Le passé recomposé

Aurélia

LE PASSÉ RECOMPOSÉ

Saison : Début saison 8.

Episode : aucun en particulier

Disclaimer : pas à moi pas de sous, le fun uniquement.

Genre : aventure, romance

Classification : accord parental souhaitable

Résumé : Jack perd la mémoire et Sam enquête sur son passé pour l'aider à retrouver ses souvenirs.

1ère partie

Il ouvrit un œil et le referma aussitôt. La lumière était éblouissante. Une douleur lancinante lui martelait le crâne et l'empêchait de penser.

Il se hasarda à soulever une paupière et vit près de sa tête un objet en bois, qu'il reconnut comme un pied de table. Sa vision était brouillée et quand il voulut s'asseoir tout se mit à tourner.

Il se rallongea avec un soupir en attendant que le plafond et les murs arrêtent leur danse folle autour de lui. Puis, sa vision s'éclaircit et il vit qu'il était allongé sur un sol dur, un parquet car il pouvait sentir l'odeur du bois.

Quand enfin il put s'asseoir il se rendit compte qu'il était dans une pièce qui ne ressemblait en rien à une chambre à coucher. C'était plutôt un salon, avec des fauteuils et une table basse. Il ne reconnaissait pas les lieux, il ne comprenait pas pourquoi il était là, avait-il trop bu ? Sans doute, vus les cadavres de bières sur la table basse et une bouteille d'alcool tombée sur le sol. Mais qu'est ce qu'il lui avait pris de boire autant ? Pourquoi n'était –il pas chez lui ? Mais au fait c'était où chez lui ? Là ou ailleurs aucune importance. Son mal de tête était violent et lui brouillait les idées.

Il décida de faire le tour de la maison, il devait forcément y avoir un lit quelque part, un endroit pour enfouir … enfouir quoi ? Il ne le savait pas, mais il ne savait qu'une chose, c'est qu'il se sentait vraiment mal. Mal au cœur, mal au dos, aux genoux, au crâne. Mais quand est ce que cette douleur allait s'arrêter ? En titubant il arriva jusqu'à la salle de bain et il ne reconnut pas le visage qui lui faisait face devant la glace. Un visage qui lui fit peur ! Des cheveux ébouriffés, un menton mal rasé, les yeux rouges et profondément cernés, les traits durcis, et puis ce sang, sur sa tête. Avait-il été blessé ? Il eut de nouveau un vertige et avança en titubant dans le couloir, il ouvrit une porte et vit le lit, il tomba dessus plus que ne s'y couchât, et sombra aussitôt dans une torpeur proche du coma.

Dans la salle de briefing SG1 attendait patiemment le général O'Neill. Oh il n'avait qu'un petit quart d'heure de retard ! La ponctualité n'avait jamais été son fort, il se faisait même un point d'honneur à arriver après tout le monde , cela faisait partie du personnage qu'il voulait bien montrer aux autres. C'était de la même nature que de faire l'idiot quand on lui parlait de choses scientifiques. Mais depuis qu'il dirigeait le SGC il faisait un peu plus attention, poste de responsabilités oblige ! Il était rarement en retard, et quand cela lui arrivait c'était toujours justifié, une urgence de dernière minute ou un coup de fil. Ce n'était pas volontaire.

-Quelqu'un a vu Jack ce matin ? demanda Daniel.

-Non, je ne l'ai pas vu répondit Sam, nous avions bien un briefing de prév 30, c'est étrange en effet.

Elle se leva et descendit à la salle de contrôle où Walter Harriman venait d'arriver.

-Sergent, vous n'avez pas vu le général O'Neill ce matin ?

-Non, mon colonel, hier soir il est rentré chez lui, assez tard d'ailleurs. Effectivement, il devrait être là ajouta t-il en regardant sa montre.

-Je vais l'appeler dit Sam, en remontant les marches métalliques.

-Alors ? demanda Daniel.

-Il est chez lui, d'après Harriman.

Elle composa le numéro du général, la sonnerie résonna longuement, rien, il ne semblait pas être là.

-Il est peut être sorti, dit-elle, je vais essayer son portable.

-A la quatrième sonnerie, on décrocha :

Grognement.

-Mon général, c'est Carter…

Silence

- Mon général ? redit-elle.

Autre grognement.

-pas… de général ici… et la communication fut coupée.

Sam resta un moment stupéfaite, me suis-je trompée de numéro ? dit-elle à mi voix.

-Qu'est ce qui se passe Sam ?

-Je n'en sais rien du tout. J'ai l'impression d'avoir fait un faux numéro et pourtant j'ai bien l'impression que c'est lui qui m'a répondu.

-Qu'est ce qu'il a dit ?

-Qu'il n'y avait pas de général.

-Quoi ? fit Daniel interloqué.

-Vous devriez recommencer dit Teal'c calmement.

Sam rappela, mais cette fois-ci personne ne décrocha.

-Qu'est-ce qu'on fait ? dit Daniel.

-Il faut aller chez lui, j'ai un mauvais pressentiment.

-Naturellement dès qu'il s'agit de Jack ! Dit Daniel. Excusez moi Sam, recula t-il devant le regard noir de la jeune femme.

Daniel, je n'aime pas ces sous entendus. Le général O'Neill est un ami pour moi, rien de plus dit-elle avec un soupçon d'agacement dans la voix.

Devant l'air septique de Daniel, elle ajouta plus doucement:

-Je m'inquiète pour le général, c'est normal non, vous aussi vous êtes inquiet ?

Daniel se contenta de hocher la tête en silence, il savait très bien que cette discussion ne mènerait jamais à rien.

-Moi également colonel Carter dit Teal'c.

-Merci. Allons-y.

Une demi heure plus tard, ils sonnaient à la porte de chez Jack. La voiture du général était devant le garage. Il sonnèrent. Le silence leur répondit.

Daniel posa la main sur la poignée et ouvrit facilement la porte.

-Jack ne ferme jamais ses portes à clé ! C'est pas sérieux, dit-il en pénétrant dans la maison. Une forte odeur d'alcool les assaillit dès le couloir. Sam courut jusqu'au séjour, le spectacle était désolant, des bouteilles de bière vides et une autre de whiskie qui se répandait sur le sol. L'odeur venait de là. Aucune trace de repas, la cuisine était en ordre.

-Mais qu'est ce qui lui prend de boire autant ! dit Daniel en colère.

Dans la chambre Sam avait trouvé Jack étendu à plat ventre sur le lit. Il était tout habillé, n'avait même pas enlevé ses chaussures. Il gisait en travers du couvre pied, les bras en croix, immobile.

Oh mon dieu ! pensa t-elle, qu'est ce qui s'est passé ici ? La chambre ressemblait à un vrai champ de bataille, les tiroirs étaient ouverts , des vêtements éparpillés sur le sol. Des livres traînaient un peu partout et des papiers et des revues s'entassaient sur des chaises. On aurait dit qu'un cataclysme s'était abattu dans la pièce.

-Daniel, Teal'c appela t-elle.

Tout de suite elle avait vu le sang, sur l'arrière du crâne. Il avait dû tomber et s'était ouvert le cuir chevelu.

-J'appelle la base immédiatement, dit Daniel.

Sam avait posé ses doigts sur le cou de Jack

-Son pouls est faible mais il respire normalement. Vous croyiez qu'il s'est fait cette blessure en tombant ? dit-elle en regardant ses amis.

-C'est possible dit Teal'c, s'il était ivre, il a pu perdre l'équilibre.

-Jamais je n'ai vu Jack ivre au point de tomber, ce n'est pas normal dit Daniel. Il s'est passé quelque chose ici.

-Je suis d'accord avec vous dit Sam. Elle s'était assise près de Jack et écoutait la respiration laborieuse de celui-ci. Elle lui prit la main, elle était chaude mais inerte. Le cœur de la jeune femme se serra. Tout ce qui atteignait Jack, l'atteignait elle aussi profondément. Beaucoup trop pour sa tranquillité d'esprit.

Le retour se fit en silence. Ils suivirent l'ambulance dans les rues de Colorado Springs, et atteignirent bientôt la base.

Dans la petite salle attenante à l'infirmerie, SG1 attendit une heure.

-C'est long dit Sam, beaucoup trop long. Je vais voir.

-Je vous accompagne dit Daniel.

-Non, restez, je préfère y aller seule. Le docteur Bright ne pourra pas me virer de l'infirmerie vu mon grade, dit-elle légèrement.

Elle faillit se buter dans le médecin qui venait les voir.

-Qu'est ce qui s'est passé hier soir, qu'a fait le général, vous êtes au courant ?

-D'après Harriman, le général a quitté la base assez tard hier, vers 22 heures je crois dit Daniel. Il ne paraissait pas malade, seulement fatigué. C'est tout docteur, nous n'en savons pas plus. Quand nous sommes allés chez lui, il y avait de nombreuses bouteilles vides sur le sol, on a conclu qu'il avait trop bu.

Le docteur Bright parut surprise.

-Il avait bu ?

En tout cas il n'a pas une trace d'alcool dans le sang, pensa t-elle C'est étrange !

-Il est réveillé ? On peut le voir ? demanda Sam.

-Il vient de reprendre connaissance, mais je préférerais que vous attendiez pour le voir.

-Pourquoi ?

-Il a besoin de se reposer.

Le docteur avait l'air gêné et Sam s'en rendit compte tout de suite.

-Vous nous cachez quelque chose docteur ?

-Non, dit-elle en hésitant un peu. Mais je ne peux pas parler de la santé du général, le secret médical, vous comprenez.

-Non, dit Daniel, on ne comprend pas, le général est notre ami et on s'inquiète pour lui.

-Je suis désolée, seul le général pourrait me délier du secret médical, le concernant.

Et elle sortit avant que SG1 ait eu le temps d'ajouter quelque chose.

Ils se regardèrent tous les trois en pensant la même chose. Janet les aurait laissés entrer.

Le docteur Bright fit venir le docteur Mac Kenzie au chevet de Jack. Elle se sentait un peu dépassée et avait besoin d'aide.

Le général était allongé dans son lit, un pansement sur sa blessure. Il était pâle et se reposait les yeux ouverts en fixant le plafond. Il ne parlait pas et c'est cela qui avait mis la puce à l'oreille du médecin. Lui qui râlait tout le temps à l'infirmerie ne disait rien, il se laissait faire passivement, ne répondant d'ailleurs à aucune question et fuyant le regard des autres.

Il se sentait très mal, entouré de gens qu'il ne connaissait pas et qui eux avaient l'air de bien le connaître. Il était dans une pièce toute grise qui ne ressemblait pas à une chambre hôpital, car il n'y avait pas de fenêtre. Il gardait le silence dans le vain espoir qu'on le laisse s'en aller. Quand il voulut se lever une infirmière aussitôt l'en empêcha.

-Mon général, il ne faut pas bouger. Recouchez vous dit-elle en l'aidant à se rallonger.

« mon général » pourquoi l'appelait-on comme ça ? Il n'était pas militaire, il était …. Il ne savait plus. Avec terreur il s'aperçut qu'il ne savait rien de lui, même pas son nom ! Il n' était personne.

Horrible angoisse. Le vide.

Le docteur Mac Kenzie diagnostiqua une amnésie due sans doute à un traumatisme crânien. La blessure à la tête n'était pas due à une chute, comme on l'avait supposé dans un premier temps mais à un violent coup qui avait causé une légère fracture. Le général avait la tête dure, il aurait pu mourir dans cette agression.

Le docteur Mac Kenzie fit appeler le colonel Carter pour lui faire part de l'incapacité du général O'Neill à tenir son poste.

Elle en fut atterrée.

-le général est amnésique, mais c'est passager docteur ? Il va vite retrouver la mémoire ! n'est ce pas ?

-Je ne peux faire aucun pronostic pour l'instant dit le psychiatre. Il faut au général beaucoup de repos dans un endroit calme et familier où il puisse tranquillement se reconstruire. Cela peut demander quelques jours, comme quelques années, ou même jamais.

Sam pâlit brusquement

-C'est possible ça ? dit-elle d'une petite voix.

-C'est rare, mais cela peut arriver. Il faut s'attendre à tout. le général a besoin qu'on s'occupe de lui constamment pour stimuler sa mémoire.

-Que proposez-vous docteur ?

-Ce n'est pas à moi de prendre des décisions mais à la famille du général.

-Il est seul, l'armée est sa seule famille dit-elle.

-Il n'a pas une épouse ?

-Si, mais ils sont divorcés et je sais que Sarah a quitté Colorado Springs et qu'elle habite New York.

-Pour le moment il peut rester à l'infirmerie, ajouta le médecin.

-On peut le voir ?

-Oui, mais attendez vous à un choc, il est très différent et ne reconnaît personne. Il ne faut pas le fatiguer. Juste quelques minutes.

Après avoir expliqué la situation à Daniel et à Teal'c ils entrèrent dans la chambre de jack , le cœur battant sourdement et la peur au ventre. Comment allaient –il trouver leur ami ?

Sam s'arrêta sur le seuil de la porte. Il avait l'air normal, il parlait avec l'infirmière qui venait de lui apporter son repas. Elle l'aidait à s'asseoir dans le lit pour l'installer confortablement. C'est alors qu'elle vit SG1 sur le pas de la porte.

-Mon général vous avez de la visite, dit-elle à son malade.

Il leva les yeux vers ses amis. Il savait qu'il devait les connaître, mais leur visage ne lui disait rien. Une belle jeune femme au regard bleu inquiet s'approcha timidement de lui. Il plongea dans son regard avec surprise, c'était exactement ce même regard qui hantait ses nuits.

Elle lui sourit

-Comment allez-vous mon général ?

-Bien dit-il, à part ce mal au crâne !

-Salut Jack ! dit le jeune homme aux lunettes.

Enfin un, qui ne l'appelait pas « mon général » Il avait dit « Jack » ? je m'appelle donc Jack.

L'autre homme un grand balaize avec un curieux symbole sur le front, se pencha et dit simplement.

-Bonjour O'Neill.

Maintenant il savait son prénom et son nom. Le docteur n'avait rien voulu lui dire ce matin. Il n'avait pas insisté et pensait qu'il serait simple de tromper ce médecin. Lui faire croire qu'il se rappelait ce qu'il glanait à droite et à gauche depuis qu'il était là. Les personnes ne faisaient pas attention et parlaient devant lui. Il fermait aussi souvent les yeux pour avoir la paix et se contentait d'écouter. Il avait appris ainsi qu'il était militaire et le chef de cette base. Il n'avait pas trop compris ce qu'on y faisait dans cette base. Ce serait pour plus tard.

Jack avait de nouveau fermé les yeux, il ne voulait pas sentir sur lui le regard inquiet de ses visiteurs. Il pensait qu'il était très proche de ces personnes et qu'elles s'inquiétaient pour lui, mais c'était pour l'instant trop dur à supporter. Il naviguait dans un brouillard épais, et dès qu'il cherchait à se rappeler il se heurtait à un mur invisible, à quelque chose de fuyant et d'impalpable, qui lui donnait de violents maux de tête.

L'infirmière n'était pas loin, elle pria les visiteurs de laisser reposer le général.

-Vous devez le laisser maintenant, il a besoin de dormir.

Sam était restée près de lui.

-Je voudrais rester un moment s'il vous plait.

L'infirmière acquiesça :

-Alors juste une minute.

Elle s'assit sur le bord du lit et le contempla en silence. Il la regarda. La présence de la jeune femme blonde lui faisait du bien. Qui était –elle ? Il ne savait que son nom : Carter, mais il pressentait qu'elle était importante à ses yeux.

-Mon général, murmura t-elle, je vous promets de trouver la personne qui vous a fait ça. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais je trouverais.

-Merci Carter dit-il en se rendormant.

Elle passa une main dans ses cheveux, geste très familier qu'elle ne se serait jamais permis avant, en aucune circonstance. Mais là elle sentait qu'il avait besoin d'elle, même s'il ne le savait pas encore.

Sam se rendit dans le bureau du général. Elle devait téléphoner à l'Etat Major pour avertir de l'indisponibilité de son chef. Elle fut surprise de la réponse qu'elle obtint, elle devenait responsable de la base jusqu'à l'arrivée d'un nouveau général.

-Mais Monsieur, je ne suis pas la plus gradée dans cette base !

-En ce moment-ci, colonel. C'est un cas d'urgence, je vous nomme chef intérimaire du SGC.

-A vos ordres mon général, dit-elle , puis elle raccrocha.

Elle s'assit dans le fauteuil de Jack, un peu assommée des nouvelles responsabilités qui lui incombaient. Puis se reprenant, elle appela Walter Harriman.

-Je remplace le général O'Neill jusqu'à l'arrivée du général Carrey, lui dit-elle.

-Bien mon colonel, si vous avez besoin de moi, n'hésitez pas.

-Oh ! Je compte bien vous mettre à contribution sergent, dit-elle en souriant.

Son premier travail fut de faire une annonce à toute la base, pour avertir qu'elle prenait momentanément le commandement du SGC. Elle pesa ses mots, inutile d' en dire trop sur la santé de Jack. Le personnel n'avait pas besoin de connaître les détails. Juste de savoir quel serait leur nouveau patron, pour un temps qu'elle souhaitait très bref. Pour le moment le plus urgent était le retour de deux équipes, SG8 était parti la veille pour une mission culturelle sur P9N765, une planète pacifique où les échanges étaient en bonne voie. Il ne devrait y avoir aucun problème de ce côté. L'autre mission était plus délicate, SG12 et SG17 étaient en mission de secours sur la planète P9B634, la population étant atteinte d'une maladie étrange. Le retour de cette équipe était prévue dans l'après midi. Avant, Sam devrait établir une liaison à 14 h précises, pour évaluer la situation et savoir si les équipes pouvaient revenir sans danger.

Elle fit le tour de la base pour s' assurer que tout allait bien. Elle reçut des mots d'encouragement de la part du personnel, auxquels elle répondit avec sa gentillesse habituelle. Elle affichait un sourire et une assurance qu'elle était loin d'éprouver. Tout pouvait survenir dans une base comme celle-ci reliée au monde extérieur par une porte des étoiles ouvrant sur mille dangers. Elle refusa de se laisser envahir par le découragement et l'inquiétude. Elle assurerait son poste, aussi difficile soit-il avec compétence. Elle le devait, malgré l'inquiétude qui lui rongeait le cœur, Jack était à l'infirmerie, blessé et délesté de tous ses souvenirs, de toute sa vie. Comme il devait souffrir ! Ce vide devait être terrifiant ! Son cœur se serra, et elle essuya rageusement une larme qui coulait. Non, elle devait être forte, pour eux tous, pour LUI , il avait besoin d'elle plus que jamais.

Au grand soulagement de Sam le retour des deux équipes se passa sans problème. La maladie avait été jugulée sur P9B634. Quant à la mission culturelle, elle était en bonne voie. Il y aurait beaucoup de travail en perspective pour l'équipe de Daniel. En effet SG12 avait ramené dans ses bagages beaucoup de documents à traduire, quelques tablettes aux caractères mystérieux, et un artéfact prometteur. Une arme sans doute. Sam était satisfaite de sa journée. Elle allait pouvoir maintenant s'occuper de Jack.

Quand elle le vit elle fut tentée de lui raconter ce qu'elle avait fait, mais c'était peine perdue. A peine avait –elle prononcé quelques mots qu'il l'arrêta :

-Vous savez Carter, ce que vous dites n'évoque rien pour moi.

-Je sais mon général, mais si je vous mets au courant de tout, cela vous aidera peut être à retrouver la mémoire ?

Jack était assis dans le lit, il était moins pâle et n'avait plus de bandage autour de la tête, juste un simple pansement. Il sourit :

-Je me doute que vous êtes très compétente, sinon l'Etat Major, ne vous aurait pas nommée à ce poste.

-Sans doute mon général, ajouta t-elle.

Puis voulant changer de sujet :

-Comment vous sentez-vous monsieur ?

-Bien, dit-il. J'ai juste mes pensées qui sont un peu embrouillées.

-Qu'en dit le docteur ?

-Pas grand-chose, il n'est pas très bavard, simplement que cela peut être long.

-Vous allez sûrement retrouver la mémoire mon général, ce n'est sans doute qu'une question de jours dit-elle avec plus d'assurance qu'elle n'avait en réalité.

C'était une conversation étrange, Sam avait l'impression d'être plongée dans un monde irréel, elle parlait avec Jack de sa santé. Ce qui aurait été inconcevable auparavant. Il était inquiet et elle le sentait. Elle essayait de trouver des mots qui rassurent mais ce n'était pas facile, elle était elle-même très perturbée et elle faisait de son mieux pour paraître gaie, et insouciante. Elle ne savait pas si elle avait réussi, mais quand elle le quitta il était souriant, plus détendu. Elle toucha sa main, il la prit dans les siennes et lui posa LA question.

-Il me semble qu'il y a quelque chose de particulier entre nous deux ? Je me trompe ?

Elle rougit violemment et s'en voulut. Ce n'est pas en manifestant de la gêne qu'elle aiderait Jack, elle en était pleinement consciente.

-Nous sommes amis mon général, nous nous connaissons depuis plus de 8 ans maintenant et nous avons accompli ensemble toutes sortes de missions.

Sam était lancée, elle avait passé le cap difficile et pouvait maintenant raconter avec force détails, l'amitié qui les liait tous les quatre. Rien de compromettant la dedans, rien de gênant non plus. Elle voulait absolument passer sous silence cette espèce d'amitié amoureuse qui les unissait et qui était tellement ambiguë qu'elle ne savait même pas mettre des mots dessus. Inutile de plonger le général dans la confusion avec de soi disants sentiment dont elle n' était même pas sûre qu'ils eussent existé vraiment. Et puis amnésique ou pas O'Neill restait son supérieur hiérarchique. Cela ne changeait pas.

Il écoutait attentivement tout en gardant son regard sur elle. Dans ce regard il y avait de tout, toutes sortes d'émotions, de l' étonnement, de la surprise, de la fragilité aussi, même de l'angoisse.

-Vous avez l'air mieux mon général dit-elle après un silence. Vous allez pouvoir bientôt rentrer chez vous ?

-Quand mon remplaçant sera là dit-il. Je n'ai pas trop compris, c'est vous qui me remplacez n'est ce pas ?

-Oui, monsieur, mais ce n'est que provisoire. Quand le général Carrey sera là, je reprendrais mon poste.

-Mais je ne vois pas en quoi cela concerne ma sortie !

-Le docteur Mac Kenzie vous l'expliquera mon général. Justement le voilà ajouta t-elle en voyant entrer le médecin . Je vous laisse mon général.

Sam quitta la pièce tandis que le médecin s'approchait de jack

-Alors comment va mon malade ce matin ? entendit-elle

Elle referma doucement la porte derrière elle.

Elle retourna immédiatement dans le bureau du général, car Walter Harriman l'avait fait demandée pour une urgence.

Sam se plongea dans le travail, et ne releva la tête de son bureau que plusieurs heures plus tard. Elle sursauta Quand Daniel frappa à la porte :

-Alors Sam, ça fait quoi de diriger la base ?

-C'est terrifiant ! dit-elle en riant. Jamais je n'aurai imaginé la somme de travail que cela représentait.

-A ce point ?

-Oui, il y a tellement de choses différentes à gérer en même temps, des décisions de vie ou de vie de mort qu'il faut prendre en quelques secondes et puis des problèmes d'intendance, de cantine, de planning du personnel… et encore j'en passe… Le plus difficile que j'ai eu à faire ce matin, c'est d'ordonner la fermeture de l'iris, alors que je savais qu'il y avait trois équipes dehors. Le pire dans tout cela c'est que je ne saurais sans doute jamais si j'ai pris la bonne décision.

-Oui, dit Daniel, en effet cela doit être très pénible. Je comprends mieux pourquoi Jack a l'air parfois si fatigué, ajouta t-il.

-Oui, moi aussi je saisis mieux. C'est à la fois une énorme responsabilité et un travail de gestion et d'administration qui n'est pas du tout simple à faire. Et surtout une somme colossale de travail.

-Le général Carrey arrive quand ?

-Demain, ouf ! trois jours de boulot et je tourne déjà en bourrique, dit –elle en riant. Mais il y a une chose de bien dans cette histoire, c'est que j'ai compris que je n'aimerais pas du tout faire ce travail en permanence.

-Et si Vous veniez manger un morceau avec nous demanda Daniel.

-Volontiers dit-elle. Sergent appela t-elle , je m'absente une demi heure. Et pensez à aller manger vous aussi !

-A vos ordres mon colonel et merci, dit le sergent Harriman.

Le lendemain à l'infirmerie les nouvelles étaient bonnes. Jack pouvait se lever sans avoir de vertiges. Il devait tout de même faire très attention et se reposer tant que sa blessure à la tête ne serait pas cicatrisée.

-Vous avez eu beaucoup de chances, dit le médecin.

-Il paraît ! répondit Jack. Je peux rentrer chez moi maintenant ?

-Oui, mais pas seul. Le docteur Mac Kenzie pense que votre environnement habituel peut beaucoup vous aider à retrouver la mémoire. La présence de vos amis aussi. Je vais demander qu'on vous reconduise chez vous.

-Merci docteur, dit Jack en se rhabillant.

Le général Carrey était arrivé et Sam le briefait rapidement sur les évènements des derniers jours. Le général O'Neill n'ayant pas encore retrouvé la mémoire ce remplacement pouvait être du provisoire durable. Chris Carrey était un homme d'une cinquantaine d'années, grand et massif, avec un visage sévère, un regard bleu vif et une propension à sourire qui lui adoucissait les traits.

-Je vois que vous avez fait du bon travail colonel Carter.

-Merci mon général. Permission de me retirer monsieur ?

-Oui colonel, mais briefing à 14 heures. J'ai une mission à vous confier.

Déception dans le regard de Sam, elle aurait bien voulu passer son temps libre à enquêter sur l'agression qu'avait subi le général O'Neill.

-A vos ordres mon général, dit-elle sans poser de questions.

A 14 heures le général Carrey réunit SG1. Sam retrouva son fauteuil avec plaisir. Mais elle aurait tant voulu que ce soit Jack qui soit assis là, à côté d'elle. Il lui manquait, et de bien des façons. On pouvait toujours compter sur lui, il était fidèle au poste et toujours disponible pour son équipe ou pour elle. Certes, il était bien vivant mais son esprit était parti avec ses souvenirs, c'était un homme différent, fragilisé, et qui avait besoin d'aide, ce qui n'était jamais le cas avant.

Dès que tout le monde fut installé, le général Carrey commença le briefing immédiatement.

-Je dois tout d'abord remercier le colonel Carter pour son travail pendant ces quelques jours, je sais que ce n'est pas un travail facile et je tenais à le souligner.

-Merci mon général dit-elle, émue.

-J'ai une mission à vous confier SG1. Il s'agit du général O'Neill. D'après les premières conclusions du médecin, il ne s'agit pas d'un accident mais d'une agression. Nous devons absolument savoir ce qui s'est passé chez le général ce soir là. Avez-vous une idée ?

-Nous y avons déjà réfléchi dit Daniel. En fait il y a plusieurs possibilités.

Tout d'abord Jack aurait pu être attaqué par un voleur qui se serait introduit dans sa maison. Il y a le NID qui lui en veut toujours pour d'obscures raisons. Cela peut aussi être un problème personnel, une de ses relations qui a des comptes à régler avec lui pour une raison X. Ou peut être encore le retour d' une vieille connaissance de Jack dans les Blacks Ops.

-C'est une mission prioritaire SG1. le général O'Neill connaît beaucoup de choses sur notre planète et ses défenses, et nous ne savons pas ce qu'il a pu dire durant cette soirée.

Sam était outrée :

-Vous ne pensez pas que le général O'Neill ait pu trahir.

-Bien sûr que non colonel, mais il existe maintenant des drogues si puissantes que même le général O'Neill ne pourrait pas y résister. Qui sait ce qui s'est passé dans cette maison ?

-Oui mon général, j'en suis consciente. Nous nous mettons tout de suite au travail.

-Une question, général Carrey dit Daniel, est ce que la police locale a été mise dans le coup ?

-Non, puisque c'est vous qui avez trouvé le général. Vous devrez d'ailleurs vous débrouiller seuls. Je vous donne carte blanche. Et puisque vous restez à Colorado Springs, je vous confie le général. Il rentre chez lui aujourd'hui. Et je crois que vous êtes les mieux placés pour l'aider à retrouver la mémoire.

Sam était assise depuis quelques minutes dans un jardin public de Colorado Springs. Il faisait beau et elle avait passé une veste légère sur sa robe. Elle n'avait pas voulu venir en treillis ni en uniforme pour ce rendez-vous avec l'agent Barret. Maintenant elle attendait, il devait venir à 15 heures précises.

Il vint s'asseoir discrètement près d'elle. Ils passèrent rapidement sur les politesses et Sam entra dans le vif du sujet.

-Le général O'Neill a été victime d'une agression à son domicile et je voudrais savoir si le NID pourrait être impliqué.

- Il a été blessé ?

-Oui répondit laconiquement Sam, sans rentrer dans les détails.

L'agent Barret n'avait nul besoin d'en savoir plus.

Il hocha la tête :

-Et qu'est ce qui vous fait croire que cela peut être le NID ?

-Disons que c'est une piste, répondit-elle, juste une piste parmi d'autres.

-Le NID a beaucoup changé, vous savez, dit Barret. Depuis la découverte de la trahison du colonel Maybourne, et du vol des appareils d'invisibilité, il est sous haute surveillance. De nombreuses personnes ont été arrêtées et attendent leur jugement dans les prisons fédérales.

-Et Kinsey ?

-Oh il a d'autres chats à fouetter, je crois qu'il n'est plus en odeur de sainteté à la Maison Blanche. Il s'est trop impliqué contre le SGC et le président l'a à l' œil. Il a intérêt à se tenir à carreau.

-Ecoutez, pouvez-vous quand même vous renseigner, savoir si quelqu'un ne voue pas une haine personnelle au général O'Neill ?

-Entendu, vous pouvez compter sur moi, dit Barret. Je vous tiens au courant, colonel.

-Merci dit Sam en se levant.

Elle sortit lentement du parc toute à ses réflexions et se buta sur Daniel qui venait à sa rencontre.

-Oh excusez moi Daniel.

-Vous paraissiez bien absorbée ! dit le jeune homme en riant.

-En effet dit Sam, et elle lui retraça sa conversation avec l'agent Barret. Il pense que le NID n'est plus en position de force pour fomenter des actions souterraines comme celle d'une attaque contre le général.

-Il est bien placé pour le savoir dit Daniel. Je pense que nous pouvons éliminer la piste du NID.

-Pas si vite, dit Sam, j'attends pour en être sûre qu'il ait fait son enquête.

-Vous pensez que l'on peut se fier à lui ?

-Je crois, il a été franc avec nous l'an dernier. Je pense que l'on peut lui faire confiance. Et vous Daniel qu'avez-vous trouvé, de votre côté ? ajouta t-elle.

-Avec Teal'c nous sommes allés dans la maison du général, il nous est difficile d'éliminer le crime crapuleux, car nous ne connaissons pas suffisamment les lieux, pour savoir si quelque chose a été volé. Peut-être que si vous alliez y faire un tour ?

-Je suis comme vous Daniel, à part son salon et sa cuisine, je ne connais pas la maison.

-Allez-y quand même, on ne sait jamais.

-Ça me gêne un peu. Aller fouiller dans son intimité, il n'aimerait pas beaucoup.

-En temps normal, oui, je comprends , mais là c'est différent et il nous fait entièrement confiance.

le cœur de Sam se serra à cette pensée.

-C'et uniquement parce qu'il est diminué, dit-elle avec tristesse.

-Je pense que vous faites erreur, Jack a toujours eu la plus grande confiance en son équipe, en toutes circonstances et surtout dans les cas graves.

-Oui, vous avez raison Daniel, excusez moi je suis un peu perturbée en ce moment.

-Ne vous excusez pas, c'est normal, nous sommes tous inquiets au sujet de Jack.

-D'accord, conclut –elle, je vais aller chez lui maintenant. Je ne retourne pas à la base aujourd'hui. Vous m'accompagnez ?

-Non, j'ai encore l'artéfact de P6N786 à étudier. Je voudrais avancer dans ma traduction.

-Entendu, je vous tiens au courant si je trouve quelque chose de suspect.

Sam reprit sa voiture. La maison de Jack n'était pas loin de la base, mais cela faisait environ un quart d'heure de voiture depuis le jardin public. En ce milieu d' après midi, la circulation était fluide et elle arriva rapidement devant la maison. Elle trouva une place juste devant.

Elle prit le trousseau de clé dans la boite à gants et s'arrêta pour observer la maison depuis la rue. C'était une construction en bois sans étage avec une terrasse courant sur un côté et un jardinet bien entretenu.

Elle pénétra dans la maison, et s'arrêta en haut des trois marches qui descendaient vers le séjour. Le ménage n'avait pas été fait, et les canettes de bières vides et la bouteille d'alcool étaient toujours sur le sol. Elle savait maintenant que ce n'était qu'une mise en scène, car le général n'avait pas bu ce soir là, les analyses de sang étaient formelles.

Elle se mit à genoux près de la table basse, c'est là qu'elle vit les traces du sang sur le parquet. Il avait pris le coup sur la tête à cet endroit là. Peut-être ne s'était –il pas évanoui sur place, puisque c'était sur son lit qu'elle l'avait trouvé. Il avait dû avoir la force de se déplacer.

Le général rentrait chez lui ce soir, quelqu'un de la base devait le conduire vers 20 heures, cela lui laissait peu de temps pour trouver des indices et tout nettoyer.

Elle prit un grand sac poubelle dans la cuisine et entreprit de mettre de l'ordre tout en essayant de trouver des traces d'un vol quelconque ou d'une vengeance.

Dans le séjour il y avait deux canapés entourant une cheminée, une table basse et une commode. Dans un angle, une table et quatre chaises et une plante verte le long de la baie vitrée.

Après avoir jeté les bouteilles, elle entreprit de ranger la pièce. Dans le bahut en plus de la vaisselle, elle trouva quelques papiers, des factures, des prospectus, un tire bouchon, des pièces de monnaie, le tout jeté en vrac au fond d'un tiroir. Rien de très personnel, et de significatif. On ne frappe pas quelqu'un pour une facture de téléphone impayée ! Dans ce désordre elle retrouvait le colonel qu'il avait été il y en encore pas si longtemps. Une personne un peu insouciante de tout ce qui n'était pas son travail. Il se fichait pas mal de ne pas remplir ses papiers à temps, ou de mal manger comme en témoignait l'état de son frigo. La bière occupait une place importante dans ses réserves, au niveau nourriture c'était beaucoup plus léger, une plaquette de beurre et des cornichons… Elle savait que le colonel se nourrissait presque exclusivement de pizzas quand il n'était pas à la base. Elle sourit à cette image, car elle en faisait autant. Pas le temps de cuisiner avec les horaires démentiels qu'ils avaient, et surtout pas le goût, trop de fatigue, et une envie folle de se changer les idées. Alors quoi de mieux qu'une bonne bière ou plus pour faire le vide, se délester de tous les soucis et de toutes les angoisses de leur vie aventureuse.

Sam continua de passer en revue toute la maison. Elle alla jusqu'à la chambre et hésita sur le seuil. Avec un soupir elle passa la porte, malgré toute la gêne que lui causait cette intrusion dans l'intimité de son général, elle était curieuse.

quelques jours plus tôt, c'était elle qui avait trouvé Jack sur son lit, elle n'avait pas eu le temps d'étudier le mobilier de la pièce. Un grand lit en occupait la majeure partie, le reste disparaissait sous un amoncellement de vêtements et de livres jetés au sol, les tiroirs grand ouvert. Elle commença à ranger.

Il y avait quelques photos sur la commode. C'était essentiellement des photos de Charlie et de Sarah. Le cœur de Sam se serra devant le visage du bel enfant blond, qui avait le même regard que son père. Une tragédie dont le général ne s'était jamais remis.

Dans la table de nuit elle trouva un paquet de lettres attachées avec un élastique.

Elle s'arrêta un moment les lettres à la main. Avait-elle le droit de fouiller dans la correspondance de Jack ? Elle hésitait, puis défit l'élastique.

Elle classa la trentaine de lettres en quatre paquets. Sa mère, Sarah, Cathy sa sœur et une certaine Audrey Market.

Avec un soupir elle se décida et ouvrit d'abord les lettres de sa sœur. Il y a en avait trois et elles dataient d'une quinzaine d'années. Elle les parcourut rapidement il n'y avait rien là dedans qui puisse aider l'enquête. Dans la première Cathy annonçait à Jack son mariage, puis il y avait ensuite deux autres lettres pour la naissance de chacun de ses enfants. Rien d'autre. Le général les avait gardé mais on sentait dans le ton de la lettre, qu'ils n'étaient pas très proches.

Les lettres de sa mère avaient un ton plaintif, elle racontait ses misères avec son mari qui la battait et suppliait Jack de l'aider. Il y avait une dizaine de lettres sur ce ton, toutes datée de la même année, puis plus rien. Le cœur de Sam battait à grands coups dans sa poitrine, à travers les mots de sa mère se dévoilait le passé de Jack, son enfance douloureuse, entre une mère faible et un père violent. Elle se demandait pourquoi il avait conservé toute cette correspondance. Par négligence, on met la lettre dans le tiroir et on l'oublie, mais alors pourquoi ces lettres étaient–elles attachés avec un élastique, cela supposait qu'on y tenait, qu'on voulait les garder, peut être même les relire. C'est ce que remarqua Sam à cet instant, les lettres de sa mère avaient été lues et relues, pourquoi ? Impossible de répondre à cette question. Mais ce qu'elle avait appris de l'amnésie allait dans ce sens. Son passé était-il si douloureux qu'inconsciemment il aurait souhaité tout oublier ? Mais pourquoi maintenant ? ce n'était pas le premier coup sur la tête qu'il recevait ! Au cours de ces années à explorer la galaxie, il avait eu plus que son compte de coups, de blessures et de tortures !

Sam poursuivit la lecture du courrier de Jack. Elle passa rapidement sur les lettres de Sarah. Ces lettres dataient de leur rencontre, c'étaient de jolies lettres pleines de poésie et d'amour. Ces mots destinés à Jack la mettaient très mal à l'aise. Elle referma rapidement ces missives et passa à la quatrième pile qui ne se composaient que de trois lettres.

Audrey était l'épouse d'un jeune capitaine, mort sous les ordres du colonel O'Neill pendant la guerre du golfe.

Dans les deux premières lettres Audrey parlait de son mari, qui était ami avec Jack, elle parlait de Paul, lui disait combien elle l'avait aimé, combien elle le pleurait. Sam en avait mal pour elle, les mots de la lettre sonnaient si justement qu'elle ressentait de la douleur avec cette jeune femme.

Le ton de la troisième lettre était différent, Audrey avait appris que son mari était en mission secrète et elle voulait absolument savoir ce qui s'était passé. Elle reprochait à Jack de l'avoir laissé tomber, de l'avoir laissé mourir.

Il y avait peut être une piste de ce côté pensa t-elle et elle mit dans sa poche les lettres d'Audrey Market.

Elle avait fait le tour de la maison de Jack et ne trouva rien de plus. Elle termina le ménage, alla cueillir dans le jardin quelques pivoines. Elle ne trouva pas de vase et les mit dans un verre qu'elle posa sur la table basse du séjour. La maison avait reprit un air accueillant, le général allait pouvoir rentrer chez lui.

Il était 18 h 30 quand elle rentra à la base. Elle alla saluer le général Carrey et le mettre au courant de ce qu'elle avait trouvé.

-Bien colonel, je vois que vous avancez vite. Mais je pense que l'on peut éliminer d'emblée l'agression crapuleuse. Le général O'Neill ne se laisserait pas surprendre de cette façon dans sa maison.

-C'est bien ce que j'ai pensé monsieur. Avec Daniel et Teal'c nous en avons longuement discuté et nous sommes arrivés à la même conclusion. Le général O'Neill a dû ouvrir la porte à son agresseur et le laisser entrer, il devait le connaître. Si vous permettez je voudrais essayer de voir ce que je peux trouver sur Audrey Market et la mort de son mari.

-Entendu colonel, mais si le capitaine Market faisait partie des Black Ops, vous ne trouverez rien sur lui dans les annales de l'armée.

-S'il y a quelque chose à trouver , je trouverais mon général, dit Sam avec un petit sourire malicieux, avec votre permission bien sûr.

-Vous pouvez faire ce que voulez colonel, du moment que votre enquête aboutit, dit le général en regardant Sam au fond des yeux.

Cette jeune femme est pleine de ressources pensa t-il, avec satisfaction. Et il ajouta à voix haute.

-Le général O'Neill n'est pas encore sorti de l'infirmerie, tenez-le au courant des progrès de l'enquête cela l'aidera peut être ?

-Bien mon général, dit Sam heureuse d'avoir une bonne raison d'aller voir Jack.

A l'infirmerie, Jack était prêt à partir, il terminait de s'habiller quand Sam frappa à la porte.

-Ah ! C'est vous Carter, entrez dit-il en voyant que la jeune femme hésitait.

-Mon général, dit-elle, vous avez l'air en meilleure forme ?

-Oui, tout va bien, dit-il.

Il n'expliqua pas que sa mémoire était toujours défaillante, il n'en avait pas besoin, Sam était fine mouche et se doutait bien que tout ne rentrerait pas dans l'ordre aussi vite.

-Mon général, je peux vous parler ?

-J'ai tout mon temps Carter, dit-il, je vous écoute.

Sam se lança :

Je suis allée chez vous, pour enquêter, j'en ai profité pour faire un peu de ménage.

-Merci Carter, je suppose que ce n'était pas du luxe dit-il en souriant.

-En effet mon général. Mais je dois vous dire que pour les besoins de l'enquête j'ai du fouiller votre maison, à la recherche d'indices.

-Fouillé comment ? dit-il, le sourire soudain disparut de ses lèvres.

-Fouillé beaucoup mon général, les tiroirs, les photos, les lettres, dit-elle en hésitant et en plongeant son regard dans le sien.

-Ah dit-il sans émotion apparente. Et ?

-Je voulais vous faire voir ceci, dit-elle en lui donnant les trois lettres d'Audrey Market.

Jack les ouvrit et commença à les lire. Puis il les reposa sur le lit , et regarda Sam d'un air interrogateur.

-Cela ne vous rappelle rien Monsieur ?

-Non, Carter, rien du tout.

-Tant pis, dit-elle déçue. Je vais faire une enquête sur le capitaine Market, j'espère trouver quelque chose sur lui.

-Je vous souhaite bonne chance Carter.

-Pourquoi dites-vous cela, monsieur ? demanda t-elle plein d'espoir, peut être se souvenait-il de quelque chose ?

-Comme ça, j'ai l'impression que ça ne va pas être facile.

-Parce que l'armée n'est pas bavarde ?

-En effet, ce n'est pas une de ses qualités.

-Vous ne vous rappelez vraiment de rien, ni de la guerre du Golfe, ni d'avoir appartenu aux Black Ops ?

-J'ai de vagues impressions seulement, des flashs, mais le docteur Mac Kenzie dit que tout est normal.

-S'il le dit, on peut le croire, il connaît bien son métier, c'est un très bon psychiatre, dit-elle.

La conversation languissait, Jack n'était pas bavard et Sam se sentait gênée, elle avait encore une chose à lui demander.

-Mon général, je ne suis pas encore allée dans vos quartiers, mais je ne voulais pas le faire sans vous en parler.

-Vous êtes bien allée dans ma maison sans me le dire ? répliqua t-il

-Oui mais c'était différent, j'ai une enquête à mener et c' est le lieu de votre agression. Vos quartiers ce n'est pas pareil, je ne sais pas comment l'exprimer. Nous avons pensé avec Daniel et Teal'c que vous connaissiez votre agresseur, et qu'il peut y avoir des indices dans vos quartiers, des choses que nous ignorons de vous. Est-ce que cela vous dérange mon général ?

-Pas du tout, Vous pouvez regarder où vous voudrez, Carter, j'ai entièrement confiance en vous, en Daniel et Teal'c aussi d'ailleurs, ajouta t-il.

-Et pourtant vous ne vous souvenez pas de nous ?

-Non, mais je comme je le disais tout à l'heure, j'ai des flashs.

-Avec votre permission mon général, j'aimerais y aller maintenant, et puis je vous retrouve chez vous tout à l'heure si vous voulez ?

-Entendu Carter. Tenez, dit-il en prenant des clés dans sa poche, j'ai pas envie que vous tripatouilliez la serrure, dit-il en riant.

-Pourquoi me dites-vous cela ? monsieur.

-Parce que j'ai l'impression que vous êtes experte en serrure, n'est ce pas ?

-Si, dit –elle en souriant.

-Vous voyez bien.

L'ambiance était soudain plus détendue. Jack avait beaucoup changé, ce qui en faisait un homme assez secret avec ses amis avait disparu avec son amnésie. Il était plus ouvert plus proche et parlait plus volontiers de lui. Si ce n'était pas au prix de la perte de mémoire de son chef, Sam s'en serait réjoui.

Elle le quitta en montrant les clés :

-J'y vais de ce pas mon général.

les quartiers de Jack étaient à l'image de leur occupant, sobres, avec peu d'objets personnels. Dans l'armoire métallique, des vêtements civils, des treillis et des uniformes, dans le bas , des chaussures et des bottes.

Les murs gris étaient vides de tout tableaux ou photos. Sur la table de nuit la photo de Charlie, elle le suivait partout, dans sa maison, son bureau ou ses quartiers. Elle ouvrit le tiroir de la table de nuit, il y avait un paquet de photos, Elle s'assit sur le lit et commença à les regarder. La plupart étaient des photos de SG1. Sur l'une d'elle, ils étaient tous les quatre. Le cliché avait été pris chez Daniel, un soir où ils fêtaient l'anniversaire de Cassandra. Sam se souvenait parfaitement de cette soirée, une des plus réussies. Sur un autre, il y avait Janet penchée vers la jeune fille et l'embrassant sur la joue.

Sam ne put retenir une larme, elle souffrait tellement de la disparition de son amie . Elle leur manquait à tous et elle se demandait pourquoi Jack avait dans sa table de nuit une photo de Janet. Elle devait lui manquer à lui aussi.

Elle les regardait toutes, attendrie, tous les souvenirs affluaient. Elle regrettait beaucoup cette époque, où ils formaient une équipe de choc, prête à tout, soudée, où chacun jouait parfaitement son rôle, où n'importe lequel d'entre eux aurait pu donner sa vie pour sauver le reste du groupe. Jack lui manquait tellement en mission. Elle pouvait s'appuyer sur lui à tout moment, il savait prendre des décisions en un quart de seconde. Maintenant c'était elle qui commandait et qui avait la responsabilité du groupe. Ce n'était pas toujours une position confortable.

Il y avait aussi plusieurs photos de Sarah et surtout de Charlie, le sourire de l'enfant, avec un gant de gant de base ball, ou en vélo avec sa maman derrière lui pour le retenir en cas de chute. Sam était émue et gênée de fouiller ainsi dans la vie de Jack. Les relations qui les unissaient rendaient cela encore plus difficile.

Elle remit le paquet de photo dans le tiroir. Elle fit le tour de la pièce du regard, et alla dans la petite salle d'eau attenante. Elle ouvrit rapidement l'armoire de toilette et resta stupéfaite, punaisée à l'intérieur de la porte, il y avait une photo d'elle. Elle s'appuya le cœur battant au rebord du lavabo, une photo d'elle dans un endroit aussi personnel ! Tous les matins et tous les soirs en faisant sa toilette il regardait sa photo. Elle se retrouva le feu aux joues , jamais elle n'aurait dû en connaître l'existence. Elle était entrée sans le vouloir dans l'intimité de Jack, quelque chose qu'il n'aurait sûrement pas avoué, à personne, même sous la torture. Elle décida de taire sa découverte, elle ne lui en parlerait pas. Elle ne se sentait pas le droit de le faire, cela pourrait le gêner.

Elle sortit des quartiers de jack et referma soigneusement la porte derrière elle.

Avant de rentrer, elle voulait chercher dans les ordinateurs du Pentagone, des renseignements sur le major Paul Market.

Après être passé par-dessus quelques mots de passe, chose très facile pour elle, Sam se plongea dans la lecture du dossier du militaire. Il avait 40 ans quand il était mort en 1991 et laissait une veuve et un adolescent de 15 ans. On ne savait pas dans quelles circonstances il était mort . Simplement qu'il était en mission sur le territoire iraquien et que son avion avait été abattu par un tir de roquette. Rien qui ne mette en cause le colonel O'Neill. Celui-ci avait eu un accident de parachute à la même époque et avait été fait prisonnier par les iraquiens. Cela Sam le savait et elle put recouper les dates, cela se passait à quelques jours d'intervalle. Le major Market obéissait-il à un ordre de O'Neill au moment de sa mission dans l'espace aérien iraquien ? personne ne le saurait jamais. La femme de Paul avait l'air de le penser dans sa dernière lettre, mais rien n'étayait les faits qu'elle avançait.

Sam sortit des dossiers du Pentagone, pour rechercher parmi les dossiers de l'état civil si elle pouvait savoir si Audrey Market était toujours en vie et ce qu'était devenu son fils. Elle trouva assez rapidement, la jeune femme s'était remariée en 99 et avait eu une petite fille de sa deuxième union.

Sam soupira, ce n'était sans doute pas de ce côté qu'il fallait chercher. Audrey avait sans doute tourné la page et après ce drame avait refait sa vie.

Mais qu'en était-il de son fils ? Elle fit un rapide calcul, il devait avoir environ 29 ou 30 ans. Il n' était ni marié, ni décédé. C'était tout ce que Sam pouvait savoir pour le moment. Puis elle eut l'intuition de rechercher dans les dossiers militaires,

-Bingo pensa t-elle. Le jeune homme s'était engagé dans les marines à l'âge de 18 ans Après des études médiocres, il avait servi au Moyen Orient et au Kenya. . Ce n'était pas un officier irréprochable. Son dossier était chargé, et il avait été condamné plusieurs fois pour indiscipline, et s'était retrouvé à plusieurs reprises au mitard. Les motifs étaient aussi divers que variés, refus d'obéissance, insultes, bagarres. Une forte tête, ses supérieurs le disaient teigneux et vindicatif.

Une excellente piste à suivre pensa Sam.

Le soldat qui avait accompagné Jack chez lui, était reparti aussitôt à sa demande. Il voulait rentrer seul, et faire le tour de sa maison sans témoin.

Il introduisit la clé dans la serrure et entra. Il s'arrêta sur le seuil ; devant lui l'entrée de la salle à manger , à sa gauche le couloir qui conduisait au salon, et à sa droite ce devait être les chambres.

Il fit quelques pas dans la salle à manger. Un grand buffet vitré en bois occupait tout un mur. Il y avait une table ovale et quatre chaises. A droite la cuisine.

Un mur était découpé à mi hauteur et faisait communiquer la salle à manger et le séjour légèrement en contrebas. C'était une pièce très claire, avec une immense baie vitrée qui donnait sur le jardin. Une cheminée occupait presque tout le mur de côté. Il s'approcha et regarda les cadres au dessus du manteau de la cheminée. Il y avait des diplômes et des décorations, le tout à son nom. Et puis le portrait d'une jeune femme blonde et d'un enfant. On lui avait dit qui ils étaient, mais il ne s'en souvenait pas. Sa femme et son fils.

Il se demanda pourquoi il y avait tout cela sur les murs, pourquoi afficher des diplômes et des décorations ? il ne comprenait pas, Cela venait dans doute de Sarah qui était très fière de son mari.

Il alla dans le reste de la maison, sa chambre, la chambre d'amis, les deux salles de bain. C'était une impression indescriptible, il se savait chez lui, mais il avait l'impression étrange d'être totalement extérieur à sa vie. On lui avait raconté beaucoup de choses, sur lui, sur son travail, sur la galaxie, les Goa'ulds. Il savait, mais ne se souvenait pas.

Il erra quelques temps dans la maison, ouvrant un livre, regardant une photo, lisant une lettre, rien, ce n'était que le vide en lui. C'était comme si sa vie était en suspension quelque part au fond de son inconscient. Et c'était exactement cela que lui avait dit le psychiatre. « Vous n'avez rien oublié, seulement les souvenirs se refusent à votre mémoire consciente, ils reviendront sans doute grâce à des stimulations, retournez chez vous, replongez vous dans votre quotidien, revenez à la base dans vos quartiers, dans votre bureau, partout où vous aviez votre vie, cela vous aidera. »

Pour le moment il n' était encore qu'au début du processus de guérison, le docteur avait dit que cela pouvait être long. Mais il n'avait aucune patience. Cet état de dépendance dans lequel il se trouvait le paniquait. Il sentait qu'il avait l'habitude de maîtriser sa vie, de diriger les choses, de commander. Il avait eu un instant d'effarement quand on lui avait dit que le commandant du SGC dépendait directement du président des USA, qu'il était le deuxième homme de l'état, pas officiellement bien sûr, puisque très peu de gens étaient au courant du projet Stargate.

Le pire pour lui était de ne plus se rappeler ses proches, il avait eu un fils qui était mort, et il ne s'en souvenait même pas. Quel monstre suis-je devenu pour ne même pas me souvenir de mon enfant ? pensa t-il en s'allongeant sur le canapé. Il était pris d'une soudaine fatigue, et il s'endormit.

C'est ainsi que Sam le trouva quand elle arriva chez lui dans la soirée. Elle s'approcha doucement de peur de le réveiller et commença à ranger dans le frigo les courses qu'elle venait de faire. Puis elle alla dans le salon, sans faire de bruit elle s'assit près de lui. Elle lui trouva un air fragile dans le sommeil, il dormait si profondément alors qu'avant il aurait senti sa présence et se serait réveillé tout de suite. Un homme sur le qui vive, constamment sur ses gardes, tel était celui qu'elle connaissait. Jamais elle ne l'avait vu si profondément endormi. Cela lui faisait peur. Elle prit sa main , il ne se réveilla même pas. Elle l'appela doucement. Elle sentit son cœur se serrer. Comme il devait être seul ! Ne plus se rappeler de sa vie devait être un tourment inimaginable, dépendre des autres, être obligé de les croire, impensable !

Elle caressait doucement sa main longue et puissante aux fortes articulations, une belle main d'homme.

Daniel et Teal'c entrèrent à ce moment. Elle posa un doigt sur ses lèvres en leur montrant le général endormi.

Ils hochèrent la tête et sortirent sur la terrasse, laissant la porte ouverte.

-Alors Sam ? comment va-t il ?

-Je l'ai trouvé endormi quand je suis arrivée. Ce qui m'a surprise, c'est qu'il n'a pas bougé et pourtant j'ai fait du bruit.

Daniel soupira :

-Ça fait tout drôle de le voir comme ça !

Sam proche des larmes ne put qu'hocher la tête en guise de réponse.

Ses amis s'aperçurent de son désarroi :

-Vous savez Samantha carter on guérit très bien de ce genre de choses, dit Teal'c calmement.

-Teal'c a raison, Sam, le docteur Mac Kenzie est très compétent.

-Oui, je ne mets pas en doute ses compétences, mais cela fait mal de le voir diminué. Et s'il ne retrouvait jamais la mémoire ? dit-elle la voix tremblante.

-Cela ne fait que quelques jours Sam, répondit Daniel, il faut être patient. J'ai demandé au docteur de m'expliquer un peu ce qu'est l' amnésie. En fait la personne oublie tout, à la suite d'un traumatisme, comme dans le cas de Jack. Mais c'est uniquement psychologique, donc cela peut revenir très vite. Il faut garder espoir Sam.

-Vous avez raison Daniel, certainement.

-Bien et si vous nous parliez de votre enquête, vous avez trouvé quelque chose ?

Sam rapporta à ses amis, les résultats de la recherche qu'elle avait fait dans les dossiers de l'Etat civil et du Pentagone.

-C'est une piste intéressante dit Daniel. Maintenant comment savoir si ce Julian Market est allé voir Jack ?

-J'ai pris imprimé la photo de son dossier militaire, elle n'est pas très récente, mais peut être que le général la reconnaîtra. Justement le voilà qui se réveille dit-elle comme Jack apparaissait dans l'encadrement de la porte.

-Mon général demanda t-elle en lui montrant la photo. Ce visage vous dit-il quelque chose ?

Jack prit la photo des mains.

-Oui , il me semble, c'est qui ?

-Il vous semble ? dit Daniel avec espoir.

-J'en sais rien moi, ce visage ne m'est pas inconnu, c'est tout, dit-il d'un ton sec.

Sam était perplexe il lui semblait que le général avait un air étrange, comme s'il se rappelait parfaitement mais ne voulait pas le dire.

Jack se détourna pour masquer son visage, oui cette photo lui disait quelque chose, mais il ne voulait pas que ses amis se fasse des idées, et aient de faux espoirs. Il connaissait cette personne, de la même manière qu'il se souvenait d'une foule de choses, des images, des visages, des situations, mais il était incapable de relier tous ces flashs entre eux. C'était très frustrant pour lui. Il fit face de nouveau à ses amis, mais Sam avait eu le temps de saisir son regard.

-C'est qui ce monsieur ?

Sam lui expliqua le résultat de ses recherches sur la famille Market.

-Et vous pensez que c'est lui qui cherche à se venger parce que j'aurai été la cause de la mort de son père ?

-C'est plausible Jack dit Daniel.

-Oui, sans doute répondit Jack. Mais il y en a peut être d'autres qui veulent ma mort, puisque j'ai fait partie des opérations spéciales. Pas toujours du travail très propre, ça doit laisser pas mal de rancœur.

-La difficulté c'est qu'il n'y a aucun dossier concernant les Blacks Ops. Officiellement ça n'existe pas dit Teal'c.

-Qu'est ce que vous suggérez Carter ? dit Jack, parce que vous avez un plan bien sûr ?

-Oui, Monsieur, dit-elle en souriant. Julian Market est en ville actuellement. Nous l'avons repéré, et je propose de le maintenir sous surveillance, et si vous me le permettez j'aimerais faire quelques recherches informatiques supplémentaires.

-Vous voulez pirater les ordinateurs du Pentagone, Carter ? dit O'Neil, moqueur.

-Oui mon général, cela ne devrait pas me poser trop de problèmes, répondit-elle en souriant.

-Parfait, mais parlez-en à votre nouveau chef.

Le cœur de Sam se serra, pour elle Jack serait toujours son chef. Cependant elle devait tout de même en référer au général Carrey. Pour la forme pensa t-elle, il veut faire tout son possible pour aider son ami le général O'Neill.

-A vos ordres mon général.

Elle parlait d'une voix neutre, pour ne pas lui montrer combien sa remarque l'avait déstabilisée.

-Bien dit-il gaiement, et si on buvait une petite bière ? Qui en veut ? dit-il en se dirigeant vers la cuisine.

-Oui, je veux bien dit Daniel, pour une fois.

-Daniel, dit Sam si mes souvenirs sont bons vous ne supportez pas l'alcool !

L'ambiance se détendit aussitôt. Jack distribua des bières, Daniel en but une entière et la soirée fut très gaie. Un peu comme autrefois. Un moment de paix que Sam appréciait, elle jetait de temps à autre des coups d'oeils à Jack, mais son visage était impénétrable, comme si tout ce qui était évoqué ne lui disait rien du tout. Elle voyait cependant passer de temps à autre une ombre dans ses yeux.

La nuit était totalement tombée et Jack ne disait plus rien depuis un moment. Il se contenait d'écouter Daniel pérorer et donner la réplique à Sam sur des sujets scientifiques. Il avait décroché.

Il avait à demi fermé les yeux et se relaxait, écoutant ses amis parler. Il se sentait bien avec eux. Ses angoisses étaient apaisées, et le gouffre sans fond qu'était devenu sa vie, lui paraissait plus supportable. Il sentait que bientôt il redeviendrait celui qu'il avait été. Avec ses souvenirs, il pourrait reprendre le cours de sa vie. Il était cependant inquiet, le médecin lui avait dit qu'on oubliait parfois parce que c'était trop dur de tout gérer. Qu'avait-il vécu de si terrible pour que sa mémoire se soit enfuie d'un seul coup ? Il l'apprendrait bien assez tôt ! Seul le temps et la patience pourraient le guérir.

Le lendemain Sam expliqua au général Carrey ses intentions. Il tiqua pour la forme.

Mais il était entièrement d'accord avec Sam.

-Je suis d'accord colonel, à condition que ce que vous trouverez ne sorte pas de cette base.

-C'était bien mon intention monsieur. Le général O'Neill doit passer demain, je lui ferais part de mes découvertes et effacerais toute trace de mon passage.

-Bien colonel dit Carrey en souriant. Il n'y a pas de missions prévues pour SG1 cette semaine. Profitez-en.

Elle se mit immédiatement au travail et commença par le dossier militaire de Jack. Il était né en 1957, et était rentré à l'académie de L'Air Force à 18 ans. Il avait obtenu ses brevets de pilote avec honneur et s'était classé le meilleur de sa promotion au maniement des armes, mitraillette P90, fusil de tireur d'élite HK91, entre autre.

Il n'y avait pas grand-chose d'autre dans ce dossier, quelques dates, quelques missions. Mais au-delà de 1980 le dossier était vide.

Elle ne trouva pas cela si surprenant et elle ne s'attendait pas à faire des découvertes intéressantes. Elle savait que Jack avait longtemps fait partie des forces spéciales et réalisé des missions secrètes dans le monde entier. Et à partir de 1994 cela avait été la première mission sur Abydos et ensuite plus de 7 ans au SGC.

Rien d'officiel dans tout ça.

Elle alla se chercher un café et un sandwich, et se prépara à une longue nuit de travail.

A ce moment le téléphone sonna :

-Carter dit-elle.

-C'est l'agent Barret, bonsoir colonel. Je voulais vous faire part du résultat de mes recherches.

-Vous avez trouvé quelque chose ?

-Non, le NID n'existe pratiquement plus, ses membres se sont dispersés, et beaucoup sont sous les verrous.

-Vous avez pensé au vice président Kinsey ?

-Bien sûr, mais depuis son altercation avec le docteur Weir, le président l'a totalement lâché et il ne ferait pas la bêtise de s'attaquer physiquement, même par personne interposée au chef du SGC.

-Je vous remercie agent Barret, dit Sam. De mon côté je poursuis les recherches.

-Vous avez une piste ?

-Peut être ? Mais c'est confidentiel.

-je comprends colonel ! Au revoir.

Sam but quelques gorgées de son café et s'assit un moment pour réfléchir.

Elle ne savait pas exactement ce qu'elle cherchait. Des missions que Jack aurait accompli au Moyen Orient, en Amérique Centrale, car elle savait qu'il y avait passé plusieurs mois.

Sa recherche commença par les fichiers secrets du Pentagone. Elle se heurta tout de suite à des barrières invisibles de codes et de cryptages de données.

Cela ne lui posait pas particulièrement de problèmes, mais ce serait long et sans garantie de résultats. Elle allait devoir interpréter des centaines de données.

Elle s'introduisit dans les rapports de mission des Seals. Elle savait que Jack n'était pas un Seals mais qu'il avait suivi le même entraînement physique, d'adaptation au stress, l'apprentissage du commandement , les méthodes de survie.

Il y avait la liste des militaires ayant servi durant ces opérations, le nom de Jack n'y figurait pas. Elle pensa que son travail était encore plus secret que tout ce qu'elle avait pensé jusqu'à présent.

Elle s'introduisit dans d'autres fichiers, mais là elle ne put contourner les sécurités.

Cela la confirma dans son idée qu'elle touchait au but.

Sam s'accorda une pause. C'est à ce moment que Daniel passa la tête dans l'embrasure de la porte :

-Vous travaillez encore Sam.

-Oui, et je suis bloquée.

-Il va falloir forcer votre talent dit en souriant le jeune archéologue.

-Certainement. Vous avez laissé le général tout seul, ajouta t-elle, le docteur a bien dit….

-Rassurez-vous, Sam, Teal'c est avec lui, répondit Daniel. De toute façon je vais y retourner tout à l' heure.

-Moi je reste encore un peu.

-Une question Sam, au Pentagone, il ne vont pas se rendre compte que quelqu'un fouille leur base ?

-Pas du tout j'utilise un petit logiciel de camouflage qui masque aussitôt mon passage.

Daniel était perplexe, il ne comprenait pas trop ce que Sam cherchait dans les dossiers secrets.

-Vous croyez que ça va aider jack ?

-En fait je cherche à comprendre qui peut avoir envie de tuer le général O'Neill, c'est tout.

-On a déjà le fils de Paul Market ?

-Oui, mais on a rien contre lui pour le moment. Je crois qu'il faut chercher plus large et ne pas se focaliser sur une seule personne.

-Il est sous surveillance ?

-Oui des militaires du SGC ne le lâchent pas d'une semelle.

-C'est bizarre qu'il soit en ville actuellement. Justement maintenant.

-C'est pour cela qu'il faut faire vite. Bon je m'y remets dit Sam.

-Ne vous couchez pas trop tard quand même, dit Daniel en sortant.

Sam se remit au travail sur ces pages inaccessibles mais sa patience fut récompensée.

Au bout d'une heure elle déchiffra un message plus que laconique mais qui la laissa rêveuse.

Op. 258NJ25

JON. Chili : Santiago, De Costa 131279.

Elle continua sur plusieurs pages et fit défiler d'autres lignes présentées de la même façon. Un nom, un pays, un autre nom ou plusieurs et un numéro qui semblait être une date. 13 décembre 1979.

Le nom de « JON », se retrouvait dans une quinzaine d' opérations étalées sur 10 ans. Elle supposa qu'il était un agent infiltré dans des opérations secrètes. Op. 378PO29

JON : Costa Rica : Esperanza, Vitas, Castillo 140280.

Son cœur battait à grands coups, car elle avait l'intuition que JON c'étaient les initiales pour Jack O'Neill. Malheureusement il n'y avait rien d'autres dans ces dossiers. Aucune indication sur la nature des missions. Elle pensa à étudier les journaux de l'époque peut être que certains faits seraient relatés. Il lui restait une chose à faire, savoir comment était mort Paul Market. Elle trouva rapidement une autre ligne située plus loin sur l' écran.

JON Irak Market 211191

JON aurait-il abattu Paul Market au cours d'une mission de commando ? Le cœur de Sam battait à grands coups, elle était sur le point de faire une découverte qui lui apporterait sans doute une certitude sur le passé de Jack.

Et si ce JON était le Général O'Neill ?

L'étau se resserrait et les accusations dans la lettre d'Audrey Market prenaient tout leur sens. Un indice que Jack et JON étaient bien la même personne.

Sam décida de taire sa découverte pour l'instant. Elle n'était sûre de rien, et ne voulait pas commettre d'impair. De toute façon ces informations étaient confidentielles. Elle n'en parlerait même pas au général Carrey, juste à Jack.

Elle se contenterait de rechercher si Jack avait un nom de code à cette époque. Peut être qu'il y avait des personnes qui le savaient dans son entourage. Le général Hammond devait le savoir.

Elle décrocha son téléphone et regarda sa montre : 3 heures du matin . Impossible d'appeler Hammond au milieu de la nuit. Puis elle se souvint que le Chris Carrey était un ami de Jack. Il devait le savoir, elle le lui demanderait demain à la première heure.

Sam était lasse, avant de quitter son labo elle vérifia qu'elle n'avait laissé aucune trace de son passage dans l'ordinateur. Avec un soupir elle prit la direction de ses quartiers.

La base était très calme au cœur de la nuit ; seuls les gardes restaient en poste assurant la sécurité de chacun.

La lumière parcimonieuse des couloirs les rendait sinistres. Elle hâta le pas pour retrouver l'intimité de ses quartiers. Elle y avait mis quelques objets qui apportaient une touche féminine à la rigueur toute militaire exigée par le règlement.

Elle fit une toilette rapide, elle était exténuée et se coucha rapidement ; mais le sommeil la fuyait. Elle se sentait mal à l'aise, naturellement elle se doutait bien, en tant que militaire, que le passé de Jack n'était pas exempt de zones d'ombre, mais elle n'avait jamais pensé que cela aurait pu aller aussi loin . Tout en supposant que Jack était bien JON, ce dont elle ne doutait pas une seule seconde, il lui fallait juste une confirmation.

Les noms et les chiffres tournoyaient dans sa tête en un ballet désordonné, ils s'imprimaient dans sa mémoire. Elle les connaissait maintenant par cœur.

Après s'être tournée et retournée dans son lit en cherchant vainement le sommeil, Sam se releva et alluma son ordinateur portable, à la recherche des journaux aux différentes dates et dans les pays concernés.

Le 13 avril 1982 dans la banlieue de Berlin-Est assassinat de Wilfried Kroster homme politique, tué d'une rafale de HK 91 tirée depuis un toit voisin à une distance de 150 mètres. L'assassin ne fut pas retrouvé.

Le 14 février 1984 à Costa Rica assassinat de Costas, Vitas et Castillo, trois narco trafiquants de haut vol, tués de la même façon, et avec le même type d'armes.

Elle trouva d'autres articles correspondants, tous ces meurtres avaient été commis avec un HK91 utilisé dans tous les cas à une distance variant entre 150 et 200 mètres.

Dans ce dernier meurtre des témoins ont vu s'enfuir un homme grand et mince vêtu de noir et portant des lunettes noires avec une valise à la main.

Le cœur de Sam fit un bond quand elle eut la confirmation de l'identité du tueur. Dans un autre meurtre au Chili, ils arrêtèrent un homme du nom de JON. Une photo de mauvaise qualité accompagnait l'article, mais sans contestation possible elle reconnut Jack. On ajoutait dans l'article que le prisonnier avait mystérieusement disparu quelques jours après son arrestation. Sam en conclut qu'il ne devait pas être seul sur cette mission et que les hommes formant son équipe l'avait fait évader.

Naturellement en Irak en 1991 il n'y avait rien sur Paul Market aucun moyen de savoir comment il avait été tué ni pourquoi.

Jack se leva ce matin là avec un fort mal de tête. Mais son sommeil avait été perturbé par des visions de guerre, de Goa'ulds, de prisons. Toutes ces images il ne pouvait pas encore les situer dans le temps et ne faisait pas la différence entre des cauchemars et des rappels réels d'évènements vécus.

Teal'c était resté et dormait sur le canapé, Jack se buta contre un meuble et jura. Teal'c se réveilla aussitôt :

-Ça ne va pas O'Neill ?

-Oh excusez-moi, je vous ai réveillé Teal'c ! Si ça va juste mal dormi !

Jack après une douche et un café se sentit mieux.

-Teal'c, si vous avez des choses à faire, je peux bien rester seul !

-Je n'ai rien à faire de particulier O'Neill et le docteur ….

-Oui, je sais ce qu'a dit le docteur, mais je n'ai pas besoin d'une nounou.

-Une nounou ? demanda Teal'c étonné ? qu'est ce que c'est ?

Ils furent interrompus par un coup de sonnette.

-C'est ouvert ! cria O'Neill.

-Est-ce que c'est raisonnable de laisser tout le temps votre porte ouverte ? demanda Teal'c.

-Ben oui, pourquoi ?

-Parce que vous avez été agressé chez vous ! Et que cela pourrait recommencer.

Pendant ce temps Daniel les avait rejoint.

-Je passais juste voir si tout allait bien ! dit-il Teal'c on a un briefing à 9 heures !

-Il se passe quelque chose ? demanda Teal'c.

-Je n'en sais pas plus. On y va ? Jack on peut vous laisser seul un moment ?

Jack poussa un soupir exaspéré

-Mais oui, je ne bouge pas d'ici !

-A plus tard Jack !

-C'est ça à plus tard !

Les deux hommes partirent laissant Jack un peu désoeuvré. Sa vie était en suspension entre ce qu'il avait été et ce qu'il redeviendrait sans doute dans quelque temps. C'était un peu perturbant , et il devait bien avouer que la présence de ses amis était bien rassurante. Mais ce n'était pas pour autant qu'il allait fermer sa porte à clé après le passage de ses amis.

Le coup de sonnette le surprit comme il sommeillait dans son canapé en fin de matinée, il se leva lourdement et alla ouvrir. C'était le facteur. Il prit les lettres et rentra dans la maison.

Il y avait deux factures qu'il laissa sur un coin de meuble et une feuille avec des lettres découpées dans différents journaux. Il y avait une seule phrase.

« Si tu fais pas ce qu'on a dit ta copine mourra ».

Il retourna plusieurs fois la feuille de papier, essayant d'y trouver un sens, il haussa les épaules et il eut la tentation d'envoyer cette lettre directement à la poubelle, mais il se ravisa. Il préféra appeler le SGC, il y avait peut être des indices sur sa mystérieuse agression. Un officier vint le chercher et trente minutes plus tard, Jack descendait dans la base.

Il alla directement voit Carrey, celui-ci était encore en briefing avec SG1

-Je ne dérange pas ? demanda t-il en apparaissant en haut de l'escalier métallique .

-Non, pas du tout dit Chris, entre. Tu veux ton fauteuil ? demanda t-il en souriant

-Surtout pas, garde –le, il te va très bien dit Jack sur le même ton.

-OK mais je te le rend bientôt. Tu viens te replonger dans le bain ? ajouta t-il.

Jack hésitait un peu, devait-il parler devant tous, ou juste à Chris en particulier ? Finalement il se décida et sortit la lettre de sa poche.

-J'ai reçu ça au courrier de ce matin et je suppose que cela concerne mon agression. Jack avait placé la feuille dans une pochette plastique et le papier fit le tour de la table.

-Vous avez bien fait mon général de le protéger, il y a peut être des empreintes dessus dit Sam.

-Vous avez une copine en ce moment Jack ? fit Daniel surpris.

-J'en sais rien du tout répondit O'Neill.

-En tout cas, si tu en as une, elle n'est pas très assidue. Tu n'as vu personne d'autre que les gens de la base depuis ton agression ? demanda Carrey.

-Non, dit Jack.

Sam se sentait un peu mal à l'aise. Pour dissimuler sa gêne elle se plongea dans le dossier qu'elle avait gardé ouvert devant elle. En fait elle réalisait qu'elle connaissait bien peu de chose sur la vie privée de son chef et qu'il était d'une discrétion absolue, ne parlant jamais de lui. Et pourtant quoi de plus normal pour un homme comme lui d'avoir des relations féminines ! Quelle était sotte de ne même pas l'avoir envisagé.

-Bon alors si tu n'as personne ? de qui parle t-il ? continua Carrey.

-Je n'en ai aucune idée Chris, je t'assure.

-Bon, en tout cas la première chose à faire est de vérifier s'il n'y a pas des empreintes, dit Carrey. On verra après. Autre chose à ajouter ? Bien ajouta t-il, fin du briefing.

Carrey, Daniel et Teal'c sortirent.

-Mon général dit Sam en se tournant vers Jack, j'aurais des choses à vous dire.

-Bien, Carter. Je vous écoute.

-Ça ne va pas être facile mon général !

-Pourquoi ? vous avez trouvé des cadavres dans mon placard ? dit-il en riant.

Son sourire se figea devant l'air grave de Sam.

-Quoi, c'est vrai ?

-Vous n'êtes pas sans savoir monsieur que vous avez fait parti des Black Ops pendant plusieurs années ?

-Bien sûr et vous avez trouvé quoi ?

-Il semble que ce soit vous qui ayez tué Paul Market.

Jack avait pâli. Il s'assit lourdement dans son fauteuil essayant de se souvenir. Mais le mal de tête revenait lui embrouillant les idées.

-Mon général ? vous allez bien dit Carter inquiète.

-Oui, ça va , juste cette migraine, c'est tout.

-Vous devriez aller voir le docteur.

-Expliquez moi plutôt ce que vous avez trouvé.

-JON ça vous dit quelque chose ?

-C'est moi dit-il sans réfléchir. C'est un nom de code que j'avais.

-Mon général seriez-vous en train de retrouver la mémoire ? C'est fantastique.

-Fantastique n'est pas le mot que j'emploierais, perturbant plutôt dit Jack avec ironie. Continuez Carter.

-Vous savez il n'y avait pas grand-chose juste JON Irak Market 211191.

-Et c'est avec ça que vous avez conclu que j'ai tué Paul Markett, c'est un peu léger, non ?

Sam lui expliqua l'ensemble des découvertes qu'elle avait faites. Elle lui parla des différentes missions et des articles dans les journaux corroborant les faits et surtout la photo de Jack tout à fait reconnaissable au moment de son arrestation. Elle en avait fait un tirage et elle lui montra la feuille.

Il examina distraitement la photo et tout à coup se troubla. Elle avait fouiné dans son passé, maintenant les souvenirs revenaient en foule. Oui il se souvenait de cette époque, une époque terrible où il accomplissait son devoir comme un automate, sans se poser de questions. Il était rentré dans les Blaks Ops suite à un coup de tête. Sa carrière dans armée lui semblait trop droite, trop rectiligne, trop programmée. Ce n'était pas du tout dans sa nature. Il avait été séduit au début par le côté clandestin et dangereux des missions. La première fois qu'il avait dû tuer un homme de sang froid, il n'avait hésité qu'un quart de seconde, c'était un pourri qui ne méritait pas sa place au soleil. Puis les missions s'étaient enchaînées, les caches, la vie dangereuse, le flot d'adrénaline, les moments où tout pouvait basculer, où il pouvait se faire prendre. Cela lui était arrivé une fois. Heureusement que les hommes qui l'accompagnaient l'avaient trouvé. Car dans les Black Ops il n'y avait aucune mission de secours, les hommes travaillaient sans aucune couverture officielle. Il avait ainsi perdu plusieurs de ses compagnons. Il se souvint d'une autre fois où il s'était fait capturer par des résistants guatémaltèques, il l'avait torturé et n'avait dû sa survie qu'à son esprit toujours en éveil. Il était sorti de cette période de plusieurs années dans un état psychique et physique lamentable, les nerfs usés et au bord de la dépression. Il avait été un an en arrêt et avait subi de longs traitements de déprogrammation, afin de se reconstruire.

Vraiment maligne la petite Carter, elle avait réussi à décrypter toutes ces informations confidentielles, pensa t-il.

Mais choses étranges certains souvenirs se refusaient à lui, Paul Market, justement ! Pourquoi ? Qu' était cet homme pour lui, il savait juste qu'il était sous ses ordres en Irak. Mais pourquoi l'aurait-il tué ?

Tout à ses pensées il ne remarqua pas Sam qui le regardait. Elle voyait les émotions défiler sur son visage, bien que celui-ci restât impassible pour un observateur étranger. Mais elle, elle savait interpréter un léger froncement de sourcil, le plus petit mouvement de la tête, le regard qui se durcissait, un frémissement de la bouche. Oui Jack O'Neill se protégeait moins depuis qu'il était amnésique. Pour elle il relâchait sa garde. Mais elle était la seule à s'en apercevoir.

Son regard était si insistant qu'il leva les yeux sur elle. Lui aussi pouvait lire en elle, mais c'était beaucoup plus facile, son regard était si expressif !

-Carter ?

-Excusez moi mon général, j'étais perdue dans mes pensées.

-Et vous pensiez à quoi ?

-Je réfléchissais. Je souhaiterais étudier plus attentivement la vie de Paul Market et essayer de trouver les relations que vous aviez avec lui.

-Et vous comptez faire comment ?

-Dans le dossier de Paul Market j'ai l'adresse de sa famille à Chicago. Je compte leur rendre une petite visite. Je pense y aller avec Daniel et Teal'c.

Comme jack ne répondait pas :

-Vous trouvez que ce n'est pas une bonne idée, monsieur ?

-je ne sais pas Carter, je doute que vous trouviez quelque chose d'intéressant !

-laissez-moi essayer monsieur.

Quelque chose avait changé chez Jack, il avait un air plus assuré, plus autoritaire.

-Vous vous rappelez de tout monsieur ? demanda t-elle.

-Non, pas de tout. Des Balck Ops, oui, le reste c'est encore flou.

-Et Paul Market ?

-Justement ça fait parti des choses floues.

-j'ai l'impression, mon général, que vous ne souhaitez pas que l'on poursuive cette enquête ?

-Je crois franchement Carter que ça n'en vaut pas la peine. Je peux très bien me débrouiller tout seul.

Sam était déçue, elle aurait tant voulu aider Jack, mais elle ne pouvait aller contre sa volonté.

-Cette lettre anonyme ne vous tracasse pas ?

-Non.

-Alors on arrête tout ?

-Oui je préférerais.

-A vos ordres mon général.

Ils se levèrent ensembles, Sam ramassa ses papiers et sortit la première d'un pas décidé. Elle était peinée, car elle avait l'impression que le général ne lui faisait plus confiance. Elle avait l'intuition qu'il était en danger, mais qu'il ne prenait aucune précaution. Comme s'il avait vraiment retrouvé la mémoire et qu'il ne voulait pas qu'elle s'embarque sur une fausse piste. C'est vrai qu'il savait se défendre tout seul, mais quelqu'un avait quand même failli le tuer.

Sam revint dans son labo où elle passa les heures suivantes à rédiger des rapports de mission qu'elle avait laissés de côté.

Le soir elle s'arrêta devant les ascenseurs prête à remonter, puis elle se ravisa et redescendit jusqu'au bureau du général Carrey. Celui-ci était encore là.

-Je peux faire quelque chose pour vous colonel ?

-Oui mon général. J'ai eu une longue conversation avec le général o'Neill. Il ne souhaite pas que l'on poursuive les recherches sur Paul Market.

-Ah ! je suis étonné, je croyais qu'il était d'accord. Il vous a donné une raison ?

-Pas vraiment il pense que c'est inutile et qu'il peut se débrouiller tout seul.

-C'est un homme plein de ressources vous savez, il a peut être raison.

-Permettez moi d'insister mon général dit Sam, il a beaucoup changé depuis son agression, je pense qu'il a besoin d'aide.

Carrey observa attentivement la jeune femme et lui trouva un air inquiet ,tendu, et un petit quelque chose en plus qu'il n'arrivait pas à déterminer.

-Colonel quelles sont vos motivations ?

Sam se troubla légèrement sous le regard de Carrey

-Que voulez –vous dire mon général ?

-Et bien voyez vous colonel , et je pense que vous savez exactement de quoi je veux parler. Il y a un tas de bruits qui courent dans cette base sur la relation que vous avez avec le général O'Neill.

Sam rougit violemment :

-Je vous assure ….

Mais Carrey la coupa :

-Attention colonel, je ne vous accuse de rien, mais j'ai lu tous les rapports de mission, et un certain rapport est très explicite.

-Tous les rapports mon général ? dit-elle en avalant difficilement sa salive, je peux vous assurer, qu'il ne s'est absolument rien passé entre le général O'Neill et moi, quand bien même je l'aurais voulu ajouta t-elle d'une voix si basse que Carrey n'entendit qu'un bredouillement.

-Pardon ? vous disiez colonel ?

-Je disais que l'intérêt que je porte au général O'Neill est strictement professionnel. Nous avons travaillé plusieurs années ensemble, nous nous sommes sauvés mutuellement le vie de nombreuses fois, cela crée des liens , mon général, mais qui n'ont strictement rien à voir….

Elle ne finit pas sa phrase, furieuse que Carrey ait pu penser une seule seconde qu'elle et Jack aient pu enfreindre le règlement de non fraternisation. Elle tourna la tête pour que le général Carrey ne puisse voir son visage.

-Colonel ! dit-il

-Oui mon général dit-elle en se tournant à nouveau vers lui et lui offrant un visage lisse et sans expression.

-Je pense que vous avez raison, O'Neill n'est pas toujours raisonnable quand il s'agit de sa sécurité, je vous donne le feu vert.

Le visage de Sam s'éclaira aussitôt. Cela aurait été la mort dans l'âme qu'elle aurait laissé cette enquête.

-A vos ordre mon général.

-Comment comptez-vous poursuivre ?

-Je vais aller à Chicago, j'ai trouvé l'adresse de la famille Market, je ne sais pas s'il a encore des parents, mais peut être des frères ou des sœurs. Et j'ai constaté que c'est la maison voisine de celle qu'habitait le général O'Neill étant enfant. Je pensais me faire accompagner de Daniel et de Teal'c.

-Vous avez des congés à prendre je pense ? Je crois que vous avez enchaîné beaucoup de missions ces derniers temps, n'est ce pas ?

-En effet mon général, cela fait plusieurs mois que nous n'avons pas eu de vacances.

-Entendu colonel, vous êtes donc en vacances à partir de maintenant ainsi que le docteur Jackson et Teal'c. Vous comprenez bien qu'en tant que commandant du SGC je ne pouvais pas vous donner l'ordre de poursuivre cette enquête, encore plus longtemps. Maintenant ce que vous faites de vos vacances ….

-Merci mon général dit Sam en souriant.

O'Neill avant de rentrer chez lui était repassé par ses quartiers il avait des choses à prendre. Il prit un sac et rassembla quelques vêtements et alla dans le petit cabinet de toilette attenant à la chambre. Ouvrant la porte de l'armoire de toilette il vit fixé à l'intérieur de la porte la photo de Sam. pourquoi avait-il une photo de Carter cachée dans sa salle de bain alors qu'il la voyait tous les jours ?

Il prit la photo et la regarda plus attentivement. Elle était magnifique sur ce cliché, en treillis avec une casquette sur la tête, souriante, le regard légèrement tourné sur le côté comme si elle écoutait quelqu'un et qu'elle aurait ri de ses paroles.

Trop belle ! Il ne la remit pas à sa place mais dans sa poche. Il voulait réfléchir. Peut être qu'en la regardant longtemps il trouverait. Cette impression qu'il y avait quelque chose entre eux ne le quittait pas. Sinon pourquoi aurait-il mis la photo à un endroit où il pouvait la voir matin et soir.

Sortant de ses quartiers il se heurta à elle justement. Elle était en civil, avec une veste de cuir et son casque de moto.

-Vous rentrez chez vous mon général ?

-Oui, je vais demander qu'on me raccompagne, je n'ai pas encore le droit de conduire ma voiture.

-C'est peut être plus prudent en effet, dit-elle. Mais je peux vous emmener ? si un petit voyage en moto vous tente ? J'ai un deuxième casque vous savez.

-Pourquoi pas ? Allons-y.

Sur le parking en surface Sam lui tendit un casque. Il prit place derrière elle, se tenant au porte-bagages. Elle fit un démarrage sur les chapeaux de roue et il dut s'accrocher de toutes ses forces pour ne pas tomber.

-Cramponnez vous à moi, mon général hurla t-elle en se tournant vers l'arrière, ça va décoiffer !

-Ok Carter.

Elle sentit les deux mains de Jack se tenir à sa taille, mais après un virage particulièrement penché, il passa ses deux bras autour de sa taille et colla son corps contre son dos.

Elle le sentit, ils ne faisaient plus qu' un avec la machine, Elle se laissa griser par la vitesse, et la présence de Jack dans son dos et ne ralentit qu' à proximité de la rue de Jack. Déjà pensa t-il, je crois que je serais aller au bout du monde avec elle !

-Vous conduisez toujours aussi vite Carter ? demanda t-il.

-Non mon général, mais là j'avais envie d'un peu de vitesse.

-Et les contrôles vous connaissez ?

-Oh mon général, pour une fois que je m' amuse un peu !

-N'en faites pas une habitude Carter, je n'ai pas envie de vous retrouver à l'hôpital, ou pire encore.

Il était vraiment inquiet pour elle. Elle le sentit et en fut émue.

A suivre…

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