois. Complètement perdue, j'essayai de remonter sur la grosse planche de bois, qui m'avait servi jusque là à ne pas me noyer, alors que j'étais inconsciente. À genou sur ma planche, je me retournai pour faire face à un immense mur noir. Je regardai le haut du mur et remarqua que c'était un bateau. Son nom, «Karaboudjan», inscrit en blanc me rappelait vaguement quelque chose.

Soudain, une vive lumière, contrastant avec la noirceur m'éclaira brièvement et revint m'aveugler, avant que je comprenne que c'était ma seule chance si je ne voulais pas passer la nuit sur ce bout de bois. Je commençai donc à appeler de l'aide, en criant le plus fort possible. Finalement, une corde arriva jusqu'à ma taille. Je fis un nœud, comme j'avais appris dans ce que je pensais être les cadets* et mis mon pied droit dans le trou que j'avais fais avec le nœud. Mettant mon sac de cuir sur mon épaule droite pour que le sac soit à ma gauche, j'essayai de monter le plus rapidement, car visiblement, les gens sur le bateau ne m'aideraient pas.

Avec le plus de force et de détermination qu'une fille de 18 ans pouvait avoir, je réussis à monter jusqu'au pont, où un petit groupe d'homme s'était assemblé pour voir ce que ce passait. Lorsque je fus finalement debout, beaucoup d'hommes me regardèrent bizarrement. Je n'y fis pas vraiment attention, car ce ne doit pas être à tous les jours qu'ils doivent voir une adolescente, seul sur un bout de bois, dérivant sur le fleuve. Mais, en fait, étais-je sur le fleuve?

Tout semblait si calme, et un navire de cette taille ne pourrait jamais entrer dans le port de Québec*. En plus, il n'y avait pas de pollution lumineuse, alors toujours visible de chez moi et de très loin. Serais-je ailleurs, loin de chez moi? Cette idée me donna un frisson, alors que je n'avais jamais été seule dans un endroit inconnu, en plus que je ne savais pas où j'étais.

Je commençai à paniquer lorsqu'un grand homme avec un long manteau rouge et une canne se plaça devant moi. Je reculais instinctivement mais il me prit le bras, assez fort pour que je ne m'échappe pas.

J'eu immédiatement peur, mais l'homme me tenant le bras souriait triomphalement, comme s'il venait d'attraper un poisson qu'il avait attendu toute la journée. Son visage ne me disait pas confiance, mais comme il m'avait sauvé, je pris la parole.

-Je vous remercie sincèrement monsieur de m'avoir sortit de ce pétrin. J'avoue que je ne sais pas vraiment comment vous remercier, mais je trouverai bien. Je lui souris timidement.

-Oh, ce n'est rien. Mais que fais une jeune demoiselle sur un radeau, en pleine mer Méditerranée?

-QUOI? M'étranglais-je

-Mmm, je vois que vous avez l'air un peu perdue mademoiselle.

-Mais.. je ne viens pas d'Europe moi! Auriez-vous un téléphone pour que je puisse rassurer mes parents?

-Vous devrez attendre d'être rendue à destination, soit le port de Baggar, au Maroc pour pouvoir utiliser un téléphone. Mais si vous savez comment fonctionne une salle radio vous pourrez aussi l'utiliser demain.

-Mais voyons! On n'est pas au vingtième siècle! Vous devez au moins avoir du wifi ou quelque chose du genre? Je ne savais pas s'il me blaguait, mais il n'en avait pas l'air. Il dit soudainement d'une voix menaçante;

-Regardez, je vous ai sauvé la vie, ne m'en demandez pas plus. Je pourrais bien vous prendre pour la complice d'un espion qui est entré sur mon bateau, mais vous avez l'air tellement perdue et innocente que je vais enlever les accusations faites contre vous.

-Euuu.. D'accord, je m'excuse vraiment de vous avoir fâché, mais je ne comprends vraiment pas ce qu'il m'arrive. La dernière fois que j'étais réveillée, j'étais à l'école, au Canada et en me réveillant, je suis sur une planche de bois, flottant sur la mer Méditerranée. Trouvez-vous que c'est normal?

-Nous pourrons en reparler plus tard, car j'ai d'autres chats à foutter. Maintenant, si vous ne voulez pas dormir avec l'équipage, veuillez me suivre pour avoir votre cabine.

Marleen trouva étrange le changement d'humeur soudain de l'homme. Elle voulu en savoir plus sur cet espion mais elle avait peur de se faire prendre pour une complice. L'adolescente décida donc de se taire sur ce sujet.

-Alors, comment vous appelez-vous?

-Appelez- moi Mr Sakharine. Et pourrais-je savoir le prénom de notre curieuse passagère? Ce nom dit encore vaguement quelque chose à Marleen, sans qu'elle puisse mettre la main dessus.

-Ah oui, c'est Marleen. Marleen MacKinley.

Lors de leur trajet vers la cabine, Marleen fût bombardée de sifflements à chaque groupe qu'ils passaient. Elle fût assez surprise, et s'en confia à Sakharine.

-Vous savez, ce n'est pas très habituel de voir une femme porter un pantalon. De plus, celles qui en porte sont soit trop pauvres, soit en pleine aventure. Et vous ne m'avez pas l'air bien pauvre.

Nous arrivions à la fameuse cabine et je posais la question qui me brûlait les lèvres.

-Monsieur Sakharine, juste comme ça, en quelle année somme nous? Il me regarda étonné mais me répondit.

-En 1942. Et il referma la porte à mon nez.

Cadets: C'est un peu comme l'avant armée, jusqu'à 16-17 ans.

Québec: Capitale de la province de Québec, seule province française au Canada, dont le français commence à s'effacer):