C'est l'aube.

Le soleil commence à apparaître à l'horizon et illumine la mer d'une lueur dorée, tandis que le ciel dépourvu de nuages se teinte de bleu pâle. Le vent joue avec le sable et agite les hautes herbes, qui semblent s'amuser à prolonger le mouvement des vagues.

Ses yeux suivent les traces de pas qui montent vers la petite dune, telles trois tracés francs et décidés, auxquelles vient s'ajouter le sien, hésitant et apeuré.

Apeuré par cette confiance sans borne qui illuminait le regard de son meilleur ami tandis qu'il lui expliquait le rôle qu'elle aurait à jouer à Gringotts. Une confiance qui lui tord l'estomac et lui serre la gorge, qui lui déchire le cœur. Elle lui fait peur, cette confiance, par son intensité et sa force, car elle le rend vulnérable. C'est la confiance d'un enfant, convaincu que son père est infaillible et sa mère éternelle. C'est la confiance d'un frère à sa sœur, tandis qu'il lui tend son nouveau jouet, persuadé qu'elle ne va pas le casser. C'est la confiance d'un aveugle à son guide, alors qu'il traverse la rue encombrée de voitures et s'accroche à son bras. C'est la confiance qu'on accorde à ceux qui on toujours étaient là, pour nous aider et nous réconforter, ceux sur qui on mise tout quand il n'y a plus d'espoir.

Elle lève les yeux vers lui et il la regarde, et elle est encore là, cette étincelle tenace qui l'effraie plus que tout. Et elle voudrait lui dire qu'elle ne sera pas toujours là, qu'elle ne vivra pas éternellement, qu'il doit apprendre à marcher seul, comme le héros qu'ils voient tous en lui.

Il s'éloigne doucement vers la forêt interdite, et dans sa démarche on devine la peur et l'envie de fuir. Mais il avance. Seul. En haut des marches, elle le regarde s'éloigner et elle s'accroche à la main de Ron pour se retenir de lui courir après, de lui prendre la main et de le ramener à l'intérieur, de lui dire qu'il y a forcément une autre solution, qu'il faut qu'il lui fasse confiance, juste une dernière fois. Et, tandis que les larmes dévalent ses joues, qu'il disparaît et que les arbres l'avalent, elle se rend compte que cette confiance qui lui faisait si peur, elle s'y accrochait elle aussi désespérément.

Et elle réalise que si elle n'est pas éternelle, il ne l'est pas non plus, et qu'un jour viendra où elle aussi devra apprendre à marcher seule, comme lui aujourd'hui.

Voilà voilà ! Je sais, je sais, c'est extrêmement court, encore une fois ! Pardooooooooon !