Au dehors, les flocons recouvrent les terres d'Agapis, le monde des Aimées. Ce monde où une vielle légende est contée. Ce monde où les lois dures brisent des êtres. Venez. Approchez. Écoutez. Aujourd'hui, l'histoire de Grimmjow et d'Ichigo va vous être contée. Agapis, un monde de neige et de glace. Agapis, un monde sans cœur et âme. Agapis, un monde aux lois dures et cruelles. L'une de ces plus célèbres est celle-ci : toutes formes d'homosexualités seront condamnées par une peine de mort.
Venez, venez un peu plus près. Venez, venez un peu plus silencieusement. Approchez, ce que vous verrez sera condamné. Là, dans un lit de fer, où l'amour est célébré. Ici, dans les draps de coton, où des amants s'enlacent. Deux hommes ignorés de tous, deux hommes qui s'aiment. L'un a les cheveux bleu électrique et est musclé. L'autre a les cheveux roux orangés et est fin. Tous deux sont nus, leurs mains glissant sur les peaux dévoilées.
Le rouquin se prénomme Ichigo. Le bleuté s'appelle Grimmjow. Tous deux s'aiment ardemment. Aujourd'hui, c'est un jour particulier. C'est Noël, cela fait un an qu'ils sont ensembles. Pourtant, ils se connaissent depuis leurs plus jeunes âges. Regardez donc leur amour. Approchez ! Regardez ! La célébration de leur union punie du monde. Regardez ! Les voilà mêlant leurs corps comme tant d'autres.
Sur ce vieux lit, les hommes s'enlacent tendrement, alors Ichigo se met entre les jambes de son aimé, dévorant l'intérieur de ses cuisses de baisers de feux. Il mord, lèche et suçote savamment la peau. Ses mains couvrent le sexe intrépide, le caressant et le rendant fou d'impatience. Ichigo le gobe, montant et descendant. Léchant comme une douce sucrerie cet objet de plaisir. Le sexe palpite et son possesseur grogne de volupté.
Repoussant la bouche délicieuse, Grimmjow allonge son homme sur le vieux lit. S'agenouillant entre les jambes ouvertes, il titille les tétons rosés. Penchant sa tête sur le visage de son aimé, il dévore ses lèvres amoureusement. S'embrassant langoureusement, les amants se trouvent dans un univers loin d'Agapis. Ils s'aiment depuis la puberté. Mais la peur les a fait attendre jusqu'à leur majorité respective.
Un an déjà ! Grimmjow s'amuse et souffle sur les mamelons de l'orangé. Léchant le cou d'Ichigo, il commence alors à le préparer à sa venue. Le lubrifiant et le taquinant gentiment, longtemps, le frustrant presque. Au bout d'un moment interminable selon le plus jeune, Grimmjow s'enfonce dans la chair attendrie. Prenant et offrant un temps d'adaptation de sa venue dans ce lieu si chaud, doux et étroit. Il embrasse son âme-sœur. La cloche de l'église sonne déjà au loin les coups de midi.
Occupés à leurs affaires, les deux jeunes hommes ne l'entendent pas. Continuant cette danse en l'honneur de la tendresse et de la luxure. L'aîné entame de longs et énergiques mouvements. S'enfonçant dans les bras d'Aphrodite et d'Eros, ils s'aiment encore plus si cela est possible ! Jouissant en une grande apothéose enivrant leurs sens, les deux hommes s'embrassent de nouveau. Grimmjow caresse les cheveux d'Ichigo tandis que ce dernier est confortablement installé sur son torse.
La porte d'entrée claque alors. Les deux hommes tentent de s'habiller rapidement, mais il est trop tard. Le père de Grimmjow entre alors. Il sent immédiatement l'odeur et remarque rapidement la tenue des deux garçons. Attrapant le cadet, il le pousse jusqu'à la fenêtre. L'ouvrant, malgré les tentatives de fuites des deux garçons, pour tenter de jeter le monstre dans le vide. Grimmjow frappe violemment son père, commençant à se battre. Grimmjow ordonne à son amant de fuir au plus vite. Ichigo sort de l'appartement, courant dans la rue, il traverse la route. Il entend les klaxons d'un camion, tournant la tête vers ce dernier. Il ne comprend pas, il n'a plus de forces. Il semble paralysé. Il entend les grincements des pneus. Il croit entendre aussi la voix de Grimmjow, puis tout devient flou.
L'hôpital. Nous y voilà… Là, dans cette chambre froide, bat encore le cœur d'un garçon attendu par un être brisé. Venez donc ! N'ayez pas peur. Il fait nuit. Cela fait dix ans. Le père de l'ainé a disparu, on ne sait comment. Grimmjow est changé. Voyez-vous, l'homme qu'il aime se retrouve dans le coma. Il n'a plus que lui-même et Ichigo, ce corps inanimé dans ce lit d'hôpital. Il ne se bat plus réellement, ce sont des machines qui le maintiennent en vie.
Chaque nuit depuis le jour maudit, Grimmjow vient à ses côtés. Il est en train de devenir un mauvais homme. Il n'a pas de réelles excuses. Il devient un « méchant ». Cela l'amuse un peu. En dix ans, il est devenu un bon second. Tout le monde le connait comme le Numéro 6. Personne ne le connait comme l'amant d'Ichigo. Voyez-vous, il en souffre. Il aurait pu monter dans la hiérarchie du monde obscur et y vivre avec Ichigo à l'époque, mais c'est trop tard : le rouquin est dans le coma. Ils sont seuls, chacun dans un monde différent. Ils sont seuls, chacun dans la même pièce.
Le bleuté entend des bruits de pas devant la chambre de son amour. Se cachant, il voit entrer des médecins et de la famille. Il écoute alors. Écoutez ! Entendez ! Ichigo va être débranché ! Après dix années infructueuses et remplies de faux espoirs, le couperet tombe. Grimmjow ne veut pas, il l'attend ! Ce dernier va se réveiller ! Grimmjow sort abruptement de sa cachette. Attrapant l'un des médecins, il lui fracasse le nez. Ichigo ne sera pas débranché. Ichigo va se réveiller ! Ichigo a encore une chance ! Son état est une simple utopie ! Il va se lever ! Là ! Maintenant ! Son Ichigo, son roux, sa fraise, son amant, son grand ami, son âme-sœur. Lèves-toi ! Ichi ! Lèves-toi ! Cela ne sert à rien, la source de son existence reste muette. Il va être débranché…
Grimmjow serre la mâchoire, cela fait maintenant dix ans. 10 longues années, 120 longs mois, 480 longues semaines, 3 360 longs jours, 80 640 longues heures, 4 838 400 longues minutes, 290 304 000 longues secondes qu'Ichigo est dans le coma. Il est en piteux état, mais Grimmjow passe outre. Depuis dix ans, il attend patiemment son retour. Il a encore une chance, au sinon à quoi bon être toujours en vie ? Son bel amant va… Mourir ? Grimmjow s'effondre. Des agents de sécurités arrivent. L'enfermant dans une cellule, ils le laissent seuls. Grimmjow sort de sa léthargie devenant fou. Il hurle encore et encore, appelant à lui Ichigo. Mais cela est si vain.
Se couvrant le visage d'une main, accroupis au sol, Grimmjow pleure. Ichigo est condamné à mort. Même s'il se réveille. Ils mourront tous les deux. Quelques heures après, la justice d'Agapis les condamne. Grimmjow sera noyé. Ichigo sera débranché. Ceci se déroulera en même temps. Ils sont condamnés pour crime avec récidive d'Homosexualité, un amour contre-humain et contre-nature. Cela est bientôt la fin pour Grimmjow. C'est ça dernière nuit en ce monde. Tous rient et piétinent leur histoire. Approchez ! Approchez ! Observez !
Grimmjow entend la cloche de l'église. C'est la nuit de Noël. Il a oublié. Sortant de sa poche une enveloppe, il l'ouvre. À l'intérieur se trouve une alliance. C'était le cadeau que Grimmjow avait prévu d'offrir à Ichigo lors du jour maudit. Ils étaient ensembles depuis un an à ce moment-là. Et les revoilà, dix ans plus tard… Grimmjow aime Ichigo depuis leur première rencontre, il a fallu du temps. Mais maintenant… Cela ne sert à rien. Grimmjow s'endort alors, souhaitant le revoir une dernière fois. S'allongeant à même le sol poussiéreux de sa nouvelle cage. On l'a sans doute drogué. Dans une heure, on le tuerait.
Un brouillard épais l'envahit, une silhouette se précise. Elle sourit, sans l'ombre d'un doute, et embrasse Grimmjow. L'ombre se dissipe, s'engouffrant dans la bouche de l'homme endormi. Grimmjow se retrouve dans son ancienne chambre, avant que le jour maudit ne se répercute à toute son existence. Quand il tente de se relever, il remarque les deux mains à la peau de lait bloquant ses bras. Il sursaute quand les doigts fins descendent tout le long de son torse pour s'égarer entre ses jambes. Il est entièrement nu et sent le safran.
Les mains attrapent son sexe et s'amusent avec. Glissant et jouant avec le prépuce, elles titillent le gland. Grimmjow tourne sa tête. Il n'a pas le temps de voir le visage de l'assaillant, que sa bouche est capturée. Laisse-toi faire. Je t'attends depuis bien trop longtemps. Grimmjow s'étouffe avec sa propre salive. C'est la voie d'Ichigo ? Repoussant les bras accueillants, Grimmjow découvre Ichigo dans toute sa splendeur. Grimmjow pleure, son être entier semble s'être allégé d'une tonne de tourments. Frappant faiblement Ichigo, il lui crie toute sa détresse. Ce dernier le fait taire en l'embrassant de nouveau. Il ne lui reste plus qu'une demi-heure pour conclure ce rêve. Il n'a plus le temps. Nus, l'un contre l'autre, les corps se retrouvent enfin.
Ichigo rie, comme à l'époque. Ce son rappelle des années d'existence amicale à Grimmjow, mais aussi toute leur vie de couple. Ichigo allonge brutalement Grimmjow sur le lit. Le surplombant, il attrape de nouveau son sexe rigide. Le recouvrant de salive, en une gâterie gourmande et sensationnelle, il s'empale fièrement dessus. Lui murmurant « Joyeux Noël, mon amour », Ichigo commence à se déhancher. Il veut tant fusionner avec lui, juste avant qu'ils ne meurent dans le monde réel.
Voyez ! Grimmjow lui a tant manqué. Regardez ! Il se doit de lui montrer toute l'étendue de son amour ensommeillé dans cet hôpital. Écoutez ! Les deux hommes se font l'amour avec la soif du dernier baisé. Là ! Une cloche sonne au loin. Les deux hommes jouissent en un même soupir. Oui, c'est bien cela ! Sachez ! C'est devenu un rêve sans fin où ils ne seront jamais plus séparés. Comprenez ! Grimmjow vit son corps sous l'eau devenir un squelette. Comprenez ! Ichigo vit son corps le rejoindre et se mêler au sien. Ils sont morts.
Venez, et écoutez donc la fin ! Venez, et connaissez donc cette légende qui vous est contée ! Ces deux-là unirent leurs âmes éternellement. Dès lors, les gens racontent cette légende. Celle du « Sommeil des Amants », si vous vous endormez en même temps que l'homme ou la femme que vous aimez alors vous les entendrez rire et s'aimer. Écoutez ! Écoutez ! Écoutez !
