A Christmas Carol

Et voilà, alors que j'avais assurée qu'on ne m'y reprendrait plus, me voilà repartie dans DGM, et dans le Lavi/Kanda pour ne rien gâcher. Je suis irrécupérable.

Comme vous le constaterez rapidement si ce n'est déjà fait, ceci est une adaptation de mon conte préféré, à savoir « A Christmas Carol » de Charles Dickens. Je dis adaptation mais ne craignez rien, hormis les grandes lignes et quelques phrases mythiques, je n'ai pas copié-collé l'histoire originale (en même temps, je n'ai pas la prétention de dire que j'écris aussi merveilleusement bien que Dickens, hein). Ce n'était pas mon intention, d'autant que je me suis surtout inspirée de la géniale version cinématographique des Muppets (ce qui explique qu'il y ait deux Marley au lieu d'un), que je vous invite fortement à découvrir.

Bref, comme vous l'avez sûrement deviné, c'est Kanda qui a hérité du rôle peu recommandable de Scrooge. Alors évidemment, toute la partie sur son passé sera sujette à controverse, même si le dernier chapitre a apporté quelques précisions bienvenue sur ce dernier (bien que ça m'ait forcée à réécrire tout le chapitre un : perfectionnisme, quand tu nous tiens… mais bon, passons). La partie future également si on va par là, mais ceci n'est que le prologue, prenons les choses dans l'ordre.

Bon, j'arrête de vous ennuyer avec mes considérations foireuses et je vous souhaite à tous une bonne lecture !

Starring :

Kanda Yuu as Ebenezer Scrooge

Walker Allen as Bob Cratchit

Lee Lenalee as Emily Cratchit

Hevlaska as the Ghost of Christmas Past

Tiedoll Froi as the Ghost of Christmas Present

The Millenium Earl as the Ghost of Christmas Yet To Come

Jasdero and Devitto as The Marley Brothers

The famous "Che" as "Bah! Humbug!" (Balivernes!)

And Guests...

"Il doit se sentir seul et abandonné

Et pousse à l'extrême sa méchanceté

Peut-être est-il victime d'orgueil et de peur

Cachant sa tendresse tout au fond de son cœur…

Naaaaan ! »

Scrooge, Noël Chez les Muppets

oOo

Il faut dire avant tout que les Jasdevi étaient morts, aussi morts qu'un vieux clou de porte. En effet, Kanda, non content d'avoir réglé son compte à l'abominable Skinn Bolic, avait décapité les deux frères farceurs d'un ample mouvement de bras lors de sa dernière mission. Ainsi se termina la vie du Noah du Lien.

Deux semaines plus tard, en cette nuit de Noël, l'humeur de Kanda était aussi glaciale que les flocons de neige qui couvraient lentement le paysage au-dehors. L'hiver dans la banlieue parisienne était rude, bien plus rude que celui qui avait étreint leur ancien Quartier Général pendant presque cent ans. Là-bas, la Citadelle avait toujours volé au-dessus des nuages, des tempêtes et du blizzard, touchant presque le soleil, leur garantissant une température agréable toutes saisons confondues.

Yuu Kanda détestait Noël, il en avait toujours été ainsi et, pour autant que ça le concerne, cela demeurerait. Cette fête et son avalanche de cotillons et de mièvrerie le mettait constamment hors de lui, l'être sans cœur, l'arme blanche et furieuse de la Congrégation.

Tout avait commencé le matin même, dès qu'il avait eu le malheur de passer la porte de sa chambre. De l'obscurité lugubre dont il venait, il tomba sur une véritable explosion de couleurs diverses : des millions de chandelles avaient fait disparaître la pénombre des couloirs et leur lumière éclatante jouait avec la surface polie d'autant de boules de toutes tailles et de toutes formes suspendues à des guirlandes infinies de houx et de cyprès. Kanda, pris de panique, eut le malheur de lever les yeux au ciel pour y découvrir une petite branche de gui qui pendait en se balançant de droite à gauche, semblant attendre joyeusement ses prochaines victimes. Il l'arracha prestement et l'enfonça dans sa poche d'un geste rageur. Quelqu'un allait devoir lui fournir une explication.

Celle-ci était simple, et pourtant bien moins heureuse qu'on aurait pu le croire : à moins d'un miracle, ce Noël-là risquait bien d'être le dernier pour la plupart d'entre eux. L'année écoulée avait laissé traîner tellement de morts et de sang dans son sillage qu'il était devenu impossible de compter les victimes. La plupart des corps de leurs amis égarés n'avaient eu pour seule onction que celle de la pluie et de la boue répandues sur leurs membres. On espérait encore que les disparus reviennent, souvent à tort, souvent en vain. Tout ce qui leur restait était l'espoir teinté de folie d'un condamné se rendant à l'échafaud.

Tant qu'à se diriger vers une mort certaine, autant le faire avec le sourire, avait donc décrété l'Intendant Komui Lee. Il avait organisé ces festivités avec plus de soin que tout le travail qu'il avait mené dans l'Ordre depuis qu'il y était entré. Il avait patiemment rappelé tous les Exorcistes restants et chacun avait répondu à son appel, la portée de son geste faisant écho dans tous leurs cœurs.

Ils avaient tous mis la main à la pâte, même Lavi, même Bookman, sans rechigner une seconde. Ils s'accrochaient au moindre rituel comme à une planche au milieu d'une mer déchaînée : une boîte de chocolats grossièrement empaquetée, une écharpe tricotée avec trois bouts de laine, les acrobaties insensées pour parvenir à placer l'ange au sommet du sapin, une montagne de petits rien qui réchauffaient les âmes en ces temps troublés.

Kanda, cloîtré à l'infirmerie puis dans sa chambre par les blessures inquiétantes causées par son combat contre Jasdevi, n'avaient pas eu vent de tous ces préparatifs. Lorsqu'un Reever apeuré lui exposa la situation, il lâcha un formidable « Che » et maudit toute la race humaine et ses fêtes religieuses stupides avant de partir s'enfermer dans sa salle d'entraînement, qu'heureusement personne n'avait eu l'audace de décorer. Il y trouva néanmoins une corbeille de fruits, ornée d'un joli ruban bleu nuit, sur laquelle trônait un minuscule edelweiss.

« Lenalee… » grogna-t-il en se pinçant les arrêtes du nez en signe d'impatience. En mission à Florence, la jeune fille était la seule à avoir pu passer par les Alpes en rentrant au bercail.

Il marqua un temps d'arrêt puis écrasa la fleur délicate entre ses doigts. Il voyait déjà bien assez de ces horreurs en temps normal et elle lui faisait trop penser à Pousse de Soja. Il prit tout de même une pomme qu'il mâchouilla en souvenir de son petit-déjeuner perdu. Il n'osait pas se rendre dans le réfectoire de peur d'y croiser une troupe de lutins malicieux ou de fées braillardes. Qui savait ce que cette bande d'allumés qui lui servaient de collègues avait bien pu inventer.

Il s'entraîna toute la matinée, mangea une banane en guise de repas, enchaîna sur l'après-midi entière et entama la soirée avec délice. L'odeur de transpiration dans la salle était devenue quasi-insupportable mais cela empêcherait les importuns de venir… l'importuner et masquerait également les effluves peu ragoûtantes de bûches au chocolat et autres sucreries. Il entendit vaguement une horloge sonner les vingt heures et songea avec soulagement qu'on avait dû l'oublier. C'était sans compter sur l'engouement de certaines personnes.

A vingt heures dix précises, quelqu'un toqua discrètement et entra sans plus de préavis. Kanda soupira : elle ne le laisserait donc jamais tranquille ?

« Quoi ? » aboya-t-il sans même accorder un regard à la jeune fille.

« Calme tes ardeurs, Bakanda, je ne suis pas venu me battre ce soir. »

Le brun faillit lâcher Mugen sous le coup de la surprise. S'ils croyaient qu'en envoyant Pousse de Soja le chercher il se joindrait plus docilement à leur petite sauterie, ils étaient environ à un million d'années lumière de la plaque, au moins.

« Dégage. »

« Je ne suis pas là par plaisir, tu sais, » assura Allen. « et ça m'arrache la bouche de le dire mais il faut vraiment que tu sois avec nous, rien que pour cette nuit. Lenalee et Lavi y tiennent beaucoup. »

« Che. »

Le maudit secoua la tête et avisa dans le mouvement les restes de la fleur abandonnés sur le sol. Il émit une sorte de grondement sauvage qui fit se retourner Kanda.

« C'est bien toi, ça. Tu te fiches totalement du temps qu'elle a pu mettre pour les trouver. Les edelweiss sont très rares et ne poussent qu'à très haute altitude, pourtant elle a risqué sa vie dans le froid pour en ramener une à chacun d'entre nous. Tu me dégoûtes et je devrais lui avouer ce que tu as fait pour qu'elle sache enfin quel genre de monstre tu es en réalité ; mais je ne vais pas le faire, parce que ça lui ferait trop de mal. Sur ce, amuse-toi bien et Joyeux Noël, » conclut Allen avec ironie, s'éclipsant et claquant la porte derrière lui.

Kanda ne vit pas le paquet qu'il tenait dans son poing serré et qu'il s'empressa de jeter dans la poubelle la plus proche. Le bretteur haussa les épaules avant de décider qu'il était temps pour lui d'aller se coucher : la soirée n'était pas très avancée mais s'il tardait trop il ne manquerait pas de tomber sur un monceau d'ivrognes tanguant dans les couloirs. Il passa une demie-heure à ranger consciencieusement son matériel ; il détestait le désordre presque autant que Noël. A dire vrai, la liste des choses qu'il détestait était si longue que personne n'avait jamais eu le courage de la dresser. En réalité il n'aimait rien, il tolérait et il appréciait, voilà tout.

Le trajet vers sa chambre fut calme, il ne croisa pas âme qui vive. L'assemblée des idiots devait être en train de festoyer et l'on discernait au loin leur joyeux brouhaha dans le silence mortel du bâtiment. Un Komurin miniature eut cependant l'audace de se mettre à chanter un cantique abscons alors qu'il passait près de lui. Il le trancha en deux parties rigoureusement égales sans l'once d'un remord et poursuivit sa route.

Parvenu à destination, il sortit de sa poche la clé du verrou qu'il avait spécialement fait installer pour prévenir les embarrassantes visites nocturnes de Lavi. En effet, le lapin crétin avait depuis quelques temps pris son espace pour un hall de gare qu'il envahissait dès qu'il s'ennuyait ou ne parvenait pas à dormir. Kanda avait manqué un nombre incalculable de fois la crise cardiaque en le découvrant assis sur son lit à le regarder en plein milieu de la nuit. Peu importait la violence avec laquelle il le chassait, le roux revenait toujours et ainsi il avait fallu user des grands moyens.

Le cliquetis mécanique retentit avec une force presque surnaturelle dans la pénombre. La plupart des bougies avaient fondu depuis longtemps et le peu de flammes qui restaient vacillaient dangereusement, luttant sans relâche contre les courants d'air. Le brun frissonna, non de peur –il n'était pas homme à se laisser émouvoir pour si peu, mais de froid. Il soupira de dépit. Après tout, il ne sentait pas la rose et une bonne douche chaude lui aurait fait du bien, mais pour atteindre les bains il aurait dû passer par le réfectoire. Très peu pour lui ; il devrait se contenter du broc d'eau gelée qui l'attendait à l'intérieur.

Délaissant ces sombres considérations, il s'apprêta à tourner la poignée avant de retirer sa main comme si elle l'avait brûlée : en lieu et place de cette innocente dame de fonte se trouvait le visage de Jasdero qui lui souriait de son atroce bouche cousue. Après un bref mouvement de recul, Kanda se pencha afin de faire face à ce phénomène pour le moins inhabituel. L'illusion disparut d'elle-même au bout de quelques secondes, aussi soudainement qu'elle était apparue.

« Che. »

Kanda détestait ce qui sortait de l'ordinaire et il mit cet égarement sur le compte de la fatigue. Une nuit de sommeil réparateur serait finalement plus que bienvenue.

Il entra, ayant déjà presque oublié sa fâcheuse mésaventure, attrapa le paquet d'allumettes posé sur son bureau et alluma une bougie. Il retira son haut et renifla ses aisselles avant de plisser le nez d'un air dégoûté. Il ouvrit les tiroirs un à un et tomba sur un vieux morceau de savon au santal : ce n'était pas le grand luxe mais ça ferait l'affaire.

Kanda reporta son attention sur le broc qui s'avéra recouvert, comme il l'avait prévu, d'une fine pellicule de glace. Il la brisa sans faire de chichis et plongea ses mains dans l'eau ; celle-ci était à peine à quelques degrés en-dessous de la température de la pièce.

Il s'aspergea le visage et lava ce qu'il eut le courage de laver. Les ablutions effectuées, il se perdit un instant dans la contemplation de son reflet dans le miroir devant lui. Il distingua sans mal la couleur bleutée de ses lèvres et jeta un coup d'œil résigné à ses draps repoussants : en ces circonstances, un autre que lui n'aurait pas dénigré un peu de chaleur humaine. Lorsqu'il se tourna à nouveau vers le miroir il eut la surprise de voir l'image d'un Devitto au teint verdâtre remplacer la sienne et ses yeux de jais darder sur lui un regard vitreux, mort dira-t-on, car mort il était sensé être. Comme la précédente, l'apparition vaporeuse s'évanouit sans laisser de traces.

La stupeur passée, Kanda songea avec lassitude que sa blessure à la tête devait être plus grave qu'il ne l'avait envisagé au départ. Si l'on ajoutait cela au fait qu'il n'avait quasiment rien mangé de la journée, il paraissait tout à fait normal qu'il souffre d'hallucinations. Il fallait juste qu'il dorme et au matin il pourrait prétendre que rien de tout cela n'était arrivé.

Il se glissa dans ses couvertures, se préparant au pire et découvrit avec effarement que son couvre-lit était tiède ; quelqu'un s'était allongé là récemment. Pris d'un doute, il huma son oreiller et y trouva, mélangée à la sienne, une odeur qu'il aurait pu reconnaître entre mille : celle qui hantait les recoins les plus secrets des bibliothèques, celle de son tourmenteur attitré, celle de Lavi.

Le bretteur tenta de contenir sa rage. Le petit salaud avait dû profiter de son absence prolongée pour crocheter sa serrure et se payer une sieste à l'insu de Bookman. Ce taré n'avait-il donc aucune notion d'intimité ? Et pourquoi particulièrement sa chambre alors que les portes de tant d'autres lui étaient ouvertes ? Qu'importe, il irait le découper en rondelles à la première heure le lendemain.

Il se recoucha en grommelant et ferma les yeux. Dix minutes passèrent, puis vingt, puis une heure entière. Morphée le fuyait comme le lièvre fuit le chasseur. Au moment même où il s'apprêtait enfin à se laisser tomber dans les limbes de l'inconscience, une légère secousse agita son lit. Allons bon, un tremblement de terre à présent, il n'était pas au bout de ses peines.

Une minute plus tard, une seconde secousse suivit, plus forte, puis une autre et une autre après elle. Elles gagnèrent si bien en intensité que bientôt sa couche sauta dans les airs, comme munie d'une volonté propre. Une lumière d'un vert moisi semblable à celui qui s'étalait sur le visage de Devitto emplit la pièce, amenant avec elle une immonde odeur de chairs putréfiées. Cette fois, Kanda en était convaincu : Komui et Lavi avaient dû s'allier pour le rendre victime d'une de leurs blagues stupides. Il descendit en hâte de son lit qui se débattait toujours comme un taureau furieux, attrapa Mugen et fonça vers la porte. Le sang coulerait à flots en cette nuit bénite, il allait s'en assurer.

Pourtant, un nouveau détail imprévu entrava son désir de revanche : même après avoir enlevé le verrou, il eut beau tirer de toutes ses forces sur la poignée, les épais battants de fer ne cédèrent pas d'un millimètre. S'agenouillant, il vérifia qu'un morceau de bois ou un gravier ne bloquait pas le mécanisme, mais rien. Exaspéré, il entreprit de défoncer le tout à coups de pied sans plus de résultats. Il finit par se laisser tomber au sol, à bout de souffle, des larmes de rage perlant aux coins de ses yeux.

« Eh bien, eh bien, frangin, tu le crois ça ? Le petit prodige de la Congrégation terrassé par une simple porte hihi ! »

Le cœur de Kanda rata un battement. Cette voix, c'était celle de… non impossible.

Il se retourna lentement, dégainant Mugen par réflexe. Il vit d'abord les chaînes, un enchevêtrement insensé de chaînes où pendaient des dizaines d'énormes malles qui semblaient peser plus lourd qu'une montagne de plomb. Au centre de cet océan de métal, tel deux naufragés, se tenaient les formes lointaines et évanescentes des jumeaux Noah.

« Je vois ça, frangin. Tu sais quoi ? Si on avait eu les mêmes pouvoirs que maintenant, on aurait sûrement pu lui faire la peau ! »

« Avec ces chaînes ? Tu plaisantes hihi ? »

« Qui êtes-vous ? » demanda Kanda, les sourcils froncés.

« Qui nous sommes ? » rétorqua Devitto. « C'est un peu insultant que tu ne te souviennes déjà plus de nous alors que tu nous as massacrés ! »

« J'ai eu un mal fou à retrouver mes bras hihi ! »

« Che. Ca suffit. »

Kanda s'élança comme un diable de sa boîte et fit tournoyer Mugen, n'épargnant aucun point vital de ces rigolos qui croyaient pouvoir se jouer de lui. Seulement…

« Tu es un peu long à la détente, » fit remarquer Devitto. « Tu ne peux plus nous tuer, nous ne sommes que des esprits, idiot. »

« Des esprits ? » l'interrogea Kanda, sceptique. « Je ne crois pas aux fantômes. »

« Tu devrais hihi, » répondit Jasdero.

« C'est notre punition, » ajouta son frère. « pour nos crimes et nos péchés. Errer sur Terre au gré du vent, séparés pour l'éternité et traînant les chaînes que nous avons forgées au fil des années avec notre colère et notre haine. Les malles que tu vois représentent les vies que nous avons volées, les personnes que nous avons assassinées qui se vengent en nous laissant porter leurs regrets et leurs peines alors qu'ils voguent paisiblement vers l'autre monde. »

« Même si c'était vrai, en quoi ça me concerne ? »

« Il est bête ! Il est trop bête hihi ! » dit joyeusement Jasdero.

« Tu n'es pas épargné mon beau. Nous qui sommes morts, nous pouvons les distinguer tes chaînes. Elles sont longues et bien fournies, et chaque jour elles grossissent davantage à cause de ton mépris de la race humaine. »

« Che. Arrête ton délire, sale monstre, et viens-en en fait, » cracha Kanda, à bout de patience. « que je puisse enfin retourner me coucher. »

« Ne sois pas si insolent, nabot, » le prévint Devitto avec un sourire mesquin. « Nous sommes ici pour te donner une chance. Tu aurais dû finir comme nous, mais le Dieu qui nous a puni considère que ton cas est spécial car tu es une création des Hommes, pas l'une des siennes. Tu n'es pas né avec une âme pure, et ainsi il t'offre l'opportunité de revenir sur le droit chemin. Pour aller droit au but, comme tu le demandes si gentiment, et tu as bien raison car notre temps ici est compté, tu vas recevoir cette nuit la visite de trois autres esprits. Attends le premier d'entre eux lorsqu'une heure sonnera. Ecoute bien leurs enseignements : ils ont beaucoup à t'apprendre. Sur ce, le vent nous appelle, nous devons partir. Bon courage nabot… »

« On espère que tu te planteras en beauté hihi ! »

Leurs rires résonnèrent longtemps alors qu'ils étaient aspirés par une sorte de trou noir sous le sommier. Peu à peu, les ténèbres recouvrirent de nouveau un Kanda pétrifié. Trois autres esprits, et puis quoi encore ?

« Che, n'importe quoi, » dit-il en se ressaisissant.

Les fruits de Lenalee devaient contenir une drogue puissante qui l'avait fait imaginer toute cette comédie macabre. Il ne restait que cette solution. Il retourna s'allonger et s'enfouit complètement sous ses couvertures : de cette manière, il n'entendrait sûrement pas sonner le carillon et même les esprits les plus hardis n'auraient d'autre choix que de lui foutre la paix. Il s'endormit presque immédiatement, glissant vers un sommeil sans rêves et laissant la tumultueuse course des heures tourbillonner sans lui.

oOo

Voilà, c'est court, mais comme je le disais, ce n'est que le prologue. Les prochains chapitres seront plus longs. Je publierai au rythme d'un par semaine, et il y en aura cinq en comptant l'épilogue, vu que je suis les couplets du livre.

N'hésitez pas à me dire si vous avez aimé, ou pas d'ailleurs : toute critique est bonne à prendre et ça m'encouragera pour la suite !

Il ne me reste qu'à vous souhaiter un Happy Halloween en retard, et que les futurs esprits de Noël soient avec vous !

A pluche.